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La dé-brandade des Titans

Previously:

Il faisait froid et sombre, des lamentations se faisaient entendre à rythme régulier, accompagnées par des grognements sourds et des frottements contre une pierre aussi rugueuse que gelée.  Il était impossible de discerner plus de quelques pas devant soi tant ces cachots morbides et puants étaient mal agencés, seules quelques torches de fortune éclairaient tant bien que mal ce monde de ténèbres, offrant une clarté trop timide et protection bien minime contre la folie et les cauchemars qui accompagnent un tel endroit.

Classic town était une prison privée et d’après ce que l’on racontait elle venait d’être reconstruire, renforcée, améliorée, agrandie même. Les quartiers des prisonniers quant à eux n’avaient gagné aucun confort et c’était prémédité. Entretenir la vermine coûtait cher, autant en moyen humains qu’en nourriture ou ressources financières, il était hors de question pour le gérant des lieux  d’investir dans le bien-être de moins que rien. Qu’ils crèvent rapidement et soient remplacés encore plus vite, son business n’en fleurirait qu’encore plus, tel était le genre de pensée du nouveau patron, un homme dangereux et expérimenté dans la gestion comme dans la capture des pires raclures.

De l’ancienne prison ne restait plus que les geôles du dernier niveau. Une sorte de trou à rat ou sont enfermés les criminels les plus dangereux et les moins coopératifs ; enchaînés des pieds à la tête et enfermés à  double tour dans des cellules faites d’un acier inoxydable et quasi indestructible. Une œuvre du nouveau propriétaire soucieux de ne plus jamais laisser ces monstres revoir la couleur du jour ou sentir le gout de la liberté.

Voilà le genre d’endroit dans lequel Olek jubilait depuis quelques jours, bien qu’il jouisse lui-même d’un traitement de faveur des plus inattendues et incompréhensibles. Il avait une cellule gigantesque pour lui seul, sans chaîne pour le restreindre, avec sa propre torche ainsi qu’une quantité phénoménale de rations supplémentaires chaque jour. Non pas qu’il allait s’en plaindre, alors tant que la bonne fortune lui souriait le golgoth en profiterait, il n’était pas du genre à cracher sur la générosité d’un hôte, ou peut-être bien que si… Quoi qu’il en fût Olek gardait profil bas pour le moment reprenant des forces et dormant la plupart du temps, la raison pour laquelle on le chouchoutait se dévoilerait d’elle-même bien assez tôt… Effectivement, l’inquiétude n’était pas une de ses spécialités…

Comment en était-il arrivé là ? Olek y repensait avec un sourire nostalgique, mâchant avec enthousiaste une miche de pain rassis dure comme la pierre…

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Quelques jours après avoir abandonné le gros tas de graisse Gura et la scène chaotique dévoilant une escouade entière de la marine réduite à néant, Olek se trouvait sur une autre île similaire, pour une autre journée de fête :

La place centrale était bondée de monde, une musique entraînante motivait la population à danser sur une scène improvisée, des centaines de personnes mangeaient, buvaient, parlaient et riaient, le tout dans une ambiance chaleureuse et bon enfant. Olek fut rapidement entraînait par cette atmosphère accueillante. Une estrade semblait avoir été installée ou défilaient de nombreuses femmes les unes plus belles que les autres, le jeune homme plein de testostérone fut tenté de se diriger vers cette activité mais l’appel de l’alcool et de la faim restaient prédominant. Il remarqua avec dépit que la bouffe et les boissons se trouvaient dans deux stands différents et décida d’agir en conséquence. Il saisit un énorme plateau rempli de victuailles en y rajoutant sur le dessus quelques poulets rôtis, des brochettes de bœuf par-ci, des côtes de porc par la, et une fois sa cargaison prête à déborder il l’emporta avec lui un sourire victorieux aux lèvres. Les villageois se poussaient à son arrivé, ils le regardaient avec effarement et riaient alors qu’il se déplaçait dans la foule, ignorant du danger qu’il représentait. Son plateau au-dessus de la tête soutenue par ses deux bras musculeux et puissant. Ses prêts de trois mètres de haut le rendaient déjà gigantesque, mais porter un énorme plateau dans les airs faisait carrément de l’ombre sur plusieurs mètres autour de lui.

Une fois arrivé au stand de boissons il eut la malheureuse surprise de découvrir que plus aucune place n’était disponible, Il jeta son plateau au milieu de la plus grande table, ce qui la fit trembler et renverser l’intégralité des verres qui se trouvaient dessus, certaines personnes complètement déchirées tombèrent même de leur siège, libérant ainsi assez d’espace pour qu’Olek installe sa grande carcasse, les autres criaient outrage et cherchaient la cause du bordel les yeux imbibés d’alcool. D’un rire tonitruant alors que beaucoup le regardaient encore d’un œil noir, il saisit un tonneau entier de saké qui attendant son bon vouloir, encore scellé. Il fracassa d’un coup de poing précis la protection en bois et le siffla d’une traite les quelques litres, un léger filet dégoulinant venait tacher sa veste noire. Il laissa alors échapper un rot magistral et éclata le tonneau entre ses mains.


- Que les choses sérieuses commencent bande de saligauds!!!

Suite à cette entrée impressionnante et ce petit numéro, la bonne humeur revint rapidement. Des vivats lui répondirent tout autour alors que bon nombre serviteurs s’empressaient de remplir leurs verres, qu’ils trinquèrent alors en l’honneur du nouveau venu et de cette journée qui promettait de rentrer dans les annales.

La suite avait été beaucoup moins drôle, complètement défoncé Olek avait tenté de faire la cour et d’embrasser une bonne dizaine de danseuses, effrayées elles avaient crié à l’aide et manque de bol, cette ile était suffisamment grande pour accueillir un fort de la Marine... Apres avoir fracassé quelques cranes pour faire bonne mesure, il se laissa gentiment appréhender, se laissant entraîner par les ténèbres dans un rêve dûment alcoolisé...
Ni une ni deux, reconnaissant son profil parmi les criminels recherchaient dans South Blue, on l’avait jeté dans une cale de navire et envoyé à la prison la plus proche, Classic Town…  
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La dernière chose dont je me souviens, c'est que je mangeais pépère dans un bon restaurant pas spécialement bondé, vu la superficie de l'île. Mais dans tous les cas, que c'est bon de pouvoir m'enfourner toutes ces belles bouchées bien consistantes dans le gosier ! D'autant plus que j'y ai mis le prix, afin de pouvoir me taper le meilleur des menus.
Bon d'accord, il a bien sûr d'abord fallu que je baffe quelques gens dehors, pour piquer leur oseille auparavant. Mais ils l'avaient bien cherché ! Comme d'habitude, on s'était plaint de la petite tenue que je prends soi-disant un malin plaisir à exhiber dans les rues de la ville.

Enfin voilà. Ensuite de quoi, c'est le trou noir depuis. J'ai sans doute dû m'endormir dans mon assiette, pour je-ne-sais quelle raison. M'évanouir serait plus juste, en fait, je crois. Est-ce quon aurait alors volontairement foutu un sale truc dans mon repas ? Le genre de saloperie qui vous anesthésie doucement mais sûrement.
C'est la seule réponse qui ne cesse de me turlupiner la caboche, plus j'essaie de me repasser le film. Je crois même que dans mon rêve, je me suis repassé la scène des tonnes de fois. En revanche, puisqu'aucun flash concernant la Marine m'est revenu, je finis par supposer que ça doit provenir d'une technique de fourbe chasseur de primes.
Ça ou alors une vieille connaissance qui n'avait pas dû apprécier que je remporte tel ou tel combat, à l'époque du catch de cirque.

Et à présent, c'est quoi le délire ? Quand je me réveille, je découvre que je loge dans une cellule... de prison ? Rien que ça ! En quel honneur ? Du moins, la blinde de barreaux qui m'entourent me laisse penser que je me serais fait logiquement embarquer et emprisonner.
Puis, après coup, lorsque mes neurones sont revenues une à une, l'image revient également avec plus de clarté. Il y a donc aussi d'autres résidents à mon chevet et alentour, dans le voisinage.

Je fais un petit tour d'horizon. Ils ont tous des sales trognes, des têtes de caïds. La plupart ont beau l'air d'afficher une face de déterré, ils collectionnent tout de même les cicatrices et les tatouages. Musclés aussi pour certains, il faut bien avouer.
En clair, je fais pale figure avec mon gras double et ma transpiration. Je mets ça sur le compte de la drogue qu'on a dû me faire avaler à mon sinu, bien entendu. Mais quoi qu'il en soit, les mecs sont vraiment trop louches pour être sympas.
Une chance qu'il n'y ait pas de savonnette à ramasser dans le coin !

En revanche, je prends de la place. Et on ne tarde pas à me le siffler dans les oreilles. Déjà que notre super local restreint pue en temps normal... là, je vous raconte pas ce qu'on peut humer en prime, grâce à mon parfum senteur aisselles de Sumo !

_ Euh... salut les gars, au fait ! Profité-je de glisser entre deux jérémiades.

Bah c'est vrai, quoi ! On est tous dans la même galère, et ces cons ne commencent même pas par employer un semblant de politesse.

_ Désolé, j'étais en train de dormir, relancé-je quelques secondes après. Quelqu'un me raconte ?

Du haut de mes deux mètres vingt, j'arrive heureusement à tenir debout et surplomber la troupe, mais pas forcément bien droit. Dommage pour ceux qui se pointent dans mon dos, pour le coup. Je ne dois sûrement pas leur montrer mon plus bel angle.

Plic, ploc ! Oups, je transpire encore un peu trop pour ces messieurs, là, non ?
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Les crissements aiguës du fer contre la roche le réveillèrent d’une sieste bien méritée. Rien de mieux que de s'allonger quelques heures avec la peau du ventre bien tendue! Quelqu’un venait de rentrait dans sa cellule, et cette personne devait être vraiment sûre de ses capacités pour rentrer dans sa caverne gigantesque sans une petite armée pour le protéger.

Allongé sur son lit de paille de fortune Olek ne se redressa pas. Une main derrière le crane en guise d’oreiller et l’autre se grattant le torse, le jeune homme tourna la tête nonchalamment pour regarder l’inconnue qui venait d’entrer. Il bailla tout en lâchant un pet magistral en l’honneur du nouveau venu.
Grand bien que beaucoup plus petit qu’Olek, le corps fin, athlétique et noueux le bonhomme s’enfonçait tranquillement dans la grotte en direction du colosse. Sa démarche féline, son regard impassible et ses rides d’expressions sévère laissaient témoigner d’une vie entière passée à affronter les ténèbres de ce monde. Olek le détesta dès la première seconde, avec son air supérieur comme s’il vous faisait honneur de sa présence, cette petite moustache de gentilhomme et ce costume de dandy ridicule.

Le jeune se demandait ce qui le retenait de fracasser la tronche de ce débris ambulant qui puait l’eau de Cologne, la curiosité peut-être, surement même. L’envie de savoir ce qu’il foutait ici et pourquoi on l’avait enfermé dans un endroit aussi « accueillant » six pieds sous terre. Olek nota que le bonhomme portait un revolver à la ceinture et haussa les sourcils d’un air dédaigneux, ce vieux pigeon était donc le genre à ne jamais se salir les mains, préférant une arme à distance plutôt qu'une bonne lame ou ses propre poings...

Il l’ignora alors totalement, complètement déçu, reportant son attention sur un plafond un peu trop proche avant de fermer les yeux. Une légère douleur et un bruit de détonation lui fit les rouvrir. Olek nota qu’un léger filet de sang coulait de sa joue fraîchement raflée par une balle de plomb. De la fumée s’échappait du canon de l’arme pointée sur lui, un sourire aux lèvres, son porteur ouvrit alors la bouche pour la première fois, avec la voix caverneuse d’un fumeur quotidien de cigares.


- Regarde-moi quand je te parles, Je suis Stockburn, le patron de ce merveilleux établissement, tu m’appartiens, comme tous ce que tu vois autour de toi et ce jusqu’à ta mort.

Pause silencieuse, moment dramatique et théâtral, surement pour laisser à Olek le tant d’assimiler la nouvelle, celui-ci bailla de plus belle ce qui fit tiquer le vieillard d’énervement. Une petite victoire qui remonta le moral du pirate, son geôlier reprit alors la parole, toute patience envolée.

- Tu dois te demander pourquoi tu n’es pas avec le reste de la racaille à croupir dans la merde et la sueur… C’est très simple mon con, tu sembles être le plus à même parmi tous ces culs terreux à divertir convenablement le prochain spectacle que j’organise…

- Hein ?

Olek n’avait pu s’empêcher de laisser échapper un son, preuve de sa totale incompréhension, le dandy quant à lui rangea son revolver et fit demi-tour, ricanant d’une situation comique qu’il était le seul à connaitre. Il referma les barreaux derrière lui et laissa échapper une dernière phrase lourde en sous-entendus et indices des plus problématiques.

- Repose-toi bien, tu es le plat principal. J’ai ramené une spécialité d’Amerzone pour le Show de ce soir, j’ai hâte de voir les autres bouseux faire office d’apéritif en attendant!

Son rire résonnait encore dans les couloirs morbides de la prison longtemps après son départ…


Dernière édition par Olek le Mer 21 Oct 2015 - 14:51, édité 1 fois
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Plusieurs secondes s'écoulent et toujours personne n'a l'air enclin à vouloir me répondre. Entre temps, je crois entendre un sale bruit au loin, mais je ne préfère pas trop être sûr de mes premières conclusions. D'autant plus que les gens cloîtrés dans mon espace vital s'étonnent bientôt ou froncent les sourcils. Il ne manquerait plus qu'ils s'imaginent que c'est de ma faute.
C'est vrai que je suis un monstre assez imposant dans mon genre. Alors je suppose que leurs cervelles de moineau doivent probablement inventer des tonnes de sales idées à mon sujet.
Et avec ma transpiration en cadeau bonus qui n'en finit plus, je sais que je suis sur la sellette, en quelque sorte.

_ Allez, quoi ! On est tous dans la même galère, bordel ! Je demande pas la lune...

Mais rien à faire. Cette bande de bornés n'apprécie vraiment pas ma compagnie. Ils devaient sans doute déjà se sentir trop bondés dans cette cage, et moi, je suis visiblement la grosse goutte de trop qui fait déborder, si je puis dire ainsi.

Résultat, ça part en dispute, l'instant d'après. Je reçois une série de pains insignifiants partout dans ma graisse. Ça me chatouille à peine, tandis qu'eux sont vite confrontés au piège inévitable que sont mes bourrelets : leurs poings et leurs pieds s'enfoncent, se coincent et se font tôt ou tard écraser par mes soins.
Rien de bien méchant... pour le moment. Juste de quoi les faire pleurer, afin qu'ils reconnaissent leur connerie. Et tant qu'à faire, si possible, que l'un d'eux décide de passer à table.

Et bingo ! Le plus fragile ne tarde pas à céder bientôt, comme prévu. Je m'empresse alors de repousser tous les autres indésirables dans le mur. Pour se cogner quelque part, croyez-moi ! Il y a de la place pour tout le monde.
Après quoi, le groupe de branleurs se tait pour de bon. Sauf...

_ Tu disais ? Fais-je en tendant l'oreille vers le saligaud qui a capitulé plus vite que les autres.
_ Tu connais la Prison de Classic Town ?
_ Euh... Et si je dis non ?

Le mec soupire. Il vient de comprendre qu'il va devoir se coltiner le récit depuis le début, et ça l'emmerde. Néanmoins, s'il ne coopère pas plus, il peut s'attendre à d'autres répercussions abdominales de mon cru.

C'est ainsi que je commence enfin à capter les coulisses derrière mon emprisonnement surprise. J'aurais donc bel et bien été endormi par du chasseur de primes. Et pour couronner le tout, il se trouve que le dirlo de cet établissement fait partie de cette catégorie de justiciers-trucmuche.
En revanche, puisque c'est un endroit privé, y'a comme qui dirait que le type a carte blanche ! Du coup, les petits rats de labo que nous sommes n'avons plus qu'à lui lécher ses bottes, grossomodo.

Bang ! En plein milieu des explications de l'autre poujin, un coup de feu résonne dans le couloir.

_ Omagad ! Paniqué-je soudain. Et là, il vient d'assassiner un vilain garnement, ça veut dire ?
_ Peut-être que oui, peut-être que non. Mais ça arrive parfois. Sinon, il existe un autre jeu que les geôliers adorent organiser, de temps à autre.

À partir de là, j'y crois moyen. Quoi qu'il en soit, j'écoute sans broncher, sage comme une image.

En clair, il serait question d'une sorte de tournoi foireux où il suffit de baffer d'autres prisonniers. Et si tu gagnes, on te refile un ticket, appelé aussi dans le jargon : la permission de sortie ! Mouarf.

_ En contrepartie, le grand manitou se fait du blé lorsqu'il invite du public VIP pour y assister. Et de plus, si des concurrents meurent pendant le combat, ça libère des places pour de futurs détenus, par exemple.
_ Hmm hmm, ne sais-je que dire en guise de conclusion.

En fait, je crois surtout que même s'il ne remet pas les fameux hors-la-loi à la Marine, le chef de cette prison doit avoir une technique pour hériter de leurs primes, quoi qu'il arrive. Pourquoi pas du fifty-fifty, va savoir ?
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Ils vinrent le chercher le lendemain, Olek quant à lui n’avait plus aucune idée du temps ni de l’heure. Enfermé ainsi, loin de la lumière du jour et de toutes accroches temporelles il devenait difficile de définir le nombre de jours qu’il avait passé dans cette prison. Seule la masse d’excréments dans le coin le plus reculé de la caverne laissait deviner que cela faisait déjà bien trop longtemps pour l’odeur le gout et la patience du colosse.    

Les gardiens arrivaient donc à point nommé, prévoyant le coup on lui avait mis des somnifères dans sa bouffe la veille,  suffisamment pour endormir tout un village. Ce fut donc la tête dans le cul et le cul dans le brouillard qu’il les observait l’enchainer des pieds à la tête, incapable de réagir si ce n’était en se pissant dessus et en bavant comme un attardé. Ils durent si prendre à  dix pour le soulever pour enfin  l’emmener à travers le couloir et les escaliers vers les niveaux supérieurs.  

Olek dans un moment de lucidité, la tête balançant librement de droit à  gauche au rythme des pas de ses porteurs, crut apercevoir une silhouette familière. Il ne pouvait s’agir que d’une hallucination dû aux calmants dans sa bouffe. C’était impossible… Et pourtant… Ce ne pouvait être que lui… Et cette odeur.... Il ne pouvait pas y en avoir deux comme lui sur cette terre… Avec un physique aussi dégueulasse, aussi ingrat, ou plutôt plein-gras !

Complètement déchiré et drogué il fut pris de spasme en rigolant à sa propre blague. Les gardes s’effondrèrent et le laissèrent tomber à même le sol, incapable de supporter son poids et ses gesticulations soudaines. Le bruit qu’il fit en percutant le sol du réveiller l’intégralité de la populace criminelle enfermée dans ces geôles,  et si le son n’était pas suffisant les vibrations et tremblements suite à la chute s’en chargeraient.

Complètement sonné, son crane ayant percuté les dalles en premier, Olek tomba dans les vapes continuant à divaguer et à parler dans son sommeil. Prononçant des mots ridicules pour la plupart incompréhensibles et contradictoire tels que « Gura », « ma brochette », «sac à merde », « ça fait plaisir » ou encore « ‘tain ça pue ». Les gardes l’embarquèrent abandonnant prestement les couloirs morbides et dégoulinants de liquide corporel qu’un certain monstre avait du mal à contenir….

Lorsqu’Olek reprit connaissance il n’avait plus aucun souvenir ni du comment ni du pourquoi de sa venue ici. Sa mémoire ne se rappelant que d’un sublime repas englouti en quelques secondes. Scène qui semblait s’être déroulée des années en arrière, son ventre qui se mit subitement à gargouiller  en fut une preuve suffisante. Le jeune homme passa une main dans ses cheveux blonds qui lui bloquaient la vue, les rejetant en arrière d’un geste expert. A genoux sur du sable noir et fin, les membres libérés de toutes entraves, il s’accorda quelques secondes pour reprendre ses esprits et analyser la situation. Ses yeux s’agrandirent de surprise devant un tel merdier, tandis sa bouche émettait un long sifflement à la fois appréciateur et abasourdi…

La scène qui se déroulait devant lui était chaotique et divisée en plusieurs niveaux. Autour de lui, dans une arène circulaire de sable noir et rougeâtre colorée par le sang des vaincues,  se trouvait des dizaines de prisonniers, courant en tous sens, se cachant derrière des rochers aménagés ou luttant armes aux poings  contre une bête de cauchemars…. Un diable des sables d’Amerzone.


Spoiler:

Il n’y avait aucune issue, les deux seules entrées dans cette fausse étaient à present bloquées par des grilles de fer de plusieurs épaisseurs. A quelques mètres de hauteur, directement dans la roche, se trouvait également une porte par laquelle les gardes déversaient continuellement un flot de prisonniers destinaient à se battre ou périr. Les plus chanceux mouraient dans la chute, s’écrasant sur le sable la tête la première, les misérables quant à eux survivaient, blessée ou intacts, condamnés à faire office de jouer pour le plaisir des spectateurs.

Encore plus haut, à une bonne vingtaine de mètres de distance, se trouvaient les responsables de ce manège, protégeaient derrière des barreaux, ils observaient de leurs loges le carnage en contre-bas. Les yeux imbibés d’une joie malsaine, le visage défiguré par un sadisme sans limite,  hommes comme femmes riaient, buvaient et mangeaient, nourrissant impunément leurs sombres désirs et jouissant devant ces flots de sangs, de cris et de morts…
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S'il y a bien quelque chose que je retiens, c'est qu'une fois jeté dans la fosse aux lions, j'ai toute la place qui me manquait tant. Tout l'inverse de cette cellule moisie où des inconnus se dégoûtaient d'avoir à se frotter sans cesse contre moi. Et moi aussi, je suis content que ça s'arrête, soi-dit en passant. Je n'ai, certes, pas honte de me balader en sous-vêtement à la première occasion. Mais que des ploucs n'aient d'autre choix que devoir me tâter pour tout et n'importe quoi, non merci !

Alors voilà le deal, désormais. Tout comme l'autre narrateur m'avait conté auparavant, lui, moi et les autres bouffons ne tardons pas à se faire extraire de notre prison, par la force... afin de gagner un semblant de liberté. De mouvement, en tout cas, si je puis dire ainsi.

_ Youpi ! Fais-je d'ailleurs en premier lieu, sitôt balancé dans ce qui semble être une arène.

Manque de bol, je dois bientôt admettre que j'ai parlé trop vite. Je reste figé, les bras levés, en découvrant soudain la über boucherie qui nous est apparemment réservée. Ou tout du moins, aux plus faibles et malchanceux d'entre nous.

En clair, j'en déduis que si on m'a donné cette permission de pouvoir gambader, c'est aussi et surtout pour prendre la fuite. Moi, un gros porcin ! Prendre les jambes à mon cou ! Ça me la coupe assez qu'on m'oblige grossomodo à me dépenser autant, tout ça pour ne pas mourir trop connement.
Néanmoins, très vite, je m'essouffle. Fallait s'en douter ! Et puis, courir sur cette molle texture qu'est du sable, mouais bof. Résultat, je me retrouve bientôt à devoir esquiver tant bien que mal, les sauvageons qui me chargent soudain. Et le pire dans l'histoire, c'est qu'on leur a refilé des armes !?

Quoi qu'il en soit, puisque je dois survivre coûte que coûte, je n'ai d'autres choix que de me battre également. Avec les moyens du bord : mes célèbres protubérances pendouillantes placées sur mon torse.

_ Toupie Booblade ! Annoncé-je alors, lorsque j'estime que la seconde fatidique se présente d'elle-même.

Et hop ! Tournicotis à foison, j'exécute plusieurs dizaines de coups de fouet dont j'ai le secret.

Tous les prisonniers, qui viennent de m'encercler et qui s'apprêtent à abattre leurs armes blanches dans ma graisse, dégustent sans prévenir d'une violente pluie de niches imbibées de sueur et de rage.
Les pauvres sont illico désorientés lors de la première vague de beignes. Puis dès la seconde, leurs tronches valdinguent à droite, à gauche, de manière incontrôlable. Ensuite de quoi, jamais deux sans trois... le dernier tourbillon mammaire les repousse tous en arrière, à pleine vitesse.

C'est crade et mignon à la fois, à vrai dire. Tout ce sable qui virevolte autour de moi, à cause de cette tempête créée, on pourrait presque s'imaginer être en train de participer à un carnaval, avec la blinde de confétis.
Par contre, des mètres plus loin, d'autres rivaux continuent de pulluler ici et là. J'arrive par chance à en assommer certains gratos, sans le moindre effort, car la chute de mes premières victimes provoquent des accidents... style coups de boule improvisés.

En revanche, à force d'avoir pu zieuter la zone de combat au moment où j'esquissais mes trois cent soixante degrés, mon visage se sent obligé de grimacer grandement.

_ Ouate de phoque ? Me prends-je à glisser dans la foulée.

Comment dire ? J'ai de quoi rester autant ahuri que stupéfait.

D'un côté, je suis en train de tomber nez à nez sur la silhouette d'une énorme bestiole de la mort qui tue : une sorte de giga grosse anguille dégueulasse mais terriblement affamée. Et de l'autre, un autre énergumène de grande taille, pas inconnu au bataillon, qui a de quoi me faire cogiter sur son identité !

_ Olek ? Pensé-je tout haut, tandis que j'oublie que d'autres barbares alentour en veulent sous peu à mes bourrelets, derechef.

J'ai vraiment du mal à y croire au début. Autant le monstre improbable a pourtant sa place dans notre monde de brutes. Autant le pourcentage de chances qui existe de recroiser une vieille connaissance a de quoi sonner comme un gong, dans ma caboche.
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La scène de carnage continuait, une vingtaine de corps gisaient déjà sur le sol de l’arène, sous différentes formes, certains en morceaux, déchiquetés ou d’autres en bouillis, méconnaissables. Olek se redressa doucement au milieu de cette  boucherie, îlot de tranquillité, œil de cyclone. Personne ne s’intéressait a lui mais ce n’était qu’une question de temps, les prisonniers s’entretuaient, incapable de faire front commun et trop effrayés pour essayer de lutter contre la monstruosité qui leur faisait face.

Comme prévu un petit groupe de malfrats un peu plus intelligents que les autres c’était formé, ils se déplaçaient ensemble, en perpétuel mouvement, ils prenaient bien soin de rester le plus éloigné possible du mille-pattes géant et de blesser gravement tous les malchanceux qu’ils croisaient. Une technique ingénieuse et fourbe qui leur permettait de survivre en offrant des proies faciles et immobiles au monstre. Les cris de lamentations des victimes alors qu’elles se faisaient dévorer vivantes étaient amoindries par les vivats d’une foule en délire et d’un orateur qui commentait chacune des actions comme s’il s’agissait d’un match Blood Ball.  

 Le colosse n’avait pas de temps à perdre en combats inutiles, il se devait de frapper fort et vite, de montrer l’exemple pour dissuader quiconque d’interférer avec son combat contre le diable des sables. La véritable menace. Il attrapa d’une main agile une lance plantée dans le corps d’un déchu et d’un même mouvement flou, tourna sur lui-même et la lança, prévoyant sa trajectoire et l’avancée du groupe. La puissance de l’impact fut telle que trois misérables furent embrochés alors que la lance continuait son chemin pour aller se planter dans le mur de l’autre côté de l’arène. Le surréalisme de l’action figea le monde pendant quelques secondes, même la monstruosité semblait juger le colosse de ses huit yeux jaunes translucides, puis un tonnerre d’applaudissement retentit et le chaos reprit ses droits.

Les survivants du groupe se détournèrent pour s’attaquer à une cible plus facile. Au même moment en dehors du champ de vision du colosse, un gros lard tourbillonnait en tous sens, propulsant des corps humains comme s’il s’agissait de vulgaires pantins. L’une de ces poupées volantes vint percuter Olek dans le dos manquant de lui faire perdre l’équilibre, un son écœurant se fit entendre au moment de la collision, le malheureux venait de se briser la nuque en percutant le dos énorme et sec du golgoth.   Énervé, celui-ci tourna la tête pour chercher le responsable.


- Espèce de ….

Olek ne finit pas sa phrase, incapable d’en croire ses yeux, un mec presque aussi moche qu’un wendigo et surement beaucoup plus dégelasse. Un monument de la graisse et de la malbouffe, une erreur de la nature qui n’avait d’humain que le nom…

- Gura ? dit-il en même temps, complètement abasourdie de retrouver une tête familière dans tout ce merdier.

Et quelque part il n’y avait rien de plus naturel que de voir cette grosse saloperie dans un tel endroit. Olek l’air mi- furieux mi- blagueur s’apprêtait à lui dire deux mots sur son accueil chaleureux de jeter de prisonniers quand il fut fauché par l’une des griffes gigantesques du Diable, la surprise des retrouvailles l’ayant complètement déconcentré, il n’avait vu venir le coup. Le colosse vola sur une centaine de mètres avant de disparaître dans un nuage de poussière et de roches brisées… Les spectateurs en haleine retinrent leur respiration...

Il éclata d’un rire sonore en se dégageant des débris, il était temps de s’occuper de ce méchant scolopendre avant de chercher à se venger du gros porc. Originaire d’Amerzone Olek connaissait bien ces bestioles, et malgré la jubilation du à l’excès d’adrénaline et la joie de danser avec la mort, une certaine nostalgie vint subitement lui serrer le cœur au souvenir d’une époque de son enfance…  Ce pourrait-il… ?
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Ça se confirme ! C'est bel et bien lui. Olek, la grande montagne qui prend un malin plaisir à briser du squelette adverse, rien qu'avec sa propre colonne vertébrale. Sur le coup, je tire une légère grimace quand je vois le pauvre bonhomme se tordre salement. Puis, quand le baraqué de trois mètres se retourne avec surprise, je change aussitôt d'humeur.

Et pour cela, rien de tel qu'un large sourire jusqu'aux oreilles, le tout en faisant un coucou exagéré de la main. Cependant, dans l'instant, on dirait que le saligaud a du mal à me remettre. Mais je ne lui en veux pas. Après tout, c'est un peu de ma faute si j'ai malencontreusement projeté une de mes nombreuses victimes contre sa carcasse de guerrier. Je suppose donc qu'en finissant un peu sonné, il faut désormais du temps pour que sa cervelle redémarre... ou quelque chose du genre.
Vous savez ce qu'on dit, de toute manière ? Tous dans les muscles, rien dans le tête !

Ensuite de quoi, je m'apprête à lui crier autre chose, comme pour relancer la conversation. Sauf que le bougre se fait dégager promptement de la scène. Et cette fois-ci, c'est le monstre qui s'y colle. Paf ! Un violent coup de papatte dans le cucul fait disparaître Olek du paysage.
Comme je surveille son voyage dans le décor, je tourne la tête et ça me permet de me ressaisir illico dès que je vois ce qu'on me réserve. moralité, j'ai vite fait intérêt à me dégoter une issue de sortie, car soudain, une nouvelle meute de chiens armés est en train de me plonger dessus.

Malheureusement, toute cette agitation ne me permet pas de réagir à la perfection. Je sais comment me défendre et riposter d'habitude, et tout et tout... mais là, tous ces enragés me donnent pas mal de fil à retordre, à l'improviste. Quand on y pense, dans le fond, avant de devenir des prisonniers de ce trou, il y a fort à parier pour que certains d'entre eux soient également de sacrés et vilains costauds très réputés. Ceci expliquant sans doute cela.

Résultat, à mesure que j'esquive ou que je m'écarte pour éviter leurs coups mortels, ma viande se fait tout de même charcuter par endroit. Dans le feu de l'action, je ne le remarque pas tout de suite et ça ne me fait pas si mal que ça. C'est seulement après plusieurs secondes que la douleur se réveille.

_ Hot Dog ! Je réussis à lancer à un moment donné.

Justement, en attrapant quelques détenus morfales, mon sang gicle aussi tandis que j'écrabouille une demie douzaine de tronches entre les plis de ma bedaine imposante. Je suis obligé de serrer les dents, si je veux que ma technique se réalise à pleine puissance.

Heureusement, comparé à mon gabarit extrême, les blessures ne me dérangent pas outre mesure. Et à noter que ma sueur aura tôt fait de m'ensevelir tout ce rouge, telle une pommade apaisante. La nature est bien faite, hein ?

Par la suite, ça me laisse en prime le temps de découvrir que Olek n'est pas mort, en fin de compte. Le géant est depuis sorti des décombres, et il est de nouveau prêt à en découdre avec le premier venu. À moins qu'il croit déjà pouvoir s'en prendre à son gigantesque et féroce agresseur, parce qu'il serait un peu trop revanchard sur les bords ?

Enfin bref. Une fois libéré de mes derniers fans inconditionnels, j'ai de toute façon l'intention de venir à la rencontre du grand gaillard. Avec du bol, après une bonne poignée de main humide et virile, je saurai lui faire entendre raison... ou en tout cas, qu'il n'espère pas récolter toutes les fleurs, si jamais il cherche à atomiser la grosse bestiole pour je-ne-sais-quelle raison !

_ J'arrive, poto ! Gueulé-je fièrement. Fais pas le con !

J'avance au pas de course, autant que ma condition physique me le permet. Mais je dois bien avouer que la route est assez longue encore, pour ne pas dire bientôt déjà épuisante. Et puis, ce foutu sable me les casse toujours pour gambader. Comme si ça ne suffit pas de peser très lourd, maintenant j'ai l'impression de m'enfoncer de plus en plus, petit à petit.

Ils sont mouvants ou quoi ?
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Olek, 8 ans, quelque part entre le désert et la jungle Amerzonienne :

Le gamin courait, courait pour sauver sa peau, et ses os par la même occasion. Son père racontait qu’ils mangeaient jusqu’à la moelle de leur victime, et que les plus petits étaient les pires. Pas assez fort pour vous tuer en un coup, ils leur faillaient plusieurs centaines de morsures pour vous achever, résultant en une mort lente et douloureuse alors qu’ils vous dévoraient vivant. Il était hors de question qu’Olek se fasse bouffer ici, il avait de grandes choses à accomplir, il allait devenir seigneur des pirates, roi du monde et patron de Red ! Le garçon ne pouvait mourir, c’était impensable.

Voilà pourquoi il courait, lui qui d’ordinaire affrontait tout de face et ne battait jamais en retraire, lui qui était connu dans chaque ruelle de son village comme étant le « chiot fou ». Heureusement que personne n’était dans les alentours pour le voir fuir comme une petite mauviette.

Cette pensée le fit frémir de rage, et il s’arrêta d’un coup, ses pieds freinant devant lui créaient un nuage de poussière qui le recouvrit entièrement.  Il toussa un bon coup essayant de dissiper le petit brouillard. Olek ne fuirait pas, quoi que son père puisse raconter, quelles que puissent être ses mises en garde, il était trop tard pour faire marche arrière, le gamin ne décamperait plus jamais ! Comment pourrait-il se regarder dans un miroir s’il survivait d’une manière aussi lâche, lui qui était destiné à surpasser toutes les légendes  ?!

Ses yeux brulaient d’une ferveur nouvelle, d’une détermination sans égale. Olek vaincrait son adversaire. Les bruits de poursuite se rapprochaient, il était tout prêt. Le garçon l’attendit de pieds fermes, les mains crispées autour d’un bâton de bois mort ramassé à la va-vite. La bête gargantuesque apparut alors au tournant d’un arbre, fracassant brindilles et feuilles mortes sur son passage avant de s’arrêter à une bonne distance de sa proie. Ils se jaugèrent silencieusement, une tension quasi palpable alourdissait l’air autour d’eux, il s’agissait, pour tous deux et en cet instant, du plus grand combat de leur vie…

D’un côté un être humain de chair et d’os, avoisinant le mètre cinquante, de l’autre une créature de cauchemar, un diable des sables de chitine et de griffes…. De deux mètres à  tout casser…

Le combat fut rude, chaotique, bestial. Olek avait beau fracasser encore et encore son bateau sur la carapace de la créature il n’arrivait qu’à l’érafler, la bestiole quand à elle n’arrivait pas à le couper, ses petites pinces et pates lui agrippaient timidement la peau pour ne lui laisser que des petites traces roses ridicules. Ils luttèrent ainsi pendant des heures, persuadés de vivre un moment clé de leur vie, une bataille de légende qui serait contée durant les prochains millénaires…

Le gamin se rendit soudainement compte qu’il riait, il riait à en perdre haleine, les attaques du monstre le chatouillaient et il était incapable de garder son calme. Le combat tourna petit à petit en lutte avant de se terminer en un jeu enfantin inter-espèces qui dépassait toutes logiques…

Retour au présent :

Olek chercha des yeux son gros collègue et manqua de crever d’hypoxie en l’apercevant. Incapable de respirer tellement son rire était puissant, il s’en défonça les cotes. L’image de Gura courant vers lui et trébuchant sur du sable imbibé de sang, un intestin entier pendant autour de son cou flottait majestueusement telle une cape, tandis que des centaines de coupures desquelles suintait une graisse jaunâtre appétissante venait lui servir de costume d’apparat. Les bras levés dans les airs, ses bourrelets rebondissant et s’entrechoquant au rythme de sa course effréné, il l’appelait de sa belle voix de ténor aussi charismatique que répugnante. Les yeux larmoyants, le guerrier reprit doucement ses esprits, se rappelant de la situation critique dans laquelle ils se trouvaient, ce fut donc entre deux bouffées d’air qu’il gueula à son acolyte toujours aussi loin de lui.


- Mec bordel, arrêtes tes conneries ! Fais-moi voler ! Faut que je vérifie un truc !

Une phrase qui n’avait aucun sens mais qui ne manquerait pas de plaire à l’ex showman, et qui se ferait surement un plaisir d’effectuer un petit tour d’acrobatie, en l’honneur de son glorieux passé...
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Bouing, bouing ! Mon obésité sur-développée a de quoi reproduire les vagues qui manquent à cette plage factice, seulement composée de sable et de murs épais. Pourtant, personne n'est là pour bronzer, faire des châteaux, ou cueillir le plus beau coquillage. D'ailleurs, je crois que, en y regardant de plus près, je dois être le seul qui porte ce qui se rapproche le plus d'un maillot de bain.

Malheureusement, au fur et à mesure de mes enjambées énergiques dans ce satané sol instable, beaucoup de vacanciers de la prison en veulent toujours autant à ma viande. Sans doute parce qu'elle virevolte un peu trop facilement à l'air libre, et de ce fait, les crevards se disent que je suis une proie qui n'attend plus que de se faire trouer un peu plus le lard.
À noter que je saigne déjà par-ci, par-là. Du coup, j'ai l'impression de les attirer plus qu'un autre pauvre clampin plus musclé et en meilleure forme. Je me sens comme la piètre cible blessée d'un futur requin, capable de sniffer l'odeur du jus de tomate à des kilomètres à la ronde !

Sauf que les cons peuvent se foutre le doigt dans l'oeil, s'ils croient que je suis le simple et frêle goret lambda qui craint pour ses miches, à la moindre occasion. J'ai pas mal d'années de catch et de cirque derrière moi, alors je sais me défendre quand la situation l'exige. Comme maintenant, quoi !

_ Home Sweat Home ! Piaillé-je sous peu, pour la peine.

Toujours en plein footing, je m'empare de mon long bout de tissu autour de la taille, et qui me sert généralement de ceinture.

Et bim ! Version corde à sauter, je n'ai plus qu'à faire passer mon arme de prédilection tout autour de ma grande carrure... et ce, à plusieurs reprises, bien entendu, comme une gamine d'école primaire. Après quelques tours à trois cent soixante degrés, mon cordage déverse non seulement ma transpiration, emmagasinée depuis un bon bout de temps, mais souffle très vite aussi des paquets de sable, par saccades.

Résultat, les vilains qui osent s'introduire un peu trop dans mon espace vital se retrouvent ainsi illico trempés d'une substance bien crade, en prime d'une épaisse couche de sable.
Au final, certains deviennent même presque des bonhommes de neige, en quelque sorte.

En revanche, je n'ai pas trop le temps d'être fier de mon petit numéro, car Olek a entre temps répondu à mon précédent appel. À vrai dire, je ne sais pas si j'ai bien tout compris où il veut en venir, alors je suppose qu'il va falloir que j'improvise un peu à ma sauce. Tout ce capharnaüm alentour ne m'aide vraiment pas à mieux décrypter son charabia, prions alors pour que je ne fasse pas tout foirer !

_ Hein ? Tenté-je tout de même, par réflexe. Tu peux répéter... tu veux te faire baffer, c'est ça ?

Mouais bof ! Deux ou trois mètres de marathon plus loin, je me rends enfin compte que sa requête ne tient pas debout. J'essaie donc de demander à ma cervelle pour qu'elle me rediffuse rapidos le replay d'il y a peu, tandis que je range ma longue serviette.

Puis, je crois que je finis par comprendre le problème. Puisque le grand garçon s'est plus ou moins fourré dans un cul-de-sac, servis par le monstre énormissime et d'autres prisonniers dégénérés du coin, il a dû s'imaginer qu'on pourrait peut-être voir à sortir de ce pétrin via les hauteurs. En duo.

_ Okay ! C'est comme si c'était fait !

Aussitôt dit...

_ Kamik'Ass ! Rétorqué-je une demie seconde plus tard déjà.

Aussitôt fait ! Je ne lui laisse pas spécialement le temps de m'annoncer à quel étage Monsieur désire monter, car mes bras l'entourent et l'enserrent sans plus attendre. Qui plus est, à cause de ma grosse bedaine qui dépasse sacrément, le pauvre s'embourbe dans mes bourrelets gluants.

Quand je pense que je suis en train de jouer du collé-serré avec un mâle de trois mètres de haut... pouah ! Non, il ne vaut mieux pas que j'y pense, en fin de compte.
Sur ce, les yeux fermés, le catapultage est amorcé. Je plonge tout à coup mon slibard dans le sol... et hop ! On décolle dans les airs en un instant. À la verticale, toute !

Mais au fait... ce sera suffisant ? Beh si ! En règle générale, je suis le seul privilégié qui profite de cette technique, histoire ensuite d'écrabouiller mon ou mes adversaires d'ici ma retombée. Alors que là...
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Olek eut le temps de faire le tour de GL, d’aller chercher le One Piece, de faire quelques gosses sur son passage et de revenir à la prison avant que Gura ne le rejoigne enfin. Il savait dans quoi il se lançait à demander ce genre de service, il était conscient qu’il vivrait surement une des expériences les plus traumatisantes de sa vie et pourtant…. Rien n’aurait pu le préparer à ça. Ce câlin, cette embrassade, cette sensation de fondre et de fusionner dans un corps étranger, de voir  ses muscles saillants et sa peau aussi résistante que du cuir disparaître sous des couches de graisses suantes de transpiration et dégoulinantes de sang. Olek se souviendrait toute sa vie de ce moment comme l’un des plus honteux de son existence. Alors que Gura l’attrapait sans crier gare il ne put retenir un cri aiguë, féminin, de surprise et de dégoût. Dans les tribunes des dizaines de rires accompagnèrent ce son ridicule qui sortait par inadvertance  de la bouche d'un homme à l’aspect pourtant si viril.

Le cri d’Olek fut subitement étouffé lors du décollage par un pectoral immense et graisseux qui s’écrasa contre sa tronche, lui bloquant la vue et la respiration par la même occasion. Il dut lutter de toutes ses forces pour se déloger le visage de la peau collante du grassouillet et voir qu’ils se trouvaient déjà dans les airs, à une bonne dizaine de mètres de hauteur. Ce qui était plutôt impressionnant vu le poids qu’ils devaient faire à deux, mais toujours pas assez haut…

Gura relâcha son emprise, ils arrivaient au bout de leur ascension, à ce moment fatidique avant la chute ou l’on plane une demi-seconde et qui semble durer une éternité. Olek réagit rapidement, tournant son collègue  vers le sol pour pouvoir prendre appui sur lui et se propulser encore plus haut.


- Ça va faire mal !

Parlait-il de lui, du gros, ou des dégâts que cela causerait à  l’atterrissage ? Probablement des trois, le combo serait terrible. Il positionna ses deux pieds sur la bedaine énorme de Gura, plia les genoux et poussa de toutes ses forces.  Trampoline de chair, le terme de « boulet de cannon humain » prenait toute son ampleur en cet instant. Olek vola littéralement, sa chevelure et sa veste noir flottant  dans le vide tandis qu’il déviait la gravité, majestueuse et effrayante créature surplombant le champ de bataille de sa taille et de son charisme. Son collègue, en parfait opposé, était similaire à l’ombre engendrée par la lumière, il chutait vers l’arène à une vitesse folle, physique disgracieux mais à la puissance certaine, l’impact que cette masse gigantesque causerait un cratère de l'autre monde et résonnerait surement sur tout South Blue.  

Le jeune homme se réceptionna sur le crane du Diable des sables occupé à  mâchouiller les restes d’une dizaine de prisonniers, il cherchait un signe, vestige d’un souvenir d’enfance. Olek remarqua rapidement les centaines de blessures et cicatrices sur la carapace de la créature, preuves de tortures, traitements sadiques et d’une captivité beaucoup trop longue... L’image d’une bête indomptable ayant passé sa vie à lutter contre un destin injuste.  C’est au milieu  de ces blessures qu’il trouva ce qu’il cherchait…. Le Diable ne l’avait pas attaqué, il jouait simplement avec lui en souvenir du passé, il  ne tuait pas les prisonniers par plaisir, il tentait simplement de le protéger… Les poings d’Olek se crispèrent de rage…

Olek, 8 ans :

Il taillait au poignard sur la carapace de la créature son nom, accompagné  du mot « 1er Nakama », il s’agissait de son tout premier ami, son fidèle destrier et protecteur. Depuis ce jour quelques mois plutôt, le petit diable des sables ne le quittait plus et ils se retrouvaient au même endroit tous les jours au lever du soleil. Ils chassaient, se cachaient, mangeaient et jouaient ensemble jusqu’ à la tombée de la nuit. Olek s’imaginait des scénarios les uns plus gargantuesques que les autres ou il luttait avec l’animal contre des hordes de marines, puis ils se battaient l’un contre l’autre, s’entraînaient, mesuraient leur force. Des combats qui gagnaient en force et en violence au fil du temps laissant parfois Olek en sang, mais qui n’enlevait en aucun cas le plaisir qu’ils ressentaient tous deux. Ils semblaient partager quelque chose qui allait plus loin que la parole, une sorte de liaison primitive qui ne devrait être possible qu’entre deux membres de la même espèce, une connexion spirituelle qui leur permettait de se comprendre par le regard et la gestuel…. Puis un sombre jour le diable des sables ne vint plus, Olek ne le revit plus jamais et noya sa peine et son chagrin dans le massacre et le lynchage des autres enfants du village. Il était persuadé que la créature avait dû périr dévorée par un de ses semblables plus gros et avait donc abandonné tout souvenir de cette époque...

Jusqu’à aujourd’hui…
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Au début, je suis tout de même fier de ma bonne action... dans le feu de l'action. Même si j'ai autant de mal à accepter l'idée qu'aider un collègue de cette façon, ce n'est pas forcément le meilleur choix que j'ai fait. Avec du bol, il y a des chances pour que ça me laisse, par la suite, un sérieux traumatisme.

_ S'il te plait ! Ne fais pas ta difficile ! C'est pas de ma faute si tu prends trop de place !

Oui, bon d'accord, c'est moi qui dis ça ! Mais c'est juste histoire de m'assurer qu'il reste tranquille, bien campé dans son siège de qualité.

Enfin, qu'à cela ne tienne ! Mon passager ne tarde pas à gigoter un peu trop, vers la fin du trajet. Peut-être a-t-il deviné, lui aussi, qu'on n'irait pas bien loin avec mon petit numéro de fusée ? Et c'est d'ailleurs le cas, si on y regarde de plus près.
Ainsi, toujours plus loin, mais pas spécialement toujours plus haut, notre séjour en amoureux doit déjà prendre fin. Avec de la bonne rupture bien moche. Le genre de "je te quitte !" on-ne-peut plus brutal, quoi. Surtout que je fais face, rappelons-le, à un grand malabar de trois mètres !

J'essaie alors de reprendre le dessus au plus vite. Mais puisque notre dispute se compte en pas beaucoup de centièmes de seconde, c'est moi qui finis largué le premier. Et résultat, Olek a le temps d'en profiter pour marcher sur mon ventre un peu trop rond, puis de repartir de plus belle dans les airs... cette fois-ci, en solo.
En revanche, je peux aller me gratter pour entendre du "merci" ou "désolé. Et à vrai dire, je dois illico faire face à un autre problème de taille : une chute quasi mortelle !

_ Bwaarrghl !!! beuglé-je par réflexe, le coeur palpitant.

La scène est tellement foudroyante que je continue encore de rugir, au moment où je m'enfonce dans le sol. Je dois bien admettre que c'est la première fois que j'exécute ma technique du Kamik'Ass avec autant de violence et de puissance.

Puis, on dirait que j'attrape comme une sorte d'absence. Le temps de réaliser ce qui est en train de se produire dans le voisinage. En fait, en plongeant à toute allure, telle une météorite venue tout droit de l'espace, j'ai provoqué une sacrée explosion de folie. La terre tremble, les résidents sont tous secoués. Même le bâtiment en lui-même se fissure par endroit, à cause de l'onde de choc terrible qui a résulté du grand boum.
En tout cas, mon postérieur rouge et fumant se souviendra de ce satané crash, pour longtemps !

Sinon, il y a pire ! Pour couronner le tout, mes deux cent cinquante kilos décuplés par l'imposante détente du géant, Mister Tout-en-muscles, ont également eu de quoi redessiner le terrain, ce qui donne désormais droit à un large cratère assez profond, avec moi au centre. Pratiquement toute l'arène qui nous a été désignés pour combattre a pris cher.
Pour ma part, je n'ose pas encore trop bouger la tête car je crains de me briser quelques os. Et puis, j'ai bien mérité un peu de repos après mon quart d'heure de gloire, non ?

Mais en voyant que tous nos adversaires se mettent à virevoleter dans le vide, pareil à des vulgaires feuilles de papier malmenées par le vent, je crois comprendre ce qui leur arrive à tous. Les effets secondaires de ma technique ont visiblement dû soulever tout le sable, et ainsi tout le monde hérite, à présent, d'une bonne grosse tempête improvisée.
Ce n'est certainement pas un Shichibukai qui aurait pu réaliser ça en son temps, je parie !

_ Wouhou ! Me vanté-je alors, tôt ou tard. Quand je pense que j'ai juste eu besoin de mes fesses pour éradiquer tous ces cloportes !

Seulement, maintenant que j'ai l'impression de ressembler à une crêpe, j'ai un peu de mal à me décrocher de mon trou. Par chance, j'ai toujours pu compter sur mes bourrelets pour amortir un accident, mais ça ne suffit pas à tout résoudre. La preuve !

Il ne manquerait plus qu'un énorme monstre se dise soudain qu'il s'est trouvé son futur repas.
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La créature douée d’une intelligence quasi-humaine reconnaissait Olek,  se souvenait de son enfance à jouer avec lui, de grandir à ses côtés, non pas en tant qu’images qui se présentaient dans son esprit mais  comme une odeur retrouvée qui forçait des flashs d’émotions  et de bienêtre. Retrouver le pirate était comme revenir des années en arrière,  ou la seule chose dont elle se souciait était d’avoir le ventre bien rempli et de voir ce petit humain qui remplaçait sa mère et des années de solitudes.

Lorsqu’Olek atterrit sur son dos, le diable des sables se calma immédiatement, son humeur meurtrière changeant en une attitude similaire à celle d’un petit frère retrouvant son Onii-san, entre la joie et la soumission, la taquinerie et le respect.  Cependant sa puissance et sa taille avec quintuplé depuis toutes ces années et un geste d’affection de sa part était similaire à une attaque qui tuerait n’importe quel être humain, heureusement pour Olek qui n’était pas n’importe qui… Voilà pourquoi la première attaque l’avait envoyé valser à sur plusieurs dizaines de mètres et que la deuxième qui arrivait manqua de le tuer.

La tête aux huit yeux tournée vers son cavalier, le facies étonnement expressif, la bestiole tenta de montrer son affection par une « caresse ». Une des pattes ensanglantées vint percuter Olek de pleine face, manquant de l’éjecter et lui brisant quelques cotes. Il cracha un flot de sang et plia un genou sur la carapace du Diable. Le visage violet par la douleur il voulut traiter la saloperie de toutes les insultes possibles et imaginables mais ne réussit qu’à s’étouffer avec son propre sang. La monstruosité semblait sous le choc, presque désolée, cette saloperie ne contrôlait vraiment pas sa force…

C’est à ce moment que Gura en profita pour tout faire péter. Bombasse de la mort, explosion des catacombes, destruction de l’autre monde. Les murs tremblèrent, des morceaux de roches gros comme l’ego d’Olek tombèrent de la voute gigantesque, ce fut le chaos complet. Les prisonniers avaient tous crevé, une tempête de sable gigantesque faisait danser leur corps dans un ballet morbide avec en son centre un Gura aussi immobile que gras. Autant dire qu’il était semblable au bouddha au cet instant, mais en beaucoup, beaucoup moins serein.

Olek ayant calmé sa colère et ne pouvant lui en vouloir longtemps, s’accrocha aux extrémités de la carapace du diable et se mit à lui gueuler des indications pour se diriger vers Gura. Le pirate n’avait aucune idée de si la bestiole l’écouterait, cela faisait tellement longtemps, mais elle l’avait reconnu, il n’y avait aucune raison qu’elle ne se souvienne pas de leurs manœuvres d’enfance… Ils plongèrent alors vers le gros, mais la tête immense et ignoble de la créature ne s’arrêta pas. La bouche grande ouverte elle recouvrit entièrement le corps énorme et les alentours avant de gober le tout d'une bouchee puissante. Comme ça, sans autre forme de procès.


- Hein ?

L’action n’avait duré qu’une poignée de secondes, tout s’était déroulé trop vite et Olek observait à présent le trou béant dans le sable au milieu de l’arène, le même endroit  ou se trouvait Gura il y a un instant. La bestiole se redressa de toute sa hauteur et se retourna alors pour regarder le colosse en état de choc accroché sur sa nuque. Elle lui offrit une expression relativement proche du sourire humain, la bouche écartée, ses dizaines de rangées de dents dévoilés et ses yeux plissés en signe de contentement. Il n’y avait plus aucun signe de l’exhibitionniste obese… Pas une seule goutte de sang ni meme un filet de transpiration...

- Et merde…

Olek réfléchissait, enfin il essayait, pas facile à faire lorsque derrière les barreaux se trouvaient des dizaines de gardiens en train de faire pleuvoir l’acier. Le pirate n’avait pas fait attention mais la situation avait complètement dégénéré et les invités de marque dans les estrades avaient été remplacés par une compagnie paramilitaire destinée à les protéger.  Le show s’était prématurément terminé et chacun prenait ses jambes à son cou pour rejoindre les navires au plus vite. Olek reporta son regard sur le Diable des sables tout en se protégeant des tirs derrière une des épines dorsales de la créature. Il y avait peut-être quelque chose à tenter…

- Recrache !  Maintenant !

Une fois, deux fois, trois fois… Rien à faire, elle continuait de le regarder avec ses grands yeux jaunes, complétement indifférente des balles d’acier qui heurtaient ou pénétraient sa carapace dangereusement affaiblie. La situation tournait au désastre, Gura était mort, dévoré par la créature qu’il comptait sauver, et lui-même ne se sentait plus en état de sa battre… Pour la premiere fois de sa vie Olek ne savait pas quoi faire...
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_ Allez ! Oh hisse ! Pousse !

Je m'encourage avec les moyens du bord, hein ! Mais ça ne rime pas à grand chose, je dois bien avouer. J'utilise pourtant toutes mes forces, je m'aide de mes mains, j'essaie de me redresser avec mes coudes...
Malheureusement, à part suer pour des efforts inutiles, je ne semble pas bouger d'un centimètre.

C'est seulement après plusieurs tentatives infructueuses qu'une idée me tombe enfin sous le sens. Moi qui ne suis qu'un gros plein de soupe, j'en ai justement plein à revendre ! Ainsi, il y a fort à parier qu'en dégoulinant toujours plus, je vais en quelque sorte me fabriquer une belle mare salvatrice.
Alors, c'est décidé ! Je me dépêche de bavouiller de partout, de la tête aux pieds, jusqu'à ce que je finisse par sentir que toute ma carrure est trempée à cent pour cent.

Puis, une fois mon lubrifiant naturel répandu comme convenu, je n'ai plus qu'à me laisse guider vers la liberté. Bon d'accord, je dois encore sacrément me démener pour sortir de tous ces décombres. Mais en tout cas, on peut sentir une différence flagrante : j'ai vraiment plus de facilité pour quitter ce fichu piège, tout ça parce qu'une grande perche a jugé bon de me piétiner le nombril tout à l'heure, avec sa über force incommensurable !

_ Espèce de sale enf... ! Gueulé-je aussitôt, dès que je peux remarcher de nouveau.

En fait, j'ai peine le temps de serrer et dresser le poing vers mon interlocuteur. Et encore moins de lever la tête dans sa direction. Tout à coup, c'est le noir complet !

P*tain de m*rde ! Qu'est-ce qu'il se passe encore, cette fois-ci ? Je râle de plus belle pour qu'on me sorte de là, je tâte et déambule dans le vide sur une matière toute molle et gluante. Et soudain, j'entends une sorte de "gloups". Un peu comme si un truc énormissime venait de déglutir... ou plutôt avaler quelque chose. Enfin là, en l'occurrence, quelqu'un !

_ Ouate de phoque ! Braillé-je, tandis que mes neurones cogitent au même moment.

Je ne mets pas longtemps à piger que la grosse bestiole m'avait gobé quelques instants plus tôt. Sauf que, trop concentré sur ma petite évasion et mes griefs contre l'autre saligaud de géant, je n'ai même pas été foutu de me replacer dans la réalité.
Bah oui, quoi ! Je suis toujours cloîtré dans une satanée prison, à devoir faire le show pour ma survie... avec par-dessus le marché, un truc sauvage, féroce et ignoble qui pimente le spectacle !

Bref, pour l'heure, je dévalle donc un gouffre méga profond sans savoir quand se terminera le crash. Pour couronner le tout, le boucan infernal dans ce long tuyau est vraiment des plus horribles à subir. Merci pour mes tympans ! Pour l'odeur, passe encore... la mienne n'est pas mal non plus pour combler, dira-t-on.
Pendant ce temps-là, je crois aussi pouvoir parfois discerner des coups de feu qui résonnent, dehors. C'est vrai que le bordel créé a dû ramener la blinde de gardiens de prisons, chargés à bloc en armes à feu. Il faut bien remettre un semblant d'ordre, quoi.

Par chance, si les balles défoncent et déchirent la chair du gros bestiau, moi je suis protégé. Puis, un peu plus tard, je crois pouvoir dire que je fais plouf quelque part. Youpi ! Je suis arrivé à euh... destination.
En revanche, l'endroit devient très vite invivable. C'est pire que des égoûts ! Déjà, pour respirer, c'est la misère ! Mais en prime de couler sous peu, ma peau se met visiblement à brûler à cause de je-ne-sais quelle magie !

_ Suis-je bête ! Fais-je en sursautant au milieu de cette affreuse piscine qui me ronge doucement mais sûrement. Où vont tous les aliments, après que quelqu'un ait fini de bouffer, pardi !?

Eh ouais, beurk de la mort qui tue, là !

Comme j'attrape bientôt des sales et répétitifs hoquets, de suffocation et de dégoût, mon cerveau en profite également pour me suggérer la petite astuce qui me permettra sans doute de regagner la lumière du jour. Dans mon for intérieur, j'acquiesce et j'esquisse un sourire mesquin.

_ Toupie Booblade ! Annoncé-je alors dans le feu de l'action.

Et c'est parti pour le remue-ménage de sagouin ! Je tournicote ici et là dans la grosse poche du monstre, histoire de provoquer le chantier de ouf dans son bide. Puis, dans la foulée, j'en profite aussi pour fouetter les parois avec ma fétiche paire de lolos.

Après quelques vilaines secousses, je commence à sentir que le gigantesque animal se met à gigoter et à choper des soubresauts. Probable qu'il doit aussi tourner de l'oeil, et que son faciès attrape une sale couleur. Une façon comme une autre d'exprimer à son cher et tendre copain Olek, qu'un large et graisseux inconnu est sûrement en train de lui tabouriner les entrailles... et que tôt ou tard, il faudra bien que ça sorte !

Pauvre bête, n'empêche ! Elle doit déjà encaisser tous les plombs des chasseurs qui l'encerclent depuis un moment, ce qui ne manque pas de l'affaiblir au fil des tirs. Et maintenant, voilà qu'un énergumène bien enrobé l'oblige tout à coup à la faire souffrir davantage, en lui brûlant tout le système digestif.
Bwaarghl, que ça hurle lorsque ma grosse carcasse a fini de remonter les étages, en mode turbo ! Mon éjection est, par contre, fulgurante. J'ignore où j'atterris violemment, mais ça dégomme de nouveau du décor un peu plus... pour ne pas changer une équipe qui gagne.

Quant à la petite touche finale toute aussi crade, on peut peut-être de même remercier le monstre imposant d'avoir particulièrement pu faire gicler des tonnes et des tonnes d'acide gastrique. Ça bouffe notamment les barreaux servant normalement à séparer la déchéance humaine des gens biens.
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L’heure était grave, le grand Olek était en train de s’apitoyer sur son sort tandis que les coups de feu tuaient petit à petit le diable de ses sables. Un liquide jaunâtre qui ne signalait rien de bon s’échappait des trous dans sa carapace, et même si la créature ne semblait pas ressentir la douleur, sa vie était en danger et ne semblait plus que tenir à un fil.  Puis celle-ci se mit à trembler, à bouger de l’intérieur, le pirate manqua de tomber et s’accrocha de toutes ses forces. La bestiole le regardait avec des grands yeux, quelque chose n’allait pas, c’était presque comme si elle voulait lui dégueuler dessus. Elle avait un facies étonnamment expressif pour un diable des sables ! Allait-elle lui clamser entre les bras ?

Quoi qu’il en fût Olek n’aurait jamais pu se préparer à ce qui s’ensuivit. Le monstre ouvrit la bouche, eut un haut le cœur, et déversa l’intégralité de son repas,  c’est-à-dire des litres d’acides fumants et une boule de graisse rougeâtre qui sentait bon le cochon grillé.


- Gura !

Un soulagement non feint était visible sur sa tronche, et il se mit à applaudir comme un attardé en voyant la masse de gras percuter les barreaux ramollis et les détruire. Leur ouvrant une porte de sortie. Il fit des carnages dans les rangs des gardiens, écrasant de nombreux misérables à l’atterrissage. Ce gars-là était un danger public, surement encore plus qu’Olek lui-même.

- T’es un génie !

Olek riait encore du spectacle quand un puissant coup de feu se fit entendre, ce n’était pas une arme normale qui venait d’être utilisée, le son était totalement diffèrent d’un fusil lambda, beaucoup plus fort, beaucoup trop fort. Le jeune homme sentit une douleur fulgurante, son épaule venait d’être transpercée, un petit trou était visible entre ses muscles qui  permettait de voir à travers pendant une petite seconde, puis le sang se mit à gicler. C'etait vraiment pas jolie à voir.
Un étage plus haut, inaccessible, un sourire de batard aux levres, le directeur Stockburn tenait un sniper entre les mains, il avait déjà rechargé et s’apprêtait à tirer une nouvelle fois, une nouvelle balle encore plus grosse dans le canon. Le diable des sables fut cependant plus rapide, d’un coup de tête il envoya valser Olek dans la direction ou avait atterri Gura et se prit le tir à sa place, en pleine tronche, entre les huits yeux.

La balle traversa la carapace comme s’il s’agissait de beurre et ressortit aussi rapidement de l’autre cote avec un gros bout de cervelle. La créature s’effondra dans un tremblement et le cri d’Olek entrain d'assister impuissant à la scene engloba les bruits de destruction alentours.


- Je vais te creveeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeer !!!!

Il n’avait malheureusement aucun moyen d’atteindre les niveaux supérieurs et le directeur les reprenait déjà en joue, l’arme chargée, le regard impassible, prêt à tirer. Olek était enragé, le diable des sables était mort et sa vengeance inaccessible, il se dissimula derrière un mur effondré, s’accordant quelques secondes de réflexion pour s’obliger à se calmer. Il gueula finalement pour un Gura invisible mais qui ne devait pas se trouver bien loin.

- Faut qu’on se casse de là !

La créature était morte pour le protéger, et même s’il voulait de tout son cœur, de toute sa haine sauter à la gorge du vieux directeur il n’en avait pas le droit. Il ne gaspillerait pas la vie qu’on venait de lui offrir, enfin pas tout de suite, pas avant quelques jours, le temps qu’il oubli ce petit épisode tristounet quoi. Le seul moyen d’honorer son ancien compagnon était de survivre à cette journée, de s’échapper…
La question maintenant était : Comment ?
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Comme j'ai encore dégusté d'un méchant accident dans le buffet, il me faut quelques longues secondes de répit pour replacer mes yeux en face des trous. Pendant ce temps, il se déroule une scène terrible dans mon dos. Ça concerne visiblement Olek et son immense toutou d'enfance.
Et au final, je ne sais pas qui a le plus mal, dans le fond. Moi, parce que j'ai tout un tas de blessures en tout genre qui se sont accumulées, depuis le début de cette satanée corrida ? Ou l'autre grand gaillard, soudain touché au coeur, émotionnellement ?

Dans tous les cas, de là où je suis, je ne sais pas distinguer la larmichette au coin de l'oeil du grand monsieur. Pour l'instant, j'arrive seulement à découvrir mon nouveau petit coin de paradis : l'ancien carré VIP qui servait sans doute à stocker les spectateurs fortunés ou privilégés, venus assister aux festivités.
Tout autour, c'est détruit de part en part, avec des geôliers malchanceux étalés ici et là à cause de mon entrée en scène plutôt fracassante, dira-t-on.
Il y a aussi d'autres divers petits objets, sûrement abandonnés par les précédentes personnes respectables. Paniquées, j'imagine qu'elles ont préféré fuir dans la précipitation. Quoi qu'il en soit, je ne prends pas la peine de faire la liste, ni de me servir.

Puis, enfin, lorsque Olek se met à crier comme un métalleux en plein concert, je me réveille un peu plus dans notre monde bien réel. Le premier truc qui me revient d'abord à l'esprit, c'est la douleur. J'ai mal, je saigne, je chlingue, je crame... et bien évidemment, je dégouline.
D'une certaine manière, on dirait que c'est ma transpiration qui me tient en vie. À force de déverser des litres de sueur, ça me soigne en quelque sorte, telle une pommade ou un quelconque produit désinfectant.

_ C'était quoi, ces coups de feu ? Demandé-je connement, à un moment donné, avant un hoquet de surprise.

Je me rends directement compte que j'aurais mieux fait de me taire, tout en dévisageant mon voisin.

Olek tire vraiment une sale tronche, en prime d'être sérieusement touché, lui aussi, à l'épaule. Il a l'air essoufflé, avec des yeux remplis de rage et un coeur qui bat la chamade. Il voudrait bien se transformer en superhéro ou quelque chose d'approchant. Mais finalement, il y renonce parce qu'on n'a pas tout fait ce chemin pour retourner se jeter gratos dans la gueule du loup !

Alors, on fait quoi, du coup ? Comme il le mentionne si bien tout à coup, ce serait effectivement une bonne idée si on se tirait à notre tour. D'autant plus qu'il n'y a plus long chemin à parcourir vers la sortie. Du moins, c'est ce que la logique voudrait. Et surtout que, si des convives étaient bel et bien présents il y a peu, ils ont forcément leurs accès privés d'ici jusqu'à l'air libre.
En somme, une voie spéciale qui leur permet d'éviter au maximum les prisonniers, quoi !

_ Ouais, cassons-nous ! Relancé-je aussitôt, comme pour confirmer que je suis d'accord. Regarde, on n'a qu'à passer par là !

Je désigne du doigt sans plus attendre une porte non loin, laissée grande ouverte à l'autre bout de la pièce.

Puis j'essaie de me dandiner jusque là pour connaître la suite de notre évasion. Mais comme je deviens plus lourd dès qu'il s'agit de bouger mon gras endolori, j'ai l'impression d'y passer des heures avant d'y parvenir. Et c'est pire lorsque je dois me faufiler de l'autre côté, tout ça parce que mon corps a été bâti sur des mensurations légèrement extrêmes, comparé au chambranle !

Heureusement, c'est un couloir un peu plus large qui nous tend les bras ensuite. Et je suis prêt à parier qu'une fois traversé, nous déboulerons tout bonnement à l'extérieur. Il n'y aura plus qu'à s'extasier, chantonner sur du "Vive la liberté", picoler au nom de notre semblant de victoire, et tout et tout !
Mais avant d'y prétendre, il faudrait peut-être se magner la rondelle un peu plus !
Alors tôt ou tard, je fais des grands gestes dans mon dos vers Olek pour qu'il évite de se la couler douce. Sauf qu'en vérité, c'est moi qui suis devant et qui prend donc de la place... et qui, finalement, ne se déplace pas aussi vite.

Bref, c'est moi le fautif !

_ Oh chiottes ! Grogné-je, une fois la fin du parcours atteinte.

Puisqu'on est à l'étage, il faut bien redescendre d'une manière ou d'une autre. Et là, on fait illico face à une cage d'escalier en colimaçon. Le truc que tous les Sumos de mon espèce adorent arpenter, en l'occurrence.
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Gura pour une fois était prompt à réagir, et c’est d’une célérité aussi conséquente que son poids que le boulet s’élançait dans un couloir, urgeant un Olek encore sous le choc de le suivre. Le gros semblait prendre les choses en main et le pirate lui en était reconnaissant, il mit de coter sa peine pour se focaliser sur leur objectif principal, s’échapper.

Une grimace déformant son visage, il se saisit d’une bouteille d’alcool à moitié vide et la renversa sur sa plaie à vif.  Il noua alors un bout de tissu déchiré autour de son épaule blessée et se redressa en serrant les dents. Ils n’avaient pas une seconde à perdre, le directeur n’était plus en vue, et il ne faisait aucun doute qu’il était quelque part dans les couloirs pour venir les achever. Olek emboita donc le pas à son acolyte en tout aussi mauvais état que lui.

Le trajet sembla durer une éternité, surement dû au fait que Gura bloquait  autant le chemin que la vision du couloir et prenait misérablement son temps. Son sourire contrit d’excuse était cependant suffisamment ridicule pour permettre à Olek de prendre son mal en patience et d’utiliser ce moment de calme pour récupérer un semblant de force.

Il se perdit dans ses pensées, suivant la masse difforme dégoulinante de transpiration devant lui comme un automate. Il avait perdu trop de sang et le colosse commençait à divaguer par laps de temps de plus en plus long. Il repensait à son enfance, au diable des sables, il le revoyait mourir sans rien pouvoir faire pour l’aider…

C’était tellement étrange que la mort d’un animal puisse le toucher plus que celle d’un être humain, et pourtant il n’y avait rien de plus naturel, lui-même n’avait d’humain que le nom et ne se sentait aucune affinité avec ces pathétiques microbes fragiles et stupides. C’était surement une des raisons pour laquelle il s’entendait « si bien » avec  Gura, qui semblait représenter à lui tout seule une toute nouvelle espèce.

Olek sourit à cette pensée et revint à la réalité, quoi qu’une demi-seconde trop tard. Le gros c’était arrêté, subitement sans donner aucune raison et le colosse ne l’avait pas vu faire ses grands signes. Il lui rentra donc dedans, chose bégnine aux premiers abords mais qui s’avéra catastrophique pour le duo.  Au bord de l’escalier en colimaçon, Gura n’avait aucune marge de manœuvre pour éviter Olek, et lorsque celui-ci le percuta, ce fut le début de la fin.

Collé à la graisse et à la transpiration, ils dévalèrent les escaliers en un mélimélo de membres, muscles et centaines de kilos pour former une boule dévastatrice. Ils prirent de la vitesse, Olek gueulait comme un forcené et ne savait même plus s’il s’agissait de sa voix ou de celle de Gura. Ils percutèrent quelques formes flous dans leur décente, des os craquèrent mais ce n’était pas les siens, ils venaient de rouler sur une patrouille qui remontait l’escalier.

Olek ne discernait absolument rien et contrôlait encore moins ce qui se passait, il était protégé par les couches de graisses de son camarade et mis à part une envie de gerber de plus en plus forte il se sentait bien. Son cri variait entre la surprise et le rire mais ce fut un râle d’agonie qui s’échappa de sa gorge lorsqu’ils arrivèrent au bout du voyage. Ils défoncèrent une porte blindé comme s’il s’agissait de bois morts, continuèrent à rouler sur plusieurs centaines de mètres et se fracassèrent contre une muraille de pierre.

Olek décida de rester quelques secondes allongé, la tête et les sens en vrac, le temps que les choses se calment dans sa caboche.


- T’es mort ? dit-il à l’attention de Gura qui venait encore une fois de disparaitre de son champ de vision...
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Han ! Ouf ! Bing ! Spoink !

J'arrive pas à croire qu'il a osé ! D'accord, le mec pourra toujours invoquer l'excuse de n'avoir pas fait exprès. Mais dans mon for intérieur, -ou du moins, ce qu'il en reste- j'y crois moyen.
Enfin, qu'à cela ne tienne. En se la jouant grosse boule de neige dans ces foutus escaliers, on réussit à s'enfuir à toute vitesse, c'est le principal. Et si en prime, il y a également moyen de renverser pas mal de nos assaillants dans la foulée, notre passage en force mais chaotique a tout de même ses bons côtés.

Néanmoins, dès que nous arrivons à destination, il faut bien avouer qu'on est encore plus mal en point que dans l'arène de combat, précédemment. En tout cas, ça fait mal de chien... avec ou sans bourrelets !
Je suis complètement comateux, alors qu'il y a pourtant un détail qui devrait me remettre d'aplomb. On est enfin libres, boudidiou ! On est dehors, quoi ! Adios les murs et les barreaux qui nous retenaient prisonniers !

Par chance, une voix me siffle bientôt dans les oreilles. Comme j'hallucine encore un peu, je me prends à croire que c'est un ange du Paradis. Le bonhomme ailé me demande si je suis mort. C'est mignon, hein ? Sans doute une manière de me démontrer que tout est relatif dans ce nouveau monde. Ainsi, je parie qu'en répondant non, il va me dire que j'ai raison... puis, me souhaiter la bienvenue. Bienvenue dans cette nouvelle renaissance !

_ Pouah ! Aboyé-je une seconde plus tard, tandis que l'image du monde réel apparaît clairement devant mes yeux écarquillés.

Je sursaute même, pour l'occasion. Et je secoue vivement ma tronche, tout en me redressant sur le derrière.

Désormais en position assise, tel un gros bébé dans sa couche, je me rends mieux compte de la situation. Hormis mes blessures innombrables, on dirait bien qu'on a déboulé sur le parking des privilégiés. Déjà dans le lointain, qui plus est, on peut même s'apercevoir que des derniers fuyards sont en train de monter à bord de leur riche embarcation.

Par contre, c'est normal si un molosse vertigineux, tout en muscles, et armé d'une sorte de long câble à piques, se ramène doucement mais sûrement dans notre direction ? M'est avis qu'avec sa bouille et sa tenue de big boss, ce doit être un des supers gardiens balaises de la prison. Le genre de mec à qui on fait appel en dernier recours, quoi.

_ Je parie qu'il devait travailler dans un cirque, dans ses jeunes années... marmonné-je à mon voisin, juste histoire de plaisanter.

À vrai dire, je n'ai plus trop de force. Et les neurones, n'en parlons pas ! Du coup, au moment de m'interroger sur les possibles suites de notre péripétie, j'ai l'impression de me faire de nouveau mal.

Par contre, ça me fait penser à une autre petite moquerie :

_ Quand tu dis mort, tu veux dire... là, maintenant, tout de suite ? Ou après que cet enfoiré nous aura mis une sérieuse branlée ? Ha ha ha !

Mince ! Ça me donne mal aux côtes de rigoler bêtement à ma propre feinte.

Bref. Sur ce, je me relève. Difficilement, bien sûr. Puis j'aide mon compère à faire de même, qu'il le veuille ou non, en le soulevant par un bras. Monsieur avait quand même décidé de se la couler douce, allongé au sol ! Non mais allô ! Comme si c'est l'heure de bronzer, pfff !

_ Toupie Booblade ! Ronchonné-je ensuite.

Je n'attends pas plus de sermons de la part de qui que ce soit, et je me mets direct à tourbillonner vers le nouvel ennemi. Sauf que j'ai à peine vrillé sur une demie douzaine de mètres, voilà que je flanche aussitôt. Perte d'équilibre, j'imagine...

Puis je tombe tout bonnement à la flotte, comme une pauvre quiche. La honte dans toute sa splendeur !
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Les gens couraient pour rejoindre navires et embarcations, effrayés, certains trébuchaient, d’autres se bousculaient pour monter les premiers tandis que les quelques femmes criaient avec leur jupe déchirée et les talons cassés. Les hommes trop corpulents après une vie de débauche tentaient tant bien que mal de suivre le mouvement de cette foule pathétique.

Un gardien gigantesque en affectation sur le quai de l’ile vint se positionner à l’avant du groupe de nobliaux, avec pour objectif de les protéger des deux prisonniers qui venaient littéralement de débouler au milieu  de cette retraite anticipée. Il ne faisait aucun doute pour lui que les deux zigotos étaient les responsables de ce merdier et en digne vice-directeur de l’établissement, il se ferait un honneur de mettre un terme à ce grabuge. Une masse d’arme effrayante dans les mains, il attendait l’air menaçant au milieu des quais, véritable forteresse en armure.


- Pas commode. Laissait échapper Olek alors qu’il acceptait l’aide de Gura pour se relever.

Malgré la tête qui tournait un peu trop, un corps en vrac, des blessures et contusions à chaque membres et muscles le pirate se sentait bien mieux. Son esprit était à présent libre de toutes pensées faibles et parasites, prêt à repartir de plus belle et faire fonctionner cette machine à moitié cassée qui lui faisait office de corps.

Il s’apprêtait à partir à l’assaut du mec ridicule en armure, lui montrer qu’Olek lui était supérieur en tout, en commençant pas lui prouver que son ramassis de pièces de métal ne servait qu’à faire cuire la bouffe, que Gura passait déjà à l’action. Le colosse était impressionné devant le courage et l’improvisation du gros, ses yeux s’écarquillèrent de surprise et pétillèrent de joie, impatient de voir enfin un combat digne de ce nom. Pour un guerrier, être spectateur était tout aussi jouissif qu’instigateur, surtout lorsque les protagonistes étaient aussi imposant par leur taille et leur ridicule.

Puis voilà qu’enfaite l’autre taré entrain de tourbillonner comme un forcené gâcha son plaisir et se loupa totalement. Sa trajectoire dévia de plusieurs dizaines de mètres et l’obese disparut dans un « plouf »  suffisamment puissant  pour créer un tsunami à l’autre bout de South Blue.

Olek plissait les lèvres et haussait les sourcils, une moue sidérée sur la tronche. Il restait là, immobile, incapable de se remettre de la scène, la débilité le laissait abasourdi. Le pirate n’avait rien à dire, rien à ajouter. Un long silence s’écoula tandis que l’intégralité des personnes sur le quai s’était également figée, incrédule...

Il était temps de sauver l’honneur du duo, d’oublier ce fâcheux événement et de refaire trembler les gens par leur présence censée être effrayante et synonyme de chaos. Le golgoth se gifla deux trois fois pour s'exciter un peu et passa à l’action.

Il honora ses ancêtres dans une course effréné, titanesque, gueulant aussi fort et aussi longtemps que ses poumons lui permettaient, les bras levaient en l’air, menaçants, en direction de son adversaire de fer. Le machin était gigantesque, aussi grand qu’Olek et surement des dizaines de fois plus lourd avec la masse de protection sur son corps de mammouth.

C’est en oubliant ce petit détail que l’ex prisonnier percuta le type, un « gong » tonitruant résonna durant une éternité et fit vibrer la mer et les navires alentours tellement l’onde sonore était puissante.  Le vice-président avait à peine reculé, Olek quant à lui avait une bosse aussi grosse qu’un sein de Gura sur le front, ses jambes tremblaient sous le choc et ses yeux roulaient dans leur orbite. Le guerrier de fer riant aux éclats devant tant de futilité en profita pour le faucher de sa masse, le propulsant dans les airs telle une poupée de laine. L’image même de la grosse brute qui ne contrôle pas sa force... Ses membres gigotaient dans tous les sens alors qu’il atterrissait pathétiquement sur un navire à trois mats qui commençait à remonter l'encre et prendre le large...

Un gros truc de suffisamment bonne facture pour résister au choc de la chute d’Olek. Qui parle d'une chance de cocu ? Ça c’était de l’abordage ! Fallait maintenant que Gura ramène ses grosses fesses à bord…
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Et glou, et glou, et glou ! À cause de mon faible état, je ne peux m'empêcher de boire un peu la tasse, dans un premier temps. En revanche, la douche froide sur mon corps meurtri agit comme une décharge électrique. Ça me permet de me secouer les puces au plus vite, puis de tout faire pour remonter à toute allure à la surface.

_ Espèce de...! Commencé-je à beugler vers mon adversaire, une fois le nez hors de l'eau, de nouveau.

Cependant, je m'arrête direct, car je ne vois déjà plus Olek dans les parages. Je me grouille alors de faire un petit tour d'horizon, mais je ne le trouve pas.

Je m'interroge. Se serait-il fait démonter par l'autre colosse de gardien ? Ou, tout comme moi, il s'est dit qu'à la flotte, on avait bien plus de chances de survie ? Dans tous les cas, pas question que je retourne au fond pour aller vérifier !

_ Désolé Olek, pleurniché-je faussement. On s'en était payé une bonne tranche, et tu nous as quittés trop tôt. Tu nous manqueras à tous.

Après quoi, je n'ai pas le temps de conclure mes adieux. L'autre baraqué impatient et son arme de dresseur de bétail est en train de profiter pour me couper net la parole. Il y a un violent "shlak !" qui pourfend les vagues juste à quelques centimètres de ma gueule.

Qui plus est, moi qui espérais pouvoir regagner la terre ferme, c'est râpé, je suppose. Pourtant, si je campe un peu trop longuement dans cette grosse piscine, ce sont sans doute les monstres marins qui vont se donner à coeur joie d'avoir trouvé du bon jambonneau ambulant et en slip.
Heureusement, lorsque je décide de reculer via quelques brasses, je me rends compte enfin qu'il y a un énorme navire non loin de ma position. Un de ces fameux engins réservés à tous les riches venus assister précédemment au spectacle, organisé dans la prison de Classic Town.

Et à peine, ai-je entamé une nage plus rapide, je m'aperçois qu'une gigantesque silhouette me surveille à l'étage supérieur. J'en déduis alors aussitôt que j'ai un peu passé pour un con, quelques secondes plus tôt.

_ Olek !? Ça va ? J'te dérange pas ?

J'ai bien d'autres petites menaces foireuses à lui balancer dans les tympans, mais ce n'est vraiment pas le moment.

En fait, vu que le transport se fait doucement mais sûrement la malle, j'ai sérieusement intérêt à trouver une solution fissa si je veux monter à bord et rejoindre mon collègue ! Et comme le bâteau produit des méchantes vagues dans son sillage, c'est Bibi qui se les mange tôt ou tard ! Résultat, ça me fait reculer, grrr !

Pendant ce temps-là, dans mon dos, le gardien en chef réitière ses surpuissants coups de fouet dans ma direction. Son câble diabolique n'a pourtant l'air que de claquer sur l'eau, mais allez savoir pourquoi il réussit tout de même à me charcuter discrètement par-dessous ! Peut-être une technique spéciale qui lui offre la possibilité de propager des ondes tranchantes-trucmuche ?

Qu'à cela ne tienne ! Il faut que je tente le tout pour le tout. Ainsi, dès que j'ai pu défaire la longue ceinture autour de ma taille, je la balance, moi aussi, tel un fouet... vers le navire, par contre. Et plus précisément, vers l'ancre de celui-ci qui est toujours en train de se faire rembobiner.

_ Olek, ne m'abandonne pas ! Chantonné-je après avoir tiré un coup sec, histoire de me faire propulser.

À ce moment-là, le fouet à piques du grand méchant loup en armure derrière moi trouve le moyen de m'attaquer une énième fois. Sa corde de métal s'enroule alors bientôt autour de ma cheville.

Je saigne et je hurle à la mort, une fois de plus. En revanche, comme le train est en marche, le bonhomme ne tarde pas à se faire embarquer ensuite. Du coup, le guignol à l'arrière-plan perd l'équilibre, tombe dans l'eau... et se met à couler dans la foulée, car sa lourde quincaillerie sur les épaules ne l'aide pas dans ces conditions.
Malheureusement, puisqu'il reste toujours accroché à mon pied, on dirait qu'il cherche bientôt à m'aimanter vers lui. Ou alors, au contraire, à se rapprocher tout bonnement de mon gras !

Avant de flancher, j'ai le temps d'atteindre enfin l'ancre collée au bâteau. Puis, sur ce, je me dépêche de projeter une seconde fois ma ceinture de tissu vers le ciel... et advienne que pourra.
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