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Opération Théolinus






Une cigarette se loge entre des lèvres sèches. Dans la pénombre, une allumette craque, révélant les mines longues d'une quinzaine de soldats. Traits tirés, regards fixes, on devine bien que ces hommes, tous habillés en civil, n'ont rien d'éléments normaux. Que ce soit Mortimer, qui était au Cimetière d'Épaves en 1611 et qui a tué autant de révo qu'il a de croix sur sa crosse, ou bien Duncan qui a attendu trois jours dans la boue sans bouger au fond d'une tranchée de Goa pour abattre un émissaire révolutionnaire. Les hommes assis sur deux banquettes se faisant face, dans ce fourgon tiré par deux chevaux, sont triés sur le volet. Des soldats de l'Élite aux qualités indiscutables et dont on ne pourrait douter une seule seconde. Ils ne questionnent pas, ne rechignent pas et agissent toujours avec efficacité. Ils sont des tueurs nés qui patientent, tous en silence, alors que de l'extérieur leurs parviennent les claquements des sabots et le brouhaha des rues de Luvneelgraad.

L'allumette embrase la tige et une forte odeur de nicotine s'élève dans l'air. Le Lieutenant Edwin Morneplume crache d'épaisses volutes. Le bout grésillant de sa cigarette illumine un instant son visage de cire, alors que ses yeux passent en revue les hommes autour de lui. Tous sont choisis selon une analyse méticuleuse de leurs états de service qu'il s'est fait un plaisir de consulter, à Marie-Joie. Irréprochables, fidèles. Des valeurs sûres. Morneplume s'est assuré que tous s'avèrent être les meilleurs éléments pour protéger son employeuse.

Annarosa de la Ventura, dragonne céleste et possible héritière de la fortune des Caddenheads.

Car c'est bien pour une lutte politique entre nobles que cette petite compagnie se retrouve ainsi dans un simple wagon, dans un royaume isolé de North Blue. Les Caddenhead sans héritiers depuis la mort prématurée de Saint-Glinglin des mains de Tahar Tahgel, de nombreux prétendants ont vu là l'opportunité de se hisser au sommet d'une des vingt plus puissantes familles du monde. Mademoiselle de la Ventura est de cette catégorie. Toutefois, il s'avère que la mécène de Morneplume s'est avérée plus maligne que ses adversaires politiques, découvrant que c'est à Luvneel qu'elle pourrait mettre la main sur une relique des Caddenhead pouvant totalement légitimer son accession au trône : le Scaphandre de Théolinus Caddenhead.

Morneplume ne sait ni d'Ève, ni d'Adam comment un tel costume s'est possiblement perdu à travers les méandres de l'histoire au point de se retrouver dans un encan de North Blue. Ce qu'il sait, en contrepartie, c'est qu'entrer en possession d'une telle relique des Caddenhead marquerait une fulgurante ascension hiérarchique pour miss de la Ventura, une occasion que lui-même ne peut manquer. Échouer reviendrait à lui-même sacrifier ses ambitions, et probablement sa carrière, sous la colère paranoïaque de sa protégée.

Parce qu'il est évident que la dragonne céleste entrera en possession du scaphandre, riche comme elle est. S'il est ici, c'est parce que cette dernière craint plus que tout au monde qu'on pose la main sur elle, voulant éviter à tout prix le destin de Glinglin. C'est pour ça qu'il est là, c'est pour ça qu'ils sont là. Parce qu'il n'y a rien de plus important que la sécurité d'Annarosa de la Ventura, et que sa mort ou sa mauvaise santé pourrait coûter à chacun des hommes ici la fin prématurée de leur carrière, et probablement de leur vie d'hommes libres.

Et c'est pour ça que ce sont les meilleurs.

Sauf lui. Celui avec la morgue qui habite chacun de ses traits, qui grille aussi une cigarette, le regard perdu plutôt que résolu, l'air anxieux avant d'être rigoureux. Une erreur de bureaucratie, un dossier refusé qui s'est retrouvé dans la mauvaise pile. Un effectif déficient qui n'aurait jamais dû accoster à Luvneel avec l'escadron de Morneplume. La barbe de trois jours, les cheveux en bataille, le menton carré du tombeur classique, toujours cette étincelle amusée au fond des yeux.

Alexandre Kosma.

Le pire soldat que la Marine d'Élite ait connu. Et l'une des personnes qu'Edwin Morneplume exècre le plus sur North Blue.
Et parmi eux, prenant plusieurs sièges, il y a ce gras homme-poisson dont Edwin n'avait jamais eu mention avant. Un certain LaMarcus, vêtu avec goût, mais grotesque dans sa façon d'être. Rien qui ne puisse motiver Edwin à apprendre à le connaître. De toute façon, il n'a que faire de ces hommes. Il sont des outils pour un plus grand dessein. Ils sont des pions dans la Justice qu'il met en œuvre.

Le wagon s'arrête. On cogne deux fois contre la porte, une pause, puis une nouvelle fois.

Un chapeau haut-de-forme trouve son chemin jusque sur la tête de Morneplume, qui est resté penché la majeure partie du voyage, évitant de se cogner contre le plafond trop bas. Ses yeux d'aciers passent sur chacun des hommes. Jugement.

Messieurs, le Kidd's est une salle de vente huppée, où se retrouve tout le gratin de la bourgeoisie locale. Tâchez de faire honneur à votre accoutrement et comportez-vous avec bienséance. Encerclez la bâtisse, je prendrai l'initiative d'escorter Mademoiselle de la Ventura jusqu'à l'intérieur. LaMarcus, Kosma, vous venez avec moi. Les autres, assurez-vous de bien sécuriser le périmètre. Vous avez tous un escargophone pour prévenir les autres  soldats parqués dans les rues, j'ose espérer que si quoi que ce soit venait à arriver, vous auriez la décence d'esprit de l'utiliser.

Sachez que personne ne fait sa chance, alors agissez plutôt pour que l'Opération Théolinus soit un succès.


Sur ses paroles, sa longue main pousse la porte du wagon, la lumière du jour s'engouffre à l'intérieur et ce sont les hautes bâtisses de pierre de Luvneel qui accueillent les hommes de l'Élite. La silhouette effilée de Morneplume se profile, alors que d'un carrosse avoisinant le fourgon des soldats on aide Annarosa de la Ventura à descendre, bien casqué de sa bulle et ayant revêtu son scaphandre. Devant eux s'élève le Kidd's, derrière eux Luvneel et ses rues pavées et bondées.

La voix de pierre de Morneplume gronde lorsqu'il arrive à la hauteur de Kosma.

Sachez que je n'ai pas voulu que vous fassiez partie de cette mission, Kosma. Et que cette fois je ne rechignerai pas à écrire un rapport sur votre étrange disparition, si vous en veniez à me désobéir ou à être un obstacle à ma Justice. Tenez-vous le pour dit.
MORNEPLUME !



La bouillante Dragon Céleste s'approche, l'air renfrogné et anxieux à la fois.

Hm. Mademoiselle. Rassurez-vous, le périmètre est déjà bien sécurisé.
J'espère bien ! Il y avait énormément de gens qui regardaient… peut-être que ce sont tous des assassins !
Je crois que la source de leur attention était plutôt votre rang, Mademoiselle. Évitez d'accuser ainsi de pauvres péons.
Han ! L'enchère commence bientôt ! Allons-y ! lance-t-elle d'un ton revêche, ignorant le commentaire du Lieutenant.
Hm. Oui. Allons y.

Entrons donc dans cette luxueuse souricière.
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" Et n'oubliez pas messieurs, sachez bien que qui que l'on soit dans notre for intérieur, nous ne sommes jugés qu'à l'aune de nos actes. "

La lampe à pétrole qui sert de plafonnier au comité oscille comme un métronome, régulier et inexorable,  dans un silence monastique. Cette voix rauque et sèche  témoigne de son expérience éminente du terrain, de sa connaissance aigue des méthodes et tactiques ô combien éprouvées de ses adversaires, lui l'homme de l'ombre, qui a vu tellement des siens tomber sous le couperet glacial du simulacre de justice que tous ces grivetons enfiévrés répandent avec la même hargne débridé, la même impétuosité effréné. Ulrand ne peut plus les pardonner, il en a enterré tant, tant qui ont dû se contenter pour les plus chanceux d'entre eux d'une banale croix de bois et d'un cercueil anonyme, tant qui furent relégués à la fausse commune sans sermon ou oraison. L'autodidacte et fin limier forgé dans le chaos des affrontements innombrables auquel il a participé est éreinté, sa moue fatigué laisse apparaître de profondes fissures, stigmates d'une existence dédié à un idéal qu'il légua à des myriades de disciples qui poursuivront son œuvre grandiose.  Il n'est plus que l'ombre de celui qu'il fut autrefois mais il sait qu'en dépit des purges systématiques d'Edwin Morneplume et de ses fieffés acolytes sur Boréa ou Goa,  qu'en dépit de l'hémoglobine injustement versé pour satisfaire quelque affaire d'ego, l'herbe repousse toujours plus drue qu'elle ne l'était auparavant. Il le sait, cette opération peut bien constituer son baroud d'adieu, il s'y est préparé comme à chaque jour que dieu fait, comme à chaque bouffée qu'il inspire profondément comme si c'était la dernière, il est des libertés que même les hommes ne peuvent museler ou juguler de leurs serres d'acier.

Les âmes taiseuses du comité sont plongées dans un profond recueillement. Ce silence intriguant, perturbant, cette bise qui s'enveloppe dans les travées tumultueuses de l'opulente cité, bruisse, chuinte d'un souffle nouveau comme ragaillardi par la partition que s'apprête à lui donner ses plus fidèles hôtes, ceux qui ont n'ont jamais cessé de croire en elle, ceux qui l'ont bâti et qui la préservent du mal ambiant.

Le calme avant la tempête. L'homme craint ce qu'il ne peut voir.

Des semaines entières que la cellule révolutionnaire locale, les Echos de la liberté, répète inlassablement et précautionneusement chacune des étapes de la prise du scaphandre, des semaines entières à étudier minutieusement les fondations et le plan du Kidd's et chacun de ses recoins où cette vermine endiablé pourrait se calfeutrer, des semaines entières que chacun récite et peaufine les derniers détails de leurs nouvelles identités. Papiers, vêtements, masques de peaux, postiches et autres artifices composent le large éventail du mimétisme esthétique des révolutionnaires, chacun sait depuis bien des lunes ce qui lui incombe dans le grand projet.  L'as est un homme éclectique et un chef d'orchestre hors pair, l'échiquier est posé, les pièces de nacre soigneusement alignées dans un symétrie épuré et dénué de toutes fioritures. A la différence de nos antagonistes, la révolution n'a pas, Elle, de pions à sacrifier, n'a pas de bouc-émissaire à immoler pour concrétiser son ambition. Elle ne se nourrit pas de la chair de ses propres ouailles lorsque l'hiver vient, ne cherche pas de souffre-douleur lorsque sa médiocrité fait face visible, elle laisse aux charognards et autres oiseaux de mort le soin de se repaître goulûment du funeste fricot et de s'en galvaniser à gorge déployé.

Une tension, palpable, électrique, se noue dans le local où l'escouade répète ses dernières gammes. Elle est de cette œuvre qui dépasse l'entendement d'un seul comme souvent dans la révolution, de celles qui résonne dans cette coque de chair et qui fait tressaillir le palpitant, des hommes de juste, de coeur avant d'être des hommes implacables. Le blondin connait bien ce stimuli pour l'avoir vécu auparavant tout comme son compère et ami Richard Bradstone sans qui cette opération n'aurait jamais pu être mise sur pied cependant tous ne partagent pas cette expérience bénigne, ces grands instants où les hommes écrivent l'Histoire avec leur propre encrier et noircisse la page qui devienne Leur récit.
   
A commencer par Crazyfinger, la trentaine qui en parait vingt de plus, les traits acerbes, le faciès détonnant,  le plus impatient et surement le plus timbré du lot, son tempérament de fine gâchette prostré dans un rôle qui le proscrit à porter toute arme à feu, ronge peu à peu les nerfs d'acier du pistolero.  Il fait tournoyer son flingue avec une dextérité sans pareille, le canon propre comme un sous-neuf, minutieusement nettoyé de tous ses dépôts et lustré avec brio. Il sait que de la ventura est une des proies qu'il préfère, l'une de celle qu'il aimerait pouvoir trouer sans vergogne et épingler à son tableau de chasse, l'une de celle qui pourrait le faire déraper dans un accès de violence qui mettrait en péril l'opération.

Christopher Nash est d'une toute autre veine. Il emprunte des airs de tous ces petits noblions qui se targuent d'avoir des sous-fifres à leur botte, jeune fringant bien propret aux espoirs immenses qui tient la rigueur et la justesse comme vertus cardinales.   Nash est respecté et influent et a beau être en odeur de sainteté auprès des échos de la liberté , son apparence hautaine, pédante ne sied guère à l'effigie du révolutionnaire selon Wade.

Et tous les autres, ces hommes des ténèbres qui appellent le crépuscules de leurs vœux pour donner toute l'étendue de leur savoir, tous ceux qui ont repéré les lieux, qui nous ont procuré des infos, qui ont espionné, maquillé nos agissements et qui ont oeuvre à cette mission capitale.

" Ils peuvent nous ôter la vie mais ils ne nous ôteront jamais la liberté. " lança le blondin pour extirper tout-à-chacun de la gangue dans laquelle leurs esprits les avaient placé.

Les regards se levèrent vers le blondin, les prunelles s'écarquillèrent devant le révolutionnaire émérite et gardien de Richard Bradstone, l'un de ceux qui avait affranchi les esclaves du bagne béant de Tequila Wolf. Oui, il avait une once de crédibilité auprès des échos de la liberté car qui que nous soyons, nous ne sommes jugés que par nos actes, comme l'avait rappelé leur charismatique leader.
 
"Ce soir, nous serons les assesseurs de la vente aux enchères. Vous connaissez vos rôles sur le bout des doigts et vous êtes, je le sais, conscient de la portée de notre action et de ses incidences sur la vie du peuple du Luvneel. Si certains d'entre vous avez de la famille ou des pairs dans ce royaume et que vous redoutez pour leur sécurité, je ne vois aucun désagrément à ce que vous quittiez l'opération sur le champ et rendiez les armes. Je ne vous en tiendrai pas rigueur et je pense pouvoir m'exprimer au nom de tous en affirmant qu'aucun de nous ne le fera. "
poursuivit Wade d'un ton avisé.

Un mutisme profond en guise de réponse, comme escompté le conforta dans l'idée selon laquelle seule la bravoure et la témérité allait désormais être de mise.

"Je n'en attendais pas moins de vous, messieurs. Veuillez désormais vous habiller et ajustez vos déguisements comme il se doit. N'oubliez pas que la marine n'a pas le droit de siter ici bàs et que les évènements peuvent très aisément leur porter préjudice. "

" Puisse la miséricorde nous être favorable en ces temps difficiles. Pour la justice, pour la liberté, pour des lendemains meilleurs. "


La procession d'une trentaine de révolutionnaires s'exécuta et se mit prestement en route vers l'encan où des camarades en faction les attendait d'ores et déjà selon le plan d'Ulrand, Richard Bradstone emboitant le pas



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« -Je dois vous avouer Wade que tout cela me rend anxieux…
-Vous n’avez pas de raison de vous inquiéter, on a tout programmé et nous avons l’avantage d’être à domicile.
-Je sais bien, mais j’ai comme un mauvais pressentiment… »


Je ne savais pas trop comment décrire cette sensation. Je n’étais pas le chef d’orchestre de toute cette opération, mais j’avais l’impression d’être celui sur qui l’opération reposait, comme me le rappela Ulrand qui lui aussi mettait plus ou moins toute sa carrière en jeu et pour cette unique raison, je ne devais pas échouer. Il fallait dire que j’enchaînais les échecs depuis la Baratie, avec d’abord ma tentative manquée de libérer Costa Bravo et qui se solda par la mort de celui qui s’avéra être Sharp Jones ; puis par cet échec sur Tequila Wolf où je ne fus capable que de libérer qu’une poignée d’esclaves alors que toute une île me voyait en libérateur. Je pouvais éventuellement me consoler avec la découverte d’informations sur Pludbus Céldèborde, mais j’avais l’impression qu’il s’agissait d’une maigre satisfaction par rapport à ce que j’avais laissé filer entre mes doigts. Le stress me fit donc tapoter du pied le parquet parfaitement entretenu de cette salle classée au patrimoine mondial de Marie-Joa. Tout dans cette salle était parfaitement entretenue, que ce soient les piliers de marbre en passant par le parquet en chêne et les rideaux rouges vifs brodés d’or laissant entrevoir une scène pour le moment vide. Le tout rappelait le clinquant, le luxe à outrance, ce qui plaisait à l’assemblée dont Wade, mais qui me laissa indifférent car trop occupé à me rassurer comme je le pouvais.

Mais ce stress n’était pas tant dû à l’échec probable de la mission, c’était plus dû aux éventuels dommages collatéraux que je pourrais causer, car un Dragon Céleste était de la partie, ce qui rendait l’opération d’autant plus délicate. Pour m’être informé un minimum à leur sujet, je savais qu’une mauvaise action à leur égard pouvait provoquer un rassemblement massif, se soldant par d’innombrables morts dont des civils innocents et cela je ne pourrais jamais me le pardonner, je préférerais encore finir au trou voir de mourir…

L’anxiété me montait de plus en plus, ce qui inquiéta légèrement Wade lorsqu’il vit que mon costard commençait à être humide. Il me tendit un mouchoir et me rassura comme il le pouvait, mais rien n’y faisait, je ne pouvais pas contrôler cette émotion. Il s’agissait d’ailleurs de la première fois depuis bien longtemps que je ressentais ce genre d’émotion, depuis plus d’une dizaine d’années plus exactement et cela ne s’arrangea pas lorsque les portes de la salle d’enchère s’ouvrirent, laissant au passage un champ de vision sur les escaliers qui donnaient dans le hall d’entrée. Tout était parfaitement et minutieusement calculé, du type de tissu sur le tapis rouge couvrant les escaliers en marbre jusqu’au choix des lumières pour les lustres, bref un maniaque du ménage serait ravi du résultat obtenu dans la salle. Venant d’apparaître dans la salle, ce n’était pas un notable du coin ou un bourgeois de North Blue, mais mon pire cauchemar…

Un dragon céleste venait de faire son entrée suivie par trois autres personnes, sans doute des soldats du gouvernement chargés de veiller à sa sécurité. Si la demoiselle arborant le casque de dragon céleste me semblait plutôt commune, c’est surtout les soldats qui m’intéressaient. Le premier d’entre eux, un homme approchant de la quarantaine voire plus, était ce genre de personne dont je me demandais bien pourquoi il était de la partie. L’esprit visiblement ailleurs, il n’avait pas l’air enchanté d’exécuter sa mission, ce que je pouvais comprendre. Légèrement en retrait, c’est un homme-poisson qui m’interpella, car oui je ne comprenais pas trop pourquoi un membre de son espèce avait rejoint le gouvernement, sachant que l’ouverture d’esprit n’était pas le fort de ce groupe. Le dernier d’entre eux, le plus âgé également, semblait être le plus expérimenté du groupe. Serein par rapport à moi, je me demandais s’il cernait bien les enjeux d’aujourd’hui et le lieu où il se trouvait, mais la réponse était visiblement oui.

Le groupe dirigé par le dragon céleste s’installa au premier rang du côté droit, à l’exact opposé de Wade et moi qui nous nous trouvions du côté gauche. Lorsqu’ils finirent par se poser sur leur siège, le plus âgé me fixa un long moment avec ce rictus qui signifiait qu’il était au courant que quelque chose se manigançait... Sans doute était-ce le masque de peau de Pludbus qui n'était pas assez réaliste ?



Dernière édition par Richard Bradstone le Mar 13 Oct 2015 - 14:56, édité 1 fois
    " A vos ordres lieutenant. "

    Je me demande bien pourquoi il a voulu me prendre moi. Je suis un petit nouveau après tout, mais bon je vais pas m'en plaindre, il doit avoir un minimum confiance pour me laisser escorter le dragon céleste jusque dans la salle de vente le lieutenant. Lieutenant Edwin "Poigne de Fer" Morneplume. J'entends souvent parler de lui, il empoche de plus en plus de médailles, six rien que depuis le début de l'année mille six cents vingt-six. Il s'agit d'un homme plutôt âgé, au moins la cinquantaine si ce n'est plus. Il porte un costume propre et bien repassé, ses cheveux sont parfaitement coiffés, sa barbe taillée. Il a l'air du soldat exemplaire rien que par son allure, assez impressionnant aussi de par sa carrure et sa grande taille, je dirais deux mètres au moins. Tout l'inverse du second soldat qui était avec nous. Visiblement Morneplume le connaissait, il lui lançait des regards plein de dégoût. Kosma qu'il s'appelait. Lieutenant Alexandre Kosma si je ne me trompe pas. On aurait dit un clone de Morneplume, mais en version négligée : cheveux ébouriffés, barbe mal rasée... Pourtant on nous avait dit de soigner notre apparence. Peu importe, ce n'est qu'un détail, la mission c'est de protéger Annarosa. Personnellement je ne prête pas attention à la manière, du moment que la mission est remplie, visiblement ce n'est pas le cas de Morneplume.
    La jeune demoiselle regarde partout autour d'elle, se méfiant de tout le monde. Elle est carrément malade. Y a quinze marins d'élite dépêchés rien que pour assurer sa protection, et on est trois à l'entourer partout où elle va. Mais elle continue de suspecter tout le monde de vouloir l'assassiner. Au lieu de surveiller la foule qui nous entoure afin de s'assurer que personne ne s'approche de trop près, on doit faire attention à ce que le dragon céleste ne dégaine pas son arme en plein milieu de la salle de vente. J'en ai vu des dragons célestes, mais paranoïaques comme elle ? Jamais ! Bon c'est vrai que c'était à Mariejoa, mais quand même, quand ils voyagent sur les blues, ils gardent leur air hautain et méprisant, ils ne considèrent pas les personnes qui les entourent. Ce n'est pas le cas de la jeune Ventura, elle a l'air terrorisée, elle essaye de ne pas le montrer, mais ses sursauts trahissent sa peur.
    " J'espère que la vente commence bientôt, comme ça ils arrêteront de me fixer comme ça ! Je suis sur qu'ils veulent tous ma peau, j'espère que vous savez ce que vous faîtes ! "

    Je n'ose pas lui répondre, qui sait comment elle pourrait le prendre. Je ne suis pas aussi serein que Morneplume. J'ai déjà vu des gens se faire décapiter pour avoir croisé le regard d'un dragon céleste, alors marin ou pas, je prends mes précautions. J'observe les gens dans la salle. Tous sont des nobles du royaumes de Luvneel et des environs. La plupart nous dévisagent. C'est pas tous les jours qu'un dragon céleste se rend sur les blues, j'imagine ce qu'ils doivent penser.
    Nous avançons dans la salle, naturellement mademoiselle Ventura a réservé une place au premier rang, ça ne m'étonne pas tient... Elle s'installe tout à droite de la rangée. Personnellement, je préfère ne pas m'asseoir, pas si près d'Annarosa en tout cas, elle serait capable de me poignarder pour l'accoudoir, je ne voudrais pas finir avec un oeil en moins ! La plupart des personnes installées au premier rang sont des gros nobles qui montrent fièrement les nombreux bijoux et couronnes qu'ils portent. Bon, c'est vrai que l'arrivé d'Annarosa les a calmés un peu, certains ont même sortis d'autres bijoux et les ont enfilés, ça doit leur faire bizarre de ne plus être le centre de l'attention. A l'autre extrémité de la rangée, un homme à lunettes nous fixe. Je le salue avec mon chapeau et me tourne vers l'estrade. L'enchère va bientôt commencer, le maître de cérémonie est en train de tester son micro. D'où je suis, je peux voir des gens courir dans tous les sens derrière les rideaux rouges. Ils sont sûrement en train de préparer les objets qui vont être vendus. Ils préparent ce pour quoi on est venus, le Scaphandre de Theolinus Cadenhead. Je ne comprends toujours pas en quoi ce scaphandre va aider Annarosa à accéder à la tête de la famille Cadenhead, mais bon elle fait ce qu'elle veut. Ca fera une mission de plus à mon actif.

    " Ils ont intérêt à commencer par le scaphandre, moins de temps nous restons ici, plus j'ai de chance de ressortir en vie. "


    Si elle le dit... En tout cas j'espère moi aussi qu'ils vont commencer par le scaphandre. Avec un peu de chance, elle ne fera pas la coquette et on s'en ira juste après qu'elle l'ait acheté.


    Dernière édition par LaMarcus Thomas le Dim 18 Oct 2015 - 20:39, édité 2 fois

      J'me grille encore une tige, faut que j'fasse gaffe à ce p'tit lieutenant d'élite. L'a beau pas être plus avancé que moi hiérarchiquement parlant, je sais qu'en terme d'influence, c'est lui qui gagne. Idem si on doit comparer les mandales. Mon seul moyen d'le surpasser, ce serait de faire un coup d'éclat magistral qui surpasserait tout ce qu'il a réussi à réaliser jusqu'ici. Pas envie.

      Ma seule envie actuellement, c'est de prendre un peu de recul sur tout ça, l'ambiance est calme, trop calme. Le rendez-vous est tellement important qu'il faudrait pas que ça parte en couille. Donc vaux mieux d'abord que je m'éloigne de Mornepute.

      « J'vais aux chiottes, je reviens. »
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      Myosotis s'était fait tout petit depuis son départ d'Inari en compagnie de LaMarcus, le voyage jusqu'à Luvneel n'avait pas été de tout repos, des vagues hautes donnant parfois la nausée au jeune homme le forçaient à se cloîtrer à l'intérieur, ce qui amusa plutôt son compagnon homme-poisson. Il avait passé le plus clair de son temps à essayer de convaincre les matelots de son talent pour la lecture de l'avenir mais s'était vite calmé de peur de trop attirer l'attention, passer par dessus bord à cause d'un commandant trop zélé ne faisait pas parti de ses plans.

      Enfin ils étaient arrivés, le Royaume de Luvneel, De Ville avait entendu parler de l'histoire de ce royaume, un pays autrefois très puissant mais qui, aujourd'hui, se fait complètement dominer par le Gouvernement Mondial et son hégémonie sans égale, c'était aussi un royaume très vieux emprunt d'une culture intéressante. Mais bon, ils n'étaient visiblement pas ici pour faire du tourisme, malheureusement. Myosotis avait réussi à glaner quelques infos entre deux nausées et avait comprit que la Marine était ici pour récupérer un scaphandre, pièce unique ayant appartenu à un Dragon Céleste. Myosotis avait laissé LaMarcus entrer seul avec le reste de son groupe dans l'hôtel des ventes, choisissant de l'attendre dehors, ils reviendraient certainement bien assez tôt avec le dit objet.

      Le cartomancien choisi de s'asseoir sur un banc à l'extérieur du bâtiment, se demandant combien de temps ils allaient pouvoir rester ici, pas le temps de s'installer pour des voyances pour le moment, il devait au moins revoir son ami avant pour savoir où ils allaient passer la nuit. Depuis son départ d'Inari, personne ne s'était plus ou moins formalisé de sa présence, comme si personne ne l'avait remarqué, si bien que Myosotis hésitait, les matelots de la Marine étaient-ils tous aveugles ou c'est juste que le taux de bêtise parmi eux est étonnement élevé ? Bah, peu importe, pour l'instant il s'ennuierait jusqu'au retour de LaMarcus. Il avait hâte de voir ce truc inestimable, ça doit valoir un paquet de berrys, il commençait d'ailleurs à s'imaginer combien ils comptaient le payer.


      *Et dire qu'ils ont tout ce fric avec eux...J'aurais peut être dû y aller finalement...*

      Il se mit en tailleur sur le banc pour compter son argent, les gargouillements de son ventre creux commençant à se faire entendre, intriguant certain passants qui marchaient trop près. Réajustant son haut de forme, il tâchait de patienter comme il le pouvait en espérant revoir vite les autres.

      *J'ai faim ! Faites qu'ils se dépêchent...!*
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      L’ambiance commençait à se faire lourd dans la salle, les gens attendaient juste que les festivités commencent et lorsque je m’apprêtai à dire un mot à Wade, les lumières s’assombrirent afin de nous laisser dans l’obscurité la plus totale. En face de moi se tenaient deux gros rideaux de velours présentement fermé, mais l’on pouvait entendre du bruit derrière ses derniers. Après quelques secondes où je me demandais ce qui pouvait se passer, deux spots éclairèrent le milieu de la scène tandis que  les rideaux s’ouvrirent peu à peu pour laisser entrevoir une ombre, plutôt un homme. Costume sur mesure, haut de forme, le mystérieux individu se retourna en même temps que la salle s’éclaircissait petit à petit, mais laissant suffisamment d’obscurité pour que les spots lumineux s’avèrent efficace.  L’homme s’avança jusqu’au pied de la scène, tapotant sur son micro puis se lança

      « -Bonjour à tous, bienvenue dans ses 1530éme enchères du Kidd, vous connaissez les règles sans doute, mais je vais faire un rapide topo pour les nouveau arrivants. Les paiements se font uniquement en berries, vous ne pouvez pas vous rétracter si vous avez acheté un objet et enfin vous vous servirez des panneaux en bois se trouvant sur votre chaise pour enchérir, car après tout nous ne sommes pas des animaux.
      -Il a l’air d’un chic type ce présentateur.
      Murmurai-je
      -N’oubliez pas la mission d’accord ?
      -C’est parti pour ses enchères ! »


      Les lumières se déplacèrent vers le centre droit de la scène, laissant apercevoir ce qui ressemblait bien à une chèvre. J’ignorais s’il s’agissait d’une blague ou non, mais toujours était-il qu’un animal qui plus est mort était en vente dans cette salle d’enchère

      « -Nous commençons donc avec cette première trouvaille ! Comme vous pouvez le voir, il s’agit d’une chèvre mais pas n’importe laquelle, il s’agit de la célèbre chèvre de l’Amiral Sengoku en personne, la même qui dit-on aurait donné du fil à retordre à Luffy au chapeau de paille lors de la bataille de Marineford. Magnifique travail de taxidermie, elle a été récemment découverte dans la collection d’un riche homme d’affaire décédé malheureusement… Pour cette pièce unique, nous commençons les enchères à 200 000 Berries
      » (nous rappelons par ailleurs qu’aucun animal n’a été maltraité et que la cause de la mort de celle-ci est bien naturelle)

      Les panneaux s’agitaient dans tous les sens pour ce bien qui ne me semblait pas si folichon que cela, puisqu’il n’y a aucun moyen de vérifier l’authenticité du produit. Il y avait bien ses huissiers de justice, mais s’il étaient aussi impartial que nos agents du gouvernement, cela ne me laissais présager rien de bon. Les prix grimpaient vite et le 200 000 de départ laissèrent rapidement place à un millions de berries, puis à dix millions et les prix augmentèrent encore. Je tentais tant bien que mal de discerner une logique dans les prix, mais Wade me rappela que la spéculation foncière était un domaine qui dépassait l’entendement, à bon entendeur bien évidemment.  Les prix continuaient leur petit bonhomme de chemin, atteignant le prix symbolique de 17 000 000 millions, ce qui me semblait déraisonnable pour une simple chèvre empaillé.

      « -17 244 000 Berries une fois ! Deux fois... J’ai 17 299 000 sur ma droite, maintenant 17 500 000 sur ma gauche, 18 millions une fois… 20 MILLIONS MESDAMES ET MESSIEURS ! C’est exceptionnel ! L’homme en tailleur blanc au fond de la salle vient de proposer 20 millions de berries pour la fameuse chère de Sengoku, qui pour 21 ou 20 500 000 ? Personne ? Vraiment ? Dépechez-vous c’est sans doute une occasion qui ne se représentera pas de sitôt (…) Très bien alors une fois ! deux fois ! ADJUGE VENDU POUR 20 MILLIONS DE BERRIES ! »

      Instinctivement je me retournai vers l’arrière de la salle pour tenter de voir la tête du gagnant, mais l’éclairage ne m’aidait pas du tout. Je me remis donc bien à ma place alors que la chèvre empaillée retrouvait les coulisses. Wade semblait choqué de la vente tout autant que moi, mais nous devions rester sur nos gardes car il restait encore le scaphandre à gagner.

      « -Bravo au valeureux enchérisseur, nous allons donc continuer avec… »

      Le présentateur laissa un blanc afin que les lumières eussent le temps d’éclairer l’objet en question qui venait de faire son entrée dans la scéne.


        Tss… Kosma…
        Quand vont-ils présenter ce foutu scaphandre ? Je n'ai rien à faire de toutes les vidanges qu'ils peuvent bien présenter !
        …J'ose croire que ce n'est pas le cas des autres personnes présentes ici, Miss Ventura.

        De tous les autres investisseurs présents ? Morneplume en doute de plus en plus. Sa cigarette s'effrite en un long amas de cendres, entre ses lèvres. Sa mine dure est voilée par un nuage de fumée qu'il crache d'un soupire. Il y en bien deux, là-bas, à sa gauche qui ne misent pas. Il peut les sentir, les vibrations tendues de leurs êtres, le calme et le silence de leur attente. Il jette un coup d'œil, Edwin, tout en subtilité. Un vieux. Il y a un vieux. La longue barbe blanche, l'air un peu sénile, les grands yeux globuleux, gâteux à souhait. Et pourtant, l'espace de l'instant où il l'observe, Morneplume croit reconnaître le vieillard.

        Il clos les yeux, calmement, après avoir écrasé sa cigarette contre le sol de pierre. Et comme ses paupières se ferment sur le monde tangible, elles s'ouvrent sur un monde bien plus grand. Immense et solide. Dur mais obéissant. Un monde qui se complait dans la chaleur sombre de son silence ancestral. Un monde de peu de gestes et de peu d'actions, où l'on ne respire que par les pulsions monolithiques d'un cœur enfoui sous des gigatonnes de roc indestructible. Morneplume est devenu ce roc à son tour, lié à jamais au Noyau et à son battement tectonique qu'il est pourtant le seul à entendre. Comme des tambours de guerre dont les échos partiraient des tréfonds du monde, nés dans la fusion ardente des profondeurs, qui rougeoient aux oreilles d'Edwin lorsqu'il ferme les yeux. Il était aveugle avant, désormais il voit à travers les artères minérales de l'Être Monde. Il n'est plus que la chair d'un squelette bien plus fort, solide et Juste que lui, une force de la nature prête à broyer Luvneel si le royaume trouvait moyen de mettre en péril sa protégée.

        Et pourtant le visage du vieillard a inévitablement fait ressurgir quelques vieux souvenirs dans son esprit… L'a-t-il déjà croisé ? Qui peut bien être cette épave touffue ?

        … avec le Scaphandre de Saint Théolinus !

        La frêle Annarosa se raidit aux côtés de Morneplume. Sa bulle tressaille alors que ses yeux s'éclairent d'une lueur désireuse.

        Le voilà..!

        Un vieux scaphandre bruni, à la bulle poussiéreuse, posé et sanglé à un chariot de transport, est tiré jusque sur scène. Vieilles médailles greffées au costume, broderies d'or et soudures de platine, malgré son âge avancé et la poussière qui le recouvre, le costume reluit d'une criarde lueur dorée sous les projecteurs du Kidd's. Partout dans la salle, ça s'agite. Morneplume, impassible, palpe cette tension montante à laquelle même Annarosa n'échappe pas. Beaucoup pourraient l'admettre, à défaut de n'être qu'un simple symbole de l'hégémonie de la Justice sur les mers, le scaphandre de Théolinus semble aussi hors de prix.

        Et dire que j'aurais pu mettre ce vieux costume dégradant, à une époque…
        Il faut être de son temps, bien évidemment, mademoiselle. répond un Morneplume dont l'attention s'est à nouveau dirigée vers l'aimant de ses questionnements. Où a-t-il déjà aperçu ce vieil homme qui ne semble pas broncher malgré l'arrivée du scaphandre ? Un officier de la Marine ? À la retraite ? C'est possible. Après pratiquement quinze ans à servir la Justice, beaucoup de visages ont défilé sous les yeux froids du Lieutenant. Celui là en fait probablement parti. Mais qui ?

        Nous allons donc commencer l'enchère pour cette relique légendaire au montant très élevé de…
        Trois cent millions !

        Dans l'ombre de son haut-de-forme, Morneplume pose son regard d'acier vers De la Ventura qui, sans attendre, s'est levée et a écrasé l'auditoire d'une somme astronomique. Avec approbation, il la regarde s'asseoir puis lui envoyer un petit sourire carnassier. La cupide et vorace gamine. Pas un instant elle n'était ici pour jouer avec ces petits investisseurs.  Elle est comme lui, d'une trempe d'humains qui se savent au-dessus de la masse et qui s'assurent de ne jamais descendre au niveau des plébéiens qu'ils écrasent sans vergogne, chaque jour, car ils le peuvent.

        Un silence prostré frappe l'assemblée alors que Morneplume, satisfait, embrase une cigarette entre ses lèvres.

        Vous y êtes allés fort, mademoiselle. Bien.
        La Justice est intraitable, non, Morneplume ? minaude-t-elle d'un air satisfait.
        Hm.

        Il lève son regard froid vers le maître d'enchère qui est là, tout près du scaphandre, et qui ne sait comment réagir à la colossale somme si violemment imposée au Kidd's. Un bouffée de tabac s'envole dans l'air, puis la longue main d'Edwin s'agite, à la manière d'un dangereux, menaçant et intraitable chef d'orchestre.

        Nous disions trois cent millions une fois.
        Ah… euh…. oui ! Ahem… euhm… Trois cent millions une fois ? Personne n'a mieux…?

        Le vénérable scaphandre est déjà sa propriété, à la jubilante Miss Ventura. Jusqu'à maintenant tout se déroule pour le mieux, toutefois, Edwin craint que ce scaphandre vieux d'une centaine d'années soit un véritable fléau à transporter jusqu'au port de Luvneel. Une centaine d'années… Vénérable… Comme ce vieillard qui reste toujours aussi impassible.

        Sous le veston de Morneplume, ses doigts noueux se referment sur la crosse de son colt.

        Trois cent millions deux fois…?

        Alleeeeez !!! Filez-moi ce scaphandre nom de Dieu !

        Dans son esprit, un déclic se fait et un nom, un seul, s'affiche sur le visage de ce sénile et barbu vieil homme : Pludbus Celdéborde. Impossible. Impensable.

        Trois cent millions trois fois…

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        Le ton péremptoire de Ventura chasse le moindre spectre de résilience  chez les enchérisseurs endimanchés du Kidd's,  une sueur froide ascendante leur perle le long de l'échine et leur rappelle comme une mornifle sourde celle qui se plaît à s'approprier à abroger le plaisir de l'adjudication, celle qui se plait à détourner les codes et rites propres à ces assemblées toutes apprêtés de bourgeois affétés. Oui, Elle, la goulue, celle qui enfonce ses canines saillantes pour extraire de cette mascarade chiquée toute cette saveur absconse avant de la dévorer froidement de ses serres charnues effilées. Le gotha mondain de cette antichambre n'est qu'un auditoire de fortune pour la voix haute perchée de la noblionne, pour la voix stridente et impérieuse de la ventura. Ils ne sont des pantomimes fantoches relégués à servir de chandelles à la châtelaine sainte des lieux, leurs voix chevrotantes piperaient quelques bribes si la peur qui les étreint n'anéantissait dans l'œuf toute velléité d'indocilité contre la démiurge entourée de ses freux. Ils sont ces choses, une masse informe dénué d'identité, dénué d'âme, né pour sa plus complète et entière servitude, des laquais dépourvus du moindre soupçon de libre-arbitre, de la moindre parcelle d'autonomie et de liberté tout comme le sont ceux qui composent sa garde rapproché.

        Edwin Morneplume, l'obéissant et ô combien docile Edwin Morneplume et sa soumission toute entière à une volonté qui n'est pas la sienne, le plus fidèle et pourtant le moins malléable de ces hommes. Il se fond dans ce masque de cire, placide, imperméable, imperturbable Morneplume, tu as fais sa soumission tienne, dévoyé ton obédience, pervertit ton allégeance aux desseins étoilées d'un catin dégénéré consanguine, pourfendu ce vernis de justice que tout ton être gueule chaque seconde que dieu fait . Tu trahis ton serment, comme tu l'as trahi autrefois, Elle, celle à l'origine de toute cette infamie, celle la-même qui avait compris que tu n'étais qu'un résidu d'homme et qui s'est vengé, par la chair et le sang, jusqu'a ce que la mort vous sépare... car sache bien Morneplume que s'il est bien une chose qui nous unit, s'il est bien une vérité que tout à chacun puisse partager, c'est bel et bien que l'on ne renie jamais son moi profond en dépit de tous les faux-semblants qu'on veuille lui faire revêtir, l'essence d'un individu est immuable.

        Tu es ce que tu traques inlassablement, un fantôme du passé, pénitent, coupable, en quête d'une rédemption vaine et éphémère qui ne peut croiser le reflet accusateur du miroir de l'âme.

        La révolution a tellement d'ennemis et pourtant si peu d'adversaires, Morneplume.

        Le silence dictatorial consécutif à l'enchère de la Ventura est symptomatique de l'asservissement et de l'atonie que le conclave hébété vient d'épouser, les quelques œillades dérobées qu'ils s'adressent ne changeront rien à leur renoncement. Le sourire crénelé de la Ventura s'élargit à vue d'œil alors que le maillet de l'assesseur tape une première fois, il enfle, encore et encore comme une boulimie qui ne cesse de s'épandre, il cisèle l'opacité feutré dans laquelle la salle toute entière est plongée, le maillet tape une seconde fois, une moue plus ostentatoire encore s'affermit sur le faciès décadent de la noblionne, elle exulte intérieurement, touche du doigt le rêve inaccessible de s'élever plus encore, de devenir l'une des leurs sur le toit du monde, d'effleurer toute la sacralité du rang des sangs bleu, doit t'elle pour cela plier sa volonté à n'importe quelle ignominie qu'elle fera exécuter par la horde de laquais diligenté.  

        Les révolutionnaires bouillonnent sur place, leur hémoglobine s'embrase d'un feu sacré, de la même géhenne qui aspirera tantôt dans le néant tous les âmes viciées de ces créatures bâtardes, cette flamme indomptable, inflexible, rétive à tout fers voulant l'entraver et alors que l'assesseur s'apprête à clore l'enchère, deux voix entremêlées fulminent, tonitruantes dans l'assemblée tranchant net l'exaltation de la sainteté sur son trône molletonné.

        Deux voix qui ne semblent connaître aucunes limites et dont le message se propage bien au delà des murs de l'encan duquel elle se fait l'écho.

        "TROIS CENT CINQUANTE MILLIONS ! TROIS CENT CINQUANTE ! "

        On ne naît pas révolutionnaire, on le devient. Richard Bradstone et Wade ne font pas partie du commun des mortels et pourtant, chacun d'eux est empreint d'une humanité insondable, ils sont pétris de bonnes intentions et aspire en toute simplicité à un monde meilleur, à un monde régi par davantage de justice et moins de privilèges pour les plus nantis et leurs voix telles une vague infatigable ne souffre d'aucune servitude.

        Les iris perçants de la Ventura fusille les deux révolutionnaires tandis qu'elle se mord la lippe fiévreusement, tentant d'endiguer la colère frénétique qui gronde en son for intérieur, elle contient les soubresauts répétés que cette transgression manifeste de son autorité attise en elle. Elle a perdu tout son flegme,  sa nonchalance toute ostensible dont elle était si fière, Elle, l'intouchable, l'intangible, l'immuable, elle se sait vulnérable, sait bien que les barreaux de sa cage dorée constituent bien son seul rempart pour ne pas finir crucifié comme Glinglin.  

        Un silence monumental, magistral, figé par cette réplique cinglante bravant l'autorité émerge dans l'encan. L'oeil de faucon de Morneplume se rive machinalement sur Richard, le traqueur n'est pas un âne bâté, il saisit aussitôt la situation et lorsque sa main glisse avec vélocité sur la crosse de son calibre avant de le pointer vers Bradstone, le blondin lance aussitôt les hostilités.

        "AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH"

        Le cri de la Ventura s'imprime dans la chair des uns mais surtout dans la mémoire de tous tandis que les projecteurs s'éteignent successivement, plongeant le hall du Kidd's dans une pénombre absolue. Les tirs de Morneplume filent dans les ténèbres, éclairant momentanément leur trajectoire avant de perforer des plinthes décoratives dans la masure.

        " Kareem resserrez le cordon autour de la Ventura ! Vous autres également ! Ces sales vermines n'auront pas le plaisir de tenter quelque manœuvre à son encontre ! "

        Mais déjà des fumigènes s'abattent des combles de la bâtisse avant de propager un écran opaque  qui permet à l'engrenage révolutionnaire de dérouler sa partition comme escompté. Un ingénieux mécanisme articulé autour d'une trappe à levier fait disparaître le costume dans un renfoncement sous-jacent.  Une dizaine d'hommes armés émergent en bataille du trou où le souffleur exécute normalement son office. Bradstone et Wade s'empressent aussitôt de rejoindre l'estrade où les leurs se tiennent tandis que la marine au dehors, alerté par les cris jaillissant du gosier de leur Sainte catin, s'empresse de refermer le périmètre autour du Kidd's.

        Les projecteurs se rallument d'un seul tenant, braqués à l'insu de la Ventura et de sa horde de molosses carnassiers, aveuglant ces derniers par la-même occasion.

        Le blondin fait preuve d'une rare quiétude en un instant si décisif, en un instant si capital. Il retire le subterfuge dermique sur son visage et révèle son visage devant l'auditoire médusé. Croisant les bras avec suffisance, il fait face à son destin tout comme ses homologues, fait face à tous hommes et toise chacun d'entre eux pour y jauger ce qui s'agite au coin de leurs tripes, pour y sonder l'intensité de leur détermination, pour y lire leur résolution présumé indéfectible. L'oeil d'airain de Morneplume brille de tout le fiel silencieux qui niche sur chacune des échancrures de sa mine émacié. Magnifique.

        "Bandes de misérables  insectes ! Comment osez-vous paraître devant ma sainte personne ! Le scaphandre MORNE... ! "

        "Mets-la donc en veilleuse, foutue grognasse...ta voix de pucelle m'insupporte salement."  l'interrompt le blondin avec tout son aplomb avant de faire craquer ses phalanges une à une.

        Le lot de révolutionnaire devra retarder suffisamment le contingent de la marine pour que Christopher Nash puisse s'éclipser avec le scaphandre par un cordon souterrain débouchant à trois pâté de maisons.
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        *Bon ça suffit, ça me fait chier, je rentre.*

        La patience de Myosotis avait presque atteint ses limites, assis tout ce temps dehors sur son banc à ne rien faire, en plus de lui creuser l'appétit, l'agaçait au plus au point. En plus de ça, il se traînait le gros marteau qui servait d'arme de prédilection à son compagnon homme-poisson. Et c'est que ça pèse son poids cette connerie en plus ! Un marteau, ça en imposait quand même, recevoir un seul coup avec cette chose et vous pouviez dire adieu à votre mâchoire. Sautant de son banc et prenant ses affaires, l'élégant diseur de bonne aventure rassembla ses affaires avant de se diriger vers l'entrée de l'hôtel des vente à grandes enjambées.

        Ignorant qu'il allait découvrir une véritable pagaille à l'intérieur de la salle, il eut presque un haut-le-cœur de surprise en voyant ce qui se passait. D'abord une volée de fumigènes embrumant une pièce plongée dans la pénombre, ensuite des projecteurs se rallumant d'un seul coup, frappant presque toute la salle de leurs rayons aveuglants. Complètement dérouté, le jeune homme se mit en quête de retrouver l'homme-poisson, il serait en sécurité avec lui. Faisant fi de tout ce qui se passait autour de lui, il se faufila dans la foule, déterminé à rejoindre sa grande égide vivante avec qui il ne risquerait pas de se faire blesser.

        Après quelques secondes de bousculades dans l'assistance, il pu enfin distinguer le chapeau de son acolyte. Ne réfléchissant pas davantage, le fourbe voyant fonça vers lui, poussant allègrement d'autres personnes également paniquées. Myosotis détestait les grandes foules, il ne se sentait pas vraiment à l'aise, noyé au milieu de tout ce monde, et au vu de la situation il ne valait mieux pas le rester. Poussant une dernière personne, il réussit à émerger de la marée humaine et se posta devant l'homme poisson pour lui crier, plutôt inquiet :


        - Hé ! C'est quoi tout ce raffut ?! Qu'est ce qui se passe ?

        Il ne lui laissa même pas le temps de répondre et lui tendit son marteau.

        - Tiens, t'as oublié ça ! Comment tu comptes me pro...euh...rendre justice sans ton matériel ?

        La Marine ne l'avait pas repéré depuis le départ d'Inari et pendant tout le voyage jusqu'à Luvneel, rester encore un peu avec eux ne le trahirait pas, surtout au milieu de cette confusion. En espérant que ces belligérants auraient la même courtoisie à son égard...
        • https://www.onepiece-requiem.net/t16409-fiche-technique-de-myoso
        • https://www.onepiece-requiem.net/t15222-
        J'en crois pas mes yeux... sérieusement, c'est juste incroyable ! Comment il a fait fermer sa gueule à Annarosa ! Il en jette celui là, dommage que je doive lui refaire le portrait... Ils sont là sur l'estrade à attendre je ne sais quoi. Annarosa est en train de sangloter, son précieux Scaphandre vient de s'envoler sous ses yeux.
        " Je ne suis pas pucelle sombre crétin ! MORNEPLUME RECUPEREZ CE SCAPHANDRE ! "

        C'était pas à préciser... Dans la pagaille qui règne dans la salle, j'entends derrière moi une voix familière. Il s'agit de Myosotis qui a finalement réussit à entrer et qui ramène même une surprise avec lui. Mon marteau, je l'avais complètement oublié ce truc... C'est sympa de sa part, il pourra me faire une petite séance de voyance là juste avant qu'on commence à se friter, parce que c'est sur, on va devoir se les faire ces mecs. On doit récupérer ce fichu scaphandre et protéger le dragon céleste, bon je pense qu'ils seront assez fou pour la blesser, mais on sait jamais. Annarosa d'ailleurs est hors d'elle. Du sang coule de sa lèvre, elle l'a mordue tellement fort qu'une entaille s'est ouverte. Des larmes coulent sur son visage et ses yeux fixent l'homme qui l'a interrompue à l'instant.

        Il est sur la scène à côté d'une dizaine d'hommes. J'ai déjà vu son visage quelque part, si je ne me trompe il s'agit d'un de ces sales révolutionnaires qui ont fait du grabuge sur Tequila Wolf, Wade. Il se tient fièrement sur l'estrade, et à ses côtés, il y a ce mec à lunettes... J'ai des doutes pour Wade, mais je n'en ai aucun pour lui. Il s'agit de Richard Bradstone, un vieux à lunettes. Il a l'air inoffensif comme ça, mais sa tête est mise à prix. Trente et un millions... Il s'est évadé avec Costa Bravo à Logue Town, a libéré des dizaines d'esclaves... Je les veux ces deux là. Ils ne savent pas ce que c'est d'être esclave, il pense qu'ils sont des héros juste parce qu'ils en ont libéré deux ou trois. Ils ne pensent pas aux milliers d'autres qui sont punis par leur faute, à tous ces autres esclaves qui doivent travailler encore et encore sous les coups de fouet parce que des saletés de révolutionnaires sont venus en libérés quelques uns. Ils ne savent pas ce que c'est que d'attendre d'être libéré pendant des années... On y croit au début, on garde espoir, y a toujours quelques esclaves qui arrivent à s'échapper, un jour une attaque est lancée... Mais vous n'arrivez pas à sortir de là, alors vous attendez la fois prochaine, parce que y'en aura forcément une. Et puis vous comprenez au bout de la dixième que personne ne vous sortira de là, vous êtes prisonnier, non... Vous n'êtes personne, s'ils viennent vous libérer c'est uniquement parce qu'ils manquent d'hommes. Ils viennent libérer des esclaves juste pour les rallier à leur cause, les esclaves qui se disent libérés deviennent les esclaves de la révolution. Ils ne peuvent rien refuser à leurs sauveurs. C'est pas une vie, combattre pour une cause qui n'en est pas une, combattre le système, le gouvernement mondial... C'est impossible, ça ne se fera jamais.

        Le simple fait de voir Bradstone me met hors de moi, je n'avais jamais ressenti ça. Il me rappelle à quel point j'ai souffert à Mariejoa, sur l'Île aux Esclaves, en croyant qu'un jour quelqu'un allait venir me sauver. Ce n'est jamais arrivé, j'y ai cru pourtant. S'ils savaient... Ce qu'ils vont connaître maintenant, c'est la douleur, parce que sans même m'en rendre compte, je suis dans les airs en train de foncer sur Bradstone mon marteau à la main. Je n'arrive même pas à me contrôler, je ne pense qu'à une seule chose. Ecraser cet homme sous la masse de mon arme. 

        " BRADSTONE JE VAIS TE FAIRE LA PEAU ENFOIRE ! "

          Prendre un peu de hauteur sur les événements fait toujours du bien. Si en effet, j'avais rapidement fait un petit tour du côté des cabinets d'aisance, je n'y étais pas resté bien longtemps. Depuis le début des enchères, me voilà posté au dessus de la scène, une clope à la bouche et un sourire en coin. On pourrait appeler ça de l'intuition, moi j’appelle ça une évidence. On pose un gros objet tout plein de valeur que miss dragon céleste veut récupérer au milieu d'une scène gardée uniquement par un bonhomme à chapeau haut de forme et quelques Marines distraits, que se passe-t-il à votre avis ?

          Ben si on n'a pas un tant soi peu de tact, on s'fait dérober le gros objet.

          Et c'est justement ce qui est en train de se passer. Tandis que les Marines dans la salle se font agresser par une troupe de révos particulièrement bien camouflés moi j'continue d'observer la scène de haut -non mais franchement les mecs, des masques en plastique, heureusement que nous aut' Marines sommes encore plus cons que vous parce que bon... Heureusement que Morneplume sait pas où je suis, sinon il aurait pu me mettre à l'amende pour non intervention. Mais j'ai bien une raison pour pas intervenir sur les gusses de la salle :

          Ce putain de couillon, là, juste en dessous de moi, qui est en train de se faufiler par une espèce de trappe, croyant emporter ni vu ni connu les quelques objets de valeurs de la vente aux enchère. Salopard de révo.

          Bon, j'me fait gentiment craquer les phalanges, puis d'un geste aussi doux qu'élégant, je saute sur le devant de la scène. Et j'ai même pas besoin de retrouver l'ouverture de la trappe. Ma chute m'a fait traverser le plancher et j'ai tout juste le temps, en me relevant douloureusement, de voir mon voleur s'éclipser rapidement. Juste le temps de prendre une apparence plus féline et...

          « ROOOOAAAAAARRRRRRRRRRRRRR ! »

          Pauvre petit révo.
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          Il y a ce mur de boucane. Cette infranchissable paroi de faisceaux éblouissants et d'étouffante fumée. Elle lui occulte la vue de ses véritables ennemis, de ce fieffé parasite, insultant et dégradant, et de la moustache de trente-et-un millions qui le seconde. Ils sont là, ridicules cloportes bravant une Justice qu'ils ne comprennent pas, ou ont tout simplement sacrifiée sur l'autel de l'anarchie. Devant. Ça, c'est devant. Morneplume le sait bien, le sent bien. Le gras homme-poisson fulmine, Annarosa trépigne de rage, Edwin, lui, ne bronche pas. Les volutes qui s'échappent du bord de ses lèvres se mêlent au brouillard ambiant, les stridentes plaintes de miss Ventura accompagnent les cris de surprise et de panique de l'assemblée.

          Inébranlable monolithe au beau milieu de la tempête, il ressasse avec un certain agacement l'implacable rapidité d'exécution des révolutionnaires. Il se doute bien que le scaphandre n'est plus sur son piédestal, que la situation est hors de portée des soldats postés à l'extérieur et que sa protégée risque de bientôt frôler la crise de panique. Tout ça, il le sait, mais profite d'abord d'une dernière bouffée de nicotine qu'il expire lentement, comme un soupire de dépit, avant de jeter la tige pratiquement consumée au sol. Étincelles.

          Il y a la panique, il y a des cris de guerre et des cris plein de verve et d'assurance. Mais par-dessus ce chaotique brouhaha, il y sa voix à lui. Sa voix froide et calme de métallique titan. Elle gronde, exempt d'émotion, mais passe un message clair.

          Pas de retraite. On ne désobéit pas.

          Au nom du Gouvernement, vous êtes tous en état d'arrestation.

          Ils peuvent bien foncer, tenter d'attaquer et d'abattre tout ennemi qui se dressera devant eux. Avec force d'effort et de moral clinquant, mais ils se briseront face à Morneplume. Edwin sait qu'il n'a pas le droit à l'échec, il sait qu'il est probablement seul, dans toute cette histoire, car envers personne il ne peut placer de réelle confiance. Pas à ce Kosma, inutile objecteur de conscience, ou bien à n'importe lequel de ces soldats. Pas pour récupérer le scaphandre, non, mais pour abattre une majorité de cette pénible et incurable engeance qu'est la révolution.

          MORNEPLUME ! MORNEPLUME ! FAITES QUELQUE CHOOOOOOOSE !
          Je vais faire quelque chose, mademoiselle. C'est d'abord de vous enjoindre au calme et au silence. Surtout au silence.

          Air sévère, implacable, meurtrier. De quoi tuer dans l'œuf l'éruption de panique que pressentait le Lieutenant chez la châtelaine.

          Vous souvenez-vous lorsque je vous ai demandé si vous souffriez de claustrophobie, mademoiselle ?
          O-OUI ? POURQUOI ?
          Pour ça.

          Il y a comme un grondement, comme un soubresaut dans Luvneelgraad. Comme si les immuables artères du sol, soudainement, s'emballaient. Dans le macadam des rues, dans la pierre des bâtisses et dans le granit, le marbre ou le simple roc des maisons, il y a comme cette impression que le sol respire. Qu'il inspire cette bouffée paniquée que l'on reconnait à ceux qui reviennent à la surface après trop de temps sous l'eau. Cette inspiration suffocante comme quand on sort d'un comas, d'une léthargie. Il y a cette prise de conscience qui se fait à l'échelle de la ville, d'un coup. Et les yeux d'Annarosa s'écarquillent parce que devant elle il n'y a plus qu'un mégot trainant au sol, laissé là par un Morneplume qui, sous ses yeux, s'est vu avalé par le sol.

          Et dans le Kidd's, c'est un sonore gargouillis rocailleux qui s'élève. De quoi stopper la course des enchérisseurs et tuer leurs cris de peur au fond de leurs gorges. De quoi stupéfier, l'espace d'un instant, la meute révolutionnaire qui se braque, leurs yeux se perdant vers le plafond, dans un geste puéril, presque cliché, pour trouver un ennemi invisible.

          Car la mort ne vient pas d'en haut, ni d'en bas, mais de partout. Et cette mort, elle est leur plus grande peur. La Justice, incohérent cataclysme surgissant des profondeurs de la terre pour broyer leurs âmes et leurs frêles et chétifs corps par le plus sévère des châtiments. La Justice a plusieurs noms, universelle et colérique matrone à qui on ose rarement désobéir. Le visage de celle-ci, implacable portrait de roc apparaissant à-même le mur au fond de la salle du Kidd's, est une froide promesse pour les pathétiques êtres de chair que la fumée ne cache plus.

          Le monolithique faciès ouvre la bouche, ses yeux polaires harponnant le Wade dans la plus impassible des frustrations.

          Vous qui avez osé utiliser un registre vulgaire à l'encontre de Mademoiselle de la Ventura, sachez que si vous convainquez immédiatement vos hommes de vous rendre, votre châtiment sera amoindri à une mort bureaucratique et administrative directement à Enies Lobby.

          Voici celui que je vous réserve actuellement.


          Il profère ces paroles, Morneplume, bien enveloppé dans son chaleureux cocon souterrain, quelques mètres sous le Kidd's. Il est l'esprit-monde, l'incarnation-même de la Terre-Mère, dominant la ville par ses mille yeux. Une pensée, une volonté, et c'est une pulsion tectonique fabuleuse qui fait mouvoir la pierre à son bon vouloir. Alors lorsque d'un simple battement, un solide dôme de roc émerge du sol pour recouvrir Annarosa, le Kidd's s'ébranle et les révolutionnaires tremblent. Ils tremblent d'une indicible peur, qu'ils n'osent faire sentir à leurs camarades, alors qu'elle ne fait que croître en chacun d'eux. Elle est un secret qu'ils partagent tous sans le savoir, et qui devient de plus en plus lourd à porter lorsque les issues du Kidd's se condamnent toutes les unes après les autres, bouchées par la séismique puissance du

          Cœur de Pierre.

          Un nouveau battement, qui gronde comme un écho funèbre entre les murs inviolables du Kidd's. Les badauds et les bourgeois ? Figés de panique, piégé d'un monde où ne domine que la Poigne de Fer. Les révos ? Eux, ils craignent en silence la secousse, suspendue à l'intarissable charisme de leur leader comme à une bouée, Bradstone s'étant éclipsé par on ne sait où. Puis soudain. Alors. Battement. Onde de chaleur faisant frémir la pierre.

          Fracas.

          C'est une trombe de pierre qui émerge du sol, qui crève et pulvérise les planches de la scène du Kidd's en emportant dans son éruption de nombreux Gris. Dans la profonde plainte du roc qui émerge de partout en innombrables colonnes meurtrières, horizontales ou verticales, on perçoit les hurlements impuissants de corps qui, un instant plus tard, ne sont plus que craquements et gargouillis. Emmurés dans le tombeau créé par Edwin Morneplume, dont le rictus insondable domine le chaos ambiant dans lequel meurent les hommes de Wade.

          Le voilà, le sort des parasites qui ne savent plier genoux.  

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          La colère sourde de Morneplume est intransigeante, intraitable, inflexible à l'aune de la masse rocailleuse abrupte qui s'abat cruellement, machinalement sur l'escouade d'hommes téméraires qui s'élèvent contre le despotisme de quelques uns pour la félicité de tous.  Oui, ce sont bel et bien leurs timbres qui transpercent le déluge assourdissant du fléau Morneplume, c'est bel et bien les gouttes d'hémoglobine qui giclent sur les pieux acérés épars que fait darder dans le résidu d'antichambre le serf de la noblionne pouponné, c'est bel et bien leurs dépouilles inertes qui s'effondrent, tête après tête, sur les rémiges fibreuses du charognard en chef avant qu'ils tombent dans les limbes béantes du vassal attitré de la Ventura. Fort de leur sermon, ces hommes s'éteignent dans le combat, plus libres, plus légers que toutes les existences désuètes d'une meute veule taiseuse, d'un amoncellement d'âmes soumis à la toute-puissance hiératique de ces fratries copulatives qui entrainent dans leur sillage les germes de la perdition des hommes. Ils sont Jean, Blaise, Hector, Olivier, Benjamin, Matthias, ils ont tous ce que ne seront jamais ces émissaires épris de breloques dorées, de camelote clinquante à s'accrocher au plastron ont besoin pour exister: une identité et une grandeur d'âme.

          Morneplume, il empreint de toute sa bile acrimonieuse la verve policée qu'il proclame comme une sentence absolue, il n'y a aucune forme de procès pour les ennemis de sa justice, il n'y a que des gibets, des potences, des piloris où orchestrer sa victoire entière et totale, que des chemins de croix inlassablement tracés, rectilignes et uniformes, symétriques jusque dans leurs plus moindres proportions pour encenser sa gloire belliqueuse. Un officier n'a bien que son honneur et sa fierté, deux revers d'une seule et même pièce, la lumière de l'honneur d'un homme émérite et idolâtré, l'ombre de la fierté qui le tiraille jour après jour, l'enjoignant à engranger les faits d'armes pour faire reluire un honneur qu'il n'a jamais enserré. Et s'il y a bien une chose sur laquelle même les hommes de Morneplume opinent, c'est bel et bien que sa fierté, à lui, est une abîme insondable à l'instar de la fosse gisante que le lieutenant a creusé dans l'édifice. Il n'a que faire de la justice, ce n'est qu'un mobile pour adonner et diriger toute la frénésie fumante qui gamberge aux tréfonds de ses entrailles, l'inconsolable et éploré Morneplume qui ne tarit d'aucun carnage pour combler le vide sidéral qui lui constelle le cœur.  Il se gargarise de tous ces morts, peut presque affleurer le rêve de tous les annihiler avec ces pouvoirs gargantuesques, les révolutionnaires peinent à contenir le désarroi monumental qui les habite, pétrifiés devant l'hégémonique. Leurs consciences stoïques leur permet de ne pas vaciller, ils frémissent devant le golem de roc mais ne flanchent pas, ils chancellent devant les ondes sourdes que le monstre développe pour les intimider mais ne cèderont en rien, ni avant, ni maintenant, ni plus tard, le fer de leurs canons vibre de toute leur détresse spirituelle mais ils ne fléchiront pas. Qu'importe le fracas, qu'importe la fureur, qu'importe le flacon, pourvu qu'il y ait l'ivresse.  

          Ils appellent la mort de leurs voeux, Morneplume.

          Bien au delà des hommes qui composent ta harde et de leur "métier" dont ils aiment à se vanter, de leurs états de service et de leurs casiers proprets, ils ne perçoivent aucun solde, aucune rémunération, ils sont gratifiés de quelque chose qui s'inscrit au delà de toute compréhension des hommes de ton calibre, au delà de tout le discernement des olibrius de ta trempe: l'espoir de purger la marine, Morneplume. L'espoir qui  bat à chaque soulèvement de leur palpitant alors que le tien vrombit d'un écho sourd. L'espoir que tous leurs corps clament lorsque tes offensives sinueuses les pourfend et qu'ils s'empressent pourtant de poursuivre coûte que coûte leur idéal. En dépit de ton discours procédurier, de ce déferlement de pierre, de décor et de chair virevoltants au gré des impulsions rocailleuses que tu commandes, de ta confiance toute présomptueuse, tu sembles bel et bien avoir omis un détail crucial.

          "Le plus important n'est pas la chute, c'est l'atterrissage."

          L'atterrissage des phalanges du blondin qui viennent s'encastrer tel un bloc de plomb dans le faciès du premier molosse venu, l'atterrissage violent qui lui succède après avoir éventré tout du long les rares tribunes encore intactes de l'encan, l'atterrissage de Richard Bradstone dans le souterrain s'élancant à toute hâte à la poursuite de Kosma le dépenaillé, l'atterrissage des révolutionnaires restés en faction sous le faitage du bâtiment dans le chaos développé par Morneplume. Ces hommes combattent  la hargne au ventre, leurs vies sur le fil des saillies rocheuses qui jaillissent, ils contrastent du tout au tout avec le brin d'ego des conscrits qui peinent à s'exprimer devant toute la bestialité pernicieuse dont tu fais preuve.

          Toi, l'immensité caillouteuse déglutissant toute son antipathie pour les révolutionnaires,  tu te supposes invulnérable au derrière de sa cuirasse pierreuse, tu retranches ton talon d'Achille au derrière des alvéoles du précieux cocon rocheux, Elle, le point névralgique de toute cette comédie, la clef de voûte de toute ta démonstration titanesque, Elle, sur qui se rue Wade et ses comparses tirant à vue sur tout ceux qui maintiennent l'étau autour d'elle. Véloce et furibonds, ils déferlent sur elle et cet homme-poisson qui a renié les traditions séculaires d'esclavage de sa propre race, s'interposant entre le cortège de dissidents et leur objectif, ne changera pas la donne.  Le blondin arme son poing et l'élance, fulminant, tel une décharge tonitruante en plein sternum de l'homme poisson, l'expédiant à toute berzingue dans le décor. Crazyfinger couvre leurs arrières, la fine gâchette rend son récital sans fausse note, délivrant les offrandes d'acier brûlant qu'éructe sa quincaillerie sifflante,  il tournoie dans l'atmosphère, multipliant acrobaties et autres exercices de voltiges cadencés par la transe martiale qui l'étreint, ses dragées lacérant les chairs de ses ennemis. Il décide bientôt de prendre pour cible la Ventura, s'approchant dangereusement de son cocon empierré, avant d'armer une munition explosive sur son calibre et en déclencher la détonation.

          Le projectile ploie sur la langue de pierre sinueuse que l'amer Morneplume a fait affleurer du sol pour protéger le joyau qui lui est si cher, brisant l'élan de volonté impétueuse de Finger alors qu'il se dérobe in extremis du boyau rocheux dans lequel le charognard voulait le figer.  Ils pensent maîtriser la situation, pensent que le danger vient de l'intérieur, qu'étouffer les révolutionnaires dans cette gangue rocheuse suffira à les faire succomber un à un sur l'autel de la justice. Le blondin sent presque Morneplume maugréer que le Kidd's sera leur tombeau, que l'encan sera leur cercueil et qu'aucun épitaphe n'y sera engravé pour leur provocation vaine. Pourtant, tous se trompent cruellement... la menace émerge parfois de l'endroit où l'on s'attend le moins à la voir se profiler: Richard Bradstone reste bien plus à craindre que son homologue viril.
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          La confusion, les cris, le fracas.

          Tout tournoyait autour de la tête de Myosotis, au beau milieu du chaos. Il ne bougeait pas, regardant, paniqué, tout ce qui se déroulait autour de lui, comme imperméable à cette débandade folle, un charivari de poussière, de hurlements et de désordre. Une clameur de bravoure emplissait le bâtiment, un bourdonnement inquiétant qui ricochait ça et là pour forcer son entrer dans les oreilles du jeune homme, faisant battre ses tempes à toute vitesse. D'un côté les lieutenants d'élite Kosma et Morneplume, de l'autre des révolutionnaires dont il se fichait éperdument et dont il n'avait jamais croisé la route. Et il se trouvait là, pauvre voyant menteur, pris entre deux feux dans une bataille de titans, un papillon au beau milieu d'un orage tentant d'atteindre une branche de salut. Il ne savait que faire, n'osant plus vraiment bouger, observant l'anarchie autour de lui. Comme depuis son arrivée à Luvneel, il semblait également insensible à cette bataille, personne ne faisait attention à lui, les débris ne le touchaient pas, la pagaille non plus, comme si le monde faisait fi de as personne. Ce n'était pas pour lui déplaire, au moins il n'avait pas mal.

          « Bradstone ! Je vais te faire la peau enfoiré ! »

          La voix de l'homme-poisson au marteau raisonna dans son esprit, le ramenant à l'instant présent. Son égide allait partir à la bataille, le laissant donc sans défense. Non, hors de question, certainement pas ! Il devait rester avec lui, c'était la seule personne qu'il connaissait ici, il s'était déplacé jusqu'à Luvneel pour pouvoir rester près de lui, en sécurité, et voilà maintenant qu'il comptait s'éclipser ? Trop tard, l'imposante poiscaille était déjà parti, chargeant droit vers l'estrade pour tenter de faire face à un ennemi trop puissant pour lui.

          - Non ! Reviens ! Arrête !

          Continuant de crier, il essayait de le faire revenir, voulant retenir son bouclier vivant comme il pouvait. Quel genre imbécile avait-il été pour suivre tout ces militaires jusque ici, il se rendait compte que se mêler de ce genre d'affaire n'était pas bon, il risquait d'y laisser la vie, là, dans un duel mortel entre deux ennemis aveuglés par la colère et animés par leur idéaux si différents.

          *Qu'est ce que... ?*

          Quelqu'un venait de lui attraper la cheville, il était blessé et n'arrivait pas à se tenir debout, civil ? Soldat ? Révolutionnaire ? Peu importait, il fallait sortir d'ici le plus rapidement possible avant de finir enseveli et broyé par quelque chose qui tomberait malencontreusement sur sa tête. Ses craintes s'avérèrent justifiées lorsqu'il vit l'homme-poisson voler au dessus de sa tête, heurté par un coup de poing violent du révolutionnaire, disparaissant au milieu de la fumée et de la poussière.

          - C'est...c'est pas vrai ?!

          D'un revers de la main, le cartomancien asséna un coup de cravache en plein visage du blessé qui continuait de lui tenir la cheville, l’assommant immédiatement. La puissance de cet homme avait-elle une limite ? Il venait de mettre K-O l'homme-poisson d'un simple revers du poing. Des monstres, Myosotis se retrouvait dans la ligne de mire de deux monstres à la force et aux pouvoirs colossaux. Par où devait-il aller ? Suivre le chemin du révolutionnaire était beaucoup trop dangereux, et rester là aussi. La Marine ! Elle était encore là, il lui suffisait d'arriver à se faufiler derrière Morneplume et rejoindre ceux qui n'étaient pas encore pris dans le combat, il aviserait de la marche à suivre plus tard. Tout ce qui importait pour le moment, c'était d'arriver sain et sauf hors de cet enfer.

          Il s'élança, fouettant et poussant tout ceux qui se mettaient en travers de sa route, sautillant au dessus des obstacles qui se dressaient sur sa route, priant pour que quelqu'un le voit et se décide à sauver cet infortuné petit jeune homme jusqu'à maintenant accablé par la malchance.
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          Les noms d’animaux fusaient, mais je n’avais même pas le temps de réagir qu’un gouffre m’emporta dans les souterrains par lesquels notre émissaire de la révolution s’était immiscé pour prendre la poudre d’escampette. J’aurais bien voulu remonter, mais le passage se referma juste après mon arrivée et la terre semblait en mouvement. C’était un peu comme la tectonique des plaques qui régit ce monde, mais il y avait quelque chose de diffèrent ici… Comme si la terre me parlait, me murmurait des choses. Était-ce mon subconscient qui me jouait des tours, étais-je devenu fou à cause de l’enfermement… Quoi qu’il en soit je n’avais plus le choix, je devais à présent parcourir les dédales à la recherche de mon homologue révolutionnaire et de ce lion que j’avais pu apercevoir avant ma chute.

          L’ambiance était sombre et la saleté sur mes lunettes n’arrangeait en rien les choses. Je pris donc le parti d’arracher mon masque pour nettoyer ma deuxième paire d’yeux, tant bien que mal il fallait l’avouer. J’avançai dans un sens unique, en m’époustouflant devant le génie de la révolution. Je trouvais cela fascinant qu’une ville comme Luvneelgraad puisse posséder un système de réseaux souterrains, même si ce dernier n’avait pas l’air utilisé… Je devrais songer à parler à Ulrand des possibilités de création d’un réseau d’assainissement des eaux usées dans ce réseau. L’environnement était donc sombre et humide, un peu comme cette aventure avec cette demoiselle à Amazonia, à la différence qu’ici le sol était composé d’argile et de sables, ce qui laissa passer l’eau comme dans une passoire. Je voulais étudier le terrain pendant quelques instants, mais il me sembla plus judicieux de courir à vive allure vers la voix que j’avais entendue au loin. Cette voix, reconnaissable entre mille, était celle de Nash, l’un des hommes du conseil de Luvneel que j’avais pu rencontrer il y a de cela quelques jours. Ma course qui se déroula presque sans encombres, m’amena à croiser le chemin d’un Nash terrorisé et d’une ombre au loin.

          « -Attention Richard, un lion arrive !
          -Quenini, les lions vivent dans la savane Nash, vous devriez le savoir… »


          Une ombre qui fonça sur moi  à vive allure fit un énorme bond avant de me sauter dessus et de me manger la moustache. Pris au dépourvu, je lui assénai un coup de poing placé dans les bijoux de famille avant de voir la bête reculer, ce qui me laissa le temps de me relever. Je mis la main sur Videpoivre avant de lancer à la créature

          « -Vile créature des enfers, tu t’es attaqué à la mauvaise personne !
          -T’es le terroriste c’est bien ça ? Ca pourrait bien faire chier Morneplume si je t’attrape avant lui !
          -Tu ne vas pas t’en tirer comme ça vil faquin… Je vais te faire recracher ma moustache ! »


          Alors que Nash prit la poudre d’escampette, je me retrouvai face à un homme qui semblait avoir un ascendant sur moi, surtout avec son zoan du lion.

            Ce n'est plus une salle d'enchère, c'est un tombeau. Un piège impossible dans lequel se sont eux-mêmes enfermés les révolutionnaires. Moustiques balayés, ils se perdent et meurent sous l'œil sévère de Morneplume. Seul Wade, leur teigneux meneur, peut se targuer de pouvoir, peut-être revoir la lumière du jour, esquivant tant bien que mal les mortelles trombes de pierre fusant de toutes parts. Quel dessein plus insignifiant que de nuire à l'autorité en place ? Quelle finalité plus triste que celle d'ignorer l'instinct de résignation et, qui plus est, n'avoir plus que comme seul moyen de défense cette course, futile et effrénée, pour se cramponner à quelques secondes de vie supplémentaires ?

            Edwin ne les comprend pas. Ne veut plus les comprendre. Il veut les voir morts, bien morts, froides et macabres peintures étampées sur les murs. Qu'ils se tiennent loin de ce cocon de roc qui trône au centre de la pièce, le siège-même des attentions de Morneplume. Qu'ils ne s'avisent d'approcher de cette sphère impénétrable, au sein de laquelle patiente, furieuse, la prunelle des yeux du Lieutenant. Il ne comprend ce qui peut les pousser, d'ailleurs, à tant vouloir la vie de cette jeune femme. Elle n'est qu'un symbole, qu'un peu d'huile que sa capture jetterait sur le feu. En enfonçant le roc de sa prison, les gris ne feraient qu'attiser la colère de la Justice.

            Ils ne rendraient que plus Juste le Châtiment qu'Edwin leur réserve.

            Et pourtant il y en a un qui se démarque de la bande. Bardé de fer et de pointes, l'air courroucé, gonflé à bloc, il respire fort en se bombant le torse. C'est Touchdown, un ancien compagnon de Kaltershaft, réfugié depuis Boréa, ayant rejoint la Révolution par haine de Morneplume, mais aussi par ce besoin viscéral de tout détruire. Il fonce, lui. Il fonce comme jamais il n'a foncé vers la bulle de pierre, croyant pouvoir y créer une brèche. Tout casque braqué vers sa cible, la tête bien enfoncée entre les épaules, il piaffe puis lance sa lourde masse vers sa cible. Il est un taureau lancé à toute vitesse, la musculature de sa formidable carcasse se bandant comme jamais en vue de l'impact prochain. Lui, Morneplume a depuis longtemps fracassé ses rêves, si bien que c'est avec l'inspiration du dernier instant qu'il char-

            BRAAAOUUUMM !

            Tous se figent, sauf les yeux. Sauf les yeux, bien entendu. Tous les muscles du corps peuvent bien se figer, se paralyser, mais les yeux, eux, ne cessent de bombarder de perceptions nerveuses l'esprit soudain choqué des Gris. Ainsi tous se figent, incapables de réagir face à l'implacable réalité qui s'affiche sous leurs yeux, leurs yeux qui suivent le vol plané du corps disloqué de Touchdown. L'armure fait un lobe parfait, immobile dans l'air lourd du tombeau, puis s'écrase sourdement contre les quelques projecteurs toujours accrochés au plafond. Pluie d'étincelles, grincements sonores, puis le corps moulu de Touchdown retombe contre les planches du Kidd's, inconscient, à tout le moins.

            Il haïssait tout, aurait bien pu détruire le cocon si on lui en avait laissé la chance, ou la charge. Toutefois, l'énorme poing de pierre ayant entravé sa course, surgissant de nulle part, était un obstacle bien trop consistant pour cette simple volonté, fragile et infime devant la majesté de la Justice.

            Les Révolutionnaires, pour ceux étant toujours en vie, ne savent plus quoi penser, alors que le chaos se déchaîne de plus belle autour d'eux. Ils cherchent, éperdus, la confiance dans les yeux de leur leader. Ils veulent s'assurer que l'étoile qui brillait dans le regard ferme du blondin, elle, ne s'est pas étiolée comme la puissante vigueur de leur compagnon. Ils la cherchent, cette étoile, avec plus d'avidité qu'un astronome tâchant de compléter le tracé d'une constellation. Ils la cherchent, seule bouée pouvant les garder de sombrer dans la folie, dans le désespoir, sous des tonnes de pierres vengeresses. Ils quêtent l'espoir à-même le sourire de Wade, brave et fidèle compagnon de Richard Bradstone.

            Ils cherchent la lumière.

            Et ils la trouvent.
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            CLAC !

            Continuant sa course désespérée pour trouver un refuge, loin de ces deux guerriers aux pouvoirs monumentaux, Myosotis frappait au visage tout ceux qui osaient se mettre en travers de sa course. Un soldat de la Marine avait osé croisé sa route, il s'était fait bien accueillir. Le pauvre avait reçu un coup de cravache en plein dans sa joue, le faisant basculer en plein élan pour finir piétiné par les talons hauts du jeune cartomancien. Plus rien n'avait d'importance si ce n'est de se mettre rapidement en lieu sûr, il n'avait plus aucune envie d'être ici. Suivre l'homme-poisson depuis Inari avait été une terrible erreur, il n'aurait jamais dû se mêler d'une opération aussi importante de la Marine, impliquant un Dragon Céleste en plus ça ! Il n'était pas dans la bonne cour et il le sentait. Absolument aucune chance pour lui de tirer quoi que ce soit de ces événements, il risquait de mourir s'il restait une seconde de plus dans cet endroit.

            *Sérieusement...à quoi je m'attendais ?! POURQUOI J'AI FAIT ÇA ? *

            Poussant une énième personne avant de marcher sur la main d'un autre type allongé au sol, il finit par réussir à rejoindre l'extérieur du bâtiment. Qui sait ce que Morneplume et le blondin révolutionnaire à l'air désinvolte faisaient désormais à l'intérieur de l'hôtel des ventes ? Aucune importance, De Ville s'en foutait éperdument à présent, ils pouvaient bien se broyer mutuellement, fondre ou pourrir sur place ! Tant pis pour eux, et tant pis pour Luvneel ! Ce royaume est pourri, complètement pourri, et il ne reviendrait pas ici avant très longtemps. Le jeune homme courrait à perdre haleine dans les rues du royaume. L'agitation de l'hôtel des ventes se faisait déjà ressentir car il n'était pas le seul à se hâter, déjà beaucoup de sujets du royaume  avaient eu vent du remue-ménage et se dépêchaient pour se mettre en sécurité. Là aussi, Myosotis continuait de bousculer les gens dans la foule, n'hésitant même pas à en pousser certains qui le touchaient de trop près.

            Refaisant le chemin en sens inverse, il se demandait comment il allait fuir de l'île. En ce moment même, la Marine est loin d'être stupide et a très certainement du appeler des renforts, idem pour les révolutionnaires. Sans parler des navires qu'il avait vu lorsqu'il avait fait le voyage depuis Inari en compagnie du soldat d'élite à écailles. Bon, il devait raisonner stratégiquement. Une petite embarcation ferait l'affaire, les révolutionnaires devaient avoir leur propre navire, ou alors qu'ils fuiraient en empruntant la voie des airs. En tout cas ils n'utiliseraient pas une simple barque ! Une barque, voilà, c'est ce qu'il allait prendre pour fuir !

            Ça y est, Myosotis était enfin arrivé sur le port, il reconnut le bateau qu'il avait emprunté il y a plusieurs heures. Scrutant à gauche puis à droite, l'éphèbe aux cheveux noirs tentait de localiser une quelconque barge à voler. N'importe laquelle ferait l'affaire, avec une voile ou non. Là, il y en avait une ! Plutôt spacieuse, sans voile, attachée, avec deux rames, elle était prête à l'emploi ! Le seul hic : un vieux barbu se tenait devait, remonté sur le quai avec un seau rempli de poissons, le propriétaire de la barque.

            - Pousse toi de là le vieux ! Lui cria le voyant.

            Myosotis chargea droit sur le pêcheur et, donnant un coup de pied sans son baquet, renversant les prises sur le sol. Il repoussa le vieillard en se ruant sur lui, avec un habile coup de coude dans les côtes. Une fois l'homme à terre, le garçon se jeta dans la barque en sautant, son sac tomba devant lui, son contenu s'étalant dans le petit bateau. Pas le temps de ranger pour le moment, il fallait se grouiller ! Myo' détacha les liens qui retenaient la barque au bollard avant de se mettre à ramer le plus rapidement possible, de toutes ses forces.

            *Hnnng...Je déteste faire ça... !! *

            Ce genre d'activité était beaucoup trop fatigante pour lui, il commençait déjà à transpirer. Pas le temps de s'arrêter, il devait continuer. Il détestait foncièrement cette île ! Ses affaires étalées par terre ne l'empêchaient pas de ramer, mais sa boule de cristal roula jusqu'à ses pieds, butant dans quelque chose de dur.

            POC !

            Baissant les yeux, alerté par la nature étrange de ce bruit, Myosotis remarqua que sa sphère de divination s'était cogné contre une coquille pas plus grosse que son poignet, noire aux reflets rubis. Une coquille d'escargot bien familière qu'il transportait depuis bien longtemps, cependant il l'avait presque oublié car, traînant au fond de son sac, il n'en avait pas vu jusque là l'utilité.

            *Hé mais...! *

            Un den den mushi. Pas n'importe lequel, il lui avait été offert par un inspecteur des plus redoutables à qui il avait du faire face sur son île natale, Cocoyashi. Cet inspecteur avait failli le coincer concernant le meurtre de son frère et, contre toutes attentes, il l'avait aidé à quitter le carcan de son île pour lui permettre de faire son propre chemin. Avant de quitter l'île aux mandarines, il lui avait donné son escargophone, appareil utile qui permettait à Myosotis de le contacter en cas de pépin ou de coup dur. Et il fallait que, là, il était bel et bien dans la panade. Il allait se retrouver paumé au beau milieu de la mer sans plus savoir où aller ni quoi faire, il lui fallait de l'aide.

            -  Bien...Je crois qu'il est grand temps d'appeler une vieille connaissance...

            Et le jeune homme s'arrêta de ramer puis pris la coquille entre ses mains. Prêt à continuer sur sa lancée et à quitter Luvneel une bonne fois pour toutes.
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            De mal en pis. Les échos de la liberté semblent bien s'étouffer au fur et à mesure que les foudres du censeur Morneplume grondent, frappent comme le marteau sur l'enclume décharné qui se fend un peu plus à chacun des heurts que vient engraver, tel un poinçon dans l'argent, la roche imperméable du lieutenant d'élite. C'est une démonstration, un récital cadencé et calibré par le fracas, les bris et cette peur glaciale et oppressante,  omniprésente constante malgré elle, qui étreint les cœurs comme une lame glaciale ne souffrant d'aucune cuirasse et perforant la moelle des braves. Morneplume ne tient mot, tous savent qu'il n'a guère besoin de souffler le moindre ordre à ses roquets pour qu'ils saisissent ce que l'indicible monolithe leur intime, faire place à son implacable professionnalisme, faire place à son éminente habilité à anéantir la vermine et laisser sa vindicte bileuse, trop longtemps réprimé,  déferler sur les gris restants dans l'âtre surchauffé du Kidd's, comme le ferait le ressac d'une mer déchaîné.  

            Ses longs doigts noueux ont eu tôt fait d'éteindre la véhémence de Touchdown, de le télescoper avec suffisamment d'autorité pour que le valeureux tourne de l'œil consécutivement à la frappe sourde du lieutenant.  La moue amorphe, les membres fracturés, les yeux révulsés, K.O Technique, Touchdown est dans les vapes, il jonche le sol comme Morneplume aime à voir ses ennemis, immobiles, isolés, taiseux mais pourtant pas mort. Le blondin pèse la gravité critique du moment, lorgnant les faciès mornes et contusionnés des siens qui s'efforcent de ne pas desserrer les canines face à la fureur de cet ennemi aux proportions gigantesques, de cet ennemi dont ils semblent avoir méjuger l'ampleur des pouvoirs, de ce Morneplume qui semble tirer sa vigueur des corps qu'il ingurgite dans les profondeurs de la salle d'enchère ou de ce qu'il en reste. Touchdown le savait, les vrais hommes n'esquivent pas les coups.

            BRAOUUUUM

            Une détonation prodigieuse vient briser momentanément les hostilités, dessinant un trou béant monumental sur la paroi Est du Kidd's, offrant pour les uns quelques instants de répit aux révolutionnaires en mauvaise posture, pour les autres  une échappatoire salvatrice pour le parterre de bourgeois et autres gentilshommes serviles prisonniers des élans belliqueux de Morneplume. Telle la plèbe grouillante qu'ils abhorrent, ils s'empressent de prendre la tangente  en cohue par la cavité. Des trombes de fumées opaques engendrées par l'explosion impromptue planent dans l'atrium et à proximité de la brèche bâillante.  Profitant de l'accalmie, les révolutionnaires se ruent vers cette sortie où les attendent une partie de l'escouade Morneplume arme au poing. L'étau glacial semble se resserrer, se refermer fatalement sur l'écrin de pauvres fous dont le seul crime fut d'essayer altérer l'immuable, de bouleverser l'imputrescible et tout ce que ces catins aiment lui faire orner.  Les index posés sur les gâchettes, leurs gueules cassées dans le collimateur,  une balle déchire le tumulte, perce le lointain,  sibilant dans la confusion des affrontements,  avant de venir perforer la poitrine d'un des lascars du petit comité qui prenait en tenaille les révolutionnaires. Instant figé de mines hébétés, d'une curiosité torpide où se mêlent l'incompréhension et la pugnacité.
             
            Manuel Del Poncho, révolutionnaire apprécié de ses pairs, tête de pont des échos de la liberté, vient de décocher un tir balistique improbable, un tir qui fut succédé d'une myriade d'autres provenant des sentinelles embusquées disséminées aux points stratégiques de la butte pavée sur laquelle se tient l'encan.  Les mousquets grondent, la poudre à canon tirée à profusion libère son odeur caractéristique de souffre et de salpêtre qui fait larmoyer les moins aguerris des soldats présents sur l'esplanade. Une scène de guérilla urbaine que les révolutionnaires connaissent malheureusement trop bien. Trop souvent cloîtrés, trop souvent reclus dans leur désarroi, à devoir protéger des positions précaires pour la cause, à devoir assurer la retraite de quelque uns par une abnégation indéfectible en un idéal plus grand. Les soldats de la marine essuient un feu suffisamment nourri pour permettre la retraite de fortune des gris conduite par le Wade, Crazyfinger couvrant leurs arrières de plusieurs balayages horizontaux de rafales pour faciliter leur repli.

            Morneplume se remet en branle aussitôt, son corps tout de roc se hisse d'un seul tenant dans le panorama apocalyptique du Kidd's, s'efforçant d'adopter une apparence presque humanoïde tandis qu'une voix gutturale vrombit et redouble d'intensité lorsque son envergure se déploie, lorsque sa carrure à elle seule se démultiplie sous le regard hagard des derniers révolutionnaires qui s'éclipsent au-dehors, le blondin refermant la marche derrière eux e..tttt

            BRAOUUUM

            Une explosion plus sourde encore que la précédente survient alors à la surprise générale des deux camps, une explosion tonitruante dont l'onde de choc souffle les contreforts de l'encan et la charpente sous-tenant le toit du bâtiment le faisant s'effondrer sur lui-même dans un vacarme titanesque, le golem et sa savante progéniture prisonniers du chaos des cascades assourdissantes de plusieurs tonnes de débris s'abattant à leur insu et condamnant par la même occasion le tunnel souterrain par lequel Bradstone, Nash & Kosma s'étaient faufilés.  

            "Ulrand." laissa échapper le blondin, l'œil fébrile.

            L'As de la révolution ne les avait pas rejoint, non, il avait fait bien mieux. Il avait veillé au grain sans qu'aucun d'eux ne l'eut soupçonné, gardien et protecteur des échos, il avait œuvré discrètement à leur sauvegarde en prenant sur lui de loger des pains d'explosifs dans toute la structure pour les déclencher si les circonstances nécessitaient un tel recours. Observateur averti, il se tenait là quelque part, posant son regard terne et éprouvé sur le théâtre des affrontements qui n'avait de cesse de s'épandre et de gagner les abords de l'encan, sur ses hommes qui se faufilent dans la marée humaine pour gagner les faubourgs et laisser Morneplume penaud et bredouille.  
             
            Et parmi cette masse bourdonnante, cette foule turbulente qui se déverse dans la ville,  le preux Christopher Nash,  le costume sous l'épaule,  émerge lui aussi d'un dépôt de vivres en sous-sol où le tunnel du Kidd's l'a vraisemblablement mené. Impétueux et éxalté par la perspective de voir sa mission toucher au but, il zigzague fiévreusement dans les ruelles sinueuses pour s'y morfondre, s'y dissimuler le temps que l'ouragan Morneplume cesse.

            Mais il allait apprendre à ses dépens que l'œil du cyclone ne l'avait jamais quitté d'une seule semelle.
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            Bon, on arrête les conneries et on s'active. J'suis face à un révo au faciès plutôt marrant quoique pas bien joli, celui-qui-avait-une-moustache-mais-qui-maintenant-n'en-a-plus, ça lui tord un peu le visage et rend le tout beaucoup moins viril. Moi je m'efforce de recracher les derniers poils qui me restent en bouche, faudrait pas que je choppe une maladie, on sait jamais où ça a traîné. J'regarde attentivement le zig, j'émets un grognement que j'estime menaçant puis, voyant qu'il n'a aucun effet, j'reprends vite forme humaine.

            « Bon mon p'tit agneau, le lion est dans la bergerie. Laisses toi faire et on n'en parle plus. J'tiens pas plus que ça à te retrouver dans un sale état.
            -Dites plutôt que vous n'avez pas le courage d'affronter de face un vaillant révolutionnaire, me défie le moustachu.
            -Si tu veux on discute d'abord, le résultat sera le même.
            -Euh... Vous souhaitez discuter de quoi ?
            -Ah, je vois que j'ai affaire à du révo plutôt intelligent qui préfère parlementer plutôt que s'faire défoncer la gueule. Une clope ?
            -Merci, je ne fume pas. »

            J'allume une tige avant de l'inviter à s'asseoir. Certes, le sol du tunnel n'est pas le siège le plus confortable, mais c'est tout ce qu'on a. Dommage que je n'aie pas de jeu d'échec sur moi, ça aurait mis un peu moins de distance entre les deux partis.

            « Commençons par le commencement, Alexandre Kosma, sergent d'élite.
            -Richard Bradstone, révolutionnaire.
            -Et tu veux révolutionner quoi l'ami ?
            -Drôle de question... Eh bien, si tenté que nous y arrivions, et par nous j'englobe une bonne majorité de la cause Révolutionnaire, nous souhaiterions rétablir la justice dans ce monde.
            -Étonnant, comme mon pote Morneplume.
            -Ne nous comparez pas à un rustre comme lui.
            -Vous voulez pas tous arrêter un peu avec votre baratin, le gouvernement mondial c'est de la merde, certes. Mais prenons par exemple mon bras droit pour celui de la Marine et le gauche pour celui des révos, tu préfères te faire entuber par lequel ?
            -...
            -Ni l'un, ni l'autre, alors quitte à pas avoir le choix autant pas prendre le risque d'enlever le droit pour refoutre le gauche par derrière.
            -Je crois que finalement, je préfère me faire, comment vous avez dit déjà... ? Défoncer la gueule. »

            Pff, fatiguant... J'croyais être tombé sur une perle rare, quelqu'un qui comprendrait mes métaphores, mais non, j'me coltine une fois de plus une andouille, qui en plus de pas être très malin utilise un phrasé pompeux qui me donne pas très envie d'être patient. C'est dingue comme j'ai de plus en plus de facilités à cogner depuis que j'ai bouffé ce fruit, ça doit être les hormones, il paraît que les félins sont assez pourvus de ce côté.

            BRAOUUUM !

            C'est le moment que choisit le tunnel pour terminer de s'effondrer, quoi qu'il advienne, je suis seul face à ce binoclard prolixe. Bon, je vais les tâter des poings, on sortira les griffes plus tard, si besoin.
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            • https://www.onepiece-requiem.net/t11736-rest-in-peace
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