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Suspicion au sein de l'île ~ L'arrivée d'une Cipher Pol {Shaï} [Terminé]

Rappel du premier message :

    Ses pas retentissaient bruyamment sur le dallage qui recouvrait le couloir des différentes chambres de luxe ; chambres qu’il avait spécialement apprêtées pour ses futurs invités quelques peu indésirables, voir carrément embarassants. Sa mine traduisait une certaine lassitude ponctuée par une moue paresseuse et son bâillement n’arrangea en rien, le tableau qu’il pouvait nous offrir de sa forme actuelle. Il était fatigué, quoique satisfait des travaux fournis ces derniers temps. On était maintenant au jour J. Jour où des représentants du gouvernement mondial venaient squatter sa base, sous ordre des hautes instances pendant quelques jours. Lui n’avait tellement pas compris cette initiative de ses supérieurs et se demandait encore pourquoi, tant la raison énoncée était absurde. Venir contrôler ce qu’il faisait dans cette base après avoir été gradé depuis une semaine seulement ? C’était con. Et l’adjectif reflétait véritablement la bêtise dont faisait preuve les plus grands de la marine dans toute cette histoire. C’est aussi dans ces moments là qu’il aurait du se convertir en soldat d’élite pour pouvoir tranquillement voguer sur les différentes mers de ce monde. Malheureusement pourtant, c’était sans compter sa flemmardise qui le hâta à accepter rapidement ce poste sans trop réfléchir lorsque l’offre fut offerte. Entre nous, qui n’accepterait pas de se la couler douce pendant un bon moment, en plus d’une ville notable sous son emprise, aventuriers dans l’âme mis à part ? Car ce poste de colonel n’avait que des avantages à première vue. Les inconvénients étaient assez minimes, puisque bien nonchalant, Salem était un officier qui savait faire preuve de sagacité quand il le fallait. Ce qui était très rare cependant, vu son penchant pour l’alcool et les femmes aux plastiques des plus appréciables. Dans le même temps personne ne pouvait lui en vouloir. Ses marines l’adoraient grandement et profitaient même de son laxisme. Les populations sous sa protection n’avaient pas à se plaindre du boulot et des règles qu’il mettait en place. Il était loin d’être le tyran sanguinaire qu’on connaissait du précédent colonel, si ce n’est un gros nounours doux et gentil qu’on pouvait se targuer d’avoir câliné une fois au moins. Les faits étaient là. Salem bossait très bien et personne ne pouvait vraiment dire le contraire malgré sa paresse légendaire. Il méritait amplement ce poste, voir plus.

    Mais peut être bien que cet avis n’était point partagé. Peut être que ses supérieurs voulaient s’assurer du bon fonctionnement de l’île. Parce que pour envoyer un membre d’un Cipher Pol à la tête des quelques fonctionnaires, fallait quand même le faire. Il trouvait cela trop osé, voir carrément insultant envers sa personne. N’avait-on pas confiance en lui, au point de vouloir déjà le contrôler comme un enfant susceptible de faire rapidement caca dans sa couche ? Légèrement mécontent il ne s’en était pas plaint néanmoins. Pourquoi, comment et dans quel but l’aurait-il fait d’ailleurs ? Situation qui sans aucun doute n’aurait servit qu’à leur donner raison sur leurs entreprises assez louches. Pour avoir côtoyé des Cipher pol comme ceux qui appartenaient à l’unité 9, ils savaient ces gens complètement détraqués. Le cas même d’une certaine Bara Emi avec qui il avait plusieurs fois partagé telle ou telle mission de grande envergure lorsqu’il était encore lieutenant. Une femme plantureuse qui n’hésitait cependant pas à effectuer quelconque torture ou meurtre. Des gens bien bizarres. Qu’est ce qu’un membre de cette branche faisait dans l’histoire ? Une question pertinente. S’il se souvenait bien, ces gens n’avaient aucune autorité sur le bras armé du gouvernement si ce n’était même le contraire. De quoi faire chier, je vous assure. Et puis qu’est ce qu’ils viendraient vérifier ceux là ? Qu’il n’y avait pas de poussières sur les meubles ? Que ses soldats se nourrissaient bien ? La paperasse qui s’entassait malencontreusement sur son bureau désordonné ? Quand à la dernière argumentation intérieure, Salem leur souhaitait bien du courage en émettant un rire, alors qu’il continuait ses inspections de dernières minutes. S’il était dans l’obligation de les traiter comme des rois, il n’était en aucun cas obligé de les aider et même qui pouvait leur foutre des bâtons dans les roues. Une chance heureusement qu’ils étaient tombés sur un philanthrope de son genre. Il allait finalement les aider selon son taux de bonne foi et encore. Cela accélérerait sans aucun doute leur visite, afin qu’ils déguerpissent au plus vite. Un souhait véritablement ardent qu’il semblait ne pas nourrir seul. Dans les chambres, il voyait ses hommes vérifier et revérifier tout ce qui pourrait nuire à leur image. Eux aussi mettaient la main à la patte. Preuve que ces braves zigs voulaient eux aussi que cela se termine rapidement. De bon augure alors que l’heure fatidique arrivait enfin…

    La sirène retentissait bruyamment dans toute la base, pour ne pas dire dans toute l’île. Un navire était sans doute en vue. Soupirant, Salem qui déjà était à l’avant dernier étage de la grande tour qui surplombait ces terres, se rendit d’un pas lent dans son bureau, accompagné par deux de ses soldats de mains. Muni d’une longue vue de sa main droite, il la pointa vers l’horizon quand il put apercevoir le symbole du gouvernement sur la plus grande voile de la frégate fluviale qui arrivait. C’était bien eux. Légèrement courbaturé, Salem réussit tant bien que mal à enfiler une chemise blanche convenable sur lequel il ajouta un léger gilet noir pour ne pas revêtir de costard. Ce n’était pas son genre. Pliant les manches jusqu'à ses coudes, il bailla une énième fois avant d’enfiler un pantalon noir, des souliers noirs bien cirés et enfin, la veste d’officier de la marine logée sur ses épaules. Le tout après avoir plus ou moins lavé son visage. Même si l’officier était las, il n’en demeurait pas moins qu’il lui fallait être un minimum présentable. Et puis s’en suivit un discours assez bref avec tous ses hommes réunis dans la grande cour de la base. En tant que bon colonel, il leur donnait les dernières consignes à suivre, avant d’ordonner aux cuisiniers d’improviser quelques mets en plus qu’ils allaient servir dans une salle spéciale à l’abri du bruit perpétuel du réfectoire. On était aux environs de onze heures et demi quand le l’homme à la carrure des plus impressionnantes quittait enfin la base accompagnée d’une cinquantaine de soldats derrière lui. Il ne leur fit pas plus de cinq minutes pour traverser la ville, dans le but de se rendre sur la côte, sous les regards interrogateurs des quelques civils qui n’étaient au courant de rien. Le bateau était proche et le timing était bon. Au passage, il avait acheté un bouquet de fleurs pour faire forme, ne sachant même pas l’identité du Cipher Pol. S’il s’agissait d’un homme de forte carrure semblable à la sienne, lui et ses hommes n’allaient certainement pas se cacher pour rigoler ouvertement de lui lorsque Salem le lui remettrait. M’enfin tout cela restait à voir. C’est ainsi qu’arrivé au petit port, l’héritier des Fenyang disposa correctement ses hommes qui se mirent automatiquement au garde à vous. Lui trônait à leur tête avec son gros bouquet de roses rouges dans une main et sa veste virevoltante au gré du vent…

    C’était l’heure.


Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Mer 1 Fév 2012 - 23:10, édité 1 fois
      • Hohé hohé... On n’va certainement pas arriver à cet extrême, juste parce que tu as souligné l’évidence, si ?

      Je me voulais rassurant parce que je n’étais certainement pas une balance. Et j’avais lentement déposé la photo, cassé dans mon élan de curiosité qui consistait à en savoir un peu plus sur elle par le biais de ses affaires personnelles. J’aurais pourtant dû m’apercevoir et me douter de sa veille. Était-ce là, digne d’un colonel de ma trempe ? J’avais tellement été obnubilé par l’idée de la connaitre, de la cerner comme il fallait, que j’avais même fini par ignorer sa présence. Négligence qui aurait pu me couter très chère et ce, sur tous les plans. De toutes ses explications, j’étais resté coi, attendant impatiemment le moment des admonestations, histoire qu’on en finisse. Cependant, en lieu et place de mes craintes, j’avais été gratifié de quelques explications sous des gestes plus ou moins lascifs. Là encore, j’avais lâché un soupir imperceptible, plutôt gêné dans mes recherches. Une autre fois peut être ? Sans doute jamais. J’aurais tout de même eu le mérite d’essayer. Sous un semblant de sourire, je m’étais retourné saisir la main qui me caressait le dos et y appliquait un baisemain. D’un œil salace et sans aucune once de pudeur, je me remettais à mater la callipyge totalement à nue. Proie à une trique qui promettait monts et merveilles ; je balayais rapidement mes désirs d’abstinence, pour me glisser une nouvelle fois encore, dans le lit de la bourgeoise qui sentait fort l’érotisme. Son sexe est dit beau et faible, douceur et compréhension. Pourtant la belle est une harpie. Mais seul moi le sais…

      […]

      L’aurore allait très bientôt gagner la ville de Shell-Town. Dans les couloirs des étages en dessous, on entendait distinctement les pas de mes hommes qui partaient prendre fonction. Pour ma part, j’avais passé presque toute la nuit dans la chambre de Shaïness, à employer tout mon savoir-faire, sans avoir pu mettre un terme définitif à cette partie de jambes en l’air. Les temps de répits se comptaient sur les doigts de la main. Et encore, s’ils avaient duré en minutes. Sans mentir, j’avais totalement pris mon pied. Généralement, mon cas se limitait à une heure où deux, l’espace de deux trois orgasmes. Mais dans cette situation particulière, je crois avoir battu des records. Mine de rien, mes chances de l’avoir mise en cloques s’étaient multipliées ; bien que je m’en fichais un brin. Tout mon corps avait prit gros, par contre. J’étais maintenant épuisé et aspirait au sommeil réparateur. Sommeil que je partis satisfaire dans ma propre chambre, laissant derrière moi, un corps marqué par toute ma virilité. Bien avant de la quitter sans le moindre mot et sous une démarche un peu claudicante, j’avais mis en évidence, sur son bureau, un classeur rouge contenant un dossier assez important. Et si mes intuitions étaient bonnes, sa visite tournait implicitement autour de cette affaire que j’avais malheureusement héritée du défunt colonel Vargas. L’idée m’avait frôlé l’esprit, mais je l’avais vite oublié. A croire que quelques heures de plaisir me rendaient plus clairvoyant que d’habitude. Et d’une manière, c’était pas plus mal…

      […]

      Le jour s’était complètement levé et le soleil trônait déjà, haut dans le ciel. Dans toute la base, c’était l’effervescence. Un autre navire du gouvernement avait accosté et des convois de bois d’Adam se profilaient à perte de vue. Ils annonçaient clairement leurs intentions. Remettre à neuf le Léviathan. Pensaient-ils que je serais contre ? Avais-je le pouvoir pour ? Certainement pas. Et d’une manière ou d’une autre je m’en fichais un peu. Toujours. D’ailleurs, j’étais assis contre le mur d’une des bâtisses de la base, à même le sol, pendant que je regardais les voitures chargées des planches, s’entreposer dans les différents hangars pour. Mon air était quelque peu sombre, ponctué par des cernes, preuve même que j’avais trop peu dormi. Le bruit des rouages, les voix de mes hommes et l’odeur frappante du bois me tenaient en éveil. Sur l’une de mes épaules, j’avais calé mon meitou sur lequel je prenais piteusement appui, assurant le faux rôle de superviseur ; rôle que tenait ma seule lieutenante, arrêtée un peu plus loin et chargée de paperasses administratives. Paresseusement, je matais son derrière en me ressassant soudainement ce qui avait favorisé mon état calamiteux. Situation désespérante. Soupir. Au bout de moment, j’allumais une clope ce qui coïncida avec l’arrivée d’un des collaborateurs de la Cipher Pol qui m’agrippa automatiquement les cols, l’air un peu en colère. Ca avait des airs de jalousie, tout ça. Et tout cela sous les yeux de ses sous-fifres, un peu en retrait.

      • Qu’est ce que vous avez fait à mademoiselle Raven-Cooper, hier soir, hein ?! Demandait-il en me secouant par les cols de ma chemise blanche qu’il avait serré dans ses mains.

      • Bah écoutes, vas le lui demander toi-même, c’est pas moi ton supérieur. Et qui te dis que j’étais dans sa chambre ? Disais-je tranquillement en recrachant ma première bouffée de nicotine sur sa face.

      Le mec visiblement non content de ma réponse et de la cigarette que je partageais avec lui, me serra plus les cols et me poussa avec véhémence contre le mur, les yeux rougies par la colère. Il avait entendu nos gémissements ? Il était amoureux de sa supérieure ? Moi, perso, j’en savais rien et loin de moi l’idée de curiosité. J’pouvais facilement lui ratatiner la tronche d’autant plus que je n’étais pas d’humeur, mais j’en avais pas tellement l’envie. Et puis, ça m’donnerait des problèmes en plus, même si j’avais le pouvoir de le remettre à sa place. Ah… D’ailleurs… C’était pas la silhouette de la jeune femme qui se dessinait de loin dans tout ce tohu-bohu ? Faudrait qu’elle se magne, là. J’comptais bien lui montrer le chantier qui a déjà commencé… Pour ça aussi, fallait qu’elle tempère les ardeurs de mon agresseur qui avait du mal à suivre les règles de ma base…
        Avec le soleil vint le réveil. Un rayon plus sournois que les autres réussit à se faufiler à travers les rideaux et se posa de façon insistante sur ma joue, point de chaleur dérangeant à la manière d'une mouche. Je finis donc par m'éveiller du sommeil sans rêve dans lequel ce cher colonel m'avait plongée.
        Satisfaite de la soirée, de ce qui c'était dit comme de ce qui c'était fait, je m'étirais à outrage dans le lit, comme un chat, à la limite du ronronnement. L'air était quelque peu vicié par l'odeur de corps et de sexe; aussi je me levai pour entrouvrir une fenêtre. Avec une bise presque trop fraîche, les sons de la caserne montèrent jusqu'à ma chambre. La matinée n'était pas très avancée, mais déjà la base s'échinait à la tâche. A ce moment, je remarquai un classeur rouge. Ah, je n'aimais pas trop cette couleur, qui flashait avec mes cheveux. J'aimais bien le pourpre ou les tons plus soutenus, comme le bordeaux... Mais ce coloris-ci m'agressait doublement.
        Avec un haussement d'épaules résigné, je me glissai avec un frisson sous les draps. Le vent faisait son effet, chassant les relents odoriférants, mais refroidissait la pièce.

        Calée dans les oreillers, aussi nue que lorsque Alheïri m'avait laissée, je m'apprêtais à consulter ce dossier sorti d'où ne savait où, quand un bâillement me coupa. Fatiguée, non, pas vraiment. Mais pas tout à fait prête à remettre ça... Ce soir, par contre... Je souris en tentant d'imaginer l'état de mon compagnon de lit, dont j'avais abusé sans vergogne, décidée à faire le point sur son endurance et ses capacités. Sur ce point, il n'avait vraiment rien de mou ou de paresseux.
        Mes doigts caressèrent ma peau, dessinant des courbes près des marques qu'il m'avait laissé. Ma complexion laiteuse n'aidait pas: le moindre coup et je rougissais ou bleuissais. Or, je n'avais pas été tendre avec lui, et lui avec moi. Heureusement, aucun « témoignage » de nos ébats n'étaient directement visibles.
        Mes mains étaient arrivées à mes hanches, où des marques rouges indiquaient là où il m'avait empoignée, pour mieux me chevaucher. Mon sourire se fit plus sensuel au souvenir de cette passe d'armes... Et je tentais de m'imaginer dans une autre situation. Je n'avais pas menti en disant que nous aurions pu être mariés. La famille Fenyang était respectueusement connue dans le monde de la Marine, et une alliance avec elle n'aurait pas desservi les intérêts dynastiques des Raven-Cooper. Mais Alheïri aurait-il été aussi... tumultueux dans notre lit conjugal? Si oui, à mon âge, j'aurais déjà accouché d'un ou deux momichards, Dieu me préserve de ce sort!
        A cette idée, je me levai presque brusquement pour aller fourrager dans mon vanity, récupérer le petit flacon qui me donnait la liberté la plus totale quant à mon corps. Sans lui, hors de question de m'ébattre sans en affronter les conséquences. Cependant j'étais rassurée. J'avais pris ma dose hier, et je la prendrai ce soir, et la terre continuerait de tourner, dans mon amour et ma passion de la vie.

        Je renonçai à me recoucher et j'enfilai une sorte de combinaison d'intérieur pour m'assoir à mon bureau consulter ce fameux dossier rouge. Je dus d'abord ranger les feuillets que nous avions déplacés plus tôt dans la nuit. Enfin, lui plus que moi... Je me serais contentée du confort du moelleux matelas, au lieu de porter les stigmates de son impétuosité à travers le corps.

        Et ce fut par ailleurs l'un d'eux qui me trahit. J'avais terminé ma lecture, ainsi que ma tasse de thé matinal quand un de mes hommes se présenta à moi. Peut-être celui qui avait tenté de me voir hier soir mais avait trouvé porte close. Il me fit son rapport oral que j'enregistrais presque distraitement, maintenant que je savais la raison de ma venue ici. Le Leviathan... Des rumeurs circulaient. En tant que CP5, j'en connaissais la plupart, sans pour autant pouvoir totalement trié le vrai du faux. Cependant, il n'y avait plus aucun doute que le Gouvernement m'avait envoyée ici pour évaluer ce charmant Salem. S'assurer qu'il n'était pas « flou » comme le capitaine Vargas. Et à bien y penser, je comprenais encore plus pourquoi j'avais été choisie, moi parmi tous les agents. J'étais sans contexte l'une des plus attrayantes forces du CP. Les femmes n'étaient pas si rares que ça au sein du gouvernement et encore moins chez les agents secrets. Personne ne pouvait aussi bien se dissimuler ou mentir d'une femme. Mais des comme moi, il n'y en avait pas beaucoup. Je n'étais pas vantarde – ou alors, juste un peu - mais surtout terriblement réaliste.
        Surtout que j'étais vraisemblablement le type qui plaisait à l'hôte de ce lieu. Il était fait comme un rat. Ma hiérarchie devait se targuer de savoir comment je réagissais en général, tout comme mon alter-égo. Les grands pontes pensaient tout savoir de nos futures interactions. Je suis certaine qu'ils avaient en fait jugé plus que probable que nous finirions dans le même lit.
        Et cela n'était pas sans provoquer ma colère, moi qui détestais être manipulée. Mes gestes durent se faire un peu plus brusques et mon combiné glissa un peu sur mon épaule, dévoilant une marque qui ressemblait presque – presque – à un suçon.

        L'agent qui me parlait fixa soudainement ce bout de ma peau et je dus le rappeler à l'ordre d'un claquement de langue sec, tout en remontant le tissu. Il ne fit comme si de rien n'était, et après peu, il quitta ma chambre, avec de nouveaux ordres pour le reste de mon équipe... Soit en tout et pour tout, trois hommes... Hé oui, CP5 peut-être, mais « juste » agent. Pas de détachement sous mes ordres, surtout pour une mission aussi triviale que l'inspection d'une base.
        Enfin, triviale sur le papier, bien entendu.

        Le mécontentement s'autoalimentait, rugissant comme un feu de forêt dans mon estomac. J'avais l'envie immédiate, là, maintenant, tout de suite, de frapper ou de casser. Je me calmais en imaginant le scénario où les révolutionnaires prenaient le contrôle de ce gouvernement, évènement durant lequel les cinq vieux schnock du Conseil périssaient en une lente et douloureuse agonie. C'était peut-être très moche de tout mettre sur le dos de cinq papis vermoulus, mais ils sont chefs, donc à eux d'assumer les erreurs des crétins qu'ils nomment à des fonctions où l'intelligence devrait être un critère de sélection primordial. Ça et pas la réputation de Papa-Maman.

        Je m'habillai rapidement en un uniforme légèrement customisé, me brossai les dents et les cheveux, m'appliquai un maquillage léger et, cravache à la main, puisque M. le Colonel n'avait pas récupéré mon « cadeau » en partant, je m'acheminai vers ma tâche du jour.
        J'avais un plutôt bon sens de l'orientation, donc quand l'aide du cabinet m'informa que le commandant de base se trouvait sur les quais en train de surveiller le déchargement des bateaux fraîchement arrivés, je crus pouvoir m'y rendre directement sans aide. Grossière erreur! Cette construction était extrêmement traitresse, et je commençai par perdre mon temps et mon chemin, avant de me résigner à demander à un matelot de me renseigner. Heureusement pour lui, le Marine s'exécuta sans une remarque ou un geste déplacé. Une bonne chose pour lui, à moins qu'il ne voulu subir les foudres de ma contrariété croissante...

        Contrariété... Doux euphémisme pour désigner la fureur qui cinglait dans mes veines. Sentiment qui n'alla pas en s'arrangeant quand je vis l'encéphalopode au bulbe rachitique et surtout sclérosé qui me tenait lieu d'homme de main s'en prendre... juuuuste au colonel Feynang, commandant de base et hôte. A son stade, ce n'était plus de l'inconsciente ou de la stupidité, mais bien une tendance suicidaire. Aussi je m'attendais à ce qu'il touchât rapidement le sol, la marque du poing d'Alheïri profondément tatoué dans sa mâchoire, tout comme je portais l'empreinte de ses mains ou lèvres sur mon corps. Ou que ses hommes le réduisissent en charpie. Mais là, rien, niet, nada... J'vous jure, les hommes... On ne peut VRAIMENT rien attendre d'eux...

        « Hum hum... » Je me raclai la gorge en une sorte de petit toussement pour attirer l'attention du crétin gouvernemental qui compris à mon regard que sa carrière venait de déboucher sur un nouveau tournant totalement inattendu. Le poste de surveillant des équipes sanitaires dans une base la plus reculée de North Blue l'attendait, les bras grands ouverts. Ainsi il lâcha le col du Marine, grommela ce qui pouvait tenir lieu d'excuses, que je couvris tout de même d'une remarque banale. Malheureusement, je ne pouvais pas désavouer mon « assistant » devant les « ennemis », alors que j'étais précisément venue pour aiguillonner l'inimité entre les deux bras de la politique mondiale. La tête pensante trouvait trop dangereux que la Marine et le Gouvernement fussent trop « copains »... Ainsi, pas la peine de se soucier d'un coup d'état interne, fomenté par une bande de jeunes loups aux crocs pointus. Les militaires sans les administratifs, et vice-versa, ne pouvaient pas prétendre à diriger le monde. « Je crois que vous avez bien mieux à faire que... ça... »

        Mon ton avait été juste ce qu'il fallait de froid pour laisser entendre que « ça » ne désignait pas la situation, mais bien le colonel en personne. J'espérais juste qu'il avait désormais compris que cela faisait parti de ma mission, de mon rôle et que je n'avais contre lui. Etre contre lui, par contre...
        Je repoussai ce genre de pensée avec une petite tape réprobatrice mentale à mon encours, pour venir poser mon regard sur l'homme devant moi.
        - « Vous m'aviez parlé d'une visite en règle, Colonel. Je suis à votre disposition... » Mais je ne pus retenir un pincement coquin de mes lèvres, alors que mes mots à double-sens, soigneusement choisis, s'envolaient. Je ne pouvais m'en empêcher. Taquiner et titiller Alheïri était une activité dont le résultat m'était encore inconnu: allait-il répliquer? Ou juste esquiver? J'eus un mouvement du poignet et ma cravache tourna sur elle-même, avant que je ne rattrapasse par derrière, mes deux bras tendus dans mon dos. Ma poitrine ressortait ainsi, et je voulais savoir s'il allait se conduire en gentleman, donc accepter de jouer en suivant les règles qui nous avaient été imposées, ou s'il allait rester lui-même. La première solution apaisait la CP en moi, la seconde intéressait particulièrement mon allégeance révolutionnaire.
      • https://www.onepiece-requiem.net/t1165-l-agent-double-s-habille-e
      • https://www.onepiece-requiem.net/t1127-shainess-raven-cooper-termine
        • Messieurs, veuillez nous laisser seuls.

        Tous les hommes autour de nous ou à proximité, s’écartèrent très rapidement, pendant que je soupirais d’aise. L’autre loustic m’avait enfin lâché, apparemment très troublé par la dégaine de la belle donzelle. Y’avait de quoi, quand on connaissait les pouvoirs administratifs de ces sales gouvernementaux. Tous des crevures, sans une seule exception. D’ailleurs, je crois bien avoir grincé des dents à sa dernière phrase assez tendancieuse. Mes mirettes se perdirent rapidement entre ses cuisses plantureuses, avant d’apercevoir l’objet qu’elle avait habilement rattrapé derrière elle. Là, un gros nerf se forma et commença à palpiter sur mon visage, un peu comme si je n’avais toujours pas digéré la fameuse cravache qui avait porté un gros coup à ma virilité. Nous militaires, j’crois bien qu’on est comme ça. On a l’égo surdimensionné, sympathiques comme antipathiques. Et quand on remet en cause cet égo, le résultat n’est autre que la frustration, la colère dans nos rangs. Et je puis vous assurer que parfois, quand la situation s’avère telle quelle, c’est pas tellement joli joli. D’un tempérament calme néanmoins, j’avais réussi à me contenir et à croiser mes bras sur mon torse, un œil fermé. ‘Façon, elle n’avait rien fait de vraiment trop extraordinaire qui puisse m’emporter. Ses explications d’hier m’aidaient à comprendre son comportement strictement professionnel. Par contre, la pose pin-up façon Marilyn Monroe… J’captais moins quoi… Ça fait aussi partie de son professionnalisme… ?

        • Merci pour votre collaboration, très aimable... Disais-je d’un ton tout à fait courtois, contrastant avec la mine grincheuse que j’avais ouvertement affiché. Mais bien avant que nous partions, j’aimerais vous montrer et vous expliquer quelque chose…

        Une inspection sur terrain valait mieux qu’une montagne de formalités administratives ? On dirait bien. L’idée en soi me faisait un peu marrer intérieurement, même si pour former un sourire, j’avais toutes les difficultés du monde. Je me doutais bien qu’elle n’avait pas pu éplucher tous les dossiers que je lui avais remit la veille. Ça coulait de source. M’enfin, maintenant qu’elle était là, j‘devais me grouiller. Je fis un léger signe de tête à l’un des mes hommes qui avait été l’exception quand à mon précédent ordre et je le vis s’éloigner au pas de course vers l’un des hangars où s’engouffraient moult diligences chargées des précieuses marchandises du gouvernement. Alors que je tirais une deuxième taffe de ma merveilleuse Lucky, je sortis une feuille de l’intérieur de ma chemise à carreaux, en dessous de mon ample manteau d’officier. Une prime récente pour être plus précis. Avec une certaine nonchalance je brandissais devant les yeux de la Cipher Pol, le visage d’un dangereux criminel qui m’avait causé du tort il y’a quelques temps seulement. Un salopard de la pire espèce qui m’avait volé un coffret dont le contenu était d’une valeur inestimable. N’imaginez même pas les remontrances que j’avais du subir depuis MarineFord. C’était vraiment chiant. D’ailleurs, j’me doutais bien que c’était en partie pour cet échec qu’ils avaient envoyé cette petite fille à mes côtés… Comme quoi, elle est bien belle, la confiance des hautes strates…

        • Le dénommée « Minos », recherché pour 25 millions de berries. C’est un exécuteur de la révolution contre qui je m’étais battu lors du premier convoi de bois d’Adam pour le Léviathan, il y a peu. En plus de m’avoir fait perdre plusieurs bûches, ce mec m’a dérobé un objet considérable… Mais là n’est pas le plus important, dis-je en rangeant la prime sur moi, n’étant pas là pour parler du coffret qu’il m’avait brillamment subtilisé. Autant j’en déduis que votre présence est due à mon premier échec, autant je suis sur qu’il va réapparaitre lors de ce second convoi… Ils savent sans doute pour le Léviathan. Je ne sais pas comment, mais ils savent… Vous me suivez… ?

        Le combat était imminent. Perdre la face devant mon évaluatrice n’était pas envisageable. C’était en grande partie pour ça que je voulais qu’elle me suive. Quoique d’une manière, ça incluait le fait que je devais protéger son joli petit minois. Le mauvais côté des choses. Vite fait, je finissais par relativiser un peu. Si j’assurais, les probabilités pour qu’elle me colle un foutu rapport sur le dos était très minime. Ça m’éviterait toute une flopée de gouvernementaux sur l’île. Je jouais gros, donc. Bien avant même l’arrivée de l’héritière des Raven-Cooper, j’avais donné des directives précises à mes hommes. Tous étaient mobilisés. Ce pourquoi ils avaient pris fonction très tôt le matin dans tous les points stratégiques de l’île. Ratisser la ville dans le but de dénicher des révolutionnaires n’était pas réalisable. Ils pouvaient très bien se fondre dans la population locale et ce, avec une facilité extrême. Pas comme les pirates à qui donner l’hospitalité n’est pas forcement situation évidente. Forcement, ça compliquait un peu ma tâche. Mais qu’ils se montrent, histoire que je leur montre de quel bois je me chauffe. Il n’était certainement pas questions de laisser les gouvernementaux prendre foncièrement le dessus sur l’île, sur mes hommes, sur moi… En auquel cas, mon grade n’avait plus de valeur, plus d’importance... Si Vargas n’avait pas couillé et si je n’avais pu mettre une belle raclée à Minos que j’ai quand même bien démonté, rien de tout cela ne serait arrivé… Rien… Tsss…

        Des hennissements parvinrent à m’extirper de mes pensées profondes. J’avais automatiquement souri –faiblement- en sentant approcher mon soldat qui tenait deux grands chevaux de selle. Un noir et un blanc. Pour la première fois de la journée, mon visage rayonnait. Mais en l’espace d’une seconde, j’avais cru que l’un d’eux avait avoir un début d’érection étant donné qu’ils nous voyaient clairement, surtout la poupée Barbie qui était debout. J’étouffais difficilement mon hilarité en me relevant et en formant un semblant de rictus qui prenait difficilement. D’habitude, c’est bien dégueulasse de voir un cheval avec une trique, mais là… Dans cette situation… J’vous avoue que j’allais me tordre de rire si jamais l’un d’eux en avait une, bien complète. Et puis, c’était bien connu, l’équitation dans la bourgeoisie. J’me disais bien qu’elle savait y faire. Enfin… J’voulais bien le croire. Pour me faire chier, elle pouvait monter derrière moi. Mais j’allais lui faire subir un enfer si j’aimais elle s’amusait à oser. Rapidement, je m’avançais vers le cheval noir que je commençais à caresser tout doucement. Au bout de quelques secondes, je finissais par le chevaucher habilement en m’appuyant sur l’étrier articulé et je rangeais mon meitou sur mon dos. Mon regard se porta au ciel et mes sourcils se froncèrent. De par mon métier de navigateur et mon instinct auquel j’pouvais me fier, je savais qu’il allait tomber averse. Le soleil tapait pourtant fort. De quoi compliquer les choses. Sur le chemin que le convoi interminable était obligé d’emprunter, il y avait un énorme précipice. Qui craignait, dans tous les sens du terme…

        • Il va bientôt pleuvoir… Disais-je distraitement, le regard rivé au ciel. Au bout d’un moment, j’avais fini par reporter mon attention vers Shaïness. Vous pouvez toujours refuser de m’accompagner, étant donné que cette simple inspection peut d’un moment à un autre se transformer en champ bataille. Je ne vous en voudrais pas. J’assignerais même dix sous-officiers pour vous protéger.

        Défi ? Sincérité ? J’oscillais dangereusement entre ces extrêmes pendant que mon cheval au sang chaud, cabra royalement. Sans autre forme de procès, mon destrier commença à trotter alors que j’attendais la réponse de la bonne dame. Paraitrait que ces bestioles sentaient la menace de n’importe quel danger. Si je me fiais aux « on dit » le comportement anormal de ma bête avait de quoi m’interpeller. Là encore, ça le foutait assez mal. Et pas qu’un peu. Alors que je tirais sur les rênes pour essayer de le calmer, ce que je réussis heureusement, je retournais le cheval vers elle avant d’abandonner mon mégot au sol, le regard pointé vers la gouvernementale. Manquerait plus que sa réponse pour que je bouge. Au même moment, une explosion se déclencha un peu plus loin. Écarquillant mes yeux d’effroi, je fis volte-face, avant d’apercevoir une fumée naissante à l’horizon… Ils commençaient déjà ?! J’aurais du m’y attendre, bordel ! Mon cheval quand à lui, commença à bouger dans tous les sens, apparemment troublé par l’explosion. J’espérais bien qu’elle puisse se mette en condition de course, parce que là, j’pouvais plus le contenir trop longtemps… Ni une, ni deux que j’étais emporté par l’impétuosité du cheval, je ne sais où. J’avais trooooop la baraka…

        5 minutes plus tard…

        La route était complètement dévastée et parsemée de rondins. La coque de l’une des voiturettes complètement renversée qui transportaient les morceaux de bois parfaitement sciés était ouverte, rependant son contenu au sol. Des corps de marines et de gouvernementaux gisaient ça et là. Et au beau milieu de ce foutoir, trônaient trois hommes armés qui me montaient l'éclat de leur dentition. J’étais toujours sur mon cheval que j’avais réussi à diriger tant bien que mal et qui s’était maintenant calmé ; La mine plus ou moins sombre, rongé par l’envie de rendre justice. Ces hommes n’étaient autres que des exécuteurs bien connus de la révolution. Et j’étais persuadé que certains se rendaient vers le Léviathan… Qu’allaient-ils faire ensuite ? Aucune idée. Le truc, c’est que plusieurs gouvernementaux et ingénieurs navals se trouvaient sur le site. Mes vingt meilleurs officiers se tenaient là bas pour leur sécurité. Mais était-ce suffisant ?

        Fait chier…

          Spoiler:

          Je m'amusais comme une petite folle, à lire et déchiffrer les sentiments et émotions du Colonel Fenyang devant moi. Son énervement, son impatience, son envie de me coller une baffe... ou plutôt une bonne fessée, comme le glissement de son regard sur la partie basse de mon anatomie l'indiquait... Quelque part, je me félicitai de son self-control, mais l'indécrottable chieuse en moi ne pouvait s'empêcher de se susurrer à elle-même que voir cet homme en colère pouvait être drôle. Enfin, tant que ladite colère ne m'étais pas destinée, bien entendu. Était-il du genre explosif, ou plutôt colère froide? Mots crus de violence, ou coulants d'ironie noire? Était-il paresseux jusque dans ses gueulantes?

          Je le regardais donc tenter d'analyser mon jeu de... oh, il n'y a pas d'autres mots pour le dire... en fait, si, il y en a plein, selon le point de vue. Petite gourgandine, dirait ma mère. Salope, pour des langues plus désobligeantes et ordurières. Personnellement, j'optais pour allumeuse. Puisque c'était l'étiquette qu'il m'avait collé hier devant ses hommes... Ah, dire que j'avais bien l'intention de faire payer à la caserne toute entière leur manifestation d'hier... alors que je me comportais aujourd'hui exactement comme ce qu'ils pensaient... Mais encore une fois, les hommes allaient devoir apprendre que les apparences pouvaient être trompeuses. Très trompeuses dans mon cas. Quoi, il m'arrivait de me perdre moi-même, dans ce jeu de mur et de double, triple couches de miroir et de masque.

          Obéissante et très concentrée, je me penchai sur la feuille qu'Alheïri me tendit. J'arrêtai de jouer, pour le moment. Je me mis donc à enregistrer toutes les données et à le recroiser avec ce que je savais, en tant que CP5 et en tant que révolutionnaire.
          - « Minos, hum...? » fis-je songeusement en examinant le portrait devant moi. « Il a vraiment la tête de l'emploi, n'est-ce pas? » A vrai dire, c'était la première fois que je voyais le visage d'un des chef de l'Union, que j'avais rejoins. L'un des principes de base de l'Union afin d'assurer sa survie était que seule une poignée savait tout de tout. Moi, simple informatrice, bien que mon statut d'agent double me hissait d'une ou deux catégories, ne connaissais rien de mon chef direct et du vaste réseau.. Je ne me fiais qu'aux informations reçues par message ou par les signes de reconnaissance habilement dissimulés dans la vie quotidienne. Quelque part, je me demandais comment les autres m'imaginaient? Peut-être avaient-ils tous déjà vu ma tête, par biais d'espion Den-Den, du temps où je devais être étudiée avant mon entrée dans le monde des anarchistes dangereux.
          Je penchai la tête sur le côté, un peu perplexe par la déclaration d'Alheïri. Il ne semblait pas me tester ou piéger, aussi la simplicité de son interrogation me laissa sans voix. Enfin, me tint la langue pendant près de vingt secondes.

          - « Si ce que vous me dites est vrai, alors il est évident que vous avez un traître parmi vos hommes et femmes. Quelqu'un qui transmet à ce Minos des informations concernant les dates de livraison et les détails en terme de ronde, armement et autres sous-catégories concernant la sécurité. » J'accompagnai le tout d'un haussement d'épaules. C'était la réponse la plus probable, mais je savais parfaitement qu'elle frisait l'impossible. Certes l'Union ne fédérait pas tous les mouvements antigouvernementaux qui avaient écopés du nom de « révolutionnaire ». Il n'était pas impossible qu'un autre groupuscule se fut infiltré dans la Marine. Mais quelque chose me disait que non. Enfin, je pouvais me tromper. De toute façon, la seule révolution qui m'intéressait, c'était la mienne...

          - « Par contre, je vois mal ce Minos revenir. Cela serait de l'inconscience. Puisqu'il a réussi une première, il sait que le dispositif de garde va être centuplé. Le montant de sa prime montre qu'il n'est pas idiot. Donc, il a tout à perdre et rien à y gagner à se montrer ou à envoyer des hommes... Surtout s'il vous a fait l'affront personnel de vous voler. » Ça, ce n'était pas tombé dans l'oreille d'une sourde. Curiosité, curiosité... Que pouvait avoir autant de valeur aux yeux du paresseux le plus indolent de la Marine? Une boite de cigares? Hum, non, ça devait être beaucoup moins terre à terre. Un insigne de sa condition de haut gradé... ou objet très personnel, comme la robe de marié de sa femme défunte. Oui, je connaissais le dossier du colonel. Ce « détail » ne m'était pas sorti de l'esprit. « Le CP5 ne m'a transmis aucune directive concernant un espion à débusquer, ça, je peux vous le dire. Je suppose que l'usage veut que je vous propose l'aide de mon organisation et ce même usage veut que vous refusiez le plus platement et poliment possible. Donc arrêtons les ronds-de-jambe, puisque nous sommes seuls pour le moment. Vous êtes dans la merde, tout simplement, et jusqu'au cou. Ne comptez pas sur moi pour mettre mon nez dans cette affaire, sauf si vous me le demandez. Sauf que nous savons tous deux les raisons officielles et personnelles qui font que jamais VOUS me demanderez, A MOI, de vous aider dans VOS missions de Marine. »
          Outch... c'était quelque chose de le savoir, mais le dire à haute voix, ça avait carrément un autre effet. La situation entre nous était telle que je ne pouvais plus faire un geste envers Salem. Officiellement, il me détestait, parce que j'étais une gouvernementale et surtout, parce que j'étais la femme à la cravache qui l'avait et allait l'humilier (à petite échelle, mais humiliation tout de même), d'abord en inspectant sa base, puis en donnant des leçons de savoir-vivre à des combattants qui n'en avaient rien à taper. D'ailleurs, moi aussi, mais c'était mon rôle. Ensuite, plus subjectivement, je ne pouvais tendre la main, sans risquer de paraître telle une "envahisseuse", tentant de m'incruster dans sa vie, de prendre avantage d'une nuit d'intimité partagée. C'était à lui de me signifier qu'il désirait mon intervention, et à lui de poser le niveau (pro ou pas) et les modalités....

          L'arrivée des chevaux interrompit notre échange. Cela faisait quelques années que je n'avais pas pratiqué et je grimaçai mentalement, en imaginant les courbatures que j'allais devoir assumer ce soir et demain. Autre détail qui m'interpella était le fait que je n'étais franchement pas en tenue pour une telle activité. Voulait-il me tester, encore une fois? Ou était-il juste inconscient de la situation? Je penchais pour la seconde possibilité, mais allez savoir, avec cet esprit pervers. Parfaitement, pervers. J'en avais eu la preuve hier, dans mon lit. Non que je me plaignis. Pervers pouvait avoir des bons côtés. Ou des mauvais, comme celui-ci.
          Cependant, s'il pensait que cela allait m'arrêter, il se fourrait le doigt dans l'oeil jusqu'au coude, le petit Fenyang. Je commençai par me défaire de mes talons aiguilles, avant de demander un petit escabeau. Au naturel, je pouvais monter directement sur un cheval, mais ma jupe, bien que fendue largement, ne me permettait pas ce genre exercice. Enfin, pas sans me retrouver cul nu devant tous, le tissu remonté à ma taille ou tout simplement craqué. Déjà que lorsque je passai ma jambe au dessus de l'encolure de ma monture, je flashai la nature de mes dessous de soie noire à qui regardait... Bon, au moins cela prouvait-il à tous que j'avais une culotte. Enfin, un string, pour être exacte. Cela serait un manque de goût in-dé-ni-a-ble que de mettre une culotte classique avec une jupe aussi moulante...
          Une fois installée, je me penchai pour reprendre mes stilettos, que j'attachais au pommeau, bataillai avec les rênes un instant avant de retrouver presque instinctivement la position à adopter. Finalement, la cravache était de circonstances.. même si je savais que je n'allais pas m'en servir...
          - « Hé bien, il pleuvra... » répondis-je d'un ton fataliste. « Je ne suis pas en sucre, je ne vais pas fondre. Maintenant que je suis montée, hors de question de ne pas en profiter, n'est-ce pas? »
          Oh, aurais-je encore fait, com-me-par-ha-sard, une nouvelle remarque à double sens? Bien entendu, elle m'avait échappé, moi, pure et innocente jeune agent du CP5. Je me confectionnai un masque de pureté calme mais je savais que mon regard trahissait tout mon amusement. Surtout que j'allais en remettre une couche. Pourquoi s'arrêter en si bon chemin? « Allons inspecter ce chantier. Je suis curieuse de nature, et assez intrépide. Et je vous rassure, je suis une grande fille, capable de me protéger moi-même. Mes instructeurs y ont veillé. » Alors là, l'amertume et la bouderie dans ma voix, je n'arrivai pas à les cacher. Une chose que je ne regrettais pas dans la formation d'agent, c'était ses éternels sessions d'entraînements. Je m'étais plus ou moins arrêté quand j'avais réussi à maîtriser deux arts du Rokushiki. J'avais décidé que cela suffirait à ma défense. L'attaque? Même pas question d'y penser. La seule attaque que je pratiquais se faisait à coups de mots acides. « Par contre, » susurai-je avec la délicatesse d'une fleur sauvage, « je ne peux pas garantir votre sécurité.... »
          Je le laissai se débrouiller pour interpréter ça comme il le voulait – Moi, le protéger? Moi, l'attaquer? - en prenant un peu d'avance sur lui, talonnant les flancs de mon cheval blanc. Le contact de sa robe contre les jambes me ramenait à mon enfance heureuse, où je montais mon poney à cru, sans cuir si ce n'était une longe... Enfin, c'était mon intention, mais il avait déjà détalé au grand galop. De l'esbroufe, je vous le dis... Bon d'accord, je vous l'accorde, le grand boum derrière la montagne pouvait peut-être avoir quelque chose à voir avec ça... N'empêche... Esbroufe tout de même.

          De la cavalcade vers le chantier, je ne m'en souviens pas vraiment. Tout était flou pour moi, alors que je me concentrais sur ma monture. Hors de question de tomber, sans compter de me blesser. Le Colonel n'aurait alors pas d'autre choix que de me laisser sur place, et franchement, passer deux ou trois heures dans la boue, sous la pluie qu'il m'avait promis? Non merci.
          Nous déboulâmes sur la scène du crime et je fronçai le nez devant l'odeur de chair grillée. A vous dégoûter du bacon pour le reste de votre vie. Je me focalisai sur les trois hommes qui restaient seuls debout, responsables de ce massacre. Des révolutionnaires, ça? Est-ce que c'était pour ça que je travaillais, ce méandre de chaos et de souffrance? Les informations que je relayais servaient-elles uniquement à engendrer des attaques? Pour la première fois, j'avais sous les yeux les conséquences de mes choix passés.
          Je ne pouvais pas reculer. Fuir n'était pas une option. Sinon, je me dégoûterai de même. Or, je m'aimais bien. Et j'avais besoin de pouvoir me regarder dans un miroir le matin, pour me maquiller. Ces hommes allaient devoir payer le prix fort. J'allais devoir me salir les mains, au nom des valeurs que je protégeais. J'avais toujours su que cela allait arriver, mais honnêtement, je n'avais jamais imaginé ces conditions. Tuer, oui, je savais. Je pouvais. J'avais déjà fait, qui plus est. Rarement et avec beaucoup de dégoût. La mort, ce n'est jamais très propre. Je déteste être sale ou avoir à saloper mes stilettos.
          - « Ces hommes représentent tout ce contre quoi je me bats continuellement. L'aveuglement débile, inculqué par des parents sans jugement, ou du fanatisme déconnecté des autres. Rien de bon ne sortira de leurs mains. Ils ne connaissent que la violence et le sang... Pire, ils aiment ça. Le monde que je veux construire n'est pas exempt de violence, mais ce n'est pas comme ça que la paix et le partage égalitaire se construira. Colonel, il va falloir les détruire. Combattre le mal par le mal... Etes-vous capable de ça? »
        • https://www.onepiece-requiem.net/t1165-l-agent-double-s-habille-e
        • https://www.onepiece-requiem.net/t1127-shainess-raven-cooper-termine
          Ses dires m’arrachèrent immédiatement un frisson désagréable, tandis que mon air prenait un ton plus ou moins grave au fur et à mesure que les secondes s’égrenaient. La situation devenait un brin contradictoire mais l’impression nouvelle et soudaine que j’avais de cette femme m’effrayait. Parce que pour être effrayante, elle était vraiment effrayante. Sa conception de la justice me faisait frémir tout comme lorsque j’entendais quelques fois le nom d’Arashibourei Toji dans quelconque discussion. Des gens qui ne se posent jamais de questions et qui détruisent le mal jusqu’à la racine. D’où est-ce qu’elle me sortait cette façon de voir les choses ? De ses parents ? J’en doute fort. Mais alors d’où ? Encore d’autres questions qui restaient sans réponses. Plus je creusais et plus je me perdais. Malheureusement, cette façon de faire n’était pas mienne. J’avais beau être un marine, j’avais beau défendre la justice, mais cette justice là, la mienne, n’allait pas forcement de pair avec destruction, tuerie, carnage, massacre… Du moins lorsque le choix pour moi, était de mise. Mordant imperceptiblement la cigarette coincée entre mes deux lèvres, j’étais quelque peu déconcerté. Les volutes de nicotine léchaient les traits de mon visage toujours aussi endurcis. Gouvernement Mondial… Cipher Pol… Infiltration, mensonge, assassinat… N’aurais-je pas du m’y attendre… ? Tous les mêmes… Tous… Sans aucune exception. Ils me dégoutaient… Elle… Eux… Tous…

          Mais d’un autre côté, et même si je n’approuvais pas tellement leurs procédés, ces connards qui nous faisaient face l’avaient bien cherché. J’avais beau détester le gouvernement mais je n’oubliais quand même pas que le problème, c’était eux : Pirates des mers, bandits de grand chemin, révolutionnaires… Des nuisibles à capturer, à enfermer où même à éliminer. Le rire des trois loustics qui nous faisaient face, attisait mon envie de vomir que j’avais depuis les dires de la Raven-Cooper. J’aurais été fou, je les aurais tabassé, elle, eux sans aucun ménagement, et ce, dans une folie démesurée, sanglante. Mais avec une foi quelque peu inébranlable, celle que j’avais développée tout le long de ma carrière d’officier, je me contenais. Assez difficilement par contre, vu les tremblements auxquels j’étais malheureusement proie. Je sentais le grade de contre-amiral pointer le bout de son nez si et seulement si cette femme ne salissait pas mon dossier. Eeeh oui ! Déjà si vite… Et pour ça, fallait p’être faire bonne figure. Hé Ho ! Faire bonne figure ne revenait pas forcement à lui lécher les bottes. Tout sauf ça d’ailleurs. Surtout que j’avais affaire… A… Une femme… Ouais, c’est ça. Une femme. Aussi avais-je enfin quitté la place confortable que j’avais sur mon cheval, pour fouler ces terres désolées. L’heure était aux règlements de compte. Et sans trop me vanter, l’occasion était inespérée pour montrer que je n’avais pas usurpé mon grade. Comme tous ces fils à papa…

          Le vent, parmi les tas de décombres qui nous entouraient, sonnait le glas des cadavres parsemés ça et là. Nouveau frisson désagréable, nouveau grognement. Un gros drame qui faisait une sale tâche dans mon dossier. Heureusement qu’il s’agissait de l’une des dernières livraisons, les autres étant arrivés à bon port. C’était déjà ça de fait et je pouvais relativiser. Enfin… J’crois bien. Le plus gros des marchandises, était à l’abri et il ne me restait plus qu’à botter le cul de ces salopards. Les pertes étaient certes à déplorer mais à la guerre comme à la guerre. Leurs efforts n’auront pas été vains, même si mes pensées étaient plus destinés aux marines qui accompagnaient les gouvernementaux que les gouvernementaux eux même. Ces derniers pouvaient tous crever comme des chiens, ça n’me ferait ni chaud, ni froid. Sur le coup j’étais un peu sans cœur. Mais voilà, soit on aime, soit on n’aime pas. C’est dire comment gouvernementaux et marines riment passablement. Déplorable, franchement. J’enjambais le corps sans vie de l’un des convoyeurs et fronçait le nez suite aux fortes exhalaisons putrides. Relent mortuaire, relent dégoutant. Là, j’avais l’impression d’être dans une fosse commune. C’était à la fois désolant et répugnant. Peut être inévitable… Va savoir… Dans tous les cas, je devais faire face à la réalité… Et me grouiller ci-possible…


          ***


          • L’idéal est honorable. Mais la manière de faire laisse à désirer. Si le Cipher Pol procède toujours de cette façon, je ne pense pas être à la hauteur de vos espérances, mademoiselle. Je ne détruis pas parce qu’il faut détruire. Ça peut paraitre bizarre, mais je n’aime pas tuer. Désolé de vous décevoir...

          Avais-je dit sans une seule once d’ironie et sous le crissement de la lame de mon meitou qui frottait agréablement le fourreau accroché à mon dos. Lentement, je dégainais mon arme, les yeux rivés sur mes premiers adversaires du jour. Un malabar qui atteignait facilement les trois mètres de longueur ; un garçon manqué maintenant que j’y voyais plus clair, limite androgyne à première vue ; et un mec trapu qui semblait être le leadeur du groupe. De drôles de lascars, ces gens. Mais à peine avais-je eu le temps de tournoyer deux fois mon épée, que le plus robuste d’entre eux m’faisait un truc fort méprisable. Déraciner un arbre à mains nues, c’est bien beau, mais son savoir faire était bluffant. Dans un bruit sinistre de déchirure et d’une voix criarde, le gros gars, sous ma mine déconfite -Je l’avoue-, tituba un peu avant de se projeter très haut dans les airs avec sa lourde charge. Je déglutis. Mon cheval qui semblait avoir compris la chose me fit un faux bond en disparaissant dans la nature, loin derrière. Je grognais et serrait ma poigne sur la garde de mon meitou reluisant. Fallait que je me protège et accessoirement, la femme qui m’accompagnait. Galanterie ? Si ce n’était que ça… P’être bien que j’aurais été plus heureux. Sans même avoir eu le temps de lui donner un ordre ou toute autre attention de ce genre, je vis filer vers nous l’arbre en question, façon missile…Le salopard… Il avait osé…

          Brusquement, j’bondissais moi aussi façon Spiderman à la rencontre de l’arbre. Je ressemblais vraiment à un grain de sable devant ce chêne qui fonçait vers nous. Nonobstant, mon intention était claire : Miser fortement sur l’intimidation. D’un seul coup de sabre, j’avais fendu le gigantesque arbre en deux comme du beurre et sous un sourire triomphateur. Ce qui m’attendait derrière les deux tronçons de bois qui tombaient loin d‘la Cipher Pol, c’était du tout pas plaisant par contre. La fille du groupe de révolutionnaires, soit le garçon manqué, avait usé d’un fouet qui visait ouvertement mon visage. Le coup fut sec, lourd, m’arrachant un râle de douleur, les yeux vitreux et la bouche béante. Mais alors que j’allais plonger dans l’inconscience, ce qui allait favoriser une chute libre terrible (Pas moins de dix mètres de hauteur) ; J’eus le grand réflexe d’attraper fermement le fouet que je tirais vers moi. L’effet escompté fut immédiat. Plongé dans une surprise totale, la femme se voyait soudainement attirée vers moi. Ce n’est que lorsqu’elle fut à quelques mètres que je pu jauger sa… Laideur ? Sans commentaires. A la base et sous l’effet d’une colère certaine, j’lavais confondu à un homme, alors bon... Dans un effort surhumain, je lui flanquais un bon gros poing dans le bide et profitait de l’occasion pour lui saisir la tête des deux pieds dans un salto arrière bien exécutée en plein air. Dans une dernière impulsion comme me le permettait père Newton, je la projetais vers Shaï et quel ne fut pas l’impact assourdissant dans lequel elle atterrit dans les ruines. Pour ma part, c’était avec grâce que je me réceptionnais face aux deux autres révolutionnaires qui ne cachaient pas leur irritation. Héhé… Un bon point pour moi.

          • Je vous saurais gré de neutraliser cette femme là bas... Si mademoiselle veut s’en donner la peine…

          Je ne m’étais pas retourné pour lui parler, une fois redressé. J’avais beau être à quelques mètres loin, devant elle, mais la gouvernementale avait sans doute du entendre ma requête formulée dans une politesse presque irréprochable. Il ne tenait donc plus qu’à elle de boucher son beau derrière bien rebondie et de me venir en aide. Enfin… ‘Façon de parler. Personnellement, je me sentais l’âme de venir à bout des trois personnes. Mais je ne pouvais pas nier un fait : Le temps pouvait jouer en ma défaveur s’ils avaient un nombre conséquent d’alliés révolutionnaires vers le Léviathan. Gagner de précieuses secondes, c’est jamais en vain, moi j’vous l’dis. Et puis, je n’avais tellement pas envie de m’éterniser ici, avec des amateurs. Partager les besognes était donc le seul moyen que j’avais trouvé. Dans une mimique légèrement provocatrice, je léchais un filet de sang qui suintait le long de ma joue gauche ; ledit filet trouvant sa source à mon arcade sourcilière sévèrement touchée par le fouet. Hier une cravache, aujourd’hui un fouet, demain quoi d’autre… ? C’était décidemment ma semaine, là. Pour peu, on me croirait masochiste. Un bruit se fit entendre, puis un long juron loin, quelque part… La révolutionnaire que j’avais balancé avec véhémence devait sans doute s’extirper des quelques objets qu’elle avait elle-même bousillé. Ironique hein ? Et pourtant. Posant la lame de mon meitou sur l’une de mes épaules, je me mis à observer mes ennemis d’un air nonchalant. C’était chiant, tout ça. Alors qu’ils se mettaient en garde, je me mis à sourire et lançait une autre petite phrase pour le moins sincère, toujours à l’encontre de mon accompagnatrice…

          • Tachez de ne pas mourir… J’ai trop de décès sur la conscience pour aujourd’hui.

          Suite à quoi, je bondis tout d’un coup vers les deux hommes qui versant dans des cris de guerre, réduisaient eux aussi, la distance qui nous séparaient. Ils allaient passer un sale quart d’heure. Sans aucun doute.

          Spoiler:
            [désolée pour l'attente, mais le passage du combat m'a vraiment déstabilisée et j'ai dû me creuser la tête pour trouver quelque chose qui soit cohérent avec les autres RP ^^' Du coup, c'est vraiment pas terrible, je ne suis pas contente de moi, mais au moins, voilà, c'est fait!]

            Je devinais clairement à son air et à la tension de ses épaules qu'il n'avait pas apprécié ma sortie. Qu'importe. Je n'étais pas là pour être aimée, et tant mieux s'il se fourvoyait sur mon compte, cela ne me permettra que de mieux dissimuler ma véritable nature. Cependant, la révolutionnaire en moi ne mentait pas vraiment. Si dans le fond, j'abondais dans le sens de l'action, à savoir que laisser un navire aussi puissant aux mains de la Marine et du Gouvernement revenait à se tirer une balle dans le pied - voire même deux ou trois, peut-être même le chargeur entier - je ne pouvais cautionner ce déballage de tuerie. La plupart des militaires ne l'étaient que par conviction profonde de « servir leur pays ». Ils étaient juste aveuglés par l'épaisse couche de brouillard soigneusement entretenue par les autorités. Aussi la quasi-totalité des troupes se trouvait être bon fils, bon mari et bon père de famille. Ils étaient victimes, eux aussi. Pas besoin de les tuer... C'était du sang inutile.... Et il fallait étouffer ce genre de comportement directement. Personne de sain ne pouvait cautionner un tel massacre. Le fait même que ces révolutionnaires eussent sali leurs mains de façon si vile les condamnaient. Si en plus ils en riaient... Qu'ils dansent, désormais, la danse du faucheur....

            Je ne pus continuer mon discours philosophique, car Alheïri était passé aux choses sérieuses. Après avoir joué au bucheron – ma foi, c'était fort impressionnant et en d'autres circonstances, j'y serais allée de mon commentaire taquin qui aurait pu déboucher sur un combat d'un autre genre – voilà qu'il s'improvisait pêcheur à la ligne et qu'il me prenait pour la poissonnière.

            Mon dieu! Mais quelle était cette horreur!! Un poisson mort aurait une meilleure gueule! Bon sang, était-il possible que je sois tombée sur la seule représentante du sexe dit beau qui ne connaissait pas le principe de lotion astringente? N'avait-elle jamais entendu parler de soin de peau, de gommage et d'hydratation? Le pire, c'est qu'avec un bon fond de teint et une reprise de la coupe de cheveux, avec peut-être des mèches de couleur, il y avait matière à faire quelque chose. Niveau fringues par contre, c'était mort. Opération relooking de première nécessité...
            Sauf qu'on n'attendait pas de moi que je coachasse Mademoiselle en beauté, mais que je lui poutrasse la tronche. Qu'elle avait fort laide, donc, à la base.

            Ewwww, mais je ne touche pas ça, moi!!!
            Surtout que, mais helloooo, tu as vu comment je suis habillée, potosse Fenyang? Carrément pas adaptée à la situation, la jupe fendue... Et puis, permets-moi de te rappeler que je suis actuellement pieds nus sur le dos d'un cheval, mes talons aiguilles calés devant moi... Tu n'espères tout de même pas que je vais abîmer les demi-bas pour toi? Ta base, tes révos, tes emmerdes, mon grand!!!
            Sauf que mon cheval pensa exactement la même chose et rua comme un diable, m'emportant un peu plus loin avant de me mettre à terre, mes chaussures perdues on ne sait où. Le pire? La mocheté m'avait suivi, car grâce à la charmante intervention de Môsieur le Colonel, elle m'avait assimilée à sa troupe. Certes, techniquement, je suis une CP... parfois, je hais la technique....

            Je ne pus même pas me relever et m'épousseter que déjà Mocheté se précipitait sur moi, fouet claquant dangereusement vers mon visage. Alors ça, elle n'avait pas intérêt. Si tu touches ne serait-ce qu'un cheveu, je te refais le portrait... ce qui ne serait pas une perte. Je ne dus qu'à mon instinct – rooh, d'accord, et à des heures d'entraînement – la chance d'éviter un coup particulièrement vicieux. Je fis appel à mes techniques de Rokushi pour me faire souple comme le papier et esquiver un à un les coups qui pleuvaient sur moi. Mocheté avait mis le turbo et à défaut de beaucoup de choses, il fallait reconnaître qu'elle avait le poignet souple....
            Finalement, j'en eus marre et j'utilisais le geppô pour prendre de l'altitude. Cette technique était peut-être peu orthodoxe, mais la plupart de mes adversaires n'avaient pas pour habitude de penser en 3D. Bon, d'accord, je n'avais pas eu autant d'adversaires que ça. En fait, aucun, mais mon instructeur n'arrêtait pas de me le seriner sur tous les tons. C'était d'ailleurs bien pour ça que j'avais choisi cette capacité plus qu'une autre...

            Je n'osais imaginer la vue que je donnais, là bas, par terre... Attendez, imaginez-moi, décoiffée, sans chaussure, en uniforme ajusté et jupe fendue, à flotter dans les airs. Heureusement que j'avais mis un joli string et pas un truc informe!!!
            Cependant, Mocheté continuait à s'exciter en bas, et je la voyais tenter de grimper sur des débris pour prendre de la hauteur. Le tout accompagné de gestes et de paroles que la bienséance m'empêche de rapporter, mais je vous laisse imaginer le... doigté... oui, je crois que c'est le mot parfait – mon dieu, mais c'était quoi ça? Un ongle!!! Mais qu'avait-elle fait à ses réticules!!! - donc le doigté de mon interlocutrice.

            Parfois, je regrettais de ne pas avoir appris des méthodes plus agressives. Genre, un bon pain dans la mâchoire, histoire de la faire taire. Mais quelle mégère. Néanmoins, quel souffle... A grimper comme ça tout en éructant en postillons, menaces de mort, injures et promesses de douleurs, injures... ça forçait le respect...
            Dommage pour elle, j'avais prévu mon coup...

            Oui, je ne me battais pas à la loyale. Oui, j'étais toute en fourberie.
            Et alors, ça vous pose un problème?

            J'attendais juste qu'elle passât à un certain endroit et d'un coup de poignet – que moi aussi j'avais fort souple – je ramassais les fils que j'avais laissé pendre, comptant bien sur sa rage pour ne pas trop prêter attention à mes gestes qui semblaient être un recoiffage, alors que je tendais mon piège. Et zou, l'instant d'après, elle était saucissonnée dans une myriade de fils – rooh, d'accord, quelques uns.... - et plus elle bougeait, plus les fils lui sciaient la peau. Mon seul regret: il n'y avait pas bâillon dans cette technique, et franchement, ça manquait.
            Bah, ses hurlements allaient alerter mes hommes, ou ceux de Fenyang, et ils n'auraient plus qu'à se débrouiller avec Mocheté forme boudin.

            D'ailleurs, il faisait quoi, le Colonel? Il en mettait du temps à s'inquiéter pour moi... Nan, mais oh!


          Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Lun 26 Sep 2011 - 18:14, édité 1 fois
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            Deux contre un. Combat inégal dont j’me serais bien passé, volontiers. L’sort jouait en ma défaveur depuis mon affectation et ma prise officielle d’pouvoir. Mais en bon gentleman et en bon colonel, fallait p’être faire avec. Comme si j’avais l’choix… Chienne de vie ! Tsss… L’écart s’était considérablement réduit et les lames s’entrechoquèrent avec véhémence. L’impact des trois hommes causa une déferlante conséquente qui fit voler les débris de l’attentat autour d’eux comme s’ils s’agissaient de vulgaires feuilles d’arbustes. Dans cet instant de rapport de force équilibré, deux caquetèrent, un gardait l’visage ferme. Rira bien qui rira le dernier, s’disait-il. Et cette personne, c’était moi. Un rictus s’forma aux commissures de mes lèvres, cependant. J’allais leur montrer ce que c’était, un escrimeur de haute catégorie et ils allaient s’en mordre les doigts. Foi d’honneur du digne descendant des Fenyang ! La fin de l’impact provoqua une sorte de répulsion et je me vis, malgré moi, entrainé vers l’arrière comme si une gigantesque paume m’avait saisi les cols de mon manteau de marine suspendue à mes épaules. Pour freiner ma trajectoire forcée, j’usais alors de mon meitou que je plantais dans le sol avant de retrouver un équilibre plus ou moins normal. Mais fallait bien vite que je le déterre. Parce que je sentis une ombre au dessus d’moi. Assez impressionnante il faut dire… Et assez menaçante.

            Tout se joua au millième près. Sans trop m’poser de questions inutiles sur l’moment, je fis un bond majestueux en arrière avant de voir une grosse hallebarde s’écraser violemment sur la motte de terre où j’étais précédemment debout. L’géant de l’équipe n’y allait pas de mains mortes, bien que peut être trop lent pour m’atteindre efficacement. Question rapidité néanmoins, y’en avait au moins un qui était bien calé. Mon instinct m’fit sentir la présence de l’autre gus derrière moi qui n’avait pas non plus perdu de temps. Un genre ninja ? P’être bien, parce que je ne l’avais pas eu dans mon champ d’vision pendant mes petites galipettes. Dans ma réception, j’eus l’ouïe d’une lame qui brassait dangereusement l’air. Mes sens de bretteur n’me trompaient pas : Le salaud visait distinctement ma nuque. Mais alors qu’il était proche de son but odieux, mes pas foulèrent enfin l’sol et j’eus le reflexe de me retourner à temps pour contrer sa lame dont je changeais la portée d’un mouvement brusque vers la gauche. Déséquilibré par mon revers auquel il ne s’attendait pas, l’révolutionnaire l’plus court observait, impuissant, ma lame qui fonçait droit vers son bide que j’allais légèrement toucher, histoire de le tenir hors course sans pour autant l’buter froidement. ‘Fin, c’était mon but. Qui allait réussir si et seulement si. Si et seulement si, l’autre gaillard n’était pas revenu à la charge…

            En essayant d’me hacher menu comme chair à pâté.

            Un peu exaspéré par le zèle qui animait la montagne d’muscles à m’voir rapidement périr, j’me hissais alors sur la pointe de mes pieds, avant de laisser derrière moi une trainée d’images rémanentes, signe de ma superbe rapidité. On était loin du Soru, mais c’était du tout bon. Ma technique des pas de velours avait encore faite parler d’elle. En quelques secondes seulement, j’m’étais retrouvé loin d’eux avant de me mettre à observer mon meitou dans un élan de nonchalance. Notons que tout ceci, sous la mine ébahie du gros lard qui était toujours suspendue dans sa position d’attaque. L’autre qui avait fini par chuter, s’était relevé rapidement et grognait, apparemment agacé par mes pirouettes qui trouvaient toujours succès. D’ailleurs, j’me demandais comme je faisais vu les délicieuses tortures nocturnes -C’est Barbie qui m’a allumé, hein…- dont j’avais été la pauvre victime. En parlant d’elle, faudrait p’être que j’accélère le mouvement pour lui éviter d’se salir les mains non ? Faudrait pas qu’elle s’casse un ongle et qu’elle pète tout un câble après. Déjà qu’pour la bisouter, j’ai récolté cravache, j’me demande bien c’que ça sera aujourd’hui… Masque ou pas masque de sa part, j’avais du tout pas la foi d’me ramasser un flot de paroles acerbes. La journée d’hier à elle seule, avait amplement été suffisante. Même si elle s’était terminée d’une très belle façon.

            Motivés à l’idée d’me faire la peau, les deux révolutionnaires repassèrent une fois encore à l’attaque alors que j’avais le dos tourné vers Barbie qui réussissait à esquiver avec brio les attaques d’son assaillante... L’était pas si mal que ça finalement… Après tout, on parlait bien une élève du Cipher Pol, hein. Donc j’déduisais rapidement que malgré ses airs de girly, Shaï était capable et avait d’quoi s’défendre. Bien ! Pour ma part, j’m’étais replongé une nouvelle fois dans la peau du combat. Les coups, il y en avait des tonnes. Des tonnes et des tonnes. Que j’esquivais ou bloquait selon les circonstances. Nonobstant, force était d’avouer qu’à cette allure, j’n’allais pas faire long feu. Ils avaient l’avantage du nombre et du coup, j’en prenais gros. Autant j’esquivais des attaques, autant certaines estafilades s’formaient sur ma peau au fur et à mesure que le combat gagnait en intensité. Et ça l’faisait du tout pas, mais alors là, carrément pas. Au bout d’un moment l’arme du titan réussit à déchirer ma chemise blanche en engendrant une petite blessure horizontale sur le torse, tandis que l’autre avait réussi à atteindre mon bras gauche de manière à m’laisser une très belle cicatrice pour le futur. Déboussolé par tous ces coups qui m’affaiblissaient petit à petit, j’reculais maladroitement sous le poids d’leurs frappes incessantes, jusqu’à c’que l’drame survienne…

            L’un d’eux profita de l’inattention du colonel pour lui faire un croc-en-jambe parfaitement réalisé. Perdant l’équilibre du tout au tout, ledit colonel voulu atterrir sur l’une de ses mains et réaliser ses galipettes habituelles, mais s’en suivit l’action d’une grosse lame qui fendit impitoyablement sur sa poitrine. La scène s’était peinte de noir et blanc… Le temps s’était figé… Les oiseaux du périmètre s’envolèrent à l’unisson dans un bruissement d’ailes sinistre… Le sang, comme l’eau d’une fontaine, jaillit d’la poitrine du marine qui s’effondrait alors lentement au sol…

            Sol. J’étais maintenant au sol. Ma poitrine était maintenant barrée d’une grosse entaille. Pas mortelle mais assez conséquente pour m’faire souffrir le martyr. Comme quoi, ça n’arrive qu’à moi, c’genre de choses. Les yeux vitreux, la bouche béante et la poitrine humide de sang, j’observais dans un gros moment d’impuissance, les deux hommes qui m’toisaient et qui pensaient en avoir fini avec moi vu que je n’esquissais plus le moindre geste. Satisfaits de leur besogne accomplie, les lascars me dépassèrent sous de gros rires moqueurs, sans doute dans l’optique d’aller finir l’travail en essayant de buter Barbie girl et en mettant ma base à feu et à sang. Projets barbares auxquels je n’adhérais certainement pas. Reprenant peu à peu mes esprits -Au vu de mes pupilles qui reprenaient leur belle teinte verte- et ma mobilité, j’inspirais un grand coup, avant d’effectuer un relevé-carpé avec une facilité déconcertante. Vous savez… La douleur et moi… On s’était mariés depuis bien longtemps maintenant. Et puis, ma corpulence athlétique m’permettait d’encaisser multiples coups sans trop broncher. Me débarrassant de ma chemise déchiquetée, j’fis fis craquer mes jointures dans un bruit sec ; bruit interpellant mes ex-tortionnaires qui se retournèrent précipitamment vers ma personne. C’est pas pour dire mais il était maintenant temps que je passe à l’attaque. Ce que je leur fis bien comprendre en m’retournant vers eux, sourire aux lèvres et à l’aide de quelques mots seulement :

            • Fini d’jouer maintenant, mes cocos.

            Petite phrase taquine qui ne me ressemblait pas du tout et qui énerva très sincèrement l’plus court d’entre les deux hommes. Il est pas du tout serein lui… Il aurait été à ma place avec la CP, j’me demande bien ce qui se serait passé… Sans trop chercher à élaborer quelconque stratégie, le loustic se rua vers moi en brandissant son arme. Pour ma part, je n’avais pas effectué de mouvements, me contentant de sourire sous sa folie suicidaire. Après avoir très rapidement réduit l’écart qui nous séparait, il me porta un coup d’son sabre sans en cacher la trajectoire et j’eus le loisir d’attraper à main nue, la lame qu’il voulait abattre sur l’une de mes épaules. Surpris pendant quelques temps, il essaya de la retirer d’ma paume, mais sans succès. Même si je me blessais en retenant son bien, je n’avais de cesse de sourire sous sa mine qui au fur et à mesure, s’déformait d’une peur incontestable. Je lui laissais le loisir d’se débattre pendant vingt bonnes secondes, avant d’abattre de manière dextre mon meitou sur sa poitrine. Effusion d’sang qui m’imbiba l’visage. Corps qui chutait lentement. Chacun son tour. Un de moins, tout simplement. Il n’était pas mort, mais hors course pour tout le reste du combat. Je relevais donc mes yeux vers son acolyte qui fulminait façon volcan en éruption… Eh bah quoi mon lapin ? On est énervé ? Viens là que je te montre un peu qui est le plus fort… Lui disais-je d’un signe de main qui l’incitait à s’approcher…

            Prudemment cette fois. Mine de rien, il semblait un poil plus intelligent que leur leadeur et canalisait fort bien, sa colère apparente. Titanesque mais pas forcement bête comme j’le pensais. Original. Après s’être grandement approché de moi, nous nous jaugions du regard et commencions à tourner l’un autour de l’autre, chacun cherchant ne serait-ce qu’une faille de l’ennemi pour amorcer un plan d’attaque. Son visage était serré, l’mien était plutôt gai, tranquille pendant nos mouvements. N’avais-je pas dit plutôt que rira bien qui rira l’dernier ? Héhé ! Ca sentait bon la victoire… Et voilà que le bon monsieur s’mit une nouvelle fois à attaquer. Les coups pleuvaient énormément et je les esquivais plus facilement, maintenant qu’il était seul et le moins rapide de l’affaire. Pendant mes feintes, il m’arrivait d’lui infliger des blessures à l’aide d’la pointe de mon meitou. Petites contre-attaques certes, mais qui l’affaiblissaient grandement étant donné la multiplication des coupures. Œil pour œil, dent pour dent. Laissant alors la colère et le désespoir l’emporter, l’grand gaillard finit un moment par donner tout c’qu’il avait dans l’ventre en une seule attaque sensée m’fendre le crane en deux. Malheureusement pour lui, son attaque fut d’une telle bestialité que son arme se brisa complètement sur la mienne que j’avais positionnée horizontalement au dessus d’ma tête… L’temps qu’il se rende compte dans quelle merde il était et ma lame tranchait déjà sa poitrine dans un élan imparable…

            Nouvelle effusion de sang. Nouveau corps qui finissait sur le sol de l’île. Le colonel après d’intenses efforts, venait de réussir à mettre hors d’état de nuire deux des trois exécuteurs de la révolution. Reprenant son calme, il entendit de grands bruits qui lui confirmaient l’arrivée de renforts. Il s’autorisa une cigarette, rangea son arme et se résigna en repartant vers sa compagne d’infortune à tirer derrière lui, les deux corps des révolutionnaires toujours en vie, bien évidemment.

            La vie d’marine, c’est trop compliqué. Vraiment trop compliqué. Et c’est bien pour ça que j’aimais plutôt glander dans un coin, pépère à n’rien faire. Notre combat nous avait enfoncés dans les bois environnants, loin de la CP et de l’autre révolutionnaire. Et il m’fallait revenir sur nos pas, en les tirant derrière moi comme des sacs inopportuns, inutiles. Sur le chemin, j’avais retrouvé par le plus grand des hasards, les stilettos propres de l’héritière des Raven-Cooper. Ils avaient évité la terre boueuse du périmètre en tombant sur une plaque métallique de la voiture. Elle en avait d’la chance, là. N’pouvant décemment pas les tenir en même temps que les corps que je trainais derrière moi, j’avais attaché les talons des chaussures à l’aide d’une même liane très solide que j’posais sur mes deux épaules, ladite liane passant derrière mon cou. Chaque chaussure pendouillait donc sur ma poitrine -Rappelons que je suis toujours torse nu-. Les voix de mes soldats se rapprochaient encore plus alors que j’étais… WOW WOW WOW ! J’avais la berlue ou quoi ?! Ben non en fait… C’était bien elle… Et faut dire que j’la comprenais parfois pas quoi… T’es loin d’avoir un p’tit cul et de p’tites cuisses et c’est toi qui sait arborer une jupe FENDUE et qui plus est, un STRING… Délires quoi. Cerise sur le gâteau, ta position dans les airs qui donnait pleine vue là où vous savez…

            Et dans tout ça, c’moi L'PERVERS de l’histoire…

            Facepalm. Et j’ne le cachais pas d’elle. Tapant mon front de dépit en remuant ma tête de gauche à droite, je soupirais et prit place sur le dos d’une de mes victimes qui gémit de douleur. Autant dire que le gaillard sur lequel je m’étais assis était mal en point, ajouté au fait que j’ne pesais pas moins de 95 kilos. Soudain, mes hommes envahirent le champ d’action comme une fourmilière sur un morceau de pain, avant de procéder aux formalités habituelles. Les cadavres semblaient n’pas les émouvoir tant que cela, étant donné que ça grouillait d’gouvernementaux. Très rapidement, ils récupérèrent l’autre revo’ défigurée par la CP avant d’lui passer des menottes et tout c’qui s’en suivait. Elle avait réussi, j’avais réussi, bien. Mais qu’elle n’compte pas sur moi pour lui dire de descendre… Ou pour demander à mes soldats d’arrêter de se rincer l’œil comme il s’doit… Parce que d’un, c’est elle qui l’aura cherché en f’sant un autre show -T’as pas vu autre coin que les airs pour la battre…- et de deux… Ils étaient beaucoup trop nombreux pour que je leur gueule dessus. Et qu’elle le veuille ou non, des coups d’œil, il allait forcement y en avoir. Finalement, l’un des soldats s’approcha de moi avec les deux chevaux récupérés, tandis que ma lieutenante m’affublait d’un manteau propre à l’effigie d’la marine. Distraitement, je bandais alors ma main gauche, en espérant que la jeune femme daigne enfin faire sa descente également attendue par ses hommes présents sur le terrain…

            • Au rapport colonel !

            L’colonel se retourna vers son soldat pour l’entendre rapporter de bonnes nouvelles et pour ne plus avoir la vision précédente qu’il avait de vous savez qui. La ville était sauve. Le Léviathan aussi. Étonnamment, la division scientifique et les hommes du colonel avaient réussi à défaire les soldats de la révolution sous les ordres des trois exécuteurs arrêtés. Tout semblait être en ordre pour une visite d’inspection et pour un premier essai du vaisseau que Salem voulait demander aux ingénieurs navals qui travaillaient avec lui sur le projet…

              Mais que croyaient-ils? Que j'allais rester ad vitam eternam en l'air? J'avais gardé ma position tant que je ne n'étais certaine que « tout allait bien ». Or, voir Alheïri et ses hommes arriver satisfaisait à ma définition de R.A.S. Cependant, je veux admettre que je restai un moment en plus, histoire de recomposer mon masque de CP5. Le combat avait été... surprenant. Je ne pensais pas être capable de faire preuve d'un tel détachement.
              Et puis la vue d'ici était juste... à couper le souffle. Je n'étais pourtant montée à des kilomètres... peut-être une dizaine de mètres, pour éviter le fouet de la Poissarde. Mais cela était suffisant pour voir la baie et la moitié d'un navire, partiellement caché par les bâtiments et la fumée de feu provoqué par les explosions.
              Donc oui, j'offris aux plus chanceux une vue sur mes dessous. Quelle chance, j'en avais... Et je ne doutais pas qu'ils en profitaient, comme les couillons qu'ils étaient. Bah, ils comprendraient plus tard. Encore une fois, ce n'était parce qu'on peut qu'on doit. On peut voler quelqu'un, mais c'est mal. Rien ne nous empêche, si ce n'est la moral. C'est exactement pareil ici. Ce n'était pas parce que je m'amuse à exhiber plus de formes et de courbes qu'un agent normal du CP pourrait normalement en avoir, qu'il fallait regarder. Ce n'était pas parce que je jouais à me comporter en Miss Aguicheuse qu'il fallait me traiter ainsi. Sur ce point, la base de M. Fenyang allait se manger une très mauvaise note.

              Je descendis donc, avec naturel et grâce. Un véritable « ange ». En moi-même, j'en pleurais de rire. Plus fourbe et machiavélique que moi... Certes, c'était possible. Mais ça devenait difficile. Le pire? Je m'aime exactement comme je suis.
              Je me posais près du colonel, sur un bout de métal pas trop sale et surtout stable. Rappelez-vous que j'étais pour l'instant pieds nus en demi-bas jarretelles qui ne ressemblaient plus à grand chose.
              - « Il me semble que l'attaque est maîtrisée... J'aurais tendance à dire “bon boulot”, mais je m'étonne que ces trois là aient réussi à s'infiltrer si loin dans vos défenses. Quelles sont les pertes, si tenté qu'il y en ait? J'espère qu'il n'y a que du matériel, pas d'hommes... » Je fronçais le nez en voyant la blessure de mon hôte. Je n'aimais pas la violence, bien qu'elle fut nécessaire. Bon, il n'avait pas l'air si mal en point que ça, mais allez savoir avec les hommes.
              - « Vos blessures sont-elles profondes? Je n'avais pas l'impression que nos adversaires aient été.... bien préparés... » Et je profitai d'un vide autour de nous, les subordonnés occupés à vaquer à leur tâches pour souffler: « Est-ce que vous allez bien? »

              A ce moment, je remarquai la paire de chaussures qui pendait à son cou et j'eus un sourire satisfait. Je m'approchai donc, glissant une main sur son épaule pour récupérer la liane et mes escarpins. Lorsque je me penchai, je pus ainsi lui glisser à l'oreille un remerciement murmuré.
              - « Merci pour cette délicate intention. Que serait une femme sans ses talons aiguilles...? »
              Et je pliai mes jambes en arrière pour glisser les chaussures, prenant appui légèrement sur son épaule, pour ne pas me casser la tronche. Cela serait... un manque sérieux d'élégance... et la mise à l'eau de mon petit plan de « je parle pour ne rien dire, mais attention ça veut peut-être dire quelque chose. »

              Ayant regagné mes quatorze centimètres habituels, je regardai Alheïri, toujours assis sur son coussin humain. Il avait l'air d'un petit garçon qui jouait au chasseur avec son chien, prenant la pose sur « l'horrible monstre qu'il venait vaillamment de mettre à terre. Non, je ne diminuais en rien la dureté du combat qu'il avait mené. Juste la conclusion...
              - « Bien Colonel. Quelle est la suite? Je suppose qu'il est désormais exclu de voir... ce que vous aviez prévu de me montrer. Retour à la base? »
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              J’allais lui répondre en lui disant qu’on allait continuer notre chemin jusqu’au Léviathan, et ce malgré tout ce que nous avions vécu il n’y a même pas cinq minutes. J’allais le faire. Histoire de voir si le chantier avançait convenablement comme je le voulais. Seulement, un matelot sortit de nulle part et cria mon nom d’une voix sourde, si bien que tous ceux qui s’activaient autour de nous s’immobilisèrent un instant. Après avoir réussi à me localiser dans tout ce bordel, il nous rejoignit la gouvernementale et moi au pas de course, et me tendit promptement un fax. Je l’observais d’un air questionneur avant de récupérer le message, toujours confortablement sur mon « coussin humain ». En voyant le logo de la marine, j’eus immédiatement un mauvais pressentiment. Un très mauvais pressentiment. D’ailleurs, l’matelot après un garde-à-vous expéditif, fit vite de s’éloigner d’ma personne comme s’il avait peur de ma réaction. Il devait certainement l’avoir lu, c’qui confirmait mes impressions déjà angoissantes. Qu’est ce qui m’empêchait de froisser ce papier et de le jeter loin de moi ? Beaucoup de choses. Les possibilités que ce fax vienne de mon père, de ma mère, ou encore de l’amiral Shiro. Sans compter Barbie girl à mes côtés qui avait au moins du voir l’entête du fax que j’avais en main. Et puis ça n’aurait pas fait très professionnel, j’vous l’accorde. Je regardais autour de moi, et toussotait doucement pour inciter les jeunes gens à reprendre le travail ce qu’ils firent à la seconde même ; bien avant que je ne commence la lecture du document…

              Je tiens à m’excuser tout d’abord, parce que je sais que la suite du message que je t’envoie ne va pas forcement te plaire. Pour preuve, je laisse de côté les formalités et démarches administratives pour te parler de père à fils et te faire comprendre l’importance de mon message. Sentomaru a tout simplement décidé que le dossier du Léviathan passait sous « l’entière responsabilité » de la division scientifique qui sera complètement « autonome vis-à-vis de ta division ». Il t’enverra lui-même un communiqué dans les prochains jours mais je tenais à te l’annoncer d’avance moi-même pour tempérer tes ardeurs. Il n’en demeure pas moins que tu as réussi à élever le nom de notre famille et sache qu’ici à Marineford, tu fais la fiert… […]

              Le reste du message était inutile dans le sens où des éloges n’atténueraient en rien ma colère naissante. Mon père venait de m’annoncer l’inévitable. Keegan avait beau être Vice-amiral, ses avis ne pesaient pas plus que celui de l’amiral en chef ou ceux du conseil des cinq étoiles. Mon visage se froissa horriblement pendant que ma respiration se faisait de plus en plus saccadée. Je tentais de garder mon calme, mais rien à faire, mon sang bouillonnait. J’aurais même été capable de taper sur un des mes hommes si l’un d’eux s’hasardait à m’approcher et ce, même innocemment. Jusqu’à présent, j’avais tout fait pour tenter de garder mon calme, mais cette information était comme qui dirait la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Je bouillonnais. Chaudement même. Si bien que mes mains déchiraient doucement le papier avant de le jeter très loin de moi. Les marines qui avaient assistés à la scène étaient silencieux. Très silencieux. Mis à part le tonnerre annonciateur de la prochaine averse et le bruissement des feuillages sous l’action de la brise devenue très fraiche, il n’y avait plus aucun bruit autour de moi. C’est alors que je me levais lentement, très lentement, sans même poser un seul regard à l'héritière des Raven-Cooper. Lorsque je fis un ou deux pas devant moi, le révolutionnaire sur lequel j’étais posé se releva brusquement dans un cri de rage et essaya de bondir sur moi par surprise. Coriace le mec. Mais en quelques secondes seulement… Sa tête roula quelques mètres en arrière, loin de son corps qui sombra pathétiquement au sol dans un bruit sourd, complétant ainsi le nombre conséquent de morts sur le site…

              • Vous supposez bien. On retourne effectivement à la base. Le Léviathan n’est plus sous ma responsabilité de toute façon, disais-je en rangeant mon meitou dans son fourreau, le visage imbibé de sang infect et désormais… Plus que mélancolique…

              Quelques heures plus tard…

              Nous étions arrivés à bon port sur nos chevaux et sous une escorte importante. Sans plus adresser la parole à quiconque, je m’étais précipité dans mon bureau avant de m’isoler pendant plusieurs heures. La nouvelle avait été très choquante pour moi. Après tout les efforts que j’avais faits pour cette ville, voilà comment on me remerciait. C’est signe même qu’on m’faisait trop confiance. Comme si j’en avais pas suffisamment bavé comme ça… On me remet une ville meurtrie par les conneries de feu Morgan que je m’attèle à refaire vivre… J’prends moi-même l’initiative de réparer le Léviathan et on m’impose la présence de gouvernementaux et scientifiques… J’m’essuie deux attaques de la révolution en moins de deux semaines et on m’fait subir la visite inopportune d’une gouvernementale qui plus est une Cipher Pol… C’qui avait d’ailleurs l’art de me rappeler la traitrise d’une ancienne CP9 Bara Emi, pour l’compte des révolutionnaires. Cerise sur le gâteau, on me retire complètement la charge du Léviathan sous je ne sais quel prétexte… D’quoi me dégouter… Moult efforts accomplis pour trop peu de reconnaissances… Elle est bien belle la vie de marine, j’vous jure… Autant je maudissais ces sales gouvernementaux, autant je maudissais également ces foutues révolutionnaires. Noyant alors mon chagrin dans l’alcool, j’avais fini par vider cinq grosses bouteilles de saké qui trainait près de moi. Torse nu avec mes blessures qui n’avaient pas encore été correctement soignées, j’étais là, éméché et allongé sur la moquette à l’intérieur de mon bureau, la porte entrouverte…

              On était un vendredi. Vendredi 13. Vendredi noir. Jour pluvieux. Et même si je ne chialais pas, il était sans doute clair pour tout le monde que j’avais craqué…

              Spoiler:
                Ah, que faire... J'avais été abandonnée à l'entrée de la base par son commandant, et vu les récents événements, je ne pouvais pas continuer à jouer l'inspectrice sadique. Mince, plusieurs hommes étaient morts dans cette attaque, et même si les pertes étaient minimales par rapport à ce à quoi la Marine aurait pu s'attendre, il n'en restait pas moins qu'on pleurait un ami, un frère, un fils, peut-être même un père de famille.

                Et puis, le colonel avait reçu une mauvaise nouvelle. Personnellement, je ne voyais pas ce qu'il y avait de si dramatique que ça... Bon, il n'était plus responsable du Lévianthan... Et après? Quoi, Petit Alheïri serait-il en train de bouder dans son coin, parce qu'on lui à retirer son - gros - jouet?
                Ou alors, serais-je en train de voir le vrai visage d'un homme qui tenait absolument à me convaincre qu'il était blasé de tout, sans ambition? Je ne suis pas bête... On ne devient pas Colonel juste parce qu'on est le fils de son père... Mais voilà, Fenyang Junior semblait se complaire de cette vie...

                Quoi qu'il en fut, l'atmosphère était noire et pesante sur la base, en cette triste soirée. Le climat n'arrangeait pas les affaires. Ce n'était pas une petite pluie mélancolique qui aurait lavé le sol et les esprits, berçant les douleurs au son d'un doux ruissellement. Non, c'était un orage d'été, aussi violent que court... Enfin, je l'espérais. Mine de rien, cela faisait maintenant deux heures que le tonnerre grondait et que les rafales frappaient les pierres des bâtiments. Tout le monde tirait la tronche et semblait prêt à sauter à la gorge du premier venu... Le colonel en premier...
                Et ça n'allait pas s'arranger comme ça...

                Et comme j'étais extérieure à toute hiérarchie, je pris sur moi d'aller régler le problème à la source.
                J'entrai donc dans son bureau, légèrement ouvert, et je contemplai le spectacle...
                - « Tss, tss, Colonel... Vous devriez avoir honte... Vous n'avez pas nettoyer votre meitou avant de le ranger... et voilà que vous salissez la moquette. » Je m'agenouillai à ses côtés, secouant les cadavres des bouteilles avec une adorable petite moue. « Et vous ne m'avez pas laissé une goutte de sake... Vous êtes vraiment méchant.... là, vengeance... »
                Et j'appuyai doucement sur une des plaies des moins profondes, pour le faire réagir... J'espérai juste éviter un coup douloureux...
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                Spoiler:
                • Ketsuno ? C’est twaaa… ? Et tu veux que j’aie honte de qwaaa… ? Tout ça à cause de ces fichus pontes du gouvernement… Ces cons voulaient détruire le Léviathan à la base… Moi j’arrive, j’le sauve et quand on voit que j’suis en passe d’m’attirer les faveurs de l’amiral en chef et les honneurs qui vont avec, on m’le retire, prétextant des trucs bidoooonns… Comment on appelle ça ? D’la foutaise moi j’dis !! Hic !

                A l’ouïe d’la voix féminine qui m’avait réveillé alors que j’étais sur le départ pour le royaume de Morphée, j’m’étais retourné sur mon ventre, avant de ramper comme un vulgaire ver de terre vers la direction où je l’avais entendu. Un large sourire fendit mon visage bien après avoir tâté l’une des cuisses de la jeune femme qui se trouvait présente à mes côtés. Je me hissais rapidement sur elle, avant de poser ma tête sur ses cuisses et mes bras fermement enroulés autour de sa taille. J’avais beau être crasseux et sentir fort l’alcool sur le coup, mais je n’avais pas résisté à l’envie de profiter d’une chaleur féminine, d’autant plus qu’il s’agissait d’ma cousine quoi. Elle avait beau être violente la plupart du temps, là, elle pouvait sans doute m’comprendre et voir un peu la misère dans laquelle je pataugeais pitoyablement…

                • J’savais que tu viendrais me récon… Recon… Réconforter… D’ailleurs, comment vont les autres… ?

                Et ouaip’. Même éméché, j’pensais toujours à mes hommes. Ma voix était lourde et pâteuse mais j’avais réussi à lui demander l’essentiel sans trop me fouler. Des funérailles devraient être organisées, mais sans doute attendaient-ils mon feu vert pour pouvoir commencer les préparatifs… L’temps pour moi d’annoncer la triste nouvelle aux familles concernées et c’était bon. C’était ça que d’être colonel aussi… S’coltiner bien souvent le sale boulot… Comme quoi, être un officier de la marine, c’est jamais chose aisé. C’pour oublier un peu ces mauvaises passes que j’avais fini par poser ma tête entre ses gros nénés bien lourds. Qu’est ce qu’ils étaient douuux… J’pouvais rester dessus une éternité et passer mon temps à humer son odeur. D’ailleurs mes mains s’avéraient très baladeuses puisqu’elles caressaient frénétiquement son gros derrière…

                • C’est moi où tu d’viens bien gaulééééé… ?

                Rhaaaa… Qu’est ce qu’elle était bien foutue ma cousine, quand même ! Des cuisses pleines, un gros derrière, une forte poitrine… Que demande le peuple ? Un jour, c’est sur, j’allais finir par la marier ! J’pouvais pas laisser tous cette chair partir dans les mains d’un inconnu. Impensable. « Ketsuno, cey décidé, j’vais te mariiieeeer !! » Et voilà, c’était dit ! Mais dans un état d’ébriété hein, c’qui est important à noter. J’commençais à remuer ma tête entre ses big boobs, les mains toujours baladeuses sur sa croupe, quand j’fis tilt de la situation dans laquelle je m'embarquais… Entre nous… Est-ce que Ketsuno n’aurait pas crié à la seconde qui aurait suivit mes dires… ? D’ailleurs, c’était quoi cette odeur ? Elle m’était agréable et familière, mais plus les secondes s’égrenaient et plus j’me rendais compte que ce n’était pas celle que je connaissais de ma lieutenante…

                • Grumph…

                J’resserais ma prise sur la femme qui était dans mes bras musclés. L’une des infirmières du coin ? Possible. L’étais p’être temps d’ouvrir les yeux nan ? Ouaip. L’étais temps. J’coinçais mon visage dans le sillon d’ses lolos (Ferrari) avant d’ouvrir enfin les yeux. Bon, l’bémol, c’est qu’il faisait un peu noir du fait d’la nuit qui tombait sur la ville de Shell ; Et du fait aussi que j’avais bien trop été fatigué pour allumer les lumières du coin. Ma vue était encore un peu floue et c’est c’qui m’incita à cligner plusieurs fois des yeux. Lorsqu’elle fut plus ou moins rétablie, j’vis des mèches roses. Jusqu’ici, tout allait bien, Ketsuno ayant également une chevelure rose bonbon. Mais ce n’est que lorsque j’fis l’effort de glisser mes prunelles sur le visage de la personne que je tenais, que mon faciès s’froissa horriblement… Et instinctivement…

                • RAVEN-COOPER !!! Disais-je en cessant immédiatement de tripoter ses fesses à ma guise et en arrêtant d’bouger ma tête entre ses seins, donnez moi une seule bonne raison pour ne pas vous couper la tête, là, maintenant, tout de suite !!!

                J’continuais de la vouvoyer ? Ah bah chaud pour elle. Parce qu’il semblait bien que j’plaisantais pas, là.
                  Spoiler:

                  - « Hum, parce que sans ma tête, plus de poitrine? Avouez que cela serait dommage... »
                  Je lui répondis d'une voix tranquille en lui tapotant la tête, pas le moins gênée au monde. Enfin quoi?! Par rapport à ce que nous avions fait hier, le pelotage en règle auquel il m'avait soumis ressemblait presque à une bise sur le front... bon d'accord, sur la joue. Ceci dit, en d'autres circonstances, il se serait mangé une mandale et pas que ça. Mais je n'allais pas m'acharner sur un homme à terre qui avait vécu une mauvaise journée.

                  - « Ne criez pas, vous allez vous donner mal au crâne. En plus, si quelqu'un devait élever la voix, ça serait moi... Me faire tripoter comme ça... En général, mon partenaire est lucide et conscient de ces actes... Mon amour-propre prend assez mal que vous m'ayez confondue avec .... Ketsuno??? En plus, les compliments d'un homme saoul... »

                  Parce que bon... il avait peut-être dit que j'étais bien gaulée et qu'il voulait m'épouser - enfin, elle - mais je ne considérais pas ça comme un compliment. In vino veritas? Mon oeil, oui... Je me doutais qu'Alheïri avait été... sincère dans l'appréciation de mes formes. Sinon, il ne se serait pas frotté à moi comme ça. Mais bon... c'était les paroles d'un homme bourré et désabusé...

                  - « Bien, que faisons-nous maintenant? On peut rester comme ça, sauf que non seulement vous allez attraper un torticolis, mais aussi, puisque la porte de votre bureau est encore ouverte, vous risquez d'être pris en position compromettante. » Et moi aussi, pensais-je à ce moment, mais ça, j'en faisais mon affaire. Après tout... ma réputation? Au sein du CP5? Ah, rien à faire... Et puis, je doutais que les rumeurs de soldats remontassent à ma direction, surtout si Fenyang Junior y mettait le point final. « Nous pouvons aussi regagner votre chambre, ou rester ici, mais en une position qui me permettrait de laver vos plaies. Vous ne semblez pas en état de faire autre chose... »
                  Et bim! Alors, est-ce que l'égo masculin d'Alheïri allait se manifester, de façon à ce qu'il se reprît? Parce que le genre "loque humaine"... ce n'est pas mon truc...

                  Par contre, je m'étonnai de la sympathie que j'éprouvais pour ce type... Bah, en regard de notre historique... on avait commencé par se prendre le nez, puis on avait dormi ensemble, avait combattu ensemble... ça forge des liens... Après, je n'étais pas sûre que je voulais un lien avec... lui... Après, tout, qu'est-ce que je connaissais de lui? A part le fait qu'il était faignant, mais ambitieux, homme à femmes à tendance perverse...

                  - « Et bien entendu... je peux partir... la balle est dans votre camp... »
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                  • Pfff…

                  J’avais lâché sa taille avant de basculer sur un côté pour revenir à ma position initiale. Partir ? Tiens ! Ça m’arrangerait même qu’elle se casse de la base en allant conclure son rapport sur moi, encore si elle avait commencé un. Et pis j’avais plus vraiment la foi pour essayer de gérer le cas de son équipe gouvernementale qui m’faisait chier. J’pouvais même dire que c’était une envie réciproque, histoire d’me donner bonne conscience. Sur qu’elle ne prenait pas plaisir de faire c’boulot. Elle avait eu l’mérite d’être claire dès l’premier jour de notre rencontre, dans ce même bureau, un peu avant nos galipettes nocturnes qui m’avaient bousillé les hanches.

                  • Non mais franchement, qu’est ce que vous foutez ici ? Qui vous a dit d’entrer ? Et même quand une porte est ouverte, la moindre des choses, c’est de frapper avant d'entrer.

                  J’voulais me débarrasser d’elle ? Ouaip. Parce que c’est fou comme elle avait l’chic d’être toujours présente dans mes moments de faiblesses. En toute franchise, ça ne me disait plus grand-chose d’vouloir passer pour un bon colonel à ses yeux. J’étais fatigué, las de faire des efforts déjà grandioses sans que retombée s’en suive. En quelques mots, j’me fichais complètement de ce qu’elle raconterait sur moi. La pire chose qui pourrait m’arriver serait qu’on me transfère ailleurs, dans une caserne de moindre importance que cette base. Personnellement, ça m’irait pas mal quand même. Petite vie toute tranquille dans un trou paumé… Rien de tel quoi.

                  • Puis, ‘avez mieux à faire que de vous improviser infirmière. La pile de dossiers que j’vous ai passés par exemple. J’pense que si chacun fait son travail tranquillement « dans son coin », ça évitera bien de situations déplaisantes… ?

                  Et honteuses pour ma part. qui plus est. La tripoter en croyant avoir affaire à ma cousine… J’avais du être totalement grotesque bon Dieu !! Et il aura fallu que ça s’passe AVEC mademoiselle… Franchement, j’avais les boules sur le coup. Rien qu’à y penser même. D’ailleurs, il me fallait m’éloigner de cette pimbêche… Coûte que coûte ! Après avoir donc roulé sur moi-même je ne sais combien de fois, j’fis un relevé carpé avant de me tenir debout sourire aux lèvres, l’air vainqueur… J’pensais pouvoir tenir… Et au possible appeler une infirmière par escargophone… Mais la petite joie intérieure que j’eue fut de très courte durée, puisque je m’effondrais automatiquement au sol tout de suite après…

                  • BORDEL !!!

                  Et c’était pas un rien d’le dire ! J’avais certainement atteint les limites de mon pauvre corps engourdi et complètement endoloris… Sans compter mes blessures profondes qui n’avaient pas encore été correctement soignées et les litres d’alcool que j’avais ingurgité. Là, j’avais dépassé le stade du pitoyable... C’était complètement inqualifiable. Mais fierté oblige, j’n’allais pas solliciter l’aide de Shaïness, oh que non ! Aussi rampais-je jusqu’à mon bureau avant de sortir une trousse de secours. Mais à peine l’avais-je ouverte que « BOUM », j’tombais définitivement au sol. J’aurais voulu bouger, mais il semblait que mon corps m’avait manifestement lâché… Pouvait pas être dans une plus belle merde que celle-ci…

                  C'est définitif, j'déteste le GM et les révolutionnaires.


                  {HRP : C'était juste un p'tit jeu de mots pourri pour le plaisir...}
                    - « Vous êtes un gamin boudeur, Colonel. »
                    Ce n'était ni un reproche, ni une raillerie. Une simple constatation qui venait de me frapper. Malgré son aînesse, il avait la maturité d'un gosse de sept ans, et je venais d'avoir la preuve que de nous deux, c'était moi l'adulte. Car j'avais arrêté de me mentir et avais enlevé mes œillères depuis des années.

                    Je me relevai doucement, brossant du revers de la main des poussières invisibles dans le clair-obscur projeté par les jeux de cache-cache de la lune et des nuages orageux. La pluie ne faiblissait pas dehors. L'air de rien, je remis de l'ordre dans mon uniforme, là où des mains baladeuses avaient quelque chose donné un air... autre... à ma tenue. Déjà qu'à la base, elle n'est pas très professionnelle, ma tenue...
                    Puis, je marchai vers lui, me retenant à grand peine de ne pas lui écraser le corps avec mes talons aiguilles ou même de lui donner un petit coup en passant, une taloche, histoire de voir s'il était encore en vie.
                    Je fendis les ombres du regard, à la recherche de l'escargophone et quand je l'eus trouvé, ce fut d'un doigt assuré et absolument placide que j'appuyai sur le combiné.
                    - « Le Colonel aura besoin d'une assistance dans quelques minutes. Plaies superficielles de la bataille à traiter et une forte migraine à venir. » J'annonçai "le menu" d'une voix calme, presque trop. Totalement pas "moi", qui suis toujours hyper excitée ou en train de faire trois choses à la fois.

                    - « Un gamin boudeur et un hypocrite. » rajoutai-je alors que je prenais le chemin de la porte. « Vous, le Marine dévoué, n'auriez-vous dû pas être satisfait du ""travail accompli"". Servir la Paix Mondiale, n'est-ce pas là la récompense ultime? N'avez-vous pas désapprouvé mon côté rebelle, vous le grand Marine? Et maintenant, il faudrait faire autrement, vous donner votre su-sucre, parce que vous avez bien fait votre boulot? Et depuis quand bien faire ce pour quoi vous êtes payé - et ""accessoirement"" juré de faire dans l'honneur et le respect - mérite systématiquement une récompense? De nous deux, je me demande bien qui est dans une situation déplacée... »

                    Je regardai le bureau une dernière fois, vérifiant tout de même qu'il était encore en vie - manquerait plus qu'il tombât dans un coma éthylique ou autre - et je pris congé, en prenant bien soin de fermer la porte derrière moi.
                    - « Je ne suis pas femme à me faire insulter, Aheïri. Vous n'auriez pas dû vous montrer si grossier, alors qu'aucune faute n'avait été commise. Ai-je crié comme une pucelle effarouchée? Non... J'en conclus que vous ne.... m'appréciez aucunement. Soit. Vous n'obtiendrez rien plus de moi que le côté professionnel. Maintenant, bonne soirée, Colonel... Il paraît que je dois perdre mon temps à examiner des dossiers... »

                    Je sortis dans le couloir et alors que je m'engageai dans les escaliers pour rejoindre ma chambre, j'entendis les "secours" qui arrivaient. Bien, j'espérai qu'il allait déguster... Qu'on le recouse à vif, et qu'il ait une gueule de bois magistrale.
                    Moi? Je brûlais de colère. Si je m'écoutais, je mettrais le feu à cette garnison, et foutrai le camp d'ici après avoir sacrifié le coeur de ce matador sur l'autel de la Déesse de l'Intelligence faite Femme. Il était hors de question pour moi de retourner entre les quatre murs qui me servaient de priso---chambre... Non, je décidai d'aller prendre l'air, malgré l'orage et la froideur de cette nuit.
                    Qu'importe.... Peut-être que cela allait me guérir une bonne fois pour toute de mes tendances à être "gentille"? Moi qui voulais juste l'aider, peut-être lui tenir compagnie au lieu de le laisser se couler tout seul dans un abîme de regrets et de dépit.

                    Tiens, et si j'allais voir ledit Lévianthan? Après tout, cela ne relevait plus des compétences de Fenyang! Il ne pouvait plus rien m'interdire!!! Et je n'allais pas avoir cette opportunité avant longtemps? Qui sait, j'allais peut-être apprendre quelque chose d'intéressant, aux yeux de la révolution? Il me fallait juste changer de vêtements et de chaussure... voilà qui était fait... et de trouver une lampe torche, aucun cheval ne voudrant sortir dans ce temps. En plus, je n'avais pas envie de risquer sa vie, à lui briser une jambe dans une ornière... Non, un petit peu de Geppô pour passer les murailles et une petite marche à pieds.... je n'allais pas fondre...
                    Et surtout, je me doutais que ça allait le faire chier...

                    Génial! des fois, je m'aime vraiment...
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                    Gamin ? P’être bien. Mais il y a de quoi. Hypocrite ? Tsss… Fadaises. Se satisfaire du travail accompli ? J’pourrais. J’pourrais si le Gouvernement m’accordait sa pleine confiance un peu comme à mon père, homme dont j’suivais pourtant les traces à la lettre. J’pourrais si on ne m’avait pas enlevé la construction du Lev’ pour une raison plus ou moins foireuse. J’pourrais si on ne m’avait pas imposé cette perverse, signe même qu’on doutait de mes hommes et moi. J’pourrais si on ne cessait pas d’remettre mon boulot en questions ; Boulot qui était pourtant impeccable et ce, sur presque tous les plans. Faut dire les choses comme elles sont : Y’en avait marre ! Marre de toutes ces combines. Marre que mes efforts n’soient pas reconnus à leur juste valeur. Marre de ces pontes corrompus qui s’croyaient tout permit. Ce pourquoi je détestais le Gouvernement Mondial et tous les gouvernementaux liés de près ou de loin à ces connards. Et la Barbie n’faisait pas vraiment exception… Il était donc normal qu’elle soit mon souffre-douleur sur le coup… Quoique mon état calamiteux y était pour beaucoup. Moi qui avais pourtant réussi à tempérer mes ardeurs depuis son arrivée… Et c’est ainsi que je continuais à pester en essayant de me remettre debout, jusqu’à ce que les infirmières et quelques soldats accourent en nombre dans ma chambre… La grosse honte vous n’pouviez pas comprendre…

                    Au même moment…

                    Les alentours du chantier où se trouvait le Léviathan étaient déserts… Même les gardes avaient fini par se réfugier ailleurs, le temps étant mauvais depuis un bon moment maintenant. L’obscurité effective, le sifflement du vent déchainé et le ressac trop fort sur la plage de galets pas très loin, rendaient vraiment le site particulièrement lugubre, sinistre. Pas vraiment fréquentable donc. Mais bientôt se dessinaient à l’horizon, trois silhouettes encapuchonnées qui sortaient du petit bois de Shell, seule voie qui menait au Léviathan. Et malgré la pluie diluvienne, les trois hommes marchaient comme si de rien était, pas vraiment incommodés par le temps qui régnait sur la ville. Ils arrivèrent bientôt à quelques mètres des gigantesques palissades en acier et théâtralement, retirèrent leurs capuches tous ensemble au même moment. Un éclair zébra la voute céleste et l’on pu remarquer que ces gens portaient des uniformes de marines. Leurs visages étaient en parti masqués par les casquettes qu’ils portaient mais on pouvait aisément deviner par leurs sourires mauvais que leur présence en ces lieux ne présageait rien de bon. Au contraire même. En vérité, ces trois lascars étaient des forbans bien connus dans la région pour les divers méfaits qu’ils accomplissaient ensemble. Et faut dire qu’ils étaient bien forts même s’ils n’avaient pas encore de primes sur leurs têtes…

                    •Pouaah !!! Même pas d’filles dans l’coin... Déclara soudain l’plus grand d’entre eux.

                    • Mais t’en as déjà violé une hier nan ? Et puis c’est bien normal avec ce temps de chiens. Aucune femme saine d’esprit n’sortirait… Soutint l’plus petit de taille du trio.

                    La dernière personne, qui semblait être le leadeur du trio se retourna vers les bois et commença à caresser sa barbe.

                    • N’oublie pas qu’on est là pour le granit marin Tom. Tu y iras chez une pute plus tard… Pour l’instant, il me semble bien que quelqu’un se dirige vers notre direction. On simule les marines et on le tue si nécessaire, comme convenu. Disait-il d’une voix paisible.

                    Les deux autres commençaient à ricaner avant de se retourner et de se poster juste derrière le chef de file. Un danger menaçait la Cipher Pol qui semblait inexorablement s’avancer vers le Léviathan.

                    Quelques minutes plus tard…

                    • ATTENDEZ !! LE COLONEL SE FAIT SOIGN…

                    Alors qu’on m’avait à peine posé une perfusion sous les yeux inquiets de moult soldats qui se trouvaient également dans ma chambre, l’un des agents de la gouvernementale pénétra la pièce en trombe suivi d’un de mes adjudants qui sans doute, essayait de l’arrêter. Couché sur mon lit, j’ouvris mes yeux avant de les planter sur l’agent qui, haletant, me regardait avec un air grave, presque suppliant même. Quelques secondes seulement m’avaient suffit à le reconnaitre : C’était l’gars qui m’avait empoigné les cols de bon matin avant d’se faire virer par sa maitresse. J’me demandais comment il pouvait avoir encore l’cran de venir se présenter à moi après c’qu’il m’avait fait. Les remontrances de Shaïness n’avait pas suffit apparemment. Au même moment où j’allais ordonner à mes hommes d’le foutre dehors, celui-ci m’fit comprendre que sa chère supérieure n’était pas dans sa chambre. Sur le coup, j’m’en fichais un peu. Mais ce n’est que lorsque l’adjudant me confirma un peu ces faits vu qu’ils s’étaient tous deux permis d’ouvrir la porte de sa chambre que j’avais commencé à réellement m’inquiéter. J’demandais alors à Ketsuno d’organiser une petite fouille dans la base avec tous les hommes, mais cinq minutes plus tard, ils firent chou blanc. L’héritière des Raven-Cooper n’était nulle part ! Et c’est dès l’instant où l’on vint me certifier cela que j’eus une très forte intuition…

                    • Doc’, disais-je à l’égard du médecin en chef de la base… Fais-moi bouger.

                    Le docteur, interloqué sur le moment comme toute l’assemblée, s’était contenté de trembler avant de marmonner…

                    • Mais Salem…

                    • Doc’… Généralement, j’ai l’habitude de t’écouter. Mais aujourd’hui, on va faire une petite exception. Plus que quiconque, je suis chargé de la sécurité de cette petite -Son agent parut scandalisé à l’ouïe du mot « petite », mais je l’ignorais complètement- Et si ne serait-ce qu’un seul de ses ongles se casse, c’est pas seulement moi qui coule. C’est nous tous. Et ça m’ferait chier que vous aillez à payer les pots cassés de mes conneries. J’aurais du la fermer comme d’hab’… Conclus-je d’un soupir.

                    Le silence s’installa et fut particulièrement pesant. Le toubib qui avait plus ou moins compris la gravité de la situation partit et revint quelques temps avec une seringue pleine d’un liquide jaunâtre assez bizarre. Pipi de banana-croco ? Vomis de Kung-fu Dugong ? Drogue confectionnée par ses soins ? J’savais trop pas, mais une chose est sure, j’comptais dessus pour retrouver la forme. « Tu n’auras que quelques heures devant toi, après quoi c’est le lit pendant une semaine. » « Tss… Tant que ça me remonte, j’te fais confiance ! » Hochant la tête à ma réponse immédiate, le sexagénaire planta la seringue dans mes abdos sans le moindre ménagement avant d’y vider son contenu tout aussi rapidement. Et s’en suivit cinq bonnes minutes de cris et d’atroces souffrances…
                      Je dois vous avouer... J'avais eu de meilleures idées que me balader la nuit en plein orage... Des pires aussi, mais celle-ci devait pouvoir facilement se classer au top 10... M'enfin, je suis butée et en ce moment précis, très en colère. Contrariée serait un doux euphémisme...
                      Ceci dit, ce n'était que de l'eau. Au pire, je me chopperais un rhume, ou même une pneumonie... Bah, ça faisait longtemps que je n'avais pas eu de congés. OK, des congés maladies pour une pneumonie, c'est pas top. Mais à ce moment là, je n'avais pas les idées très clairs.

                      Je marchai le long de la route que j'avais dévalé à cheval plus tôt dans l'après-midi, trottinant à petites foulées, une lampe torche au poignet pour baliser mon chemin et éviter les accidents. Ce fut ainsi que je distinguais au loin les trois silhouettes dont les vêtements semblaient, de par leur forme, les cataloguer comme Marines.
                      Génial, tout ce dont j'avais besoin...

                      Sauf que.... des marines, maintenant et ici? Alors que la base ne relevait plus des fonctions de Fenyang... Et puis, des patrouilles de trois? Ce n'était pas très... réglementaire... Je ne serai pas dire pourquoi... mais je me méfiais. Des hommes, des marines, des étrangers, tout ce que je n'avais pas envie de voir en ce moment.

                      Au pire des cas, je pouvais utiliser les geppo et passer par la voie des airs, mais pour le moment, j'allais faire en sorte de ne pas me faire repérer. Mine de rien, si jamais je n'étais pas rentrée avant que le soleil ne se montrât, Alheiri allait encore me prendre la tête, mais cette fois, avec une bonne raison de le faire. Autant ne pas lui donner un bâton pour me battre...

                      Je continuai ma route, qui me menait à croiser tôt ou tard celle du trio en face de moi. Deux des gars - vu leur carrure, c'était des gars - se rangèrent sur le côté. Je reniflai, remontant la capuche de mon hoodie et celle de mon imperméable (j'avais mis double protection, mais mes espoirs de ne pas être mouillée s'étaient révélés vains... très vains). Je ne devais pas ressembler à grand chose, avec mes bottes et ma lampe torche, mais zut à la fin. J'avais sacrifié le look pour le côté pratique. J'suis petite une bimbo, mais pas une bimbo débile... j'avais un peu vu le temps dehors... D'ailleurs, je continue à penser que je n'avais pas dû brancher tous mes neurones au moment j'avais décidé de faire la nique à Ahleïri. Nan franchement... Alors, bimbo or not bimbo, that is the question...

                      Plongée dans mes considérations métaphysiques, je ne prêtai pas plus attention que ça aux trois hommes, même si je restai sur ma première impression de "louche". Ma main était crispée sur mon déclencheur de bobine de fils... au cas où... Une lady - même si c'est une bimbo-lady - n'est jamais trop prudente. Je les dépassai du même pas rapide mais stable que j'avais adopté depuis mon départ, contente de m'être débarrassée du point de côté qui m'avait vrillé les côtés dix minutes plus tôt.
                      Si ça se trouvait, j'étais en train de yoyoter du cerveau, à voir des problèmes là où il n'y en avait pas. Tout la chose de Salem! Le sagouin... Je venais m'occuper de lui, pour que personne ne fut témoin de sa déchéance... Et oui, je n'avais pas toqué... comme s'il avait été en mesure de m'entendre...
                      Pff, les hommes, j'vous jure...
                      Le premier qui vient me prendre la tête... je le .... je ne sais pas encore ce que j'en fais, mais il va souffrir!!!
                      Et surtout pas ceux trois là...

                      Je les avais dépasser et je voyais désormais la palissade qui protégeait le chantier naval. Une dernière épreuve et mon égo serait en paix...
                      Pff, j'vous jure... des fois, je me foutrais des baffes...


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                      L’assistance avait évacué la chambre du colonel pendant ces cinq minutes et percevait un vacarme assourdissant. Entre les cris du Fenyang et les objets qui se brisaient, rien n’allait plus. Le stress était à son comble. Puis pendant un moment, le bruit avait cessé et avait laissé place au sifflement du vent et au tonnerre qui grondait terriblement à l’extérieur. Ketsuno qui était la plus inquiète, se risqua d’actionner la poignée de la porte avant de pénétrer la salle. Et quelle ne fut pas sa surprise de me voir assis au milieu d’un beau capharnaüm. Parce que pour un bordel, c’en était un. Seul le lit et quelques armoires avaient été épargnés. Même les fenêtres avaient été brisées. Alors que le vent s’engouffrait dans la pièce avec force, je relevais mon visage vers ma cousine avant de sourire de façon espiègle, malicieuse. Mon regard gorgé de pierres précieuses semblait la déstabiliser. Elle commença à trembler sur elle-même. Amour profond ? Peur irrémédiable ? Difficile de définir ses états d’âmes du moment. En tout cas, cela m’amusa presque de la voir ainsi. C’qui d’ailleurs me permit de donner mon premier ordre sans trop de problème et d’une voix légère, tranquille : « Mon meitou… Va m’le chercher dans mon bureau. » Ketsuno acquiesça d’un signe de tête et ce n’est que lorsque j’ajoutais un « s’il te plait » à ma demande, qu’elle rougit violemment avant de se hâter récupérer mon bien…

                      Au même moment dans les bois de Shell…

                      • C’tune femme… C’t’une femme !! J’peux le sentir même de loin. Mon instinct n’se trompe pas, jamais même !

                      • Tom… Va falloir te calmer…

                      • Tsss, pas moyen !! D’ailleurs, on n’la tue pas, j’ai une drogue sur moi pour l’occasion !

                      Le leadeur du groupe se tut. Il était bien difficile de faire entendre raison à Tom lorsqu’il était en extase devant une prochaine proie. Surtout que cela relevait d’un traumatisme assez lointain. Lorsque Tom n’était encore qu’un gosse, sa mère avait pour habitude d’abuser sexuellement de lui. Du coup, ses viols étaient comme une sorte de vengeance sur les femmes, une thérapie qui lui était propre. Et puis, c’n’était pas si mal que ça. Tom ne prendrait pas beaucoup de temps sous cette pluie battante s’disait le chef de file… Sans compter qu’il serait encore plus apte à effectuer le vol du granit marin dont ils avaient tant besoin. Il ne restait plus qu’à espérer que la personne qui s’avançait vers eux soit effectivement une femme. Et les prières intérieures commençaient déjà… Pour la peine, les trois marines étaient restés immobiles, tranquilles comme s’ils s’agissaient de gardes consciencieux. Intérieurement, ils en riaient vraiment. Jouer un marine leur collait à la peau. Limite, ils auraient presque pu faire de bons acteurs mondialement reconnus. Et ce ne fut que lorsque l’inconnu les dépassa sans dire ne serait-ce qu’un seul mot, qu’une voix s’éleva parmi celle des trois… C’était le l'chef de nos trois malfrats qui avait prit parole…

                      • Hého ! On n’va pas plus loin ! Ceci est l’ordre du colonel de la ville. Et puis vous n’voyez pas l’temps ou quoi ?

                      Les trois hommes se retournèrent soudainement vers Shainess. La suite allait être une totale improvisation. L’chef de fille réussit à attraper l’un des avants bras de la jeune femme, avant de la retenir comme il pouvait et ainsi, stopper sa petite course. L’plus petit d’entre eux simula une chute silencieuse derrière elle, avant de glisser dans la boue et tacler ainsi la Cipher Pol qui faillit tomber en arrière en perdant l’équilibre. L’but était de ne même pas lui laisser un petit temps de réaction. Tom pour sa part, feignit le marine galant et rattrapa vite fait la demoiselle ; Non sans piquer l’un des membres de la gouvernementale qui était le plus à sa portée et ce, à l’aide d’une petite aiguille qu’elle n’allait pas sentir passer avec toutes les sensations déjà présentes : Entre le froid, l’eau et l’impression de chute, il n’y avait pas de raison qu’elle le sente. Du moins c’est ce que Tom pensait. Il rangea vite fait son aiguille dans sa manche droite avant de faire un signe aux autres tout en redressant Shainess. Semblerait que leur magouille avait trouvé succès. L’aiguille était imbibée d’une drogue paralysante qui allait immobiliser la belle et permettre à Tom d’se faire grandement plaisir dans les trois minutes à venir au grand maximum. La bimbo était dans la merde totale… Par la suite, Tom la lâcha et les trois hommes virent bloquer l’accès au chantier en se postant tout juste devant elle…

                      • Les bois sont très dangereux les soirs, vous savez…
                      Ce n'était vraiment pas un bon jour... Les probabilités pour que l'aiguille pénètre les trois couches de vêtements jusqu'à la peau, étant donné les mouvements des uns et de l'autre... faibles, très faibles. Mais cela suffit...

                        Alooors...

                        Comment dire? Tout en restant polie, hein? Je crois que les bons mots étaient "foutage de gueule"... Franchement, les mecs... Je ne sais pas ce qu'ils étaient, mais là, clairement, ils n'étaient pas marines. Et des très, très, très mauvais acteurs. Parole de celle de qui ment à la quasi-face du monde en continu depuis quelques mois déjà. "Ordre du colonel de la ville?" Mais bien sûr...
                        - « Alors, déjà, il n'est pas colonel de la ville, mais de la base. Et quand qu'un Marine fait référence à son supérieur, il ne donne pas son affectation mais son nom. En l'occurrence, vous auriez dû dire "ordre du colonel Fenyang". Sauf que vous n'êtes pas Marine, et que vous ignorez totalement qui dirige ce triste endroit. Et sauf votre respect, j'ai bien vu le temps... Il faudrait être débile pour ne pas se rendre compte qu'il pleut comme vache qui pisse. Mais comme je ne vous dois aucun respect, je ne vais pas non plus que casser le trouffion à être polie.... »

                        De toute façon, je n'étais pas en état de réfléchir. Et en plus, je ne risquais rien. S'il s'agissait vraiment de soldats d'Alheïri - bien que tout en moi me criait que non - ils allaient payer pour le comportement général des troupes. Ceux qui me sifflaient, et leur capitaine qui était un trou-du'k de première.. Donc, l'un dans l'autre, je n'avais pas de question existentielle à me poser: ils m'énervaient grave et je n'aimais la façon qu'ils avaient de me regarder... encore moins de me tenir. Trop, c'est trop, et quand une dame pique un fard, ce n'était pas un petit fard de rien du tout. Nan mais oh!

                        Je me dégageai rapidement de l'emprise du premier type en lui envoyant mon genou exactement là où je pensais. Malheureusement, la boue ne m'aida pas sur ce coup, et je glissai de quelques centimètres, suffisamment pour que je ne touchasse que le gras de la cuisse à défaut des bijoux de famille. Oh, le coco en face dégusta, mais pas autant que je l'eus espéré... et pas assez pour le mettre hors service.
                        Cependant, je ne pus finir mon geste, car les deux autres compères m'attaquèrent. A deux contre un - et le un étant moi - les dés étaient en ma défaveur, mais si on rajoutait le fait qu'ils semblaient prêts à tout..
                        Et c'est là que les entraînements intensifs portèrent leur fruit. Ce fut un flou artistique, un instinct. La technique du Kami-E vint naturellement à mon corps, qui se plia et se gondola comme une feuille dans le vent. Et croyez-moi, du vent, il y en avait!!!

                        Bon, pour le moment, je tempérais ou "relativais" les risques, si on me permet cet odieux barbarisme, mais on n'allait pas jouer à touche-touche-pas-touche pendant des plombes. J'avais un navire à visiter et un colonel à faire chier, moi!!! Et je ne vous raconte pas de la séance de brushing qui m'adaptait une fois de retour. Il était temps de passer à l'attaque.
                        Je sortis ma lame de son fourreau, que j'avais hyper-intelligemment planqué dans une poche de mon hoodie... (parfois, je vous jure, je me trouve conne, mais coooooonne....) manquant de me trancher un doigt au passage et de me prendre une sacré claque de la part d'un des zigotos en face...
                        Je tremblais comme une feuille. De froid, de peur, je ne savais pas et je n'avais pas le temps d'analyser. La lueur diffuse des torches le long de la palissade, et des éclairs qui tranchaient les nuages donnaient juste assez de lumière pour distinguer les silhouettes. Ma lampe torche avait roulé un peu plus bas, éclairant le bas côté, ce qui m'était d'une inutilité flagrante. Purée, j'avais une de ses chances, ce soir, moi!!!

                        Un peu hasard, me fiant à la dernière image que ma rétine avait imprimé, jugeant que mes adversaires étaient tous les deux - ou trois, car bientôt ma première victime n'allait pas tarder à se relever - plus grands et massifs, je décris un arc de cercle large en direction de ce qui devrait être un torse. Je touchai quelque chose avec un "splorch" assez peu ragoûtant. Heureusement, je ne voyais rien... "Heureusement", hein? Ouais, c'est la fête du trèfle, ce soir!!!!
                        Cette fois, je ne pus que contrer le poing qui arrivait vers moi. Pas question de l'éviter, prise en déséquilibre et en sandwich comme je l'étais. Pourtant, quelque chose venait de tomber à mes pieds et j'espérai vraiment, mais vraiment que j'avais touché l'artère jugulaire ou autre... Donc, je me retrouvai avec les deux mains en blocage, à tenter de repousser un poing et autant vous dire que je devais ressembler à un lapin essayer d'arrêter un taureau en charge. C'est bien mignon, un lapin, mais ce n'est pas spécialement... fort...

                        Et là, j'eus une illumination. Dans tous les sens du terme... Je me laissais aller en arrière, jusqu'à tomber à terre, où je roulais avec souplesse et grâce et bruits de succion de boue qui me faisaient m'étouffer d'horreur. J'avais beau me répéter que la boue, c'est bon pour la peau, là, je n'avais qu'une envie: vomir.
                        Ce n'était pourtant pas le moment, bon sang!!! Allez, du nerf ma fille! Tu avais eu une bonne idée, alors, bouge-toi le popotin et transforme-la en bonne action! Donc, lors de mon dernier roulé-boulé, je lançais la main pour déclencher le système de roue qui constituait le premier élément de mon arme de prédilection. Le fils partit à toute vitesse et je dus me tordre le poignet pour qu'il s'enroulât autour de ma lampe torche. Un autre mouvement et le tout me revint, juste à temps pour pointer la lumière en plein dans les mirettes du gars qui était tombé comme moi, sans les roulé-boulé, n'ayant pas prévu que je laissasse passer le coup.
                        Ebloui soudainement, il ne put que fermer les paupières. Réflexe contre presque personne ne pouvait rien. Et moi je profitais de ce flottement pour lui écraser la lampe de torche sur le crâne, encore et encore, jusqu'à ce que l'objet se brisa dans mes mains.

                        Cette fois, la scène n'était plus que réellement partiellement éclairée et on y voyait que dalle. J'étais, à ce point du combat, quasi-certaine d'avoir tué le gars avec mon coup de couteau que j'avais laissé échapper dans ma glissade, que le premier s'était relevé et que le troisième était au moins à moitié assommé. Gé-nial... j'étais toujours autant dans la merde...
                        J'eus recours donc à mon talent de Geppo pour partir dans les airs, ma technique préférée. A moins qu'ils n'eussent des armes à feu, j'étais hors d'atteinte. Et je pus déployer à ce moment mon réseau de fils, une sorte de toile d'araignée autour de moi. Les "rayons" vibraient dès qu'on les touchait et je savais d'où venait l'intrusion dans le périmètre que je m'étais alloué comme étant mon espace personnel.
                        Alors que je me croyais à l'abri, avec un petit moment pour reprendre mon souffle, mes esprits, je fus prise d'un nouveau tremblement, plus saccadé celui-ci. Et un vertige s'empara de moi, remonter depuis mon ventre, comme si je venais d'avaler une grosse tasse d'eau, le goût salé en moins. Mon souffle se troubla et j'eus une sorte de hoquet bizarre.

                        Je tombai comme une pierre. Certes, je n'étais pas montée bien haut, mais tout de même. La douleur qui perça au niveau de ma cheville - je l'espérai foulée, pas cassée, et surtout pas en fracture ouverte!!! - me réveilla sur le coup, mais des vagues de ce sentiment gluant me submergeaient. Mes jambes me semblaient de plomb, mes paupières se fermaient toutes seules. Je ne savais pas ce qui me prenait, mais je savais que ce n'était pas normal et que quoi que ce fut, cela allait rapidement signer mon arrêt.

                        Je ne m'étais jamais définie comme une personne lâche, mais j'avoue que je n'avais jamais été du genre très combattive. Il suffisait de voir mon style de combat. Ma vie n'avait jamais été très difficile. Quelles difficultés avais-je affrontées, moi qui étais née riche et aimée, belle et intelligente - enfin, parfois, je me posais la question sur ce point. Tout ce que j'avais voulu, je l'avais eu. Même ma trahison s'était faite comme si cela avait été prédestiné. Cette fois, ce n'était pas les éléments extérieurs contre lesquels je luttais. C'était moi-même. Mon corps, mon organisme.
                        Et ce fut mon satané orgueil qui me sauva. Hors de question de me faire avoir ici et maintenant. Pas dans la boue, sur une île minable, à quelques pas d'un objectif majeur pour l'Union. Nan, je n'allais pas tomber ici... Ce n'était comme ça que j'avais imaginé ma chute. Dans mon esprit, si jamais je devais mourir ou autre, ça serait dans une débauche de glamour gothique!! Pas çaaaaa.

                        Je ne réagis pas au premier frémissement de fils. Ce n'était pas une tactique, je n'en avais juste pas la force. Cependant, l'approche du danger me donna le coup de boost nécessaire pour faire quelque chose dont je n'avais jamais rêvé avant. Faut dire que j'occupe mes nuits d'autres visions que des combats nocturnes avec des clampins. Je me tortillai peu élégamment sur le sol, ramenant tous mes fils à moi, avec des à-coups verticaux. Une sorte de version horizontale de mon saucissonnage de ... mon dieu ce n'était que cet après-midi!! J'avais l'impression que c'était une éternité...
                        Bref, je ne sais pas vraiment ce que j'avais fait. Ou plutôt, comment je l'avais fait. L'important était que je l'avais fait et que je venais de mettre hors course mon troisième adversaire... ou le premier, ça dépendait du point de vue.
                        Je n'oubliais pas que le deuxième, celui que j'avais assommé à coup de torche, pouvait revenir à lui à n'importe quel moment, mais là, je n'y pouvais rien. Mes forces m'abandonnaient et je me sentais partir... Un lit de boue, une couverture de pluie et un oreiller de sang et de corps abandonnés sur le sol... Ce n'était pas l'image de la Belle aux bois dormants. Plutôt un remake de Misery...

                        Espérons que j'avais épuisé mon quota de malchance et que quelque chose de bon allait ENFIN arriver....
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                        La chance de Tom avait résidé dans l’action de leur gourou. Celui-ci en voulant retenir la p’tite Barbie de force, avait presque retroussé les manches doubles (Triples ?) de cette dernière sans s’en rendre compte. C’est à ce moment précis que Tom avait profité pour planter son aiguille vers la zone du poignet, sur une parcelle de peau de l’avant bras d’la victime. Vu de cet angle, c’était vraiment invraisemblable comme situation… Et ça avait tenu de la baraka plus qu’autre chose. Mais ladite baraka, elle s’était rapidement et nettement transformée en déveine. Si bien que le chef de file et l’plus court du groupe rendirent l’âme en quelques instants seulement. Seul le plus grand était encore en vie… Même si quelque peu déboussolé. La boue dans laquelle il s’enlisait et sa migraine persistante l’avait tout aussi rendu nauséeux. Chienne d’vie s’disait-il. C’est donc avec un peu d’effort qu’il se redressa en prenant appui sur ses deux mains, et quelle ne fut pas sa surprise quand il distingua un écoulement sanguin sur ces terres boueuses. Ébauchant un sourire victorieux, il pensait bien que ses compagnons de toujours en avaient fini avec l’adversaire. Nonobstant, il n’en était rien et c’est avec désastre qu’il constata tout d’suite après les corps sans vie de ses camarades, parsemés ça et là… Automatiquement, Tom perdit la raison. Si bien qu’il entra dans une sorte de mode berserk.

                        • GWWWWWWWWWAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHH !!!!

                        Un cri perçant, sinistre, susceptible d’émouvoir le plus taciturne des êtres sur Terre. Rien ne pouvait être aussi effrayant, sans compter l’atmosphère morbide dans laquelle la scène se déroulait. Tom virait dans la folie. C’était indéniable. Il n’y avait plus de retour en arrière. Il allait faire subir à cette femme le châtiment comme toutes les autres qui avaient eu le malheur de rencontrer son chemin : Le viol puis la mort dans d’atroces souffrances. Puis il pillerait le site, avant d’se casser de cette minable île. C’qu’il s’était dit dans un dernier élan de conscience. Avant d’avoir les yeux complètement vitreux et entourés de gros nerfs palpitants. L’homme n’était plus. Il avait fait place à un monstre. Un monstre qui n’aspirait plus qu’à la vengeance. Elle et elle seule. Il s’avança dans la boue avec une facilité assez déconcertante et tomba quelques secondes plus tard sur le corps de la pauvre Cipher Pol. Rire glacial qui fit froid dans l’dos. L’animal jubila à la vue de sa proie offerte sur un plateau d’argent, et incapable de se défendre. Elle était cuite, c’était définitif. Automatiquement, il fondit sur elle et la retourna sur le dos. Elle devait prendre conscience de l’ascendant qu’il avait sur elle… Elle devait pleurer son sort et maudire le destin… SON destin. C’fut donc avec une bestialité sans égale qu’il lui retira ses vêtements, les réduisant en lambeaux. A Shaïness, il ne lui restait plus grand-chose…

                        • T’vas payer petite pétasse. T’vas m’le payer !!!

                        Qu’Tom disait en lui empoignant la chevelure avec véhémence. Son visage, laid à souhait, était proche de celui de la poupée en porcelaine qui pouvait sentir son souffle chaud et son haleine pestilentielle. Digne d’un chacal. Son gros nez couvert de pustules et de croûtes, effleurait celui de la belle et il profita de cette proximité pour passer impudiquement sa langue sur ses lèvres pulpeuses. L’mauvais temps ne semblait toujours pas incommoder notre monstre dans ses entreprises. Le vent ne le frigorifiait pas et la pluie ne l’ébranlait en rien. Il n’était plus qu’un étau de chair sans cervelle qui cédait à ses pulsions perverses et meurtrières. Une arme humaine très dangereuse. A la manière du colonel Fenyang lors du fameux soir, Tom déchira littéralement la dentelle de la gouvernementale. Son vulgaire string était une gêne comme tout le reste. Et il ne restait plus qu’à la donzelle, un simple haut qui couvrait mal sa poitrine généreuse qu’il tripotait à sa guise. Raven-Cooper était pleine de boue et la mine qu’elle affichait ne pouvait que ravir notre agresseur : Elle était désespéré, pathétique. Celui-ci finit par lâcher sa chevelure avant de dégrafer son pantalon en deux temps trois mouvements. Il agrippa les cuisses pleines de sa victime lorsqu’il eut fini d’abaisser son boxer et éclata une nouvelle fois de rire. Plus rien ne pouvait l’empêcher d’assouvir ses fantasmes les plus profonds du moment… Plus rien !! Le viol semblait inéluctable…

                        • HAHAHAHAHAHAHAHAHA !!!! TU VAS…. BLEUUUURP !

                        Un rot. Un vulgaire rot. Suivi d’un hoquet tout aussi bizarre. Tom écarquilla ses yeux tout en restant soudainement immobile. Ses prises sur les cuisses de Shaï semblaient se relâcher lentement. Puis du sang commença à s’écouler de sa bouche qui s’ouvrit sans qu’il en ait véritablement conscience. Un éclair traversa le ciel orageux et la scène s’éclaira parfaitement l’espace d’une seconde ou deux. L’homme rendait peu à peu l’âme… Tout juste avant de pousser son dernier soupir, notre violeur jeta un regard malheureux sur son ventre endoloris, et quelle ne fut pas sa surprise de voir le bout d’une lame dépasser son ventre. Il venait de se faire avoir comme un beau débutant. Et l’idée de se faire transpercer par un illustre inconnu à ce moment crucial lui avait arraché un énième sourire. Les gros nerfs qui bordaient ses yeux disparurent et ses pupilles se coloraient légèrement. Et c’est aux portes du royaume des ténèbres qu’il prit parole. Surement pour la dernière fois : « Y’a pas à dire p’tite… T’es née sous une bonne étoile… » Ses yeux se fermèrent. Et son corps chuta. Au moment où ledit corps du bandit allait tomber sur la bimbo gros lolos, une main saisit fermement les cheveux du cadavre, avant de le balancer plus loin. Les trois hommes étaient morts. Mais le danger semblait toujours guetter la jeune femme. Puisque se tenait un nouvel homme devant elle. Et encapuchonné qui plus est…

                        • Yare Yare… J’aurai vraiment dû fermer ma gueule… Désolé, vraiment…

                        J’finis par retirer ma capuche en plantant mes prunelles vertes sur le corps meurtri de la jeune femme. Comment avais-je pu les retrouver si facilement ? C’est simple. Disons que j’avais eu l’intuition qu’elle viendrait squatter le Léviathan. En plus du hurlement que j’avais entendu lorsque j’empruntais à peine ce sentier. Faut dire que j’avais eu la chance. Sans quoi la pauvre serait morte. Et le tout allait me retomber sur la gueule. Surtout que ma famille connaissait la sienne et que j’étais grave dans le collimateur du gouvernement qui doutait de mon allégeance. D’la chance, faut dire qu’on en avait tout les deux. Parce que je venais de frôler la cata. J’rangeai mon meitou dégoulinant du sang infect de l’autre connard, avant de constater sa nudité à moitié couverte par la bourbe. J’avais bien aimé la voir nue hier soir… Mais là… J’ressentais de la culpabilité. C’pas qu’elle avait eu tort lors de notre précédente conversation dans le bureau… Mais quand tout votre monde s’effrite autour de vous et menace de s’effondrer complètement, difficile de rester stoïque. J’grattai ma tête de gêne avant de retirer et ma capuche et mon manteau de la marine. Elle en avait plus besoin que moi. J’me penchai vers elle et lui enfilai ces vêtements lourds avant d’la soulever. C’est une grosse peste. Que je déteste pour la simple raison qu’elle est gouvernementale. Pourtant, je ne puis m’empêcher de ressentir de la pitié. C’était ça que d’être trop philanthrope…

                        • T’es p’être pas en état, mais on va le voir…

                        Par « le voir » j’parlais effectivement du Léviathan. Il était mieux qu’elle finisse par l’voir pour éviter quelconque bêtise de ce genre. Et je m’enfonçai dans les bois avec la belle que je plaçai confortablement sur mon dos. J’ne voulais pas la porter dans mes bras… Ça m’aurait trop rappelé mes journées avec ma défunte épouse. D’autant plus que niveau physique, elles se ressemblaient comme deux gouttes d’eau à l’exception de la chevelure. J’ne voulais pas non plus le reconnaitre, mais je savais pertinemment que c’était la raison pour laquelle j’m’étais permit de lui faire la bise dès la première rencontre. J’avais cru voir Aisling et ça m’faisait chier vraiment. De savoir qu’elle était de même classe sociale que moi, m’avait encore plus ébranlé. J’aurais même cru qu’il s’agissait d’une complicité d’mon vieux pour me caser, mais ce dernier n’était pas capable d’me faire ça. C’était pas vraiment son genre. J’soupirai et fronçai mes sourcils avant d’me reprendre. L’heure n’était vraiment convenable pour verser dans la réflexion ; et puis j’pataugeais pas mal dans toute cette boue qui me salissait les pieds. J’aurai voulu courir, mais avec Shaï sur mon dos, c’était quasiment mission impossible. Elle était bien trop secouée comme ça pour que j’en rajoute, surtout qu’avec cette pluie, courir n’était pas vraiment convenable. Mais à force de patience, j’arrivai bientôt devant les gigantesques palissades du chantier. Il y avait une petite porte d’entrée à l’ouest du site. D’un coup d’pied bien placé, j’la forçai avant de pénétrer dans le chantier désert. Tous étaient partis se réfugier du mauvais temps…

                        • C’est sans doute ta seule chance de l’observer ici. Profite en bien.

                        Il allait de même pour moi. Du moins c’est c’que je croyais. Je ne savais rien de l’équipe scientifique qui allait prendre le chantier à sa charge, ce pourquoi j’ne me faisais pas de faux espoirs. J’étais p’être trop pessimiste sur le coup, mais la faute revenait en grande partie au GM. J’espérai aussi que Barbie soit encore consciente. En toute franchise, j’n’avais pas non plus l’envie d’me trimballer « un genre de loque humaine » même si j’étais conscient que subir une tentative de meurtre/viol, c’est assez traumatisant. Sans compter que tout avait été en grande partie de ma faute. La pluie diminua brusquement d’intensité si bien qu’elle devint une bruine en l’espace de quelques minutes seulement. Pour ma part, j’grimpai une colline qui surplombait le tout, avant d’avoir une vue imprenable sur l’ensemble des lieux, mais aussi sur le mythique navire de l’amiral en chef qui se tenait toujours debout au beau milieu du vaste endroit. Les échafaudages et autres plateformes de constructions gâchaient un peu l’image qu’on avait du vaisseau, mais il en imposait grave, même à moitié détruit. En quelques jours seulement, j’avais fini de réparer le tiers des dégâts ce qui était considérable quand on savait le temps que ça avait prit pour bâtir l’engin. Les quelques nuages noirs se dégageaient pour laisser place à la pleine lune qui éclaira l’endroit comme s’il s’agissait de moult projecteur braqués sur la star d’un podium…

                        La scène était p’être féérique si l’on rajouta la floraison du gigantesque cerisier pas très loin de nous, mais pour ma part, toutes ces images rimaient avec mélancolie… Malgré tout, les jeux étaient ainsi faits et comme l’avait si bien signifié la cipher pol, m’apitoyer sur mon sort ne me servirait à rien même si j’avais tout d’même était victime d’injustices flagrantes. Il était p’être temps de tourner la page du Léviathan et de passer à autre chose. A voir les pétales roses, on approchait certainement du début de l’été. Et l’été était synonyme de vacances même pour les officiers de la marine. Fallait donc que j’me planifie de petits trucs, histoire d’égayer cette période de ma vie qui n’avait été que désolation. J’m’approchai d’ailleurs du tronc de l’arbre avant de m’y allonger contre. Étrangement, tout était sec sous le cerisier… Ou presque. C’est dans ce genre de situation que je m’disais que notre monde était assez bizarre puisque la bruine ne nous atteignait plus. J’avais posé Shaï tout juste à mes côtés. Pour avoir un œil sur elle au cas où un danger surviendrait. Et parce que d’une manière ou d’une autre, je l’appréciais bien cette petite pimbêche. (Surtout pour son endurance effroyable au lit) J’me mis à soupirer suite à l’action de la brise assez fraiche. Il ne me restait plus qu’une simple chemise pour me protéger. Galanterie oblige, que voulez vous. Même si entre nous, demoiselle Raven-Cooper était très bien placée pour savoir que j’n’étais pas si galant que ça. M’enfin…

                        • Préviens moi pour le retour. Il y a tes hommes qui attendent et qui menacent d’me couper la tête si j’ne te ramène pas intacte. Tu leur a fait peur, et il n'y a pas qu'eux…

                          - « Mes hommes? Ils ont le QI d'un bulot cuit et autant d'idées qu'une huitre en plein soleil. Et c'est injurieux pour les huitres... Bon, va pas leur redire ça, ça les vexerait. Non qu'ils ne le sachent pas, mais ce n'est pas la peine de retourner le couteau dans la plaie... »
                          La faiblesse de ma propre voix m'exaspéra. J'avais envie de me foutre des claques. Mais mon corps se remettait très lentement - trop peut-être - du produit paralysant qui m'avait été injecté. Quant à mon esprit... je luttais pour repousser les images de ce qui venait de se passer. Je savais que j'avais évité le pire, et j'allais devoir faire face à cette agression rapidement si je voulais continuer à être opérationnelle. Le pire? Je devais ma vie à un Marine. C'était un état des choses haïssable. Je me sentais encore plus larve que larve.
                          Cependant, Alheïri n'était plus un Marine comme les autres maintenant. J'avais une dette envers lui. Et ça, c'était moche, dans ma situation. Honnêtement, déjà que j'avais du mal à le détester avant, maintenant, je me savais redevable. Mes sentiments envers lui étaient suffisamment embrouillés auparavant: un mélange de pitié, d'exaspération et de regret. Pourquoi est-ce que tous les officiers de la Marine ne pouvaient-ils pas être comme lui? Stupidement humains? Pleins de défauts et de faiblesse, mais jamais plus méchants ou cupides qu'ils ne manquaient de fierté ou de noblesse... Une armée de types comme lui, et même un peu plus pourris, c'était vivable. Pas besoin de révolution...

                          - « Je devrais te détester. Mais je devrais aussi te remercier. Tu m'as tiré d'un mauvais pas, mais ces hommes n'avaient rien à faire sur ton ile. Et si tu n'avais pas été si buté.... »
                          Lamentablement, je me redressai. Enfin, je tentai. Mes jambes pesaient des tonnes, et j'avais des picotements aux bouts des doigts, sans que j'eus pour autant des sensations dans le reste des bras. Ma tête... je subissais une sorte de vertige lié à une très grande lassitude... Une envie de dormir contre laquelle je luttais.

                          - « D'ailleurs, tu ne devrais pas être là. T'es sûrement pas en état de jouer les chevaliers venant au secours de demoiselle en détresse. Et tu sais ce qui m'énerve le plus? Je n'aurais pas dû avoir besoin de ton aide. Trois pauvres couilles-molles comme ça. J'aurais dû être capable de m'en sortir!!! »
                          Finalement, j'arrivai à me relever et à m'installer aux côtés du colonel, drapant ma nudité dans les pans du manteau. Il avait beau m'avoir vue nue la veille, la situation était différente. D'ailleurs, sans cette agression, je ne me serais pas gênée pour me blottir contre lui, profitant de sa chaleur - tout en appuyant sur quelques de ses blessures, histoire de...

                          - « Je ne veux pas qu'on me dise que les autres ont eu peur pour moi. Je ne veux pas qu'on me voit encore comme une gamine mal dégrossie, ou la fille du Lieutenant Colonel Raven, ou l'agent du gouvernement. Je suis tout ça, mais je suis surtout moi avant tout. Et j'ai de la valeur! Bon sang est-ce que c'est si difficile pour le Gouvernement de penser sans étiquette et cases aux formes définies qu'il faut remplir!!! »
                          C'était tellement injuste. J'avais hérité d'une mission pourrie et j'avais fait mon possible pour la remplir au mieux, tout en effectuant mon job de révolutionnaire. Résultat des courses: je m'étais frittée une Face de Morue et maintenant Trois Crétins. Toute seule. Moi, dont la spécialité restait l'espionnage et l'information. Pas le combat et la gestion des têtes de lards.
                          Je reniflai, retenant mes larmes. Hors de question de pleurer devant Alheïri. Je ne sais pas pourquoi, mais je refusais de me montrer encore plus misérable. C'était peut-être totalement puérile, sachant qu'il s'agissait de l'homme qui m'avait trouvé sur le point de passer à la casserole, mais je ne pouvais que me retenir à l'idée qu'il ne me verra jamais au plus faible de ma forme. Pourquoi est-ce que je sentais ce besoin irrépressible de prouver à la face du monde et particulièrement à cet homme, que j'étais forte... que j'en avais dans le pantalon. Après tout, jamais les hommes ne montraient qu'ils avaient des failles? Pourquoi devrais-je en avoir?

                          - « Ce navire? Va-t-il vraiment changer la face du monde? Mérite-t-il autant de sang et de douleur? Valait-il que tu y attaches à ce point tous tes espoirs de vie? Ne trouves-tu pas que tu as des milliers de façon, autrement plus flatteuse qu'un bâtiment, de mettre en avant tes compétences? »
                          J'étais passé au tutoiement sans m'en rendre compte. Il faut dire que je n'étais pas en mesure de réellement réfléchir. A tout moment, je me sentais piquer du nez. Et ma tenue me promettait un bon rhume demain... voir une pneumonie.

                          - « Parfois, je me demande vraiment pourquoi après toutes ses années, nous avons encore besoin de tels mastodontes armés. Le Gouvernement est-il à ce point si peu doué? » Je reniflai encore une fois et passai la manche du manteau d'Alh sous mon nez. « Autant rentrer. Cette vue me déprime. Je ne peux pas continuer à me voiler la face: ma mission est un échec. Je ne suis même pas capable d'inspecter une base sans la mettre sens dessus dessous. Au bout du compte, je ne sais toujours pas ce que je suis venue faire ici. »
                          Je me levai en titubant. Je n'osai imaginer l'image que je renvoyais de moi: couverte de boue, de sang, les cheveux à va-l'eau, nue et griffée sous un manteau deux fois trop large pour moi.

                          - « Il paraît que ce qui ne tue pas rend fort... J'ai encore du mal d'où je suis devenue forte après tout ça, mais je devrais trouver. Après tout, il paraît que je ne suis pas débile... Maintenant, si tu m'excuses, je vais rentrer. Toute seule. Sans offense, mais je ne veux pas voir un homme pendant un bon moment. ... Et nettoie-moi ce meitou. Comment veux-tu devenir amiral en chef si tu ne prends pas soin de ton arme... merci de l'avoir dégainé pour moi, ceci dit. »
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