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Suspicion au sein de l'île ~ L'arrivée d'une Cipher Pol {Shaï} [Terminé]

    Ses pas retentissaient bruyamment sur le dallage qui recouvrait le couloir des différentes chambres de luxe ; chambres qu’il avait spécialement apprêtées pour ses futurs invités quelques peu indésirables, voir carrément embarassants. Sa mine traduisait une certaine lassitude ponctuée par une moue paresseuse et son bâillement n’arrangea en rien, le tableau qu’il pouvait nous offrir de sa forme actuelle. Il était fatigué, quoique satisfait des travaux fournis ces derniers temps. On était maintenant au jour J. Jour où des représentants du gouvernement mondial venaient squatter sa base, sous ordre des hautes instances pendant quelques jours. Lui n’avait tellement pas compris cette initiative de ses supérieurs et se demandait encore pourquoi, tant la raison énoncée était absurde. Venir contrôler ce qu’il faisait dans cette base après avoir été gradé depuis une semaine seulement ? C’était con. Et l’adjectif reflétait véritablement la bêtise dont faisait preuve les plus grands de la marine dans toute cette histoire. C’est aussi dans ces moments là qu’il aurait du se convertir en soldat d’élite pour pouvoir tranquillement voguer sur les différentes mers de ce monde. Malheureusement pourtant, c’était sans compter sa flemmardise qui le hâta à accepter rapidement ce poste sans trop réfléchir lorsque l’offre fut offerte. Entre nous, qui n’accepterait pas de se la couler douce pendant un bon moment, en plus d’une ville notable sous son emprise, aventuriers dans l’âme mis à part ? Car ce poste de colonel n’avait que des avantages à première vue. Les inconvénients étaient assez minimes, puisque bien nonchalant, Salem était un officier qui savait faire preuve de sagacité quand il le fallait. Ce qui était très rare cependant, vu son penchant pour l’alcool et les femmes aux plastiques des plus appréciables. Dans le même temps personne ne pouvait lui en vouloir. Ses marines l’adoraient grandement et profitaient même de son laxisme. Les populations sous sa protection n’avaient pas à se plaindre du boulot et des règles qu’il mettait en place. Il était loin d’être le tyran sanguinaire qu’on connaissait du précédent colonel, si ce n’est un gros nounours doux et gentil qu’on pouvait se targuer d’avoir câliné une fois au moins. Les faits étaient là. Salem bossait très bien et personne ne pouvait vraiment dire le contraire malgré sa paresse légendaire. Il méritait amplement ce poste, voir plus.

    Mais peut être bien que cet avis n’était point partagé. Peut être que ses supérieurs voulaient s’assurer du bon fonctionnement de l’île. Parce que pour envoyer un membre d’un Cipher Pol à la tête des quelques fonctionnaires, fallait quand même le faire. Il trouvait cela trop osé, voir carrément insultant envers sa personne. N’avait-on pas confiance en lui, au point de vouloir déjà le contrôler comme un enfant susceptible de faire rapidement caca dans sa couche ? Légèrement mécontent il ne s’en était pas plaint néanmoins. Pourquoi, comment et dans quel but l’aurait-il fait d’ailleurs ? Situation qui sans aucun doute n’aurait servit qu’à leur donner raison sur leurs entreprises assez louches. Pour avoir côtoyé des Cipher pol comme ceux qui appartenaient à l’unité 9, ils savaient ces gens complètement détraqués. Le cas même d’une certaine Bara Emi avec qui il avait plusieurs fois partagé telle ou telle mission de grande envergure lorsqu’il était encore lieutenant. Une femme plantureuse qui n’hésitait cependant pas à effectuer quelconque torture ou meurtre. Des gens bien bizarres. Qu’est ce qu’un membre de cette branche faisait dans l’histoire ? Une question pertinente. S’il se souvenait bien, ces gens n’avaient aucune autorité sur le bras armé du gouvernement si ce n’était même le contraire. De quoi faire chier, je vous assure. Et puis qu’est ce qu’ils viendraient vérifier ceux là ? Qu’il n’y avait pas de poussières sur les meubles ? Que ses soldats se nourrissaient bien ? La paperasse qui s’entassait malencontreusement sur son bureau désordonné ? Quand à la dernière argumentation intérieure, Salem leur souhaitait bien du courage en émettant un rire, alors qu’il continuait ses inspections de dernières minutes. S’il était dans l’obligation de les traiter comme des rois, il n’était en aucun cas obligé de les aider et même qui pouvait leur foutre des bâtons dans les roues. Une chance heureusement qu’ils étaient tombés sur un philanthrope de son genre. Il allait finalement les aider selon son taux de bonne foi et encore. Cela accélérerait sans aucun doute leur visite, afin qu’ils déguerpissent au plus vite. Un souhait véritablement ardent qu’il semblait ne pas nourrir seul. Dans les chambres, il voyait ses hommes vérifier et revérifier tout ce qui pourrait nuire à leur image. Eux aussi mettaient la main à la patte. Preuve que ces braves zigs voulaient eux aussi que cela se termine rapidement. De bon augure alors que l’heure fatidique arrivait enfin…

    La sirène retentissait bruyamment dans toute la base, pour ne pas dire dans toute l’île. Un navire était sans doute en vue. Soupirant, Salem qui déjà était à l’avant dernier étage de la grande tour qui surplombait ces terres, se rendit d’un pas lent dans son bureau, accompagné par deux de ses soldats de mains. Muni d’une longue vue de sa main droite, il la pointa vers l’horizon quand il put apercevoir le symbole du gouvernement sur la plus grande voile de la frégate fluviale qui arrivait. C’était bien eux. Légèrement courbaturé, Salem réussit tant bien que mal à enfiler une chemise blanche convenable sur lequel il ajouta un léger gilet noir pour ne pas revêtir de costard. Ce n’était pas son genre. Pliant les manches jusqu'à ses coudes, il bailla une énième fois avant d’enfiler un pantalon noir, des souliers noirs bien cirés et enfin, la veste d’officier de la marine logée sur ses épaules. Le tout après avoir plus ou moins lavé son visage. Même si l’officier était las, il n’en demeurait pas moins qu’il lui fallait être un minimum présentable. Et puis s’en suivit un discours assez bref avec tous ses hommes réunis dans la grande cour de la base. En tant que bon colonel, il leur donnait les dernières consignes à suivre, avant d’ordonner aux cuisiniers d’improviser quelques mets en plus qu’ils allaient servir dans une salle spéciale à l’abri du bruit perpétuel du réfectoire. On était aux environs de onze heures et demi quand le l’homme à la carrure des plus impressionnantes quittait enfin la base accompagnée d’une cinquantaine de soldats derrière lui. Il ne leur fit pas plus de cinq minutes pour traverser la ville, dans le but de se rendre sur la côte, sous les regards interrogateurs des quelques civils qui n’étaient au courant de rien. Le bateau était proche et le timing était bon. Au passage, il avait acheté un bouquet de fleurs pour faire forme, ne sachant même pas l’identité du Cipher Pol. S’il s’agissait d’un homme de forte carrure semblable à la sienne, lui et ses hommes n’allaient certainement pas se cacher pour rigoler ouvertement de lui lorsque Salem le lui remettrait. M’enfin tout cela restait à voir. C’est ainsi qu’arrivé au petit port, l’héritier des Fenyang disposa correctement ses hommes qui se mirent automatiquement au garde à vous. Lui trônait à leur tête avec son gros bouquet de roses rouges dans une main et sa veste virevoltante au gré du vent…

    C’était l’heure.


Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Mer 1 Fév 2012 - 23:10, édité 1 fois
    Suspicion au sein de l'île ~ L'arrivée d'une Cipher Pol {Shaï} [Terminé] En_tat10


      Bon…

      Pour UNE fois, je n’avais pas hérité d’une mission TOTALEMENT pourrie. Juste CARREMENT inutile ET ennuyante ET ennuyeuse…
      Faut pas qu’ils s’étonnent, au gouvernement mondial, qu’on les trahisse, si au bout de 8 ans de bons et presque loyaux services, et deux comme agent assermenté, la seule mission qu’ils daignaient me confier était l’inspection d’une base de seconde zone au tréfonds de nulle part… Mais franchement, est-ce que j’ai le look d’une fille qui inspecte les bases ? Je vais vous dire, c’est de la discrimination sexuelle…. Parfaitement ! Parce que je suis une fille, les problèmes de ménage pas fait, d’uniformes mal repassés, c’est pour moi… Je veux dire… Je ne m’attendais pas à ce qu’on me montrât l’artillerie, l’atelier mécanique ou autre chose un peu près utile à la Marine et au Gouvernement.

      Et toc, rien que pour les ennuyer, c’est e-xac-te-ment ce que j’allais faire. D’où les piles et étalages de cadavres de bouquins rébarbatifs qui jonchaient le sol de la cabine qui m’avait été allouée, sur ce grand bâtiment qui m’acheminait vers East Blue. Des manuels techniques, des schémas, des plans, des équations et autre machins-trucs-bidules qui font wip, clip, crap, bang, vlop et des zip, shebam, pow, blop wizz !
      Quelques jours, pour me transformer en experte en choses militaires. Bah, je connaissais mon talent de comédienne, mais je ne voulais pas trop tenter ma chance, non plus. Et puis, quelque part, je me persuadais que ce n’était pas de la connaissance futile. Bien que je n’aie pas encore eu à me battre, je savais que ma voie ne serait jamais calme et reposante. Encore plus maintenant que j’avais trahie. Un jour où l’autre, je devrais répondre à l’appel aux armes lancé par mes compagnons de lutte. Au départ, cela avait été un jeu, un défi, d’apprendre le corps à corps et les techniques de Cipher Pol. L’envie de bien faire, aussi, avait guidé mes pas.

      Ah, les voyages me rendaient mélancoliques. Ça et la solitude, aussi. J’étais seule femme à bord, et seul agent gouvernemental. Même si la Marine et Cipher Pol travallaient main dans la main, il y avait une séparation entre nos deux mondes, et c’était dans les circonstances actuelles qu’elle se voyait, cette ligne. Pour le moment, j’étais l’ennemie, celle qui allait inspecter un camarade et peut-être critiquer, voire mettre en péril le travail minutieux de l’un d’entre eux…
      Une mission ennuyante, mais emmerdante aussi. Je ne pouvais pas faire le moindre faux pas diplomatique. Et cela aurait été idiot de ma part de me berçait d’illusions : tous les savaient. Tous, c’étaient les chefs, qu’ils fussent de Cipher Pol ou de la Marine. C’était chercher les emmerdes, de confronter un colonel certes fraîchement promu, mais fort d’une expérience et d’un charisme prouvé, à une frêle jeune femme dont l’apparence était trompeuse. J’avais beau être, sur le papier, investie de toute la puissance du Gouvernement Mondial, qui pouvait vraiment au sérieux le rapport d’une gamine qui n’avait pas de fait d’arme exceptionnel à son actif ? Cela faisait huit ans que je hantais les bureaux du CP, mais je n’avais gagné mes galons d’agent que « récemment »… Et un agent, contre un colonel ?

      Cela sentait mauvais. On voulait me piéger. J’étais la brebis sacrifiée sur l’autel d’un plan qui me surpassait de lui… ou au nom d’une main de passe d’influence… Quelqu’un qui voulait faire de la place pour son fils, sa nièce ou autre, peut-être ? Avais-je déplu, ou pire, un membre de ma famille avait-il déplu, au point que le retour de bâton se faisait sentir sur ma « carrière » ? Bon, je devais sûrement psychoter un max, mais c’était carrément possible, si ? Le monde politique du gouvernement et de la marine… tous pourris ou totalement aveugles. Mon père et mes frères compris… Je les détestais, au plus haut point. Pas étonnant que je les avais trahi, en fait…

      Et c’était la seconde raison qui me poussait à vouloir « bien » faire mon boulot et ne pas faire juste une visite de protocole, ce qu’on attendait en fait de moi. C’était l’occasion rêvée pour moi de réunir de l’intel sur la Marine, de dresser un inventaire et une carte précise de cette base et de me renseigner sur les dernières inventions techniques et technologiques… les dernières rumeurs, les derniers « contre-renseignements »… Qu’importe cette base. Cela pouvait être un lupanar scandaleux ou un modèle de perfection, la seule chose qui m’intéressait était ce second rapport, le vrai en fait…

      Mes pensées m’avaient tiré de ma tanière et j’étais sortie sur le gaillard ailleurs, pour prendre l’air, plus machinalement que par envie. Les regards de l’équipage pesaient sur moi… Je bondis sur le prétexte donné par le capitaine, selon lequel l’île était bientôt en vue, pour y retourner, sans perdre la face. J’occupais mon temps à rassembler mes bagages, qui pesaient donc le poids d’un âne mort, et à ressasser mon plan de bataille.
      J’allais être charmante, mais froide. Neutre, impartiale. Fouineuse, exigeante, dans le fonds comme dans la forme. Irréprochable donc. Faisant à la fois ce qu’on attendait de moi, faire la marionnette pour satisfaire ceux et celles qui voulaient que je joue ce jeu, et faire un excellent boulot à l’égal d’un autre CP. Mais pas trop. Ne pas attirer l’attention sur moi. J’avais ce talent, que de pouvoir concilier les extrêmes et les contradictions. J’étais duel, duale… Ma grande fierté. En plus des ongles, bien sûr…

      J’occupais mes derniers instants à bord à relire, entre une petite douche, un brushing et une séance maquillage, le dossier du commandant de base. Un certain Alheïri S. Fenyang. Le classeur était aussi vide que l’impression qu’il m’inspirait. Je n’avais aucun détail personnel ou intéressant, qui m’aurait permis de réellement juger la personnalité du brun dont la photo ne renvoyait qu’un homme qui abordait la vie avec trop de bonhommie. Comme si c’était « tranquille », la Marine. Encore un qui n’avait jamais tâté le sabre d’un pirate. Vous allez dire, moi non plus. Ouais. Mais moi, je suis une révolutionnaire, maintenant… Et croyez-moi, on ne devenait pas révolutionnaire comme on devient membre d’un gym-club…

      Mon uniforme noir était impeccable, mes bottes noires cirées, la visière de ma casquette luisante, mes cheveux lisses et mon gloss brillant. J’enfilai mes gants, faisant craquer le cuir qui sentait bon la cire. Un dernier geste pour prendre mon trieur et cette ridicule cravache, qui faisait partie de mon personnage-masque. Celui que tout le monde voyait. Celui que tout le monde faisait être un masque. Et donc on ne cherchait pas plus loin, se contentant de me cataloguer comme une bécasse à la cravache. Des rôles dans des rôles. Un beau jeu de poupées russes…

      Le navire avait accosté. La passerelle avait été descendue. L’attente avait été assez longue (dix minutes pour décider qu’il était temps pour moi de faire mon apparition… dix minutes à attendre, sur le quai… Juste assez pour énerver quiconque était bien élevé ou un minimum intelligent… sans être moi-même grossière)…
      - « Colonel Fenyang. » Je saluais la grande silhouette d’un coup de tête, après avoir fait tout mon show en descendant le dénivelé entre terre et mer en oscillant des hanches, un sourire de défi aux lèvres. « Agent Raven-Cooper. » Est-ce que mon nom allait lui dire quelque chose ? Dans la Marine, ma famille n’était pas une inconnue… « Je suis chargée d’évaluer cette base. Je vous remercie de votre coopération et de votre… remarquable accueil…. »
    • https://www.onepiece-requiem.net/t1165-l-agent-double-s-habille-e
    • https://www.onepiece-requiem.net/t1127-shainess-raven-cooper-termine
      C’était un navire standard du gouvernement. Mais tout de même assez imposant, pour une embarcation qui circulait sur les Blues. Et puis on parlait quand même du gouvernement ce qui n’était alors pas vraiment surprenant de leur part. M’enfin, là n’était pas le plus important sur le moment. Car si Salem et ses hommes étaient d’une ponctualité irréprochable, il en allait de même pour les personnages qui emplissaient cette frégate qui accostait enfin à quelques mètres d’eux. Jusqu’ici encore, tout allait bien pour sa plus grande joie. Par pure curiosité, Salem jeta néanmoins un coup d’œil derrière lui et put constater l’anxiété qui gagnait tous ses hommes aux visages faussement flegmatiques. Souriant, il finit par leur lancer un cri de guerre qui leur était propre, avant qu’ils ne reprennent automatiquement le poil de la bête par des cris camouflés par le bruissement qu’occasionnait le bateau. La figure de proue qu’il représentait faisait bien son travail. Le courage était de mise. Pourquoi de simples fonctionnaires leur ferait peur, juste parce qu’ils avaient eu le loisir de contempler l’effrayante insigne des gouvernementaux sur une voile des plus gigantesques ? Que du bluff selon Salem. Bluff qui marchait cependant très bien. D’une part, l’appréhension de ses soldats était assez compréhensible. Le colonel qu’il était en avait vécu des choses, sur Grand Line. Ces soldats par contre n’avaient jamais eut le loisir de voguer sur cet océan formateur. Ici sur la mer considéré comme la moins dangereuse du monde , il n’y avait jamais de grandes frappes, ou rien de vraiment notable. La base maritime implantée dans la ville faisait vite de décourager les plus hardis des pirates de cette région. Comment pouvaient-ils alors se forger une expérience s’il n’y avait jamais rien alors ? En faisant rapidement le lien avec l'aspect actuel des choses, pourquoi venir contrôler une île qu’on savait relativement calme ? Des questions qu’il s’arrêta de se poser tout en regardant la passerelle se dérouler et tomber sur le sol, dans un bruit assez sec qui faisait vite de rappeler à l’ordre. D’une autre part, le gouvernement avait raison d’agir de la sorte. Il fallait inspirer le respect et la crainte chez certaines personnes et Salem était foncièrement de cet avis. Quoiqu’au bout d’un moment, l’habitude prenait le pas sur la crainte inspirée par ce régime militaire qui s’avérait parfois superflu et vieux jeu. Le cas de sa situation était un exemple concret de la chose. Pourquoi venir le contrôler, et dans quel but ? Son dossier était-il entaché d’une grosse bourde inadmissible ? Tout cela était à voir… Et stoïque, il subsistait.

      L’attente fut plus ou moins longue. Voir carrément chiante. Qu’est ce qu’ils attendaient pour faire leur apparition ceux là ? Ils croyaient qu’on était en plein milieu d’une scène dramatique où on faisait tenir en haleine le spectateur ? Des situations comme ça qui l’exaspérait au plus au plus point. Il était flemmard de un, ce qui incluait le fait qu’il voulait vite finir avec cet accueil et le gouvernement de deux, était déjà assez respecté comme ça pour qu’ils fassent leur malin pour en rajouter une couche de trop. Ce n’était pas parce qu’ils étaient basés dans un trou paumé au fin fond d’East Blue qu’ils avaient à subir ça, hein. Salem allait bien vite leur rappeler qu’il faisait partie du quatuor des officiers les plus connus pour leur force. Ou non finalement. Il n’allait rien faire. Pas la peine d’arroser le feu déjà ardent, d’une bonne dose d’huile. Qu’ils fassent seulement. Lui allait prendre sur sur ses épaules déjà éprouvées, pour qu’enfin se termine ce début de calvaire. A peine arrivés qu’ils énervaient déjà le colonel qui avait toujours cette mine imperturbable. Imperceptiblement cependant, il mordit dans la tige de persil coincée aux commissures de ses lèvres en finissant par soupirer quand il eut la vue d’une silhouette approchante. Ce n’était pas trop tôt. Fallait quand même qu’ils se grouillent. Ici on n’était pas dans un centre de loisir, mais bien dans une base purement militaire. Les mijaurées et les fils à papa grossièrement pistonnés, on les matait aussi simplement soit-il. Mais encore une fois, Alh' se surprit entrain de prendre une âme de dur ce qui ne lui ressemblait pas tellement. Non qu’il n’était pas dur, mais plutôt du genre laxiste. Dans ce cas seulement, il y avait des choses qui le dépassaient et qui le contrariaient, d’où ses pensées absurdes, mais pas totalement dépourvues de bon sens. Il allait les remettre à leur place si besoin se faisait sentir. Un claquement soudain vint le retirer de ses pensées, puis un deuxième et ainsi de suite. Ses yeux glissèrent sur l’appontement qui lui faisait face, avant qu’il ne rehausse un sourcil. Une silhouette filiforme descendait. L’engouement chez ses hommes se manifesta bruyamment par des sifflets et des exclamations exagérées à la manière des forbans en rut. Et encore une fois, ils n’avaient pas tort de s’extasier ainsi. Il y avait ces déhanchés sexys. Cette tenue impeccable dans laquelle moulaient des formes opulentes. De lèvres pulpeuses et à priori gourmandes rehaussées par un gloss. Enfin, cette chevelure d’un rose éclatant et ce minois qui finissait d’achever votre conscience.

      En somme, le prototype de la bimbo à qui personne ne pouvait vraiment résister et qui semblait sure d’elle de par le sourire sulfureux qu’elle arborait sans pudeur. Elle était… Bonne. Ouaip, c’était le mot. Des cris de joies fusèrent après sa descente digne d'une vraie call-girl, dès lors qu’elle avait fini brièvement de se présenter tout juste devant un colonel assimilable à une statue de granit marin. Si lui n’avait pas bougé d’un pouce alors qu’il était toujours le premier à devenir fou devant la beauté d’une dame, c’était bien parce que ses yeux s’étaient hasardés sur cette cravache qui lui donnait l’image d’une dominatrice qui n’avait même pas encore commencée à lui en faire voir de toutes les couleurs. Une sadomasochiste, se disait intérieurement. Alors que ses hommes étaient au bord du suicide devant cette femme qu’ils adulaient dans le tintamarre le plus total, Salem libéra sa main de libre de la poche qui l’emprisonnait et pointa le bateau sans pour autant ciller ne serait ce qu’une fois sur ce visage qui prenait un malin plaisir à essayer de le narguer. Ces hommes qui avaient vu le signe de main, se hâtèrent de se diriger vers le navire, dans le but d’avoir l’honneur de soulever les affaires de mademoiselle ici présente. Profitant alors du brouhaha environnant, le colonel reprit ses bonnes habitudes, comme par enchantement puisqu’il fit une légère révérence à la Cipher Pol qui daignait le saluer, avant de prendre la parole…

      • J’espère que le voyage n’aura pas été trop éprouvant… « Miss Cooper »

      Dit-il suavement avec un sourire identique à celui qu’elle lui offrait gratuitement. Il se serait bien passé de ça. Il aurait bien voulut refouler ce caractère galant qu’il avait avec les femmes, mais ses hormones si l’on peut le dire ainsi, reprirent les commandes au profil d’une réserve indispensable. Avec un soupçon d’audace, le grand brun s’était penché vers la jeune femme, dans l’optique de déposer un subtil baiser sur sa joue. Ce geste pouvait causer sa perte ? Qu’il en soit donc ainsi. Lui n’était pas homme à regretter ses actes. Tout en se redressant de son initiative qui lui permit d’humer les senteurs exquises et fruitées de la donzelle, il replongea ses prunelles gorgées de pierres précieuses dans celles de son interlocutrice avant de renchérir de sa même voix…

      • Je suppose que je suis obligée de garder ces fleurs, vu vos mains occupées… Qu’est ce qui ferait donc plaisir à mademoiselle en ce moment mis à part ce modeste présent ?

      Diplomatie quand tu nous tiens… Mais en même temps, avait-il vraiment le choix ? Le colonel ne faisait pas semblant. Et il était justement préférable que le respect soit de mise pour une efficacité de la mission du Cipher Pol qui lui faisait face. N’attendant donc pas sa réponse sur le coup, le malabar s’écarta légèrement et présenta de sa main de libre, le chemin par lequel ils atteindraient la base. Il n’y avait qu’à suivre la ligne qui se traçait devant eux sans prendre aucun tournant et on y arrivait. Malheureusement pour elle, il n’y avait aucun moyen de locomotion pour ces quelques mètres, si ce n’était les pieds. S’attendant à un caprice, Salem s’autorisa tout de même à le lui signifier sans aucune pique ou sous-entendus acerbes… pour le moment :

      • Si vous voulez bien vous donner la peine dans le même temps... La base se trouve tout droit et vous aurez même le temps de contempler la tranquillité de la bourgade. Je suppose que cela fait aussi partie de l’inspection... non ?
        Tiens, c'est nouveau, ça... Depuis quand les colonels tapent la bise aux agents du CP? M'enfin, personnellement, ça ne me dérangeait pas, essentiellement parce qu'il n’était pas trop moche, mais bon... C'était plutôt l'esprit de la chose... La Marine... la Mââââârine ne enorgueillissait-elle pas de son code de conduite et de la morale de ses officiers et autres subordonnés, tous prêts à mourir dans l'honneur et la dignité, pour sauver le monde, la veuve et l'orphelin des miiiiichants pirates et n'affreux révolutionnaires et autres bêbêtes mââléfiques qui hantaient les quatre océans? Ne devaient-ils pas tenir le protocole comme le sacro-saint des saints? Et, vous m'excuserez, j'ai une image à tenir. On ne tape pas la bise au Gouvernement, point barre à la ligne. Et encore moins à moi. Sinon, cela voudrait dire que je ne suis pas un véritable agent, que mon titre n'est qu'un bluff, et que je n'étais qu'une bimbo de parade.

        Je devais agir. Ma cravache bougea rapidement, pour venir se loger sous le menton du Colonel. Dommage, je le trouvais assez sympathique. Enfin, tant qu'il n'ouvrait pas la bouche. Toutes ses paroles avaient été, pour le moment, que double sens, reproches et insinuations. Certes, j'avais lancé la chose, en prenant délibérément mon temps pour descendre. J'avais aussi tout fait pour me donner l'idée d'une greluche. Mais c'était à lui de ne pas tomber dans le piège, et de me traiter avec neutralité, comme si j'avais été un vieux crouton vicelard, ou une armoire à glace de 2m30 et 210 kgs.
        Je le regardai droit dans les yeux, pour bien appuyer mon propos:
        - « Raven-Cooper. Agent Shaïness Raven-Cooper, Mon Colonel. » susurrai-je d'une voix égale, sans trace de taquinerie. Sur ce point, j'étais mortellement sérieuse. Enfin, mentalement-mortellement sérieuse. Je n'avais aucune chance face à un militaire aguerri, technique spéciale ou pas... Il faudrait d'ailleurs que j'en inquiète... Je n'avais plus tellement progressé depuis quelques temps, une fois le Geppô et le Kami-E maîtrisés. Certes, j'avais reporté mes efforts sur le combo sabre-fils, mais rien de tout ça n'était à ce point spectaculaire que je ne pouvais m'imaginer capable de survivre dans un combat réel.

        Je l'avais repris, et m'estimant satisfait, je laissais retomber ma cravache à mes côtés. Je ne voulais pas me le mettre à dos, en froissant sa susceptibilité de mâle, et encore moins dénigrer son rang de « chef de meute » au sein de cette base. Je ne pouvais pas le rendre ridicule, perte de prestige et donc d'autorité, devant ses hommes. Mais il devait comprendre que j'étais, pour le moment, son égale, et que j'entendais être traitée comme telle.

        Je claquais brusquement des doigts de la main gauche et agitait mon index en direction du premier clampin qui passait à ma portée. Ça, ce n'était pas ce qui manquait. Le quai semblait grouiller de gars. Je lui remis ma sacoche, sans un mot ou un regard, mon attention étant totalement tournée sur Fenyang. De cette main justement libérée, et avec un peu de jonglerie avec ma cravache, qui était judicieusement munie d'une boucle de poignet, je pris délicatement le bouquet de fleurs.
        - « Elles sont superbes, je vous remercie. Un agent masculin aurait sûrement été moins touché par cette attention. Et je doute qu'il eût reçu le même accueil... enthousiaste de la part de vos hommes. » Et là encore, j'enfonçais le clou. Je n'avais pas apprécié, mais pas du tout, de me faire siffler et huer comme ça. Pour qui me prenaient-ils? Une strip-teaseuse de bas quartiers? J'étais... j'avais été... une jeune fille de bonne famille. De la haute société, même. Ce genre de comportement, jamais, oh non jamais, serait flatteur. On aurait dit des puceaux en manque de revues cochonnes... « Puisqu'ils semblent avoir de l'énergie à revendre, je me ferai un devoir... et un plaisir... d'inspecter leur entraînement et entraîneurs. Peut-être sont-ils traités avec trop de douceur? Arrêter de progresser, c'est être inerte. Et l'inertie tue... »

        J'allais devoir écouter mon propre conseil. Mais avant tout
        ET TOC!
        Satisfaite de mon petit laïus, et terriblement contente à l'idée de faire trimer toute la bridage lors d'un entraînement dont ils se rappelleraient toute leur vie, je me tournai enfin vers l'objet de ma mission: la ville et la base qui la surplombait. Une moue dubitative se dessina sur mes lèvres.
        - « Plaisir? Je ne suis pas là pour le plaisir. Je suis en mission, aussi débile puisse-t-elle vous sembler. Je ne viens pas faire du tourisme non plus. Essayez au moins de comprendre ça... Nul doute que la ville est jolie, les rues balayées et les enfants de l'école prêts à me réciter je ne sais quelle fable en coeur. Croyez-vous vraiment que c'est ma première inspection? » Je bufflai. C'était ma première et, je le souhaitais ardemment, dernière inspection. Mais mon père en avait fait son quota, et en avait suffisamment parlé pour que je sus parfaitement à quoi m'en tenir. - « Je ne vais pas aller voir ce que vous voulez que j'aille voir. Justement. Ce que vous voulez planquer, dissimuler ou brouiller, c'est exactement ça que j'irai voir. C'est pour ça que j'ai été envoyée. Les femmes sont beaucoup perspicaces que les hommes, en ce domaine. Particulièrement moi. Je peux être très chiante, si je le veux. A vous de faire en sorte que non. »

        Et RE TOC!
        Je dédiai au Colonel une œillade espiègle, la commissure des lèvres frémissantes d'un sourire moitié moqueur, moitié sincère, et je levai un unique sourcil en hauteur, mimique assez difficile à faire, et qui invitait, pour le moment, au défi.
        D'un pas vif, mais pas pressé, je me mis en marche. Passant rapidement devant les boutiques, résistant sans peine à l'attrait relatif des vitrines – pouilleuses, sans aucun doute, dans ce trou perdu – je me forçai à me mettre dans la peau de mon personnage. J'examinai les murs de défense, le nombre de postes de gardes, la régularité des rondes. Enfin, je tentai.
        - « Colonel, quelles sont, d'après vous, les menaces les plus immédiates du secteur? Quelles consignes avez-vous données à vos troupes? Combien de patrouilles côtières par jour? Quelle est l'étendue du territoire qu'elles couvrent? »

        Alors que je débitais mes questions, toutes aussi pertinentes les unes que les autres, établissant pour la dernière fois mon rôle et mes atouts, ultime avertissement gentil avant mise en place d'une stratégie de représailles, je sortis de ma poche de ceinture un petit calepin. Raaah, je dus me résoudre à confier à la recrue qui trottinait derrière moi avec ma sacoche, mon bouquet de fleur.
        - « Fleur, vase, dans ma chambre. Sacoche, sur le lit. Merci »
        Un ordre double, certes, mais très simple. Il avait intérêt à réussir, sinon, je faisais détruire cette base pierre par pierre, à la main, par ce cher colonel. Je lui jetai un coup d'oeil et profitai de l'occasion pour noter qu'il était aussi mignon derrière que devant. Tant qu'il ne l'ouvrait pas...

        Nous arrivâmes à la base et là, je m'arrêtai devant les grandes portes. Je fis mine de réfléchir, calepin dans la main gauche, crayon dans celle de droite, et cravache au bout du poignet.
        - « Les tours de tir. » décidai-je. « Il paraît que vos canons frontaux ont une mobilité de 140 degrés, couvrant ainsi les parties latérales, grâce à un nouveau système de poids hydrauliques. Je veux voir ça... »
        Bah, pourquoi pas? Ça en valait bien un autre, d'endroit...
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        Salem allait lui faire bouffer sa cravache à cette femme, si et seulement si, elle s’hasardait à l’utiliser une seconde fois de la sorte. Parce que dans le même temps, il ne l’avait pas vraiment cherché, cet objet fâcheusement collé à son menton couvert d’une légère pilosité. Objet qu’il détestait tant qui plus est. Cela lui rappelait de très mauvais souvenirs, comme les corrections qu’on lui avait infligé tout au long de son apprentissage à Marineford, ou encore ces sales péripatéticiennes qui avaient eut l’audace de lui administrer des coups avec en bonne dominatrices qu’elles étaient. Encore qu’il pouvait comprendre le geste osé qu’il s’était autorisé sur sa joue, mais toute cette petite remontrance pour avoir mal prononcé ce nom qu’il trouvait bien trop long à son gout ? C’était assez fort. Trop fort à son goût. Ce n’était pas comme s’il l’avait écorché, hein. Fallait quand même pas oublier qui était le chef de ces terres. Vite à fleur de peau, la belle demoiselle. Si ça remontait les bretelles pour un rien, Cooper n’avait certainement pas fini d’en baver avec toutes les bêtises que pouvaient s’permette ses hommes. De l’amusement en perspectives, sans aucun doute. Puis, vint l’acceptation du modeste présent non sans les remerciements qui allaient avec. Ils auraient pu être conformes, vraiment. Ils auraient pu. Mais c’était sans compter la petite dose d’aigreur qui traduisait une animosité certaine envers le précédent accueil orchestré par ses hommes. Hé ho ! Pas par lui ! Ce n’était surement pas sa faute s’ils n’avaient pas le bon sens d’aller chercher femme dans la petite ville qui leur faisait face. Encore moins si elle s’était attelée à mettre ses formes en valeur, déjà qu’elle était assez bien foutue comme ça. On récolte ce que l’on sème et c’est tout. Elle leur avait donné l’occasion de se rincer l’œil et de s’extasier ouvertement. Comment pouvaient-ils savoir qu’il s’agissait dès le premier instant, de l’inspectrice dépêchée ici ?

        Mais une fois encore, Salem n’avait pas du tout bronché. Il la laissa même proférer des menaces sur la vérification des différents entrainements en lançant un adage qu’ils étaient, de toutes les façons, très bien placés pour le savoir. Des paroles en l’air finalement. Qui ne s’attendait pas à ce qu’on inspecte chaque aspect qui faisait le bon fonctionnement de la base ? Elle ne lui apprenait rien là. Même qu’il s’organisa un petit rire railleur en lançant un regard malicieux à ses deux caporaux, ses hommes de confiance. Eux aussi semblaient être amusés par le virage que prenait la situation. Elle pensait quoi cette femme ? Les décisions du gouvernement mondial à part le conseil des 5 étoiles, pouvaient ne pas affecter le régime militaire de la marine. Car si elle pouvait compter sur les hautes instances intraitables certes, lui aussi de par ses nombreuses performances, pouvait énormément s’épauler de l’amirauté qui n’allait surement pas le laisser tomber. La marine était détachée des autres corpus de bas étages, comme le Cipher Pol… Mis à part les différents styles de combats à leur portée, Salem les considérait foncièrement comme des bons à rien, la plupart étant pistonnés par le prestige de leurs familles influentes. Or, à la marine, ne devient pas colonel qui veut. Salem pour sa part, avait transpiré pour l’avoir ce grade. D’ailleurs, le bonhomme n’allait pas s’arrêter de bon chemin et ce n’est certainement pas les dires et les rapports d’une gouvernementale qui allait changer son futur du tout au tout. Sa chance était la suivante : Elle était tombée sur un colonel un brin laxiste et complètement flemmard qui ne se plaisait pas à rabaisser ou à menacer, malgré ses raisonnements qui pouvaient laisser penser le contraire. Le petit plus pour cet agent, était son sexe. Sexe qu’il vénérait jusqu’à en mourir. Parce qu’en pensant à des mecs comme le capitaine Toji ou Ryuuku Gakuen, l’un de ses amis perso, il n’allait pas sans dire que la Cooper allait devenir folle, voir carrément paranoïaque…

        • Si l’on compte les renommées de Morgan le Bucheron et Vargas mes prédécesseurs directs, on peut évaluer les risques d’attaques à 15 % disait-il d’un ton assez las. East Blue est la mer la moins dangereuse et des petites frappes n’ont aucun intérêt particulier à attaquer une ville marine. Ce nombre risque de diminuer d’ailleurs, sachant que mon arrivée dans le secteur ne va pas rassurer les quelques forbans du coin. Les patrouilles sont quasiment perpétuelles vu les relais organisés et toute l’île est passé au peigne fin au moins une fois par jour. Quand aux consignes, elles sont assez diverses, alors, soyez un peu plus précise dans vos demandes…

        S’en était suivit la marche jusqu’à la base, ponctuée par des mots incisifs auquel il s’empressait de répliquer pas forcement de bon cœur. Le chic, c’est qu’il pouvait ne pas y répondre directement et envoyer quelqu’un d’autre à la besogne. S’il le faisait cependant, c’était bien parce qu’il s’était rendu compte des inconvénients que pouvaient avoir son grade. Il n’allait certainement pas se dérober maintenant que ses responsabilités étaient à prendre. Du moins, pas encore. Le sachant particulièrement fainéant, c’était de lui que ses hommes de main se moquaient et le colonel ne pouvait leur en vouloir. Il était en sale posture. Déambulant derrière elle, à la manière d’un canard boiteux, il s’autorisait cependant des coups d’œil lubriques sur sa croupe saillante qui rebondissait élégamment malgré elle. Bordel ! Si la Cipher Pol était d’une chiantise avérée, force était également de reconnaitre qu’elle avait de la grande classe. Ils auraient pu faire plus ample connaissance. Cela aurait facilité sa mission ici. Heureusement ou malheureusement, -Le colonel ne saurait que dire- la réalité était tout autre. Sans doute la vie qui était ainsi faite. Alors qu’ils arrivaient enfin devant la base, mademoiselle, non contente de se débarrasser des objets qu’elle avait en mains, en plus des ses demandes qui commençaient à fuser à la manière d’une fillette capricieuse ; s’attribua le monopole de lui donner un ordre intransigeant, et ce bien sur, sans une once de politesse au préalable. C’est dire comment elle se donnait de l’importance, ce qu’il concevait bien sur. Claquant sa langue sur son palais de manière véhémente, l’héritier des Fenyang fit un signe de tête à ses hommes qui s’engouffrèrent rapidement dans la base par une autre petite porte latérale. Pendant ce temps là, lui s’était avancé de quelques pas devants l’immense portail, avant de faire volte face vers son hôte, le visage quelque peu fatigué…

        • Il est de votre droit de demander. Mais il est aussi de mon droit de refuser certaines choses, je vous le rappelle. Je vais vous conduire aux canons. Je conçois que vous n’avez pas de temps à perdre… Et si j’estime vos demandes, c’est bien pour nous faciliter la tâche pour qu’au plus vite, se termine cette inspection. Mais j’ose espérer que ce sera la dernière fois que vous ordonner quelque chose sans amabilités. L’expression « s’il vous plait » n’est pas seulement réservée aux chiens… Bien. Ceci étant, vous n’aurez simplement qu’à me suivre…

        A peine sa tirade débitée que Salem bailla ouvertement et sans gêne. Il était fatigué et se plaisait à le faire savoir. Ce n’est que lorsqu’il se retourna vers le grand portail, que celui-ci s’ouvrait sans grincements, avant de donner petit à petit, une pleine image sur les bâtiments qui parsemaient le lieu et le grand terrain d’entrainement sur lequel était debout, le plus gros de son effectif. A sa vue, ceux-ci se mirent au garde à vous, les visages impassibles et tout le tralala habituel, avant de scander son nom au et fort de manière affective. Bien. D’ailleurs, il n’allait pas tarder à ricaner un peu. Et cela commença prestement, quand il leur ordonna d’une voix de stentor de saluer l’inspectrice Raven-Cooper, ce qu’ils firent respectueusement. La suite était évidente quand on voyait tous les mâles qui peuplaient le coin. Sifflements, cris… Tant de choses qui valorisaient la beauté de mademoiselle. Ce qu’elle avait de la chance, n’est ce pas ? A un tel point que Salem l’enviait dans son rire peu dissimulé. La situation ne s’arrangea du tout pas, lorsqu’il prit l’initiative de passer entre les deux rangées humaines qui lui cédait volontiers un large espace jusqu’à la plus grande tour. Son passage et sans doute, celle de la femme, occasionnèrent de nombreux sifflements admiratifs et même des évanouissements tant sa beauté était époustouflante… ? Salem se rire à rire ouvertement. Si tout ceci était pathétique, il n’en demeurait pas moins que c’était également très cocasse. A en faire pleurer de rire, putain ! Et puis, il finit par accéder à la tour et les montait les escaliers quatre à quatre, juste pour emmerder madame si jamais elle le suivait avec ses bottillons. Au bout d’un moment, il accédait enfin le dernier étage où il n’y avait qu’un seul bureau. Le sien. Son nom était gravé sur du métal collé à la porte en bois merveilleusement bien ciré. Mais ce lieu n’étant pas la destination voulue, il le dépassa donc, avant d’arriver à l’autre bout du couloir où il ouvrit une porte, avant d’atterrir sur des petits escaliers en spirales qui donnaient sur la dalle. Une fois ce dernier obstacle parcouru, l’homme put enfin s’exclamer avec plus ou moins de gaité…

        • Nous y sommes…

        La dalle. Le plein air, soit la brise maritime. La belle vue panoramique qui donnait sur toute l’île et vers l’horizon. Les objets de convoitises de mademoiselle qui parsemaient le coin à la manière d’une colonie de fourmis. L’endroit préféré du colonel. Il s’étira légèrement avant de craquer les jointures de ses mains et son cou. Les canons étaient là, sauf que…

        • Vargas et ses caprices avaient commandés une multitude de canons rayés. Malheureusement, les projectiles utilisés sont bien trop rares et bien trop chers. Ma réserve de boulets restants ne sera pas proie à des essais et vous m’en voyez désolé, vu que mes supérieurs tardent un peu à m’en approvisionner. J’pensais d’ailleurs qu'on vous enverrais avec, mais apparemment, c’est loin d’être le cas… Vous pouvez les essayer et constater leurs mécanismes, sans pour autant tirer. Pour ma part, j’vois pas l’utilité, mais je vous laisse vous débrouiller. J’vais dans mon bureau, la précédente salle que nous avons dépassée… Bref, si vous avez b’soin de moi, n’hésitez pas à ouvrir les portes sans taper… Autrement, mes caporaux se feront une joie de vous guider soit à votre chambre, soit dans une salle privée ou vous pourrez vous nourrir… A vot’ bon cœur, agent Coo… Heum… Raven-Cooper…

        N’attendant pas une seule réponse et ne daignant pas poser ses prunelles sur elle, Salem fit nonchalamment demi-tour dans sa démarche ridiculement comique, avant d’atteindre vite fait, le bordel administratif dans lequel était plongé son bureau. D’un coin, il se dénicha un verre, une bouteille de saké et se mit à le déguster, tranquillement assis sur son fauteuil moelleux et savourant tranquillement ce moment de détente… Qui n’allait pas durer. Et il le savait…
          Bah, et re bah.
          J'avais égratigné sa fierté d'homme, ça se voyait à l'œil nu. C'était peut-être viril, le colonel, mais également et surtout transparent. A quoi m'attendais-je? Pauvre idiote que j'avais été. Naïve de croire qu'un homme pourrait comprendre le jeu subtile des conventions et des apparences. J'étais peut-être femme désirable, j'avais peut-être tout fait pour me conduire en allumeuse... mais à ses yeux, comme à celui de chacun de ses subalternes, je devais être avant et contre tout, un agent du gouvernement. Tout comme ils n'étaient pas des hommes, avec leur corps et leurs aspirations, leur morale et leurs sentiments, pas des amants, des maris, des pères, des fils et des frères. Avant tout, des soldats. Des machines de guerre et de paix, prêtes à obéir aux ordres, quels qu'ils fussent...
          Le fait qu'il n'eut aucun contrôle sur ses troupes me prouvait que cet homme soit profondément idéaliste, soit totalement débile. Les soldats n'auraient pas dû avoir ne serait-ce que l'idée de se comporter comme des adolescents pré-pubères. Dans le meilleur des cas, parce qu'ils avaient pris conscience de leur rôle et qu'ils s'attachaient à le respecter. Ces hommes là, je les aurai respecté, même si leur allégeance était douteuse. Parce qu'au moins, ils croyaient en ce qu'ils représentaient. Dans le cas moyen, ces mêmes hommes auraient juste eu ce qu'il fallait d'éducation, pour ne pas profiter d'une crétine qui se comportait comme une Jezabel. Cela aurait prouvé qu'à défaut d'être de bons soldats, ils étaient des bons petits, élevés avec droiture et amour par môman. Des chics types, quoi. Dans le pire des cas, la garnison aurait dû mourir de peur à l'idée des représailles à subir de la part de leur chef qu'ils ne faisaient que péter de travers. Sauf que Alheïri n'avait pas les épaules assez larges pour être un salaud dominateur d'hommes....

          Bref... Ils étaient tous cuits... Et aucun chance de les sauver, à mon sens. C'était juste une brochette de glands, juste bons à se gratouiller les couilles au soleil et à jouer au soldat avec les pauvres abrutis du coin qui pensaient qu'il suffisait d'une barque, d'un drapeau noir et d'une bonne dose d'inconscience à s'appeler pirates, pour en être véritablement des vrais. De pirates, hein... Faut suivre un peu! Et après, on va me dire que les filles, c'est con comme la lune!

          Ayant tiré ses conclusions, après un long monologue avec moi-même, ce dernier et moi avions donc décidés d'être gentille et de passer le temps du mieux que l'on pouvait. Cette base ne retournerait jamais sa veste en faveur des véritables héros de cette époque, les révolutionnaires. Les saboter reviendrait à réveiller la once d'orgueil profondément étouffer sous les kilomètres de crasse mentale. Alors, autant en profiter... Un zoli petit rapport pour le CP, un peu fourni pour mes chefs, et voilà... J'espérai que ma chambre était confortable et la bibliothèque fournie... Les quelques jours sur place allaient soit être mortels, soit bien occupés.
          Et Môsieur le Colonel qui n'avait toujours pas compris les émois intérieurs d'une jeune femme qui se devait de s'imposer dans un monde de brûtasses était l'un des principaux éléments pouvant faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre. Il était sûrement gentil, pour que ses hommes l'appréciassent, mais pas trop, puisque ses collaborateurs ne le fissent pas tourner chèvre par leur abus. Et voilà qu'il commençait ENFIN à réagir. Finalement, il avait peut-être quelque chose dans le pantalon... ça commençait à m'intéresser. En plus, il y avait bien des façons de mêler l'utile et l'agréable...

          - « Justement, il ne vous plaît pas. » glissai-je en sa direction après sa première remontrance. « J'ai tout fait pour qu'il en soit ainsi. Sinon, ce n'est pas drôle, n'est-ce pas? Je suis censée être une sale morveuse asociale, de par mon rang et mon âge. Je ne fais que jouer avec les cartes qui m'ont été données ». J'étais sincère. Et malicieuse, alors que je lui dédia un regard par en dessous, à travers mes longs cils roses. « Et vous, quelle donne avez-vous reçu? Jusqu'où va le colonel et où commence le Alheïri Fenyang? »

          Hihihi, je le laissais se dépatouiller avec cette pseudo question philosophique. Au moins serai-je fixée, quant à savoir s'il se connaissait, s'il était honnête avec lui-même et surtout avec les autres. Ce n'était pas parce qu'on savait des choses qu'on les confiait au premier inconnu qui passait...

          Bon, je déchantai bientôt. Déjà, le spectacle de la grande porte qui s'ouvre. C'était un cliché, certes, mais toujours aussi percutant. Rien à dire, ça avait de la gueule, ces deux grands battants qui pivotaient, passage dévoilant un trésor.
          Ou pas.
          Encore pleins d'autres mollusques du cerveau capables de se frotter les genoux (et d'autres parties anatomiques réservées à la gente masculine) sans se frotter. Néandertal, rassure-toi, ton esprit est gardé vivant par nombre de tes héritiers!
          Le pire, c'était que l'autre baudruche se fendait la poire. Je ne savais pas encore comment, mais j'allais leur faire payer ce manque de délicatesse. Et le colonel aurait une leçon particulière. Je tentai de rester impassible, mais je me devais d'avouer que je sentais ma lèvre inférieure trembler de contrariété et de colère, alors que des larmes embuaient ma vision. Vaillement, je les repoussai, mais je savais le coût que cela posait: je devais maintenant avoir le bout du nez aussi rouge que Rudolph. Quoi, ne comprenait-il pas que c'était insultant, humiliant? Je n'avais pas choisi mon uniforme. Je n'avais pas non plus choisi mon corps, j'étais née ainsi. Juste parce que j'étais bien en chair et courbes, avec du cuir et un simili d'accessoire, je devais recevoir un accueil pareil? Oh, ils allaient prendre chers. Quel dommage que je n'eus pas le fruit du démon de la castration... un regard, un geste et zou! Adieu noix de coco et banane....

          Je grimpai les marches avec la force donnée par la détermination. Un jour, les révolutionnaires allaient détruire ce monde pourri. Et je me chargerai personnellement de cette île! Na! … Un « na! » pas très adulte, j'en conviens, mais que le diable emporte la maturité, face à des tels gamins. Même pas, c'était injurieux pour les gamins!

          Heureusement, la vue en fallait la peine. Il y avait quelque chose de tellement paisible dans cette mer qui moutonnait paresseusement, ce ciel qui n'en finissait plus d'étaler son azur et le mouvement flottant des feuillages qui se balançaient au souffle du vent. Je voyais la petite ville, pelotonnée près de la crique, resplendissante de couleurs bariolées, le blanc des murs, le rouge des tuiles, le vert, bleu et brun des volets, le grisé des pavés... Une carte postale.
          - « C'est un bien beau petit coin de paradis que vous avez là, Colonel. » murmurai-je malgré moi, d'une voix totalement subjuguée. « Il est dommage de la gâcher par des armes et la guerre »... Ma main se posa sur un canon. Le noir de sa gueule et la froideur du métal claquait avec le reste... Et je revins à moi... L'espace d'un instant, je m'étais sentie redevenue enfant, sur la terrasse de la maison de mes parents, insouciante, dont le seul problème était le choix du ruban pour aller avec la prochaine robe de bal. A cette époque, j'ignorais tout de la violence de ce monde, des guerres et des déchirements. « Allez-y, vaquez à vos occupations de colonel... je saurai bien vous retrouver, de toutes façons... » glissai-je d'un ton amusé. Bah, pourquoi serait-il le seul à rire de l'autre, hein?

          Je restai donc seul avec le garde en poste, qui dut m'expliquer absolument tout du canon, au point qu'à la fin, j'aurais été capable de tirer un boulet et de faire mouche. La machine était tout bonnement impressionnante, un monstre de puissance et de destruction. Je notai soigneusement les problèmes en approvisionnement... Ils n'allaient peut-être pas duré mais c'était un point essentiel à surveiller... Dérégler les mines et fonderies... en voilà une bonne idée....
          Le soleil avait bien décliné quand je m'estimai satisfaite. En plus des canons, j'avais observé les routes des gardes postés dans les tourelles et murs de traverses... A l'aide de jumelles, j'avais suivi l'appareillage d'une navette partant en patrouille, et j'avais profité de l'instrument pour examiner la forteresse depuis un angle de vue inédite. Les soldats ne me voyaient pas, sauf si le soleil se reflétait sur les verres... et même... ils ne pouvaient dire ce que je regardais alors...

          Par ma foi, pas grand chose... Ils s'activaient, certes... Mollement. Le travail était bien fait, mais juste fait. On sentait que cette garnison était calme et habituée au calme. Je ne donnais pas cher de leur peau en cas d'attaque surprise ou catastrophe naturelle. L'ambiance était juste trop débonnaire. A quand l'apéro et les parties de belotes? Sûrement pas loin, si j'allais fourrer mon nez dans les recoins des cours... Bah, ça ne me gênait pas, dans l'idée, qu'ils prissent le temps de vivre. Mais à la base, devais-je encore le rappeler... ils étaient soldats...

          Je tournai finalement les talons et allait droit vers le bureau de mon cheeeeeeeeeeeer colonel. Je toquai et attendis la réponse, bien qu'il m'eût dit de faire autrement. C'est que j'avais été bien élevée, moâ! Bien sûr, je reçus le fatidique « entrez ». Ce n’était pas comme s’il avait le choix… A moins que le Colonel Fenyang eut le don du troisième œil ou celui de voir à travers les portes, il ne pouvait savoir qui se trouvait derrière le panneau de bois. Cela pouvait être n’importe qui, son second ou un officier au rapport. En l’occurrence, c’était juste moi, et alors que je pénétrais dans l’antre de la bête, je remarquai son expression, savant mélange de fatigue lasse, d’ennui et d’irritation contrariée. Apparemment, ma vue n’était pas plaisante, ce qui était un comble, prenant en compte l’accueil que j’avais reçu précédemment.
          Ce fut à ce moment que je réalisais à quelque point il était dur de lire l’état d’esprit de cet homme-là. Ses expressions en général étaient trop ouvertes affichées, trop lisses. Soit c’était un homme honnête, ce qui était impossible étant donné qu’il était colonel… Je veux dire, on ne se hisse pas à ce poste hautement politique, dans un monde où l’influence et le pouvoir décidaient tout, uniquement par la force de ses bras et son caractère. Soit il était profondément idiot, à n’avoir d’autres émotions… ou à ne pas capter à quel point c’était périlleux de se mettre réellement en avant… Soit il affichait comme moi un masque et jouait un rôle.
          L’un comme l’autre, je devais revoir mon jugement. Il était un homme dangereux…Dangereux s’il participait à ce jeu… Dans ce cas, à moi de savoir lire ses cartes et ses mouvements. Soit dangereux parce que totalement autiste, et donc il constituait en fait une bombe à retardement. Dans ce cas… pas étonnant qu’il eut hérité de cette base. Un endroit tranquille, sans trop d’enjeu. Parfait pour reléguer sur une voie latérale un élément jadis prometteur mais qui était arrivé au bout de son potentiel.

          Adieu donc, repos du corps et de l’esprit. J’vous jure, il n’y avait vraiment que moi pour hériter de mission aussi pourrie. Un de ces quatre, j’allais chopper mon boss, le chef du CP5 et lui expliquer ma façon de voir… Le bizutage, va bien un moment. Me lancer dans une mission aussi peu préparée… Bah, ce n’était pas comme si j’avais envie de faire un bon boulot. Au contraire, la Marine et le Gouvernement pouvaient se brosser, pour ce que j’en pensais. Mais j’étais une femme intègre, et quand je disais que je faisais, ben, je faisais et bien, par-dessus le marché. Ne serait-ce pour ne pas avoir à recommencer plus tard…

          - « Colonel… » Je m’arrêtai à deux pas de son bureau. La vue de la bouteille d’alcool me donna soif bien plus qu’autre chose. Techniquement, c’était interdit, de boire lorsqu’en service. Ceci dit, les officiers supérieurs étaient toujours en service. On fermait les yeux sur les pratiques qui n’abusaient pas de ce laisser-faire. De là où j’étais, je ne pouvais voir l’étiquette de la bouteille. Etait-ce une bonne année, une bonne marque, qu’il savourait ? ou une bibine infecte qu’il s’enfilait ? En plus, j’avais toujours aussi soif, après ces trois dernières heures sous le soleil de la tour, à inspecter et fouiner. « Les éléments que j’ai pu observer ne font que vérifier ma première impression. Soit cette mission est une perte de temps pour vous, soit elle cache quelque chose. Peut-être est-ce un épreuve envers moi ? Quoi qu’il en soit, vous savez maintenant que je tiens à être irréprochable et à tenir mon rôle comme mon rang, histoire de ne pas avoir de mauvaises surprises après. Donc, quelle est la suite du programme ? Qu’est-ce que votre protocole ou votre ordre de mission a prévu ? »

          Je m’assis dans un des deux fauteuils, croisant avec distinction mes chevilles, et non les jambes comme trop souvent les femmes le faisaient. Le cuir de mes bottes crissait et je déposai mon couvre-chef sur l’accoudoir, en prenant le temps de le regarder bien en face une dernière fois. Finalement, je ne pus retenir un soupir las. Le voyage avait été long et la soirée ne faisait que commencer.
          - « Si je vous demande de m’offrir un verre, je pense que vous vous obligerez. Mais serait-ce de la pure politesse, ou pourrait-ce être un geste d’acceptation de l’ordre conflictuel des choses ? »



        Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Mar 10 Jan 2012 - 21:01, édité 1 fois
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          Beaucoup de temps avait passé. Beaucoup trop même. Deux ou trois heures, mais il n’en savait plus trop rien puisqu’il s’était assoupit à un moment. L’obscurité enveloppait son bureau lentement . C’était bien la première fois qu’il pouvait se targuer d’être tranquille depuis le moment où il avait abandonné l’autre pimbêche sur le toit de la grande tour avec ses canons. Il n’allait quand même pas se la coltiner toute la journée, déjà qu’elle avait vite fait de montrer ses crocs acérés, prête à mordre pleinement dans sa chair aux allures succulentes. Une louve. Une louve dans la bergerie. Une louve prête à bondir sur le moindre petit mouton à sa portée, soit sur l’une des gaffes individuelles de l’un de ses pauvres soldats. C’était ça, l’image actuelle et pathétique de la base de Shell-Town. Et ce n’était pas pour lui plaire. Il n’était déjà pas favorable à cette mission, que le gouvernement en avait rajouté une autre couche de trop en lui envoyant une Cipher Pol. Même pas un supérieur hiérarchique, comme un contre-amiral, un truc dans le genre, non. A croire que les gouvernementaux n’avaient pas confiance en certains marines, lui en liste de tête. On voulait le salir ? On voulait le plonger profond ? Qu’est ce qu’il avait fait pour mériter ça ? Ah oui ! Son laxisme et son sens de la justice. Ce comportement qui n’était en aucun cas conforme au nouvel esprit d’une organisation militaire telle que la marine. Des efforts, il en avait pourtant fourni. Qui est ce qui pouvait dire aujourd’hui que Salem ne remplissait pas son devoir de colonel ? Un grade qu’on semblait vouloir ne pas lui attribuer, malgré ses efforts, là bas, à Logue Town. A son arrivée à l’île de Shell, l’héritier des Fenyang n’avait même pas encore été promu colonel. Il lui avait fallu remanier ces hommes qui avaient perdus, et des frères d’armes dans l’affaire du Léviathan, et leur confiance en tant que bon soldat de la marine. Il avait stoppé la progression d’un sale équipage de pirates. Et voilà que pour le remercier après l’avoir récemment promu, l’on lui envoyait déjà une équipe express de soit disant inspecteurs ; comme si en à peine quelques jours, Salem avait pu se tremper dans des affaires totalement douteuses. Encore un peu plus et il haïssait ce sale gouvernement. Pas étonnant que les révolutionnaires courraient toujours dans les rues en criant vengeance…

          D’une part, c’était totalement concevable. L’affaire du Léviathan avait laissé de très grosses séquelles que Salem essayait d’arranger de mal en pis, malgré son caractère purement flemmard, ce qu’on savait malheureusement de lui. Cette seule raison avait suffit aux chefs pour lui dépêcher un semblant de maitresse qui devait redresser les barres penchés en quelques sortes tout en récoltant des informations sur l’état actuel des choses. Déplaisante était toute cette histoire. Salem avait quand même un minimum de maturité pour savoir ce qu’il devait faire. Ce n’était pas une policière et une informatrice qui allait venir lui apprendre son métier quand même. Oui oui ! Ca cognait fort son égo et il se l’avouait à lui-même. Surtout que ses manières n’étaient pas plaisantes. Elle lui faisait penser aux sales pouffiasses sadomasochistes qui lui avaient fait voir de toutes les couleurs. Cette Cooper, il ne la saquait presque plus, même si en même temps, elle n’était pas venue pour lui plaire. Et si elle n’avait pas été Cipher Pol, il lui aurait culbuté le derrière avec ardeur, histoire de lui apprendre à respecter les hommes plus âgés et plus expérimentés qu’elle. Elle avait de la chance, beaucoup de chance. Mais son indulgence avait des limites qu’elle ne devait pas franchir malgré ce poste qui lui a été délégué pour ces quelques jours qu’elle avait à passer ici. Alors qu’il se noyait dans ses pensées les plus profondes, le soleil laissait place à crépuscule des plus beaux, qu’il put apprécier rapidement du fait de sa chaise dactylo et de sa baie vitrée qui donnait vers l’horizon. Un véritable bonheur quoi. Complètement avachi sur son siège et dans l’obscurité, ce n’est que lorsque l’astre solaire effectua son coucher qu’il se leva allumer la lumière. Mais à peine avait-il reposé son gros derrière dans le velours de son fauteuil, qu’on toquait à sa porte. Non non non, bordel de merde ! Pourquoi lui, hein, pourquoi ?! Automatiquement, sa mine se serrait doucement, avant qu’il ne formule une permission d’entrée. Si la porte s’ouvrit et laissa entrer la personne, Salem froissa encore plus son visage lorsqu’il vit ces cheveux roses bonbons virevolter, ainsi que l’exubérance mammaire lui sauter à l’œil mi-lubrique, mi-consterné. Mais il faisait nuit, putain ! Elle ne pouvait pas s’arrêter ? C’était une cyborg, hein ? Parce que franchement, elle réussissait à lui casser les couilles, là, maintenant. A un point où il s’était terré dans un mutisme en la laissant parler, jusqu’à quémander un verre d’alcool…

          • Vous pensez sérieusement que j’arrive à ce point avec vous ? J’pense bien que je vous viderais si votre tête m’étais fort déplaisante… Les revers ? Rien à battre franchement. On vit qu’une fois de toutes façons et j’ai pas vraiment grand-chose à perdre à mon âge…

          Luxure, alcool, drogues faibles. Le cycle infernal qu’il avait connu comme tout autre homme qui avait presque tout éprouvé à la lisière de la quarantaine. Soupirant, Salem avait porté une main lascive vers sa chevelure qu’il commença à caresser, tout en fermant les yeux. Il se leva de tout son long et se débarrassa de sa veste d’officier qui était par miracle, partie se loger sur un porte manteau après un envol forcé. Ses yeux balayèrent la salle qui se trouvait être dans un semblant de capharnaüm. Pas crasse, non non. Bordeliquement dérangé seulement, si je peux dire ainsi. Sa main droite posait sa bouteille de saké, tout droit venue des usines vénérables de West Blue. On n’y avait pas meilleur saké que dans ses contrées et même qu’on racontait que le Grand « Shanks Leroux » s’y approvisionnait dans le temps. Une région assez achalandée. De gros dossiers étaient entassés ici et là. De quoi rebuter n’importe quelle femme. Pourtant celle-ci semblait s’y accommoder parfaitement. Était-ce parce qu’elle n’avait pas le choix… ? Parce que non, elle n’en avait pas vraiment. Un trait du caractère qu’elle avait sans doute hérité de sa famille. De toute évidence, elle était issue d’une famille noble, quelque chose dans le genre comme ça. On leur apprenait ce genre de choses comme quoi, il fallait s’en tenir au cadre sans broncher, ni ronchonner, un truc dans le genre. Pour ce qu’il avait appris de sa propre famille vu qu’il sortait lui-même d’un de ces noyaux respectables de Marineford, Salem y connaissait un sacré rayon. Mais ayant été trop turbulent dans sa jeunesse, ce qui était l’exact opposé de ce qu’il était présentement, Salem avait loupé des bases, des mœurs. Et il s’en foutait royalement. La seule chose notable dont il se rappelait clairement, n’était autre que le dévouement d’un homme aux demandes d’une quelconque femme respectable. La Cooper était dans la limite du respectable. Ne pas la servir aurait été d’une méchanceté sans égale qui ne le ressemblait nullement, alors qu’il avait pourtant bien vu ses mimiques qui traduisaient une certaine lassitude. Elle venait à peine d’accoster après tout. S’approchant alors d’une armoire spécialement dédiée à ses bouteilles alcoolisées, il l’ouvrit rapidement, avant de se saisir parmi le large choix qui s’offrait à lui, une bouteille de vin rouge et le verre qui allait avec. Il referma l’un de ses jardins secrets, revint vers l’inspectrice, avant de la servir élégamment, comme on le faisait dans le monde la bourgeoisie… Si elle n’aimait pas le vin rouge, notamment celui-ci, qui venait tout droit du mythique restaurant « le Baratie » elle n’avait qu’à aller… Bref :

          • J’espère que le vin plaira à mademoiselle…

          C’est sans hésiter qu’il déposa la bouteille à côté du verre servie, histoire de lui faire comprendre qu’elle allait dorénavant se servir elle-même si elle avait envie d’en boire encore. Comment que c’est beau la galanterie. Surtout quand on supportait à peine la femme à qui on devait se forcer d’effectuer certaines courbettes. Avec le sarcasme dont elle faisait preuve, ça aurait été un homme, il en aurait prit pour son grade. Mais elle… Elle... Lui botter le cul était tentant, mais foncièrement contraire au sens de l’éthique. Et puis à l’entendre parler, madame venait tout simplement de clarifier les choses avec lui, tout en mettant les balles à terre. C’était tout à son honneur et il n’était pas encore trop tard pour coopérer convenablement, en effet. En gros, ça pouvait aisément le faire. C’est dans cette optique justement protocolaire qu’il s’assit sur son siège, avant de croiser ses bras sur son torse, le visage on ne peut plus relâché, ses prunelles gorgées de pierres précieuses, plongés dans celles de sa belle interlocutrice aux allures de poupée en porcelaine…

          • La question est trop objective à mon gout et je vous le répète, soyez plus précise dans vos demandes. Sinon vous croyez vraiment qu’ils se sont fatigués à me donner des directives ? Quand on veut évaluer quelqu’un, on le laisse dans sa merde. C’est encore plus facile s’il coule non ? disait-il dans un sourire presqu’ironique. Si vous parlez de l’aspect cérémonial, j’me suis pas fatigué sur ce point. Vous n’êtes pas mon supérieur hiérarchique, et c’est loin d’être tout comme. Si vous parlez de « mes règles » vous n’y êtes pas affectée. Tant que vous ne nuisez pas ouvertement au bon fonctionnement dans ma base. Dans le dernier cas, je suis d’une certaine manière, obligé de vous assister par le biais de mes hommes. Quand aux travaux à effectuer, il vous reste une tonne de choses à faire, et c’est très bien que vous aillez prit les devants sur vos travaux. Plus vite ça finit, mieux ce sera...

          Alors qu’il avait fini son petit speech, Salem se releva et partit chercher une grosse pile de paperasses administratives. Avec un sourire gros comme ça « Tenez, c’est pour vous. Les dossiers de tout mon effectif à éplucher gracieusement ! » Il le déposa sur un coin de son bureau, avant de repartir s’asseoir tout en déboutonnant quelques boutons de sa chemise, vu la chaleur qui commençait à régner. Tout en abandonnant sa tête dans à l’une de ses paumes accoudée à son bureau par la suite, Alh’ la regardait paresseusement si ce n’est qu’il fixait ses lèvres roses. L’alcool lui montait petit à petit à la tête. La gueule de bois le lendemain, très tôt. « Il vous reste à vous empreignez des conditions de vie de mes soldats –Cuisines, douches, dortoirs, uniformes, j’en passe et bon courage d'ailleurs-, de visiter les salles d’entrainements et la ville puisqu’elle relève de ma juridiction, ainsi que de noter les imperfections du coin, comme le manque de boulets à canons par exemple. » Faudrait peut être qu’il songe à aller réellement se coucher. Mais sa présence l’empêchait de pouvoir faire ce qu’il voulait. Alors qu’il pensait à une excuse à fournir, le colonel entendit la sirène retentir dans la cour, signe que les diners étaient servis dans le grand réfectoire. Un monde envahit bientôt la cour, et c’était une multitude de voix joyeuses que l’on entendait clairement depuis son bureau…

          • Et comment voulez vous que je sois content d’une mission pareille ? Avait-il dit en revenant sur les impressions de la donzelle qui lui faisait face. C’est presqu’une foutaise ! On est écarté de l’élite parce qu’on prône la justice souple du célèbre Ao koji ; on est difficilement promu à cause d’une flemmardise qu’on vous connait ; et on vous surveille à peine fraichement gradé par une femme qui s’est forcée à être désagréable tout cela pour paraitre irréprochable. Comme si rester aimable pouvait nuire à votre image. Moi je ne vous en veux plus maintenant que je connais les raisons de ces mots auparavant incisifs… Mais c’est pas en se montrant forcement dure qu’on se taille une place respectueuse. Tant que vous ne faites pas vos preuves sur le terrain, ça reste vain et balot. J’aurais pu être tyrannique et profiter des civils de cette ville… Mais à quoi cela servirait-il si ce n’est donner raison aux pirates et « aux révolutionnaires » sachant que c’est nous qui devons normalement assurer tranquillité aux populations ? Au final, les sales magouilles du capitaine Vargas et mon altruisme payent le prix fort : Votre présence.

          A la fin de son speech, l’on tapa à la porte. Nonchalamment, il donna la permission à l’un de ses cuisiniers qui se pointa en lui disant que tout était prêt pour lui ainsi que pour madame. Salem dans un ultime effort, lui conseilla de demander son avis à madame, puisque lui n’avait pas faim. De ce fait donc, il récupéra sa bouteille et se mit à boire au goulet, tandis que le jeune s’inclinait vers l’inspectrice pour lui poser les quelques questions habituelles en lui tendant respectueusement un menu qui présentait les différents mets du soir…

          • Où est ce que mademoiselle souhaiterait-elle se restaurer ? Dans sa chambre, dans une salle close et appropriée, où ici même ?

          Seigneur, fasse que cette bonne femme au cul comme il les aimait se casse d’ici ! En auquel cas ses pulsions sexue… Non… Sa libi… Non… Ses réactions primitives faces aux femmes bien foutues ne refassent sauvagement surface. Et dans un état proche de la sobriété, ça n’arrangeait rien… Décidemment, pour une journée… c’en est une…


          [J'corrigerais les fautes plus tard. Sorry ><']

            - « A votre âge? » Je répliquai entre deux pauses, avant de me faire congédier. « Vous êtes loin d’être un vieux croulant… Et si vous voulez tant à faire l’inventaire des choses qui vous tiennent au cœur… Votre vie… Le mode de vie de vos proches, si ce n’est leur vie à eux aussi… Cela fait quelques temps que j’ai bien compris que la Marine et le Gouvernement ne s’embarrassaient pas de menus détails. « Pour le plus grand bien » devrait être leur slogan. » Je me levai puisque ma présence n’était pas désirée en ces lieux. C’était visible comme le nez au milieu de la figure et ma lime à ongles aurait suffit pour découper l’atmosphère de ce bureau tellement elle était lourde et pesante. « Le prestige et la réputation surtout. La famille Fenyang préfererait peut-être mourir que de subir le déshonneur d’une déchéance de l’un de ses membres. Mon père a servi dans une unité commandée par le vôtre. Je sais exactement tout ce que vous êtes censé être et incarner. Finalement, je n’ai peut-être pas été choisi par hasard. »

            Comment paraître digne et presque blessée avec ce gros dossier qu’il m’avait donné ? Difficile et je pense que je n’avais réussi à donner une quelconque impression là. Je me tournai vers le jeune qui attendait toujours droit comme un « i », planté comme un glandu.
            - « Je dinerai dans la chambre, si cela est possible. Je vous remercie de votre disponibilité. Je ne vais pas déranger le mess avec ma présence. Les hommes apprendront bien assez fait à bien se tenir en tenir d’une femme, dusse-t-elle se comporter comme la dernière des traînées. Sur ce point, cette garnison est total échec et vous avez bien sûr ma permission pour rapporter ses paroles, si jamais vous n’aviez ma permission comme ayant un quelconque poids… »
            C’était peut-être méchant de s’en prendre à un pauvre trouffion de bas étage, mais puisque son chef avait évité le combat en tentant de me noyer dans du vin et des phrases sirupeuses, je devais bien me mettre à son niveau. J’étais femme, jusqu’aux bouts de mes ongles, et je me battais avec les armes qu’on – on était Mâle – me laissait à portée. C’était bas et petit, mais c’était tout ce que j’avais. Et tant que cela faisait mal, je m’en contentais.
            Appelez-moi aussi butée, à revenir encore et encore sur ce point. Mais que dire, si ce n’était que j’avais été profondément choquée par ce laisser-aller. Le temps d’une après-midi, la pilule amère était passée. Pas l’offense. Ils allaient apprendre, tous, depuis le colonel jusqu’au misérable dernier laveur de carreaux, une leçon de vie. Au moins, je ne serai pas venue pour rien.


            Le cuisinier, qui lui au moins avait quelques manières, disparut, et je reportai mon attention sur mon hôte du moment. Il s’était remis à boire, un sake auquel je n’avais pas eu droit. Oh, le vin qu’il m’avait servi était tout simplement divin, mais voilà, le choix même de l’alcool prouvait bien qu’il ne m’offrait qu’un verre. Seul un gougnafier s’envoyait une bouteille de bon rouge avant le repas. Non, ça, c’était un millésime qu’on savourait. Alors que l’ambré d’un whisky doux, la légère teinte opaline d’un alcool de riz ou l’irisé d’une liqueur de fruit aurait été un apéritif délicieux, à consommer avec peu de modération.
            - « Bonne soirée, Colonel. J’espère que la nuit vous sera plus profitable que cette journée… » Je vérifiai que la porte était solidement close avant de venir jusqu’à son bureau, poser mes deux mains à plat sur la surface, après avoir abandonné mon dossier RH dans un fauteuil et mettre fait deux petites places sur le dessus de verre. Avec le temps, j’avais ouvert les deux premiers boutons de mon uniforme, ce qui aérait tout en préservant toute ma dignité. Pas la peine d’en rajouter en exposant mes seins, bien que là, à cet instant, Alheïri avait une vue plongeante sur la naissance de mon décolleté.

            - « Pour votre information, vous n’êtes pas le seul à vous demander ce que je fiche ici. Je suis agent assermenté depuis deux ans. DEUX ans ! Et une des premières missions que l’on me confie, c’est cette mascarade sur papier qui m’est attribuée ! Mettez-vous deux secondes à ma place. Un Fenyang, réputé selon son dossier pour des faits à la limite du passable, jusqu’à cette double affaire de la destruction du Leviathan et la dénonciation de Vargas. Cette base est calme et tous les trafics sont en pause, grâce à votre intervention. Donc, qu’est-ce que je viens faire ici, si ce n’est pas inspecter l’homme du moment ? Voilà ce que je me dis sur le navire en venant ici. Mais vous voulez savoir ce que je me dis aussi ? Pourquoi est-ce que mes ordres n’ont pas été plus spécifiques dans cette histoire ? Pourquoi est-ce que votre dossier est aussi plat qu’une limande, si ce n’est le blabla habituel ? Alors, je me dis : c’est un test, c’est moi qu’on inspecte en fait. Et là, ça prend plus de sens : une base modèle, un lieutenant-colonel qui n’a rien à perdre mais tout à gagner, un homme qui a grandi dans la Marine, qui a le sang bleu avant tout… Donc, oui je n’ai pas été spécialement bien polie, mais on n’attends pas du Cipher Pol de faire des ronds de jambe. Puisque vous êtes une caricature, en train de jouer un pantomime, pourquoi pas moi, hein ?! »

            Oh là, je commençais à voir rouge. Et c’était fort déplaisant. J’allais devenir toute rouge, mes cheveux allaient prendre l’électricité statistique et j’allais froncer les sourcils, ce qui allait me donner des rides avant l’âge. Je me redressai, inspirai un grand coup, avant de reprendre d’une voix posée.
            - « Puisqu’il semble que nous soyons tous les deux les victimes de quelque chose qui nous dépasse, il se pourrait que nous ayons avantage à collaborer. Histoire de limiter les risques un minimum. Après, je comprends que vous êtes colonel et que dans ce bureau, vous avez votre rôle à tenir. Aussi, si vous trouver un quelconque intérêt à ma… suggestion… retrouvons-nous dans un lieu neutre. Ma chambre, par exemple. C’est aussi la vôtre, techniquement… Donnez-moi une heure, le temps de manger et de me reposer… Sinon… bonne nuit, Colonel. A demain, pour le reste de l’inspection… »

            Ma chambre était très bien, neutre, bleue et blanche. Mes fleurs attendaient dans un vase, ma sacoche reposait sur mon lit et mes malles posées dans un coin. Je commençai par avaler rapidement mon repas, pour profiter ensuite d’une longue douche. Quand la dernière minute de l’heure arriva, elle me trouva assise au bureau de la chambre, le nez plongé dans l’épais dossier RH, vêtue d’une petite robe à fines bretelles bleue-verte, cintrée sous la poitrine par un fin et élégant ruban beige qui se mariait très bien avec ma peau. Un léger parfum d’iris flottait et je ne savais plus à quoi m’attendre…


          Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Mar 10 Jan 2012 - 21:06, édité 1 fois
          • https://www.onepiece-requiem.net/t1165-l-agent-double-s-habille-e
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            Un lieu neutre ? Peut être. Mais était-ce une bonne idée que de respecter ce rendez-vous ? Pour tout vous dire, il ne le savait pas et cherchait vaillamment quelconque réponse. Elle avait vidé son sac et n’avait pas tellement tort sur certaines choses. Des faits qui le déstabilisaient au point qu’il agrippa son front d’une seule main. Dans quel merdasse on l’avait foutu encore ? Il ne savait pas, il ne savait plus… En quelques mots seulement, Salem était tout simplement dépassé par ces évènements. Le laïus de la bonne demoiselle travaillait encore et toujours dans sa chair. Ses impressions à l’égard de cette dernière étaient mitigées. Ses mirettes de jade se glissèrent sur un cadre dorée qui protégeait une photo chère à ses yeux. Se tenait, là, toute souriante, une femme à la beauté tout à fait semblable à celle qui venait de sortir avec prestance de son bureau. Oui, son ex-femme à la chevelure blanche et aux des plus aguichantes. Combien de temps maintenant, qu’elle était six pieds sous terre ? Il ne le savait pas, il ne le savait plus… Un Salem abasourdi, ça n’existait que très rarement. Et quand ça existait, elle était là. Pour lui magner l’arrière-train, histoire qu’il reprenne le poil de la bête. Malheureusement, elle n’était plus et c’est dans ces moments là qu’il sentait lourdement son absence. Rejoindre sa loge privée… Rejoindre une « Raven-Cooper ». Car maintenant qu’il y pensait, elle lui avait légèrement rafraichi la mémoire. Quelques bribes de ses souvenirs quand à la collaboration de ces deux familles ressurgissaient subitement dans sa boite crânienne qui surchauffait désagréablement. C’était pas cliché tout ça ? Et puis zut quoi ! Façon qu’est ce qu’il avait à perdre ? Mettre de l’eau dans son vin, c’était pas si mal. Quoique dans une chambre close et loin des formalités d’usages, cela paraissait carrément tendancieux. Comme si c’était déplaisant alors que c’était loin d’être le cas…

            Salem avait fini par se lever et tirer les rideaux de son bureau sur sa baie vitrée. Il était ensuite sortit de son trou pour aller rapidement profiter de la brise nocturne, assis sur un rebord et contemplant vaguement la pleine lune, clope moisi au bec. La nuit était belle ce soir, vraiment. Il aurait volontiers profité de ce petit moment encore plus longtemps, mais le laps de temps qui lui restait n’était pas profitable à cette lassitude routinière. Ca avait beau être trivial, mais il aimait bien jouir de ses isolements nocturnes, entre le bruit des vagues lointaines et le grésillement parfois insupportable des grillons. Il n’y avait que là qu’il s’évadait agréablement, lorsqu’il ne se bourrait pas royalement la gueule, bien évidemment. D’ailleurs, il puait horriblement l’alcool et pénétrer l’espace vital d’une femme dans ces conditions, n’était assurément pas chose appropriée. Lorsqu’il eut à finir sa cigarette à son plus grand regret, le grand brun se retourna sur ses talons en laissant la dalle complètement déserte. Elle le recevrait certainement demain. Mains en poches, c’est lentement alors, qu’il se rendait dans ses appartements. Ambiance moins naturelle et tout aussi morne que celle de son bureau. Il avait intérêt à la personnaliser un peu, tout en rangeant son bordel révulsant. Va falloir, va falloir ! Mais après, c’était toujours la même rengaine. La foi n’étant plus là, la paresse prenait le pas histoire d’en profiter. C’était ça que d’être veuf, ouaip. Mais la vie était ainsi faite, n’est ce pas ? Un raisonnement qui s’était depuis longtemps établit dans sa vie et qu’il se répétait comme un credo. Un vrai leitmotiv, histoire de s’encourager. Sa douche fut rapidement effectuée. Très rapidement même. Car bien avant de rejoindre madame l’inspectrice, il lui fallait lui-même jouer les propres inspecteurs…

            … Dans son réfectoire. L’ambiance était là, les sourires aussi, la bonne bouffe servie. Tout était à point pour une bonne soirée. Sauf si bien sur, les hommes de la bonne inspectrice ne tiraient pas la gueule en se plaignant de ce qu’ils consommaient. Ces salopards avaient vraiment un sale caractère… Ainsi que de la veine là. Si Salem n’avait pas à voir leur supérieure dans l’optique de tasser l’atmosphère, ils allaient tous souffrir. Il était peut être laxiste avec ses propres soldats, mais les gouvernementaux arrogants, c’était autre chose pour lui. Il pensait même toucher un mot auprès de la Shaï, mais le peu qu’il avait vu toute la journée, ferait vite tourner cette conversation au vinaigre. Ce dont il n’avait du tout, mais du tout pas besoin. Après avoir réussi à les calmer de manière diplomatique, Salem s’en retourna vers ses soldats, histoire de leur donner des directives précises. Récurage était de mise partout. Ca avait beau foutre les boules que de devoir le faire ce soir, mais il se doutait bien que demain était un jour nouveau, prometteur, assez différent de l’entretien qu’il aurait avec la donzelle. Après tout, ne partait-il pas en tant que simple quidam dans ses quartiers ? Le grade de colonel disparaissait au seuil de sa porte. Du moins il espérait. Et il pensait qu’il serait de même pour elle. Mais de quoi parleraient-ils ? De la pluie et du beau temps ? De bonnes questions qui le taraudaient, avant de le faire rire seul. La nervosité le gagnait doucement à la manière d’un puceau face à son premier rencart. Parce que oui, elle était jolie. Malheureusement, elle avait un sale caractère, elle était Cipher Pol et ses parents connaissaient les siens. C’est dire le mal que lui ferait quelconque écho si jamais elle rendait compte à ses parents qui feraient de même à ceux de Salem… Le cycle infernal et méphistophélique. C’était bien sa veine…

            Et pis l’heure fatidique arriva enfin. Salem avait fini par quitter ses hommes pour se retrouver comme un piquet devant sa porte cinq minutes plus tard que l’heure convenu. Il était presque torse nu, si ce n’était une légère chemise blanche simplement accrochée à ses épaules. Frappant alors à la porte, Salem entendit cette permission qui l’incita automatiquement à actionner le poignet avant de pénétrer dans un environnement qui lui était étranger. Le premier aspect frappant était cette senteur légère, qui n’avait foncièrement rien avoir avec les odeurs nauséabondes dans lequel il était perpétuellement plongé. Ca sentait bon et ça avait presqu’un ton romantique et apaisant. De quoi faire baisser toute cette pression inutile. Pendant qu’il fermait la porte derrière lui, ses yeux se glissèrent dans toute la pièce, avant de s’échouer délicieusement sur les cuisses plantureuses de la bonne demoiselle qui bossait sur les dossiers qu’il lui avait grassement remit…

            • Vous êtes vraiment très belle… Avait-il soufflé doucement, avant que ses yeux ne se reportent ailleurs…

            … De peur d’une bêtise. La petite remarque inutile qui jouait en sa défaveur. Combien de fois le lui avait-on certainement dit… L’envie était là, indéniable. Pour peu, son froc se serait déformé s’il n’avait pas eut la bonne technicité de reporter son regard ailleurs. Il aurait voulu l’étreindre dans ses bras en ce moment là et la couvrir de baisers. Malheureusement, ce n’était ni une péripatéticienne, ni sa fiancée pour qu’il s’hasarde à une telle chose ; sans compter le fait que le souvenir de la cravache logée sur son menton, l’avait affreusement marqué. « Vous m’avez demandé, me voici » Avait-il renchérit rapidement pour faire oublier son compliment d’une banalité affligeante. Il ne lui apprenait rien en lui disant qu’elle était bon… Heum… Belle. Ses pas l’emmenaient doucement à l’autre bout de la pièce, loin d’elle. Fallait marquer une certaine raisonnable, ce qu’il avait fait avec subtilité. Ses bras se croisèrent sur sa poitrine, pendant que son dos rencontrait la froideur et l’implacabilité du mur sur lequel il s’adossait courageusement…

            • Alors… De quoi voulez-vous me parler… ?
              Je levai un sourcil unique à l'entente de sa première remarque. Le murmure avait presque résonné dans l'ambiance calme et studieuse de ma chambre. Je me doutais que cela avait plus échappé au colonel que la démonstration d'une réelle admiration ou d'une envie de plaire. Oui, j'étais belle et je le savais. Mais après tout, j'y passais assez de temps et d'argent, à m'acheter produits ou à me consacrer à des séances de sport ou d'épilation. Je le savais et c'était tout de même très agréable de se l'entendre de dire avec sincérité. Les compliments mielleux, bien merci. Cette phrase, il aurait fallu que je l'entendisse à ma descente du port, plutôt que ces hurlements et sifflets bestiaux. Bah, c'est fou comme je me focalisais sur ce point. A croire qu'ils m'avaient bien plus blessée que ça. Je fronçai les sourcils. J'allais devoir m'endurcir, une telle faiblesse ne pouvait se concevoir chez un vaillant soldat de la révolution. De là à dire que j'étais prête à me faire défigurer ou ne serait-ce que me couper les cheveux pour la cause révolutionnaire... Je frémis à cette pensée... Serais-je capable d'aller jusque là, pour rester fidèle à mes ideaux. Mon idéal de beauté devrait-il être sacrifié à mon idéal de justice et de liberté?

              Je repoussai ces pensées en même temps que j'écartais les dossiers devant moi. Je rebouchai mon stylo, refermait la chemise cartonnée défait sur la table, la mit avec ses sœurs en un tas presque parfait et je m'étirai un peu, satisfaite du travail déjà accompli. Alors, je me tournai vers mon hôte, notant son changement vestimentaire, jugeant son goût et son hygiène, comme autant de critères essentiels. Bon, l'hygiène, oui, vous admettrez que c'est essentiel. Et je vous concèderai que le bon goût est quelque chose de totalement éphémère et personnel, subjectif. Mais pas mon bon goût. Déjà, ne serait-ce parce que j'ai le bon goût sûr. Et parce que je vous mets au défi de fréquenter ou même de travailler avec quelqu'un que vous trouvez ridicule. Le bon goût reflète la façon dont nous percevons le monde, notre corps, et comment notre « moi » s'inscrit dans son univers socio-économique...
              Bref, je vais vous épargner les théories. Tout cela pour dire que si j'appréciais plutôt les éléments séparément, la combinaison n'était pas spécialement heureuse. Surtout la chemise flottante. Ça fait « beauf sur le retour ».... ou « grand dragueur qui expose ses tablettes de chocolat » (sauf que le colonel, même s'il était bien conservé, commençait à avoir sa bouée au ventre. Consommation d'alcool excessive, nous y voilà). Ou alors, et je n'excluais pas cette option « grand flemmard qui n'a pas l'énergie de boutonner sa chemise ».


              - « Vous n'êtes pas mal aussi, dans votre genre... » concédai-je en me reculant dans mon fauteuil. Puisqu'il était resté debout, il me dominait. Je lui avais laissé cet avantage, si cela pouvait lui permettre de mieux se sentir dans sa peau. Roo, à m'entendre, on croirait que j'allais parler avec un ado pré-pubère. « Je vous remercie de m'accorder quelques instants. »
              Je me détachai totalement du bureau et je me laissai aller dans mon fauteuil, loin de mon maintien actuel. Je n’étais pas avachie, mais j’avais laissé parler mon corps et mes jambes croisées, oublieuses du sempiternel sermon des chevilles croisées, dévoilaient plus de chair que jamais auparavant. Je me mis même à jouer avec une boucle de mes mèches, un geste qui me permettait de m’occuper les mains pendant que mon vernis de pieds posait ou que mon masque aux algues agissait.
              - « Je voulais vous parler loin du protocole, où vous n’êtes pas totalement colonel de base et moi inspectrice cipher pol. Puisque vous ne semblez pas être là pour m’inspecter, et moi pour vous inspecter… Que faisons-nous ici ? Et qu’allons-nous faire ? Jouer le jeu ? Ou est-ce que nous secouons un peu le panier aux serpents ? Etes-vous du genre à grimper les montagnes parce qu’elles sont là, ou faut-il vous en donner l’autorisation ou l’ordre ? En gros, êtes-vous un joueur, un rebelle ? »


            [C'est court, désolée, mais sur ce coup, j'ai du mal ^^']
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              • Suis-je un joueur, un rebelle… ?

              Ses oreilles avaient été plus ou moins attentives aux dires de sa compagne d’infortune. De même pour son esprit qui papillonnait un peu ailleurs, maintenant que la pression était redescendue à zéro. Ses pas l’avaient rapidement envoyé devant une commode où se profilaient plusieurs objets de valeurs pour une femme, la plupart étant des produits cosmétiques en tout genre. Il lui donnait dos dorénavant. Ses yeux se rivèrent rapidement sur une parure assez belle. Parure qu’il se risqua de prendre dans ses doigts élancés qui commencèrent à l’inspecter en la palpant curieusement dans tous les sens. De manière prudente bien tout de même. Il n’avait nullement l’envie de se faire sermonner surtout si cet objet était de valeur inestimable. Un accident pouvait si vite arriver. Même pour l’homme qu’il était. Ses pensées se rédigèrent ailleurs, loin de cette salle close qui favorisait cette situation des plus complexes. S’il avait su que les choses prendraient un tel cours, jamais il ne serait venu ici et jamais il n’aurait stressé aussi bêtement… Et pour rien. Les réflexions philosophiques n’étaient malheureusement pas son fort, bien qu’il fût loin d’être le dernier des benêts sur cette Terre. Les centralisations sans résultats satisfaisants n’étaient certainement pas son truc. Il avait oubliait bien vite que l’art de l’éloquence charmait et avait maintenant l’impression de perdre son temps, là. Peut être parce que cette cravache l’avait tout aussi marqué. Une difficulté par forcement insurmontable me diriez-vous, surtout que les dires de la bonne demoiselle le contraignait implicitement à tâter un terrain qu’il supposait cruellement miné. Mauvaises étaient ses impressions. Répondre d’une manière ou d’une autre forçait le geste illustratif qui allait avec. Elle était bien maligne, cette femme. Était-ce si surprenant après tout ce qu’il avait pu voir et apprendre d’elle ? N’oublions pas non plus qu’on jouait sur son terrain. Jusqu’à dans les quelques jours qui suivront, cette chambre n’était plus sienne. De quoi déboussoler un individu lambda. Et lui faire commettre des bourdes par la même occasion… Ou pas finalement.

              • Qui sait vraiment… Faudrait p’être que le cas se présente pour que je révèle ma vraie nature. Vous mentir est tellement facile... Mais…

              Oui, qui sait… Lorsqu’il se pourlécha les lèvres, un sourire vint s’inscrire dessus, elles qui auparavant étaient toutes tremblantes. Peut être joueraient-elle un grand rôle dans cette soirée… Déjà qu’elles avaient gaffées ce matin, m’enfin, à voir. Délicatement, ses mains redéposèrent la parure qu’elles avaient en possession jusque là. D’autres choses encore venaient à le captiver. Ces produits de beauté par exemple. Certains étaient similaires à ceux qu’utilisaient Aisling. Huhu… Coïncidence ou ? Il cherchait bien trop loin, le grand brun. A vrai dire, ses pensées intérieures reflétaient sa manière bien à lui de se dérober. De façon bien peu conventionnelle je dois moi même l’avouer. S’il passait pour un poltron, soit. Ces objets lui donnaient l’opportunité de paraitre soucieux, pensif et donc loin de cette conversation qui ne mènerait à rien. Il en avait le sentiment. Vous savez, ce genre d’intuitions infaillibles qui faisait tilt dans les boites crâniennes aussi restreintes soient ces dernières. S’il avait fallut parler loin des oreilles indiscrètes, ils auraient bien pu dans son bureau et encore aurait-il fait l’effort de se débarrasser de son étiquette de Colonel et tout ce qui s’en suivait. Au moins les sous-entendus, il les aurait dribblé en feignant le demeuré qui ne pouvait rien comprendre à ce qu’on lui disait. Il avait de mauvaises impressions de son côté, puisqu’ici pourtant, Salem ne le pouvait pas se dérober. Une pièce close, un grand lit, un homme et une femme dans des tenues de nuit. Avouez que c’est assez tendancieux. Sans compter ses mots qui sentaient l’air de défi signant le « fais moi voir c’que t’as dans le froc p’tit gros ». Un truc qu’il avait voulu. Et ce depuis le début de sa descente du bateau. Mais encore fallait-il qu’il ne se méprenne pas tout bonnement. Ce qui était partiellement probable. Il avait beau être rangé pour le moment, mais son bas ventre lui faisait atrocement mal malgré le fait qu’il ne la regardait pas… Du moins à l’instant T…

              • … Mais peut être m’avez-vous déjà catalogué depuis le tout premier incident… Des questions comme celles-ci supposent clairement des opinions déjà établis… N’est ce pas ?

              En plus de vouloir le tenter, Salem savait clairement qu’elle avait une petite idée de ce qu’il pouvait être en quelques adjectifs seulement. Des questions à doubles prérogatives. Sacrément intelligente la gamine. Mais si elle pensait lui tirer quelques vers du nez, tout en le précipitant dans la bêtise, elle se trompait totalement. Prononçant ces quelques paroles il se retourna vers elle un peu après. Et c’est dans ce genre de moments qu’il se félicitait de toujours porter un sous-vêtement. Parce ouais, son membre voulait se tendre à l’extrême. Normal quand on voyait ce qu’il observait. Et ce, ouvertement. Point de gêne vu qu’elle le semblait chercher ce regard. Elle aurait pu ne pas croiser ses jambes. Ni même porter cette robe qui mettait ses formes en évidence… Ses cuisses plantureuses qui attestaient la rondeur et la fermeté de cette croupe irrémédiablement saillante. N’était ce pas le point fort qui ponctuait les logorrhées de l’inspectrice ? Encore un peu et il sautait sur elle. La Shaï pouvait ne pas encore avoir abattu ses dernières pioches, mais elle réussissait à repousser Salem dans ses derniers retranchements. Légèrement déconcerté suite à son acte de voyeurisme clair, l’héritier des Fenyang reprit sa mine habituelle, avant de gratter sa chevelure de manière nonchalante. Le bon ton à adopter. Ne pas céder à la pression. Le serpent qu’il avait voulut progressivement dompter l’avait mordu une fois, sachant que ses morsures pouvaient être plus ou moins très mortelles. A ce stade, soit on le laissait faire sagement avant de pouvoir refermer un quelconque piège sur lui, soit on l’abattait s’il se montrait trop irritant, voir quasiment dangereux. La deuxième solution ne lui ressemblait pas. Ça n’avait presque pas de sens. La première solution lui convenait parfaitement. C’était tout lui ça. Pourquoi ne pas lui laisser son tour ? Histoire de voir si réciprocité était de mise dans toute cette affaire. Pourquoi pas ne pas renverser le jeu en lui-même finalement ? Ça pouvait être intéressant en soi… En tout cas pour lui, ça allait enfin l’être.

              • Dites moi… Et si on renversait la tendance… Histoire que « tu » répondes toi-même à tes questions... Peut être qu’avec des exemples, j’aurais plus de commodités à suivre le mouvement de ce jeu qui semble fortement intéressant…

              Il l’avait fait, ouaip. En plus de la tutoyer. Oh, rassurez-vous, hein. Il était habitué aux piques acerbes de sa part. Mais il était possible qu’elle ne s’en plaigne pas. On était dans un cadre purement éloigné de celui du travail, non ? Une once de satisfaction avait brillé dans son regard on ne peut plus sérieux dès lors. Ses mains étaient rentrées dans ses poches, pendant que son sourire se transformait en un amalgame de charme et de raillerie. La balance basculait doucement. Lentement mais surement. Fallait bouger ton popotin ma jolie. ♪ Et puis comme par enchantement, Salem tordit sa bouche en une grimace, avant de faire quelques pas vers le grand lit qu’elle avait pour elle. « C’est pas justeuh, t’as un lit plus grand que le mien ! » Salem l’imbécile, Salem le saltimbanque. Il avait fini par poser son cul dessus, avant de s’allonger sans gêne, non sans gémir de sa voix pâteuse, les yeux fermés « C’qu’oooon est bien iiiiiiiiici… » Plus salaud que lui actu, tu meurs, assurément.
                Je regardais l’homme évoluer dans ma chambre avec un mélange d’appréhension, de colère et de nervosité. Après tout, il naviguait au sein même de mon intimité, et je n’avais aucun pouvoir pour l’arrêter, s’il lui venait l’envie d’ouvrir mes tiroirs et inspecter mes bagages. Rien pour l’arrêter, si ce n’était sa propre éducation et ses bonnes manières. Nul doute que le Colonel Alheïri Salem Fenyang avait reçu l’une comme les autres, du temps de son jeune âge. Mais pour autant, cela ne voulait pas tout à fait tout dire… Les hommes changeaient avec le temps… Et celui-ci semblait spécialement affecté. Comment un enfant d’une noble famille avait-il pu devenir un dirigeant laxiste et aux attitudes si peu conventionnelles ?
                Je le laissais donc tripoter mes biens, tiquant un peu lorsqu’il s’arrêta sur mes bijoux. Je n’avais plus les moyens de me payer de véritables joyaux, aussi me prenais grand soin et beaucoup de temps pour trouver LE médaillon ou LA paire de boucle qui allait bien. J’avais l’œil du faucon et la rapidité du léopard pour voir et m’emparer du trophée… Bref. C’était quelque chose de très personnel. J’aurais presque préféré qu’il palpât mes sous-vêtements. Presque…
                - « Il est facile de mentir, à moi comme à tout autre inconnu, je l’admets. Mais tenir le mensonge, en faire une vérité, comme un masque… c’est ça qui est difficile… Croyez-moi, je suis experte en la question… » fis-je en me perdant dans la contemplation d’une de mes boucles. Hum, je commençais à avoir des fourches. Il serait temps d’aller chez le coiffeur. « Après tout, je suis Cipher Pol. C’est mon rôle de cacher et dissimuler… »

                Je me redressai dans le fauteuil, pour venir appuyer un coude sur la planche du bureau, déposant dans le creux de ma main mon menton. Mon regard se noya dans le bleu crépusculaire de la mer, avec des reflets argentés et vert fluo qui dansaient à la ligne de l’horizon.
                - « Et c’est exactement ça qui m’a valu d’être cataloguée à mon arrivée. C’était couru d’avance. J’aurais été gentille, on m’aurait catalogué comme la niaise qui a réussi grâce à l’influence de Papa, ou parce que je suis mignonne, j’ai forcé coucher pour mériter mes galons. Si j’avais été moche, j’aurais été la Cipher Pol peau vache. Il aurait fallu que j’ai des couilles et un pénis pour que les choses se passent bien. Là, gros, petit, moche, puant de la gueule ou des pieds, tout aurait été comme une lettre à la poste… Moi ? Je n’ai jamais eu de préjugé, j’ai bâti mon opinion sur ce que j’ai vu. Un colonel qui tape la bise aux inspectrices, sûrement parce qu’elles sont jolies, laissent ces hommes la siffler comme la première câtin – qu’elle est peut-être, je vous l’accorde – donc se fout totalement de se mettre ladite inspectrice sur le dos… Un homme amer, à la limite de l’aigri, que rien ne passionne vraiment, pas même les débats et les défis… Je vous ai défié, et vous avez juste esquivé…. Laissé couler… Comme si tout cela n’avait aucune importance. »

                Je me retournai d’un bloc, un peu ahurie par ce que je voyais… Voilà maintenant qu’il me prenait pour une abrutie, à jouer les clowns. N’avait-il donc pas compris que j’étais sincère dans mon approche de… bonne entente cordiale professionnelle, si ce n’était réconciliation. Après tout, je n’avais rien contre ce type. Au contraire. Plus je le côtoyais, plus il m’était sympathique. Un brave gars. Du genre à être un bon pote, avec qui on peut sortir le soir, se détendre autour d’un cocktail, une partie de bridge ou de belote.
                - « Je n’avais pas encore testé le lit. Vous n’avez qu’à l’embarquer une fois que je suis partie. Je peux aussi changer de chambre dès maintenant, si besoin. » Je haussai les épaules. S’il voulait vraiment ce matelas, je n’allais pas l’en priver. Pour une fois qu’il exprimait devant moi une véritable pensée personnelle. « Répondre à mes questions? Pas de problème. Je suis définitivement rebelle. Vous savez très bien que les Raven et les Cooper sont dans la Marine génération après génération. J’aurais dû faire de même. Et pourtant, me voici agent du gouvernement. » Je n’avais pas tiqué devant son tutoiement. Intrinsèquement, cela ne me gênait nullement. Au lieu de tenter de me… me quoi d’abord ? Me bécoter, m’impressionner, m’humilier, me refuser une considération d’égale à égal… ? Bref, s’il avait commencé par me tutoyer, tout ce serait bien passé. Il était plus âgé que moi et plus expérimenté. Qu’il ait une position dominante m’apparaissait comme une évidence. Après, qu’il eût besoin de me l’imposer me titillait beaucoup plus.

                - « Et même là. J’aurais pu me contenter d’un poste administratif et revenir plus tard dans le giron familial. Mais non, j’ai décidé de faire carrière. Et pas dans le plus facile des coins. Croyez-moi, Cipher Pol n’a peut-être pas réputation glorieuse à vos yeux, mais il n’est pas facile d’y entrer… Et encore moins d’y rester. Après… Vous avez vu, je suis cabotine. J’aime jouer des rôles. Ça, ce n’est pas dans le manuel CP. Donc, oui rebelle, jusqu’au bout des ongles… »
                Ongles que j’examinai alors que je tendis la main devant moi pour juger de l’état de mon vernis. Délicatement, je pris une lime qui trainait sur mon chevet, me penchant en avant pour cela et offrant malgré moi une vision sur mon collecté, pour venir perfectionner l’arrondi d’un de mes ongles.

                - « Alors, je vais être honnête. Maintenant que vous savez ce que vous avez sur les bras, qu’allez-vous faire de la rebelle que je suis ? Je suis ouverte à toutes les propositions… Ah, envoyez-moi la crème, dans le pot bleu, s’il vous plaît. »


              Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Lun 27 Juin 2011 - 2:05, édité 3 fois
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                • Désolé, vraiment. Il y a des choses que je n’aurais pas du me permettre, ni permettre à ton égard d’ailleurs.

                « Mais que veux-tu ? Les jeux sont faits et tu es véritablement loin d’être une peau de vache. Faut dire aussi que si t’avais pas tes gants, certainement qu’il aurait opté pour un baisemain comme on serrait banalement la main d’un homme. » Non non, il n’avait pas énoncé ces dernières pensées. Remettre de l’huile sur le feu, c’était du tout pas son truc. Et si elle avait raison sur certains points, c’est qu’il n’aimait du tout pas se donner dans des centralisations qui pour lui, ressemblaient plus à une punition qu’à autre chose. Son regard fixait dorénavant le plâtre du plafond et sa voix avait fini de briser le silence qui s’était délicatement installé. Il avait arrêté de jouer au zouave au fur et à mesure des paroles de la jeune Cipher pol et fierté mise à part, Salem, il constatait pleinement ses torts. Ce qui résistait n’était pas attrayant pour lui, force était de le reconnaitre. Et quand bien même on était dans un autre milieu, la cravache, elle, avait fini de tempérer rapidement ses ardeurs en érigeant des barrières plus que certaines pour lui. Travail ou pas, c’était du pareil au même. Et puis il se mit à sourire tout seul lorsqu’il se remémorait de ses remarques concernant le lit, lui qui avait était à la fois pitre et ironique. ‘Fin, revenir sur le sujet serait un peu ennuyant alors qu’elle avait soulevé en lui d’autres interrogations des plus intéressantes. « Une rebelle » Et qui se remettait corps et âmes –Façon de parler bien évidemment- à un homme qu’elle savait laxiste ? C’était quoi encore cette phase ? Et elle persistait sur sa voie depuis… Pour une rebelle, c’en était vraiment une, ouaip. Et là, elle semblait ne pas mentir, elle qui sentait le professionnalisme dans ce domaine d’après ses propres dires. Il était tombé sur la perle rare vous me direz. Une poupée charnue à la chevelure rosâtre qui se complaisait dans le défi, les mensonges et ces trucs de tordus –Le sang des Cipher Pol qui ressortait là- qui faisaient d’elle, une femme parmi tant d’autres. Parce que ouais, pour être atypique, la Raven-Cooper l’était vraiment.

                • Mais devrais-je aussi m’excuser pour ma langueur et mon laxisme ? Tu m’as défié, j’ai évité. Et alors ? Où il est le mal ? Tu me sais flemmard et tu oses tout de même. Y’a de tout partout. Si le monde te ressemblait trait pour trait, serait-il toujours intéressant et attrayant à tes yeux, pour que tu puisses continuer dans « ta » voix ? Sans compter la cravache qui a fait sensations, bien que là encore, je n’eus pas eu raison du baiser, chose que je reconnais…

                Avec tout l’effort du monde, Salem avait fini par redresser son torse. Son regard était maintenant planté sur un mur de la pièce, un peu comme s’il essayait de le sonder. Et puis il finit par porter une main lourde dans chevelure qu’il caressait paresseusement. Son regard se tourna lentement vers le pot convoité, bien avant que s’immisce en lui un sentiment de dégout rien qu’en voyant les distances à parcourir et donc l’effort à fournir. Il se plaisait vraiment sur le lit provisoire de cette femme. Et puis il finit par reporter son attention sur sa personne. C’était quoi encore ? Une tactique pour l’approcher ? Avait-elle vraiment besoin de ce pot alors qu’elle était en plein boulot ? Et puis ils n’étaient pas intimes au point qu’elle applique ce truc sur l’une des parties de son corps. Sauf si c’était pour lui demander de le faire. Et là encore, son corps respirait un trio explosif. Envie, répulsion, paresse. Pour dire qu’il était vraiment perdu. Comme dans les couloirs d’un gigantesque labyrinthe. Tout était à la fois simple et complexe et les quelques litres d’eau de vie qu'il avait ungurgité, bien qu’il n’en avait plus l’haleine, n’aidait en rien à la réflexion. Réflexion de quoi d’abord ? L’idée en elle-même était un peu trop bizarre. Il n’avait pas aussi l’envie de se faire cataloguer comme étant un pervers invétéré, sachant que sa bise faisait extrêmement tache. Ah, le bisou. Ce fameux bisou. A la fois innocent et coupable de tout ce qui se passait, là, maintenant. Il n’aurait pas du. Sans doute. Assurément. L’envie était pourtant présente, persévérante. Comment ne pas vouloir se taper une femme d’une telle envergure ? Pour tout vous dire, toute sa viande suffoquait dans un désir atrocement sourd. Mais elle était trop pure pour lui. Trop même, en elle-même. Son âge, ses manières, son corps. ‘Fin, p’être qu’il se faisait des idées aussi à voir la manière d’approche aussi. Cela n’allait certainement pas être une première. Un Salem défaitiste, il devenait. Fallait aussi qu’il reprenne du poil de la bête, tout en arrêtant de patauger dans la facilité qu’était la prostitution. Fallait… Fallait ! Mais il y avait toujours ce blocage, cette barrière, ce sale frein qui l’habitait… La flémingite aigüe, ce n’était pas ce qu’il y avait dans la vie d’un homme, surtout quand celui-ci aimait tout ce qui était plaisant dans cette vie. Fallait comprendre. Lors de la vingtaine, il avait beaucoup donné pour arriver où il était aujourd’hui. Même s’il aurait souhaité un virage autre que celui qu’il avait malheureusement prit…

                « Ma femme ? Une collaboratrice sur qui compter ? Une amie ? Une sœur de cœur… ? La liste est tellement longue… Et comment un homme aussi mou que moi pourrait réussir là où tes parents ont échoué avec un minimum de rigueur ? C’est aussi paradoxal tout ça. Une indomptable qui laisse son sort à un incapable. Et puis le mot rebelle, c’pas un peu fort ? Basculer dans le Cipher Pol, c’est toujours rester dans les papattes du gouvernement, à moins que… » Ah moins que quoi déjà ?! Ah ouais… Ca… Non, pas possible ! Tout sauf ça quand même. Bien que… Sans terminer sa phrase, Salem avait fini par se lever avant de se diriger nonchalamment vers la commode fatidique, les réflexions plein la tête. Il récupéra le pot bleu demandé, avant de réduire cette distance qu’il avait mit tant de mal à gérer de peur de faire une énième bêtise qui pourrait capoter cette entrevue qui sentait bon la réconciliation. Lorsqu’il était arrivé à ses côtés, il posa précautionneusement le pot sur la table avant de se tâter sur ce qui allait s’en se passer. Et puis au diable les questions, puisqu’il se retourna, avant de s’appuyer légèrement sur ladite table assez solide, croisant ses bras, ses yeux se fixant sur ce visage barbouillé par une sorte de masque verdâtre aux exhalaisons douteuses… « A ce propos, comment une femme qui a tout pour réussir, peut dévier aussi étonnamment alors qu’elle n’était sujette à aucun problème majeur… ? Le cocon familial idéal, le statut qui va magnifiquement avec, la beauté et l’intelligence qui ne sont pas à négliger… Et enfin… Les portes de la marine grandes ouvertes qui promettent une formidable carrière toute tranquille. Y’a du avoir un très très gros truc pour t’amener à te révolter autant… Et quand on y pense véritablement, y’a matière à creuser… » … Pour sur.

                  - « Ah, la fameuse cravache…. » Il avait ENFIN réussi à me le dire ! Non sans mal, je dois l’avouer. Cet homme était exaspérant pour ça… Il parlait pour ne rien dire, me forçant à lui extirper les vers du nez, à trier le bon du mauvais dans ses flots de paroles… Un comble, pour celui qui se disait paresseux… Je pris l’objet de toutes les discussions, sur le bord du bureau où je l’avais abandonnée, pour la contempler comme si je le voyais pour la première fois. Puis, comme prise d’une impulsion, je la lui lançai. « Tenez, vous pouvez l’avoir. En guise de souvenir, si cela vous chante. Ce n’était qu’un acte que je jouais, pour tester… Car oui, depuis le départ, je vous teste… Vous avez été consistant avec vous-même…. Flemmard et fuyant… Vous, vous n’avez pas joué, vous n’avez pas été dans l’illusion… »

                  Ça, c’était fait… Qu’il ne vienne pas me dire après que je n’avais pas tout fait pour lui laisser une chance de me montrer qu’il était autre chose que le feignant… Le pire ? Le fait que ses paroles et ses actes se contredisaient. Certes, je n’avais fait qu’une première visite générale de la base et j’avais encore bien des choses à voir. Mais les hommes étaient heureux sous son commandement, tout en restant vigilant, la population ne se portait pas trop mal et si l’aspect extérieure était en harmonie avec l’intérieur, je ne trouverai pas trop à redire… si ce n’était justement dans cet état d’esprit… Des gouailleurs, des grandes gueules, des gentils bad boys... De la graine de démon sous les traits des anges. En général, cela ne me dérangeait pas… Pire, cela m’arrangeait. Ce genre d’homme n’était pas spécialement connu pour leur attachement à une grande cause… De l’attitude au laisser-aller, il n’y avait qu’un pas, un pas que je pouvais peut-être les pousser à faire… Pour le plus grand bien de l’organisation que je servais réellement…
                  - « Pour finir sur le sujet… Le baiser ne m’a pas spécialement choqué. Moi. Mais ça a choqué l’agent en mission officiel que je suis. Contrairement en vous, je n’ai pas réussi à totalement mêler ma sphère personnelle avec ma sphère professionnelle. Je garde mon vrai moi très secret. »


                  Je retournai mes pensées révolutionnaires alors qu’il parlait et me tendait enfin mon pot de crème… J’aurai pu me lever et aller le chercher… mais cela aurait revenu à « envahir » son espace personnel qu’il avait dessiné autour de mon lit. Ce n’était pas à moi de faire ce pas. Le geste devait lui revenir, celui de venir vers moi ou de me signifier sa permission ou au contraire son refus. Cependant, je ne suis pas sure qu’il eût saisi la portée de ce simple geste.
                  Je me concentrai donc sur l’application de ma crème de nuit, dont le délicat arôme de muguet vint se mêler à l’odeur d’iris qui me caractérisait. Le cou, les bras, le visage et enfin, les jambes… J’hésitai un instant… normalement, je m’enduisais tout le corps, jusqu’aux cuisses… Oserai-je remonter ma robe pour ce faire, devant cet homme d’un genre nouveau… Je lisais la tension dans son corps, visible notamment à la crispation de ses épaules. Mais quant à savoir de quelle tension il s’agissait…

                  Je poussais mon avantage, souriant d’un air mutin en entendant les remarques de Salem. Je commençais réellement à m’amuser de ce jeu du chat et de la souris… Savoir qui j’étais, du félin ou du muridé, était une toute autre question.
                  - « Vous vous trompez, Colonel… Je ne vous demande pas de jouer le rôle de ma famille. De toute façon, je suis maintenant trop âgée pour recevoir une leçon de la part de papa-maman. Vous êtes un collègue de travail, mon supérieur par les galons et mon hôte. En plus, vous n’êtes ni mou, ni incapable. Si c’était le cas, vous ne seriez pas Colonel… A moins que vous n’êtes en train de m’informer que vous considérez les échelons supérieurs de la Marine comme des idiots, des crétins que vous, mou et incapable petit soldat, avez bernés depuis le début ? Mais pour berner, il ne faut être ni mou, ni incapable… il serait bon de revoir votre copie, Colonel… ça sonne faux… Vous êtes en train de vous construire un masque derrière vous vous cachez… Un peu comme moi… »

                  Je reposai le pot et repris une position plus neutre, assise dans mon fauteuil, les jambes croisées. Alheïri me dominait, puisqu’il était assis sur le bureau. Je le laissai faire… Et l’idée étrange selon laquelle cela ne me déplaisait pas me traversa l’esprit. Peut-être parce qu’il ne correspondait PAS DU TOUT à ce à quoi j’avais été habitué de la part des Marins… Il titillait totalement ce côté rebelle en moi.
                  - « Matière à creuser ? Ah, mais pas du tout. J’ai juste réalisé que ma vie était déjà toute tracée si je ne faisais rien pour changer cela. Je suis née fortunée et jolie, ça ne n’y peut rien. L’intelligence, j’ai travaillé pour la développer. Mais aussi parce que cela était attendu de moi… Donc oui, un poste m’attendait dans les rangs de la Marine. Un Marine de mari aussi… La maison aux murs blancs aussi, avec les deux ou trois enfants que mon mari m’aurait fait. Et j’aurai élevé ma ou mes filles de la même manière… Et qui sait ? Vous auriez pu être ce mari, puisque vous avez évoqué le sujet. Je me suis rebellée, juste pour éviter cette voie, même si elle est totalement honorable… Quelle rébellion, n’est-ce pas ? Passer de la Marine au Gouvernement… Mais si vous voulez creuser, nous pouvons creuser… »
                  Hum… j’avais dit ça à haute voix ? Je crois que oui… Misère…. Allez savoir ce que cet esprit soi-disant mou et paresseux allait comprendre
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                  • J’pense bien qu’on a été élevé dans cette optique non ? Suivre la voix de papa, maman. On a tous eu l’intelligence de se poser la question de savoir si ce chemin tout tracé était le bon… Mais la plupart du temps, la fameuse remise en questions vient surtout d’un déclic notable. Ouaip, tout dépend du cadre en fin de compte. Rester les bras ballants dans le confort et se poser la question, comme ça, par hasard, parce qu’on se dit qu’il faut que ça change, c’est trop beau pour être vrai. Y’a forcement un truc. Bien sur, certains comme toi ont pris les rennes de leur existence, sans pour autant appeler ça de la rébellion. Mais quand tu regardes le tableau de ce lot de personnes de plus près, tu te rends compte que peu ont réussi. Très peu. Et quand tu vois ces échecs cuisants, tu viens à te redemander si le chemin tout tracé par tes parents n’est pas le mieux pour toi au point où tu en es… M’enfin…

                  De ceux qui étaient restés dans l’optique d’accomplir la volonté de leurs parents, il y avait bien et bel Salem. Même si ce n’était tellement pas évident. Personnellement, son père ne s’était jamais investi dans son éducation, histoire de faire de lui un marine. Et il ne lui en avait jamais voulu le grand brun. Il était plutôt admiratif à l’idée de voir son pôpa voguer sur toutes les mers et stopper l’avancée des méchants pirates tous pas beaux. C’était intéressant, enivrant même. Sa mère elle, s’attelait plus à lui apprendre l’écriture et la lecture. Bien qu’il ait la flemme et qu’il lui arrivait de la fuir quelques fois, rien que pour dormir tranquille, au bas d’un arbre. Cependant, le simple fait de voir sa génitrice étudier la météo et tout ce qui s’en suivait l’avait tout autant obnubilé que les prouesses accomplies par son père. Résultat : Il était devenu marine et navigateur, malgré son talent hors du commun en matière de peinture. Indirectement, il avait fait les bons vouloirs de ces parents. Ces gens qui avaient été très permissifs avec lui et dont il faisait plus ou moins la fierté aujourd’hui. Pour tout vous dire, il avait eu de la chance que d’avoir un cadre propice à ses différentes envies. Était-ce de même pour la jeune Cipher Pol ? La question était bonne, même si elle ne lui donnait aucune réponse satisfaisante. Si elle avait eu des parents qui voulaient tout lui imposer, les faits actuels seraient donc… Normaux ? Ouais, ce doit être ça. Mais si elle avait eu tout pour elle, son histoire qui attribuait tout à de l’intelligence ne tenait pas debout. Pour n’importe quel bourgeois, partir à l’aventure sans pour être préparé au préalable, relève du suicide. Sauf cas exceptionnel de motivation remarquable. D’où le déclic. Mais encore que là et comme il le pensait, c’était pas du tout, mais alors pas du tout évident. Creuser… ? Il aurait bien voulu, ouais. Mais il n’avait ni le temps, ni l’inspiration adéquate pour…

                  • C’ma façon à moi de voir les choses, dirons nous. Surtout que tu prétends à avoir un masque. Qui sais donc si tu mens actuellement ou pas… Mais dans tous les cas, qu’est ce que ça changerait ?

                  A vos relations ? A sa vie ? Que dalle ! En gros, Salem s’en foutait presque maintenant, même s’il admettait intérieurement que c’est lui qui les avait conduits à cet échange biscornu, en bon salopard qu’il était. Encore une fois, il se défilait. Mais même s’il continuait, ça n’aurait rimé à rien, vraiment. Et l’homme le sentait. Faisant un pas en avant, il n’hésita point à poser ses fesses sur le pavé glacé de la chambre et s’adossa à l’un des pieds de la table tout en fixant le plafond d’un air nonchalant. Néanmoins, il pouvait clairement voir les cuisses de la donzelle, assis comme ça. Il n’avait juste qu’à tourner la tête, et c’était bon quoi. L’idée de la mater était extrêmement tentante, en effet, mais il n’allait quand même pas oser. Les barrières du boulot étaient levés certes, mais certainement pas de celles de la condition sociale. Si seulement elle ne venait pas de la même classe que lui… Si seulement elle ne connaissait pas ses parents, en ce moment, là, oui, Alh’ aurait pu se lâcher et jouer au gros satyre qui faisait du rentre dedans comme à son habitude. Mais là… C’était quoi… Impossible ? Ouais. Du tout pas possible. Il s’était essayé, il s’était malencontreusement raté. Et puis travailler avec eux, c’était un putain de calvaire. D’autant plus qu’à part Bara Emi, jamais il n’avait pu saquer le Cipher Pol, quel qu’en soit le numéro. Et des différences aujourd’hui, il n’y en avait pas. Pas jusqu’à cet entrevue qui prenait une tournure assez insolite dira-t-on. Sortant comiquement une sucette qui était dans sa poche, il la déballa tranquillement avant de la fourrer illico presto dans sa bouche. Le gout mentholé faisait vite de le déstresser. S’il avait des tremblements, désormais, ils n’étaient plus perceptibles…

                  • Et puis me revoir ? Tu plaisantes ? demandait-il sincèrement en souriant, après avoir enlevé sa sucette de sa bouche. Déjà de un, ça ne s’fait pas du jour au lendemain. De deux, considères-le comme un masque ou comme bon te sembles, mais tant que ça peut m’éviter certaines choses désagréables, le reste je m’en fou personnellement. Ma renommée ? Ma popularité ? Bwarf… Tu peux aussi penser ce que tu veux à mon encontre. Là encore, ça ne me fera pas grand-chose.

                  C’était clos c’est bon ? Parce que ça commençait d’une manière ou d’une autre à devenir lassant. De l’estime de soi, bien sur qu’il en avait. Salem se connaissait parfaitement. Ce pourquoi il se jugeait lui-même. Son incapacité était du au fait qu’il ne se considérait non pas comme un leadeur, mais un simple mec qui effectuait les boulots qu’on lui demandait. Du coup, quand il foirait grave bah… Il haussait les épaules quoi. Sa paresse résultait du fait qu’il n’aimait ni la paperasse, ni les combats. Il fuyait ces deux choses. Et les merdes, elles, s’accumulaient jusqu’à ce qu’il trouvait bon d’agir, enfin. Mais le grand brun ne pouvait nier un fait. Il aurait été un incapable jusqu’au bout des ongles, jamais il n’aurait obtenu ce récent grade de colonel. C’était d’une évidence flagrante. Mais en même temps, un mec paresseux, ne voulait pas dire forcement qu’il ne foutait rien de ses dix doigts. Contrairement aux autres officiers qui aimaient faire leurs preuves et gravir les échelons, lui, il préférait rester dans son coin à glander et à attendre que la récompense vienne d’elle-même. Il n’était pas rebelle. Il ne provoquait pas. Il était plutôt casanier et pacifique dans l’âme. D’où les dires qui affirmaient à qui voulaient l’entendre que c’était un gros paresseux. Et ça lui allait bien, cette étiquette. Du moins, il ne s’en plaignait pas… Chassant ces idées de son esprit, il fouilla sa poche et ressortit une autre sucette, saveur fraise cette fois. Les sucettes, c’était bon. Elle voulait de l’entente non ? Voilà qui pouvait être intéressant. Puéril, mais tout de même intéressant. Aussi lança-t-il le bonbon aux arômes de fraises vers elle…

                  • Essayes le. C’est sup…

                  Blocage. Le marine ne pouvait plus émettre mot. Un filet de sang coula disgracieusement de l’une de ses narines sans qu’il ne s’en rende compte. C’était pas vrai… Hein que c’était pas vrai ? Non… Ça ne pouvait pas être vrai. Nan… Le lancé ne pouvait pas être aussi précis que ça, si ? « Non non et renon… » Secouant sa tête plusieurs fois comme un gamin qui désapprouvait la réalité des choses, il reporta un regard à la scène et se disait que la fatigue devait lui jouer un sale tour. Il se gratta même les yeux et les cligna plusieurs fois avant de reporter vers la scène, l’air hagard. Malheureusement, rien ne changeait. De par son doigté magique et on ne savait par quel miracle, la sucette en questions partit se loger, en plein dans le décolleté de tata Shaïness. Encore que si l’objet coulait, ça aurait été sympa. Mais là non. Il ne bougeait pas, presque bien encrée là ou c’était. C’était quoi ce truc pervers ? Déjà que les probabilités pour qu’elle l’entame étaient moindres, alors là… C’était foutu. Inutile alors de décrire la mine du colonel qui commençait à avoir des sueurs froides, les yeux grands ouverts, et la bouche tordue vers l’avant. POURQUOI LUI, HEIN POURQUOI ?! Plus qu’une chose à dire :

                  Merci Seigneur.
                    - « … j’espère que vous visez mieux lorsque les circonstances le nécessitent… »
                    Je récupérai l’objet de tous les délits, l’examinai un instant – vérifiant surtout la date de consommation car je n’avais pas envie de tomber malade – avant de déballer la sucrerie et de la porter à ma bouche. Le goût fraise était totalement synthétique, et j’allais devoir me laver les dents encore une fois – en plus, je me doutais que cela allait me teinter la langue – mais c’était un changement agréable par rapport à l’ambiance qui pesait.

                    Parfois, un long silence valait mieux que des paroles, et je devais réfléchir un peu à tout ce qui c’était dit. avec M. le Commandant de Base. Nous étions partis vers des chemins tortueux et à bien considérer la chose, Salem parlait beaucoup pour ne pas dire grand-chose. Il avait sa manière d’interpréter les mots, et alors que je voulais simplement reprendre les choses à zéro, pour finir cette mission du mieux possible en mettant assurer que mon hôte n’était pas contre moi, voilà que nous avions mener un débat presque philosophique. Et dire que nous n’avions pas, techniquement parlant, décidé du futur de notre collaboration imposée.
                    Aussi je pris le temps de savourer ma sucrerie, lapant le sucre d’une langue gourmande ou suçant le tout, calé contre mon palais. Cela faisait des années de que je n’avais pas mangé de sucette. J’avais conscience sans vraiment en prendre toute la mesure du côté érotique de la chose et joueuse comme j’étais, décidée aussi comme j’étais à tester cet homme, je m’appliquais à insister sur le côté « ingénue salope » malgré elle. Le pire ? Une part de moi était réellement comme ça. Je n’avais pas renié totalement mes origines et mon éducation, et voilà un exemple parfait des situations ambigües que « la haute société » se plaisaient à entretenir. Et puis, j’étais une cabotine. Définitivement. Et ça, s’il ne l’avait pas compris, je ne pouvais plus rien pour lui.

                    D’ailleurs, j’allais continuer à manipuler le vrai et le faux… en fait, même pas… Juste distiller un peu d’illusions. Je n’aimais pas mentir, et j’entretenais déjà le plus gros mensonge de ma vie. Or, il fallait toujours avoir plus de vérité pour bien mentir. Un masque ne devait jamais être intégral.

                    Je vins donc me poser à ses côtés, m’asseyant avec grâce, les jambes pliées sur le sol. Jamais nous n’avions été aussi proches, si ce n’était pour cette petite bise. Ah lala, des bises, des sucettes…Alheïri n’était qu’un grand enfant ! A quand la partie de billes ?
                    - « Merci. » fis-je simplement en désignant le bâtonnet que je tenais à la main. J’étais arrivée au deux tiers de ma gâterie. « Puis-je goûter la vôtre ? »
                    Incorrigible que j’étais. Mais au jeu de la gamine adorablement chieuse, c’était encore moi la meilleure… A lui de se montrer adulte.
                    Ou pas…
                    En tous cas, cela allait être marrant !


                  Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Dim 17 Juil 2011 - 18:45, édité 1 fois
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                    J’avais certes voulu que l’échange s’arrête là, mais son silence brusque sur mes précédents dires m’avait tout de même décontenancé. Pire encore, j’avais mal ajusté mon lancé de friandises. Elle ne m’en avait pas vraiment tellement pas voulu mais j’étais resté un peu coi, n’ayant aucun mot pour me justifier et m’excuser correctement. Pour conclure ces courtes mésaventures, j’étais un peu dans la mouise et ça l’faisait vraiment pas quoi. J’aurais bien voulu me tirer d’ici, très rapidement. Hélas ! Le cran n’y était pas ou tout du moins, la volonté inébranlable et indispensable pour ce faire. Inextricablement, ce qui suivit me rendait encore plus… Pataud. En un seul instant, j’avais cru voir ma défunte épouse, Aisling. Imperceptiblement, un soupir s’extirpa d’entre mes lèvres avant que mes dents se resserrent. L’image qu’elle me donnait d’elle sentait un air de déjà vu. J’avais l’habitude de ce genre de jeu avec mon ex et les multiples filles que je me tapais sans vergognes. Mes sourcils se foncèrent pendant que je réfléchissais rapidement. Partir ou se fondre dedans ? Un dilemme qui s’imposait de lui-même. Il me fallait un choix au plus vite. Choix d’autant plus difficile quand je savais ce qui pouvais résulter de mon action futur. ‘Toute façon, il n’y avait qu’une seule alternative. Soit ça passait, soit ça cassait…

                    Et puis, il faut bien l’avouer, sa fausse bouille de petite chipie me faisait craquer grave. Je suis un con je vous l’accorde, mais sa pose ne me laissait guère le choix. Mon sang de gros satyre bouillonnait à un tel point que je commençais à frissonner. Elle me laissait de grosses ouvertures, mais le terrain au cas où il était malicieusement miné, j’voulais quand même le tâter. Bourgeoise et Cipher pol. Un amalgame qui me laissait perplexe depuis un bon moment. Pour peu, ma sucrerie se serait brisée sous mes dents qui se resserraient davantage, tellement j’étais assailli par mes entreprises futures. Est-ce que le bonbon allait vraiment servir ? J’en doute fort. Ce n’était même pas dans mes attributions, vraiment. En plus, je ne sentais même plus le gout sans compter qu’il était bientôt entamé pour de bon. Et l’idée de sortir ce minuscule bout de ma bouche, ça ne l’faisait pas, encore une fois. J’aurais pu fouiller mes poches et lui sortir un nouveau bonbon. J’aurais pu. Mais j’étais quasi certain que je n’en avais plus. Plan qui tombait rapidement à l’eau donc. Et puis, le faire aurait signifié que je l’esquivais une énième fois. Je me remémorais alors des quelques tirades qu’elle avait débité, sans compter le motif du pot auquel je n’avais pas porté grande attention. Un véritable con, j’étais.

                    Sur le moment, je me trouvais un peu fini là. Habitué aux filles faciles, j’avais complètement perdu mes moyens face à l’héritière des Raven-Cooper. Un peu comme LE coincé du cul qui tentait une approche vaine vers l’une des filles les plus canons du lycée. J’avais conçu l’image de la sorte et pour peu, j’allais tomber dans la déprime. Si on m’avait dit un jour que j’pédalerais dans la semoule comme ça, j’aurais certainement rit au nez de la personne. Pis soudainement, mes yeux viraient lentement ouvertement, et graduellement, de ses cuisses à son sourire presque aguicheur en passant par son décolleté non pas monstrueux comme je les aimais, mais assez beau pour me faire fondre. Merde quoi ! Pourquoi moi, hein, pourquoi moi ? Le cœur des hommes est faible. La chair est faible. Moi, j’faisais pas vraiment exception. Et l’une des choses qui pouvait certainement provoquer ma mort, c’était ce bout de chair, là devant moi. A bien y penser, n’était-ce pas le but recherché par le gouvernement ? Va savoir… Dans tous les cas, si j’devais finir dans un cercueil, ce s’rait certainement sans une once de regrets. Parce qu’en deux trois mouvements, je m’étais complètement collé à elle, si bien que je souriais, plus sur de moi. Mes lèvres abandonnaient le bâtonnet de ma précédente sucrerie au sol. Déjà finie.

                    • Je l’ai terminé, dommage. Par contre, je pense bien pouvoir te donner quelque chose de mieux.

                    Ma sureté ? Je ne savais pas où je l’avais soudainement tiré. Ce qui est sur, c’est qu’elle m’envahissait et que je versais dans mon sourire habituel, presque charmeur. Tellement, que mes gestes loin d’être fébriles comme à l’accoutumée -Tout du moins depuis que j’ai débarqué dans son territoire- étaient précis, tranquilles. Je ne tremblais pas. J’pensais même savoir ce que je voulais. Le pervers faisait surface. Ma nature première et ignominieuse. J’aurais du m’arrêter. J’aurais du. Mais la frénésie lascive dans laquelle j’étais emporté ne pouvait s’arrêter que par des mots véhéments ou une bonne paire de gifle de sa part. Au choix donc. Ce n’était pas des actes désespérés, non. Il est vrai que ma rhétorique avait maintes fois été galvaudée et que je ne risquais pas grand-chose en me prenant un autre mur, mais non. J’la voulais vraiment. Si ma main gauche avait prit possession du pli de son genou droit, avant de glisser lentement sur la peau satinée et de sa cuisse pleine et resplendissante ; ma main droite quant à elle se posa au bas de son dos. Ma bouche voulait apposer un baiser sur une partie de son cou. Rien qu’un tout petit. Mais à peine avais-je frôlé ladite parcelle de mes lèvres qu’on toqua à la porte. Mes hommes ? Impossible. Ses hommes surement. Des gêneurs en perspectives. Et toujours est-il que mes yeux gorgés de pierres précieuses, lançait un regard torve vers la porte.

                    Involontairement… Ou pas, Shaïness avait poussé le colonel que je suis jusqu’à dans ses derniers retranchements. Elle avait réussi qui plus est, à me faire céder. J'n'aurais cesse de le dire pour ma défense, sa beauté est époustouflante. Pour ma part, j’avais secoué le panier aux serpents à ma manière. Bien trop exagérée p’être. M’enfin, je m’en foutais. Et ce n’était pas la question. Puisque pour ma part et malgré la porte toquée une deuxième fois puis une troisième fois, j’avais fini par perdre mes lèvres sur son cou, mon faciès presque chatouillé par sa chevelure rose-bonbon. Allait-elle continuer ? J’sais pas et encore une fois, je m’en fou presque.

                    En tout cas les dés étaient jetés.

                    Adviendra que pourra.

                    Spoiler:
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                      De l’action. Enfin ! Je n’allais pas jouer les effarouchées vierges, alors que j’avais tout fait pour le titiller. Je me fis souple dans ses bras, acceptant ses mains et ses lèvres, alors que je me pressais plus près contre lui. A vrai dire, je m’étonnais de la douceur de son approche. Je m’étais plus imaginée une embrassade sauvage, jetée à même le sol ou transportée sur le lit où les draps auraient été froissés dans une tentative d’imposer sa virilité que je défiais et encensais à la fois depuis le début de notre rencontre.
                      Je portai mes mains à son visage puis à ses cheveux, dans lesquels j’enfouis mes doigts, pour mieux l’inciter à poursuivre ce semblant de baiser. J’ignorai totalement les coups frappés à la porte. Mes hommes, si tentés qu’ils s’agissaient de mes hommes, avaient reçus leurs ordres quant à leur missions, et les consignes quant à leur manière de se comporter vis-à-vis de moi. La base pouvait brûler ou être menacer par la force réunie des quatre empereurs-pirates qu’ils n’avaient pas le droit de violer mon intimité… si ce n’était pour me sauver la vie, me protégeant d’un obus ou d’un attentat. Or, les sirènes d’alarme auraient été déclenchées bien avant… et le colonel encore plus…

                      L’idée que quelqu’un allait peut-être ouvrir la porte à l’envolée et nous découvrir, l’un collé contre l’autre en train de nous livrer à une passe diplomatique d’un autre genre, me tira un frisson. Je n’étais pas du genre voyeuriste mais la peur avait un côté très excitant… Bon, les chances qu’un homme nous vit depuis le pas de la porte, nous qui étions à terre de l’autre côté d’un grand lit, se réduisaient à peau de chagrin.
                      Alors, je me penchai en arrière, pour me coucher totalement sur le sol, l’invitant par là même à venir me surplomber et s’allonger sur lui. Puis je penchai la tête pour venir passer une langue suave le long de son lobe d’oreille :
                      - « Vous ne voudriez pas être trouvé dans cette position et nous voir interrompus, n’est-ce pas? » chuchotai-je à son oreille avant de mordiller le petit bout de chair qui pouvait être percé. Sa main était toujours logée sur ma cuisse et alors que je glissais le bassin pour trouver une position plus confortable, mes hanches basculèrent contre son plexus, frottant un certain endroit apparemment très présent. A ce moment, je ne pus retenir un gémissement, qui vint flotter sur son oreille…
                      Depuis quand n’avais-je pas connu un homme ? Longtemps, peut-être trop. Je laissai mes envies prendre le dessus de mon intellectuel. Tous mes neurones me criaient de prendre le temps de réfléchir, que cette passade partait en vrille et que les conséquences allaient sûrement être plus dures à gérer que le bonheur éphémère de la chair. Mais voilà, à force de jouer avec le feu, je m’étais brûlée. Prise à mon propre piège. Je voulais cet homme, non pas lui en particulier, car après tout, je ne le connaissais pas plus que cela, mais pour tout ce qu’il était, tout qu’il avait été vis-à-vis de moi. Oui, d’une certaine façon, je désirai Alheïri Salem Fenyang, mais pour les mauvaises raisons. Pour ce masque qu’il avait porté, pour ce côté aussi torturé que moi. A la différence qu’il ne mentait pas aux autres, il se mentait à lui-même. Il ignorait tout de son potentiel, de qui il pouvait être, en se laissant porter. Au contraire, j’avais pris mon destin en main et avait fait le tour de mes capacités. J’en avais gardé certaines, mais rejetée la plupart. Je mentais à tout le monde, sauf à moi-même.

                      Sauf cette fois.
                      - « Je vous jure que si vous ne vous montrez pas à la hauteur de votre réputation » soufflai-je alors que je me calais au mieux sur le sol, « vous verez de quel bois je suis faite, Cipher Pol, Marine ou femme…. »


                    Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Mar 26 Juil 2011 - 22:24, édité 1 fois
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                      Ce que femme veut, Dieu veut.

                      ‘Façon, même sans lui, j’aurais adhéré aux envies de Shaïness. Mesurais-je les conséquences de mes actes ? Non. Je n’en avais pas le temps. L’instinct premier primait et ma conscience s’envolait ailleurs, très loin. Il n’y avait qu’à voir la trique que j’avais pour comprendre mes états d’âmes et mes aspirations. Devant une femme pareille, il m’était tout bonnement impossible de réfléchir décemment. D’autant plus que notre position très explicite ne m’aidait pas à rester correct comme j’aurais voulu l’étre ; tout mon corps étant aussi rassemblé en un seul point, soit ma baguette. Comme réponse au semblant de menace qu’elle m’avait adressé, j’avais fini par sourire avant de coller mes lèvres aux siennes. Premier baiser, long, langoureux, fougueux même. Je n’avais cesse de prélasser mes mains sur ses cuisses plantureuses. Au finish, j’avais presque réussi à dénuder sa croupe callipyge qui m’obsédait comme un malade. Limite, j’aurais même bavé dessus. C’est vous dire comment elle me captivait. Les coups donnés à sa porte ne m’ébranlaient plus. C’est pas comme si je la violais en même temps. Et puis, d’une force non maitrisée, j’avais pratiquement déchiré la dentelle qui lui servait de sous-vêtement, trop allumé pour perdre mon temps en préliminaires. -J’étais un peu égoïste sur le coup, mais je me disais bien que j’avais assez de temps pour m’rattraper-. Elle l’aura cherché, elle l’aura trouvé comme on dit. Parce que deux trois secondes plus tard, j’m’étais pas fait prier pour la prendre comme il se le devait, à même le sol, sans pudeur et avec toute ma vigueur de mâle.

                      […]

                      La pauvre petite robe à fine bretelles trainait dans un coin. La chaise du bureau avait été carrément renversée par terre et d’la paperasse parsemait le sol. L’un des murs avait été marqué par un dos ruisselant de plusieurs gouttes sueurs. Les draps étaient quasiment froissés et complètement tachés. Il y régnait un vrai bordel dans cette chambre, différente de l’image qu’on avait eu au tout début de la parlotte entre nos deux personnages. Capharnaüm total qui m’extirpait un sourire plutôt fatigué. Parce que oui, elle m’avait usé à mort et oui je l’avais promené un peu partout dans la chambre. Contre un mur. Sur son bureau. A même le sol et pour finir, sur son lit. Et ouaip’. Finalement, il m’en était restée une. Une sucette dont j’avais vu le bout qui dépassait un peu la poche de ma chemise blanche. Je la suçais tranquillement alors que je pensais aux circonstances que cette sucette aurait pu engendrer si je l’avais aperçu plus tôt. Sans doute que j’l’aurais utilisé pour esquiver, encore une fois. Sans finir par me complaire dans les entrailles de la jeune Cipher Pol. Ce qui aurait été dommage, ma foi. Ma sucette, j’aurais bien voulu la remplacer par une clope. Mais malheureusement, je n’en avais pas et Shaïness non plus, à priori. J’avais réussi à noyer quelques heures dans ses reins, mais il me fallait une autre occupation, avant que le sommeil ne me gagne. Plongé dans l’obscurité de la salle, j’étais simplement calé contre le dossard du lit, le reste du corps allongé et occupé par la jeune femme qui était quasiment couchée sur moi. Pourquoi j’avais mes mains qui l’enlaçaient tendrement ? Allez donc savoir…

                      Elle dormait ? J’sais pas et perso, j’y pensais pas trop. Contrairement aux autres fois, j’trouvais pas immédiatement le sommeil. J’aurais voulu sombrer comme une masse, mais non, j’étais bel et bien éveillé. J’semblais même être le seul, quoiqu’avec une femme pareille, faut s’attendre à tout. J’contemplais plutôt son derrière ferme et imposant couvert d’un drap, tandis que des images négatives bourgeonnaient dans mon cerveau imaginatif. Et si ? Et si elle prenait cet ébat pour me faire du chantage ? Quel genre ? J’savais pas et je chassais bien vite cette idée saugrenue de ma tête. La deuxième image était celle de mes parents qui se feraient mille et une idées si jamais ils apprenaient que j’avais touché une bourgeoise d’une famille qu’on connaissait. Là encore, j’pouvais vous dire que c’était soft comme idée et que ça pouvait s’arranger si jamais le cas s’avérait. Mais la troisième idée… c’était la pire quoi. Qu’elle tombe tout simplement en cloques. Sur le coup, j’vous jure que mon rythme cardiaque s’accéléra. C’est pas pour dire mais tout en lui extirpant multiples orgasmes de son corps –Je crois bien-, j’en avais été proie, moi aussi. Et pas des plus anodines. Qui plus est, en elle. Dépité du tout au tout, je grinçais des dents, prêt à me mordre les doigts. Tout sauf ça. Actu, j’étais pas vraiment prêt à prendre ce genre de responsabilité. Les mouflets ? C’est trop. J’m’en sentais pas l’âme. Mais quelques secondes après, j’finissais par m’encourager. Son caractère bien pointilleux l’aura poussé à prendre des contraceptifs…

                      Du moins, c’est c’que j’voulais croire.

                      Que quelqu’un me dise encore une fois de faire l’amour à une femme du milieu auquel j’appartiens et j’y réfléchirais par deux fois avant. C’était de faux problèmes en somme. J’commençais à me faire du sang d’encre pour quedal. Secouant ma tête pour effacer cette grosse goutte d’eau qui était apparu sur ma nuque comme dans les mangas, j’me mettais à scruter le coin de mes prunelles de jade. Il devait être deux ou trois heures du matin. J’entendis le bruit de pas de quelques uns de mes soldats, mais plus rien. En pensant à eux, je ne pu m’empêcher de me rappeler de ceux qui avaient tapé la porte de Shaï. On avait provoqué un tel boucan, qu’ils avaient du partir. A moins qu’ils n’étaient couchés au seuil de la porte ce qui serait compromettant pour mon départ que je voulais effectuer en catimini. En parlant de ça, peut être était-ce le bon moment ? Ouais sans doute. C’est alors que je couchais délicatement le corps de ma compagne d’une nuit sur le lit. Sans la couvrir, je me levais et relogeait ma chemise sur mes épaules musclées. Mes mirettes glissèrent tout doucement vers ses commodes. Une envie irrésistible d’aller fouiller dans ses affaires me saisit. Faisant abstraction de mes valeurs morales, j’ouvris l’une de ses commodes dans le silence le plus total. Mais je refermais bien vite la première. C’était quoi ça ?! Une collection de strings ? Parce que ça m’avait arraché un putain de rougissement alors que je venais à peine de me la farcir. Elle ne devrait pas tellement regretter celui que j’avais déchiré. J’ouvris la deuxième commode et tombait rapidement sur un objet qui me captiva automatiquement…

                      Une photo. Une photo dont je m’emparais, avant de me redresser et de l’observer, toujours en silence. Même jeune, elle était belle. Et entouré de ses parents que je détaillais lentement, l’effet me faisait assez bizarre… J’voyais la Cipher Pol sous un autre jour, si je puis le dire ainsi. L’envie soudaine de connaitre ce bout de chair me taraudait fortement le cœur. J’étais p’être loin d’en finir avec son cas…

                        - « J’avais 17 ans. Je venais de finir mon stage et je venais d’obtenir mon premier poste titulaire au sein du Gouvernement. J’étais absolument ravie… Père beaucoup moins. Il essaye de cacher sa déception, mais sur cette photo, on peut voir qu’il est… contrarié… »
                        Je venais de me relever et j’avais jeté un coup d’œil à ce qui le captivait autant depuis quelques instants. Je ne dormais pas vraiment, plutôt plongée dans une somnolence douce, bercée au rythme de sa respiration et des battements de son cœur. Il s’était montré à l’inverse de sa réputation. Il n’y avait rien de paresseux dans ses étreintes et il m’avait comblé. Cependant, je n’étais pas tombée comme une masse, comme on pouvait croire, après une activité comme la nôtre. Au contraire, je m’étirai comme un chat, comblée et satisfaite et vint me lover contre son dos, posant mon menton sur son épaule.

                        Oh, cette vieille photo. Je la gardais plus comme un aiguillon pour ne pas oublier mon choix de vie plus que par souvenir. Je ne pouvais oublier les années de bonheur passés blottie dans la chaleur du cocon familial, mais je ne pouvais non plus repousser ce sentiment d’injustice… Toute une enfance bercée dans le plus beau mensonge possible… Une illusion partagée par tant de personnes… Parfois, je me demandais pourquoi est-ce qu’il avait fallu que je fus celle qui ouvrit les yeux sur la réalité de la vie ? Pourquoi moi et pas un autre, sûrement plus utile à la révolution ?

                        - « Le début d’une nouvelle vie pour moi. Pas très éloignée de celle que je menais jusqu’ici, bien sûr. Mais dans un monde où le nom de Raven-Cooper ne signifiait rien, où les jeunes hommes n’avaient pas peur de flirter avec moi, parce que j’étais la fille du lieutenant-colonel ou la sœur du major… Flirter ou plus encore…. » Je susurrais ces derniers mots en déposant un petit baiser sur le haut de son omoplate avec un ton suggestif. « Si j’étais restée la fille de mon père et uniquement cela, sachez bien que nous n’aurions jamais pu connaître une telle intimité. Vous vouliez savoir ce qui m’avait poussée à partir ? Hé bien, voilà… Ne pas me contenter d’être cette jeune fille. Pouvoir me connaître. Etre aussi joueuse, chieuse, sensuelle et même salope, si je le voulais… Mais si le cadre du gouvernement m’a ouvert de nouvelles portes, il m’a imposé d’autres limites… J’ai profondément blessé Mère, quand elle a compris que je n’étais plus une jeune fille bien sous tous rapports… Personnellement, je me trouve très bien. Je me regarde sans rougir tous les matins dans le miroir… »

                        Je retombai dans les oreillers, les cheveux éparpillés autour de moi. Finalement, cette photo était la chose la moins dérangeante qu’il aurait pu trouver sur moi. Ceci dit, ça m’étonnait un peu qu’il eut osé fouiller dans mes affaires. Flemmard, mais curieux ? Avais-je une chance de faire germer la graine d’impertinence en lui, de la faire pousser jusqu’au stade de sécession ? Bah, avais-je vraiment envie de me lancer dans une telle entreprise ? Là, maintenant, c’était sûr que non… Je n’étais pas fatiguée, juste… apaisée. Aucune nécessité à briser ma petite bulle de bien-être. Au diable Damien Reyes et ses ordres. De temps en temps, une femme devait s’accorder une pause et penser à elle. Après, se lancer dans l’entreprise de dévoiement d’un futur Colonel demandait du doigté et de la souplesse. Tout ce que je n’avais pas au cours de cette rapide mission. Ne fallait-il mieux pas jeter plutôt les bases d’une entente cordiale et revenir plus tard sur le cas de Alheïri Salem Fenyang ? A mon avis, m’entêter dans une voie trop périlleuse allait se montrer stérile.

                        - « J’espère que vous ne m’en voudrez pas si demain, je reprends mon masque de sale chipie. Je me dois de respecter les limites que le Gouvernement m’impose. Vos hommes devront apprendre une leçon totalement inutile, si ce n’est pour entretenir une rancœur envers ledit gouvernement. Je ne suis que le vaisseau, le vecteur de ses sentiments de défiance… Cela vous étonnerait-il si je vous dis que cela est fait exprès ? Que mes ordres ne sous-entendaient qu’à peine cet état des choses ? D’ailleurs, je me demande si je risque la cour martiale pour vous avoir dit de telles choses. Bah… vous viendrez témoigner en ma faveur, n’est-ce pas ? »
                        Ma main glissa le long de sa colonne vertébrale en une caresse douce mais qui lui offrait la possibilité de penser qu’il s’agissait d’une invitation à autre chose…
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