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"La Moutarde" qui tourne au vinaigre.


Chère Sophora Tanners,

Nous reconnaissons vos talents d’actrice et serions honoré si vous acceptiez de participer à l’inauguration du bateau « l’Epicé » : un nouveau navire de guerre avec quelques nouveautés. Nous aurions besoin de votre expertise pour jouer « La Moutarde », une pièce de théâtre originale où le mari trompe sa femme avec une bonne sœur qui est également sa sœur.  C’est cette dernière que nous aimerions que vous incarniez, je vous fournis le texte avec cette lettre. Vous serez bien évidemment rémunérer.
En espérant une réponse positive,

La Compagnie de l’Orange  Ecarlate.


Lysie avait reçu cette lettre il y avait trois jours. Elle n’avait pas l’intention de refuser, par chance elle se trouvait en ce moment même sur une île adjacente à celle du Royaume de Bliss : le lieu d’où venait la lettre. Ce même lieu où l’on construisait de nombreux bateaux marines. Ça pouvait être une occasion de se trouver un petit bateau. Après tout, Lysie voudrait se lancer dans une aventure et l’acquisition d’un tel appareil serait un tremplin dans sa nouvelle vie et l’éviterait de sans cesse payer les voyages qu’elle fait. Enfin, pour le moment, il fallait plus se concentrer sur cette nouvelle offre. Après avoir appris son texte par cœur, la jeune femme dans son apparence d’actrice, Sophora, prit un Bateau de Transport pour arriver au Royaume de Bliss. La première chose que la jeune femme aperçut en arrivant et ce que probablement tout le monde aurait aperçu, c’était l’abondance de marines sur cette île. Les chantiers navals y étaient très certainement pour quelque chose, mais ce qui était sûr, c’est que peu de délinquants devaient agir sur l’île. Munie de sa plus belle veste et de son plus beau chapeau, Sophora posa finalement un pied sur la terre ferme puis l’autre… Elle n’eut le temps de faire un pas de plus avant que l’on ne l’attrape par le bras et qu’on l’amène vers un grand navire de guerre où se déroulaient différents spectacle. A s’en reporté à la coque, il s’agissait bien là de « l’Epicé », le bateau sur lequel Sophora devait se produire. Elle aurait préféré visiter un peu le Royaume de Bliss avant mais bon, maintenant qu’elle était là, elle choisit de repérer un peu les lieux. Elle s’approcha un peu plus du bateau jusqu’à ce qu’on l’interpelle.

« Mademoiselle Tanners ! Vous voilà ! Suivez-moi, je vais vous montrez votre loge ! »

Un homme en blanc avec une casquette sur laquelle figurait le signe bleu de la marine lui tendait sa main. Sophora la saisit délicatement puis suivit le jeune homme. Ce dernier avait les mains moites, comme s’il était stressé, sentiment que ressentait très rarement Lysie. Cependant, le marine parvenait à la rendre anxieuse, non pas pour son futur passage en scène, ni pour le fait de n’avoir toujours pas rencontré celui qui l’avait engagé… En réalité, elle ne savait pas pourquoi et ce sentiment nouveau lui faisait peur. Elle entra alors dans le bateau par une sorte de passage dans la coque puis arriva enfin devant sa loge. On voyait bien que le bateau venait d’être construit, pas un seul défaut. Sophora remercia humblement l’homme stressé puis entra dans la pièce. Un homme étrange se regardait dans le miroir. Il se retourna avec sursaut puis aborda la jeune femme avec excitation.

« Bien le bonjour Mademoiselle Tanners, vous me voyez ravi de vous voir ici, je suis Monsieur Orlate, le créateur de la Compagnie Orange Ecarlate qui a le plaisir ce soir de jouer sur le nouveau bateau de la marine ! J’espère que vous n’êtes pas trop anxieuse, de grands noms se trouvent surement dans le public ce soir ! »

« La peur est un mot que je ne connais pas Monsieur Orlate. Mais parlons plutôt de ma rémunération, vous ne m’avez pas précisez à combien le montant s’élevait ! »

« Et bien, vous êtes bien sûre de vous, votre salaire dépendra de votre prestation, mais je ne doute pas qu’il sera maximale avec vous. »

« Vous me voyez touchée par votre compliment, le spectacle sera grandiose, ne vous en faites pas. »

« Je vous fais confiance Mademoiselle Tanners, je vous fais confiance… »

L’homme sortit en sautillant. Il était vraiment étrange, enfin, tout ce que l’actrice voulait, c’était être payée, elle n’était pas d’humeur à se poser trop de questions. Elle trouva son costume de bonne sœur dans l’armoire, s’en vêtit puis ôta tout son maquillage, elle avait d’ailleurs tout une tirade sur le fait que ce ne soit pas saint. Sophora se demandait comment il était possible que cet homme qui était son frère tombe amoureux d’elle… La jeune femme était fin prête, et la pièce allait bientôt commencer !

    Quelques coups pour annoncer traditionnellement le début de la pièce et Sophora sous le rôle de Sœur Jeanne entra en scène en débutant sa longue et fameuse tirade.

    « Ah tout ce maquillage, ça pique les yeux, c’est comme si l’on se mettait intentionnellement de la moutarde dedans ! …»

    La première scène se passa à merveille, le public semblait captivé et apprécier la pièce.  Le fait d’avoir enlevé sa robe noire de sœur avait surement grandement participé à ce succès. Les hommes étaient admiratifs de Sophora, ce qui allait peut-être lui être utile par la suite. Enfin, pas le temps de se reposer ou de se poser divers questions puisque vint la deuxième scène, celle où l’actrice allait devoir embrasser son frère dans la pièce qui était aussi son amant. Petit problème, cet homme-là n’était plutôt pas très … séduisant ou du moins pas du même calibre que Sophora. Cependant, le travail, c’est le travail et pour une bonne paye, la jeune femme est prête à tout. Elle rentra de nouveau sur scène, pris les mains de son amant/frère. Ce dernier la serra contre lui et débuta la scène.

    « Ma sœur, vous êtes d’une beauté… divine ! »

    « Le Seigneur en est certainement responsable. »

    « Jeanne, embrassez moi »

    L’homme se rapprocha encore plus près de Sophora, comme s’il lui rentrait dans la chair, il approcha lentement sa bouche lorsque « Pan ! ». L’homme se retrouva à terre dans un marre de sang et le pire dans tout ça, c’était que les talons de l’actrice avaient été Sali. Sophora, tout de même choquée par l’évènement regarda la foule pleine de marines et leur demanda à l’aide. Seulement le public pensait qu’il s’agissait toujours là de la pièce. La jeune femme chercha alors Monsieur Orlate du regard, elle le trouva dans la partie entre la scène et les coulisses. Orlate lui faisait signe de continuer, de ne pas s’en soucier, de feindre la normalité et de faire comme si la pièce était écrite ainsi. La pièce était effectivement bien écrite mais par qui ? Sophora improvisa alors comme elle avait l’habitude de le faire, après tout ça lui rapporterait surement plus de berrys. Et puis ça l’arrangeait, il ne faut pas oublier que son frère était moche. Orlate ne voulait pas se décrédibiliser, cette pièce pouvait être un tremplin pour sa carrière.  Les scènes enchaînèrent les unes après les autres, la jeune femme avait pris avec elle son pistolet et l’avait dissimulé sous sa robe, il était clair  qu’elle n’était pas tout à fait en sécurité sur ce bateau. Vint alors le tour de la dernière scène qu’aurait dû partager Sophora avec son frère, elle allait encore devoir tout inventer. Elle entra sur scène.

    « Mon frère que j’aimais… Cet amour impossible… »

    « Ma sœur Jeanne, la mort n’est faite que pour mieux renaître. »

    Sophora se tourna. Il s’agissait du  marine qui l’avait emmené dans sa loge, la raison de ses mains moites s’expliquait maintenant. L’homme était brun tout comme son ancien frère, et le public se trouvait assez loin, il ne pouvait voir la différence entre les deux acteurs. Le plan du jeune homme était parfait mais pour qu’elle raison ? L’inconnu s’approcha de Sœur Jeanne et l’embrassa, Sophora ne put refuser, puis il lui glissa quelques mots à l’oreille.

    « J’ai suivi chacun de vos déplacements, je sais tout de vous Sophora. »

    « Personne ne peut tout savoir. »

    « Alors je vous suivrais au bout du monde et vous admirerais. Je vous aime. »

    Il était fou cet homme, bien sûr qu’il ne savait rien, mais l’idée qu’un pervers la suive de partout ne lui plaisait pas énormément, il ne pouvait être qu'un obstacle dans sa future route à la puissance. Sophora regarda Monsieur Orlate en lui souriant, ce dernier paraissait inquiet, il faut dire que rien ne se passait comme il l’aurait espérer. La jeune actrice se saisit de son pistolet sous sa robe puis tira dans la tête de fou pervers. Elle se retourna vers Monsieur Orlate plus qu’anxieux cette fois-ci puis vers le public de marines.

    « Pourquoi est-ce que l’homme que j’aime m’a trompé, pourquoi devant Dieu, je viens de faire un péché plus grand encore que celui qu’était ma vie ? Me retirer, devenir invisible, n’être personne est surement la meilleure des solutions. »

    Sophora quitta la scène et les rideaux se fermèrent. Elle se dirigea vers Monsieur Orlate et lui expliqua que l’homme voulait la tuer elle aussi, qu’elle n’avait pas eu d’autre choix que de le devancer. Ce dernier lui sourit, il attacha une grosse pierre aux deux corps puis les jeta dans la mer. Cela était de l’histoire ancienne, ou du moins c’est ce qu’ils pensaient : en réalité tout venait juste de commencer…
      « La Moutarde » terminée, Sophora n’avait maintenant qu’une hâte, oublier très vite cette histoire, quitter ce bateau et le voir partir. C’est d’ailleurs ce que fit Sophora en compagnie de Monsieur Orlate et applaudit par la plupart des personnes présentes. Avec sa grâce naturelle, Sophora souriait à tout le monde et leur faisait des signes dignes d’une reine. Tout se passait à merveille jusqu’à ce que la voix d’un homme retentisse.

      « A l’aide ! Il y a deux corps sous l’eau ! A l’aide »

      Sophora se décomposa intérieurement mais n’en laissa rien paraître. Elle fit tout simplement comme tout le reste de l’assemblée, sembla surprise et confuse, elle ne se soucia même plus de Monsieur Orgon, il fallait qu’elle se tire d’affaire par tous les moyens. C’est alors qu’un homme muni d’un tuba sortit de l’eau puis montra du doigt un endroit. La suite se passa très vite, le nombre incalculable de marines présents sur l’île leur permis de déployer à toute vitesse cinq d’entre eux pour plonger. Ils remontèrent quelques instants avec les fameux deux corps qu’Orlate et elle avait jeté peu de temps auparavant. Les hommes furent rapidement reconnus, plusieurs centaines de personnes les avaient vues sur scène. C’est donc assez normalement que la jeune actrice et le metteur en scène furent encerclés puis emmenés dans un endroit assez sombre comme une cave ou un sous-sol. Commença alors un entretien…

      « Mademoiselle Tanners, nous avons retrouvé votre pistolet dans vos affaires, ce qui fait de vous la principale suspecte. »

      « Je n’ai rien fait. »

      « Si vous ne parlez pas plus, il est certain que nous allons vous enfermez et vous pourrez dire au revoir à votre carrière qui s’annonçait prometteuse. »

      « … Ecoutez, c’est une longue histoire, Garry, l’homme qui jouait mon frère a été tué en plein pendant la pièce, nous ne savions ni Monsieur ni moi de qui ça venait. Il s’est avéré que cet homme était en fait celui qui a joué le deuxième frère. Je devais le tuer pour de faux bien entendu et mon pistolet n’était pas chargé, du moins, c’est ce que je pensais. En réalité, Monsieur Orlate l’avait chargé, il voulait se débarrasser de cet homme qui gâchait sa pièce. Il m’a alors fait promettre de ne rien me dire auquel cas, il ne me paierait pas. Vous savez, les temps sont difficiles et le déplacement m’a coûté, je ne pouvais me permettre de ne pas être payer. »

      « Votre histoire est bien différente de celle de Monsieur Orlate qui vous accuse vous. Heureusement pour nous, quelques-unes des salles de « l’Epicé » sont munies de Video Dens Dens dont la fameuse salle d’où vous avez jeté les corps. On y voit clairement Monsieur Orlate jeter les corps l’un après l’autre. Nous voulions être sûr de nous et vous avez bien fait de nous révéler la vérité Mademoiselle Tanners. Nous ferons en sorte, que l’assassin vous rembourse, vous pouvez partir. »

      Sophora sortit donc de la salle pour atterrir dans un couloir où il put voir Monsieur Orlate se faire traîner par des marines. Ils jetaient des regards de mort sur l’actrice qui pouvait enfin souffler. En plus, elle allait pouvoir être remboursé. Elle ressortit finalement du bâtiment puis se retrouva dans la rue nez à nez avec le public qui attendait de savoir. Le résultat étant devant leur nez ils s’empressèrent de demander des autographes à la jeune femme qui se fit un plaisir d’en donner tout sourire sans honte et sans gêne.