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Pavillon Noir, Mains Rouges


-Non non vous ne pouvez pas rentrer comme ça, c'est les appartements du capitaine !

BAFFE !

Bruit sec d'une claque monumentale suivi de celui plus flasque d'un corps mou qui va heurter quelque chose de dur et qui glisse lentement au sol. Exit le gardien, le bruit suivant devrait être celui de la porte.

KRAAK !

Gagné. Pratique ce Mantra. Faut bien dire ce qui est, être moins surpris est un avantage net quand on veut travailler son image. Et être dos à la porte et n'avoir qu'a pivoter pour faire face aux intrus est quand même autrement plus classe que se faire surprendre au bain ou en train de se raser... Et ça évite de se couper bêtement en sursautant...

Même quand on se retrouve en face d'un flingue menaçant et d'une jeune fille furieuse de plus.

Natalya. Natalya Kutroshinsky. La fille du corsaire Glutonny. Et la plus héroïque des révolutionnaires que Red ait côtoyée durant ses années de service au sein du Cipher Pol. La plus héroïque qu'il ait trahi aussi. Rencontrée à l'époque ou son travail était de monter une révolte révolutionnaire au sein du bas peuple de Saint Uréa pour renverser le régime en place. Et remplacer la dame de pierre par un gouverneur plus favorable aux intérêts supérieurs du Gouvernement Mondial. Un fiasco de plus a porter sur les états de service de l'agent Red. Un fiasco dont il n'avait réussi à sauver que la gamine qu'il avait porté en figure de proue de l'émeute. Et uniquement en la faisant déporter à Impel plutôt que sur un échafaud sordide.

Pavillon Noir, Mains Rouges Natalyakutroshinsky

Si on pouvait tuer d'un regard Red serait surement mort. Mais ça n'a jamais suffit à descendre personne. Le duel de regard dure une seconde de plus, une seconde qui pour Red se finit en avance, le Mantra lui ayant déjà dévoilé la suite, la crispation au coin des lèvres, le plissement des yeux, la main qui se referme sur la détente, le bruit sec du percuteur et le chuintement de la poudre qui s'enflamme pour propulser le projectile vers sa cible. Droit au cœur.

BANG !

Attaque prévisible. Et par la même tout à fait inutile. Et Natalya le sait probablement aussi bien que Red, mais c'est le jeu. Et quand les balles sont absorbés par la zone noire qui vient de se former devant l'ex agent la tireuse ne daigne même pas paraitre surprise ou impressionnée. Juste un peu déçue quand elle rengaine son arme sans un geste de plus. Ce n'était qu'un test.

-Alors c'est vrai. Tu t'es trouvé un fruit qui laisse voir le noir de ton âme. Il va être plus difficile de la cacher maintenant...
-Moi aussi je suis content de te voir.
-Tu l'aimes toujours autant ton petit personnage de vétéran blasé hein? Mais c'est fini le temps ou je prenais ça pour de l'assurance. Maintenant c'est juste insupportable.
-Chacun ses tics. Je ne me souvenais pas de toi tirant avant de parler... 
-Tout le monde change non ? Avant je ne détestais personne au point de vouloir le tuer comme ça. Et c'est toi qui m'a appris la haine.
-Ceux qui vivent changent. Les morts n’apprennent jamais rien. Tu as le droit de m'en vouloir. Je comprends. Mais moi aussi j'ai changé depuis les émeutes. Et à l'époque...
-Non ! Non pas un mot de plus, je connais la rengaine des lâches dans ton genre, toujours prêt à se retrancher derrière leurs ordres quand l'heure arrive de rendre des comptes. Ce n'est pas de ma faute, je n'ai fait qu'obéir à mes supérieurs, je n'étais qu'un exécutant... Rien de personnel dans tout ça, c'était juste le travail... Conneries ! Tu te souviens de Saint Uréa ? Des femmes qui marchaient vers les soldats avec leurs enfants morts de faim dans leurs bras. Des hommes qui restaient en travers des voies pendant que les chiens de pierre les frappaient. Des enfants qui arrachaient les pavés pour les mener devant les portes et sur qui les soldats s'amusaient à tirer. Pour eux tous c'était personnel. Pour moi, c'était personnel. Et tu nous a tous trahis !
-Je...
-Tu quoi ? T'avais pas le choix ? T'étais qu'un pauvre rouage innocent de la terrible machine gouvernementale ? Ou non. Ce n'est pas la bonne carte à jouer, tu dois surement réfléchir à mieux non, après tout t'es un expert en belles phrases ? Je sais ! Tu allais dire que tu m'as sauvé c'est ça ? Oh... C'est presque touchant, le pauvre agent dégouté des bassesses que son travail l'oblige a faire et qui se rachète une conscience en sauvant la pauvre idéaliste qu'il a mené à sa perte... Encore des conneries !
-...
-Tu ne dis rien ? T'es quand même pas assez naïf pour croire que j'allais t’être reconnaissante de m'avoir gardée en vie ? T'imagines ce que ça fait d’être la seule survivante alors que tout tes amis sont abattus autour de toi ? J'étais inutile, responsable, c'est moi qui les aies tous entrainés la dedans, c'est moi qui les aies tués. Exactement comme si je leur avais tranché moi même la gorge. Grâce à toi j'étais en vie et j'aurais tout donné pour être morte... Mais je voudrais pas me montrer ingrate. Alors merci. Grâce à toi j'ai gagné en lucidité. J'ai découvert que malgré ma conviction d’être prête à mourir pour mes idées je ne l'étais pas vraiment. Tu connais les prisons de Saint Uréa et les couloirs d'Impel Red ? J'ai cru que je pourrais y résister au début. J'y ai vraiment cru. Mais ils m'ont brisés comme une gamine. Je n'étais plus rien. Juste une pauvre victime convaincue d'avoir fait tuer tout le monde pour rien. Et puis j'ai appris pour toi... Et je me suis mis à te haïr...

J'ai mis trois ans a dépasser ça. Trois ans pour m'habituer à l'idée de finir mes jours la bas, trois ans à me faire à l'idée que je n'étais rien, juste un pion jetable qu'on ne gardait qu'a cause de son nom de famille...

Et la tu débarques et tu me sors de la. Comme si t'étais encore ce foutu sauveur nommé Corbeau que j'aimais comme une gamine, et dont j'ai pleuré la mort pendant des semaines dans ma cellule.

Et quel coup de théâtre ! Tu es devenu marine, puis traitre une fois de plus. A croire que c'est une vocation. Et tu nous sauves tous et tu nous ramènes dans ton nouveau chez toi au milieu des pirates qui se mettent à t'obéir au doigt et à l’œil. Et la, la je donnerais cher pour savoir ce qui t'es passé par la tête quand tu t'es décidé à me contacter avant que je me tire. Franchement. Tu t'attendais vraiment à ce que je vienne t'embrasser sur les deux joues et que je te présente aux autres ? C'était ça l'idée? Avoir une amie dans la famille ?

Et t'as vraiment cru que ça pouvait marcher ? Que j'allais venir ici pour t'emmener main dans la main souiller l'armée révolutionnaire comme tu as souillé la révolution de Saint Uréa ? Regarde toi Red, tu détruis tout ce que tu touches comme une sale gangrène. Tu crois que tu veux rejoindre la révolution alors que tout ce que tu cherches c'est encore un groupe pour te fondre dans la masse et y jouer les charognards jusqu'a ce que tu trouves encore le moyen de toucher tes trente Berrys. Mais c'est fini, t'es grillé partout Red. Et t'as pas de pardon a espérer chez nous...
-Pas un pardon non. C'est pas ce que je demande. C'est pas pour ça que je t'ai aidé à Impel et que je t'ai proposé mon aide maintenant.
-Alors quoi ?
-Alors rien. Je n'ai pas eu ton temps de cellule pour peaufiner un joli discours de retrouvailles. Et je suis plutôt d'accord avec toi dans le fond. Tu n'as pas besoin de te justifier. Tu me dois rien. Tu peux partir quand tu veux.
-Comme ça ? Sans que tes hommes nous tuent ?
-Tu as un nouveau garde du corps non ? Il n'y a pas grand monde dans le coin qui peut arrêter Chuck, et personne n'essayera.
-Alors pourquoi tu m'as aidé ? Le Red que j'ai appris a connaitre ne fait rien pour rien.
-Dans tout bon mensonge il y a une part de vérité. Dans la vie du révolutionnaire Corbeau aussi. Ce que je t'ai dit a l'époque sur mon adolescence a Saint Uréa était vrai. C'est pour ça que je t'ai sauvé. Parce que j'ai été un môme qui rêvait d'être Dragon le libérateur et de lutter contre les injustices du monde. Et que si les rêves ont tués le môme y'a plus grand chose capable de me faire la peau.

Tu vois, c'est pas l'agent qui se rachète une conscience. Prend ça plutôt comme l'accomplissement des dernières volontés d'un vieil ami. Je n'ai aucune légitimité en tant que révo, j'en aurais jamais, j'en veux pas. J'ai plongé trop profond dans le noir pour un lavage plus blanc, et j'ai pas assez de regrets. Mais je peux vous être utile quand même. En mémoire du môme disons. Et si c'est une façon de me racheter a ses yeux... je ne demande rien de plus...


Derrière la miss la silhouette massive de Chuck fait son apparition dans la pièce. Coïncidant avec le bruit des gardes inquiets qui s'écrasent sur le bouclier qui les empêchent de rentrer dans les appartements. Chuck, ex commandant de la gueule de Requin. L'homme le plus résistant du monde et l'autre révo évadé d'Impel Down.

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Et seul homme à avoir survécu à la frappe des cinq doigts et de la paume. Ennemi mortel encore ? Ou soldat révolutionnaire compréhensif ? Pas de jugement dans le regard dur du colosse. Pas de compréhension non plus. Juste une indifférence complète pour l'ancien ennemi. Pire encore peut être...

-Natalya. On doit y aller. Je t'avais dit que ça se passerait comme ça.
-Oui. Merci Chuck. Je te rejoins.

De nouveaux seuls dans la pièce Red et Natalya restent quelques secondes à se regarder dans les yeux sans parler. Souvenirs d'une autre époque, avant la mort, avant la prison et la trahison. Avant, quand tout était simple et que pardonner aux ennemis parassait si humain et facile...

-Adieu Red.
-Au revoir Natalya. Merci d’être passée.


Une porte se ferme. Une de plus.

    -Chef ? On rentre dans la révo ?
    -Hum.
    -A mon avis, les autres seraient d'accord...
    -Je ne sais pas...
    -Pas de problèmes chef, c'est comme vous voulez.

      -Chef ? Vous faites quoi ?
      -Rien. Rien du tout.
      -Et... J'peux vous aider ?
      -Hum... Oui.

        -Chef ? Izya vous a laissé un message.
        -Hum.
        -Vous l'avez lu ? Elle est partie mais elle dit qu'elle revient.
        -J'ai lu...
        -Bon. Ben... Alors j'y vais ? Je suis juste à coté si y'a besoin.
        -Oui oui...


        Dernière édition par Red le Dim 8 Déc 2013 - 15:29, édité 1 fois

          -Chef ? Les révos ? Ils sont partis.
          -Merci.
          -Et le reste avance aussi, les bateaux tout ça...
          -Ah...
          -Vous voulez pas venir voir ? Ils vont bientôt avoir besoin de vos pouvoirs je pense.
          -Bof...

            -Chef ?
            -Oui ?
            -C'est a propos du cyborg.
            -Le Pingouista ?
            -Non non, l'autre, celui de l'équipage de Drake.
            -Ah... Marvin ?  
            -Oui celui la. Ben y'a des gars qui disent qu'ils l'ont repêchés sur les récifs.
            -Des gars ? Peu probable, l'était coriace le Marvin...
            -Ben, a ce qui s'dit ils auraient qu'un bout, mais un bout qui parle. Et qui raconte des trucs trés compliqués. Alors je me suis dit, une tête de samouraï qui parle et qui dit des trucs que personne comprend. Ben ça ressemble vachement non ?
            -Vrai. Tu sais ou c'est ? Alors on y va, bouge devant je te suis...
            -Aye aye chef !
            -Et prends de la ferraille, a tout les coups va encore falloir raquer.  

              Le marché flottant. Le marché pirate de Tortuga. La zone qui a fait l'attraction du coin, celle ou tout se qui peut se voler ou se transporter se retrouve un jour à la vent sur un étal. Un endroit ou des générations de pirates ont amenés vendus volés ou échangés les fruits de leurs rapines, un endroit ou des fortunes se sont établis ou en disparus en quelques heures au gré des enchères et des arnaques.

              Le marché flottant. Ou on peut trouver tout ce que l'on veut pour peu qu'on ait pas peur de chercher. Même des débris de cyborg encore fonctionnels.


              -Salut Marv'. Tu permets que je t'appelle Marv' hein ?
              -Officier Red. Mes capteurs sont plutôt endommagés mais pas au point de ne pas détecter l'ironie. Vous m’appellerez Marv' de toute façon.
              -C'est vrai. Faut dire que vu ta gueule, t'es plus trop en état de décider de comment les gens te traitent hein? Méchant les tornades...
              -En fait non. Ma carapace est pourvu d'une capacité anti cyclonique conséquente tout a fait adaptée a la traversée de ce genre de phénomène atmosphérique. Je m'en serais sans aucun dommage sans l'intervention de l'officier Blackrow.
              -Ouais. Elle pique hein ?
              -Je sens comme une nuance de nostalgie dans votre voix. Mais la mort de l'officier Blackrow vous pousserait surement à m'en vouloir. J'en déduis donc que bien qu'elle ait survécu a notre affrontement votre récent changement de statut a perturbé votre relation de couple. N'est ce pas ?
              -Tu joues les psy Marv' ? Méfie toi, j'aime pas trop les preneurs de têtes.
              -Je suis le cerveau le plus intelligent de Grand Line officier Red. Je suis parfaitement conscient de la préférence de votre race pour les mensonges allant dans votre sens. C'est cette capacité à se voiler la face qui permet à un système aussi inique que celui du Gouvernement Mondial de prospérer. Mais je n'ai pas vos oeilléres, et je réprouve le mensonge sous toutes ses formes. Et même si j'étais sensible à la menace, dans ma situation actuelle vous ne pouvez guère empirer mon état.
              -Rachel m'avait dit que t'étais un marrant. Un Pacifista Révolutionnaire, quelle blague. Enfin. Vu que je suis un agent du Cipher Pol pirate, je suis plutôt mal placé pour te lancer la premiére pierre...
              -Ce qui nous amène de façon malhabile aux raisons de votre présence ici. D'un point de vue probabilistique, et au vu de mes maigres informations sur les événements survenus en mon absence, je vois trois options expliquant notre dialogue.
              -Vas y tas de ferraille, fais moi rêver.
              -Option un, probabilité 6%, vous n’êtes la que parce que vous vous intéressez de façon opportuniste aux possessions de Drake, et vous pensez être en mesure de m'extirper des informations vous permettant d'accroitre votre richesse matérielle.
              Option deux, probabilité 17%, votre trahison est une ruse destiné à m'abuser et vous êtes mandatés par le haut commandement de la marine et à la recherche des contacts qui ont du permettre à Drake de fédérer les pirates sans éveiller l'attention de la marine.
              Option trois, probabilité 76%, vous êtes dans une phase de remise en question et vos sympathies passés vous poussent vers les idéaux révolutionnaires que je soutiens. Et vous désirez savoir pourquoi j'ai choisi de suivre un pirate plutôt qu'un révolutionnaire déclaré. Espérant ainsi trouver dans les actions de Drake un prétexte pour vous rapprocher des révolutionnaires qui vous ont rejetés.
              -ça ne fait pas 100 Marv'.
              -Non, ça ne fait pas 100. La certitude n'existe pas. Et mon analyse ne s'appuyant que sur les éléments que vous m'apportez, elle est hélas forcément imparfaite et donc potentiellement fausse.
              -Hum... Je la trouve pas si mal. Pourquoi tu roulais pour Drake Marv' ? Pourquoi pas pour Freeman ?
              -Je ne suis pas sur de pouvoir vous expliquer ça de façon logique. C'est quelque chose qui transcende un simple raisonnement. Même le mien. Et c'est pour cette capacité que je le suivais. Il faudrait que vous lui parliez...
              -Lui parler ? Drake est mort Marv', Toji l'a tué. Et je ne l'ai jamais vu manquer personne...
              -La mort n'est qu'une vue de l'esprit pour quelqu'un ayant mangé le fruit du Boudha. Une étape nécessaire. Comme la chrysalide pour la larve. Drake est mort oui. Mais son frère est en vie. Et maintenant le Boudha va s'éveiller en lui, fort des erreurs et de la puissance de Drake. Mais sans ses travers.
              -Qu'est ce que tu racontes Marv' ? Qu'est ce que c'est que ce délire mystique ?
              -Science et Foi ne sont pas incompatible officier Red. Je suivais Drake parce que j'avais foi en lui. Et je l'ai toujours. Je sais que quelque part ce qui l'animait est en vie. Que cette étincelle qui faisait de lui un visionnaire digne de mes services a trouvé le corps qui lui était destiné depuis le début. Celui de son frère de sang.
              -Tu m'y emmènerais Marv' ? Tu me mènerais à lui ?
              -Oui. Réparez moi officier Red. Réparez moi et je vous y emmène.
              -Te réparer ? Comment je fais ça ?
              -Le Pingouista. Trouvez moi quelques mécanos compétent. Et menez moi au corps du Pingouista.
              -Ben voyons, je te remets dans le corps du plus puissant cyborg de combat du coin et après j’espère que tu vas me mener tranquillement voir le Drake ressuscité alors que tu penses probable que je bosse encore pour la marine. Tu me prends pour une bille Marv' ?
              -Prenez vos décisions Officier Red. Moi je n'ai qu'une parole, à vous de vaincre vos doutes...
              -Tss facile...
              -Oui. Et maintenant je vais m'éteindre un moment. Je sais que vous veillerez sur moi. A bientot officier Red...

                Et voila comment on se retrouve assis sur une bitte d’amarrage dans un coin désert de Tortuga. Celui que Grey a cramé tantôt et ou il n'y a plus personne qui traine. Un coin parfait pour réfléchir. Réfléchir au bien fondé d'offrir un nouveau corps a un ancien ennemi. Réfléchir a ce qui peut pousser un cyborg analytique à trouver la Foi. Réfléchir au fruit du Boudha et a une éventuelle vie au delà de la mort. Réfléchir a ceux qui pourraient être intéressés par une éventuelle survivance de ce qu'était Drake. Ceux... Ou celle...

                Qu'est ce qu'elle fout ?

                Rien n'est censé lui échapper dans le coin non ?

                Et depuis une heure que Red est tout seul ici et quasiment les pieds dans l'eau elle a bien du voir qu'il n'y avait pas de pièges...

                -Alors Tomoe ! Qu'est ce que tu fous ?


                TOMOE !

                Je suis la ! Viens, je t'attend !

                    Comme toute réponse, tu n'entends que le bruit des vagues. Un bruit des vagues inchangés pour une personne lambda, mais pour un possesseur de l'empathie, capable de le maitrisé et de capter les plus petites nuances, il y a du changement. Le diable se cache dans les détails, comme on dit. Et le détail cette fois, c'est un fin courant d'eau qui s'agite à quelques mètres, caché par les vagues. Fin courant qui grossie, grossie, jusqu'à prendre la taille d'un tuyau capable de faire passer...*

                    Un humain, tient.

                    Oui. Pas glop ça. Surtout pour un démon comme toi. Pas le genre de truc qui invite à la conversation. Alors forcément, quand le courant se soulève de la surface de la mer, saute et s'écrase sur toi, tu te dis qu'elle n'attendait que le bon moment. Et que tu le lui as donné sur un plateau d'argent.

                    Le courant t'entraine brutalement dans les profondeurs. Tu peux noter néanmoins qu'il est différent des autres. Tu n'es pas oppressé, tu manques peut-être d'air, mais la pression reste normale. Par contre, tu comprends que le courant t'amène droit vers la côte profonde, dans un trou si étroit que tu te demandes si tu vas y passer.

                    Ne t'inquiète pas. Tu y passes. En raclant les bords, en cognant les imperfections, mais tu y passes.

                    Et tu te retrouves soudainement projeter vers l'avant, lâcher en pleine air, avant de t'écraser avec perte et fracas dans une grotte, atterrissant souplement dans un tas de piecètes d'or et de bijoux. Lorsque tu relèves les yeux, c'est pour voir les yeux pétillant et le sourire bienveillant de la belle Tomoe, qui tient dans ses mains une petite boite.

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                    Cette nuit, j'ai rêvé que je t'arrachai le coeur pour l'envoyer à la Gothique. J'ai bien dormi. Mais tu te doutes bien que je n'ai pas sauté sur l'occasion de te faire venir dans mon royaume pour commencer une psychothérapie.

                    L'endroit ou tu as pied est surtout une sorte d'amas de trésor en tout genre, mélangés avec quelques cailloux crées par le volcan de Tortuga. Finalement, pas de terre et beaucoup d'eau à côté, une plateforme pas terrible pour bougé et une sirène un poil en colère contre toi. Et apparemment une seule issue que tu n'aimerais pas reprendre dans ton état. Trop bas sous le niveau de la mer, voilà pourquoi tu ne pouvais pas la sentir sur Tortuga.

                    Je pensais plutôt à vraiment t'arracher le coeur pour l'envoyer à ta copine. On commence tout de suite ou tu as une objection ?

                    Et elle dit ça en ouvrant la jolie boite en bois, gravée sur les côtés, avec des roses peintes en rouge.

                    *:

                    Et voila ce qui se passe quand on veut marcher sur la queue du tigre.

                    Le temps de cracher un peu d'eau et Red est debout. Juste le temps d'évaluer la situation et de constater que si ce n'est pas la pire qui soit, il s'en faut de peu. De très peu.
                    Pas de possibilités de fuite sans se mouiller. Pas de terrain plus sec que le bout de récif ou Red a déja de l'eau au mollet et une sensation désagréable de faiblesse qui lui donne l'impression que ses jambes peuvent le lâcher n'importe quand... Et surtout autour toute cette eau dont la sirène a déjà prouvé qu'elle pouvait faire une arme mortelle.

                    Trop de flotte...

                    La situation sent le poisson, et Red l'a bien cherché. Cela dit. L'idée c'est de négocier non ? Plus qu'a espérer que l'appat que Red veut faire manger à la sirène soit assez gros pour qu'elle lâche la proie qu'elle vient de prendre.

                    -Objection oui. J'apprécie la poésie de la démarche mais pour l'instant mon cœur n'est pas à prendre. Et je le trouve assez bien la ou il est.

                    La sirène glisse dans l'eau noire sans un bruit, naturellement fluide, comme si elle en faisait partie aussi, et elle disparait. Laissant Red seul en train de guetter les bruits d'eau... Mais elle entend c'est sur. Il faut qu'elle entende...

                    -Je sais qu'on est un peu parti du mauvais pied tout les deux. Et je comprends que tu m'en veuilles. Mais j'ai une monnaie d'échange à te proposer pour que ta boite reste vide... Un cœur que tu veux plus que le mien...

                    Un courant frôle les pieds de Red qui manque basculer dans l'eau gelée... Il faut qu'elle écoute !

                    -Tomoe !
                        Tu sens l'ombre aller et venir d'un bout à l'autre. Tu peux presque la suivre des yeux. Elle est là. Ou là. Parfois là. En tout cas dans l'eau, à jouer avec tes nerfs et ta vie. Jusqu'au moment ou elle te bondira dessus pour te noyer. Alors, Tomoe est peut-être une sirène, mi-femme mi-poisson, mais elle joue avec sa nouvelle proie, toi, comme un chat avec une souris. Une sale bête, un peu sadique sur les bords, qui tape rapidement sur le système.

                        Paradoxal, quand on sait que les chats et les poissons ne font pas bon ménage.

                        Au moins, sur ton "morceau de terre", tu ne crains rien pour l'instant. Tu as son attention. Et l'écho qui vient du fond de la grotte a de quoi te rassurer...

                        Je te laisse trente secondes pour me convaincre de ne pas te tuer...

                        Rassurer pour trente secondes quoi... Autant choisir les bons mots.

                        Trente secondes. pas le temps pour les finasseries et les précautions oratoires habituelles à ce genre de situation. Il faut frapper vite, et frapper fort.

                        -Drake est vivant !

                        Paf, de quoi capter l'attention de n'importe qui, et à plus forte raison d'une sirène amoureuse d'un défunt et empreinte de pensées vengeresse. Mais ça ne suffit pas. Parce que si c'est n'est pas faux, Red n'est malgré tout pas encore convaincue que ce soit la vérité.

                        -Enfin pas Drake, mais presque. C'est a cause du fruit du Boudha, Drake est bien mort mais ça ne va pas durer. Son esprit est vivant, vivant et dans le corps de l'incarnation suivante de Boudha. Et si tu veux et que je t'aide, on peut le retrouver.

                        T'entends Tomoe !

                        Je sais que ça parait dingue et fou. Je sais que tu l'as perdu.

                        Mais tu peux le retrouver !

                            TU OSES !

                            Comme un cri qui sort du fond des océans et qui fait froid dans le dos. Les vagues s'agitent dans la grotte ou tu te trouves, et ce n'est sans doute pas ce que tu attendais. Car en deux mots, tu comprends que Tomoe n'est pas franchement convaincue parce que tu viens de lui dire. C'est même plutôt le contraire. Et tu comprends qu'avec son comportement un poil mélodramatique, juste un poil, qui tend vers l'émo qui écrit des poèmes avec son sang les soirs de pleine lune, il aurait mieux valu demander à la voire avec des preuves bien solides.

                            Tu oses encore prononcer son nom, parler de lui ! Tu oses être chez moi et me dire des choses pour me crever encore plus ! Tu oses jouer sur les demi-non-mais-peut-être ! Tu me demandes de t'inviter, sans aucune certitudes sur ce que tu viens baver, chez MOI, pour enfoncer ton couteau pernicieux dans ma plaie déjà béante ! TU OSES VENIR ME MENTIR POUR QUE JE T'ACCORDE UNE PLACE CHEZ LES FLIBUSTIERS !

                            Tu la vois tourner autour de toi, comme une ombre. Ou un requin avant d'attaquer sa proie. Tu la sens, aller de plus en plus vite. Et toujours ces mots crachés du fond de la grotte, tout droit sorti d'un mauvais drame ou d'un mauvais libre sur les vampires écrit par Stéphanie Meyer...

                            Tu cherches, Rossignol ! Et tu trouves !

                            Oh oui, tu trouves. Car Tomoe bondit comme une tigresse, toutes griffes dehors et t'attrape à la gorge pour t'envoyer couler avec elle dans le fond des océans. Enfin, dans le fond de la grotte. Mais ça revient un peu au même pour toi, non ? Et puis bon, elle va aussi essayer de t'étrangler de ses propres mains. C'est vachement personnel comme tentative de meurtre...

                            JE VAIS TE TUER, ROSSIGNOL, ET IL N'Y AURA PAS D'ESPRIT REINCARNE POUR TE SAUVER !

                            Et dans sa tanière le tigre passe à l'attaque.

                            Pas la bonne. Car si la premiére approche était un coup de maitre, celle que choisit une Tomoe folle de rage n'est pas la meilleur contre un Red qui même diminué et humide reste le meilleur combattant du coin. Et un maitre du sixième style qui pour un humain vaut bien le karaté aquatique des amphibiens.

                            Du moins tant qu'on reste hors de l'eau.

                            Les mains de la sirène se referment sur un coup soudain gainé de noir et ses griffes ripent sur une peau plus dure que du métal. Et alors que son élan est censé précipiter l'humain dans l'eau celui ci recule, abandonnant le contact rassurant du récif sans s'enfoncer dans l'eau, Red ne s'enfonce pas. Porté par le Geppou il recule en marchant sur l'air au dessus des abysses jusqu'a aller frapper d'un coup de pied une des parois de la caverne pour repartir dans l'autre sens. Tournant sur lui même aussi vite que possible pour se libérer de la sirène hurlante.

                            -Marvin me l'a dit ! Et il y croit ! Et ce putain de cyborg ne peut pas mentir !

                            Les deux mains de Red se referment sur les poignets de la sirène et d'une pression sèche lui font lâcher prise, avant de l'envoyer voler vers l'autre bout de la grotte ou elle disparait à nouveau sans un clapot pendant que Red s'enfonce dans la flotte et repose le pied sur le récif.

                            -Tu crois que je serais venu comme ça pour te servir un mensonge Tomoe ? Marvin est la haut. Il s'en est tiré aussi. Et s'il croit que Drake est vivant alors je le crois aussi !

                                Elle rampe. S'accroche aux quelques pièces. Prête à replonger en mer et à t'amener avec elle par le fond, à te couler pour de bon cette fois. Si cette première offensive était clairement irréflechi, elle n'entend pas faire de même pour la seconde. Elle te tient. Tu es sur son terrain, dans son monde. Et a chaque fois que tu iras en mer, tu seras sur son terrain. Tu as tout intérêt à ne pas lui mentir, et à lui donner un espoir béton.

                                Béton armé de préférence.

                                Je veux voir Marvin...

                                Maintenant.


                                Et alors qu'elle tend les mains dans un peu d'eau, tu sais déjà ce qui t'attend. Un retour en arrière dans ce super tobogan aquatique. Chouette.

                                -D'accord. Peut être que le cyborg n'est pas juste devenu dingue. Peut être... En attendant de vérifier tu peux t'estimer heureux, tu gagnes un sursis, mais rien de plus. Ne va pas t'imaginer que ça change quoi que ce soit entre nous.

                                Tomoe a parlé avec Marvin, et visiblement le cyborg sait y faire pour instiller le doute. En tout cas elle aussi y croit, un peu. Ou veut y croire, beaucoup. Enfin, un sursis c'est toujours mieux qu'une guerre ouverte. Et pour l'instant c'est suffisant.

                                C'est un bon début.

                                -Très bien, trêve le temps de retourner sur les Blues pour voir ce qu'il en est. On a un accord Tomoe.
                                -Et s'il s’avère que tout ça est faux. Avant de m'attaquer de nouveau à toi c'est le cœur de ceux qui te sont chers que je mettrais dans ma boite. Et ce n'est pas un accord. C'est une promesse...
                                -Alors espérons que ce ne soit pas faux...


                                Tomoe disparait comme a son habitude, laissant Red seul avec ses hommes et un cyborg qui brule de commencer sa remise sur pied. Ancien de Drake, Usuriers, Flibustiers, évadés d'impel Down... Sur le plateau de Tortuga tous les pions sont maintenant rangés dans le camp Rouge.

                                Il est temps de quitter le coin...