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Cœurs de braise


Morgan au microphone.


Tu marches sans trop savoir où tu vas, les pieds nus dans le sable noir et les yeux plongés dans la pénombre. Tu y vois plus clair que n'importe quel humain, compagnon, mais ton cœur est par trop mêlé d'effroi pour que tu ne t'égares pas en chemin. Tu aimerais pouvoir marcher simplement, mains dans les poches et tête dans les étoiles. Mais elles se font si rares... et ces bruitages flasques que tu devines, inventes, imagines, ces drôles de succions molles, tentacules contre tentacules, crocs contre chair humaine à vif. Elles occupent tout l'espace de tes pensées, et la sueur te colle au front.

A vif. Tu t'efforces de garder le pas léger et les épaules basses, mais il faudrait être sourd pour ignorer le bruit de ton cœur qui cogne à tout rompre contre ta poitrine. Tu sais que tu les as laissé mourir. Tu as peur de ne pas arriver à en penser quoi que ce soit. A te sentir coupable. Responsable. Mais tu ne l'es pas, Sören ! Tu ne peux pas vouloir protéger la terre entière de sa propre inconscience, de sa propre sottise ! Garde la main alerte, le regard franc et fraternel que je t'ai toujours connu. Je t'aime pour ça. Ma fidélité envers toi est de celles qui ne s'achètent pas.

Alors, quoi d'autre ? Tu dois savoir que tu es vertueux parmi les vertueux, sage parmi les sages, ou plutôt, loin de toutes leurs communautés mensongères. Un solitaire avec un tiroir qui déborde de couleurs et d'idées dans chaque oreille, un de ces hommes probes qui savent se taire et rire quand il faut, avec la spontanéité libre des danseurs de rue. Personne ne le sait ? Miaw, Sören. Ma parole est silence et ronronnements, mais je reste là, à tes côtés.

Et puis, il y a James et les autres. Ils vivent dans un autre monde, un monde où seule une partie de ce que tu portes en toi peut exister. Oui, mais tu t'y raccroches. C'est ta brèche, ton courant d'air frais, la légèreté qui commence à manquer à ton pied de félin blessé par le seul nid de poule qui est à craindre par ceux de notre peuple. Celui où se terre le grand chien aux yeux vides, celui qui se plait à dévorer les chatons la nuit. Sur ses crocs et ses griffes, on a gravé des mots comme « désespoir », « ennui », « haine », « absurde », « dégoût ». Un drôle d'animal, une bête magique, Sören : quand il est là et qu'il te traque, tu sais lire tout ce qu'il porte sur lui en un éclair, sans rien avoir à déchiffrer.

Et tu essayes de faire comme s'il n'était pas là, alors même que ton cœur cogne à tout rompre, que tes mains se crispent, que ton regard ne cesse de balayer les abords de la jungle. Jusqu'à ce que tu le vois surgir. Pas un démon abstrait qui n'existe et ne grossit qu'en se nourrissant de tes propres appréhensions. Il est bel et bien là, en chair et en os devant toi. Tu reconnais son visage à la lueur blafarde des étoiles, pour l'avoir bien des fois contemplé sur les murs, les parchemins jaunis par le sel à l'intérieur de tes poches, sous la semelle des passants pressés.

Mizukawa Sutero.

Il est proche, beaucoup trop proche. Mais ton souffle s'est calmé. Il a l'air blessé, et au moins, c'est un visage humain qui te fait face. Une réputation de monstre, une prime à laquelle tu ne te serais pas attaqué en rêve, mais au moins, un être qui pense et qui parle. Qui doit avoir ses raisons ; qui a sûrement ses raisons. C'est ce que tu t'efforces de croire pour ne pas tout à fait céder à la panique peu coutumière que tu sens monter en toi, jusqu'à te faire frémir de honte. Raspoutine crache dans son coin, mais n'y prête pas attention, mon ami. Tu n'as pas besoin de son assentiment pour valoir mille fois mieux que lui.


-... T'es blessé, bonhomme ?

Tu es conciliant, fatigué de te battre sans raisons. Ce que tu vois : l'ennemi commun, les hommes-pieuvres qui doivent être à l'origine de tout ça. Ce que tu espères : que ta bienveillance ne se retourne pas contre toi. Tu n'es jamais parti à l'aventure pour t'empêtrer dans des histoires dépourvues de la moindre esquisse de sens, mais justement pour essayer de le découvrir quelque part, ce sens ; n'importe où, n'importe comment ; mais, au plus profond de ton indépendance et de ta liberté, trouver quelque chose qui te sauve, qui tienne ensemble tous tes actes, toutes tes pensées et tes désirs. Une raison de vivre...

Au fond de toi, le Chien aboie. Et tu frémis sous la caresse froide de ses griffes, de ses dents et des mille mots que tous les illettrés savent lire.
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Mes blessures sont légères comparée à la fêlure de mon âme. Une plaie ouverte laissant libre passage à l'horreur, au mépris, l'hardiesse, la peine et à l'angoisse. Mon esprit est tourmenté suite à la découverte d'une noirceur encrée au plus profond de mon être. Une ombre infâme qui stimule le mal et apaise la douleur.

Le doute s'installe chez le petit prince. Ce dernier voit en lui un ami bienveillant, il fait l'erreur de l’héberger. Sa bonté lui fera défaut, ne comprend-il pas que ma destinée n'est pas de sombrer dans l'obscurité. J'ai besoin de lui pour me guider, il est ma lumière en cette nuit déparée, il est l'expression de ma volonté, l’éternel pose vers ma légende personnelle. Si l'incertitude le gagne, où vais-je bien aller ? Pas très loin... Je serai perdu, à la merci de ma ténèbre insoumise.

L'armement.

Cette épaisse armure qu'on se construit comme une pesante cellule. C'est tellement dur de se dire qu'il fallait juste. Mais je suis ce que j'ai fait. Longtemps, j'ai ignoré ce qui compte vraiment et je me complais dans le crève-coeur sans chercher à saisir mon inhumanité. Parce que comprendre terrorise. De grandes théories ? Non, je pense à ce qu'on évite. Toucher au vif mes meurtrissures et observer cette amputation...

Je pense trop donc je suis de trop ?

Qu'est ce qui pousse certains à l’altruisme pendant que d'autres ne songent qu'à leur intérêt personnel ? Et toi l'homme que je regarde d'un air affable.

- Qu'est ce qui t'incite à t'approcher d'un incompris ? Ta générosité ou ton amour-propre ?


Je suis égaré entre le vrai et le faux, pourtant j'ai la faculté de trancher entre le bien et le mal, je cherche la paix dans ce chaos, mais je suis un grand déséquilibré.

Je suis à la fois le bien et le mal, la vérité et le mensonge, le héros et le vilain. Parfois, je fais preuve de sagesse alors j'attends patiemment l'instant où mon existence prend enfin un sens, mais la noirceur me fouette. Je cours pour fuir et je me perds sur une route sans fin, je suis destiné à faire face à cette dualité. A ne jamais trouver d'équilibre.

Alors la tristesse me gagne.

Personne ne pourrait concevoir mon chagrin. Car le coeur des uns cogne à tout rompre et le mien ne bat plus. Je ne l'entends plus. J'aimerais poser ma main pour me rassurer. Savoir ce qu'il y'a au fond de moi ! Suis-je un monstre ou un homme bien ? Au fond...

Y'a que l'insomnie qui a réussi à me cerner.



Dernière édition par Mizukawa B. Sutero le Mer 8 Jan 2014 - 21:04, édité 2 fois

    Sören pose le beat.

    -Ah ?

    Il me r'garde avec des yeux que j'vois qu'trop bien. Mieux qu'lui, qui doit tout juste deviner les miens. Fait nuit, fait noir. 'Devrait dormir, comme tout l'monde, d'ailleurs. Qu'est c'qu'on est tous v'nus branler sur c't'île de malheur ? Ça fait pas d'sens, grands dieux, et pour peu, ça m'rendrait malade pour de bon.

    Qu'est-ce que tu fous là, Mizukawa ? Paraît qu't'étais calé à Impel. Plus d'mains. Une sale gueule de gars qui fait plus ses nuits. Depuis que j'joue les chasseurs, ça fait longtemps que j'juge plus un homme à sa prime. Mais lui, il a pas non plus la réputation d'un saint du paradis... l'inverse, même. J'compte plus les histoires de taverne qui causent de lui comme d'un monstre.

    J'me rappelle brutalement d'un truc. J'suis en danger. Mais c'est comme si j'craignais rien. J'ai pas peur, j'me sens invincible dans la nuit froide. Un peu paumé, p'têtre ben, mais solide comme un rocher.

    Parce que c'est un humain. J'me rappelle les saloperies entendues sur Tahar. Et pourtant, y m'a sauvé la vie. La gueule qu'j'ai tiré le jour où j'ai appris pour la prime d'Adrienne. Et pourtant, c'est une religieuse avec un cœur gros comme ça. Les chiffres et les bruits d'couloir, on peut pas plus s'y fier qu'aux premiers frimas. Jamais on peut savoir c'que ça va donner, niveau saison. Ni c'qu'on va pouvoir semer et récolter en conséquence.

    J'pensais trouver autre chose ailleurs, mais la vie, 'faut croire que c'est rien d'autre que les lois du potager et d'la vigne appliquée à tout l'reste. En gros, y'a des règles, mais dans l'fond, tu sais jamais c'qui peut t'tomber sur l'coin du museau.

    J'respire, calme. Morgan est dans la capuche d'mon manteau. Raspoutine a disparu. Y peut rien m'arriver. Puis, même si j'perds la vie maintenant, est-ce que j'aurais à m'en inquiéter ? Ouais, p'têtre pour Morgan, justement. Tous les autres m'oublieront vite.

    J'suis libre. Y'aura pas de fleurs sur ma tombe. J'peux jouer comme je veux avec la pelote de fil qu'est entre les mains des trois putains de tisseuses. J'vaux mieux qu'elles trois réunies. J'fais pas que détruire. J'dis des poèmes et des chansons, j'raconte des histoires. Ça compte, j'me raccroche à tout ça, chaque jour que fait l'bon Dieu.


    -Mais qu'est-c'que tu racontes...

    J'le quitte pas des yeux. J'ai les mains fourrées dans les poches. J'suis libre. J'ai pas peur.

    -J'vais vers toi parce que t'es le seul vrai gars dans l'coin, et qu'ça commençait à manquer. J'me carre qu'tu sois un ange ou un démon. J'demande juste qu'tu sois pas un d'ces hommes poulpes. Dans l'coin, y'a qu'ça...

    Et c'est vrai. Les monstres, c'est ces trucs là. Tu tailles dedans, t'en fais des takoyashis, t'avances dans leurs rangs dans l'écume et dans l'sang, c'est crade, ça tâche, et toujours y s'relèvent. Et t'sais qu'y savent même pas pourquoi. C'est comme un ressort tendu sous la poitrine d'un automate comme y'en avait les jours de foire au village. Lui, il attends, y guette, et l'est pas tout seul. Sur l'bord d'son œil, y'a la p'tite larme qui monte et qui fait pareil.

    L'a pas l'air méchant non plus, même si l'félin qui fait bonne garde dans mon cœur de crétin naïf continue d'feuler, manière de prévenir. C'qu'il a dit, ça sonnait comme une menace. Mais j'pense pas qu'c'en était une. On menace pas avec c'te voix là.


    -On bouge ?
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    Est-ce que tu as déjà vu mon affiche placardée là où le monde pose ses mirettes ? Sûrement.

    T'as pas l'impression d'être quelqu'un de différent quand tu es avec une autre personne ? Par exemple, quand je suis avec toi, j'ai le sentiment serein qu'il ne m'arrivera rien. Ça peut paraître fou de suivre un inconnu qui a du en voir de toutes les couleurs par ces hommes poulpes, mais parfois, il faut s'abstenir de cette première image. Regarder les détails avec plus de profondeur, prendre un peu de recul et refouler l'émotion qui nous glace le bide et hérisse nos poils.

    Aller au delà de nos propres sentiments afin de ressentir toute la chaleur humaine qui nous enveloppe, nous réchauffe et nous réconforte dans cet dédale oppressante qu'est la vie. Et je survis dans une réalité qui m'échappe. Accablé par tant de violence, écrasé par l'hypocrisie, ébloui par un artifice de simulacre artificiel. Je suis seul dans ce labyrinthe, pour unique repère, ma lumière noire et ma ténèbre blanche.

    Je suis condamné à errer au milieu de ce hiatus. Je me réfugie dans mon esprit tourmenté, je me blottis en son sein pour caresser le peu de pureté en moi, mon humanité.  

    - Tu m'excuses, mais je vais pas continuer à te suivre comme un chat affamé. Il y'a des enfants qui ont besoin de moi, nécessiteux de ma force, ma cruauté...

    Puis, je tombe à terre. Je tousse à en cracher mes poumons, mon estomac et ma foi ! Une larme coule le long de ma joue, elle trahit ma déception vis à vis de mon corps agonisant, affaibli par un combat sans intérêt face au vrai mal qui corrompt cette terre.

    Les larmes continuent de couler. Elles se rejoignent pour exprimer la tristesse qui me gagne. Je manifeste mon déboire par ce torrent insaisissable. Car...

    Car...

    J'ai vu des enfants sans sourire, entendu la méchanceté de leurs propos que le délire alimente. Je les ai vu cheminer sans adultes, ces mômes ne jouent pas. Ils se déplacent de l'aube au soir sans inquiétude, prisonniers de leur propre réalité. Éternels incompris, seuls contre leurs frayeurs. Un monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre, innocents dans un bagne, anges dans un enfer.

    J'AI VU L'OEUVRE INSENSÉE !

    Et je ne veux pas fermer les yeux sur cette jeunesse en fleur brisée.


    Dernière édition par Mizukawa B. Sutero le Mer 8 Jan 2014 - 21:06, édité 1 fois
      Raspoutine donne les basses.


      Des deux côtés, ça déblatère de la bouillie, le claque à bave jacte. Sévère. Toi et ta vieille gueule de foutu samaritain que t'avais remisée au grenier et que c'était bien, et l'autre qui balance ses répliques comme des sacs de sable en ayant l'air d'avoir la trogne sur orbite. Ouais, mon mignon, t'es tombé sur un tocard de première catégorie avec les lauriers. Attend, attend. C'est un pirate à grosses couilles, le genre à faire s'écarter la foule devant son nom, et il cause d'aller torcher des mômes façon stagiaire de crèche ? Eh, oh. Il tient même pas sur ses quilles, le branquignolle ! Et tu le ramasses, encore, ah, bonne mère ! Mais laisse le donc mariner dans son jus, y sera au chaud ! T'as pas besoin d'aller te poisser avec une ordure, surtout que celle-là, elle a même pas le prestige de son rang ! Mais mire un peu, garçon. Il piaille comme une mouillette, qu'est-ce que tu veux foutre de ça ? Tout juste bonne à se faire trimballer chez la mouette, et encore, faut pas avoir d'orgueil.

      -D'une, j'ai l'habitude de m'faire suivre par des chats dégueulasses qui crèvent une dalle grande comme ça, ça m'changera pas...

      Hey, c'était quoi ce regard ? Pour qui tu te prends, ducon ?

      -De deux, j'sais pas d'quoi tu causes.

      Et t'en as rien à carrer.

      -Mais tu f'ras rien d'bien en restant calé les g'noux dans l'sable. Aller, debout !

      La pogne sur le revers de veste, et le revoilà sur ses gambelles. Il a encore la tremblote, mais tu le pousses en avant sans le lâcher. J'biterai jamais cette manie de récupérer toutes les saloperies qui trainent par terre, comme ça, pour rien. La prochaine, ça sera quoi ? Une pute, un soiffard occupé à dégueuler ses tripes dans le caniveau, un clebs ? Oh, et merde, je suis pas ta gonzesse. Tu branles ce que tu veux avec qui tu veux, mec. Mais si ça tourne mal, j'serais peut-être pas toujours là pour te sauver les miches...

      -C'est pas les poulpes qui t'ont fait ça, gars... et j'veux pas qu'ça nous rattrape. Faut trouver d'l'aide, n'importe comment.

      T'es pour de bon passé du côté des revendeurs de bons sentiments, j'réponds plus de rien.
      D'ailleurs, t'as au moins raison pour une chose, mec. On est suivi, et devant ça grouille. Odeur de poiscaille louche, meow ! Ils ont du dessouder le borg, et le lâcher quand ils ont vu que ça manquait de sang à siphonner à grands glou-glous. Mignonnes petites bêtes. Miewhéhé, venez voir papa Spouty ! Il a plein de jolies choses à vous montrer, à commencer par vos vilaines tripasses qu'auraient jamais du quitter la bourriche du chalutier !


      -Tu fais pas le branque, Raspoutine !

      … Fshhhh, cause toujours, joue à la marelle avec ta nouvelle copine, va faire des ricochets, et laisse les vrais gonzes s'exprimer ! Là où y'a défi, faut que l'alpha s'éprouve. Sinon, c'est rien qu'un dominé qu'est pas en droit de pisser où il veut. Mais c'est ça, fous le camp, fuis le baptême de sang, la petite et la grande communion dans l'esprit samouraï ! J'serais tout seul à me régaler du plateau de fruits de mer en famille ! Miawahaha !
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      Mais je parle de moi. De mon enfance, d'un symbole qui m'explose la cervelle. Je me fais pas souvent cette réflexion, et pourtant sur ma gueule, on y voit un lâche, une couille molle pas capable de lever le ton. Poussé à bout par ses ennemis, je reste stoïque. Que faire d'autre ? Je n'ai pas de répartie et encore moins de courage. Je ne veux pas répondre par une altercation ou une moquerie. Depuis la période des pogs et des cartes pokémons, j'en ai eu pour mon compte. A ce qu'il parait même que je suis bientôt niveau 69 avec mon carakawa.

      Mais à la tronche que tire le chat en me voyant, j'ai l'impression de me sentir rabaissé. Je souffre des brimades journalières, je m'y accommode ou je me fais sauter le caisson, à part ça j'essaye de vivre. De fuir cette dictature raspoutienne. J'oscille d'un côté et de l'autre sans jamais réussir à trouver un petit feu pour la nuit. Je risque de crever de faim, non ? Par la force des choses et celle de la nature, je suis devenu un pirate infréquentable et sans personnalité. Je fais rire les uns alors que je foutais la trouille aux petits nouveaux. Ils ne m'aiment pas et ils me l'ont jamais dit en face. J'étais leur capitaine.

      Je l'ai compris.

      Je n'ai pas voulu savoir pourquoi, j'ai cessé de chercher les causes de ces effets. Je suis crevé et dans le fond, je me déteste plus qu'eux ne me détestent. J'aurais aimé revenir dans le passé, me foutre une gifle et dire non, regarde moi, regarde la vérité.

      Je ne veux en parler à personne, mais toi, tu me sembles serein et ton chat ne le comprend pas. Moi Jadis, le petit mizu, enfant chéri de sa mère. Le fils unique d'une reine. J'ai hérité de sa volonté et je m'en suis servi comme un raté, un putain de trou du cul dont personne n'apprécie. Je ne suis plus qu'un chameau qui se prend pour un lama. D'habitude, je crache pas à la gueule des gens. Mais si tu veux un conseil, boule de poils, ou même une recommandation voir une obligation. Ne pense pas que le petit prince en moi ne peut lever son katana aux éclats argentés. A la base de la lame, une gravure...

      B.M.F.

      Et des signes évidents apparaissent aux alentours. Le vent se rebelle et les arbres se prosternent. Et dans le sifflement de la médiocrité des insectes qui se perdent dans les airs. D'un rictus moqueur et d'un regard cruel, je t'emporte dans le chaos des éléments.

      Miaou...

      Vas-y miaule !  c'est désormais peine perdue pour faire semblant d'avoir du charisme.

      J'aurai pu te péter la tête comme un abruti en recouvrant d'un voile noire, une jambe embrasée, mais je ne veux pas prendre le risque que tu puisses un jour me respecter, sans que j'affirme ma présence.

      - Il va plus faire le branque, je suis Mizukawa, capitaine pirate du prince et roi de mon esprit. Tu connais un coin tranquille où se poser ? Et t'as pas à t'inquiéter pour le chemin, t'as qu'à prendre mon bras et on disparaîtra.

      Et notre tristesse ?
      Elle s'effacera par le temps ?

        Sören assume le lead.


        J'pige rien à ses changements d'humeur. Mais ça m'dit rien qui vaille. Y'a rien d'bon à attendre d'une saison instable ou d'un ciel incertain. Il en va d'même pour les humains. J'regarde Raspoutine, salement vexé d's'être fait traîner dans l'sable à coup d'savate. J'le sens d'ici qu'y rumine, qu'y s'veng'ra si y peut. L'est comme ça. Jamais y s'relâche. Toujours, l'est en tension, aux aguets, prêt à montrer qu'c'est lui l'meilleur. Et quand ça l'est pas... ah, dié ! Quand ça l'est pas !

        -Disparaître ? … bon. On va par là, on va pas courir sur eux ma foi. Allons !

        J'ai l'corps fatigué et l'cœur las. J'sais pas pourquoi. C'est toujours au moment où j'aurais b'soin du plus de force que j'suis rattrapé par tout un tas d'regrets, d'questions, d'déceptions. D'images que j'sais pas démêler, c'est comme si ma pensée avait jamais été claire. Pourtant, l'est souvent comme le soleil en plein jour. J'peux en voir tout l'espace, découper des morceaux, les passer en r'vue un par un. C'est simple. Mais d'puis l'passage de Reverse, tout s'est embrouillé. Même avant, en fait, mais j'voulais pas l'voir. J'crois pas.

        C'est toute cette bizarrerie qu'm'a ouvert les yeux pour mieux que j'les ferme.

        -J'précise que j'sais pas où j'vais et que j'suis paumé.

        Y s'en fout ; l'a botté l'cul à Raspoutine ; l'est content. L'en a rien à carrer des monstres qui nous dégueulent après. « Cerveaux ! » qu'ils gargouillent dans leurs barbes flasques de tripailles salées. C'est pas fort. C'comme une rumeur. Sale, obscure, grondante. Un mot sourd qui sonne grave sous un chapiteau d'église. Lourd. Ça oppresse. Ça avance. On galope, comme des lapins sur la plage.

        Et puis y'a comme une ombre qui fait disparaître le sol.

        On s'vautre en avant sans avoir compris qu'on vient de s'prendre les pieds dans un fil tendu au-d'ssus du sable. Et quand on croit pouvoir s'relever, l'sable glisse sous nos, doigts, la terre s'dérobe, on suit l'mouvement. Aïe, oh, eh ! En pas trois s'condes, on est l'un sur l'autre au fond d'un trou. J'me lève, tous sens en alerte, Morgan sur l'épaule, Raspoutine qui mate au-d'ssus, qui feule, qui s'barre. Non sans avoir salement miré Mizukawa, je crois. J'cherche pas à piger. Ça peut être une farce de môme, le plan d'un malin génie qui veut nous perdre, l'idée d'un fou qu'aurait habité l'île. N'importe. J'sors mes deux serpes de mes poches, j'les déplie d'un mouvement du poignet. 'Sont pleines de sang caillé, noir et rouge. Ces monstres sont des poulpes posés sur des gars qu'ont muté. Comme une greffe sur un cep de vigne. Sauf que ça bousille pas les parasites.

        Ça en fait des parasites.

        -Gars. Quand tu disais « disparaître ». C'est disparaître comment ?

        Mais y'a pas l'temps, j'sers les dents. Là-haut, ça a senti l'odeur de la chair, des nerfs tendus et d'la peau moite. L'festin est servi. Mais y va s'défendre. L'a encore des couilles au cul et des griffes aux pattes. Oh bah, ça ça t'épate ?

        Référence à part, ils descendent, en f'sant débarouler du sable sous leur poids. On va finir ensev'lis si on réagit pas. J'gueule, passionné. Parce qu'elle a toujours fait ça avec moi, la vie. M'faire baisser les bras dans les moments où c'est encore possible d'réagir, et m'traverser d'un éclair quand tout est perdu. Et là, j'y crois, comme au premier jour d'ma naissance. J'crois que j'vais les arracher comme la mauvaise herbe, sauter sur les cadavres, aller sonner l'tocsin et danser à la parade. J'tranche. J'suis comme pris par leurs yeux, leurs yeux par lesquels j'vois tout à l'avance. C'est le vide en moi, et la vie qui m'cause. A droite, à gauche, au milieu, baisse toi.

        On s'en sortira.
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        Excuse-moi, je t'ai pas écouté. Tu disais ?

        Rien d'intéressant. Je t'entends de près pourtant. Ne te pardonne pas.

        La rémission d'une cause perdue. Proche de la grâce d'un ange. La beauté d'une bagatelle. Et tu m'assommes du poids de tes mots.

        J'ai mal au mains, légères mais qui fatigue la conscience. Un amusement d'une dernière bonté et je sens l'enfant qui pose ses jouets d'une délicatesse, voisine à ce trou fichu. Tiens voilà un Chameau et un Lion, coincés dans un piège de gosse. Un autre motif d'interruption.

        T'éteins pas tout ! Y'a une différence invisible quelque part. L'amante est dans un guêpier complexé. Brave et rosse, voici quoi. Un quoi qui pose les basses sans quiproquo, le son qui est, n'est plus et je freine la cadence sans auxiliaire. De toute façon, j'ai et t'es foutu. Excavation du petit joueur confiné à l’honnêteté. Ça restera l'esclave de son esprit simple, vide de jugement. Et la bienveillance du petit prince n'est pas sans fin. Il se divertit de tes sentiments. Il t’abat ses cartes et la peine te gagne.

        No Pain ! No Gain !  

        Alors accroches-toi à mon bras, ça va aller vite, même très vite, t'as pas le temps de voir le décor du tunnel et ses vers de terre qui souhaitent fuir la lumière que nous retrouvons. Ça ira si vite que tu ne remarquera même pas qu'on a décollé du sol pour épouser la voûte qui nous accueillera de son immensité vers l'extérieur.

        Oui, je vole et on est dehors. T'as vu, c'était pas terrifiant, c'est comme s'arracher une dent sous morphine.

        Un problème ?

        Miaou...

        Ah le chat est toujours en bas ?
        .
          Raspoutine gère le bridge.


          Alors comme ça, on fait les fiérots, eh, mes canaris ? Ahah ! Volez, yep, enjaillez-vous bien sur le satellite des tarlouzes endulcinées ! Le grand Raspoutine reste libre ! Libre de mirer le gargouillage au fond du trou, les sales trogne poisseuses qui niaqueront que dalle ce soir, la victoire dans l'ombre tiède. Mmmrrrr ! Mrrrrr... mieh ?

          … Morgan ? Qu'est-ce que tu branles hors du trou, dégonflé ? Ouais, non, le prends pas comme ça, pas que je voulais t'voir dégorger du rouge au milieu de tout ce beau monde qui trouillotte la gamelle comme du merlu. T'aimes ça le merlu ? Eh, qu'est-ce que t'as à galoper, l'intello ! Ma planque, elle est pas assez bonne pour toi, c'est ça ? Ah, bon. J'préfère, misérable. Miéwhéhé.

          Bon, écoute. Ça a l'air de tanguer sévère sur les nuages, mais l'autre, il a des couilles ; il va pas descendre. On va devoir se démerder comme des grands ! Des grands poussins face à la dent du tigre ! Tu te sens, ou tu te sens pas ? Meow ! Tourne tes globuleux, et arrête de trembler, farigoule ! J'veux pas avoir honte d'être de ta race, tu vois ? Aller, l'oméga. On la joue furtif. On les suit de loin. Ouais, regarde comme ils ont l'air heureux, les embéguinés... non, t'es pas d'accord ? Aller, passe devant. Mais non, j'vais pas te plaquer... mais oui, j'vais couvrir tes arrières. J'suis pas le grand Raspoutine ? Merrf, mes guibolles. Non, oublie. Un p'tit souvenir de l'accolade virile de tantôt... mais non, c'est pas du sang, t'y connais rien. C'est du jus d'empereur... pas les bestioles qui venaient tremper en hiver sur ta putain d'île, non. Aller, marche, petiot ! Patte de velours, crocs d'argent, griffe de rouille ! Mais oui, c'est redoutable... j'sais de quoi je parle, bige ! Encore quelques coudées, aller... on est des serpents, on a pas peur des tentacules ! Les maîtres de la création ! Avance donc !

          Quoi, quoi, je délire ? Perdu trop de quoi ? Je t'entends pas, mon poussin, faudrait voir à jacter un poil plus fort... ça changera rien pour eux, ils nous sentent... j'sais pas comment ils font, vu ce qu'ils schlinguent d'ailleurs. Eh. Les voilà. Pourquoi on est plus à couvert ?! Mweh ! C'est toi qui m'a mal guidé, pendant que je taillais le morceau ! Miewehehe, c'est aussi bien comme ça, vous allez voir ce que ça vaut, de v'nir se manger le nez avec le grand Raspou...

          … mweeeeeeh ? Qu'est-ce que tu branles, grande tante ? Lâche-moi ! Lâche ! Lâ...che ! J'ai un duel ! L'île contre moi ! T'as pas le...

          Brak !

          -Okay, on est tous à bord. On s'tire, où tu veux, ouais. Merci pour l'détour, gars, t'as géré.

          Je... crois que j'vais... lâcher l'goujon. Bonne mère.
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          Je gère que dalle. Je comprends que tu sois fatigué. Je suis trop subtil, trop invisible. J'aimerais bien te montrer que je suis un artiste, mais je préfère l'anonymat. Je me fais peut-être passé pour un taré de pirate qui ne sait pas où il en est, mais au moins les gens ne se pré-occupent pas de mon potentiel. Je me fais moins d'ennemis. Sûrement pour ça que je n'ai plus d'amis.

          Alors ne me remercie pas, tu vois bien à mon sourire que ça fait toujours plaisir de jouer le guide. Même si au fond, c'est toi qui m'a amené jusque là. Alors que dois-je faire de tout ça ? Ah, encore une question qui va me faire dire une connerie. Ouep, j'ai la tête dans les nuages, je devrais redescendre sur terre, mais c'est tellement bon de voler pendant qu'en dessous, le monde nous regarde.

          Certains préfèrent rêver liberté, d'autres vivent librement. Et entre toi et moi, je n'offre aucun choix. Alors chacun sera là où il doit-être. Tant que ce n'est pas pour sauver le monde. Je crains que le courage a pris la poudre chez nos héros de chats. Ça te dit de leur chanter une petite chanson ou de m'apprendre l'harmonica ? T'es leur gardien, un peu galérien qui marche sans famille. Je te juge pas, je vois juste ce que tu comptes faire.

          Tu m'excuseras pas si je parle peu, j'attends de voir si ma volonté peut te faire pousser des ailes.
            Morgan chante le refrain.

            Tu t'envoles au-dessus de la violence, au-dessus des glapissements de dépit, au-dessus du danger immédiat. Accroché comme tu peux aux épaules du forban qui vient de te sauver la vie, tu respires enfin un peu mieux. Et tu médites à ce qui s'est passé, dans la fosse. Ta manière de combattre. Autre chose que de l'aisance, c'est ce que tu penses. Tu étais comme porté, prévenu, protégé par une intuition pas vraiment extérieure à toi, pas vraiment intérieure. Et puis, une chose te perturbe, maintenant que tu te trouves enfin à l'abri du sang. Je le sens à tes mains moites, à tes yeux inquiets, à ton absence de mots. Alors même que tu aurais du parler à Sutero. Lui demander pourquoi, qu'est-ce qu'il faisait dans la piraterie, alors que...

            Ce n'est qu'une voie. Et une voix parmi tant d'autres voix.

            Mais tu gardes le regard fixe, l'air fou, les mains crispées. Au-delà des mots, comme si tu découvrais soudainement tout un univers qui n'avait fait que semblant d'exister jusque là, en douce, dans l'ombre du réel ; et qu'il te sautait aux yeux.

            Tu les entends. Des voix d'enfants, surtout, mais d'autres aussi, puissantes, et celles des animaux de l'île, confuses, ténues, lointaines. Celles des poulpes te plongent dans la peur. Oui, tu as fuit la violence d'en-bas, mais le dépit, les gargouillements et l'absurde te poursuivent dans un lieu qui ne te permet pas de te cacher, compagnon ! Je te connais trop bien pour ne pas le lire dans tes gestes, tes yeux, ton attitude.

            Tu as des voix dans la tête. Sans doute quelque chose qui s'éveille en toi sans que tu le saches. Tu détestes ce sentiment d'étrangeté, toi dont la demeure est sur terre et sur mer, les deux pieds rivés au sol. Tu as bien appris quelque chose de la légèreté en improvisant dans la rue, en te battant sans tuer, en riant. Mais tu as gardé beaucoup de la bête de labour. Le pas de ton cœur est lourd, paisible, terrestre. Maîtrisé. Une braise qui couve, un feu qui dort, que tu n'aimes pas toujours voir brûler trop fort.

            C'est t'échapper à toi-même qui te fait peur, au moins depuis l'épisode de Goa. Peut-être que c'est ce qui est arrivé à celui qui t'a sauvé la vie aujourd'hui ? Il y avait du trop plein en lui, il s'est laissé déborder et emporter par une voix qui n'était pas la sienne. Qui lui venait autant du dehors que du dedans.

            Tu ne deviens pas fou, compagnon.

            Sutero pose un pied à terre. Une petite crique à l'écart, pas de danger. Brutalement, tu te relâches. Tu n'entends plus rien.

            -Merci, gars. T'es pas blessé ?

            Mais pendant que tu panses tes propres plaies, tu oublies de regarder la mer. Raspoutine est figé.

            Quelque chose vient.



            Dernière édition par Sören Hurlevent le Ven 4 Avr 2014 - 15:16, édité 1 fois
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            J'ai voulu échapper à moi-même en empruntant la voie de mes démons. Trop curieux d'aimer tout le monde, j'ai emprunter la plus mauvaise direction. A l'ouest, direction l'île céleste qui s'avère être l'enfer pour mon âme qui brûle et qui pleure.

            Je pleure des larmes invisibles, elles ne sont ni salées, ni sucrées. Je me nettoie et je ne veux pas que tu penses que je suis blessé. S'écarter, s'enfuir, s'échapper pour se combattre soi-même. C'est une volonté, une histoire d'un soldat anonyme au coeur allégé par la vérité. Et je n'ai peur de personne à part moi et mon unique. Peur de devoir répondre que je n'ai pas pu être moi et aider les autres à être eux. J'ai perdu la raison en négligeant les paroles de ma mère. Révolutionnaire qui se bat pour la liberté de l'amour.

            La haine a eu raison de moi. Heureusement que l'envie et la jalousie ne coule pas dans mes veines. Je ne peux pas faire de vrai mal alors à quoi bon s'obstiner à se mentir maintenant ?

            Je te revois, Soren et je souris. Mon coeur de braise te souris. Il ne souhaite pas rire, pas encore... Car l'océan nous réserve bien des surprises et sereinement, je fais le vide, je dois être l'homme sans mains pour serrer, étouffer les autres. Je préfère la douceur d'une accolade et la chaleur d'un baiser contre une joue. Petit à petit, un coeur blanc sort de ma poitrine. Un coeur qui grandit et qui va protéger notre conscience.

            Plus de peur, plus de mal.
            Tu m'as réveillé.

            - Capt'ain pirate Hole Black. Magicien des ténèbres, contrôleur de poulpe, manipulateur d'âmes perdues, un loup dans la bergerie. Nous risquons la mort à l'affronter et la mort souhaite rayer ce gus de la liste.

            Une flotte de navires, une illusion ? Ces pirates bravent la tempête, ils font semblant d'être des tiens mais au fond, tu sais ce qu'il en est, frère vagabond. Tu sais qu'il n'y a plus qu'à purifier nos coeurs pour que le feu ne puisse plus nous brûler les ailes. Ainsi nous caresserons les immensités de tout et de rien. De l'univers si parfait, rejoignons-nous dans cette guerre sans balles.

            Ma lame, ma plume, mon moment.

            Un miroir éternel, fait de glace,
            Brise en deux les titans,
            Tant à dire, Agissons !

            - 100 Millions de Berrys, il en vaut sans milliard. Je peux l'affronter seul, je sais que ta famille doit s'inquiéter. Un coup de main serait le bienvenue, j'en ai plus, je préfère botter le derrière des occupants pour les faire avancer. A quoi bon ? Pour la Justice équitable.

            Pas besoin de quête,
            Ce n'est qu'un passage.

              Sören brise le rythme.


              -Hein ? Quoi ?

              Ouais, bon, on arrête le délire, j'joue plus. Jusque là, d'accord, il m'a p'têtre sauvé la vie, le Sutero, mais morbleu ! C'est à t'foutre la peur aux tripes d'un mort ! C'tout comme s'il était pas conscient de c'qu'il branlait, ou comme s'il était l'seul à piger que'qu'chose à c'qui crache et à sa manière d'voir la création. J'repose le cadre : on est sur une plage, seuls. L'sable est noir comme celui de toute l'île, on a semé nos ennemis. Mais comme j'ai l'impression que c'est tout l'champ magnétique d'Innocent qui m'en veut, y'a un truc qui vient de d'ssous la mer. J'aurais pu croire à ses histoires de capitaine j'sais pas quoi, si y'avait pas eu l'reste. Franchement, j'aurais pu, j'suis pas à ça près. Mais j'ai compris un truc d'un coup, en un éclair, et j'dois dire que ça m'glace.

              Il est fou. Il est complètement imprévisible. Il chiale, il rigole, il dit qu'il est faible, il dit qu'il est fort, qu'il est protecteur, qu'il va sauver Grand Line et les quat' mers. C'est bien, mais ça sera quoi, la prochaine étape ? J'ai rien oublié d'tout c'que j'ai entendu sur lui. J'sais c'que j'risque s'il montre le visage qu'il a montré à tous ces pauvres gens qui portent encore le deuil à l'heure où j'pense à eux.

              J'ai compris. T'es instable. Pas mauvais, juste ingérable. Tu peux dire un truc, l'inverse la seconde d'après et retourner ta veste d'un coup. C'qu'on appelle une girouette ou une lune croisée par chez moi. Et tout c'qu'on jette en terre un jour d'lune croisée est destiné à mourir. La vie, elle a b'soin d'stabilité. J'ai un facteur d'mort en face de moi. T'es un porteur de mort, gars.

              Et c'qui vient d'la mer, c'est un poulpe. Bon. Un très très gros poulpes 'vec d'sales dents, façon route de tous les périls, normal. T'veux t'battre contre lui ? Tant mieux. J'crois pas qu'il fasse trop l'poids contre un mec invisible qui vole et qu'a buté des guerriers par dizaines. Mais vu comment l'a l'air nerveux, ça va m'donner l'temps pour fuir. M'couler dans les ténèbres façon patte de velours et poil hérissé. T'y vas. J'me fonds dans la broussaille et j'entame l'escalade, fondu dans le noir, sans un bruit. En haut, j'devine les trépignements furieux des hommes-poulpes. J'vais d'voir tailler à-travers leurs rangs en solitaire, jusqu'à trouver une bonne planque pour passer la nuit. Mes yeux piquent, mais j'suis au comble de l'excitation, le dernier jet de feu avant l'écroulement final. Mes plaies s'ouvrent pendant que j'grimpe. Ma chemise mouillée d'sang m'colle à la peau. Ça compte pour rien. J'grimpe, j'grimpe. J'préfère mille fois l'horreur à la folie.


              Dernière édition par Sören Hurlevent le Mer 21 Mai 2014 - 23:11, édité 1 fois
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              Je sais déjà tout ça...

              Comme je me suis douté au premier regard ce que tu es... Des chasseurs, j'en connais à la pelle. Je creuse leur tombe et je porte pas leur cadavre, vieux. Oh que non... Je suis pas Zarathoustra, tu me confonds avec un autre. Tu fuis l'honneur comme la peste et tu sembles comprendre autre chose dans mes paroles. Y'a quelque chose qui arrivent d'en dessous l'océan... C'est un poulpe que t'aimes pas, un poulpe que tu détestes pour bien des raisons que j'ignore. Et pendant que tu files comme à l'an glaise. Période lumière d'une époque bien perdue... Je me rappelle ce que les arbres de la forêt m'ont dit tout bas lors de l’éclipse lunaire... Pauvres d'esprit, ils ne m'ont pas parlé à voix haute, ça parle pas un arbre, pas à des inhumains... Bref, ils m'ont indiqué la direction à prendre dans cet instant là précisément...

              C'est ainsi que je prends ce poulpe cracheur d'encre entre mes deux bras, démuni de mains et on commence à se fixer du regard. Je lui lâche un sourire de roi et je comprends ses remerciements. Y'a pas de quoi l'ami, y'a vraiment pas de quoi. Toi même, tu sais que je préfère être pris pour un taré que de devoir affronter ce musicien pour la protection de votre espèce.

              Tu sais l'ami, faut arrêter d'excuser ces comportements, je sais qu'on oublie, pardonnez-nous. Je sais qu'on prend soin que de notre gueule, pardonnez-nous. Je sais qu'on devrait tous être pris pour des fous dans cet horreur... Pardonnez-nous.

              Je me pardonne ce jour là.

              Je te remets à l'eau après t'avoir annoncer ma décision. Fort bien aimable et compréhensif, tu capitules et t'appelles tes semblables à retourner dans les profondeurs de l'océan.

              - Je m'occupe personnellement de l'oméga.

              Vas-y la que je le retrouve... Il a encore bien des choses à apprendre du Haki. Et c'est pas en l'appelant que je vais le trouver. C'est bon signe, ça veut dire que je l'ai pas encore perdu.
                -La mort au trousse, il avait, le capitaine Barberousse ! Ma parole d'honneur ! Tourne à droite ! Roger ? Roger (et Martine). Ah ah !
                -De... quoi ?

                Il est derrière toi, mais compagnon, tu le sais bien. Arrête de cligner des yeux comme ça, tu me fais de la peine... il n'a pas ouvert les lèvres. Il n'a rien dit. Cette voix confuse, cette voix mêlée, cette voix bigarrée qui t'a déjà parlé sur la plage, elle ne vient pas de lui. Il est peut être dérangé, un peu, sans doute encore plus que tu ne le crois, je ne te donnerai pas tord à ce propos. Mais cette voix, elle est dans ta tête.

                Avec ta mentalité de petit paysan déphasé, les deux pieds rivés au sol et la tête chargée de limon, tu ne peux pas saisir cela. Tu grimpes de plus belle, haletant, mais tu sais que c'est peine perdue. Tu peux être agile et habile à grimper aux rochers comme un des nôtres, il n'empêche que nous ne t'avons pas enseigné l'art des oiseaux. Lui, il le maîtrise. Et il est de ces gros oiseaux de proie que nous renonçons à chasser, et dont nous subissons parfois les outrages.

                -Nom de Dieu ! Arrête de me suivre !
                -Une danseuse sur un chapeau capitonné...
                -Et par le diable, arrête de dire... arrête de dire ces choses !
                -... se trémousse sous un fond de clair de lune avarié...
                -Ça a aucun sens ! Pourquoi tu dis des choses qui ont aucun sens, bon sang ?
                -... en portant à sa bouche une tulipe renfrognée...
                -Yaaaah !

                Et tu grimpes de plus belle, en ignorant le danger que représentent les glouglous et les bruits flasques que l'on distingue de mieux en mieux, juste au-dessus de nous... Mizukawa reste à ta hauteur en gardant le silence. Mais tu continues à entendre ces voix, ces drôles de voix mêlées qui composent des phrases aléatoirement. Tu... tu as juste besoin de sommeil, compagnon. Je te le promets, tu ne deviens pas fou. Il faut juste fuir.

                Et c'est exactement ce que tu fais. Tu ne poses pas le pied sur le haut de la falaise sans dégainer une serpe et trancher la première gorge pleine de crocs qui passait par là. Et puis, tu ne t'arrêtes plus. Ton corps souple et agile défie les possibles, frappe, pousse, repousse, cogne, écrase et tranche. En une minute, tu es hors de la mêlée et ils n'ont plus qu'à te courir après. Et toi aussi tu cours, tu cours de toute tes forces en espérant décourager aussi les voix qui cessent peu à peu de te harceler.
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                Mais bon sang, ce petit bonhomme a perdu la raison ! Je reste silencieux et c'est bien caché dans un silence pesant où les ténèbres absorbent mon corps que cet homme ne cesse de me crier dessus, que j'arrête de dire ces choses. Mais quelles choses ? Je ne fais que penser à mon amour perdue, d'ailleurs, qu'est-ce qui me fait penser à Matilda en ces moments pareils. Sans doute la salve d'évènements qui me chamboule l'esprit depuis ma rencontre avec Adrienne Ramba.

                - Je ne te veux aucun mal et je le pense, pardis ! Tiens, bois ça ! ça aidera à digérer ce que tu vis en ce moment.

                J'ai toujours une petite bouteille d'eau de vie dans mon sac. Ouais, y'a plus que quelques gorgées, ça vient du meilleur faiseur de liqueur de toute la région d'East Blue, de ce regretté Alastor Marvalo. J'ai appris son décés y'a pas plus de deux semaines dans un journal officiel, le plus grand vendeur s'est fait buter dans sa fabrique par des malfrats du seigneur d'East Blue, Silver Roger ! Sale enflures de pirates !

                Ah si j'étais Oliver Queen, j'éliminerai ces salopards jusqu'au dernier. Mais bon, ce n'est pas mon combat.

                - Moi c'est Mizu, enchanté !
                Lui dis-je en tendant ma main pour le saluer. Va-t-il courir à nouveau pour s'enfuir comme un lâche ou affronter ce qui semble n'être que de la peur pour son prochain, hein, je me demande bien s'il se calmera et dés lors nous rentrerons bras dessus, bras dessous tout en racontant nos dernières news, l'un à l'autre. Suis-je trop rêveur ?


                  Les voix cessent, l'instant présent n'est plus qu'une légère brise sur la houle. Témoin de la découverte du haki, je me laisse absorbé et survolant la voûte ambrée, je recule à pas feutré sur ce ciel azuré. Il n'y a rien qui me retient sur cette île, dans ce monde qui se pense innocent. Le crime règne en maître et aussi pourri qu'un œuf avarié. On pourrait se risquer de se faire une petite omelette avec quelques champignons ramassés dans les bois. Tu te risquerais à une chtite gastro ? Pas moi... Sans façon pour la bouffe, un café peut-être ?

                  Non, finalement, plus rien ne me retient dans ce désert des surhommes. Je contemple le Titan retourner dans sa cage obscure, se renfermer au purgatoire, laissant le petit prince vagabonder sur ses planètes et se terre lui aussi dans son coin.

                  Il n'y a que le vide qui nous sépare d'une envolée lyrique. Je veux sentir les feuilles de menthe craquer sous nos dents avec la chlorophylle qui s'échappe. Et te faire écouter le son de carillon que fait le claquement des drisses de pavillons contre les mâts. Avec en fond le grand fracas de la mer qui rapporte et au-dessus la procession d'cargots des nuages bas et blancs.

                  J'veux t'offrir cette cigarette, cette clope d'après la guerre et son odeur vanillée. Je t’emmène voir le granite rose de ces îles qu'on peut pas déplacer mais c'est pour nous protéger. Je t'emmène tout rejouer, peut être tout perdre mais p't être aussi tout rafler, tout braquer, tout gagner.

                  A travers les nuées d'argents...

                  Poussières...