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Poursuites [Pv Aran]

La hauteur devint vertigineuse, mais la silhouette drapée n'en avait que faire, elle filait toujours, ses pieds dérapant parfois sur les tuiles qui venaient se fracasser au sol. 
Avec un peu de chance, elles en assommeraient quelques uns...

Hélas, ils étaient tous aussi résistants et acharnés que lui.

Lui
, c'est celui qui lui court après comme si sa vie en dépendait : il avançait avec une telle assurance qu'on croirait qu'il avait préparé le coup, mais en fait, ce qui lui donnait sa rapidité c'était les souvenirs qui se succédaient dans sa tête... 
Les tentures violettes, parme, magentas et dorées, cette délicieuse odeur sucrée et sa voix lointaine alors qu'elle était en transe qui lui annonçait monts et merveilles pendant qu'elle le délestait de son argent.
La salope.

La silhouette vira à gauche dans un sursaut bruyant d'or et de foulards qui s'emmêlent. Quand allait-il lâcher l'affaire, ce singe sur pattes ? Elle lui avait prédit une rentrée d'argent conséquente dans la semaine, et voilà qu'il la prenait en chasse après avoir découvert qu'en plus de n'avoir pas eu les gains escomptés, la voyante lui avait également volé sa montre et sa bourse de Berrys. Pour son plus grand malheur, sa victime se trouvait être le chef d'un gang de quartier; aussi il avait mis au point un stratagème auquel la Voyante avait mordu à pleines dents. Et c'est ici qu'ils en étaient, à courir sur les toits.

Les yeux de la voleuse s'écarquillèrent alors qu'ils découvraient un gouffre s'étendre face à eux. Elle s'arrêta net et jeta un œil derrière elle, haletante. Elle n'avait que quelques secondes. Sans compter les deux copains de son poursuivant qui étaient peut-être dans les allées, en bas... Pas le temps.

Les trésors illégaux qu'elle avait amassés retombèrent lourdement au "sol" alors qu'elle s'élançait en sens inverse, à la rencontre de l'homme en costume. Et là, le chef de gang n'en revint pas, car en même temps qu'il tendit les bras pour l'attraper, la fuyarde s'étala dans une glissade et le contourna avant de glisser du toit, emportant quelques tuiles pourpres dans son sillage. Rapide, la bougresse !

Seule la toiture trahit sa chute, car son corps ne fit presque aucun bruit en touchant le sol. Nefer n'eut pas le temps de regarder en l'air qu'elle repartait déjà, ses pieds nus frappant le sol comme si elle était poursuivie par un Démon. Acte imprudent de sa part, puisqu'un projectile – un couteau, il semblait – fendit l'air et vint déchirer la peau de son bras en guise d'avertissement. Elle sépara son bâton des attaches qui le retenaient à son dos et d'un mouvement ample, envoya valser quelques caisses dans son sillage du bout de l'arme, espérant ralentir ses poursuivants. Mais il en fallait bien plus pour décourager les trois gorilles, et davantage encore pour les faire renoncer.

Elle vira brusquement, bousculant un ivrogne dans la rue étroite et mal éclairée. Son souffle se fit erratique. Ils ne pouvaient pas l'attraper. Elle était la Voyante ! Pourtant... Force était d'accepter qu'elle était tombée sur des poursuivants aussi tenaces qu'elle. Elle n'avait rien contre la compétition, mais celle-là risquait de lui coûter la vie, si elle la prenait à la légère. Nefer déglutit, filant toujours comme si elle était poursuivie par un de ces stupides Dieux ; mais sa course s'arrêta net quand elle percuta de plein fouet un obstacle... en métal ? La pirate leva des yeux étourdis vers la pièce de fer qui lui vaudrait une magnifique bosse au front d'ici quelques minutes et découvrit qu'elle appartenait à... l'épaule d'un mastodonte à la peau mate, d'une carrure assez large pour lui empêcher le passage.
Sans réfléchir, elle lança, le souffle court :

« Aide-moi ou bouge, ils vont m'étriper vivante ! »


Dernière édition par Nefer le Dim 26 Jan 2014 - 17:07, édité 2 fois
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Ville de merde avec habitants de merde. Tout pue la merde ici. C'est vrai quoi. Il suffit de voir l'état des lieux. Ces maisons entassées les unes sur les autres suivent aucune logique. En plus, c'est moche et c'est pas esthétique du tout. Moi, ça me fait plus penser à Grey Terminal, sauf qu'il y a plus un semblant de civilisation. Ce quartier, comme tous les autres, d'ailleurs, est le décors parfait pour faire de mauvaises fréquentations. Les caves schlinguent la mort. Même la tête des gens signifie tout. Les passants empestent l'alcool à plein nez. Le sol battu est encombré de diverses conneries comme des caisses ou des étalages. En gros, tous les petits trucs à la con qui gênent le passage inutilement. Et avec la largeur des rues, parfois ça offre qu'un mètre pour passer...

Bien sûr, il y a bien des Marines, ici. Seulement, ces bougres sont des incapables, des trouillards et des flemmards. À quoi servent-ils sérieux? Ils sont là pour faire du contraste entre les bons et les méchants, mettre des -bleus- entre les civils honnêtes et les criminels qui les maltraitent? Je rigole. On est des Marines, mais on ne se mouille pas. On a pas assez de couilles pour faire notre job... 'Fin bon, moi je suis pas là pour jouer les hommes de la justice, je suis là pour faire un boulot plutôt sale. Il faut dire que je suis un agent du Chiper Pol. C'est pas la même chose qu'un simple militaire.

Bref, là, je devais épauler un collègue du CP5 pour qu'il choppe des infos' sur un mec jugé dangereux par Monsieur "Mondial". 'Fin, maintenant, je devrais dire "ex-collègue". Il avait été tué hier pendant l'opération. Une belle bavure. Maintenant, je me sens obligé de poursuivre son devoir afin de pas rentrer bredouille à Marie-Joie. Putain de vie! R.I.P., mec. Seulement, ce couillon de mafieux que mon camarade devait étudier se cache toujours dans ce bled pourri. Il me croit sûrement mort, mais il aura une drôle de surprise en me revoyant s'il le pensait vraiment.

N'ayant plus la force de repenser à tout ça, je me saoul à mort. Après avoir bien écumé, je sors d'un bar qui paye pas de mine pour oublier mon compagnon. Je suis sur le point de me remettre en route, quand soudain, une personne se cogne contre mon épaule.

Aide-moi ou bouge, ils vont m'étriper vivante!

Mais c'est quoi ce délire, bordel? J'ai pas l'allure du Marine lambda pourtant, non? J'ai ni la tête du mec qui a pitié pour tout le monde, ni la tête de celui qui se sent obligé de secourir la veuve et l'orphelin. Du moins, pendant cette mauvaise phase de solitude et de remords, c'est niet. Et je dois sûrement avoir les odeurs mélangées de l'alcool et du sang qui me collent à la peau. Je ressemble toujours à rien, juste à un plouc. Je regarde alors derrière-moi pour savoir quel genre de personne a le culot de me parler comme ça.

Hein?! Une gamine?

Dégage, fillette! Tes affaires me concernent pas.

Étant encore entrain de me remettre, je continue de bloquer le passage. Je la gêne. Je lève derrière-elle les yeux pour comprendre ce qu'il se passe exactement. Je sais pas dans quelle merde elle s'est fourrée, mais pour que trois gus la coursent après, ça doit pas être bon signe. Ça sent même le roussi, car les types sont furax. La voyant sans issue, ils s'apprêtent à lui tirer dessus. Par contre, ils ont intérêt à bien viser, car si jamais je me prends une balle, juste une putain de balle, je ferai du gâteau avec ces malfrats.

Soudain, mon œil de cyborg commence à briller. Le rouge, j'entends. Celui qui m'indique les primes des pirates, hein. Mon orbe mécanique me marque alors des données intéressantes.

/!\ • Kilian Hell • B 3.000.000 • /!\

Bon, bah je n'ai même pas besoin d'aller voir leur planque. Grâce à cette pucelle, une des personnes que je cherche se jette sur moi. Si c'est pas de la chance, c'est quoi alors? J'ai plus qu'à le cueillir. Par contre, ils ont pas l'air de tilter que j'étais venu foutre la merde chez eux. Les acolytes de ma cible font feu dans ma direction. Je me sens pas spécialement concerné dans l'immédiat, mais par instinct, je préfère me protéger le visage avec des caisses prises rapidement. Et bien sûr, c'est sur moi que le plomb crachent. Finalement, peut-être que c'est moi leur cible? Kilian semble être moins con que ses subordonnés, car lui stoppe net sa course en me voyant. 'Faut dire que je passe pas inaperçue. Les balles ripent sur ma carcasse en ferraille et une autre à l'épaule. Visiblement, la gamine a rien, mais elle veut à tout prix partir. Et ça se comprend. Seulement, maintenant elle est dans mon affaire. Je la bouscule pour la faire tomber d'un coup sur les fesses. Ensuite, je place mon bras droit en avant, prêt à tirer sur les criminels.

Bougez plus bande de lopettes!

Trop tard. Ils font déjà volte-face. Ils cherchent à me fuir. Évidemment, 'fallait compliquer les choses. Voulant pas perdre de temps supplémentaires, je balance un boulet vers eux, mais plus vers leurs pieds, histoire de leur faire peur. Aussitôt après l'explosion, je tire mon grappin pour chopper Kilian. Les autres gus j'en ai rien à foutre. Une fois ma prise récupérée et la tenant fermement, je regarde à nouveau la gamine, non pas pour la remercier, mais pour la questionner.

Eh bien fillette, on fout son nez là où il faut pas? Qu'as-tu donc fais pour être en prise avec ces lascars? Répond! J'ai pas que ça à foutre!

Je braque ensuite mes yeux sur Kiliam, d'un air très menaçant et sévère. Il se débat pour retrouver sa liberté.

Et toi Kiliam, reste tranquille.


Dernière édition par Baal Z. Aran le Mar 4 Juil 2017 - 14:36, édité 20 fois
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A défaut de bouger son gros postérieur cuirassé du chemin, le colosse lui avait adressé ses salutations sous la forme d'un coup inattendu qui l'envoya rejoindre le sol poussiéreux. Les deux acolytes de son infortuné client, eux, avaient disparu dans la rue sombre. Leur chef n'avait pas eu cette chance, tiré qu'il avait été vers le cyborg qui le maintenait maintenant d'une poigne de fer.
Non seulement ce tas de ferraille refusait de l'aider, avait gêné son passage puis changé d'avis ; et maintenant il la balançait sur le côté pour ensuite l'interroger ? Et puis qu'est-ce que c'était que cette appellation, elle n'était pas n'importe qui, mince. Sans doute un dysfonctionnement de son système de commande neuronale ; mais l'espoir était maigre. C'était la seule explication plausible au fait de l'affubler, elle, d'un surnom aussi commun. Mais outre le revirement surprenant dans son attitude, elle lui devait d'avoir enfin pu arrêter la course effrénée qui l'avait laissée à bout de souffle, les poumons brûlants.

Ils sont rares, les gens qui aident les inconnus. Si elle était encline à le faire rien que par curiosité ou amusement, elle reconnaissait parfaitement l'existence de l'autre catégorie, celle qui s'en fichait éperdument. A n'en pas douter, le colosse appartenait à la seconde et l'avait plus ou moins revendiqué en envoyant bouler la pirate, au sens propre comme au figuré. Et cela n'était pas pour lui plaire. Oh, que non.
Son souffle toujours soutenu, un rire s'échappa de la bouche de la voyante tandis que la nouvelle prise du colosse se débattait avec hargne.

« ― Ha ! Et maintenant, mes histoires t'intéressent ? Je lui ai emprunté quelque chose, voilà tout ; et maintenant je vais te laisser avec ton nouvel ami, puisque vous tenez tant à faire connaissance.  
― Salope ! Tout ça pour me livrer ?! »

Une détonation retentit et Nefer n'eut même pas le temps de formuler une réponse qu'un second coup de feu retentissait, vers les toits... Les toits ?
Visiblement, leurs "amis" du moment avaient pris le parti de fuir face à la perspective d'un boulet de canon dans la figure, pour tout simplement les attaquer d'un angle différent. Partir pour mieux revenir, tout ça. Une attitude honorable, si elle n'avait pas été adoptée dans le but de lui planter des objets en forme de couteau dans la gorge.

Elle bénit les réflexes qui l'avaient faite se rétablir à temps, mais déjà un homme bondissait dans la poussière à côté d'elle. Le deuxième homme de main, celui dont le couteau avait failli trancher son bras fut rapidement suivi par son ami, qui décida, lui, d'aller prêter main-forte à son chef. Pourvu que Tas d'Acier soit assez réactif ; elle, elle avait à se débarasser au plus vite de l'homme de main qui semblait lui en vouloir. Et quitter cette ville de dégénérés.

La lutte fut vive mais acharnée, leurs armes s'entrechoquaient chaque fois de plus en plus près de leurs corps, l'homme voulut ruser en envoyant son pied dans les côtes de la pirate, mais ce fut une erreur et la lame de son Naginata était maintenant à quelques centimètres de la gorge de son assaillant; enfin elle n'avait pas calculé le facteur des grandes jambes du Monsieur qui envoya la Voyante valdinguer d'un grand coup de genou. Sa tête heurta une petite caisse alors que l'homme lui fondait dessus, couteau en main. Un réflexe la prit au hasard et ses bras se relevèrent pour saisir la caisse par-derrière; la flexion que le haut de son corps décrivit en se redressant fut suffisante pour la lancer, et l'objet en bois percuta l'estomac de son ennemi. Peu de dégâts, mais une distraction suffisante pour qu'elle ait le temps de saisir à nouveau son bâton.
Elle jeta un bref regard derrière elle, vers le colosse au bras d'acier. L'étroitesse de la rue leur jouerait des tours, s'ils traînaient trop.


Dernière édition par Nefer le Dim 26 Jan 2014 - 17:08, édité 3 fois
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Cette gamine pense vraiment me duper? Ah, ah, ah, ah, je rigole. Elle a quoi? Aller, 15 ou 20 ans. C'est pas une ado' qui me roulera dans la farine. Elle croit sérieusement que j'avalerais ses conneries? Pour connaître Kilian, je sais qu'il s'agit pas d'un emprunt, mais sûrement d'un vol. Faut être absolument con pour jouer à ça avec des mafieux, surtout quand on connait pas la ville et qu'eux si. Elle sait même pas dans quoi elle s'est fourrée. Et encore, cette folle a de la chance que Ki-ki ne soit pas le Big Boss du coin. Il est chef d'une petite organisation de quelques hommes et il travaille lui-même pour bien plus haut. Et c'est son patron que je veux. Le supérieur de Kilian est le parrain de ce quartier-ci. Ce dernier est un concurrent mineur pour la Matrone Sinhg Yin Fu, la maquerelle de tout Las Camp. 'Fin, mineur... Il cache plutôt bien son jeu. Mais bon, moi, je suis là pour un autre type. Il profite de la ville et des réseaux mafieux pour se planquer et être à l'abri du G.M. Et en l'occurrence, ma cible semble faire des affaires avec le patron de Kilian. Du coup, les Cinq Étoiles ont besoin de gens comme moi ou plutôt des gens comme mon défunt collègue. En tout cas, je sens qu'il y a des magouilles bien plus importantes qui se trament...

Et merde! Bordel!! Voilà les deux autres qui s'en mêlent. Ça suffit pas le boulet de canon? 'Faut vraiment en faire des cakes? En parlant de ça, comment le gâteau doit être? À point ou saignant? Entre celui qui veut aider son chef et celui qui s'en prend à la gamine, je choisis vite-fait ma cible. De toute façon, la bougre sait se battre et se défendre. Normalement... Toujours en tenant Kilian de ma main gauche, j'empêche d'un grand coup de boule l'homme de main qui tombe aussitôt en arrière, assommé. Puis, vu que Monsieur-je-ne-veux-pas-rester-là gesticule dans tous les sens en cherchant à retirer mon grappin de son corps, je l'écrase contre un mur. Rectification, je le fais traverser à moitié dans la façade d'une maison. Salut. Le menaçant sévèrement de mon canon, je gueule pour lui montrer que j'ai plus le temps de m'amuser. Derrière-moi, la fillette est toujours en prise avec l'autre gus, ce qu'il me laisse le temps de reprendre mon interrogatoire.

Pour la première et la dernière fois, dis-moi, face de rat, où se trouve ton patron? J'ai deux mots à lui dire. Dépêche-toi, car cette fois-ci, c'est plus les pieds que je vise, mais ta trogne de con. Capiche?
Tu ne sauras rien, sale machine à laver! Tu ne sais pas dans quelle merde tu te trouves, ah, ah, ah!! Tu peux être sûr qu'on te fera payer le culot que tu as eu hier.

Tant pis, la dernière chance est passée. 'Faut pas me chercher avec moi. Y'a rien de plus con que de jouer au plus malin avec moi. J'ai pas vraiment besoin de lui au pire, je peux me débrouiller sans à la rigueur. Je recule alors mon bras droit.

Punch...

Celui qui a été à terre s'est relevé d'un coup. Visiblement, ma frappe a pas suffi. Bordel de merde, ce con se jette sur moi de toute ses forces et parvient quand même à me décoller un peu. Résultat? Un trou énorme à côté de la tête du chanceux... Le mur est tout fissuré. Encore une attaque du même genre et c'est l'éboulement.

Je détourne deux secondes mon attention sur l'imbécile. Je le chasse d'un grand coup de pied dans le derche. Évidemment, c'est un laps de temps suffisant pour que l'autre couillon de Kilian me poignarde avec une misérable aiguille qui se tord. Par excès de rage, je rabats d'un geste violent Sombracier, mon bras droit mécanique, dans son torse, ce qui lui brise une ou deux côtes. Son corps se plie à l'impact, il crache du sang par la bouche. Oser me piquer avec une seringue est pas très malin. Cette fois-ci, il traverse complètement la paroi en pierre dans un terrible fracas. Je vois à ce moment-là où en est la gamine et l'autre homme de main. Une seconde après, mes yeux se ferment, puis... Puis, je tombe lourdement sur mes genoux, écrasant presque les deux combattants...

Et merde...

***

Je me réveille enfin. Satané gaz soporifique. Ou alors la seringue... Merde. Je suis en prison avec la gamine. Finalement, elle s'est fait prendre elle aussi, ah, ah, ah. Moi, je me fiche d'être cloîtré entre quatre murs, c'est pas un problème pour moi. Et puis, je suis maintenant dans leur repère en toute logique. J'arriverai plus rapidement à atteindre mon but, finalement. Je regarde la jeune qui doit sûrement me mépriser plus que tout, elle qui a cherché à fuir le quartier. Retour à la case départ en ce qui la concerne. Au bout d'un certain temps à nous regarder dans le blanc des yeux, je brise enfin le silence.

Tu m'en veux à mort, hein? Si tu es ici, c'est à cause de moi. Dis-moi juste quel est ton problème avec eux et je te laisse sortir d'ici.


Dernière édition par Baal Z. Aran le Mar 4 Juil 2017 - 14:58, édité 19 fois
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Ungh...

Lorsqu'elle ouvrit les yeux, sa joue était en contact contre un sol froid et dur. Plissant son œil gauche -le droit étant rendu inutilisable par un coquard violacé qui le fermait presque totalement- elle distingua des parois grises et humides, une pièce sombre et exiguë ainsi qu'une lucarne dont les barreaux rendaient encore plus difficile l'accès d'un rayon de soleil.
Nefer battit des paupières. Un souvenir douloureux, plus vif que les autres, remonta des brumes de son cerveau engourdi. La ruelle exiguë, sa course folle, et le choc à l'arrière de sa tête qu'elle n'avait pas vu venir alors qu'elle se pensait tirée d'affaire. Sa vision s'habitua petit à petit à la pénombre alors qu'elle passait sa main libre sur ce qui ressemblait à une magnifique bosse. Ainsi, ils n'avaient pas échappé à la loi des bas-quartiers...

L'autre crétin, son compagnon de cellule et actuel responsable de sa situation, était non loin d'elle et réveillé. Il n'avait pas suffi qu'il refuse de la laisser fuir, il s'était en plus débrouillé pour les faire emprisonner ! Elle ne comprenait toujours pas comment c'était possible, d'ailleurs. L'habitude voulait qu'elle se sorte toujours de tout, avec une chance insolente, tant et si bien qu'elle avait fini par se considérer comme une favorite du sort.

Nefer avisa les parois de la pièce d'un air consterné. Inutile de se déplacer jusqu'aux barreaux non plus, il n'y avait, de toutes façons, rien à faire et ses membres la lançaient trop pour qu'elle puisse songer à s'agiter inutilement. Sa première impulsion fut d'ouvrir la bouche pour déverser une salve d'insultes en réponse à la question du cyborg. Puis la referma. Opposer une quelconque résistance était stupide et elle n'était pas en mesure de le faire.

Tout dans l'attitude de ce type démontrait une certitude d'être maître de la situation – comédie ou pas, peu importe. La perspective très concrète d'une morte lente par enfermement la guettait si elle se mettait à dos son unique ticket de sortie, songea Nefer avec la certitude déprimante qu'elle n'avait aucune maîtrise sur sa propre situation. Pour qui il travaillait, qu'est-ce qu'il avait à voir avec ces hommes, ça ne la regardait pas ; mais elle s'était trouvée assimilée à lui à partir du moment où ses poursuivants l'avaient vu en compagnie du tas de ferraille.
Nefer fit donc passer son envie de brailler à l'arrière plan, et répondit par une grimace au degré d'amabilité égal à celui de son interlocuteur.

J'avais besoin d'argent, et j'ai volé à la mauvaise personne, voilà tout.

Il n’y avait, de toute façon, rien à faire, comme elle le prévoyait – mais fusiller le colosse du regard avait quelque chose de satisfaisant. Il disait pouvoir les sortir de là ? Très bien, qu'il répare ses torts et elle pourrait enfin mettre les voiles d'ici.

Et tu es qui, au juste ?
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C'est pas moi qui va nous sortir de là. Je le sais. Non seulement, on est enfermé dans une cellule, mais en plus, on a des chaînes aux pieds. Et moi, j'ai droit au bonus offert par la maison au niveau des mains et du cou. Cela dit, tôt ou tard, un homme viendra pour qu'on subisse un interrogatoire par la torture ou une autre connerie de ce genre. Et c'est ça notre salut. C'est le seul moment qu'on peut disposer pour s'échapper facilement et en entier. Il faut juste être patient. Et généralement, ça arrive plus vite qu'on le pense. Toutefois, il faut être rapide. Avec un peu de chance, Kilian me traînera jusqu'à son patron pour que ce dernier me tue en personne. Genre, à petit feu, histoire de savourer le plus longtemps possible ma mort. Et le tout, bien évidemment, en m'infligeant proportionnellement des dégâts à ce que j'ai causé hier chez lui.

Bref, j'ai connu mieux comme situation.

Je supporte pas faire équipe avec des civils ou des traîne-misères. Ils sont juste des boulets qui m'empêchent d'amener à bien ma mission. Déjà que mon collègue a pas été capable de finir le boulot avec moi, je vois mal cette gamine m'aider davantage. Elle va beaucoup me ralentir, je le sens. Décidément, on a tout pour partir du mauvais pied, elle et moi. Enfin, elle commence à s'intéresser à moi. C'est un bon début pour remettre les points sur les "i" et les barres aux "t". Toutefois, sans trop la considérer pour l'instant, je marmonne mon nom d'agent.

Appelle-moi Z. Je suis en mission pour le G.M. Et toi?

Voyant que le courant semble pas passer entre nous deux, j'enchaîne.

'Va falloir qu'on se coordonne et qu'on évite de s'envoyer des piques, rien que du regard. Bref, crois-moi ou non, mais j'ai un plan pour nous sortir de là. Mais avant, je veux que tu me promettes de rien faire de stupide pendant notre évasion. Tu pourras partir en solo si ça t'amuse, mais saches que je courrai pas derrière tes fesses pour te secourir. Et vu ta performance de tout à l'heure, je doute fortement que tu sois capable de t'évader. Donc tu as tout intérêt à rester près de moi. En ce qui me concerne, je compte pas partir à la Révo', mais je compte pas moisir ici non plus. Maintenant que je suis dans leur base, je vais pouvoir avancer dans ma mission. J'ai un devoir à terminer avant de rentrer chez moi la tête haute. Si je vois que tu tentes de me balancer ou quoi que ce soit d'autre, je t'arracherais la langue et je te la ferais bouffer. Capiche?

Évidemment, elle bitte. De toute façon, elle peut pas faire autrement. Vu sa performance à chier de tout à l'heure, on peut dire qu'elle est dépendante de moi, de mes capacités. En parlant de ça, il y'a que mes aptitudes qui peuvent nous aider sérieusement. J'entends déjà les bruits de pas qui raisonnent dans l'escalier en colimaçon. Kilian arrive, c'est sûr. Quoique. Accompagné de plusieurs personnes, j'aurais tout de suite capté que c'est l'heure de la séance "interro' musclée", mais si Kilian vient seul, c'est bizarre... Je le vois mal me parler en privé et encore moins son supérieur... Les pas se rapprochent, je fais signe à la petite de se tenir prête. Moi, je suis déjà paré à toutes éventualités...

Toutes les éventualités?

Il était la dernière personne que je m'attendais à voir. Même au plus profond de mon trou accroché à un quelconque espoir, même au moment le plus désespéré, même quand la mort te tend la main, jamais, ô grand jamais, j'aurais imaginé le revoir. Il est l'éventualité que j'ai pas prise en compte. Je le croyais loin de moi pour toujours et à jamais. Je le croyais inexistant, un souvenir, une ombre. J'arrive toujours pas à comprendre ce qu'il fait là, mais il est là. Mes yeux sont presque pétrifiés en le voyant. Mon visage est crispé. J'éprouve non pas de la peur, mais un sentiment bien plus anormal. Un mélange de colère et d'étonnement. Je bégaye même, c'est dire...

Z... Za... Za... Zarerk?! Que... Que fais-tu là?!! Je te croyais sur Grand Line! Que me veux-tu? Me tuer? Tu veux m'empêcher d'agir, de faire mon devoir? Aller, répond! Je supporte pas quand tu restes stoïque.

Ral Zarek, le "Voleur de Foudres"

5000 Dorikis

Impeccablement droit et immobile, d'une respiration base et d'une aura singulière, Zarek se tient debout, devant la porte de la prison, derrière les barres d'acier. Il a pas changé depuis notre dernière rencontre. 15 ans. Il porte pas son matos habituel. En revanche, il est vêtu des mêmes habits lorsque je l'ai rencontré la première fois. Une sorte de tunique rouge et bleue pour le haut avec une épaulière, un sarouel pour le bas et une écharpe pourpre qui fait office de ceinture. Ses cheveux d'argents parfaitement soignés laissent transparaître des scintillements étoilés lorsqu'un rayon de lumière vient percer la pénombre de la cave. Ses yeux mystérieux lui donnent toujours cet air désagréable et ce sentiment de malaise qu'on peut éprouver lorsqu'on le regarde la première fois. Il a toujours le même nombre de rides au coin de l'œil, signe d'une vie bien remplie, riche en rencontres et d'épreuves. Il nous observe longuement, moi tout particulièrement.

À l'époque où je pensais le connaitre, je lui faisais entièrement confiance, je buvais même ce qu'il m'enseignait comme un enfant plein d'étoiles dans les yeux. Le courant passait super bien entre nous. Seulement, j'ai plus confiance en lui aujourd'hui. Suite à notre première rencontre, il était comme mon parrain, une idole, un père. Mais quand j'avais appris la triste vérité sur lui et toute sa personnalité complexe, j'avais tout de suite ressenti de la colère. J'étais profondément blessé. À croire que notre amitié d'antan était qu'un jeu. Et aujourd'hui encore, j'arrive pas à cerner le bonhomme. Il est toujours difficile de lire dans ses pensées. Il est tellement mystérieux et imprévisible qu'il est dur de savoir s'il bluffe ou s'il est dans le vrai quand il affirme quelque chose. Je sais pas si je dois le maudire pour l'éternité ou l'idolâtrer.

Comme à son habitude, il met du temps à réagir avec moi. J'aime pas perdre du temps et il le sait. Mais il le fait quand même. Même si pendant ce temps je cherche à savoir pourquoi il est là, ces quelques minutes de silence sont interminables pour moi. J'en ai même la gorge nouée. Finalement, il répond enfin à mes nombreuses questions.

Tu ne me salue pas? Toujours impatient à ce que je vois. Décidément, tu ne changeras jamais, Baal.

Je peux m'empêcher de lorgner l'adolescente. Je supporte pas qu'on prononce mon nom lorsque je suis en mission, surtout quand on prend le temps de détacher les deux syllabes. Visiblement, personne semble savoir que Zarek est dans la geôle en train de nous parler. Soit il opère avec ma cible, soit il les a tous tués. Dans les deux cas, on est mort. Et comme d'ordinaire, malgré toutes les situations, incongrues ou non, pressantes ou non, dangereuses ou non, il continue son discours de moral et débiter tout ce qu'il veut me dire. Ou nous dire...

Quand j'ai entendu dire que tu parlais d'évasion à l'étage, je suis immédiatement descendu te voir. Je n'ai pas reconnu ta voix dans un premier temps, mais j'ai deviné très facilement ensuite, au fur et à mesure que je m'approchais.

Maudit soit le Mantra!!

Comme pour se moquer, il le dit avec tellement d'entrain et avec un grand sourire que ça me met encore plus un rogne intérieurement. Et bien sûr, il enchaîne encore. Toujours à débiter de lui-même. C'est sûrement pour ça qu'il poirote des heures avant de parler, il prépare son numéro!

Pour répondre à tes questions, je vais où je veux, quand je veux. Je suis un forban, c'est toi-même qui a affiché ma tête pour 300M de Berrys, ce qui me flatte beaucoup, d'ailleurs. Et tous les pirates sont des hommes libres comme l'air. Et pour ma part, comme la foudre. Je frappe là où je veux quand je veux.

En gros il est en train de me dire occupe-toi de tes oignons. Je comprends qu'il traite avec ma cible, c'est obligé.

Toi qui es si antimilitariste, pourquoi restes-tu sous la coupelle du Gouvernement Mondial? Libères-toi de son joug et vis ta vie comme tu l'entends. Deviens pirate! Tu as de très bonne qualité, je sais que tu deviendras un grand homme. J'aurais voulu t'avoir comme disciple depuis le début, mais tu es une vraie tête de mule. Je pourrais pu t'apprendre à mieux gérer tes émotions et développer ta force si tu me le demandais, tu le sais?

Qu'est-ce qu'il est en train de me raconter. Il essaie de me recruter ou quoi? Je comprends rien. Je suis énervé.

Te tuer est tellement facile, Baal. Depuis longtemps, j'aurais pu le faire si tel était mon plaisir, mais ce n'est pas le cas. Je laisse cette jouissance au propriétaire de ce lieu. Beau bordel, au passage. Tu es devenu très fort depuis, mais tu es toujours une brute qui ne réfléchit pas. Et voilà où ça t'emmène...

Merci pour le compliment... Il est là pour me narguer ou bien?!

Et comme tu vois, ce n'est pas moi qui va t'empêcher d'accomplir ta mission. Ces chaînes et ces barreaux le font très bien pour moi. Cela dit, je n'oublierai pas de parler de ta tentative d'évasion.

Ma gorge se noue encore plus. Il m'énerve. Autant mourir tout de suite. J'aime pas quand il me nargue comme ça. Il se remet à partir en prenant soin de saluer Nefer. Il va pas partir comme ça, non?

ATTENDS!

Il se retourne.

Pourquoi tu es venu me parler? Pour me recruter? Tu crois vraiment que je vais passer l'arme à gauche?! TU CROIS VRAIMENT QUE JE VAIS ME LAISSER CORROMPRE??! Plutôt mourir que renoncer à mes convictions!!

Il me laisse sans réponse, comme il a toujours fait pour m'apprendre quelque chose. Est-il donc venu pour passer un message subtile? Il y a forcement un truc, une raison valable. Peut-être qu'il souhaite pas vraiment ma mort... J'en sais rien, de toute façon. Et j'ai pas la tête à me poser des questions sur ça. Maintenant, mon visage est froid. J'ose à peine regarder une dernière fois Nefer qui a sûrement quelque chose à me dire...
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