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La fumée s'attache au blanc.


Je suis pas toi. Et pourtant. Pourtant je te comprends mieux que toi. Je suis pas ton Dieu, non. J’y crois pas. Pour ça que je te comprends encore mieux. Et c’est pareil pour toi. T’es cette fille qui continue d’y croire alors qu’on lui a tout retiré. T’es… T’es si conne. Tu vis dans un cauchemar qui veut pas finir. Et moi je suis là, je l’assombris encore plus. D’une lumière aveuglante. Je suis tes choix, tes actes. Et l’inverse. On se regarde sans se voir. Mais on porte le même treillis. Je suis le verre cassé, toi l’eau qui déborde.

Serena.

On est pas destiné à se rencontrer. Et puis de toute façon, on est destiné à rien. Et c’est mieux comme ça. Alors je continue de boire à la tienne. La frétillarde qui palpite, je fais la grande soulasse avec ce qu’on me sert. Je numérote mes abatis car la fin est toujours proche. Je rêve de dormir sous le figuier, comme toi. Mais je suis de corvée de cirage depuis une éternité, depuis que j’ai dit adieu à une vie qui ne voulait pas de moi.

Y a personne qui viendra nous sauver…

La radio joue dans le rade salace et lugubre dans lequel tu t’es ramené. Ça parle des morts de la semaine, des courses de chevaux et ça passe des chansons qui me donnent l’air d’avoir vingt ans en plus. On aime bien quand même. Les habitudes, la vie vieillotte. Pour ça que les femmes des types un peu pâlots se ressemblent toutes. C’est des pauvres snobs à bigoudis. Elles sont toutes amies-ennemies. Une parle de l’autre avec elle puis le lendemain elle va parler de l’une avec l’autre. J’pense moi qu’ils se marient avec ces canules pour pouvoir s’en plaindre.

Une excuse pour boire.

Je suis jaloux parce que moi j’en ai pas. Je peux bien dire que l’amertume sur le goulot me fait du bouche à bouche mais une pute, ça embrasse pas. Je peux bien dire que j’apprécie les couleurs molles, mortes et moisies des bars en général. Les mecs qui se tapent au fond, le piollier serein qu’est responsable de plus de dix comas éthyliques par jour. Mais ce serait faux. Je les aime pas et toi non plus. Alors, pourquoi t’es là ? Je le sais. Tu veux qu’on te plaigne ? Je le sais. Tu le penses tout bas, dans les méandres de ton esprit fier et rocailleux. Tu veux qu’on s’apitoie sur ton sort. Tu peux toujours courir après les jupons de la sainte mère, dis. Ah mais suis-je bête. Tu cours déjà après ceux de ton Dieu. C’est pas lui qui viendra t’en revendre. Mais écoute-moi. Arrête de t’entêter à être celle que tu veux être. Non, change.

Change toi toi-même avant que le monde te change. Si on est voué à devenir des ordures, autant que ce soit de notre fait. Saloperie de monde, hein, tu te dis. Tu soupires en fixant le verre auquel t’as pas touché depuis que le patron t’a servi gratos. Faut dire que tes cheveux de feu et ta trogne d’ange laissent pas indifférent. Mais toi tu t’en tapes. Tu sais même pas que t’es belle. Parce que tu regardes ce qu’il y a au fond seulement. Et tu vois une gamine qu’a peur, qui chiale et qu’est triste. Tu la détestes,  hein. Mais tu l’acceptes.

Tu te réveilles à l’heure des croissants, tu vas dehors et tu sens. L’air, le souffle, le vent. Toi. Celle que t’es à l’intérieur, celle d’avant, celle qu’a pas bougé. Tu pourras pas te cacher éternellement. Elle vient tous nous chercher.

La camarde.

Serena. Que ce soit des conneries ou pas, j’écouterai toujours. Je suis là pour ça. Qu’est-ce que t’as. Je t’ai connu avec plus de remparts qui protègent ta sensibilité. Aujourd’hui, ils sont étrangement fragiles. Ho… Je sais.

Ho, fraline. T’as peur du commencement de la fin ou de la fin du commencement ?


Dernière édition par Kiril Jeliev le Mer 9 Oct 2013 - 15:36, édité 1 fois
    Fait longtemps que j't'ai quitté, vieux père. Grey T. T'sais, je t'ai jamais vraiment pardonné de m'avoir élevée. Pas faute d'avoir essayé, pourtant, j'te jure. J'essaye tous les jours. Mais tous les jours, dans ma tête comme dans mes actes, j'suis encore à la maison. Dans ce vieux rade pourri et déglingué en bordure de docks, là où les frangins m'laissaient pas aller tant qu'ils étaient là. Les deux petites lumières de ma vie dont tu m'as privée. En éteignant la première et celle qui brillait la plus fort, en forçant la seconde à se retirer dans les ténèbres.

    Ouais. Chaque jour qui passe, j'bois la mauvaise gnôle qui sent la tôle et la misère, et j'trinque en ta compagnie. Toi qui m'mire, mon œil intérieur. Mon juge qui pue le rien et le vide, la volonté qui cède sous le poids du monde. T'es ma rage brisée et étalée sur le sol. Moi, j'suis le Grand Désir, j'suis le feu qu'espère toujours brûler. T'es l'ombre nihiliste qui me menace, qui me ronge de l'intérieur. Quand j'te regarde dans les yeux, c'est comme si j'cherchais à m'y laisser emporter. T'es le vertige, l'esprit qui sape et qui tire vers le bas comme si y'avait que ça qui comptais ; comme si les hauteurs, ça devait jamais exister.

    Kiril. J'te connais si bien que c'est comme si je te voyais, comme si je t'entendais respirer. Pourtant, sûr qu'on se croisera pas, et c'est sans doute pas plus mal comme ça. T'as déjà trop de réalité en moi, faudrait pas que ça soit pire.

    -Pourquoi tu lâches pas si t'y crois pas, mec ?

    Ouais, ta petit voix, je l'aime pas. Elle me dit que tous mes élans vers le bien, vers la sortie lumineuse, c'est rien qu'une espèce d'orgueil mal placé. Un truc qui domine, qui prend la forme du désir, mais qui veut juste se venger de l'espèce humaine toute entière. Et même quand je tombe, que je me noies dans mon verre en attendant que l'orage passe, ta voix, elle reste. Me dit que j'aime qu'on me voit sombrer, dans le fond, parce qu'emporter un peu de peine et de pitié avec soi, ça tient chaud au cœur. Ça donne envie de cogner, d'affirmer sa force par-dessus sa faiblesse, aussi. J'me dis que t'as pas tort, mais j'veux croire que j'vaux mieux que ça. J'm'y efforce en continu, et des fois, j'passe des caps. J'vois des horizons nouveaux et mon regard est plus clair.

    Ça, tu pourras jamais le comprendre, punk. Ouais, sûr que j'serais ce que j'veux être, et jamais autre chose. J'dois t'rappeler que je porte les espérances de deux corps dans un seul ? Y'en a un qu'a donné sa vie pour moi. Pour ma dignité, pour mes rêves, pour mon confort, pour une robe. Pour moi. Ça, j'peux pas l'oublier. J'peux pas faire le deuil, j'peux pas arrêter d'y croire.

    Ou alors, j'me bute. Mais ça non plus, j'peux pas. Ma vie, elle m'appartient plus depuis déjà vachement longtemps. Et à moins d'plus pouvoir être à la hauteur, j'resterai debout et j'irais encaisser les bourrasques qui voudront bien de moi. J'ai pas peur d'elles.

    -Toi, t'en aurais pas un peu peur de la fin, pour poser des questions pareilles ? Hein ? Pourquoi tu t'es pas flingué depuis tout ce temps, Kiril ?

    Ouais, tu peux jouer l'esprit dominant autant que tu veux. T'as le pouvoir du vertige. Mais j'sais ce qu'il faut faire pour lutter contre toi.

    Garder les yeux rivés vers le ciel. Et c'est ce que je m'efforce de faire, jour après jour. Eh. J'ai entendu la Voix, elle m'a appelée. Tu crois que j'allais lui dire merde, alors qu'un simple « je suis là » pouvait m'en tirer ? De la merde... ou au moins m'faire comprendre qu'il y avait toujours de l'espoir.

    -Toi aussi, en vrai tu cours toujours après, non ?
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    Pourquoi, hein. Je la suis, hein. J’y ai pensé plusieurs fois, tu sais. Oui, tu le sais, je le sens. C’est que j’utiliserai jamais un riffle de ma vie même si c’est pour y mettre un terme. Faudrait qu’j’me foute à l'ombre avec mon poing, mais c’est pas possible. Alors quand j’suis saoulax, j’vais voir des mecs un peu moins pitoyables que moi et j’me bats avec l’espérance qu’ils me crèvent. Quand j’sens que j’vais bientôt rendre l’âme, y a l’image de la femme de ma vie qu’illumine mes châsses, je reprends ma garde et je les explose tous. Mon histoire. Alors ouais je lui cours après, mais une fois que je la touche, je repars dans le sens inverse en attendant qu’elle m’attrape. Le chat et la souris.

    J’suis comme toi, moi. Je me cache du monde et de sa crasse. Mais au fond, j’espère qu’ils me trouveront.

    Le rade se vide, les chaises grincent contre le sol de vieux parquets moisis qu'est là depuis l'arrière grand père de Lloyd. Le Barman. Viens, on va dehors. Hé, attends, je bois une gorgée du nectar des perdus. V’là, on y est. Là où la pauvreté, la misère et le crime règne. Grey Terminal. Une grande famille que celle-ci. Et tu me dis que t’as grandi ici ? Je te crois. Dans tes yeux, je le vois. Des yeux clairs. Avec une sorte de rébellion à l’intérieur. Une guerre dedans, une geôle. Et des prisonniers qui s’y battent, tous, enchaînés. Ça fait froid dans le dos.

    Tu m’étonnes que tu trompes la mort.

    Mais.

    Tu devrais la tromper avec la vie.

    Puisque le temps nous tuera, autant le tuer avant. Je veux dire. Préserver son existence, se battre pour un souffle de plus, tout ça, c’est des conneries. Protège toi de ces faux camerluches, protège toi de ces faucheuses et de ces porteurs de mort. Pars pas à l’attaque, châsse. Vaut mieux perdre une seconde de sa vie que sa vie en une seconde. En essayant de combattre tes mauvaises pensées, ou tes choix un peu cons, ou ta fausse toi, ou tes envies contraires à ce que voudrait ton Dieu, tu vas te perdre. Te perdre dans toi-même. C'est un peu con, mais c'est comme ça. Vaut mieux perdre sa vie en une éternité qu’une éternité de sa vie. Quand tu te consumes à petit feu à faire ce que tu dois faire, que tu dis. Quand tu parles avec moi, tu tires sur la cigarette et tes poumons s’obscurcissent. Mais on a tous les deux besoin de ce temps là.

    Pourquoi tu crois en lui ?

    Je penserai toujours que c’est faux, que tu cherches à ce quelqu’un te veule du bien. Que tu cherches une image pour tes frères disparus. Et pas ceux de Jackie. Non, Vaillant et Aimé. Je penserai toujours que ton Dieu, au fond, tu crois qu’il les représente. Quel mauvais alter-ego je fais. Mais je veux savoir, oui.

    Pourquoi tu crois en lui ?

    Tu te sens pas pitoyable dans ce cocon miteux que t’as construit de l’intérieur ? Tu te sens pas seule, des fois ? Moi quand je te vois, je vois ce que t’aime pas. Par exemple, cette ville. C’est toi. Me parle pas de Bliss, c’est faux, c’est de la chiasse. Pourquoi tu veux aimer ce qui n’est pas toi ? Pourquoi tu veux qu’on pense que tu es cette espèce de femme sans craintes ni peurs, même pas celle du lendemain, même pas celle du prochain souffle ? Pourquoi tu crois que je t’ai ramené ici et pas à un royaume qui n’est pas le tien ?

    C’est ici que tu es née. Ici qu’ils sont morts. Le jour où t’as perdu ta vie, c’était ici aussi. Dans cet endroit gris, exclu, reculé. Dans ces cases en tôle, exiguës, regroupées, empaquetées. Dans ces rues poussiéreuses de gens qu’on a rejeté, de déchets. Sous ce soleil sans rayons. Sous la pluie battante. Même le ciel vous crachait et vous crache dessus. Mais c’est ici que sont cachés les meilleurs de tes souvenirs. C’est ici les rires, les joies, le véritable amour. Tu ne les retrouveras nulle part ailleurs. Et sûrement pas là où la paix a élu domicile, avec tous ces visages souriants de tarlouzes qui te sont pas familiers.

    Pas vrai ?
      C'est drôle, j'aurais pas cru que tu viendrais me parler de ça comme ça. T'es de Grand Line, toi ; les Blues, tu t'en branles, et le Grey T., tu connais pas. Pourtant, je dois te reconnaître ça : t'as vu juste.

      Qu'est-ce que tu veux que je réponde à ça ? Est-ce qu'on cesse d'aimer son père, juste parce que c'est rien qu'un salaud ? Tiens. Demande un peu à ta copine Lilou, voir ce qu'elle te racontera. J'me gausse par avance.
      Évidemment que c'est chez moi, vraiment chez moi, le Grey T. Du fond du cœur, j'le regrette, comme on peut regretter d'avoir eu un paternel alcoolique et violent. Mais c'est quand même là que j'ai fait mes dents, mes premiers pas, que j'ai eu mes plus beaux éclats de rire et que j'ai appris à kiffer la vie, envers et contre tous. La leçon de Vaillant, et oublie pas que le frangin, c'est la force optimiste qui brûle dans chacun de mes actes, dans chacune de mes paroles.

      C'est ça qui nous sépare le plus, toi et moi : t'es tout seul, et y'a un grand monstre qui te bouffe les entrailles. Pessimisme, il s'appelle. T'as perdu ton amour et t'as perdu ta vie. Moi, la vie a voulu me perdre et mon amour pour mes frangins a failli me tuer. Mais j'ai tout gardé en moi. J'vaux mieux que le désespoir, tu vois ? On meurt tous un jour, y'a pas de honte à y passer à onze, trente ou cent ans. Mais pendant le temps qu'on a, y'a un défi à relever. Une grosse lutte à mener jusqu'au bout.

      Tu crois que j'vais me coucher maintenant, juste pour obéir à ta petite voix qui me dit que tout est vain, que rien ne tient, que l'existence ne tient qu'à un principe de boxeur à la con et à une lâcheté mal placée ?

      Ça, j'y crois pas. Par contre...

      -Et toi, pourquoi tu l'aimes, ta Lana ?

      Eh ouais. Ta question, elle est au moins aussi conne que celle-là. J'te jure. J'ai pas demandé à croire en Dieu. J'ai craché sur tous les symboles religieux, je me suis torché le cul avec des textes sacrés et j'ai vendu des encensoirs en contrebande. Ce sans aucune arrière pensée et en rigolant bien quand on me parlait du petit barbu sur son nuage. Des grands principes moraux. Du paradis, et de la vie des saints.

      D'ailleurs, à bien y réfléchir, j'le ferais encore. Les bondieuseries, j'ai donné. J'ai même testé l'habit, mais ça m'réussissait pas. Dieu, tu crois que c'est quoi ? Que c'est qui ? Tu l'as rencontré, toi ? Moi, oui. Et y'a des rencontres qui te changent pour toujours. Et si c'est en bien, si tu te sens plus apte à accepter ta propre existence, si de toutes façons, tu te sens pas vraiment d'avoir le choix, même si au fond, tu l'as... mais c'est comme choisir entre une pomme pourrie et une pomme bien rouge.

      Dieu, c'est pas qualifiable. J'peux pas te dire pourquoi j'y crois. J'ai pas de dogmes, pas de démonstration, rien à suivre et rien à appliquer. Juste cette certitude, tout au fond de moi.

      -J'applique rien en fonction de ma foi. Y'a rien au-dessus de moi qui me force à pas faire ce que j'ai envie de faire. Ça, c'est entre moi et moi-même.

      Faut pas croire tout ce qui se raconte dans les bistrots. On y trouve souvent que des esprits malades en manque de règles à suivre et de but à donner à leur vie. J'dis pas que j'vaux mieux qu'eux. J'dis que je me repose pas sur les mêmes principes. J'dis que leur foi en est pas une, si j'considère que la mienne est digne du mot qui la désigne. C'est juste un délire compensatoire. Un peu comme quand tu bois ta gnôle et que j'fais pareil. Mais moins que toi, parce qu'au fond, j'aime bien être avec moi même et m'sentir penser.

      Compenser, hein ? Trouver de l'amour dans un autre monde faute d'en trouver ici-bas ? Tu te fous de ma gueule, punk. J'ai pas besoin d'une figure paternelle de plus. J'en ai déjà deux, ici. Le Grey T., pour le Yang ; Julius, pour le Yin. Les deux m'ont orientée et guidée. Les deux sont en lutte permanente en moi, 'sont jamais d'accord. Dieu, là-dedans, il fait rien d'autre que m'aider à rester intègre. Dieu, c'est ma force d'espérer en une unité du monde et de moi même. C'est ma volonté, l'élan qui me fait avancer, le truc qui m'aide à penser que l'univers entier marche pas sur la tête ; que j'suis pas destinée à me perdre de tous les côtés comme le chaos originel.

      Croire fermement que du chaos peut naître l'ordre et la beauté. Voilà ce que c'est, si tu veux, ma foi. J'parle même pas de vie après la mort ou de quoi que ce soit. J'y pense même pas, j'ai pas besoin d'y penser. C'est pas en mon pouvoir, tout ce que j'peux faire, c'est me construire. Accomplir en moi-même l'œuvre de Dieu. Tu vois ?

      Non, tu vois pas. Faudrait encore que tu lèves un peu les yeux de ton ego qui flotte dans ton verre. Et que t'arrêtes d'avoir peur de te battre. Pas juste à l'instinct, quand y'a tout ton corps qui se révolte à l'idée de crever face à des mecs qui valent moins que toi. Parce que t'es pas la merde pour laquelle t'aimerais bien te prendre.

      -Tu vois ?
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      Non, je vois pas. Je vois plus rien. Je ferme les yeux comme si c’était le monde qui se cachait de moi. T’as raison. Dans la topette y a tout ce que j’ai fait de mal et tout ce que je redoute. Et je veux pas croire à ce que tu racontes, si, oui… Si c’est ça pour toi, Dieu, c’est que j’y ai cru à un moment. Mais l’Espoir, je l’ai perdu. Et même si je traine avec Michaela tous les jours que font ton foutu Dieu, j’arrive pas à penser comme elle. On m’a baisé une fois et j’ai plus envie d’y croire. Pour ça que vous valez mieux que moi, elle a perdue sa môme, elle continue d’y croire. Et toi… T’as perdu ceux que t’aimais. Mais t’as pas perdu la vie pour autant.

      J’ai voulu la balancer, c’est fait. Je peux plus retourner en arrière parce que je suis accro au mal que je me fais. J’ai cru à un moment de ma vie pouvoir échapper à ses mauvais côtés en rencontrant l’amour parfait, mais non. J’ai cru pouvoir enfin ouvrir les yeux, pouvoir cesser de me cacher, pouvoir me lever le Dimanche, sourire et croire en ton Dieu, à ta volonté et ton espoir, mais non. On est venu me l’enlever. J’étais un type bien. J’avais rien fait de mal, au contraire, ma vie c’était en protéger d’autres… Quand ton rêve est devant toi, que tu es à deux doigts de le toucher et qu’il disparaît, tu t’effondres. Tu te brises en deux.

      J’étais un mec fier et debout. Mais. Je suis tombé. Et depuis, j’me suis jamais relevé.

      Mais c’est comme ça. Comme dirait Fortune.

      Fortune, hein… Elle finira par se faire fusiller par Misère de toute façon. Et quand ça arrivera, ce sera la fin du monde. Les révos vous auront tous foutu à l’ombre…

      Boh, ça arrivera pas. Le monde est injuste, ça date pas d’hier. C’est ce genre de truc absurde qu’on apprend tous les jours, ça nous attriste un moment puis on oublie. Parce qu’on est pas concerné. Toi, ça doit te travailler. Toi, ça doit pas te lâcher. Toi ça doit tourmenter tes synapses tous les jours, hein.

      Juste pour une robe.

      Cette phrase, tous les jours.

      C’est pas moi qu’ai le cœur là où les poules ont les œufs, c’est le destin.

      Au final, c’est toujours la tristesse qui gagne. Le bonheur reste le bec dans l’eau. C’est ça, nos souvenirs. La tronche de la joie qui fait un grand sourire puis au fil du temps se déforme pour laisser apparaître le visage de Sainte Catin. Ça fout mal. Je le sais. Pour moi comme pour toi. Et le temps viendra payer avec une grimace pour ce qu’il nous a fait. Pour se foutre encore plus de nous. Je serais pas là à te dire ça si.

      Et merde, j’attends le soleil pour briller. Mais ça vient pas. Rien vient, c’est le calme plat de la camarde qui me fout les chaleurs. Elle est là, partout, à chaque pas. Et quand t’avances d’un pas, elle de deux. C’est ça, la vie, fraline. T’avances en regardant derrière. Et bam, tu te prends un mur. Elle gagne du terrain, tu cours, tu fermes les yeux. C’est ça, la vie, fraline.

      Haha, et donc, t’es entrée dans la marine. T’essaie de te laver de tes pêchés ? Tu l’as tué, c’est pas un drame. Dis-toi que tu lui as sûrement rendu service. Là-bas, c’est mieux qu’ici. N’empêche, j’admire. Se disputer avec Fortune alors qu’on profite d’elle… T’es peut-être née dans un taudis, mais marine, c’est quand même un bon taf. Me dis pas qu’avec tes thunes, tu donneras du pain aux mioches de ton ancienne rue ? Ou que tu redonneras des couleurs au Grey T. ? Moi, tu peux rien me reprocher. Je suis dans le camp des méchants en plus d’être ton exact opposé. Enfin, presque. Sur le goût et les couleurs, on se rejoint. Presque aussi.

      Sinon, toi t’es du genre bonne sœur qui laisse les gosses se servir en premier quand moi j’suis qu’un gros saute-au-rab.

      Et si j’étais si différent, t’aurais pas une vision de moi, une voix, ou un putain de fantôme qui te parle.

      C’est vrai… Où est-ce qu’on s’est rencontré pour la première fois ?
        Juste pour une robe, ouais. Juste pour une robe, une robe, une robe, robe, robe. T'as raison de dire que ça m'a pas lâchée, que ça m'a hantée et que parfois, j'y pense encore. Mais là-dessus, la Fortune est pas si pute, tu sais ? Son « c'est comme ça », il a le mérite de clore le débat, et de te faire aller de l'avant en rendant au passé son intégrité. J'peux pas toucher à ce qui a été fait. J'suis pas responsable, puisque j'peux plus rien y f... que j'ai jamais pu y faire quoi qu'ce soit, même. Le frangin a brûlé sa vie en voulant que j'reste digne. Qu'j'ai une robe à ma taille et pas complètement destroy, si tu préfères. C'est peut-être aussi grâce à lui qu'j'ai souvent eu l'espoir. Le désir d'être meilleure. Ma robe d'adulte, si tu veux. Ma dignité : vouloir vivre.

        Et celle-là, elle peut s'user, se trouer, brûler intégralement, même, mais j'peux toujours la remplacer sans risquer la vie d'un autre. Juste à la force de mes propres convictions. Y'a toujours de l'espoir, j'te jure, punk. Du fond du cœur. Le truc que le destin a pas du tout, mais que moi, j'ai. Et pas là où les poules ont des œufs.

        Mais pour tous ceux qu'ont décidé de pas faire comme si les murs, ça existait pas, bah ouais. On fait rien que tomber et se relever. J'veux pas faire la connasse moralisatrice. Tu sais que c'est pas mon genre. J'avais déjà du mal à faire semblant quand j'étais chez les sœurs, et j'sais à quel point les vents dominants poussent la fumée vers les coins en marge. Les gens qui y vivent. Nos vies à nous, ça sera toujours un cache-cache infernal contre des obstacles imprévisibles. On peut bien être tout blancs au fond, comme toi, comme moi. Tout ce que ça fait, c'est faire ressortir la couleur de la suie. On y gagne pas grand chose, à la pureté. Et une trace de godasse suffit à la marquer au fer rouge pour toujours. T'as plus qu'à la cacher sous du noir, pour pas faire trop crade.

        Pour ça qu'on en souffre autant. Tu comprends pas, ou tu veux pas comprendre ? On est pas fait pour cette vie là. J'te le dis encore : on vaut mille fois mieux que ça. Si je m'accroche pas à ça, je coule au fond du verre, et j'trinque avec l'épave qui te sert d'âme. C'est ce que tu veux ?

        Parce que non, j'suis pas la samaritaine que tu dis. Mon salaire, ça m'arrive de le boire, de le claquer en conneries ou en frais d'infirmerie pour toutes les fois ou je déconne. Mais rarement de le refiler aux autres. Je viens d'en bas. J'suis dure avec moi-même. C'est pas le genre de trucs qui donne envie de jouer l'assistance publique.

        Et puis...

        -Dis pas de conneries. On s'est pas rencontrés. Ou alors, y'a jamais eu de première fois.

        Crépuscule sur le Grey T. Les cris des mômes dans les poubelles, le ruissellement d'une chiasse alcoolique dans les gosiers. On admire le spectacle, les yeux dans les yeux. Néant contre vide. J'me dis qu'en fait, si, au début, j'faisais l'aumône. Mais ça m'est passé le jour où j'me suis mis à avoir un vrai salaire, et un semblant d'objectif. J'crois que j'me sentais moins coupable d'avancer un peu la tête hors de l'eau alors que d'autres se laissaient avaler par ton Destin à poitrine creuse... pas de culpabilité, pas de pitié. Et c'est mieux comme ça.

        -On a grandi ensemble.

        T'étais là quand je chialais sur le cadavre du frangin en usant mon poing de gamine sur la tôle froide qu'en avait rien à foutre. Quand on se tapait des frousses tous les deux, quand il vivait encore, et qu'on croyait qu'on passerait pas la nuit à cause des bandes. Nous aussi, on accusait la vie, le destin, Dieu et tout ce qui pouvait se faire de moche en matière de forces invisibles qui nous avait balancé là alors qu'on avait rien demandé à personne. T'es là dans chacune des mes colères. Pas celles qu'ont une gueule de rébellion. Juste celles qui sont destructrices, qui cherchent à tailler mon propre cercueil à force de rage qui tourne à vide et de fatigue. J'suis en guerre, ouais. Et j'te cache pas que des fois, la guerre, ça use...

        Mais ça, tu sais.

        -Ou en tous cas, j'ai grandi avec toi. P't-être que l'inverse est pas vrai.  

        Mais c'est pas à moi de l'dire. J't'avoue que j'suis curieuse.
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        Quand le ciel touchait le sol, quand l’eau de la mer avait un goût de terre, quand je rêvais de pouvoir le faire. J’ai pensé. Quand la mort m’a invité à prendre l’apéro dans le coin d’une ruelle où j’étais entrain de baver, froissé de coups, où mes yeux regardaient le vide. J’ai pensé. Quand j’étais poivré à vomir mon propre estomac, quand même respirer était devenu un véritable défi, quand mes châsses étaient rouges de mon sang. J’ai pensé.

        Qu’est-ce qui pourrait faire que ce soit mieux ? Un petit peu, au moins.

        T’influe sur mes choix. Pas tout le temps, des fois. Alors t’es peut-être la clef pour me rendre meilleur. Du moins, tu l’as. Tu peux me la filer mais ça veut pas dire que j’ouvrirai la porte, une figure à bière retrouve le sourire qu’en sortant sa bouteille. C’est que pivé comme un pot qu’elle peut dormir comme un carnet à souche. T’imagine, déjà que j’ai plus rien dans le cœur, quand dans le cerveau, y a ni maison ni buron ?

        Et bizarrement, quand t’es vide à l’intérieur, tu te sens pas plus léger. Au contraire. Je m’égare dans moi-même si bien que y a des moments où j’ai l’impression de quitter le monde, quitter même mon esprit, au-delà de ce qu’on peut imaginer. Quand je suis tout seul, au tonnerre de dieu, perdu et que je refuse de l’admettre, t’es celle qui vient me poser un tas sur le crâne. Me réveiller en pleine sorne. T’es celle qui me dit qu’on vaut mieux quand moi je tiens le discours opposé, que j’ai pas besoin du soleil pour briller.

        Ce qui est dingue là dedans, c’est que j’ai envie de te croire, et que oui, des fois je te crois. Et que oui, des fois je me dis que je suis encore ce type bien et encore mieux que lui. Ça dure quelques secondes mais ça rend heureux un homme. Plus qu’une cagnasse, plus qu’un tapage de brême entre potes, presque pareil qu’entendre son loupiot dire papa.

        La première fois, ça a été quand j’en ai eu besoin, alors.

        Ça fait longtemps que j’en ai constamment besoin. T’as raison. On a presque grandi ensemble. Je t’ai vu propre comme une rupine, pareil pour toi. Je t’ai vu sale comme un pingre, pareil pour toi. Je t’ai vu faire chibis de ton innocence de péchon. Je t’ai vu pleuré jusqu’à ce que même la mort ait mal au cœur. Et je t’ai vu renaître. Pour lui.

        Tu m’en as fait voir…

        Ta guerre aussi, tu me l’as fait voir. Tellement que j’ai l’impression d’y avoir participé. Et quand je vois que l’ennemi en face, c’est toi, je me perds entre dans le champ de bataille. Mais la haine, je la reçois et je la conserve. Celle née de cette injustice que j’utiliserai pour cracher sur les principes, les prototrucs et le conformisme. J’ai une crête, je dis quatre vingt dix, pas nonante et je trouve ça logique, je mange avec mon index et mon pouce et je dis midi trente et douze heure et demi.

        On veut me faire croire que je suis un enfant oublié.

        Que c’est comme ça et pas autrement, qu’on viendra bien me chercher un jour, tiens,  le samedi, qu’il suffira de me mettre au portail… Quand j’attendais comme un con jusqu’à tard le soir, jusqu’à m’endormir sur le pas de la porte, toi.

        T’étais la fille qui me portait jusqu’à la chambre, essayant de me faire croire que des fois, y a que six jours dans la semaine.

        En s’éteignant, le Grey Terminal se réveille. On entend plus les cris des mômes mais les appels à l’aide de femmes parfois d’hommes, parfois leurs derniers sons. Les pivés sortent des bars pour pisser sur le trottoir à côté de la maison en carton du clodo qu’on connait bien tellement il fait chier. On a pitié du spectacle. Le Grey T. nous défit du regard, nous montre ses enfants, ce qu’il a créé. Le Grey T. est un mauvais père mais c’en est un. C’est l’aire de repos auquel on s’arrête quand la voiture est en panne. Le Motel lugubre de Norman où on peut se faire tuer à coup de couteau dans la baignoire par une fausse dame.

        Quand t’étais gosse, ça te faisait pas peur, tout ça ?

          La haine, ouais. J'te vois aussi sur le champ de bataille et je la sens qui cogne au portillon constamment. Qui m'incite à aller t'arracher la tête, parce ça me fait trop mal d'avoir toujours en moi une grande place, un grand vide rien que pour toi. Parce que la haine, c'est aussi un sacré moteur, un autre genre de Grand Désir. Un truc qui aide à s'imposer un peu dans ce monde où personne t'écoutera jamais si t'as pas une gueule grande comme le courage du premier scaphandrier.
          Mais j'ai jamais envie d'aller jusque là avec toi, même quand je te vois perdu et que j'suis à deux doigts de te porter le coup qui te chassera de la vie, dont t'es l'ennemi juré. L'antithèse.

          Parce qu'il y a de la noblesse dans ton désespoir. Tu craches sur un monde qu'est pas assez pur pour accueillir la fille que t'as jamais eu. C'est pour elle que tu t'es fait différent, que t'as envie de tout brûler ; les codes, les gens et leurs maisons, et toi avec... non ?
          De mon côté, je me suis jamais vraiment battue que pour moi. Si, si, j'te jure. La saute-au-rab, c'est moi. Bon, j'parle pas vraiment des moments où j'te ressemble et où je vais chercher des crosses à la clientèle du rade local gratuitement, comme ça, à force de noyer ma raison et d'imbiber mes poumons. Vient un moment où tu respires plus, et plutôt que de se cogner tout seul, ton corps accuse la terre entière.

          Et il a pas tout à fait tort. Ce qui vient de la poussière y retourne.

          La vérité, c'est que j'suis en guerre contre la folie, la mienne. Voilà, j'l'ai dit. Faut que je t'avoue un truc. Le fait de penser que j'pourrais me perdre au point de plus être maître du tout de ce que je suis, que j'puisse être esclave d'une espèce de bête intérieure qu'est rien d'autre qu'une possibilité présente en moi, là, maintenant, ça m'foutrait des sueurs. Je veux pas qu'on me chasse de la marine, parce que c'est c'qui m'aide à donner une forme à ma vie... j'veux pas retourner à la rue, parce que j'aurais planté les projets qu'on avait avec les frangins... et j'veux pas qu'on m'mette dans un asile parce que j'aurais oublié depuis longtemps tout ce que je t'ai dit, tout ce en quoi j'ai cru et ce pourquoi je me suis battue.

          J'aurais vécu pour rien. Et je t'aurais fait miroité du plein, les six jours dans la semaine, la lumière dans la chambre et tout ça alors que j'aurais même pas été capable de prouver que c'était vrai.

          -J'espère que je ferais jamais semblant d'y croire.

          Dans le fond, bien pour ça que j'ai quitté les sœurs. Fallait toujours être à fond. Habitées, avec leurs regards pleins d'étoiles comme si Dieu venait les voir H vingt-quatre, sans jamais les laisser tomber une seule seconde. Pour moi, c'est pas ça. La Présence, je l'ai sentie une fois. Après, c'était comme une graine qui se serait mise à pousser jusqu'à aujourd'hui. La plante, elle est coriace, mais c'est rien qu'une plante. Des fois, elle sèche, pourrit à moitié, j'suis obligée d'élaguer. Et j'ai pas la main verte. J'te laisse voir le massacre. Si c'était pas comme ça... mouais. En fait, j'en sais rien.

          -Ouais, le Grey T. a pas autant de scrupules que toi.

          On dira pas le contraire. Jeter des enfants dans la merde par brouettes en gardant que les survivants, ça l'a jamais dérangé plus que ça.
          C'est une heure où faut mieux pas trop traîner au milieu d'eux. Surtout quand on sait que leur père est de ceux qui supportent pas qu'on l'abandonne. Pas d'enfant prodigue, dans le coin. A peine on sort qu'on prend une autre façon de parler, des mains plus blanches, une manière de marcher moins voûtée, moins furtive. Et pourtant, aux yeux du monde, on a la crasse peinte en rouge sur la gueule. Jamais on s'en débarrasse. Les enfants du Grey T. qui s'en vont, ils font jamais rien d'autre de leur vie que s'en aller... au hasard des primes, des postes ou des mutations. Ou des exigences des macs.

          Le Grey T., on y reste, ou on s'fait apatride jusqu'à jamais.

          -C'est ça, qui me fait peur, punk. J'arrive encore à regretter le temps où on vivait tous les trois dans la même fosse. J'préférais mille fois ça à mon statut. Quand j'étais môme, c'était quand j'étais pas toute seule.

          T'avais l'air de le jalouser, ce statut, d'ailleurs. Me demande pourquoi. Toi aussi, t'es passé par-là. Et j'te rappelle que t'es aussi plus vieux. Rien à voir, c'est pas le temps qui fait la sagesse, mais quand même. Penser qu'on peut tomber dans le puits sans fond, et marcher avec trois gouttes de lumière à réserver pour toute la vie... juste assez pour pas en finir, mais pas assez pour être autre chose qu'un destructeur. Le cadre t'aurait p't-être aidé...

          -Y'avait trop d'uniformes pour que tu puisses le supporter ?
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          Je préfère être un connard qu'un con. Un con qui croit en l'espoir que la marine représente au point même d'oublier tout le reste. J'étais un jeune endoctriné, mon rêve, c'était le leur. Celui qui donne l'impression d'avoir quand ils installent un chenil à l'échelle mondiale. Non, c'est bien après qu'on s'en rend compte. Ce qu'elle protège, les riches et les injustices. Si je suis destiné à être un sale gosse éclairé par la lumière du vice, ce serait aberrant de le faire dans l'ombre. Des uniformes, y en a. J'ai craché dessus. L'uniforme de l'hypocrisie, du sans pitié, du sans cœur, de la lâcheté, de la méchanceté gratuite et à souhait. Alors je les ai jeté. Parce que je les ai dans le cœur, ces choses-là.

          Faut dire que la mouette m'a lâché avant que je la lâche. Parfois, j'ai envie de me demander ce que ç'aurait donné si.

          Si, hein.


          Dommage que ce n'est pas un mot pour moi. J'ai passé ma vie à l'oublier, lui et l'espoir. Regarde ma topette. Non, renifle le goulot. Tu sens ? On pourrait croire que c'est l'odeur de plein d'eau de vie mélangés mais non, c'est l'oubli et son néant. A l'intérieur c'est noir comme ma vision du monde. C'est même pas une histoire triste. C'est l'histoire de tout le monde. Un jour toi aussi, t'affronteras ce néant. Y en a qui se débattent quand il essaie de les emporter et y a les réalistes qui résistent pas.

          C'est ce que j'ai affronté, marine. Vers la fin de ma carrière. Et j'étais tellement désespéré que j'ai sombré dans sa folie. Une autre forme, pas celle que tu affrontes. Je savais que ça allait finir comme ça, j'ai accepté. Que j'allais finir truand, homme en couple avec sa solitude. Mais... Tu me vois, toi ? Avec des cheveux, riffle en main ? Avec des cheveux sur la caboche, des vrais, à dire à mes gars d'aller combattre pour la gloire d'une organisation qu'en à rien à faire de moi ? Des fois je me dis qu'il ont bien fait de me trahir. Buter des révos, obéir à son supérieur, obéir à son supérieur quand il te dit de buter des révos, révos qui n'obéissent pas à ton supérieur...Tu me vois, toi ? Aujourd'hui, j'ai une putain de crête, des poings et du panache. Aujourd'hui je suis un Saigneur des mers. Bien mieux qu'être une saignée forcée, la radasse pucelle du gouvernement. Et Lana... Elle attendra. Si elle m'attend encore.

          Hn, ça t'irait pas, cette vie là ?

          Dormir sur la couverte du Kultuur, essayer de balancer Joe à la flotte, faire peur à la fille de Walt en lui montrant des poupées joyeuses. Tant que t'as jamais vécu à la seconde la seconde, tu sais pas ce qu'est la réel définition de respirer. Quand tu pêches sur l'écume et que tu sais qu'il y a des crados sur le même bateau, derrière ou à côté de toi, qui rêvent de tuer, là, tu vis. Tout peut s'arrêter en un rien. Mes seuls regrets ce serait de ne pas avoir tenu mes promesses. Sinon, rien.

          Mon quotidien, foutre le feu. Et pas à moi, non, moi y a déjà l'avenir qui me consume de l'intérieur. Tu m'étonnes qu'y ait tant de noir en moi. Mais la lumière est plus belle quand elle apparaît que d'un coin. Ma lumière est plus sincère et plus honnête. Et si je m'installe dans ce vide qu'il y a en toi, c'est bien pour ça. Propager la lumière de l'ombre. Dans l'ombre. Heureusement que tu me comprends, fraline... Je serais déjà crevé.

          Et je t'aurais connu que dans ma tête.

          Un moi féminin, une fureur humaine, un démon aux cheveux rouges. Saute-au-rab ? Fagot ? Gueule d'empeigne ?

          T'es un peu une Saigneur sous ta redingue de vendue.
            -En même temps, t'as été assez con pour y croire alors que ça dépendait pas de toi...

            Rien de pire qu'un homme qui perd ses convictions. Me souviens t'avoir entendu gueuler ça quelque part. J'suis d'accord avec toi, c'est moche quand ta vie tient pas à un fil, mais à un bloc de marbre, un truc auquel t'as l'impression de participer. Quand ça vient pas de toi, mais de l'extérieur. Tu te sens puissant, parce que t'es quelque chose. Lieutenant machin, matricule truc, médaillé Alakys. Ou n'importe quoi.
            Et quand ce quelque chose s'écroule dans ta tête, t'es même plus capable de te rappeler qu'avant, t'étais quelqu'un. C'est comme une blessure forcée à se remettre trop vite, et qui cicatrise moche et difforme. Qui fait de toi un monstre.

            T'as été assez con pour y croire, à la justice de l'uniforme ? Alors sur ce coup, m'associe pas à ton délire. Moi, j'y ai jamais cru. C'est pas pour ça que je l'ai endossé.

            C'était pour le cadre. Il aurait été dispo' du côté pirate, révo, ou n'importe quoi d'autre au monde, je l'aurais accompagné. J'en ai rien à branler, du gouvernement. T'as qu'a voir mes points d'intégrité, si t'es du genre matheux. Quoique. Paraît que c'est pas ton truc. Héhé.

            Le but de mon engagement avec des mots : m'aider à redonner une forme et une structure à ma vie. A concentrer mes pensées sur des unités simples. Arrêter de participer à une connerie quasi-fanatique à laquelle j'ai jamais vraiment adhéré avec le cœur. Apprendre un métier, aussi, savoir que je vaux quelque chose à l'échelle des hommes. Pouvoir dire : « j'sais faire ça, et ça, et ça », sans en avoir honte. Voir de tout, réapprendre à faire confiance, mais sans excès ; bref, t'as p't-être eu des parents, toi. Pas moi, juste l'autorité de mes frères, et pas longtemps. J'ai toute mon éducation à construire, et j'en ai besoin pour être libre de vivre, d'aimer et de penser.

            Soit ça, soit la folie. La tienne. J'veux pas finir comme toi. J'dois te rappeler qu'on est face-à-face sur le même champ de bataille, à se regarder dans le blanc des yeux et à se demander qui retrouvera ses poings et sa hargne le premier ?

            -T'y as cru, hein ? Surprise, punk.

            Et après, c'est moi que t'accuse de croire en Dieu, en ceci ou cela... c'est peut-être ça, la différence entre toi et moi. Faut toujours que tu t'accroches à un truc. Alors que ta vie, ta désespérance, elles te gueulent de tout lâcher et de vivre à la seconde, comme tu dis... elles ont gagné, mais des fois, on dirait encore que ça te reprend. Que t'espères des trucs qui viennent d'ailleurs.

            -Mais putain, espère même pas ! Y'a rien à espérer !

            Ouais, la vie est un gouffre sans fond qui fait rien d'autre que t'avaler. Tes pensées se dispersent alors que t'aimerais te concentrer sur un truc qui te tient à cœur. Ta famille, ton bataillon, ton livre, tes propres mots, tout, n'importe quoi ! Y'a trop de choses à penser, trop de minutes qui passent, y'a toujours un truc à attendre ou à regretter. On est des impatients, des malades de la bougeotte. On espère toujours que ça sera mieux ailleurs, en faisant autre chose, et on finit par avoir besoin du risque, de sa perf' d'adrénaline en continu pour pas tomber dans l'ennui et le dégoût. J'vais te dire : j'ai été Saigneur comme j'ai été folle. Et de temps en temps, ça remonte comme la bile. Mais un jour, ça ira mieux, je m'en sortirai. J'ai reçu un signe, j'avais rien demandé. J'serais ce que je veux être, ce que j'ai toujours voulu être. Fidèle à mes meilleures heures, constante comme les sages, et je kifferai chaque microseconde qui me sera donnée, que je sois attablée au bistrot, prisonnière au fond d'une cale ou en train de crever la faim !

            Parce que la vie, c'est un défi, et j'ai pas envie de me coucher devant en le laissant me passer dessus. J'ai déjà donné, en plus. Si je pèche quelque part, c'est par orgueil. Mais certainement pas par crédulité.

            -C'est toi, le vendu.

            Vendu à la cause de la passivité. T'as raison, c'est plus facile.

            -Je cherche les guerriers, chez tes Saigneurs. Mais j'suis pas sûre d'en trouver.
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            J’ai touché les trente années. J’suis pas un guerrier mais un prisonnier de guerre. Non même, un évadé. On me fera pas me battre toute ma vie. Je veux une cabane de pêche, des poches sous les yeux, des petits enfants et seules mes cicatrices pour pleurer. J'ai envie de devenir ce que je redoute. Un vioc qui nourrit les pigeons, qu'a toujours des bonbons pour ses marmots dans la poche. Des bonbons à la menthe dégueulasse. Qu'a oublié l'alcool, qui pleure tous les soirs en se disant...

            Mais qu'est-ce que j'ai foutu...

            Cherche les guerriers, je t'en prie. Tu trouveras personne même pas toi. Tu trouveras rien que des damnés avec des ailes d'ange du Paradis. Je suis pas le plus à plaindre mais je suis pas non plus à envier. Cherche les guerriers, tu verras que des scélérats que même le temps à rejeter. Je prends des rides avant les autres. Je me fais marrer en faisant de l'auto-dérision. J'ai plus le goût de rien, le whisky devient de l'eau et les putes des femmes à aimer, les pleurs du liquide sur la joue, le sourire une pression de la mâchoire. Moi je suis le coyote et ma bonne conscience bipbip, j'essaie de le rattraper pour la bouffer... ou simplement pour me rattraper. Cherche les guerriers, ils sont même pas dans ta tête. Tu peux pas les imaginer. Les guerriers, c'est les hommes qu'ont acceptés leur lâcheté.

            Regarde autour de toi, on vit les mêmes histoires. Celles qui font peur aux petits le soir, celles dont on tire une morale. Reconnais toi dans un Toji qu'a devant lui l'homme qui va choisir entre sa vie ou son exil. Reconnais toi dans une âme dont on sait pertinemment qu'elle est morte mais qu'on arrive pas à s'empêcher de la chercher... Les Dogs. Reconnais toi dans un Tahgel qui en Enfer monte pour découvrir sa progéniture. Dans une Lilou contrainte de dire Au Revoir. Dans un pivé qui trouve pas un motif pour boire. Reconnais toi dans toi. T'auras une vie cool si tu trouves une raison de te lever le matin.

            T'auras beau dire.

            On se ressemble dans nos différences.

            Tu me fais jaspiner de la tartine. Je parle, j'agis. Mal. Je suis un hardeau. C'est ça le défi ? Je l'ai relevé. J'ai montré mon majeur et mes dents. Et je lui ai fait mal toute la nuit. Reste dans ton cadre. Saute dans le gouffre. Les choses auxquelles je m'attache ? C'est la branche que je tiens pour pas sauter avec toi. Celle qui m'empêche de vivre. Mais un jour elle va bien lâcher. Mais le temps d'apprendre, il sera déjà trop tard.

            Le Narrateur est pas sympa avec moi. Pour ça que j'écris à la première personne. Et même avec, j'ai tout foiré. Un chaos sans début et sans fin. C'est pas une question d'y croire à ton putain d'uniforme. Tu le portes, ça suffit pour te rendre détestable. Et je te vois venir avec ton je le suis déjà, c'est faux. T'es qu'une gamine et t'as encore du temps pour le devenir réellement. C'est ça, être humain. Le but final c'est d'être un enfoiré. Si c'est à ça que t'amènes ton gouffre...

            Je préfère crever en fermant les yeux. Je préfère errer dans mon présent en fermant les yeux. Sans avoir rien vu. Les châsses ouvertes ? Ça aurait été la même chose. Cherche les tes guerriers. Cherche les ? Cherche ! T'en vois pas !? Y en a pas !

            Beigne dans ta gueule et tu baignes dans ton sang

            Réveille toi. T'es sur Terre. Un monde tragiquement comique. L'antithèse. Un coup de théâtre grandeur nature. On se meurt tandis que lui continue de briller. Et des fois, deux images se rencontrent et en parlent. Deux images qui défendent chacune un truc pour se rejoindre après. Deux images aux regards glaçants, au passé meurtri qui fait pas pour autant plus peur que leur futur. T'es à l'abri de rien, tu le sais, ça. Je te ferai pas la morale, jamais. Mais me raconte pas de connerie ! Réveille toi et regarde autour toi. T'as pas le temps de me dire de conneries au milieu d'une déchetterie pareil. Prends tes affaires et casse toi. Viens me rejoindre ailleurs, un ailleurs qui se pourrira comme ici. Et on repartira.

            On sera où demain ?


            Dernière édition par Kiril Jeliev le Lun 21 Oct 2013 - 15:34, édité 1 fois
              -Dehors. On sera dehors, les Seigneurs du Dehors.

              Ce grand pays qui n'a pas les mêmes guerriers que ceux de ton monde et du mien. Là où vivent encore des cœurs qui flambent, qui méprisent les grands idéaux et tous les dangers, mais qui restent bons entre eux parce qu'ils ont plus aucune raison de s'en vouloir. Le pays sans frontières où il fait bon vivre, là où tout est possible, là où les gens pensent encore qu'on peut marcher droit juste pour le plaisir, comme ça, gratuitement.

              Hors de ta tête, punk. Hors du Grey T. que tu te trimballes de partout sans le savoir. Le monde est assez crade comme ça, y'a pas besoin de le rendre pire.

              J't'en fouterai, moi, des conneries. Ça faisait peut-être connasse idéaliste, mais tant pis. Fallait bien que je compense un peu ta déprime. Tu serais pas si sombre, j'serais moins claire. C'est toi qui m'fait briller avec tout ton noir, c'est toi qui mange le soleil en plein midi ; te plains pas si ça fait mal aux yeux quand t'essaye de digérer. D'ailleurs, t'sais quoi ? J'me suis jamais sentie aussi optimiste que maintenant, et c'est bien dommage que ce moment n'en soit pas un. Quoique. J'aurais pas aimé me le ramasser, ton péchon. Et puis, p'têtre que ça se serait terminé comme ça. On se serait regardé dans le blanc des yeux sans rien dire, sans savoir. Toi pirate, moi marine, nous nous battre. Et voilà. La loi du Jack.

              Bien sûr que je me reconnais en eux tous. J'ai chialé, j'ai pris cher, j'ai saigné dans mon corps et dans ma dignité. Et puis quelques fois, trop rares, j'ai trinqué sans penser à me noyer les lobes avant dix heures ; j'ai dansé ; j'ai rigolé à la face du monde et de la folie, en lui disant que j'tiendrai bon, qu'elle m'attraperait jamais : j'me suis sentie puissante dans ma solitude, avec des larmes dans les yeux ; j'ai été repêchée dans les pires moments. Quand y'avait plus personne pour le faire, c'était Dieu qui s'en chargeait. Le Narrateur, hein ? J'croyais que c'était un salaud, mais en fait, il est juste trop honnête. Il sait rien faire d'autre que faire le lien entre toi et l'univers. Il incarne un peu d'humanité, un peu de vie et un peu de vérité en toi, en brodant comme il peut. Il est pas libre, le Narrateur. Moins que toi et moi, puisqu'on se bat encore contre tout ça. Tu t'accroches à ta branche, je plante les ongles dans les parois de mon gouffre. Guerrier ou pas, comme tu veux. Tous les deux, on a à faire avec le Vide. Tu peux être fasciné par lui, mais moi, j'ai décidé de pas l'aimer.

              -C'est ce que disait le frangin.

              Tous les ailleurs portent leur Grey T., ouais. Mais l'immensité du monde, c'est pas un tas de petites décharges agglomérées. Le tout vaut plus que la somme de ses parties, c'était dans un de mes bouquins. Si tu regardes au microscope, sûr, c'est tout ce que tu verras. Mais lève un peu les yeux, pense pas à tout ça. Juste avec le ciel, le soleil et le vent. Ou la pluie, la tempête et la mer, si tu préfères. C'est ça, l'éternité. Cet espèce de présent parfait où y'a rien qui se fait, y'a rien à comprendre.

              -Demain, on sera chez nous, et chez nous, ça sera partout. Parce qu'on saura enfin y regarder comme il faut.

              Aller, tu la voulais depuis le début. La voilà. Ma dernière espérance qu'en est même pas une. Juste un rêve, un truc que j'sens qui pourrait encore exister. Rien à voir avec le monde, celui là, sûr qu'il changera pas. Ou moins vite. Les jours passent, les heures aussi. L'instant, il se barre sans jamais s'arrêter. Et toi, tu vieillis, tu grandis, y'a tout qui se brasse et qui change entre tes deux hémisphères. Que ça s'allume enfin proprement là-haut. Ça, c'est possible. J'sens que ça l'est.

              Tu la voulais, la voilà : ma dernière carte. L'ultime taquet que je m'amuserai à te balancer derrière la tête par bravade. J'peux changer, j'peux m'améliorer, j'peux traquer la vertu. Et un jour, ça ira mieux.

              -Maintenant, tu peux te marrer.

              De toutes façons, t'as le temps. Vers ce genre de destination, j'sais déjà qu'la route est longue.

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              La route est longue pour celui qui la regarde, moi j'ai baissé la tête, j'y suis allé trop vite et frappé un arbre. Ou p't'êt l'inverse. J'ai mangé la pomme avant que les hommes créent Eve. J'ai vu les couleurs dégueulasses de l'injustice du monde. Et j'pouvais rien changer, donc j'y ai participé. J'ai perdu mon amour, ma vie, mon espoir. Et c'qui fait le plus peur, gamine, c'est de savoir que ça peut arriver à tout le monde. Même à toi. Mais je te fais confiance pour ça. Toi t'as la Volonté, toi. Toi t'as quelque chose qui te permet d'exister, ta foi, ton courage. Parce que ce sont mes enfants bâtards alors je leur ai craché dessus. Et je les ai laissé à leur mère.

              Leur mère c'était une belle femme. Une belle pute surtout. Parce qu'elle se fait engrosser par toute la terre.

              Je veux pas de responsabilité, je veux être libre de me perdre dans mon champ de bataille. Regarder ma haine se battre contre mes vieux aminches disparus. Les traîtres. Je veux broyer du noir et toucher le ciel en même temps. Tu sais ce qu'on m'a dit ? Que c'était pas possible, pas maintenant. J'ai regardé cet enculé, et je lui ai foutu une beigne. Crève salope, t'es ni mon père, ni ma mère. Et même eux, je crois qu'ils ont pas compris. Je reçois des coups de fil de la maternel qui me dit mais mon fils, qu'est-ce que t'as fait de ta vie ?

              Quoi cette pute ? Maman elle t'a bien niqué. T'es pas foutu de savoir vivre, tu sers juste à faire à dîner. Et d'ailleurs ton mari te trompe, je le sais depuis que j'ai ouvert les yeux. Il aurait pécho la sage femme si t'avais pas été là. Maman m'a plus jamais appelé. Alors je me suis fait fils de rue. C'était comme ça qu'on les appelait, en vrai, les fils de pute. Parce que la rue c'est la cousine germaine du monde, jamais déclarée. Elle t'oblige à devenir comme elle, morte, sans pitié, égarée. J'avais les critères nécessaires, je me suis emporté dans la danse. J'ai aimé, j'ai bouffé plus que ma part. Et j'ai jamais payé.

              Fraline, j'suis allé en taule. Et jamais je me suis senti plus vivant que quand je regardais la merde que le geôlier me servait en me disant "Tiens, si tu bouffes, tu vas kaner. T'en as pris pour longtemps, j'ai pitié, j'essaie juste de t'aider." Mais personne aide le Méchant Kiril sinon il crève. Et il a crever. S'il me l'aurait pas dit...

              Je crois que je serais pas ici.

              J'ai inventé mon propre monde, j'ai alimenté le rêve et la peur à aux risques et j'ai parfois menti juste pour plaire à autrui. Je voulais être seul, je voulais être celui qu'on ne voit pas. Mille et une raisons de se sentir loin. La peur du vide.

              ...

              J'ai fait des erreurs, j'en ferai encore parce que j'ai pas compris. Je perds pas l'espoir qu'un jour j'apprenne : quand tout sera fini. Mais je serai toujours là à te dire, preumsement je me marre pas, va découvrir le monde, pisse dans ses bois pour marquer ton territoire et monte ta tente. Prouve leur que tu viens peut-être de l'endroit dont ils font des cauchemars, d'une ville de merde, de misère et de faux espoirs mais que t'es pas une merde. Que tu représentes l'avenir, toi et ta frimousse rousse. D'ici là, on aura le temps de se revoir, j'espère. J'aimerai bien. Et.

              Et deuzment m'appelle pas punk, putain.


              Dernière édition par Kiril Jeliev le Mar 22 Oct 2013 - 12:37, édité 1 fois
                -Pas putain, Serena. Et je t'emmerde, Punk.
                • https://www.onepiece-requiem.net/t7448-tout-ce-qui-rampe-recoit-
                • https://www.onepiece-requiem.net/t7342-serena-porteflamme