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Toutes les 108 minutes

Toutes les 108 minutes Tropical_beach_by_shiroman_e
Les Saigneurs sont corrosifs, ils répandent leurs idées nauséabondes sur les êtres qui les entourent. Il ne faut pas longtemps pour perdre son âme chaste et bienveillante au profil d'idées plus sournoises, vils et pernicieuses. La preuve en est, quand le guide bloque la route au Dandy, le sang d'Ankou ne fait qu'un tour, lui, qui n'est pourtant pas violent en temps normal n'a qu'une envie, le percer avec sa lame, comme ça, de part en part, juste pour l'injure qu'il vient de lui faire. Les Saigneurs déteignent vraiment.. à moins que ce ne soit la noirceur du tout récent Fruit du Démon qui corrompt l'écrivain ? ou les deux ? Peu importe, Ankoü ne s'est jamais laissé aller de la sorte. Il préfère se taire, le regarder droit dans les yeux et ne pas vaciller du regard, pour montrer que cette intimidation en règle ne l'effraie point. Des matelots assistent à la scène, certains se languissent de voir l'écrivain faire dans son froc mais au final, ils sont déçus, même pas un petit coup d'boule, rien.. Foutu titre de noblesse, foutu corsaire, foutu écrivain de pacotille..

Sur le chemin qui mène à la ville, une idée trotte dans la tête du scribouillard: Vendetta

Fort heureusement, ces noires pensées furent balayées par l'apparition inattendue de la villa. L'endroit est isolé, emmitouflé par mère nature, des oiseaux exotiques fournissent l'ambiance sonore. La baraque est cossue, tellement qu'Ankou soupir de plaisir, enfin un endroit qui lui rappelle son chez soi. Il ne peut réprimer un commentaire en ouvrant les bras, comme pour enlacer le pavillon tropicale.


Opulence, tu m'avais manqué !

La visite est faite par le guide, un peu étrange mais bien habillé, Ankou le note, ici ça ne rigole pas avec l'uniforme. La villa est immense, le prix est justifié, la piscine pousse au crime de la fainéantise. Les bagages d'Ankou sont déposés dans sa chambre, la plus grande et la plus luxueuse, forcément. D'instinct, il note sur un bout de papier son nom et le colle sur la porte de la chambre, histoire de marquer son territoire. Pour le moment, le scribe ne fait plus attention à Joseph, il ne sait même pas ce qu'il fait et c'est le cadet de ses soucis, pour tout vous dire, il aimerait bien l'éviter. Juste avant de descendre, celui ci a manifesté un intérêt prononcé pour les talents d'écrivain d'Ankou. Ça ne présage rien de bon..

Le guide montre la tirette pour demander le room service, Ankou enregistre précieusement l'information et récompense le brave garçon avec un billet. Quand l'homme l'attrape, Ankou retient l'argent et glisse à l'oreille du garçon:


Vous pourriez me rendre un petit service ?

Au bout de vingt minutes, l'écrivain a retrouvé le sourire, la visite de la maison l'a enjoué, il se plaît ici bas, il envisage même de proposer à Jack de rester un peu ici pour profiter de son nouveau statut et surtout pour avancer sur la biographie. En parlant d'elle, Ankou récupère son dossier "Jack" et la pose sur la table, devant la piscine. Après s'être servi un petit verre et avoir allumé une clope, le biographe retrousse sa chemise et se remet au travail. Il notre phrénétiquement sur ses feuilles les impressions de la journée, ses doutes, ses craintes, ses envies, le tout centré sur le personnage du pirate corsaire. Il vient tout juste de nommer son nouveau chapitre " Le Corsaire sous les Tropiques" quand l'ami Joseph repointe le bout de son nez.


Dernière édition par Ankoü le Mar 20 Aoû 2013 - 11:15, édité 2 fois
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Quand on ne pouvait s'exprimait oralement sans exploser les tympans de son auditoire, on écoutait. Bloody Mary en main, Joseph avait laissé traîner ses grandes oreilles sur le port tout en sirotant son cocktail. Ah qu'il l'aimait son nouveau pouvoir, avec ça, il détenait vraiment le Pouvoir avec un grand P. Il était devenu l'espion ultime car il avait l'ouïe ultime ! D'accord, ça faisait carrément ridicule dit comme ça mais pour Crack Joe c'était comme un rêve d'ado qui s'accomplissait. Il avait toujours été un agent au mieux médiocre. Désormais, il avait enfin la possibilité d'espionner en toute discrétion... Ça ne se refusait pas !

Certes, certes, il avait encore un petit peu du mal à faire le tri dans toutes les informations qui lui parvenaient. Après tout, qu'est ce qu'il en avait à foutre qu'une tempête arriverait sur l'île dans deux jours ? C'était Grand Line, elle pouvait très bien débarquer dans la demi heure cette tempête ! Et cette histoire de sous vêtements volés... Pourquoi les gens s'y intéressaient ils temps ? Décidément, isoler les voix pour se concentrer sur les plus intéressantes était un travail fastidieux mais in fine, ça payait... et bien en plus.

Sur la fin du trajet, le sourire de Joseph se fit de plus en plus large. Derrière ces dents refaites un nombre incalculable de fois, se trouvait un cerveau malade qui était en train de mettre au point un plan aussi stupide que risqué. Et tout ça pour quoi ? Mais pour le Prestige pardi !


C'est guidé par son appétit pour la reconnaissance sociale que Joseph suivit Ankoü jusqu'à la Villa Rubis et de là, à la piscine. Depuis que le scribouillard s'était présenté à la bande de coupe gorges qu'étaient les Saigneurs, cette idée n'avait cessé de le hanter. Il s'agissait là d'une des toutes meilleures idées que le boxeur avait jamais eu: faire écrire la Biographie de Crack Joe à l'écrivain ! Qui ne voudrait lire cette fascinante histoire d'un gamin né dans la misère qui s'élève à la force du poignet à travers la hiérarchie sociale malgré les trahisons, si, si, j'vous jure, qu'il subit. Une histoire virile et émouvante, un futur best seller qui assurait à Joseph une renommée comparable aux plus grands. Il avait essayé de le convaincre "pacifiquement" d'écrire sa Biographie un peu plus tôt mais l'autre l'avait ignoré. Désormais, on entrait dans la phase diplomatique. Tout ce qu'il fallait à Crack Joe, c'était un bon moyen de pression pour convaincre l'écrivain d'écrire pour lui. Hors niveau négociation, Joseph ne connaissait qu'une seule méthode, la méthode forte.

"Intéressantes notes Ankoü. Tu permets..."

Surgissant sans prévenir derrière l'auteur, l'ex agent du Cipher Pol lui adresse son fameux sourire colgate. Bizarrement, les vitres avaient résisté à l'afflux de décibels cette fois. Les effets du Légume devaient s'estomper ou alors Joseph se maîtrisait d'avantage. La preuve, s'il en fallait une, le scribouillard avait encore les tympans intacts. Crack Joe sourit d'un air malsain à l'écrivain interloqué avant de s'emparer, à une vitesse défiant toute concurrence, des notes de l'Ankoü. Celui-ci n'avait pas encore réagi que déjà Joseph se tenait au bord de la piscine, les papiers en main. Sans perdre un instant, les yeux du blondinet se mirent à parcourir les pages de texte, cherchant sans doute quelque bon mot portant sur sa personne. A en juger par sa mine désappointée, il n'y trouvait pas son bonheur. Il faisait défiler les feuilles sous ses yeux un par un, les balançant au fond de la piscine dès la lecture finie.

"De la merde... De la merde... et encore de la merde ! Nan mais sérieux, c'est quoi cette bouse ? Y'en a que pour Jack là dedans ! Tu voudrais pas penser un peu aux copains aussi des fois hein ? Genre sur l'super équipage de Jack grâce à qui il a pris Dead End ?! Ou mieux encore, sur ma bio à moi ! J'ai déjà un titre pour toi "Joseph Patchett, de la fosse à purin au haut de l'affiche, histoire d'une réussite". T'en penses quoi ?"

Dans la main fermement serrée du boxeur, se trouvait la moitié des notes d'Ankoü, l'autre moitié flottait déjà dans la piscine. Sur le visage de Crack Joe flottait un sourire sadique qu'on commençait à lui connaître. Il avait le Pouvoir et il adorait ça. Que son titre était nul et que la moitié de la Villa pouvait les entendre, il n'en avait cure car maintenant il avait un moyen de pression.

"Si t'écris ma Bio, j'te rendrai ça. Pas un mauvais deal pas vrai ?"
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Quand on attaque l'empire, l'empire contre attaque.

Qu'on l'insulte, qu'on le brime, qu'on parle dans son dos, qu'on médise de lui, qu'on utilise sa brosse à dent, qu'on lui fasse un croche patte, l'Ankou reste de marbre. Touchez à son travail, son oeuvre, son chef-d'oeuvre, son âme, sa raison de vivre, son rêve, sa motivation, son livre, vous allez manger le macadam.

En agissant de la sorte, jamais le compère de l'écrivain n'aurait pu imaginer ce qu'il déclencherait. Ankou aurait d'habitude tentait de parlementer et d'accéder à la requête du plaisantin pour sauver son travail. Mais là, quelque chose de sombre, de sourd et d'ignoble grondait en lui. Rien n'aurait pu le mettre dans une telle rage, il se leva de sa chaise, droit comme un grand mât, fixant le plaisantin des yeux. Quand il ouvrit la bouche, sa voix était méconnaissable, transcendé par quelque chose de fort, de brutal et de bestiale, venant des abysses.  


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Joseph PATCHETT !
Ne me prenez pas pour un écrivain de pacotille !
Le sol se teinta d'une aura sombre, émanant des jambes de l'écrivain, une sorte de fumée noire ou une brume noire, se répandant lentement aux alentours. L'écrivain, lui, ne bougeait pas, fixant le maître chanteur, sa proie. La lèvre du haut s'agita, tressailli, comme un grognement.

Soudain, sur la pochette que tenait Joseph au dessus de la piscine, un sceau s'activa, il était bien visible mais ressemblait à une décoration quelconque. La trace d'une main noire sur la couverture beige. Un sceau, une Mano Negra. L'halo noir que dégagea cette marque s'étendit sur plusieurs mètres pour prendre la forme d'une bulle noire compacte. De l'extérieur comme de l'intérieur, on ne pouvait désormais plus rien voir de ce qui s'y déroulait.

Profitant de la surprise, l'écrivain aux vapeurs noirâtre bondit de son emplacement, l'entrave oculaire ne l'affectant point, il put saisir avec fermeté son dossier à pleine main et décocher un coup de genou à Joseph avant de faire un bond pour retourner à sa place. La bulle noire compacte se désagrégea rapidement, rendant la vue au petit freluquet. Ankou posa son oeuvre souillée sur la table, à ses côtés puis fit un pas en avant. Il mit la main sur sa canne et d'un coup sec, décocha sa lame de son étui. Il prit une garde d'escrime et se planta devant Joseph.


Ne vous avisez plus jamais de remettre vos sordides pattes sur mon roman ou vous tâterez du tranchant de ma lame. Vous allez le payer, au centuple, votre acte barbare et mesquin. Le seul texte que j'accepterai de rédiger pour votre nom sera un épitaphe.

Les vacances commençaient sur une note un peu terne, Ankou ne se maîtrisait plus du tout et l'ambiance se rafraîchissait de plus en plus. L'écrivain avait beau  être un grand diplomate et un gentleman, il possédait ses propres limites, que venait, outrageusement, de franchir Joseph.  .
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La surprise peut avoir sur l'homme bien des effets néfastes. Prenons l'exemple de ce brave Joseph. Alors qu'il s'adonnait tranquillement à l'une de ses activités préférées, à savoir menacer autrui, voilà que la Surprise s'empara de lui. Conséquence logique, son Bloody Mary lui échappa des mains. Un si bon cocktail qui maculait désormais le sol ainsi que le bas du pantalon du boxeur. Quelle tristesse, un costume tout neuf... Si ça ce n'est pas un effet néfaste !
 
Mais qui aurait pu prédire que l'écrivain possédait un pouvoir démoniaque ? Pas Crack Joe en tout cas. La sphère noire le prit totalement au dépourvu. Oh, il se cramponna bien aux feuillets de l'écrivain mais sans succès, le coup de genou du scribouillard avait fait son office. Dans quel état était Joseph après cette petite passe d'armes ? Physiquement, il était frais comme un gardon mais mentalement, c'était une autre histoire. Il souriait toujours et encore plus largement qu'avant, c'en devenait malsain. Crack Joe n'était nullement impressionné par les menaces de son interlocuteur ou la lame qui dansait devant son nez, il avait vu bien pire. Impassible, l'homme gardait ses yeux froids fixés sur les binocles de son interlocuteur. Allait il "craquer" ? Retrouverait-on des morceaux du crâne du scribouillard autour de la piscine ? Possible... Joseh n'était pas homme à se laisser frapper sans réagir. Mais c'était une situation exceptionelle, d'autant qu'il avait vu quelque chose de très intéressant. Il avait certes perdu un moyen de pression mais venait d'en trouver un nouveau qui serait, il n'en doutait pas un instant, encore plus efficace.
 
"Hum... Très intéressant ton pouvoir Ankoü... Les ténèbres... Jack est au courant que tu sais faire ce genre de choses ?"
 
Il s'agissait là d'une question réthorique. Jack ne pouvait être au courant sinon le scribouillard aurait été mis à contribution durant l'épisode du Cargo ou la prise de Dead End. Conclusion logique, Ankoü ne voulait pas que Wrath sache pour son pouvoir. Pourquoi ? Aucune idée et au fond Joseph s'en moquait.
 
"Ce sera notre petit secret alors... Et pour te prouver ma bonne foi, je vais te dire autre chose... Les feuilles jetées à l'eau étaient vierges."
 
Le scribouillard réagit à l'évocation de son ouvrage. Il ne put s'empêcher de tourner la tête en direction de la piscine pour constater que seules des feuilles blanches y flottaient. L'instant d'après, le malheureux écrivain était plié en deux, le poing de Joseph venait de saluer ses abdominaux et ça faisait bobo, même si le boxeur avait retenu son coup.
 
"Ca c'était pour le coup de genou, maintenant on est quitte."
 
Ce n'était pas une question mais une affirmation. Joseph avait fait un effort, il n'avait pas transformer le crâne de l'écrivain en carpacio mais il ne fallait pas trop le titiller, lui aussi avaient des limites... aussi bizarres soient elles. Sa petite mise au point effectuée, le boxeur se déplça de quelques pas, laissant soigneusement la piscine dans le dos de l'écrivain à qui il adressa un nouveau sourire, sans aucune arrière pensée malsaine visible cette fois ci.
 
"Oublions cette histoire de bio. De toutes façons, ça me corrrespond pas... Cocktail ?"


Dernière édition par Joseph Patchett le Mer 14 Aoû 2013 - 16:03, édité 1 fois
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L'inattention d'Ankoü, trop préoccupé par les pages blanches flottant dans la piscine, lui coûta une défaite et une douleur non négligeable à l'estomac. Le beau parleur de Joseph était en fait un sacré cogneur, l'écrivain avait complètement été pris au dépourvu. Il avait frappé à une vitesse impressionnante et il s'en était fallu de peu pour qu'Ankoü rende son déjeuner sur le bord de la piscine. Le coup le fit lâcher son arme et le força à poser un genou à terre ainsi qu'une main pour se tenir en équilibre tandis que sa main libre venait toucher la partie ayant subit le traumatisme.

Après quelques secondes à se masser le ventre, l'écrivain se remit sur ses jambes, non sans difficultés. Il s'approcha de la table et vérifia les dires de Joseph. Par bonheur, toutes les pages étaient encore là et Joseph n'avait effectivement jetté que des brouillons ou pages blanches. Un soupir de soulagement termina ce rapide inventaire.


Vous m'avez bien eu Mr Patchett, votre esprit taquin est redoutable, presque autant que votre riposte. Je tiens à m'excuser pour mon emportement, il y a des choses qui fâchent, vous avez découverte la mienne... En parlant de découverte, je crois aussi vous avoir exposé, un peu promptement je le crains, mes nouvelles capacités. Je crois être des vôtres, maudis.

Lâchant son dossier contenant la future biographie de Jack, l'écrivain s'approcha de Joseph et accepta volontiers son verre avant de se laisser tomber sur un transat et de regarder la jungle au loin.

Comme vous le dites si bien, si ce petit secret pouvait rester entre nous, je vous en serai infiniment reconnaissant. Votre patron aime bien me taquiner semblerait-il... Alors si il apprenait que je suis en mesure de faire ceci, il me forcerait à jouer un rôle plus important qu'être simple spectateur et je ne le souhaite pas du tout. J'écris un livre, son livre, votre livre à tous, il me faut de l'espace, du temps et un champ d'action dégagé de toutes contraintes si je veux pouvoir retranscrire vos destins hors du commun sur papier, vous comprenez ?

Une petite gorgée de coktail et le voilà reparti.

Vous avez manifesté votre désir d'écrire votre biographie il me semble, vos attentes ne seraient-elles pas un peu prématurées ? Vous êtes surement une pointure, mais le chemin est long avant la célébrité, j'en sais quelque chose..


Dernière édition par Ankoü le Mar 20 Aoû 2013 - 11:14, édité 1 fois
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Dix ans à travailler pour le Cipher Pol avait eu un impact sur la mentalité de Joseph. Avant, il ne connaissait qu'une seule méthode de négociation: la manière forte. Maintenant, il savait qu'il existait des personnes avec lesquelles il fallait se montrer un rien plus subtil. Du genre, apprendre un secret compromettant comme la capacité à faire tomber des zones d'obscurité. Et un maudit de plus à bord de la Kultuur, un !

S'installant confortablement dans son propre transat à côté de celui de l'écrivain, le boxeur s'étira un instant avant d'attirer l'attention d'un serveur d'un claquement de doigt. Y'a pas à dire, le petit personnel, ça changeait tout. Quelques paroles furent échangées, un petit billet glissé en guise de pourboire et un nouveau Bloody Mary apparut dans la main de Crack Joe. Combien de temps le Log mettait il à se recharger sur cette île déjà ? Ah oui, trente jours. Ça s'annonçait comme de très belles vacances.

Une nouvelle gorgée de cocktail puis la voix grave et pas du tout mélodieuse de Joseph s'éleva. Saloperies de légumes du démon, ça allait encore durer longtemps ces conneries ? Comment pouvait il avoir l'air crédible ou mieux, menaçant ? Il allait devoir capitaliser sur son avantage et ne pas s'en laisser compter par les mots ronflants et incompréhensibles dont usait le scribouillard.

"Ce que je comprends c'est que t'es mort de trouille à l'idée que Jack te fasse mettre les mains dans l'cambouis. Que le sang sur les mains n'irait pas très bien au grand Anko. J'me trompe ? C'est con ça... Moi aussi j'ai des tas d'idées sympa sur ce qu'on pourrait faire de ton pouvoir... Faut pas croire, mais je ne cours pas qu'après la célébrité."

Crack Joe se tait un instant, il sirote une nouvelle gorgée de son cocktail et ouvre grand ses oreilles. Il y a pas à dire, l'ouïe ultime ça avait du bon. Il pouvait entendre le serveur qui se cachait dans un recoin pour les espionner, il entendait même la femme de chambre et le commis de cuisine glousser au sous sol. Trop d'oreilles indiscrètes qui traînaient ici et sa propre voix était bien trop audible. Ils étaient des Corsaires désormais que diable, il allait falloir être discret ! Certes, il avait "un peu" hurlé... Mais c'était totalement rattrapable... non ?

"Mais ce n'est ni l'heure ni l'endroit pour en discuter... Cela étant dit, j'ai entendu qu'un tournoi de Poker avait lieu ce soir au Grand Casino. Je ne sais pas pour toi, mais moi j'ai très envie de plumer quelques pigeons... A nous deux, il est impossible qu'on reparte les mains vides... ou le gosier sec."

Quel plan machiavélique, et sûrement stupide, avait germé dans l'esprit de Joseph Patchett? Était-ce la même idée tordue qui lui avait titillé la cervelle en contemplant le mètre cube et sa pintade ou alors Crack Joe était il vraiment un maître du crime toujours sur la brèche ? Allez savoir... Toujours est il que notre ami avait quitté son transat et se dirigeait d'un bon pas vers les petites voiturettes reliant la Villa au Port où se trouvait le Casino. Il avait déjà quasiment quitté la piscine quand il s'arrêta soudain, comme frappé par quelque chose. Avec une lenteur hallucinante, le boxeur baissa les yeux sur son pantalon et fut frappé d'horreur en le constatant souillé (la mémoire ça va, ça vient)

"Hum... Donnes moi deux minutes, je dois changer de costume."
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L'évocation du mot Poker avait aiguisé l'attention de l'écrivain. Ses yeux, instinctivement s'étaient tournés vers Joseph, attendant avec impatience plus de détails. Inconsciemment, sa main était venu gratter son menton et une bouffée de sueur froide le gagna. Poker, vieux démon du jeu, roi des cartes et du bluff. Jadis, l'écrivain passé ses soirées à y jouer au sein de son club de gentilhomme sur son île natale. Il avait découvert ce jeu par pur hasard et l'addiction l'avait gagné à une vitesse prodigieuse. Son argent de poche était englouti en quelques heures par ce jeu et les victoires ne suffisaient à peine à le renflouer et pourtant, il continuait. Il en était devenu accroc qu'il s'était mit à tricher afin de paraître plus rusé et plus intelligent qu'il ne l'était. Gagner au Poker, c'était presque atteindre un statut social élevé dans le club.

Joseph parti se changer, Ankou méditait encore. Se laisser aller à rejouer à son vieux démon n'était pas vraiment une bonne idée. Il avait vu une affiche au centre ville sur une élection de miss vaudou, tout aussi alléchant comme programme. Il hésitait puis sur un coup de tête, opta pour la proposition de Joseph. Par contre, il n'avait pas vraiment fait attention à la suite des paroles du pirate dès lors qu'il avait entendu le mot Poker. Émergeant de ses souvenirs, l'écrivain se tapa sur le genou et se leva d'un bon du transat, s'exclamant assez fort pour que Joseph puisse entendre depuis sa chambre.


Je vais vous imiter l'ami, laissez moi quelques minutes pour me préparer, tout comme vous, je ne peux aller dans ce costume "taper le carton".

Trente minutes plus tard.. L'écrivain était fin prêt. Il était habillé de pied en cape d'un somptueux costume et d'un petit gilet où il avait glissé une fiole d'alcool en argent massif et une montre à gousset. Des petites lunettes sombres et rondes sur le nez et un chapeau melon en guise de couvre chef. S'appuyant avec désinvolture sur sa canne, l'homme monta dans le cab qui les attendait. Frais et pimpant, l'homme ne prêtait plus attention à Joseph, il était déjà dans la soirée, la tête dans le champagne et les jetons. Dans la voiture hippomobile qui les amenait vers le cœur de la ville, Ankou, les deux mains appuyés sur sa canne, se mit à parler tout seul, comme pour se parler à lui même et avertir ici et là les probables intéressés.

Nous allons passer une excellente soirée, cela va de soi. Je suis en veine ces derniers temps, la bonne fortune sera donc avec moi, ces joueurs amateurs vont surement faire grises mines en voyant notre niveau. Mais le poker ne doit pas nous laisser les talons dans l'estomac, il nous faudra se désaltérer et déguster quelques plats locaux.  

Il se retourne enfin vers Joseph et d'un sourire lui glisse.

Il y a une élection ce soir ici même, sur cette île, de Miss Vaudou, nous devons y assister mon ami. L'affiche était prometteuse et je ne doute pas que les candidates rivalisent de charmes et d'audace pour emporter ce futile mais néanmoins raffiné, titre de Miss Vaudou.  
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Quelle fière allure ils avaient nos deux pirates, pardon, corsaires. Si Ankoü, vêtu comme pour aller à l'Opera, parraissait dans son élément, ce n'était guère le cas de son illustre compagnon. Crack Joe voulait de la reconnaissance sociale, il tenait à avoir la classe, à faire prestigieux (à défaut de l'être). Alors pour un tournoi de Poker dans un grand casino, il avait sorti le smoking. Très bien le smoking, très classe, très propre. Il n'y avait qu'un petit détail qui clochait. Il n'était pas exactement à sa taille, les manches étaient un rien trop court. Mais c'était ce petit rien qui faisait toute la différence entre un habitué et un pécore comme Joseph qui essayait de se donner un genre. En attendant, le boxeur buvait du petit lait. Il avait l'impression d'avoir mis un pied dans la haute société et Dieu seul sait à quel point il aimait ça, se sentir important.

"Miss Vaudou ? Ah oui... Au Spirit Lounge. Bwhéhéhé, quelle bonne idée. Si ça se trouve on y croisera Hope. Vu son look, elle a toutes les chances de gagner. Bwhéhéhéhé"

Le rire tonitruant du pirate, amplifié par l'effet des Légumes du Démon, se répercuta bien au delà de leur véhicule, faisant retomber sur celui-ci un silence de plomb. Les deux compères étaient déjà dans leur soirée. Quel que soit le "gros lot" mystérieux prévu par les organisateurs du Tournoi, Crack repartirait avec. Après tout, il avait l'ouïe ultime ! Fini le bluff face à Joseph et à lui fortune et gloire !

C'est la tête pleine de rêves étoilés que l'ex-agent Patchett et le futur écrivain mondialement reconnu arrivèrent au casino. Situé dans le quartier du port, aux côtés des autres infrastructures touristiques de l'île, l'établissement se distinguait par de nombreux côtés. Tout d'abord sa taille: plus de trois étages de haut, c'était un record pour l'île. Ensuite son illumination, ils devaient sans doute tirer des feux d'artifice à l'intérieur pour projeter autant de couleurs vives à l'extérieur. Enfin, la masse d'individus rassemblés devant le Casino achevait de désigner l'endroit comme The Place To Be. Tout ce que l'île maléfique comptait de touristes fortunés semblait s'être donné rendez vous au Casino et nos deux lascars durent jouer des coudes pour traverser la cohue afin de pénétrer le saint des saint.

"Soyez les bienvenus au Piggs Peak, le meilleur casino de tout Grand Line. Si vous souhaitez participer au tournoi de Poker, l'inscription coûte 50.000 berrys. Les boissons ne sont pas comprises dans le prix. Pour vous restaurer, vous avez accès à tous les restaurants du port. Je vous recommande tout particulièrement La Toque."

A la gauche des pirates, derrière son comptoir en faux acajou véritable, un membre du personnel s'adressait à eux. Ce crotale puant leur avait vanté les mérites de La Toque. A en croire ce que ses grandes oreilles avaient entendus, ce restaurant vous faisait passer toute une soirée sur le trône quel que soit le plat commandé. Soudain méfiant, le corsaire adressa un bref regard au hall du Casino lui laissant un sentiment mitigé. Où était le luxe et le glamour ? Pourquoi diable avaient ils décidés de grimer leurs serveuses en indigènes ? Minute... Mais c'est qu'il s'agissait vraiment de locaux en plus ! Pas chère la main d'oeuvre, pas chère... Et ces palmiers à l'intérieur du Casino, c'était pour se donner un genre ? L'ami Joseph était sur le point de faire part à haute voix de sa déception quand il entendit, du coin de l'oreille, la pintade de Mariejoa vanter "le côté furieusement postmoderne de cet établissement". Ridicule ? Que nenni ! A en juger par les gloussements approbateurs qu'il entendit, le Piggs Peak était clairement à la mode. S'il voulait frayer avec le beau monde, il devait se comporter comme eux, s'exprimer comme eux.

"Hum... Oui mon brave. Un ticket pour ce tournoi furieusement postmoderne."

Le regard de l'employé ne vacilla qu'une seconde. On l'avait prévenu que les pirates de Wrath étaient étrange aussi il ne se laissa pas démonter ni par le cri, ni par les propos dépourvus de sens de ce client atypique. Le reste de l'assemblée par contre se montra moins doué pour cacher son étonnement. Murmures réprobateurs, index qui se lèvent et pointent les intrus. Les deux Saigneurs ne passaient guère inaperçus et les mots "pirates" et "vols" revinrent plusieurs fois en de nombreuses bouches. Bravo Joseph, premiers pas chez les riches réussis ! Heureusement qu'Ankoü maîtrisait d'avantage ce genre de terrain.
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L'écrivain huma l'ambiance en pénétrant dans le sacro-saint lieu de la déchéance. Il le savait, ce n'était pas vraiment un endroit propice à stimuler l'imaginaire qu'à besoin un romancier mais qu'importe, il était sur une île paradisiaque après tout. Les premiers tintements de machine lui résonnèrent dans la tête comme un flashback remontant des années auparavant. Du temps de sa jeunesse, quand il plumait petits et gros au club en trichant. C'est un sourire sur le coin des lèvres qu'il retourna à la réalité quand Joseph acheta les billets. Ce personnage était décidément mal bigorné. Après avoir mis un costume trop petit, pas ciré ses chaussures, être mal rasé et avoir sa chemise qui dépassait du pantalon, voilà qu'il se mettait à imiter les gens fortunés. D'ailleurs, c'était à se demander si il parodiait ou essayait vraiment d'être crédible dans ce rôle. En tout cas, c'était un massacre et l'attraction qu'était en train de devenir Joseph n'était pas au gout d'Ankou qui lui fit savoir en lui chuchotant à l'oreille, poliment.

Mon ami, la clientèle typique de ce genre de lieu est friande des potins et nouvelles et il ne va pas sans dire que notre arrivée et la promotion de Mr Callhugan n'est pas passé inaperçu à leurs yeux. Loin de moi l'idée de vous offenser mais, soyez vous même, restez simplement le pirate élégant et fringant que l'on connaît. Ne rentrez pas dans une rôle de composition que vous ne connaissez pas par cœur, les critiques ne vous louperaient pas à la sortie ce qui serait fort dommageable pour la suite de nos pérégrinations, tout du moins de cette soirée.

Après avoir recadré le très appréciable camarade Joseph, Ankou s'avança dans ce dédale de machine, saluant à peu près tout ceux qui le dévisageaient pas un petit geste de la main sur le chapeau. Il se stoppa net à ce qui semblait être le milieu de l'établissement. Il admirait ce genre d'endroit, quoi qu'un peu trop rempli à son avis mais toujours plus agréable qu'une soirée à rédiger les mémoires d'un psychopathe. Se retournant vers son associé, il expliqua, tel un guide touristique, quelques entourloupes classiques des casinos.


Saviez-vous très cher que dans ces établissements, il n'y a aucun repère temporel ? Vous ne trouverez jamais d'horloges ou de pendules sur les murs, de plus, ce sont de fausses fenêtres, on ne peut pas savoir si il fait jour ou nuit à cause de cette lumière. Regardez, nous étions de nuit à l'extérieur l'instant d'avant, mais désormais, il brille comme à midi. Tout ceci est uniquement pour duper les clients afin de se laisser prendre par le temps et comme le temps c'est de l'argent.. Je vous laisse imaginer la suite. Mais ce n'est pas tout, vous entendez ce petit bruit de machine qui gagne en fond sonore ? C'est un enregistrement, il est passé en boucle pour faire croire qu'ils y a des gens qui gagnent, alors que si vous observez attentivement, vous ne verrez pas un seul client amasser dans son petit pot, des piécettes tombées d'une de ces machines et là je ne vous parle même pas des demoiselles en petites tenues et messieurs bodybuildés du service pour rassurer et émoustiller le client.

Puis il se remit en marche vers la caisse centrale pour échanger une liasse de billet contre des jetons. Il était enfin prêt pour le tournoi de poker. Cherchant du regard son acolyte et par la même occasion le lieu de la compétition, il s'attarda ici et là sur les gens, extensions de leur propre addiction au jeu. Ils faisaient peine à voir mais l'heure n'était pas aux lamentations ! Ho que non pardi ! Les dernières économies de l'écrivain résidait désormais sous une forme ronde en plastique, enchevêtrées dans le creux de sa main.

Mr Patchette ! Le tournoi n'attend pas et la fortune sourit aux audacieux !  



Dernière édition par Ankoü le Sam 24 Aoû 2013 - 18:23, édité 1 fois
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Joseph ne s'était pas trompé, le scribouillard était décidément particulièrement à son aise dans ce genre d'environnement. Il avait immédiatement identifié la source du trouble de son compagnon et avait su prodiguer les conseils adéquats. Certes il n'avait pas tout saisi sur cette histoire de critiques qui ne les louperaient pas à la sortie. Après tout, si quelqu'un tentait de les abattre à la sortie, il ferait mieux d'avoir prévu un canon taille XXL. C'était le minimum quand on souhait éliminer un Saigneur après tout.

Rassuré par cette pensée, le boxeur suivit son compagnon à travers les allées, écoutant poliment les explications de l'autre homme sur le Casino. Crack Joe connaissait le principe des salles de jeux, il avait d'ailleurs lui même géré une petite table clandestine du temps où il était affecté à Saint Urea. Ah c'était le bon temps... Certes il n'avait pas de belles machines flamboyantes ou de petit jingle qui retentissait mais au moins les serveuses avaient l'amabilité de sourire. Celles-ci étaient au mieux épuisées, au pire à demi squelettiques. Il n'y avait qu'à voir les danseuses qui se trémoussaient pour se convaincre qu'aucune d'entre elle n'avait choisie d'être là, leurs regards suppliants se tournèrent vers le boxeur. Tout homme ayant un tant soit peu d'humanité les prendrait en pitié. Heureusement pour Joseph, il avait perdu son âme il y a bien longtemps au service du Gouvernement Mondial. Aussi, ce fut d'un pas tranquille que le boxeur franchit les dernières mètres le séparant de la salle du tournoi, se payant même le luxe d'adresser un petit signe de la main moqueur à l'une des serveuses.

"A nous la fortune Mr Ankoü ! Et que le plus retors gagne."

Sur ces belles paroles, les deux corsaires franchirent le cordon rouge et les deux gorilles en smoking qui séparaient la vaste salle où le Tournoi avait lieu du reste de l'établissement. Une fois le précieux ticket fourni et votre bon argent sonnant et trébuchant échangé contre des jetons en plastique, une table vous était indiqué. Il y eut vraisemblablement un petit discours du speaker pour annoncer le lancement du tournoi car soudain les croupiers se mirent à distribuer des cartes mais Joseph n'en entendit pas le moindre son. Il était trop occupé à faire le vide dans sa tête, il devait se concentrer s'il voulait être sûr de gagner. Grâce à son pouvoir démoniaque, il allait rouler sur ce tournoi. Nul ne l'arrêterait ! Combien y avait il de joueurs ? Trente ? Quarante à tout casser répartis à 4 tables. C'était un petit tournoi, dans moins de cinq heures il ressortirait de là avec le mystérieux "gros lot" sous le bras. Héhé, il allait tous les plumer.

"Ouaf, Ouaf !"

Un son ressemblant à un aboiement mais qui ne sortait pas d'une gorge humaine se fit entendre. Que cela pouvait il bien être ? Je vous le donne en mille... Une esclave ! Logique vu la clientèle locale, les nobles de Mariejoa venait ici avec bagages et esclaves. A la table de Joseph se trouvait le Mètre-Cube de la Villa Diamant aka le Ponte de Mariejoa. Pas de bulle sur le crâne, donc ce n'était pas un Tenryuubito. Tant mieux car cet individu commençait déjà à taper sur le système de Joseph. Franchement, c'était quoi cette façon de jouer ? Un aboiement quand il se contentait de suivre, deux quand il relançait ? Les yeux du boxeur s'écarquillèrent comme deux soucoupes. Au pied du noble se trouvait une jeune femme habillée à la dernière mode S&M. Elle avait toute la panoplie de cuir, y compris la laisse qui allait de son collier à la main de son maître. Main qui tirait dessus pour faire obéir l'esclave. Joseph était bouche bée. Serait trop demandé qu'un peu de sérieux à cette table ? Crack Joe avait trop tapé le carton pendant ses années de service au sein du Cipher Pol pour tolérer qu'on manque de respect à ce jeu. Il avait envie d'envoyer son poing au travers de la noble figure de son vis à vis mais il se retint, difficilement, de provoquer un nouvel esclandre. Jack n'aurait sûrement pas apprécié que son beau titre soit si vite mis à mal.

"Mesdames et messieurs, le flop: 9 de pique, 10 de pique et roi de carreaux."

Le boxeur ne regarda même pas sa main, ses yeux restaient clos tandis qu'il se concentrait pour écouter. Boum, boum. Il entendait battre le cœur du gras double. Bluffer fait battre votre cœur plus vite. Même si le visage de l'adversaire restait de marbre, les grandes oreilles de Joseph savait reconnaître la vérité.

"Ouaf ouaf !"

Boum boum, boum boum. Le rythme était régulier, aucune trace de stress, le gros lard avait des munitions en main. Pas encore... Il était encore trop tôt pour passer à l'action, il y aurait d'autres opportunités. Un bref regard jeté à ses cartes confirma le diagnostic et c'est avec rage que Joseph abandonna sa main. Ce combat allait être comme un match de boxe en douze rounds, il allait devoir être patient et guetter une occasion pour placer un contre et éjecter cet empapaouté hors du ring euuuh du tournoi.

Les mains s'enchainèrent et déjà vinrent les premiers éliminés. Les chaises raclent le sol, les insultes prononcées à voix basse pleuvent mais Crack Joe n'en entend rien, il est dans sa bulle. Joseph est tellement concentré sur son idée de faire dégager le mètre cube qu'il a laissé passé de nombreuses occasions d'augmenter son nombre de jetons, au contraire, le tas a même sensiblement diminué ! Espérons que le scribouillard s'en tirait mieux que lui...


Dernière édition par Joseph Patchett le Lun 2 Sep 2013 - 17:53, édité 1 fois
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Et pendant que tu t'attaches à pousser le gros à la faute, tes adversaires font bonne moisson de jetons. En même temps, à la table, ça n'étonne pas les habitués du lieu. D'abord, il y a le plus connu, celui à qui l'on ne demande plus depuis fort longtemps de ne plus déposer les armes avant d'entrer au casino. Le touriste qui s'était fait résident permanent de l'île, depuis qu'il y avait intrigues à mener et berrys à engranger. Il porte sa main à sa moustache, prit d'une terrible quinte de toux, et fait cul-sec de son verre de whiskey hors-d'âge. On dit de lui qu'il n'a jamais peur de rien en raison même de la terrible maladie qui le condamne d'avance à une mort prématurée. Une victime de Grand Line qui veut tirer son épingle du jeu une dernière fois, malgré une carcasse à bout de course et un cœur qu'il avait déjà du faire opérer deux fois jusqu'à ce qu'il soit remplacé par une pompe en métal... Eddy « Doc » Holliweek.

Spoiler:

Deux têtes plus loin, à la table de ton ami l'écrivain, un homme à tête de fouine double la mise sur un ton plein de supériorité. Ses yeux bleus acier lui donnent un air de conquérant, certain d'être chez lui partout. Au casino, il est connu comme étant un beau parleur doublé d'un sacré emmerdeur qui trouve son plaisir à se vanter du nombre de têtes indigènes qu'il avait su récupérer lors des safaris. Cerise sur le gâteau, il s'exprime avec un très fort accent qui le rend presque incompréhensible, mais qui sonne suffisamment aristocrate pour qu'il soit perçu comme tel plutôt que comme un serf embourgeoisé. Comme personne n'avait jamais vraiment compris son nom, on l'appelle juste Lord Henry.

Spoiler:

A sa gauche, il y a enfin son meilleur ami, le seul qui puisse supporter ses bavardages qui n'en finissent jamais d'ériger des monuments de mots à sa propre gloire. Un sourd, du nom de Freddy O'Neil. Il se promène toujours avec un cornet d'audition planté dans l'oreille, mais tous ceux qui l'ont un tant soit peu côtoyé savent qu'il est capable de lire sur les lèvres comme personne.

Spoiler:

Le tour achevé, Doc Holliweek rafle la mise froidement juste après avoir abattu ses cartes. Brelan d'as. En face, il y avait bien eu un full, mais son possesseur n'a pas suivi, bluffé par l'expression absolument sobre et paisible qu'affichait le gagnant du tour. Un vague sourire soulève sa moustache, suivis de quelques froncements de sourcils du côté des moins aguerris. Mais déjà, l'on relance la mise de départ, et le croupier distribue les cartes sous les aboiements de l'homme-chien qui se ramasse aussitôt un méchant coup de martinet de la part de son maître.
    Le tournoi est palpitant, la concentration est de rigueur et les esprits sont vigilants. On peut noter, avec un oeil attentif, quelques gouttes de sueurs perlant sur le front de certains joueurs en difficultés. Le Bluff, magnifique exercice de style imposé comme règle maîtrise au Poker. Ankou ne sait pas bluffer, il n'a pas le talent avec lui de ce côté, par contre, il sait jacter. Il sait même très bien jacter et il sait tellement bien le faire qu'il peut tenir des monologues interminables. C'est d'ailleurs ce qu'il est en train de faire. Sa main est décevante, à telle point qu'il va perdre son tour, c'est certain, néanmoins, il tient la cadence avec son phrasé. Parler l'aide à ne pas trahir ses émotions, elles sont noyées dans un torrent de grimaces et gymniques propres aux acteurs de théâtre.  

    Ankou sait tricher, il l'a déjà fait mais dans un cercle amateur lors de soirée mondaine. Ici, c'est différent, c'est un tournoi avec un vrai croupier et une dizaine, voir peut être même une centaine de spectateur aux aguets. Du coup, l'écrivain se la joue réglo, pour le moment. Il est en bonne compagnie, on lui a attribué une table de joueur assez redoutable mais très conviviales. Au fur et à mesure des conversations lancées par l'écrivain pour perturber les autres joueurs, il arrive à glaner quelques noms ou surnoms. L'un se fait appeler Lord Henry, il a du style, moins qu'Ankou mais il en a, c'est indéniable. Il semble être le chouchou du public et la bête noir des membres du personnel du casino. Le lord n'est pas seul, il a un ami qui l'accompagne. Les deux hommes sont complémentaire et ne peuvent que s'entendre à merveille, l'un est sourd et l'autre est un moulin à parole.

    D'ailleurs, de toutes les tables de la soirée, celle d'Ankou est assurément la plus bruyante. C'est effrayant, entre Ankou et Lord Henry, ça pipelette comme dans un salon de thé. Ankou ne se gêne pas pour regarder de temps en temps comment s'en sort son coéquipier assit à une autre table. Visiblement, ça marche pour lui, il semble avoir fait mordre un gros poisson à son hameçon. Ankou lui, gagne quelques plis, suffisamment pour se débarrasser des premiers adversaires qui n'ont plus de jetons. A chaque manche remportée, l'écrivain fait offrir le champagne à ses compagnons de table. Le croupier se fait remplacer assez vite, il ne supportait plus les deux commères. En parlant d'eux, Ankou et Lord Henry discute de biographie.


    Mon ami, comme vos exploits sont remarquables. C'est aussi rafraîchissant qu'une séance de balnéothérapie. Avez-vous déjà réfléchi à coucher sur papier vos histoires rocambolesques ? Vous auriez du succès. Moi même, j'ai l'immense privilège et plaisir d'être le modeste nègre du nouveau capitaine Corsaire. Oui oui mon bon monsieur, celui là même qui a débarqué il y a peu sur cette île ! Tout à fait.

    Vous n'imaginez pas les immondices qu'il me narre, c'est à s'enfermer à double tour dans un boudoir avec des chocolats et attendre que votre taux de glycémie vous emporte vers un monde meilleur.

    Je vous assure, j'écris bien et fort heureusement, sinon jamais cet homme, pourtant si solidement bâti, n'aurait pu tenir un stylo. Oui, je suis d'accord avec vous, l'éducation devrait être une priorité, surtout dans les quartiers défavorisés.    


    Plusieurs joueurs se plaignent ou quitte même la table, agacés par les flots incessant et incisent de verbiages. Ce n'est pas une joute verbale mais un tournoi dans le tournoi. A celui qui conservera le plus longtemps possible la parole. Même le sourd à enlevé son cornet afin de se concentrer sur le jeu. Et hop, encore un pli pour Ankou qui fait demander une autre bouteille de champagne. Si cela continue, l'écrivain va vite perdre pied. Il en est déjà à son cinquième verres et ses joues sont chaudes comme la braise. Il se sent tout guilleret, la bonne humeur l'envahi. Il est heureux, avec des amis et des gens fort sympathique.

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    L'heure tournait et la cruelle réalité s'imposait peu à peu dans l'esprit de Crack Joe, il était en train de perdre. Pour quelqu'un comme Joseph, il était très difficile d'admettre que les choses puissent se dérouler autrement que prévues, surtout aux cartes. Tour de manches, regard de tueur pour assurer ses bluffs. L'ex-agent Patchett avait dépouillé plus d'un membre du Cipher Pol de ses économies grâce au Poker. Et pourtant ici, sur cette île maléfiqueeeeuuuuh, rien ne marchait. Il ne pouvait pas tricher librement, les joueurs ne craignaient nullement ses regards durs ou ses coups de menton volontaires. Il ne lui restait qu'une seule carte à jouer, l'ouïe ultime.

    Le nez plongé dans son verre de whiskey, on allait tout de même pas gâcher une opportunité de boire du bon alcool, Joseph laissait ses oreilles travailler pour lui. Après ses premiers errements du début de tournoi, il avait décidé de changer de stratégie. Il allait la jouer passif. Participant au minimum aux différents coups, Crack Joe écoutait et enregistrait. Il tâchait de se souvenir des rythmes cardiaques des différents joueurs. Il repérait ce petit moment de flottement, cette insignifiante accélération des battements du coeur qui trahissait jusqu'au meilleur joueur de Poker. S'il opérait avec méthode, il ne pourrait pas perdre. Après tout, il n'y avait que peu de joueurs à la table à surveiller. Et ce serait une partie de plaisir pour lui... tant qu'il ne se retrouvait pas en face à face avec  le Doc'. A première vue celui-ci n'était qu'un agonisant de plus, mais les grandes oreilles de Joseph l'identifièrent immédiatement comme sa némésis. Pensez donc, ce n'était pas un coeur qu'il avait, mais une pompe ! Une putain de pompe mécanique aussi régulière qu'un métronome. C'était décidé, celui là, il se le garderait pour la table finale.

    "Ouaf, Ouaf !"

    Tout d'abord il allait s'occuper du gras double. On était pré-flop, le noble de Marie-Joa avança ses jetons, doublant la mise. Avec des mimiques plus ou moins dépités, les autres joueurs jetèrent leurs cartes, même le Doc' ! C'était là une chance en or pour Joseph, il pouvait partir en face à face avec le noble, il allait le pousser à la faute, il allait le virer du tournoi, il allait se refaire. Il allait gagner !

    "Je suis... J'ai pas peur de toi mon gros."

    Un rictus de mépris secoua les bajoues du noble. Joseph pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert. Plus il serait provoqué, plus le noble aurait tendance à se laisser aller. Et les grandes oreilles de Joseph étaient là pour lui conférer le petit avantage décisif. Peu importe ce qu'il avait en main, ou presque. Il gagnerait !

    Le flop tomba, Valet de pique, 10 de pique, 7 de carreaux. Un bref regard à ses cartes informa Joseph qu'il était l'heureux détenteur d'un 7 de coeur et d'un 2 de piques. The Hammer, la pire main du poker. Ô joie... Au moins il avait trouvé un 7, ça ne battrait rien à part un bluff... Et l'autre, où en était il ?

    "Ouaf, ouaf !"

    Gras double relança une fois de plus, il annonçait du lourd. Il venait de mettre le double du pot. Aurait il voulu mettre fin au coup qu'il ne s'y serait pas pris autrement. Pas de doute, il bluffait. Histoire d'être sûr, le pirate écouta battre le coeur du noble un instant, un sourire mauvais naissant sur son visage tandis qu'il observait l'homme de Mariejoa.

    "Je suis..."

    Le noble fronça les sourcils, semblant étonné par la résistance du pirate qui persistait à lui sourire. Tous deux se livrèrent à un duel de regard assez infantile qui dura jusqu'au toussotement discret du croupier qui leur signalait que la turn était déjà tombé. Une Dame de coeur.

    Le coeur du gros battait la chamade, il se lissait la moustache d'un air suffisant qui en aurait bluffé plus d'un mais au fond, il n'avait rien et Joseph le savait. Il donna un nouveau coup de cravache à son esclave, coup qu'il répéta à deux reprises. Le croupier hocha la tête d'un air entendu et se tourna vers le Saigneur.

    "Monsieur vient de mettre tapis. Suivez vous ?"

    Pour toute réponse, Crack Joe se contenta de pousser ses jetons sans jamais cesser de sourire. Le croupier retourna la dernière carte, un 3 de trèfle, une brique. Le visage du noble paraissait crispé, il abaissa ses cartes avec lenteur. As de Coeur et Roi de Trèfle. Une très belle main, pas de doute là dessus mais il n'avait rien touché du tout. Tout n'avait été que du bluff.

    "Je t'ai eu mon gros."

    A cet instant toutes les couleurs parurent fuir le visage du gras noble. A l'inverse, Crack Joe lui exultait. Il l'avait fait ! Il avait viré le patapouf hors du tournoi et voir sa noble face toute déconfite ne rendait ce moment que d'avantage jouissif. Quel pied s'était de regarder le gros quitter la table en tirant sur la laisse de son esclave. Bon débarras !

    "Bwhéhéhé ! Bwhéhéhéhé ! Hey, ramenez donc une nouvelle bouteille de Sky par ici v'voulez bien ? J'compte bien rester à c'te table un p'tit moment. D'ailleurs j'me dis bien que j'vais aussi remporter le tournoi tiens. Bwhéhéhé !"

    Terriblement peu classe... Joseph Patchett n'était décidément pas un homme habitué à frayer avec le beau linge. A la table ils n'étaient plus que 5, ah non, 7 désormais. Une table venait d'être cassée pour équilibrer le nombre de joueurs. Un rapide coup d'oeil aux alentours informa Joseph que le nombre de participants avait drastiquement diminué. Ils n'étaient plus que 15 désormais réparties à deux tables, la sienne et celle du scribouillard. La prochaine étape, ce serait la table finale... Devait il essayer de virer le Doc' avant ? Bien sûr que oui ! L'adrénaline, et l'alcool, parcouraient ses veines à toute allure, lui ôtant toute prudence et tout sens des réalités. Joseph allait finir par faire une (grosse ?) bêtise...
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    -Bièène soour, bièène soour. Voyez-vous, jé souis p'lofesseurrr à la grrrrande univerrrrsité dé Jaya, chargé dé récherrrche en scienceuuus humaineuus zet sociales. Oui, oui, vrrrraiment, un beau métier. Jé dirrrrige actuellément des trrrravaux soour l'accès à l'écôle dans les quartiers défavorrrisés. Un dé mes étudiants doit être en trrrain dé prrrélever des inforrrmations sour l'îlé dé Goa, dans lé bidonville du Grey Terminal à l'hourrre qu'il est. J'ai biène essayé dé lé dissuader dé mener oune telle entrrrreprise, car voyez-vous, dans notre métier, il est prrrimorrrrdial dé sé tenirrrr informé. Savez-vous qué les choses sont en trrrain de tourrrrner au vinaigrrrre, surrrr cette île à l'o'lganisation pyrrrramidale pourtant si stable et si ancienne ? Une rrrrrévolution pour tout lé cours dé l'histouarrrre actuélle, assurrrrrément. Cé jeune sot aurrrrait du attendrrrre un peu et sé pencher sur la quouestion, son témoignage aurrrrait prrrrésenté un intérrrrêt dé prrrremièrrrre imporrrrtance pour les herrrrméneutes futurrrrs. Mais que voulez-vous donc ? Certains sont impossibles à rrrraisonner et ne demandent qu'à obtenirrrr leurs prrrémiers fonds pour par'ltirrrr crrrrapahuter dans les rrrrégions les plus dangerrrreuses du monde...

    Si toi, tu es un moulin à paroles, ton vis-à-vis est une véritable moissonneuse batteuse à déblatérations. Il ne reprend pas son souffle et sur ta table, c'est une lutte entre vous deux, à qui dominera le plus le débat. Les autres joueurs, pourtant expérimentés, ont toutes les peines du monde à se concentrer sur leur jeu et il n'y a guère que le sourd pour ne pas commettre la moindre erreur. Son expression est lisse comme une plaque de glace et nul ne fait vraiment attention à lui tant il passe inaperçu dans le décor.

    -Mais vouayons, assez parrrrlé t'lavail. Prrratiquez-vous lé golf ? Il y a ouné magnifique terrain surrrr la prrrrop'liété dé la villa. Nous pourrrrrrrions aller y jouer, tantôt. Parrrr contrrrre, jé vous le dis en bon gentleman : mon swing en a fait trrrrembler plous d'un, et ma forrrrtune s'est larrrrgement const'luite surrrr l'adrrrresse dont je sais faire prrrreuve à l'occasion des compétitions interrrr-voies... tenez, vot'le verrrrrre est vide. Cé qué cette maison peut êtrrrre mal tenue, pa'lfois... laissez-moi vous serrrrvirrrr. Ah, ça, oui, c'est une boisson d'hommes ! Une vaûûdka de l'île de Drrreum, distillée avec des plantes à génépi et dé l'anis. Ils y ajoutent dé petites paillettes d'orrr. Oui, c'est vrrrraiment de l'or, mon bon ami, des feuilles d'orrr en tous points semblables à celles qu'utilisent les arrrrtisans èmployés parrrr les grrrrandes demeurrrres ! Saviez-vous qu'il prrrrésente la pa'lticularrrité d'avoirrr des verrrtus thérrrrapeutiques, à petites doses ? Hé, oui. A chacun sa médecine, en somme.

    Il est tuant, et en plus, il te fait boire. A plusieurs reprises, tu manques de commettre un impair fatal tandis que le sourd rafle les gains, suivi de très près par Lord Henry et son épouvantable accent. Ils jouent ensemble, et maîtrisent la table. Tu finis par te qualifier in extremis, mais quand tu vas pour te lever histoire de prendre l'air en attendant le début de la nouvelle manche, tu te rends compte que l'alcool t'est salement monté à la tête. Il va falloir résister aux bonnes grâces de ton interlocuteur qui continue de s'accrocher à tes basques en te mettant un verre dans la main, si tu veux vraiment gagner ce tournoi...

    * * *

    De ton côté, le Crack, tu continues sur ta lancée en essayant de faire abstraction pour le moment de la menace que représente le Doc au cœur d'acier. Ton ouïe fine et attentive a eu raison du plus gros morceau, les autres tombent facilement sous tes coups de bluff et sous ton instinct imparable. Tu arrives à te qualifier avec une certaine aisance pour la finale, donc, et tu ne manques pas de faire connaître ta joie en beuglant à-travers la salle. Mais quand tu t'en vas pour rejoindre Ankoü en grande discussion sur la terrasse où l'on sert du champagne et des petits fours aux finalistes, tu sens une main glacée se poser sur ton épaule.

    Le doc. Il te regarde, a l'air de te jauger en soufflant la fumée de sa cigarette par le nez. Et puis, c'est d'une voix très rauque et usée, signe d'une longue et terrible maladie qu'il te dit :


    -Si jamais t'arrives à rafler la mise finale, mon gars, j'te bute à la sortie.

    Pas plus d'éclaircissements. Simple provocation visant à te pousser à la disqualification pour violences ? Ou menace bien réelle ? Le colt que tu distingues sous sa veste, alors même que les armes sont supposées être interdites pendant le tournoi te donne un bon indice.
    Si tu lui réponds, il ne le saura sans doute jamais. Il s'est aussitôt détourné pour rejoindre une drôle de dame en corset et robe à froufrous qui s'évente dans un coin avec une espèce de provocation dans le regard. Sa dulcinée ? Tu aurais juré la voir sur les quais de Dead End quelques semaines plus tôt, à jouer dans les rangs de tes catins attitrées. Mais l'éclat d'une lame dans sa manche ne peut pas t'échapper, quand elle passe tout près de toi en te dévisageant.
      "Bwhéhéhé ! C'est moi le meilleur !"

      Joseph Patchett n'avait rien de quelqu'un de modeste, bien au contraire. Son rire victorieux retentit dans toute la salle, suscitant l'ire et les commentaires dédaigneux de nombre de clients. Mais il n'en avait que faire, il avait atteint à la finale. Ce qui lui torturait l'esprit désormais était tout autre chose qu'une banale histoire de carte ou que sa très vague inquiétude à propos de l'alcoolémie de son compagnon. Non, il avait été menacé de façon très explicite par le Doc'.

      Aussi incroyable que cela puisse paraître, le mort en sursis qu'était Doc' Holiday avait bien menacé de faire la peau à l'infâme Joseph. Le propos était tellement saugrenue, que le Saigneur n'avait pas réagi immédiatement. Lentement, à mesure que la réalité s'imprimait dans son cerveau, un sourire apparaissait sur le visage de Joseph. C'était trop tard désormais, il était trop excité, il n'arriverait jamais à se retenir. Ce vieux fou et sa putain allaient mourir, Joseph allait faire de leurs visages deux belles bouillies sanglantes. Oh oui... Ca allait être si beau... Le son de leurs os se brisant sous ses poings... Il s'y voyait déjà.

      "Hum... Hum... Mesdames et messieurs, le Grand Tournoi de Poker de l'île Maléfiqueuh va bientôt reprendre. Ne reste plus en lice que les huit joueurs de la table finale, veuillez prendre place Messieurs."

      Et voilà, c'était tout lui ça. Il s'était tellement extasié sur la menace du vieux, ne se retenant qu'avec grande peine de le casser en deux sur l'instant, qu'il en avait manqué tout l'interlude ! Du buffet pas une miette il n'avait mangé et du bon alcool servi aux joueurs, pas une goutte supplémentaire il n'avait pu boire. Enfer et damnation ! Mais qu'à cela ne tienne, il se rattraperait bientôt... Cette petite greluche ne lui procurerait sans doute qu'un plaisir limité, elle ne dégageait pas la même force que le vioque et il était à peu près certain de l'avoir déjà vu sur Dead End parmi les putains du Hibou de nuit ou d'un quelconque autre rade. Alors que faisait elle ici... De l'élévation dans la hiérarchie sociale peut être ? Mouais... La lame dans la manche n'aidait pas à se faire une idée précise... Pourquoi l'avoir dévisagé alors ? Hum... Et si.... Héhé... Il aurait sans doute à causer avec eux...

      "Lord Henry rafle la mise. Le bouton passe à Mr Ankoü."

      Et voilà, ça aussi c'était tout Joseph. A se perdre dans ses pensées riches en hémoglobines, vous ne voudriez pas savoir ce qui se passe dans sa tête, il jouait comme un pied. L'utilisation de son pouvoir requerrait la plus intense concentration et là... Bah concentré il ne l'était pas vraiment, pas du tout même. Les coups s'enchainaient et ils n'étaient déjà plus que six à la table. La fin du tournoi était proche, tous pouvaient voir les berrys à portée de main. Tous, sauf Joseph. Celaa faisait trois mains d'affilé qu'il perdait, et il semblait incapable de se ressaisir. Le niveau de cette table finale était sacrément relevé et il lui était impossible de rester concentré plus de deux secondes d'affilé à cause des deux moulins à paroles qu'étaient Lord Henry et Ankoü. En faire abstraction ? Impossible. Son oreille fine allait causer sa perte carte s'ils ne se taisaient pas bientôt, Joseph allait craquer. Et s'il craquait, il y aurait du sang sur la moquette et dans ce cas, sa propre tête roulerait aux pieds de Jack en moins de temps qu'il n'en faut pour dire "Gorille". Il n'avait désormais plus le choix, s'il ne quittait pas cette table rapidement ça allait mal finir.

      "Tapis."

      Et le Crack de pousser tous ses jetons en affichant un air confiant. Sa main ? Aucune importance. Il n'essayait même pas de gagner et Doc' Holiday le sentit. Dans une quinte de toux, il avança ses propres jetons avant de révéler sa main. Une paire de Valets, bien plus qu'assez pour éjecter Joseph hors du tournoi. Le malheureux boxeur ne pût que constater sa défaite. Etait il dépité ? Pas le moins du monde mais il devait préserver les apparences. Après tout, il était un pirate irascible non ?

      Une fois l'annonce de sa défaite confirmé, Joseph saisit sa chaise pour l'envoyer se fracasser contre une machine à sous. Avant que la sécurité n'ait eu le temps de l'escorter manu militari vers la sortie, l'ami Patchett avait déjà quitté la salle du tournoi. Il devait tuer quelqu'un et vite sinon ça allait être encore pire. Rien à faire du tournoi, qu'Ankoü le gagne s'il le pouvait. Lui... Il avait une catin à retrouver et il venait de la débusquer en train de prendre l'air sur l'un des balcons de l'établissement. Personne à gauche, personne à droite. Ils étaient seuls. S'adossant à la rambarde aussi nonchalamment que possible, Crack Joe servit son plus beau sourire de taré à la jeune femme. Il faut dire qu'il se contenait à peine en cet instant.

      "Bonsoir ma belle... Tu te souviens de moi ? Oh oui, je sais que tu te souviens de moi. Qui pourrait oublier le Grand Joseph Patchett hein ? Sûrement pas une petite catin comme toi. J'espère que tes tarifs n'ont pas augmenté, car je comptais bien te louer pour la soirée... Oh, c'est quoi cette lueur dans le regard ? Tu penses pouvoir faire quelque chose peut être ? Ou que ton vioque va venir t'aider ? Il est un peu occupé là tu sais... Alors vas y ma grande, frappe moi si tu l'oses... Cette lame que je devine dans ta manche n'est pas là pour faire joli pas vrai ?"

      Le Doc' l'avait menacé ? Lui allait faire subir mille tourments à sa compagne avant de tuer la catin pour se calmer les nerfs. Un échange normal de bons procédés entre ces individus non civilisés  qu'on nommait des pirates.


      Dernière édition par Joseph Patchett le Lun 14 Oct 2013 - 20:17, édité 2 fois
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      Touche pas aux grisbi salope.

      La suite du tournoi de Poker est un peu brumeuse pour le futur célèbre écrivain. Il se souvient de quelques passages, des bribes jaillissantes de l'amnésie éthylique. Mais il va surement les oublier très vite, il faut dire qu'à ce moment précis de l'histoire, il se trouve à table, avec son comparse Joseph en train de manger des fruits de mers devant des femmes en tenues légères qui concourent pour une place de Miss Vaudou 1625. Et vu les magnifiques créatures qui se dandinent et qui défilent devant lui, il serait fou se ressasser son petit larcin de l'heure passée.

      Mais pour vous, nous allons revenir légèrement en arrière et vous raconter le bout d'histoire qu'il vous manque. Nous étions donc au tournoi de Poker et Ankou semblait filer doucement vers une ivresse non maîtrisée. Il faut dire que le Lord avait la main lourde quand il remplissait les verres du scribouillard des saigneurs et ils n'étaient pas souvent vides. Mais cette dextérité de serveur était proportionnelle au débit de parole qu'il pouvait fournir. Les deux hommes étaient visiblement sincères dans leur dialogue effréné mais l'un était calculateur et l'autre légèrement niais. Mais ce ne serait pas très flatteur de donner des noms alors passons...

      Vint la finale et ses multiples spectateurs. Les huit finalistes étaient désormais le centre de l'attention du casino et chaque paires d'yeux étaient rivés sur les rivaux luttant à coup de cartons. Parmi ces huit finalistes, on pourrait citer Joseph Patchett et Ankou de l'équipage des saigneurs, le Doc venu de Dead End accompagnée de sa pouliche mais néanmoins raffinée compagne et pour finir la paire la plus dangereuse, le Lord et le Sourd. Les autres participants ne s'étant qualifiés que par chance, nous ne nous attarderons pas plus sur eux.

      Joseph ainsi que les trois autres anonymes du tournoi furent évincés rapidement, le Doc aussi malgré quelques premières mains prometteuses. Ne restait plus qu'Ankou et le duo de choc. Les spectateurs tentaient de se concentrer sur le jeu malgré le vacarme que provoquaient Ankou et le Lord. Le Sourd, impassible, engrangeait les jetons, discrètement, silencieusement, minutieusement. L'écrivain tenait la barre grâce à ses connaissances du jeu mais c'était de plus en plus difficile, l'alcool l'ayant rongé depuis peu de l'intérieur. Ses phrases ou plutôt monologues devenaient moins pertinents, plus classiques et beaucoup plus ennuyeux. Au fur et à mesure que la tension montait, le lord mettait la pression verbale sur Ankou qui en bon gentleman se devait de répondre aux interrogations de brave homme. Hélas pour Ankou, il ne percutait pas, ne voyant pas l'entourloupe arriver. Et malheureusement pour lui, elle arriva bien vite...

      Quand il eut la main pour gagner le tournoi, le Sourd, inquiet, attira discrètement le regard de son binôme et lui fit comprendre que l'écrivain pouvait à tout moment les battre. La suite se passa dans un mouchoir de poche; Alors qu'il allait poser ses cartes, sur de son coup, Ankou, riant à gorge déployée fut une nouvelle fois court-circuité par un appel du Lord. Un nouveau verre et une longue tirade lui firent perdre de vue l'objectif, si bien qu'il passa. Le tour d'après, l'écrivain était balayé d'un revers de main par le sourd. Puis celui ci, sans discrétion cette fois, se coucha, laissant gagner le Lord haut la main.

      Un peu perdu sur le coup, l'écrivain riait toujours, ne comprenant pas la situation, complètement ivre. Ce qui le fit réfléchir fut la façon dont le Lord, ce prétendu dandy, le rembarra comme un malpropre. Insulté, écarté, bourré, circonspect , incrédule et bourré, voilà ce que ressentait Ankou. Tandis que la foule acclamait le vainqueur et que celui ci se pavanait au milieu de ses adorateurs d'un moment, le tout saupoudré de confettis tombant du ciel, l'écrivain lui, comprenait enfin la situation. Il avait perdu ou plutôt, on l'avait aidé à perdre. Repassant le tournoi au ralenti dans sa tête embrumée par l'alcool, il tentait tant bien que mal de tirer l'affaire au clair. Quand il fut clair dans son esprit qu'on l'avait dupé, l'homme, pourtant si posé d'habitude, s'emporta..  


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