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Je ne suis qu'un simple poisson...

Rappel du premier message :


Et vous savez, hier, on a vu un gros poisson avec une tête de chat ! Il était énooooorme ! Plus gros que Requin ! J’aurai bien voulu aller lui dire bonjour, mais les messieurs du bateau ils ont pas voulu me laisser descendre du bateau…
Ils ont surement raison…
Oui… Peut être… Mais ça fait longtemps quand même que je ne suis pas allée dans la mer. Je sais que c’est mieux comme ça, et que je n’ai pas à me plaindre. Oh, non, je ne dois pas me plaindre. Mon maître serait très mécontent si je me plaignais… Mais je suis un poisson alors c’est normal pour moi de vouloir aller dans la mer, vous ne croyez pas ? Mais bon, d’un autre côté, les gens sur ce gros bateaux sont gentils avec moi, ils m’apportent des fruits frais touuus les jours ! Et même du raisin ! Et vous ? Vous aimez le raisin ? C’est si frais et juteux ! Hmmm ! Rien que d’y penser j’ai envie d’en manger !
Alors que je parle à mon cadeau qui porte ma voix jusqu’à mon ami, un petit poisson logeant avec moi dans cette aquarium m’interrompt et tente de communiquer tout en sanglotant.
Qu’est ce qu’il y a Fifi ?

Quoi ? Ils ont emmené Doudou ?! Mais pourquoi ?! Doudou !
Je suis désolé Monsieur, je dois vous laissez ! Soyez prudent, d’accord ! Le petit escagophone à tout juste repris de ses blessures, il ne faudrait pas qu’il en ait d’autres ! Je sais que vous êtes invincible mais je suis triste quand mon cadeau est blessé…

Il ne le sera pas. Va.
*Gotcha*

Je laisse donc mon cadeau sur la plateforme flottant au dessus de l’aquarium pour en revenir au problème de Doudou qui a disparu. Tous mes petits amis poissons ont l’air très inquiet par cette nouvelle. Les humains du vaisseau l’auraient emmené ? Mais pourquoi ?

Non, voyons, ne panique pas Titou. Je suis sûr qu’il y a une explication logique. Peut être était-il malade ? Quelqu’un sait s’il était malade ? Non ? Tu dis qu’il était en pleine forme ? Bon… Non, s’il te plait Nana, ne pleure pas… Tu dis des bêtises, nous ne sommes pas là pour être mangé, je vous assure !

Mes pauvres petits amis sont tous effrayé et je ne sais pas comment les rassurer. Alors, je dois savoir ! Je remonte à la surface du bocal pour parler aux messieurs sur le bateau.

Dites, dites, s’il vous plait… Je suis désolé de vous déranger mais… Mon ami Doudou a disparu de l’aquarium et les autres poissons m’ont dit que c’était un humain qui l’avait enlevé… On est tous très inquiet pour lui… Vous savez ce qu’il a ?
Euh…
C'est-à-dire que…
Je… Je crois que le médecin… a… vu… qu’il…euh… était… blessé ! Oui, il a du abimé sa nageoire et il avait des problèmes pour nager.
Alors il l’a sorti de l’eau pour le soigner ! Il sera surement vite guéri.
Mince… Je n’ai rien vu... Pauvre Doudou. Merci de m’avoir prévenue !  Je vais tout de suite aller le dire aux autres poissons !

Mais avant même que j’ai le temps de détourné le regard, un homme vêtu de blanc fait son apparition sur le pont, un magnifique plat en argent posé sur sa main !

Et voilà ma merveilleuse nouvelle création ! Le poisson soleil à la sauce lunaire !

Et le monsieur tourne sur lui-même pour bien montrer son plat à tout le monde… Même à moi, même aux autres poissons de l’aquarium.
Doudou…
Doudou !


DOUUUUDOUUUUU !!!!!

Les larmes pleins les yeux, je ne réfléchis pas et saute hors de mon bassin, rampant à pleine vitesse sur le pont jusqu’à cet homme qui porte mon ami sur un plat. Je m’accroche à lui et dans un bond, je réussis à attraper le plateau. A le faire tomber. Doudou, mon pauvre Doudou… Que t’a-t-il fait ?
Aie !

Mais tu es chaud ! Tu es trop chaud ! Et tu ne bouges plus ! Tu ne…
*Snif*
VOUS L’AVEZ TUÉ !!

Et soudain, les bulles de Nana me reviennent en mémoire.

Vous l’avez tué et vous vouliez le manger… Vous allez tous nous manger, c’est ça ?! Vous M’AVEZ MENTI ! OUIIININININININININININ ! OUUUIIININININININININ ! BONSIEUUR ! ILS M’ONT BENTI !!! OUIIININIININININ !!! […]
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Grondement sourd.

L’agitation sur le bateau couvre à peine cette voix rauque qui s’élève du fond de la mer. Mer calme en apparence, qui retient en elle mille secrets. Les bateaux du port se mettent progressivement à tanguer, doucement d’abord, puis dangereusement ensuite. Le Léviathan, pourtant admirablement robuste, suit le cours des vagues qui prennent en volume et en intensité.

Elles sont plus rapides, plus proches, plus grosses, comme agitées par Poséidon lui-même. Le mât du navire gigantesque oscille de gauche à droite, empêchant les combattants de poursuivre correctement leur affrontement. Sur le pont, on s’inquiète. Certain approche du bord du navire pour sonder du regard la profondeur de l’eau. Il y a-t-il quelque chose. On jacte qu’il n’y a rien, que c’est étrange pas vrai, on rajoute que c’est sûrement le vent qui se lève, peut-être une tempête qui approche.

Peut-être une tempête.

Silence de plomb.

Seulement le son des coques qui s’entrechoquent. Celle du Léviathan qui cogne contre le quai du port. En touchant les rambardes et les murs, on perçoit un tremblement distant, puis plus puissant, plus proche et plus intense. On perçoit…

Une ombre, venant du fond, remontant progressivement. D’abord un point minuscule perdu dans l’écume, ensuite une masse informe qui frôle le dessous du Léviathan…

Il y a quelque chose !

Et la chose surgit soudainement, s’élançant à la surface de la mer en créant un remou infâme. Le Navire de l’Amiral en chef se soulève soudainement, comme s’il n’était qu’un simple plume, manquant d’atterrir sur le quai ou il a posé pied. Tous s’agrippent, ou tentent de s’agripper, comme ils le peuvent, avec les moyens du bord. Les petits navires s’éclatent les uns contre les autres, la vague mange le port et l’englouti avant de se retirer et de revenir… On cri. Beaucoup. Et les yeux s’écarquillent d’effrois en voyant la bête qui se dresse devant eux.

Spoiler:

Un petit ronronnement s’échappe de la gorge du Roi des Mers. Ronronnement. Il cherche des yeux. Il cherche et il trouve. Il se penche, de toute sa masse, vers la sirène qu’il regarde avec un air presque attendri. Et il se tourne. Vers las autres autour. Les autres hommes qu’il ne connait visiblement pas, et envers qui il éprouve une certaine antipathie qui se fait connaitre bien vite.


RRROAAAAAAAAAAAAAAAARRRRRRR !


Souffle, bave, morceau de poissons mal digérés… Les Hommes autour sont soufflés par la puissance de son cri. Et sans prévenir, la bête enfonce ses crocs acérés dans la structure précédemment abimée, arrache le restant de la cabine, le parquet au sol, mord l'acier qu'il tord dans sa gueule..., d’un mouvement brusque, il arrache tout, brutalement, et le balance à la mer.

Trou béant. Hommes à la mer.

Il se stoppe et lâche un long souffle en surveillant le reste des Hommes qui s’agitent autour.
    Je me recule comme je le peux, me plaquant contre le mur le plus proche. A quelques centimètres de moi, la dent pointue s’enfonce dans le parquet ciré comme dans du beurre fondue. Elle tire, racle, emmène avec elle des tonnes et des tonnes de bois et de fer qui unissaient avant presque deux niveaux... En se reculant, son œil se pose sur moi. Il me fixe, un temps. Un œil grand, aussi grand que moi. Plus grand que moi. Un œil qui me traverse, qui me voit sans me voir et qui s’éloigne. Un frisson d’horreur me parcourt… La bête se redresse, recrache ce qu’elle a pris, hurle à nouveau, s’agite en soufflant.
    Une sensation désagréable étreint mon cœur. Elle sert, elle use. Elle m’empêche l’espace de quelques secondes de respirer. J’halète en me recroquevillant sur moi-même, plaquée toujours contre ce mur dans lequel mes doigts s’enfoncent. Devant moi, un trou béant, dans lequel il me serait si facile de tomber. Les gravats ricochent jusqu’à la mer, et lui, le Roi des océans, le maitre des lieux, ne bouge toujours pas. Il méprise du regard, juge, attend impatiemment un ordre, une réponse, une esquisse de réponse peut-être, ou simplement une riposte.

    Autour de moi, rien ne bouge. Rien ne parle.

    Je suis pétrifiée. Par la peur. A quelques centimètres près, j’aurais fini dans sa gueule. Croquée, comme cette partie du navire que je suis censée protéger. Traversée par cette dent aussi dure que l’acier. Broyé dans sa gorge. Cette vision me fait déglutir… Je me sens mal, soudainement, comme prise d’un vertige qui me force à me fondre un peu plus contre ce mur… Cet espace restreint que je chéris comme une bouée de sauvetage en pleine tempête…

    Bee. Je pense à Bee. Je veux qu’il me protège.

    Lilou…

    Rien ne me parvient. Sur le pont, pourtant, les gens s’agitent, ils crient de peur en regardant ce Roi des Mers qui les menace de sa simple présence. Ils tremblent, et comme des hommes qui ont peurs, ils s’arment pour attaquer, renvoyer la menace par le fond. Mais les balles ricochent sur ses écailles, l’énerve un peu plus sans doute…

    Je n’ai pas envie d’être ici. Je n’ai pas envie de vivre cette journée. Je voudrais qu’elle s’arrête. Maintenant.

    Je voudrais…

    Lilou !

    Qu’Oswald fasse quelque chose, lui qui a le don pour me changer les idées. Que Wallace soigne tout ça. Qu’il n’y ait plus une marque de cette journée. Que Salem s’illustre comme il sait si bien le fait, en sauvant tout le monde… Que Shiro ou Envy remontent le temps, avant l’arrivée du monstre… Avant l’arrivée du Tenryuubito.

    Si les choses étaient à refaire, je changerais tout.

    LILOU !

    Mes yeux se posent sur le trio que j’avais réussi à oublier. Salem, allongé sur le parquet détruit, tenu à l’aide d’une lamelle mal brisée qui lui sert de prise avec son pied. L’homme s’est précipité pour sauver des gens, ne songeant même pas à sa propre vie… Equilibre précaire, les craquements du bois sont menaçant. Mon cœur se serre… Il a les deux mains dans le vide, tenant deux personnes qui hurlent à s’en casser la voix. Le Noble Céleste qui jure, supplie, menace. Daenerys, qui pleure de plus belle… Dessous, le vide, la mer agitée qui va et qui vient, comme un monstre carnivore dévorant tout sur son passage…

    Et Wallace ? Ou est Wallace ? Renvoyé en arrière lors de l'arrivée et la morsure de la bête. L'homme a échappé au pire en essayant de sauver la sirène, mais ça n'a pas eu l'air de suffire...

    Attrape-la !

    Il les tient, à bout de bras. Equilibre précaire, il lutte pourtant pour que tout le monde reste en vie… Il sert, comme il le peut, il sert en essayant de les remonter à la force de ses seuls muscles. Mais l’agitation autour ne l’aide pas à rester concentrer. Il me jette un regard désespéré, il attend du secours… Lui, Salem. Le grand Salem, impassible souvent, puissant tout le temps, lutte pour sauver deux vies accrochées au bout de ses doigts.
    Les miens parcourent ses muscles, lui viennent enfin en aide... Je me précipite à ses côtés et me jette par terre. Mes jambes se plient sur un morceau de ferraille qui soutient mon poids. Je m’allonge et tends les mains pour attraper celle de Daenerys que je remonte comme je le peux. Elle pleure, elle pleure si fort en hurlant de peur… Je tire, de toutes mes forces, pour sauver cette amie que je dois sauver par-dessus tout.

    Protège la…

    Un sourire. Un simple sourire.

    Et un craquement.
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    C’est comme si on écrasait mon corps dans un étau paralysant. Comme si, soudainement, sous mes yeux, le temps ralentissait dans le seul objectif de bien laisser la scène se tramant me frapper.
    Me frapper d’une panique inconcevable.

    Un gouffre monstrueux creusé à même les fondations du navire. Une rouquine terrifiée tenant entre dans ses bras une sirène en larmes. Un amiral nimbé de foudre s’enfoncer dans le Léviathan, cramponné à un corsaire dans une étreinte mortelle. Un titanesque roi des mers enrageant devant le navire. Et Salem, Salem qui pose un dernier regard vers Lilou, puis qui souffle quelques mots qui se perdent.

    De toute façon, je n’entends plus rien, je ne comprends plus rien. Je ne suis que le spectateur d’une scène qui me dépasse. Un spectateur paralysé lorsqu’il comprend ce qui va arriver dans un instant.

    Craquement.

    Je ne sais même pas si j’ai hurlé, si mon cri ne s’est pas simplement éteint avant d’atteindre l’extérieur. Je ne sais même pas si ce corps bicolore qui se jette vers le vide m’appartient, si les frissons de panique et de terreur qui le parcourent sont miens.

    L’homme qui tombe, là, dans ce gouffre, vers l’eau. Ça ne peut pas être Salem. Cette silhouette massive accompagnée d'un Dragon Céleste qui s’écrase contre l’eau, en contrebas, dans un éclaboussement monumental, ce n’est pas le Contre-amiral que je considère comme mon exemple à suivre. Ce n’est pas ce bretteur d’exception qui m’a sauvé maintes fois. Ce n’est pas ce meneur d’hommes aimé de tous, ni ce coureur de jupons incorrigible.

    Non. Il ne peut pas mourir. Pas comme ça. Pas maintenant.

    -SAAAAAALEEEEEEM!!!!

    Je me propulse vers le vide, dans un élan de désespoir, dans une course perdue d’avance. Mais je sais que je dois sauter, ne serait-ce que pour le rejoindre, ne serait-ce que pour me dire que j’ai tenté quelque chose. Je ne sais pas nager, mais je sais encaisser, et j’encaisserai même la mort si ça me permet de remonter cet homme dont on ne saurait voir là où il est tombé. Mais là où il s’est écrasé contre la mer, il y a désormais un serpent de mer de plus de cent mètres de long. Une créature de légende invincible, un monstre capable d’évincer même le plus puissant des combattants.

    Même Salem.

    Et lorsque je saute, lorsque je quitte le Léviathan d’un bond prodigieux pour m’élancer vers les eaux tumultueuses, c’est une poigne à me broyer les côtes qui me retient. Wallace!

    -Oswald! Ne fait pas de geste inconsidéré!
    -AAAAARG!! LÂCHE MOIII!

    Je me débats comme un diable, mais avant même que je ne puisse esquisser un mouvement vers le vide, le médecin m’écrase contre le plancher du navire, en allant même à me plaquer le crâne au sol avec sa lourde botte.

    Mais je dois sauver Salem! Je dois me lever! Ça ne peut pas se passer ainsi!

    -DÉGAAAAGE! SAAALEEEEEM! SAAALEEEEM!

    Je ne sais même plus pourquoi je hurle, désormais, je ne sais même plus si ces cris servent à quelque chose. Je ne sais même plus pourquoi je me démène pour me dégager de l’emprise du docteur. Tout ce qu’il me reste sont les larmes. Des larmes qui inondent mon visage et embuent mes yeux.

    C’est terminé, il est tombé.

    -Saleeem… Saleeem...

    Des plaintes qui ne m’appartiennent pas qu’à moi. Des cris et des appels poussés par tous ces hommes qui fixent l’eau, prostrés sur la rambarde du navire, à la recherche de leur chef.

    Il est tombé, mort, écrasé par le roi des mers…

    Il est mort. Salem est mort. Mort pour sauver Daenerys.

    Pour sauver Daenerys et...

    "Le Dragon Céleste"

    Sur l’instant, c’est un goût de meurtre qui me saisit. Un besoin insatiable d’éviscérer ce sale noble qui a aussi rejoint le fond marin, responsable de tout ça. Un sentiment si puissant que le goût du sang en afflue même à ma bouche. Mais il n'est plus là, il a sombré avec Salem... Si seulement il se trouvait toujours là, je pourrais l’ouvrir et le saigner comme on le fait avec un porc.

    "Le faire souffrir comme il le mérite…"

    L’écarteler, lui scier la jugulaire et le démembrer comme l’ordure qu’il est. L’enfoncer dans un mur et le marteler de coups jusqu’à ce qu’on ne puisse plus reconnaître sa foutue gueule de noble. L’écorcher, le taillader, le martyriser, l’écraser…

    RRROOOOOAAAAAARRRRR!!!

    Mais le monstre, lui, n’en a pas fini. Il soulève des vagues et des vagues d'eau alors qu'il se soulève pour replonger vers l'océan. Comme un véritable serpent, le roi des mers se ramasse sur lui-même, près à se détendre avec une force renouvelée et percuter l'onde tumultueuse de sa magistrale puissance. Mais ça, ça implique qu'il percute le bateau de tout son corps, de par sa proximité dangereuse. Je jette un regard désespéré autour de moi, Lilou et Daenerys sont toujours sur ce petit éperon  de bois détruit, face au vide et à la mer. Si elles restent là, elles iront elles aussi s'écraser dans l'eau en contrebas, et sombreront peut-être aussi avec le monstre.

    -Wallace! Laisse-moi! Elles sont en danger!

    La pression sur mon dos se relâche, assez pour que je me relève en essuyant mes larmes. Il faut se ressaisir, les larmes viendront plus tard. Je cours vers le rebord du navire éventré, puis envoie une vague de froid durcir et acérer mon bras droit qui devient une véritable lame. Je me campe solidement, puis hèle Lilou dans un cri mal assuré, tentant de mon mieux de couvrir les rugissements et les sifflements du monstre.

    -Lilou! Dae! Accrochez-vous!
    Dark Slash!

    Je frappe le vide, et de mon bras d’acier nait un croissant noir qui fend l’air en parcourant la distance me séparant des deux filles. La lame de vent ténébreuse s’écrase sous la fraction de plancher soutenant la rouquine et la sirène, les faisant toutes deux chuter vers le bas, dans le vide. Toutefois, j’ai déjà bondis, me projetant vers mes deux amies et les serrant puissamment contre moi, comme s’il n’y avait rien de plus important au monde.
    Et c’est même le cas.

    Les ayant happé en pleine descente grâce à mon élan, nous traversons tous trois la distance nous séparant de l’étage inférieur, lui aussi éventré par la gueule du titan des mers, et allons nous écraser contre le sol de ce dernier. J’encaisse le choc avec mon dos, empoignant avec l’énergie du désespoir la sirène et l’ingénieure contre moi.

    L’instant d’après, le roi des mers se tend et se crispe avec puissance. D'une propulsion phénoménale, il fait exerce un arc immense de son corps dans les airs avant de plonger dans l'eau en soulevant de véritables tsunamis, mais aussi en rasant de près le flanc du Léviathan de ses énormes écailles rouges. Des éclats de métal et de bois de toute sorte pleuvent sur nous lorsque le roi des mers s'enfonce définitivement dans l'eau. Mais nous sommes saufs, au moins.

    Et même si, quelque part dans le navire, un corsaire et un amiral s'affronte. Je ne trouve rien de mieux à faire que rester allongé sur le sol, couvert de poussière et de gravas. Rester allongé en serrant malgré moi les deux filles contre mon torse... et pleurer.

    Pleurer comme un gamin. Pleurer comme quelqu'un qui n'a pas pleuré depuis des années.

    Pleurer parce qu'à un endroit de le ciel... une étoile vient de mourir...
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    Salem, mort.

    Le dragon céleste, mort.

    Le Léviathan et ses hommes, en péril.

    Pas besoin d’être sage pour comprendre que le ridicule motif qui a engendré cette suite de désastre a disparu avec la mort de l'homme de Marijoa. Pour comprendre que cet affrontement stupide n'a plus aucune raison d’être et qu'il est temps de sauver ce qui peut encore l’être.
    Délaissant son adversaire, l'Amiral se tourne vers la mer et les vies qu'il ne ressent plus, et obéissant à son signal une pluie d'éclairs traverse le ciel pour s'abattre sur le monstre qui vient de plonger, s'assurant qu'il ne causera pas de nouveaux dégâts à ceux qui lui ont échappés. Et Shiro n'a pas le temps d'en faire plus. Juste celui de réaliser que tout le monde n'a pas le temps ou l'envie de raisonner aussi clairement que lui. Et que pour certains, un combat ne cesse que faute de combattants.

    Pour Envy par exemple. Envy qui profite de la distraction de son adversaire pour surgir à ses cotés et le cueillir en plein visage de sa canne lesté de granit marin. Envy qui se fout des choix qui poussent Shiro à l'action et qui n'écoute personne, tout entier concentré sur sa sirène et ses ennemis.

    La frappe suivant loupe l'amiral d'un cheveu et le poing crépitant de Shiro vient s'écraser comme un marteau sur la poitrine du corsaire qui recule en titubant, se remettant péniblement en garde au moment ou le bras de l'amiral se tend vers lui pendant qu'il stocke assez d'énergie pour mettre fin à ce combat d'un seul coup.

    L'éclair traverse une nouvelle fois la cabine. Lumineux, aveuglant, fatal. Grillant les rétines de tous ceux qui n'ont pas le visage plaqué au sol. Et laissant aux spectateurs plusieurs secondes d'un flou lumineux avant de leur laisser contempler la derniére scéne de la tragédie du jour.

    Envy est toujours la, à moitié effondré le dos contre une cloison, son arme a roulé au sol sans qu'il fasse quoi que ce soit pour s'en saisir, ses mains sont ouvertes, son visage toujours impassible soudain marqué par une douleur cachée et une intense surprise. Celle qu'on peut avoir en se ressentant soudain mortel.

    Ou humain.

    Ou miraculeusement sauvé par la plus inattendue des héroïnes.

    Et dans les mains tendues et désarmées du corsaire c'est Daenerys qui vient s'effondrer sans un bruit. Daenerys qui contre toute attente s'est libéré de l'étreinte d'Oswald pour se jeter en travers de la frappe de l'amiral et protéger la premiére personne qui n'ait pas cherché à l'utiliser. Daenerys frappé en plein milieu du dos par la foudre.

    Daenerys qui s'effondre pendant qu'autour d'elle tout se fige. Pendant que le regard de Shiro se voile en prenant conscience de ce qu'il vient de faire.

    Et qu'au loin en mer d'innombrables créatures marines arrêtent soudain toute activités pour se tourner dans la même direction.

    Vers le léviathan et sa sirène.


    Pas de violence, c'est les vacances !
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    Cette sensation est très bizarre. J'ai eu très mal ! Vraiment beaucoup ! Mais maintenant, ça va. Je suis juste fatiguée... Juste très fatiguée. Et je ne peux plus bouger. Mais tout va bien, Monsieur n'a rien. J'ai réussi à le protéger. Et maintenant il est là, près de moi, comme je l'ai toujours voulu.

    Dae ! POURQUOI ?! Pourquoi t'as fais ça ?!
    Je... Je ne voulais pas vous voir encore souffrir Monsieur. Je... Je ne pouvais pas le laisser faire. Vous êtes venue me sauver et à cause de moi vous êtes encore tout blesser... Je... je ne voulais pas vous perdre Monsieur ! Vous êtes mon ami. Mon meilleur ami ! Alors je ne pouvais pas vous laissez souffrir à cause de moi.
    Et Toi, hein ? Comment suis-je censé le supporter ?!
    Mais je vais bien Monsieur. Tant que vous êtes près de moi, je vais bien.

    Un instant de silence, il est en colère, ça se voit, mais il est près de moi. Il m'a tellement manqué. J'ai tellement de chose à lui montrer ! Et pourtant, là, je ne peux pas bouger. Et, pire, je suis fatiguée...
    Très fatiguée.

    Monsieur ? Vous allez rester avec moi hein ? Vous n'allez pas encore repartir ?
    Non, bien sur que non. Je suis revenu pour toi poupée, pas pour partir.
    Alors je peux dormir maintenant... Je... Je peux dormir avec vous près de moi...
    Dormir ? Non non, tu ne peux pas ! Hors de question que tu dormes. Si tu veux que je reste il faut que tu luttes poupée, que tu rouvres ses yeux et que tu me regardes ! Y'a trop de choses à faire pour que tu dormes maintenant ! Alors secoue toi !
    Mais... *Snurf*Je n'y arrives plus Monsieur. Je ne vous vois plus même avec mes yeux ouverts. Et je suis si fatiguée. S'il vous plait, Monsieur, ne partez pas...
    Je.. Je vous aime, Monsieur.


    ...

    DAE !
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    Et Envy si sur de lui d'habitude ne sait soudain plus quoi faire de ses mains pleine d'une sirène qui se meurt et qu'il est incapable d'aider. Il lui attrape la tête, la serre dans ses bras, tente maladroitement de lui prendre son pouls et de la secouer pour la ranimer. Tellement préoccupé par sa sirène qu'il en oublie même de s'en prendre à Shiro.

    -DAE !

    Et bien que personne ne se risque jamais à le constater à haute voix on ne peut se méprendre sur l'angoisse et la panique qui imprègnent le cri du corsaire alors que les secondes passent et que Dae n'offre au monde aucun signe de vie.

    -UN MÉDECIN !

    D'un bond Envy est sur pied, ignorant Shiro toujours immobile pour agripper d'une main de fer le marine le plus proche et le secouer comme un prunier en lui hurlant dessus.

    -UN MÉDECIN ! TROUVE UN MÉDECIN TOUT DE SUITE !

    Et sans laisser le temps à sa victime d’émettre le moindre son il la propulse dans la coursive la plus proche avant de soulever délicatement la sirène pour suivre le mouvement avec une seule idée en tête. Gagner la zone médicale du léviathan le plus vite possible.


    Te casse pas la tête ami pirate. Je m'en charge...

    Je ne suis qu'un simple poisson... - Page 2 Envy-imagesia-com-301k-large_imagesia-com_cd5h_large
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    Un regard. Un seul. Ils se l'échangent au moment où Salem passe. Le genre de moment qui tire et s'étire. Qui dure à n'en plus finir. Puis l'un des deux rompt le contact, vole au secours des autres. Sacrifice ultime. Le moment où tout bascule, où la destinée prend son envol. Le temps d'un battement de papillon pour les uns. Mais pour lui, c'est tout autre. Wallace entrouvre la bouche, émet un son que nul n'entend.

    Occupe toi bien d'eux.

    Ouais, c'était ce qu'il lui avait promis.

    La  main du monstre s'empara de l'échine de Double face avant qu'il ne fasse l'erreur de sombrer. Déséquilibré par le navire vacillant, le médecin fracasse les esquilles de bois de son pied, avant de rouler à terre, emportant Oswald avec lui. Le souffle purulent de la bête les enveloppait entièrement, occultant leur propre puanteur. Le Docteur apposa sa jambe sur Jenkins pour l'empêcher de sacrifier inutilement sa vie, tout en se relevant. La colère aveuglait Double Face et le privait de sa mesure habituelle, donnant l'avantage au monstre. Les hommes se massent, pleurent et crient. Le chapeau du monstre s'envole,  soulevé par les vents générés par la bête. Une chape de plomb s'était emparée de son coeur, mais il se devait de rester fort. Pour eux, pour lui. En Son honneur. Le navire trembla sous un nouvel assaut, puis les cris des deux femmes le firent lâcher Oswald. L'Amiral était engagé dans un duel fracassant avec le Corsaire. Pas de secondes à perdre avec la démesure de leur bataille.

    Double Face s'échappa, fonçant à leur rescousse. Quant à Wallace, il se retourna vers les combattants,  bien décidé à les empêcher de s'entretuer malgré sa faible fonction. Tout autour d'eux volait. Le monstre rugit, le bois d'Adam se fracassa et un air de fin du monde se profilait. La foudre en la personne de l'Amiral. Rien ne manquait au tableau. Le bras de Fuuryuko se tendit, la tension montait et crépitait. La fin pour Envy ? Levant son bras, Wallace lui hurla de s'arrêter, mais il était déjà trop tard. La foudre fendit l'air, cinglant les tympans de tous. Par réflexe, le monstre se protégea les yeux, hurlant de douleur. Puis un grand craquement retentit. Malheureusement trop près de la décharge, il se prit un trait secondaire qui l'envoya dans le décor, s'écrasant fumant dans les gravats. Un affreux goût de sang envahit sa bouche,  le ramenant au statut de spectateur.


    "Daenerys ..."

    Il tâtonna à la recherche de sa boîte de pilules, tirant sur son âme pour se relever. Un simple coup d'une puissance effarante, et elle l'avait reçu de plein fouet. Le monstre se releva, grognant de rage. La rage de ne pas avoir pu agir. Il arracha la poutre qui lui barre le passage, explosa de cette même rage qui le maintenait dans le royaume des vivants. Arrachant ses vêtements, se retrouvant torse nu, blessé.  Un oeil courroucé à l'Amiral, un oeil révolté vers le monstre. Il se dressa face à Envy, le surplombant de sa taille affreuse. Le visage balafré, une boîte de pilules à la main.

    "Laissez-la moi." grogna-t-il d'une voix qui n'avait plus rien d'humain.

    Il s'empara de la sirène, mettant le Corsaire au défi de l'en empêcher. Oui, au défi. Lorsque la vie était en jeu, les rangs et les grades n'existaient plus. C'était la dimension de la ferveur de Wallace. Envy pouvait le tuer, le briser. Mais là, il y avait une sirène à sauver, envers et contre tout. Il devait le faire, il l'avait promis à Salem. Il adressa un regard soucieux à l'Amiral, un regard qui l'implorait de cesser le combat, de s'arrêter là. De ne pas tous les tuer. Mais Fuuryuko n'était pas ce genre d'homme, du moins il l'espérait. Clopin-clopant, le Docteur la posa délicatement sur le sol, prenant son pouls de ses gros doigts. Faible. Mais existant.


    "Unité médicale d'urgence, vous savez quoi faire." fit-il à l'un des matelots.

    Il ouvrit sa boîte. Au centre trônait un loquet avec un code. D'un doigt, il le défit, ouvrant le compartiment pour révéler une pilule de la taille d'un oeuf de caille. Noire. Il l'introduisit délicatement entre les lèvres de la sirène puis massa sa gorge, faisant glisser la pilule sans qu'elle ne s'étouffe, comme il l'aurait fait avec un oisillon. Il fit signe à un matelot d'enlever sa tunique et s'en servit pour lui faire un oreiller. Le pouls de Daenerys diminuait petit à petit. De plus en plus.


    "Envy." lâcha le monstre.

    Une convocation du dernier espoir.


    "J'ai besoin de vous, asseyez-vous en face de moi." l'implora-t-il, de ses grands yeux jaunes.

    Un frisson parcourut l'échine de la sirène, et celle cessa de respirer.


    "Trois expirations. Ne vous trompez pas, trois : c'est une sirène, quatre satureraient ses poumons, deux ne pourraient la relancer. Lorsque je vous donnerais le signal. Maintenant, tenez-la comme ça, renversez sa tête. Voilà. Oui, c'est du bouche à bouche. Je n'ai pas de lèvres, je ne m'y risquerais pas." lui expliqua-t-il, prenant ses mesures sur le thorax de la sirène.

    "À quinze, ce sera à vous. Bordel, mais que fout ce brancard ?" hurla-t-il, sans prendre en compte le silence qui s'était installé des kilomètres à la ronde.

    "Amiral, vous voulez bien faire office de défibrillateur ? Commencez à 500 volts et augmentez d'autant à chacun de mes appels." demanda-t-il à Fuuryuko, du ton insolent que les médecins ont le droit d'utiliser lorsque la vie d'autrui est en danger.

    Et il commença à pomper,  appuyant à intervalles régulières sur la poitrine de la pauvre sirène. De ses gros doigts griffus, d'une infinie délicatesse pour le monstre qu'il était. Il saignait,  souffrait. Mais ce n'était pas important. Wallace était tendu comme un arc, terrifié à l'idée de ne pas respecter sa promesse et de la perdre. Terrifié à l'idée de laisser quelqu'un mourir.
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    On doit partir d’ici…

    Ma voix s’éteint dans ma gorge. Je regarde la mer dans laquelle flottent ces cadavres. Par dizaine, s’entassant au milieu des planches à moitié détruites et carbonisées. Le navire éventré. Il n’y a personne pour m’entendre, personne pour m’écouter. La foule se presse autour de l’équipe de médecins qui tente de sauver Daenerys. Envy accroupi, Shiro les mains posées sur les flancs de la sirène, Wallace en train de faire son travail. Un temps interminable où je ne peux me résoudre à regarder le corps de mon amie se faire malmener encore. J’en ai assez. J’en ai marre.

    Je ne veux pas voir ça…

    On doit s’en aller. On ne peut plus rester, il faut…

    J’ai la désagréable impression que quelque chose ne tourne plus rond ici. Qu’un sens s’est définitivement perdu. Les mots que je prononce à voix haute ne veulent plus rien dire. Ils semblent dénués de raisons, comme vidés de leurs définitions… Les ordres de Wallace tonnent pourtant tout autour. Et finalement la nouvelle tombe. Elle vit. Encore, mais il ne faut pas tarder à l’opérer. Wallace demande à l’Amiral et au Corsaire de se retirer et de la lâcher. Il ordonne à son équipe de la transporter en salle d'opération où il s’occupera d’elle. Il remercie tout le monde, s’essuie le front et suis les pas des hommes sous ses ordres pour continuer son œuvre…

    Il faut reconstruire et retrouver les…

    Corps.

    Les corps flottant tout autour. Mes mains se crispent, je ferme les yeux. Depuis tout à l’heure, mes pupilles vont d’un cadavre à l’autre, en essayant de distinguer un visage que je pourrais connaitre. Je ne sais pas ce que je m’inflige. Je ne sais pas pourquoi je fais ça. Je m’arrête parce que ça fait mal et j’ai si peur de voir remonter à la surface le cadavre de Salem. Un haut de forme flotte à la surface, ramené vers le navire par les vagues de cette mer auparavant déchainée…

    Je ne veux pas voir ça…

    SHIRO !

    Le Corsaire Envy coupe ce silence pesant, comme le fracas qui suit son mouvement. Les rescapés hurlent qu’il ne faut pas, qu’il ne peut pas, mais l’offensive du Corsaire bientôt déchu reprend quand même, se jetant vers l’Amiral dans le but évident de lui faire la peau.

    Mais je ne veux toujours pas… Je n’en veux plus…

    Mes muscles se tendent, se crispent, se mettent en mouvement, ma course me fait avaler la distance jusqu’aux combattants et d’un bond furieux, mon pied s’imprime dans le thorax d’Envy, le renvoyant en arrière. Mon haki ne fait qu’un tour et nappe mes membres, l’autre prend le pas sur le reste : Je ne réponds plus de rien. J’en ai assez.

    CA SUFFIT !!!

    Les hommes autour tombent comme des mouches, la bave aux lèvres, assommés par le haki des rois qui fait son office, tandis que je choppe le Corsaire par le col de son vêtement pour le plaquer contre le mur le plus proche… Il sent aussi cette chape de plomb, mais reste très conscient de ce qu’il se passe. Ses mains s’emparent de mes poignets dans l’optique de me repousser, mais je tiens la prise et l’immobilise toujours :

    C’est de sa faute ! C’est à cause de lui ! JE VAIS LE BUTER !
    J’EN AI MA CLAQUE DE VOS CONNERIES ! LA FERME, MAINTENANT !
    LA FERME !

    Je ne céderai pas, je ne plierai pas, je ne lâcherai pas. Ma volonté compte aussi parmi la foule, et elle appelle au calme et au silence. Elle appelle à la fin. A mettre un point final à ce théâtre macabre. Nous avons tant à rebâtir maintenant, et si peu de temps pour nous remettre. Nous avons tant perdu, et si peu de temps… Plus de temps à perdre.

    Tu dois partir.

    Ma voix est teintée de colère. Je m’abstiens de frapper encore, mais je suis tellement furieuse. Mes mains en tremblent et je me retiens…

    Daenerys a besoin de toi et de ta protection. Mais mort, tu ne pourras jamais l’aider.

    Vouloir être sage. Raisonnable. Appeler le bon sens pour qu’il retrouve sa place parmi nous. L’épreuve me semble insurmontable face à ces têtes brulées, mais je me dois d’essayer…

    Un Noble Céleste est mort, un Noble avec un père influent, qui exigera dans peu de temps la tête de toutes les personnes ayant contribués à cette tuerie… Et si la tienne fait partie du lot, Daenerys n’aura aucune chance d’être libre. Mais elle ne peut pas bouger, sa vie est encore en danger, tu ne peux rien pour elle pour l’instant... Et t’en prendre à Shiro, ce n’est pas l’aider. Alors le temps qu’elle se remette, tu dois partir. Y’a déjà assez de corps à enterrer, je n’ai aucune envie de rajouter le sien ou le tien…

    La pression se relève progressivement, comme la poigne que j’exerce sur Envy pour le maintenir à sa place.

    Je veillerai sur elle le temps qu’il faudra... Et je t’appellerai en temps voulu... Je ferai ce qu’il faut pour qu’elle soit sauve.

    Mais pars.

    Maintenant.
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    "Qu'est-ce que tu fais…?"
    Rien.

    Rien de ce que tu voudrais que je fasse. Je ne briserai rien. Je ne fracasserai rien. Je n'hurlerai pas. Je vais rester calme.

    Et puis, ce n'est pas comme si l'esprit y était. Je n'ai même plus l'impression de penser ou de réfléchir. C'est le vide. Ces corps qui flottent en contrebas n'éveillent rien chez moi. Cette sirène foudroyée ou ce Corsaire bouleversé non plus. Je ne sais même pas comment décrire ce sentiment qui m'empoigne. Cette impression qu'on a lorsqu'il manque définitivement quelque chose au cadre, qu'il y a un trou dans toute cette scène qui empêche la situation de sembler réelle. Mais pourtant, elle est réelle, Salem est réellement tombé, Dae s'est vraiment fait abattre par Shiro.

    Et pourtant, je ne fais rien. Je reste là, hagard et hébété, perdu entre la tristesse et la colère, ne prenant même pas la peine d'essuyer les larmes qui barbouillent mon visage.

    Toujours sans entendre, sans comprendre, je me lève brusquement et saisi par la taille une Ketsuno poussant des cris de mort en courant vers le trou béant dans le Léviathan. Elle ne doit pas y aller, elle ne doit pas en voir plus. Elle se débat, mais je la repousse, toujours en regardant partout et nulle part à la fois. Toujours en ne percevant rien de plus que le vide.

    Salem est mort. Salem est mort.

    Et aussi stupide et impossible cela puisse-t-il sembler. Je m'accroche avec la ferveur d'un homme d'église à ces simples mots, ces ancres me reliant toujours à la réalité. Ces boulets qui me font souffrir autant qu'eux, mais qui me permettent de ne pas sombrer.

    Et pour en rajouter, cette chape de plomb qui frappe l'équipage, cette colère presque tangible qui s'abat comme un torrent d'huile bouillante sur tout un chacun. La colonel s'écroule dans mes bras, perdant connaissance sous cette vague de haki, ou peut-être de par cet enchaînement terrible d'évènements.

    Par réflexe et sans vraiment m'écouter moi-même, je me mets à gueuler des ordres à tout bout de champ. Les hommes ne doivent pas se morfondre dans cette atmosphère catastrophique, il n'y a rien de pire que de fixer un cadavre.

    -Trouvez des perches et des cordes! Des planches et des clous! On doit colmater tout ça! Décrochez les canots et les barques! Allez chercher ceux en bas!

    Partout ça s'active, c'est comme si le Corsaire encastré dans le mur par une rouquine furax n'était plus là. En fait, il n'est plus là, il traverse ce couloir à moitié déchiré par les crocs du monstre marin, l'air renfrogné, comme à son habitude. Ses bottes foulent les échardes et la poussière qui recouvre l'endroit alors qu'il se dirige vers le trou béant du navire.

    Lorsqu'il arrive devant le précipice, il jette un regard derrière, plus personne ne parle, comme si sa seule présence était un trop gros obstacle à la reprise des moyens de tous. J'aurais bien dit quelque chose, là, à ce moment. Un encouragement, une promesse, peut-être un simple sourire. Pourtant, je reste là, le regard vide, le visage figé dans un rictus n'exprimant rien. Un requin-volant crève les flots et gagne notre hauteur, lui aussi en silence. Puis, Envy disparait, aussi rapidement qu'il est venu. Teintant désormais son nom de rouge et laissant ici son titre de Corsaire.

    Toujours avec Ketsuno dans les bras, je m'approche de Sarkozyzy, venant tout juste du pont, qui contemple l'hécatombe en contrebas en pleurant silencieusement. Avec la raideur d'un automate, je lui tends la cousine du défunt qu'il prend avec le plus de délicatesse possible. J'esquive son regard embué de larmes, fixe presque le sol. Je ne veux voir personne pleurer.

    -Oswald… Oswald…. Il….Il est… Il est…  sanglote-t-il.

    Cette phrase agit comme une lame chauffée à blanc qu'on m'enfoncerait droit au cœur. Un instant, j'ai presque l'impression que je vais pleurer, que je vais m'écrouler, me jeter vers le vide pour rejoindre mon mentor et héros. Mais je me détourne, simplement, sans rien dire, le souffle court, la tête dans un étau.

    -À plus tard, Sarko.

    Et je reste là, devant le vide, devant la mer qui vient d'emporter un ami et une idole. Je reste là, debout, sans penser, seulement en me ressassant incessamment la chute de Salem. Je reste debout, à fixer les hommes secourir les noyés et les autres corps, à bord des barques. Peut-être quelques minutes, peut-être une heure, une journée. Qui sait.

    À mes côtés, Lilou et l'Amiral. Silencieux. Brisés.

    -On ne doit pas rester ici. Allons, Oswald, Lilou.

    Toutefois, quand Shiro nous tire hors de cet endroit, j'ai néanmoins l'impression d'y rester. De laisser là une partie de moi. Et là, il n'est pas question de noir, ni de blanc.
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