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Microcosmos

Maman m'a toujours dit que quel que soit l'endroit où je vais, je trouverais un refuge. Un endroit qui me sera hautement familier alors que je ne l'aurais jamais vue. Un lieu que je reconnaitrais entre mille. Un petit coin d'ile où je serais bien, où je pourrais me protéger. De moi. Des autres. Du reste. Un endroit à soi. Sur Endaur, j'ai toujours aimé la forêt qui mange la plus grande partie de la surface. J'aime la forêt, les arbres. Une ile sans végétation, c'est un peu une ile sans poumon. Une ile de béton et d'acier est une ile de mort. Sans âme. J'en ai jamais. J'en ai jamais eu la connaissance. J'espère ne jamais en voir. J'espère que ça n'existe pas. Non. Ça ne peut exister. Ainsi, il existe toujours un coin de vert sur chaque ile de ce monde et c'est dans pareils lieux que je peux y faire mon nid, l'espace d'une journée, d'une heure, pour panser mes plaies, qu'elles soient physiques ou morales. Se rouler en boule pour passer l'hiver de quelques tourments. Un endroit où je me sens bien. La forêt. Elle est présente sur cette ile au nom d'Innocent Island. Depuis Callelongue, je suis sur un bateau. Depuis Callelongue, je n'ai pas croisé d'arbres, je n'ai pas senti cette nature, je n'ai pu respirer les flagrances merveilleuses d'une forêt qui respirent. Je l'ai vu rapidement et je n'ai qu'une seule envie : la parcourir. J'ai mis une demi-heure à m'y plonger complètement après avoir abandonné le Bel Espoir. Petit à petit, les sensations sont revenues. La douce brise glissant entre les troncs massifs, formant un réseau complexe sous la dense floraison. Les gais sifflements des oiseaux couvrent le chuchotement des petits animaux se précipitant à l'abri lors de mon passage. La brise agite çà et là quelques branches comme si les arbres eux-mêmes me saluent. Je ne peux m'empêcher de sourire, car je suis là où je voudrais être. Et sans soucis, je salue de la main ces êtres immobiles qui agitent leur branche sous mon passage. Ils m'accueillent. Je suis chez moi.

J'ai pris une bonne heure pour me promener dans ces bois. J'ai voulu observer l'état de cette forêt et constater par moi-même de sa force et de sa vitalité. Non. Elle ne souffre pas. Elle n'est pas corrompue par quelques maux. Certes, il y a toujours quelques maladies et quelques arbres morts, mais c'est dans l'ordre des choses. On ne peut aller à contre-courant de ses phénomènes. J'ai marché au hasard, là où mes pas me menaient, constatant toutefois que la forêt en elle-même est plutôt petite. Mais cela me suffit. Malgré ma corpulence, je me suis glissé sans heurt au milieu des arbres. J'y suis à mon aise. Je ne peux être handicapé quand je progresse en forêt. C'est mon domaine, ma vie. Une fois certaine du bon état de santé de la forêt, j'ai trouvé une petite clairière qui me convenait. Là, je me suis installé au creux de quelques massives racines d'un grand arbre assurément centenaire. La tête posée contre son tronc ridé, j'ai fermé les yeux, rassurés par la pérennité des lieux. Au loin, j'ai entendu le clapotis d'un petit ruisseau. Dans mon immobilisme, j'ai senti le déplacement léger de quelques animaux de ses lieux, curieux de ma venue, mais sans s'approcher outre mesure. J'ai souri. J'étais bien. J'aurais pu rester comme ça pendant des heures, mais elle fut unique. Une seule heure pour me délester de ces trois mois de mer. De ces trois mois loin de Mère Nature. Loin de ce petit coin de chez moi que je peux trouver sur toutes les iles de ce monde, comme me l'a souvent dit maman.

J'ai fini par rouvrir les yeux et me lever, presque à regret. Je suis ici pour une autre raison. J'ai une chose à faire. Une chose que je me suis empêché de faire sur le Bel Espoir, de peur de ces répercussions. En pleine mer, un problème peut être désastreux. Sur la terre ferme, c'est tout de suite moins dramatique. Je l'espère. Regardant mes mains ouvertes, je cherche en moi cette puissance, cette chose qui a fusionné avec moi. Ce fruit du démon. Un pouvoir animal qui s'est manifesté peu de temps après avoir ingéré le fruit maudit. L'événement aurait pu être beaucoup plus dramatique. Ce ne fut pas le cas, mais mes souvenirs restent ce qu'ils sont : ce pouvoir n'est pas maîtrisé. Et ce pouvoir peut être dangereux. Regardant tout autour de moi, je fais le calme en moi. En ce lieu, je vais éveiller de nouveau ce pouvoir. Je vais apprendre à le maitriser. Ce pouvoir ne doit pas me contrôler. Surtout pas. Je suis maitre de mon corps. Je suis maitre de ce que je ferais. Je ne commettrais pas d'erreur. Évidemment, j'ai la crainte que ma détermination ne suffise pas et que la forêt elle-même en subisse les conséquences.

Mais j'ai confiance. Elle m'a toujours protégé. Elle a toujours été là pour moi. Elle acceptera de m'aider à nouveau. Au contact de ces écorces et de ces êtres végétaux, je suis persuadé que ma détermination et mes convictions s'en trouveront grandi. Je ne peux pas faillir. Non. Je ne faillerais pas. L'échec n'est pas permis. Kestrel me l'a redit. Il ne faut pas faire d'erreur. Jamais. Et même si on en fait, il faut redoubler d'effort pour ne plus en refaire. L'erreur peut être terrible.

Debout au milieu de la petite clairière, je cherche en moi cette petite languette qui ne demande qu'à être tirée. Cette voix insidieuse me l'ordonne. Ouvre-moi. Ouvre-moi ! Embrasse à pleine bouche cette force que je ne contrôle pas. Il est si difficile de concevoir comment l'on peut déclencher quelque chose qui est étranger à son corps. C'est une lutte de l'esprit, mais une lutte dans le vide, l'inconnu. C'est comme si je m'ordonnais de lever mon bras par la force de l'esprit. L'esprit commande, mais comment je pourrais faire pour que cela s'exécute. Et comment j'exécute ce mouvement sans même y penser ? Tu es parfois facétieux, Seigneur. À force de tâtonnement et de tentatives qui m'arrachent un petit rire tellement ces tentatives sont risibles dans sa manière d'être, je réussis à obtenir ce que je veux. Les changements se font brusquement et un cri m'échappe ; j'ai peur d'être allé trop loin. Je gagne un peu en taille, ma peau change. Des appendices apparaissent. Je prends en corpulence. Je fixe mes mains tout en me concentrant. Je vois. Je vois qu'elles restent là où elles sont, mes mains. Je reste à moitié transformer. C'est ce que j'ai voulu. Sous cette forme, j'existe toujours comme je voudrais l'être. Je fais quelques pas, reprenant cet étrange sentiment de se déplacer sous cette forme qui me paraît si familier. Avisant une pierre, je tente de la soulever. Il doit bien faire dans les cents kilos, mais je le soulève avec une facilité déconcertante. Je ne sens même pas son poids alors que sans utiliser ce pouvoir, je l'aurais fait aisément, certes, mais j'aurais senti ce poids.

Ce pouvoir est puissant. Mais il est malin. Cette petite voix est toujours là. Je n'ai qu'ouvert à moitié la boite de pandore. Dans les ténèbres de cette boite, la voix m'intime de l'ouvrir en grand. Je n'ai fait qu'un pas. Il me faut faire un bond. Un bond dans l'inconnu. Ou pas. Un bond dans un état qui m'est incontrôlable. Il me fait peur. Je me fais peur. L'espace d'un instant, j'hésite à aller plus loin, à faire ce que je me suis destiné à faire. Et puis il y a cette brise bienheureuse qui vient me réconforter. Les branches bougent comme pour me saluer à nouveau. Vas-y. vas-y ! La forêt me parle. Elle me fait confiance. Je souris à nouveau. Je ne peux pas aller à l'encontre d'un encouragement pareil. À travers eux, c'est Endaur qui m'encourage. Les petits Woks. Ma famille. Mon père. Ma mère. Mes frères.

Viens ! Viens ! Ouvre-toi à moi ! Tu ne seras pas déçu.
Je ne vous décevrais pas.
Abandonne-toi ! Laisse exploser tes envies ! Laisse-toi aller à tes instincts. Animal.

Je ferme les yeux. À nouveau, je tâtonne dans mon esprit. Je sais comment faire ; la petite voix me le dit. Mais je cherche quand même. L'appréhension. La peur de sauter dans le gouffre maintenant que je le contemple. La voix se fait sans cesse insistante, mais je ne craque pas. C'est bien. C'est moi qui m'ouvrirai à cela. Pas la voix.
Enfin, déterminer comme jamais, je m'ouvre à ma forme animale.
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J'ai toujours trouvé que partout où j'allais, j'me trouvais des emmerdes. Et personne n'est venu m'dire le contraire. Les emmerdes ça peut venir de n'importe qui, n'importe quoi, n'importe… n'importe, ouais! Et les emmerdes, du haut d'mes vingt-sept mille jours, je savais les reconnaître. Déjà, sur Luvneel, j'ai toujours détesté la forêt, aussi lointaine des villes pouvait-elle se caser. J'déteste la forêt, les arbres trop grands pour rien et leurs feuillages qui t'caches le soleil et refroidissent l'air. Une ile sans végétation, c't'une vraie île! Une île bien commode sans sauvagerie cachée au fond des bois! Mais le plus con, c'est qu'il  existe toujours un coin de vert bien paumé et trop dangereux pour les gamins comme pour les vieux sur chaque ile de ce monde de fous.

Et c'dans ces foutues forêts que je déteste me retrouver seul. ET C'EST SEUL QUE J'M'Y PERD ENCORE UNE FOIS, BORDEL! Seul que j'cherche désespérément à retrouver la Team, 'm'apprendra à m'éloigner aussi loin… Petit à petit, la frousse m'a gagnée. Le petit courant d'air qui vous glace le caleçon s'est mis à souffler entre les troncs massif. Les sifflements agressants des oiseaux couvrent le grognement des sales bêtes cherchant clairement à m'embusquer. J'les connais, ces foutus animaux, j'suis pas biologiste pour rien hein! Et là, j'peux vous dire que tous ces facteurs énumérés me flanquent les boules. Moi, le courageux scientifique de la plus célèbre équipe de chasseurs de primes de Grand Line! Faut le faire non? La brise agite çà et là quelques branches comme si les arbres eux-mêmes m'en veulent  aussi. Je ne peux m'empêcher de gémir, car je suis loin d'apprécier là où j'suis. Et en me crevant de peur, j'hésite pas à mettre un bon coup de pied à ces gros végétaux ligneux et immobiles qui agitent leur branche sous mon passage. Ils veulent ma peau, comme toute cette foutue forêt!

-J'veux rentrer chez moiiii boooooordel!

Ça doit faire une bonne heure que j'me perd sans arrêt dans les bois. Que je pique une course en hurlant de terreur au moindre bruissement émanant d'un quelconque amas végétal. Une sale heure où j'essais tant bien que mal de m'retrouver en cherchant le nord, m'aidant de l'angle d'inclinaison des brins d'herbe, au sol. Ou encore en me fiant aux courbes des branches des arbres qui, dès que je leur tourne le dos, tentent très probablement de m'attraper par le fond d'culotte pour me faire ma fête. De vrais salauds.

-DE MON TEMPS! On abandonnait pas de pauvres vieillards en pleine forêt! Srogneugnegneugneu…

En plus, mes pieds me font atrocement souffrir à force de marcher pour rien dans cette immense forêt. Et que dire de mon dos qui me tenaille sans putain de répit! Je n'sais plus quoi en faire! Histoire de me reposer après un effort si impressionnant donné, je m'adosse à contrecœur à un arbre tout près. Toujours sur mes gardes, je prend le temps d'avaler deux calmants en fusillant du regard les alentours. Ah, un fusil, ce serait pas mauvais d'en avoir un dans ce genre de situation, faut dire.

-Gneeeuuuh!

Ce profond gémissement est accompagné du canon d'une arme à feu s'appuyant sur mon épaule.

-Ah, tiens merci c'est très gentil.

-Gneeuuh.

-Si vous n'y voyez pas d'inconvénient je vous serait gré de me laisse vous l'emprunter. Je prend le fusil sur cette réplique et le cale sur mon épaule en me relevant, les effets de mes calamnts ayant fait fondre la douleur.

-Gneuh.

-Au fait à quelle âme charitable ai-je l'honneuUUUR!! AAAAAH MAIS QUELLE HORREUR!

-Gneuh!

-AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!!

C'est comme humain, mais en pourris, ouais, en corrompu. Sous l'effet d'la peur, je bondis vers l'arrière et braque le flingue sur la chose. On dirait bien un humain, en effet. Un humain, non , plutôt une carcasse toujours vivante. Un trouble avec le système nerveux? Une mutation génétique? Un parasite?
 
-Gnneuuuuuuh!!!!

-AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!

Le cadavre dans la quarantaine me charge! Il bouge plus ou moins rapidement sa masse putréfiée en gueulant comme un damné! Réflexe  principal me venant à l'esprit et faisant preuve d'une attitude plus qu'humaine: lui frire la gueule à coup de mitraille.

BOUM!

Le canon scié crache un gros nuage de grenaille et de feu qui r'pousse le cadavre mouvant à plusieurs mètres. Bien fait!

-Bwah! Boum dans ta gueule gamin!

Qu'est-ce que ce genre de truc peut bien faire dans une forêt? En y jetant un œil de plus près et en procédant à une rapide autopsie, il me semble évident que cette chose ne fait en aucun cas parti de l'écosystème de la forêt. Conclusion logique: Un zombie. Bah oui, vous pensez pas comme ça vous? Eh ben… Préférant ne pas rester dans les parages et ainsi éviter une autre rencontre du même genre, je laisse derrière moi le cadavre, cette fois bien mort, et son arme pour m'enfoncer à nouveau dans la foutue forêt qui me parait désormais encore plus dangereuse.

Je ne continue pas très longtemps avant que mes pavillons ne captent une information sonore qui fait son bout de chemin jusqu'au fond de mes tympans. Un cri, faible, indiquant qu'il est assez loin pour que je me tue la carcasse à marcher pour en trouver la provenance. Mais il faut bien que je me tire de l'endroit, alors j'huile un peu mes articulations et part d'un rapide trottinement vers le petit cri qui s'est éteint dans la nature entretemps.

J'débarque dans une clairière assez rapidement pour y trouver un truc qui ne me tire qu'une seule réaction:

-AAAAAAH MAIS FICHTRE! QUELLE HORREUR!

Bon sang! On dirait un bousier géant, ou un truc du genre! Mais ce qui importe, c'est qu'il ne semble qu'avoir des atrocités dans cette forêt de tarés! Mais c'est lorsque ça se retourne vers moi avec une tronche trop humaine pour la créature que je pique une sale crise cardiaque.

-BWAAAAAAAHAAAAA! ME MAAAANGE PAAAAS!

Réflexe humain: prendre ses jambes à son cou. Réflexe animal: grimper l'arbre le moins éloigné. Et en moins de dix secondes, je suis cramponné à une branche s'élevant vertigineusement dans les airs. Mais frégate! Comment j'ai fait pour monter si haut! J'ai le vertige bordel! J'avise soudain avec désespoir mes petites mains griffues et poilues.

-Oh non… pas encore… C'est pas le moment là…

Que je gémis en comprenant que mon fruit du démon a décidé de se joindre à la fête au pire moment… Et qu'apparemment il a aussi choisit de se retirer au pire moment. Oui, z'avez ben compris. Du haut de l'arbre, je réalise soudainement que de rongeur je n'ai même plus la forme et sans pouvoir me retenir un instant, je tombe piteusement au bas de l'arbre. J'me brise en geignant sur un bon nombre de branches et de feuillages irrespectueux. Le choc est dur et bien salaud, assez pour me paralyser le temps que la chose dégueulasse s'approche.

-Fichtreuuh…. me maaaaange paaaaas….  
    Je n'aime pas cette sensation. Elle me fait peur. Elle est désagréable. C'est comme si on m'arrachait à mon corps. Comme si tout ce qui me définit ; mes rêves, mes souvenirs, mes blessures ; est roulé en boule et jeté hors de moi-même, bouter par une force plus sauvage qu'humaine. Et encore, c'est bien peu de mot pour décrire exactement ce que je ressens. Et même si c'est quelque chose dans ma tête, ce sentiment me prend sans que je puisse le fuir, sans que je puisse le contrer. Alors que mon corps se transforme pour paraître sous ma forme animale, je reste tétanisée. C'est peut-être dû à la transformation. Ou c'est juste cette peur qui me terrorise au point de me faire perdre tout mes moyens : ma petite image n'est pas si fausse que ça. Je suis boutée hors de moi. Je n'ai plus le contrôle. Et cette petite voix, celle qui m'intimait de m'ouvrir à la bête. Elle n'est plus cette petite voix insidieuse et enduite de miel, non, elle est devenue hurlement. Un cri de bête sauvage s'éveillant au creux de son domaine après une longue période d'hibernation. Et l'animal a faim. Faim de liberté. Faim de s'affirmer maitre de son domaine. Il est en face de moi. Il me regarde de ses yeux remplis d'une haine sournoise. Il sait. Je sais. C'est moi sans être moi. Je ne me reconnais pas en lui, mais c'est une part de moi-même. Le démon qui a pris chair dans mon corps. Un démon que je dois contrôler. Un démon que je dois asservir. Si je ne le peux pas ? Autant mourir. Mais l'échec n'est pas permis. Je vaincrais.

    Toi, moi. Nous. Moi dominant. Toi, dominé.

    Une voix qui fait vibrer tout mon être. Cette voix n'est pas naturelle même si de base, elle ne l'est pas ; c'est comme si un animal parlait des mots alors que son corps n'est pas adapté à ça. Il les crache plus qu'il ne les prononce. Des grognements comblent les blancs. Je l'imagine devant moi, impérial. Je tente de l'attraper, de le dompter, de m'affirmer comme la seule maitresse de mon corps. Il me mord sans pitié et c'est un sang incolore qui s'écoule de mes plaies. Je me sens blessée, presque assommée alors qu'au travers des yeux que je n'arrive plus à contrôler, je sais que je n'ai pas bougé, toujours poser au centre de cette clairière. Et quand je vois, je n'entends plus. Et quand je veux entendre, c'est le toucher qui s'en va. Je ne contrôle pas tout. Pire, je ne suis que spectatrice de ce que je fais. Et lorsque j'exécute quelques pas en avant d'une démarche lourde et pesante, je sens comme un frisson parcourir mon dos en constatant que je n'ai pas demandé ce geste. En parlant de dos, qui est-il ? Je pourrais répondre l'âme, mais j'ai peur de me tromper. Une incarnation de mon moi, l'alter ego du démon qui s'empare peu à peu de mon corps.

    Je ne peux pas capituler.
    Si. Abandonne.

    Odeur. Toucher. Vue. Déplacement lourd et pesant. La tête haute, l'odeur et le bruit. Une information. Puis deux. Quelqu'un approche. Le goût de la chair. L'odeur du sang. Imagination. Souhait. Information de bruit proche. Volt-face. Découverte de la cible. Humaine. Ancienne. Déception. Colère. Tuer. Tuer. Tuer.

    Fuis ! Ne reste pas là ! Je ne suis plus moi-même ! Il ne retiendra pas les coups que j'aurais retenus !
    Alter ego. Problème. Enfermer.
    Des cages ? Des chaines ! Non, tu ne peux m'enfermer ! Tu ne peux m'éloigner de moi.
    Problème. Résolu. Appétit. Affamé.
    Fuis ! FUIS !

    Créature fuyarde. Peur. Peur implique faiblesse. Tuer. Facile. Ne pas laisser s'échapper. Rattraper. Amorcer la course. Puissante. Ébranlant le sol. Refuge dans l'arbre. Pas un problème. Détruire. Puis tuer. Puis sang. Désir. Frapper l'arbre. Faire craquer le bois. Sentir la terreur. L'apprécier. Frapper de nouveau. Tuer l'arbre. Autre plaisir.

    Non ! Je ne suis pas comme ça. Je ne blesse pas la forêt ! Je ne veux pas ! Et laisse-le tranquille ! Tu m'as moi ! Viens lutter contre moi !
    Impuissante.
    Mais je suis toujours là ! Tu n'arrives pas à me faire taire. Tu n'y arriveras pas ! Je sortirais de cette cage !
    Faible.

    Reculer. Voir l'humain. Créature tomber. Créature au sol. Pas humaine. Mélange. Piques. Appréhension. Animal. Défi. Acceptation. Tuer. Tuer. Tuer. Punir. Charger. Balayer l'adversaire. Balayer tout. Tout détruire.

    Non !
    J'en reste paralysée. Je ne sais pas ce qui se passe dans la réalité. Où est l'humain ? Je vois mal. C'est comme si le sommeil me prenait. Mes paupières se ferment et c'est dans le flou que je contemple ma fenêtre sur le monde extérieur. Je charge, ou plutôt, il charge. Il fait voltiger la bête, mais il ne s'arrête pas, il rentre la tête la première dans l'arbre, le déracinant dans un grand craquement terrible. Il a tué. Il l'a assassiné. Je ne l'entends pas, mais je le sais. La souffrance silencieuse d'une forêt blessée par la mort de l'un des siens. La souffrance est venue. Je l'ai apporté. La culpabilité croit. Les chaines se font plus serrer. Les barreaux se font plus gros. La vue se trouble.
    Je suis aveugle.
    J'ai peur.

    Peur. Fugace. Impossible. Se retourner. Retrouver la créature. Toujours vivante. Bonheur. Continuer à combattre. Affirmer domination. Plaisir. Frapper le sol. Courir. Charger. Écraser sous les pattes. Piétiner. Bouillie. Tuer. Tuer. Tuer.
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    Ça avait peut-être quelque chose de légèrement humain à première vu, mais maintenant, l'humanité dans la chose est perdue bien loin au fond de son crâne. Ça c'est sûr. Et alors que j'me relève en gémissant, je m'passe une main dans le dos pour me débarrasser de vicieuses douleurs lombaires pour réaliser que celui-ci est recouvert d'épines. Bordel… mon fruit s'y est remis. Saleté de pouvoir inutile! Non mais sincèrement! Qui voudrait d'un stupide fruit ayant pour capacité de se transformer en rongeur? QUI? Pas moi en tout cas! Fichtre diantre! Mais j'n'ai plus le temps de m'apitoyer sur mon sort, parce qu'au moment où je me tracasse impertinemment l'esprit, le coléoptère coprophage modèle préhistorique me faisant face grogne dangereusement en se prenant la tête à deux articulations.

    -Du calme! Du calme gros truc dégueux! que je trouve à lui ordonner de ma grande voix de héros tout en rampant jusqu'à faire dos à l'arbre duquel je suis tombé.

    Apparemment, le bousier, ça ne parle pas l'humain, ou du moins, ça le comprend très mal. Car à l'annonce de mon ordre, le gros insecte caparaçonné trouve en ma personne tout poil toute aiguille un repas de choix. Le monstre se cabre sur quatre de ses pattes et pousse un… un cri d'insecte fâché, quoi. Ah! Ça y est! Il charge!

    -Nan! Nan restes loin de moooOOOIIIII!

    Ce sont des kilos et des kilos propulsés par une force cinétique effroyable qui percute le tronc de l'arbre avec une puissance renouvelée. Par chance, je me glisse in-extremis sous le pachyderme insectoïde qui déracine littéralement l'immense végétal d'un bon coup de ses appendices cornus. Ça a l'air bien heureux de son exploit, pourtant c'est qu'un arbre, y'a pas de quoi faire une danse de la joie.

    À peine suis-je à nouveau sur mes pieds que le gigantesque insecte enclenche sa corrida et se met à me foncer dessus à toute allure. Pas seulement me foncer dessus en fait, il en profite même pour déraciner ça-et-là d'autres piliers ligneux et creuse le sol avec violence en soulevant des gerbes d'humus. C'est barbare, c'est violent, ça me fout les boules.

    Mais ça doit se calmer.

    -Écoute bien gamin… que j'envoie au gros monstre qui piaffe en avançant vers moi, les yeux écarlates de colère. Tout en prononçant ces mots, j'avise une branche assez basse qui semble bien flexible. En trottinant de mon mieux, j'y accoure et commence à la pousser vers l'arrière de mon mieux. Mes muscles ne sont plus ce qu'ils étaient faut dire, pas comme du temps ù j'étais dans la marine! Et le monstre a bien le temps de se rapprocher avant que la branche pratiquement pliée sous la pression ait accumulé assez de charge.

    -…j'suis pas du genre à supporter les mômes désagréables. Sauf Uriko en fait, lui l'est bien… Et y'a Jean aussi qui fait son bout d'chemin aussi… Ah merde! J'ai gâché ma réplique!

    Mouais, pas terrible, mais l'important, c'est qu'en appréhendant l'impact je me laisse emporter avec toute la violence accumulée dans la branche devenue catapulte. Me reste plus qu'à espérer. Espérer que le zoan que j'ai gobé réagisse comme il doit réagir. Qu'il cesse de se foutre de ma pauvre gueule ridée et qu'il s'active. Boudiou!

    Et quand je parle d'activation, je ne parle pas de semi-forme rabougri d'échantillon embryonnaire de rongeur épineux décrépi! Non! Je parle d'un vrai porc-épic tout en muscle et en grandeur!

    Et porc-épic je deviens. J'le sens, ça bouge sur moi et en dedans, mon anatomie change, se déplace, les épines dans mon dos se font longues et effilés, dures et implacables.

    -TSAAAAAAR BOMBAAAAAAAAA!!!

    Et lorsque je percute en pleine tronche le gros insecte frustré, c'est sous la forme d'une boule épineuse bien solide et hérissée de style. L'impact est tel que le bousier en perd l'équilibre et est projeté vers l'arrière, carapace contre terre. Quant à moi, je retombe piteusement au sol et m'écrase douloureusement dans l'herbe de la forêt.

    -Aaaaah… mon dos… J'suis trop vieux pour ça bordel…

    Il est désormais le temps d'fuir! On reste pas par ici et on profite de l'handicap momentané du monstre pour disparaître, oui, c'est bien ça. Mais… mais… pourquoi je peux plus bouger au fait? Me dites pas que j'ai réussi à me bloquer le dos à nouveau?!

    -Oh noooon… est la seule chose que je trouve à proférer en voyant le coléoptère géant se relever. Je remarque un drôle de phénomène chez la chose. Sa forme semble osciller entre celle d'un insecte et un autre type d'humanoïde, étrange. Ignorant pour l'instant ce détail plus que spécial, je me relève tant bien que mal sur mes petites pattes poilues et griffues, me massant le dos qui entrave bon nombre de mes mouvements. Oscillant pour maîtriser le déséquilibre provoqué par mes épines dorsales, je bas des bras un instant, puis réussi à reste stable. Il ne me reste plus qu'à mettre au point une technique capable de rivaliser avec la force titanesque du bousier qui me laisse un peu de répit en s'empoignant bizarrement la tête, perdu dans une discussion qu'il tient seul. Ah! Voilà! … Héhé, il va y goûter, le gros scarabée.

    -Iwaaaaaaaaaaaaaann……
    Je lève bien haut les bras en hurlant ce début de nom de technique peu original. Je reprend mon souffle un instant en faisant voleter de façon épique ma moustache dont le poil bruisse à la même fréquence que les feuillages forestiers.


    -…BOULET!!!!

    Et, seule chose que je semble réellement comprendre sous cette forme, je glapis de frousse et me roule en une boule épineuse et inextricable.


    Nyaha! Ça lui apprendra au gros monstre, héhé!
      Sentiment contraire. Peur. Stress. Panique. Je n'arrive pas à être constante dans ce que je fais. Je suis perdue. Et pendant ce temps, son emprise sur moi grandit. C'est ironique. Je devais l'assimiler à moi. Il m'assimile. Mes pensées deviennent aussi primitives que les siennes. C'est un signe. Un mauvais. Ma cage devient sans cesse plus petite. Les barreaux se rapprochent, bloquant soudainement mon bras qui passait au travers. La douleur. Terrible. Elle n'est même pas physique. Elle est juste insoutenable, comme une aiguille qu'on m'enfonce dans la tête. Je crie. Je crie ! Mais aucun son ne sort de ma bouche. De sa bouche plutôt, si ce n'est des grognements animaux. Je ne captais plus tous mes sens, mais même les derniers se referment devant moi. Je ne peux plus voir. Je ne peux plus sentir. Je ne peux plus toucher. Je ne peux plus parler. Entendre ? Des mots qui m'arrivent. Sans queue ni tête. Je ne comprends même plus le langage humain. Soudainement, c'est les ténèbres. Pur. Insondable. Que fais-je ? Ou suis-je ? Est-ce la fin ? Seuls deux points rouges étincellent dans l'obscurité, tels des rubis. La bête. Il m'observe.

      Toi devenir moi. Moi devenir toi.
      Tu ne m'utiliseras pas !
      Toi vouloir utiliser moi. Toi plus toi. Toi objet. Fruit.
      Non ! Non ! N !

      Même ma bouche se ferme, comme si mes lèvres s'étaient reliées, transformant ma bouche en une surface de peau uniforme. Seul le bruit sourd de mes cris me parvient. Comment ? Je ne sais toujours pas. C'est si étrange comme situation. Les mots vibrent en moi. Ils sont à l'unisson de chaque pas de la bête qui s'avance vers son adversaire. Je ne sais pas ce qui se passe. Et puis, j'ai sommeil. Tiens, pourquoi dormir ? Et pourquoi pas ? C'est inconfortable. Le sommeil est tellement agréable. La douceur d'une nuit de songes. Je bâille. Je ferme les yeux.

      Abandonner.
      Moui … non … Après le dodo.
      Abandonner.
      Moui … d'accord.

      Proie en face. Approche lente. Proie immobile. Aucune peur. Danger ? Aucun danger. Trop faible. Incapable de causer des dommages. Victoire assurée. Sentir l'odeur de la viande. Désir. Plaisir. Charger. Mettre un terme. Réaction de la cible. Dangerosité ? Futile. Continuer la charge. Totale confiance en la carapace. Impénétrable. Proie faible. Proie attaque. Rapide. Présence d'épines. Trop tard pour reculer. Continuer à avancer. Se préparer à l'impact. Impact.

      Douleur.
      Aïe …
      Douleur. Douleur. Incompréhension. Douleur. Douleur.
      Je … me sens … voler.
      Douleur. Douleur.
      Je suis … libre.

      C'est surprenant. C'est comme si j'ouvrais les yeux subitement et que je me voyais dans la lumière. J'ai soudainement accès à tous mes sens. La perspective m'enivre. C'est si bon de se retrouver. Le premier souvenir et cette douleur qui s'est ressentie dans tout mon corps, mais la libération est rapidement arrivée malgré cette douleur. C'est comme un baume, une satisfaction bien supérieure à la simple douleur physique. Je sens les sensations de mes pattes frotter sur le sol tandis que ce qui semble être mon adversaire m'a envoyé bouler dans les airs suite à un choc des plus surprenants. Il est plein de ressources. J'en souris presque. Dans ma souffrance, il me sauve la vie. C'est cocasse. Stabilisée, je fais quelques pas. Tout va bien. C'est passé. Il est temps de retrouver une forme un peu moins primaire pour éviter de faire une rechute.

      Pas terminer.

      La douche froide. Une nouvelle cage s'abat sur moi. Tout s’assombrit. Il est toujours là. Il a de nouveau le contrôle. Je me suis fourvoyée. Tant que je ne l'aurais pas vaincu, je ne peux le contrôler.

      Ça être loi de la nature.
      Je comprends.
      Moi plus fort.
      C'est ce qu'on va voir.

      Je concentre mes forces et je lutte. J'arrive à bloquer les liens qui tentent de m'attacher, de réduire mon espace. De l'autre côté, je vois au travers de ses yeux qu'il n'a pas abandonné l'idée de s'occuper de la boule de pic. C'est la loi de la nature. Il a été défié. Il a été repoussé. Sa colère est grande et il ne veut pas perdre la face contre plus faible que lui. C'est plein de rage qu'il s'élance à nouveau pour frapper la créature devenue véritable boule. Il va se piquer. Il va souffrir. Et qu'est ce qu'il s'est passé ensuite ? J'ai eu plus de liberté. Je fais mine de perdre en force et je la concentre pour mieux frapper. Son emprise devient plus grande, mais elle est beaucoup moins importante, preuve qu'il ne s'occupe pas trop de moi.

      Combattre. Tuer. Se venger. Impossible. Si faible. Ne pas pouvoir résister. Tuer !

      Il frappe de la tête. Les piquants lui rentrent dans le crâne. Je ne bouge pas même si je sens la pression se relâcher. Il frappe de ses pattes. La première. La deuxième. Retour sur la première fois. La douleur s'accumule. Il hurle de douleur. Sa pression se relâche un seul instant et j'en profite. Je mets toute mon énergie dans la bataille pour briser les chaines qui m'enserrent. J'y arrive et je m'extrais de cette cage. Il essaie de m'arrêter. Une autre cache arrive, mais je la balaye d'un revers de main. Elle vole en éclat.

      Tu ne me mettras plus en cage.
      Moi être toujours le maitre.
      Alors, il me faut prendre ta place.
      Trop faible. Trop faible.

      Je le sens divisé. S'occuper de moi, ou de la créature. Son instinct animal lui dicte de s'occuper de la créature. C'est son honneur. Sa place dans la hiérarchie animale qui est en jeu. Moi ? Je ne suis qu'un grain de sable pour lui. Mais un grain de sable suffit à briser la plus belle des mécaniques. Pour l'instant, je suis inoffensive. Comment l'atteindre ? Le faire lâcher prise ? Il est un peu un dieu dans ce monde qui n'est surement pas matériel. Il est là, mais je ne peux le voir. Tandis que je tourne en rond, je sens comme un tressaillement dans ma nuque. Je ne sais pas ce que c'est, mais mon instinct me dicte quelque chose.

      Il m'utilise ?
      Moi être toi. Moi savoir toi. Réfléchir toi.
      Tu utilises mes connaissances !

      C'est vrai. Je peux le voir. Il s'approche d'un arbre au lieu de s'approcher de la créature. D'un grand coup de tête, il brise l'arbre à la base. Je souffre pour le végétal tandis que je le vois basculer en avant, directement sur la créature. Il se prend tout le bois du tronc dessus. Il n'a pas le temps de réagir qu'un deuxième tronc vient s'abattre sur lui tandis que le premier roule difficilement sur le côté, gêné par les branchages. Il enchaine et c'est bientôt toute la petite clairière qui se couvre d'arbre arraché à leur souche et réduisant la visibilité à zéro. Où est la créature ? Je ne sais pas. J'espère qu'elle est toujours vivante. Elle peut m'aider en me stimulant par la souffrance qu'elle inflige à la Bête.

      Une autre pensée me vient. Il peut m'exploiter puisqu'il est moi. Je pourrais donc utiliser sa connaissance puisque je suis lui. Et ainsi le débusquer. Le problème, c'est comment faire. Délaissée par mon adversaire, je me concentre pour percevoir son essence, son être. Je le trouverais.

      Chercher. Chercher. Trop d'arbres. Pas de vision. Problème. Chercher. Renifler. Trouver puis tuer. Désir. Volonté. Achèvement. Puis enfermer l'autre. A jamais.
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      …Vous savez… Jamais je n'ai eu la chance d'étudier de comportements particulièrement précoces ou trop ressemblants à ceux de l'humain chez les animaux. Jamais je n'ai non plus jamais eu affaire, dois-je avouer, avec un coléoptère-géant-mangeur-de-vieillard, certes. Mais je peux néanmoins dire… QUE QUAND UN BOUSIER GROS COMME TROIS CAROSSES SE MET À DÉRACINER TOUTE LA FOUTUE CLAIRIÈRE POUR M'ÉCRABOUILLER, Y'A UN SALE PROBLÈME! Et ce problème à la con, il prend une réalité de plus lorsqu'un arbre d'un quinzaine de mètre s'écrase à moins de 34,65 millimètres de moi, soit bien au-delà du rayon de ma zone de confort.

      Instinct Humain: Foutre le camp. Instinct Animal: Foutre le camp. Aussi bien dire que parfois, bêtes sauvages et hommes savent très bien s'accorder. La seule différence poignante se tient plutôt dans l'art et la manière d'accomplir un tel acte, et cette fois, c'est plutôt la manière de l'humain qui l'emporte.

      -BWWWWWAAAAAAAAAAH J'VAIS CREEEEVEEEEERR!!!!

      J'saute sur le côté d'une glissade douloureuse mais salvatrice au moment où un premier arbre s'écrase au sol en soulevant poussière et gerbes de terre. Courir, vite, maintenant, on oublie le lumbago, on s'huile les fémurs et on trottine en sprint! Si des arbres ne tombaient pas constamment sur ma route, j'aurais probablement effectué un sprint digne d'un athlète surentraîné. Mais les choses se passent rarement comme on l'aimerait, et c'est très rapidement que je me retrouve coincé entre de nombreux troncs massifs abattus. Les escalader? Merci bien, mais c'est tout bonnement impossible! Surmonter un seul de ses arbres reviendrais à révéler ma position à l'ennemi! Je préfère plutôt cuver ma peur en me roulant en boule épineuse sous les branchages d'un large chêne.

      Mais boooordel! Comment j'vais m'en sortir moi? Pourquoi c'est toujours dans les moments où la Team n'est pas avec moi que je tombe sur les pires emmerdes? Les probabilités sont-elles à c'point mauvaises?! À mort ces probabilités là! Ce sont plutôt les chances de me faire écrabouiller par un végétal de quinze tonnes qui m'intéressent présentement! Et plus il en tombe, de ces foutus arbres, plus les chances deviennent importantes! Hiii! J'retiens un glapissement de terreur lorsqu'un orme large comme Raspoutine après le dîner s'écroule tout près de moi, projetant des échardes à tout vent.

      Il me faut une idée. Maintenant. Un truc bien bourrin comme James penserais à faire, un truc qui demande du courage! Oui! du courage, voilà! Euhm… Du courage contre ça? Face à cette aberration monstrueuse et meurtrière?... On va laisser tomber… Ah! Je pourrais lui faire peur! Oui! Eurêka!

      Euh… En fait… Comment on fait peur à un monstre caparaçonné d'une tonne?



      Oh, mais j'en sais rien moi! Bordel! Peut-être que si je lui demandais moi-même il pourrait me répondre! Qu… Oh…

      -…Frégate…

      Le voilà le monstre, juste au dessus de moi. Il en a eu marre de jouer au bûcheron, il a décidé de me retrouver à la place. Penché au dessus du tronc derrière lequel je me terrait, il me regarde de ses yeux haineux et sauvages. J'suis foutu. À peine ai-je le temps de rouler sur moi-même pour m'esquiver qu'il écrase l'endroit où j'étais une seconde plus tôt. Avec horreur je reste ahuri devant le profond sillon creusé par la bête dans l'humus du sol, c'est une brute! C'en est terrifiant même au point que mon cri en reste bloqué dans ma gorge.

      Ah et fichtre! Dans ma roulade, ma sacoche a décidé de se vider de son contenu! Déjà que ma blouse est en lambeaux par la faute de ma transformation, je ne peux pas me permettre de subir d'autres pertes matérielles! Me précipitant à toute vitesse vers les fioles tombées de ma sacoche, j'en avise une en particulier.

      -Ah…ouiiiii! Voilà de quoi a peur tout animal qui se respecte! Nyéhéhéhé!

      Ma main tremblotante de fébrilité n'a presque pas le temps d'attraper la fiole lorsque le bousier colossal revient à la charge, brisant écorce et feuillages sans considération.

      -STOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOP!!!!!

      Je lui braque la fiole en plein tronche! De façon assez menaçante pour que ça freine brusquement sa course.

      -S'il y a bien une chose dont les animaux ont peur… C'EST DU FEU! NYÉHÉHÉHÉHÉ!


      Acid Splash!


      D'un mouvement presque magistral, je débouche la fiole et en balance le contenu d'un large geste partout devant moi. Le liquide verdâtre qui y résidait se mit automatiquement à luire d'une façon inquiétante… avant de prendre en feu comme de l'huile!

      Un truc assez basique que l'on apprend en science, ce sont les lois de la combustion. Et un important élément de la combustion, c'est le combustible. Et du combustible, y'en a à la pelleté partout autour de nous, au gros méchant et à moi-même.

      …Euh… attendez… à moi-même aussi?!

        Des secousses. Des tremblements. La peur est toujours présente. J'en tremble. Dehors, mon corps ; son corps, éventre, blesse et tue. Forêt, forêt chérie. Je t'ai menti. Je t'ai agressé. Je t'ai trahi. Il me faut mettre un terme rapidement à tout ça. Chaque arbre abattu, c'est un peu plus de sang sur mes mains. Et ce sont mes mains qui les brisent, les torturants. J'entends leur cri. Terrible. Comme si le monde souffrait. Au travers de leur voix silencieuse, c'est la terre qui souffre. C'est la faune, la flore. Une petite blessure ? Non, c'est bien plus profond. Les arbres sont les enfants de ce monde et pour une mère, perdre un seul de ses enfants est une souffrance que je ne veux pas connaître. La culpabilité me ronge. La rage me donne la force que je n'ai pas su trouver. Alors que mes pas étaient lents, ils se font déterminés, puissants. Mon esprit se renforce. Je suis moi et je ferais cesser cette souffrance. Dans le fouillis de mon propre corps, je ne sais où aller. Je ne sais que faire pour débusquer le démon qui joue avec moi et les êtres vénérables faits d'écorces et de feuilles. Partout, ce sont les ténèbres. Froide. Insondable. Je ne le vois pas comme je peux le voir partout. Il est là. Mais où est-il ? Le paradoxe me torture l'esprit que je n'ai plus. Toujours cette aiguille dans le crâne. Plus je cherche et plus j'échoue. Pendant ce temps, les voiles de la mort flottent devant mes yeux. Oh ! Arbres ! Pardon ! Pardon ! Mes larmes... Mes larmes sont de bien piètres choses comparées à votre malheur.

        Créature être là. Tuer. Frapper. Mais créature rapide. Lui pas pouvoir fuir longtemps.

        Il s'avance vers l'espèce de porc-épic à moitié humain. L'espace d'un instant, je le remercie de s'être enfin montré à lui. Le massacre s'est arrêté. Plus personne ne souffrira. La créature ne compte pas. Je ne veux pas y penser. Je ne dois pas me déconcentrer. La recherche reprend ses droits. Où est-tu, démon ? Montre-toi !

        Plus tard. Faim. Dévorante.
        Tu as peur !
        Moi jamais peur.

        Il s'avance. Je ne devrais pas regarder au travers de mes yeux, mais c'est plus fort que moi, comme si regarder l'extérieur me donnait la brève illusion d'être aux commandes de mon corps. Je secoue la tête au bout d'un temps. Non. Ne pas abandonner. Ne pas me laisser aller. Ça ne va pas ! Continuez à trouver un moyen qui n'arrive pas. Je rage. Encore un autre regard. L'instant s'arrête. Cette fiole. Son contenu.

        Le feu !
        Peur.

        L'embrasement est insoutenable. Ils crient. Les arbres crient. Ils sont mourants et ils brulent vivants. Monstre ! Monstre ! Faire cela est un crime encore plus grand que de les avoir abattus ! Les flammes lèchent les écorces et se propagent partout. La clairière est en feu. Je n'arrive pas à détacher mon regard de ce spectacle terrifiant. Les flammes hypnotisent. Bientôt, il n'y aura plus rien. Et le feu s'étendra aux restes de la forêt. Combien bruleront ? Combien mourront ? Ces cris … ces cris. Je voudrais me boucher les oreilles, mais ça ne sert à rien, j'entends tout avec son bon vouloir.

        Peur.
        Oui peur.
        Peur
        Peur ?
        Peur !

        Je sens un grand trouble et je m'aperçois qu'autour de moi, tout a changé. C'est comme si les flammes s'étaient glissées au sein du domaine dans lequel je suis. Une clarté orange rase l'endroit et des formes apparaissent en ombre. Je peux presque reconnaître des objets familiers. Des endroits que j'ai connus. Endaur … Endaur qui brule et qui fournit cette lumière. Non ! NON ! Pourquoi faut il que tout brule !

        Peur. Incompréhension. Que faire ? Quoi faire ? Piégé. Terreur. Terreur !

        Le démon en moi a trouvé son point faible. Le feu. Se plaçant au milieu d'un cercle non encore brulé, il cherche une solution, mais rien ne lui vient. Sous lui, le porc-épic n'en mène pas large, évitant mes pas que je ne contrôle pas. Il ne veut pas le tuer. Il n'y pense plus. Il veut juste en échapper. Je sens que son esprit s'approche du mien. Il veut à nouveau puiser dans mes connaissances. Je ne le laisse pas faire et je le rejette avec une violence qui le fait mal. L'une de ces pattes chute sous son poids, brièvement. Mieux que cela, je perçois sa forme dans les ombres mouvantes, mettant genoux à terre après ma riposte. Je l'ai trouvé ! Il suffit d'un éclair pour me trouver près de lui. Je le contemple enfin.

        Il est aussi grand que moi et aussi fort de corps. Sa peau est d'un mat saisissant et les éclats de lumières forment des symboles étranges sur son corps. Son visage n'en est pas un. On dirait un masque plat sur lequel on aurait mis deux globes rouges et une bouche avec quatre dents pointues et une langue de vipère dardant vers l'extérieur. Il me regarde. Je sens la surprise dans son regard.

        Toi.
        Moi.

        Ça fait longtemps que j'attendais ça. Quelques minutes, mais une éternité dans le même temps. Je le frappe. De toute ma force. De toute ma rage. De toute ma tristesse. Dans ce poing, je mets les souffrances de tous les êtres qu'il a abattus. Entends-les ! Sens les jointures sur ton visage ! Je frappe sans savoir si je peux le toucher. Peut être que c'est la force de mes sentiments qui font que le touche. Quoi qu'il en soit, il vole et s'écrase plus loin, glissant sur la surface de ce domaine éthérée.

        Comment ? Toi battre moi ?
        Je sais pas, mais ça fait plaisir.

        Et je retrouve le contrôle de mon corps. Devant mes yeux que je peux à nouveau contrôler. Je vois le désastre. Ce feu. Il semble inarrêtable. Mais je dois l'arrêter. Quoiqu'il en coute. Sous mes pieds, il y a cette bête de poil. Je pense à ce que j'ai pensé. Il ne mérite pas de mourir. Je l'agrippe fermement tandis qu'il se débat. Pas un mot. Je ne sais pas parler et ça sera pour plus tard. Utilisant toute cette force qui coule dans mes veines, je l'expédie au travers du mur de flamme. Fuis. Fuis. Tu n'as pas à combattre. Fuis. Si j'en finis avec ce feu, je me souviendrais que ce n'est pas seulement la faute du démon que la forêt brule, mais aussi la tienne. Fou que tu es. Bruler la forêt ! Tu bruleras à sa place ! Au travers des flammes, je grogne. Je l'avertis. Tu n'es pas le bienvenu.

        Et face à moi, les flammes. Que faire ? Arrachant au sol de grandes mottes de terre, je l'envoie sur les flammes. Ça aide, mais ça ne suffit pas. Et la terre viendra à manquer. Le feu a besoin d'air pour s'entretenir, il suffit de lui en privé. J'ai fait beaucoup de mal, il est temps de rendre la monnaie de ma pièce. Ils ont souffert, c'est à moi de souffrir. Sans une once d'hésitation, je m'élance sur les flammes, les couvrant de toute ma largeur. Ça me brule la carapace, mais je résiste en serrant les dents. J'asphyxie les flammes et quand c'est fait, je passe aux suivantes. De mes grossières pattes, je pousse les arbres pour éviter la propagation des flammes. De mon œil d'expert, je choisis les arbres qui s'enflamment les plus facilement. Les autres résisteront avec moi. Je combats les flammes. Avec mon propre corps. Avec une détermination sans faille. Je peux mourir en essayant, consumer par ce que j'essaie d'effacer, mais je n'ai pas de regret. Je le dois.

        C'est tout.
        Non.
        Non ?
        Pas être fini !

        Il s'élance vers moi, me faisant tomber à terre. Et comme j'ai le contrôle, mon corps de bousier chute à terre, roulant sur lui-même. Il me reprend le contrôle, je résiste. C'est comme si nous étions deux aux commandes. L'un dit à droite, l'autre dit à gauche. Le corps obéit. Il ploie sous les ordres contraires. Il part dans une danse frénétique sans logique. Ça en serait risible si je le regardais faire. Mais je ne peux pas. Je suis engagée dans une lutte avec le démon. Il frappe. Je réponds. Il mord. Je réponds pas ; j'suis pas une bête. J'en ai la migraine. Contrôler mon corps, ne plus pouvoir, puis pouvoir de nouveau, ça use. Je l'aurais. Je l'aurais. Je lui prouverais que je suis la seule maitresse de mon corps.

        Tuer. Tuer.
        Cause toujours.
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        J’en ai fait des études dans ma vie, moi! Oh oui! De grandes études, c’est dire! J’ai fais la Marine aussi! J’ai fait mon devoir militaire, moi! Mon service à la nation! J’en ai vécu des aventures!

        Mais jamais une de ces aventures, ni une seule de ces grandes études ne m’avaient permi d’un jour faire face à… euh… à… ça.
        Parce que lorsq ue, dans une dernière expiration exténuée, on se retourne vers la clairière calcinée et que l’on aperçoit notre prédateur se changer en femme de calibre armoire à glace, on peut pas réagir de façon normale.

        -Hein?!

        Stoppant ma course, je m’avance bien à couvert vers l’brin d’femme bien mastoc qui se prend la caboche dans un soubresaut de démence. Puis à peine ai-je le temps d’la reconnaître qu’elle se change subitement à nouveau en la monstruosité d’tout à l’heure. Mais c’est trop tard! Si y’a bien un truc que l’on peut dire que j’fais bien en tant qu’chasseur, c’est de reconnaître les primes misent en circulation! Et cette tronche là, ces muscles là, ce corps de grosse bourrine, ça vient tout d’suite se coller à un seul minois sur une seule prime déjà aperçu à la va-vite en feuilletant le torchon d’inepties qu’on appelle « Journal du Monde ». Adrienne Ramba! La seconde du spécimen scientifique à la tête d’un équipage de bêtes de foires. Les Étrangers! Priméé à 33 millions.

        Euh… attend un seconde… PRIMÉE À 33 MILLIONS?!

        Oh non! Oh non! Ça sent pas bon tout ça! Ça sent pas bon du tout! Si ELLE est là, ça veut aussi dire que tout son équipage de brutes violentes doit pas se trouver loin non plus! Et moi qui l’affronte depuis tout à l’heure!

        -Oh merde…. Qu’est-ce que j’vais faiiiiiire…

        Avec ce feu, ça n’est probablement plus qu’une question de temps avant qu’les Étrangers et leur homme-poisson vicieux s’ramène pour m’arracher les poils de moustache un-à-un! J’veux pas crever ici! Pas aujourd’hui! Y faut retrouver la Team et au plus vite!

        -Gneuuuuuuh!

        -Hein?! Oh nooooon!!!! AAAAAAH! UN AUTRE ZOOOOMBI!

        Un autre personnage rayonnant dans toute sa morgue et sa putréfaction n’a a peine le temps de se jeter sur moi que l’énorme bousier se jette sur lui et le réduit en charpie d’une puissante charge. Bordel! C’en était moins une! J’ai à peine le temps d’me remettre d’ma presque-crise cardiaque qu’y faut déjà qu’je remette debout pour m’étirer douloureusement le mollet en esquivant un second cadavre animé. Le comment de l’esquive? En me jetant avec terreur dans le buisson le plus proche. Réflexe animal? S’rouler en une boule épineuse et glapir de frousse. Réflexe humain? Idem pour cette fois.

        -HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII!!!!!!

        J’dois me tirer d’ici! L’immense coléoptère en a peut-être pour un infime moment à charcuter et écraser l’zombi, la liste de verbes violents que me feront subir la Ramba et son équipage sera beaucoup plus exhaustive si j’perd mon temps à poiroter ici! D’une bonne poussée du rein, je roule sur le coté pour… pour… rester coincé dans les buissons?!
        Avec énervement, je jette des regards exorbités de tout côté pour réaliser dans quel piège je suis moi-même tombé. Ma fourrure ébouriffée et drue s’est emmêlée dans les épineuses branches du végétal et j’y suis maintenant prisonnier! Je suis désormais une cible de choix pour la bûcheronne et le reste de son armée de vils forbans! Pourquoi ça n’arrive qu’à moi ces trucs? Pourquoi pas à ce stupide matou de Raspoutine?!

        La seule façon de m’en sortir est très certainement de quitter cette foutue forme animale octroyée par ce fruit du démon naze. Héhé, eh bien, rien de plus…. Difficile.
        Ah! Une idée! Jusqu’à maintenant, la seule façon découverte de me transformer en stupide rongeur, c’était d’avoir une sale frousse, il me fallait donc moi-même me provoquer une de ces peur. Comment? J’en fais ma petite affaire.

        Fouillant difficilement dans ma sacoche elle aussi empêtrée dans le buisson, j’en tire une fiole à la couleur changeante que je secoue vigoureusement avant de débouchonner. Humant rapidement le grisant parfum du produit, mélange entre le diesel et le javellisant, je le pointe directement vers le ciel en attendant la réaction ultime.


        Chimic’arc-en-ciel!


        Ah, tiens, elle était de fort calibre, cette fiole là. Jamais je ne sais réellement ce que donne comme résultat mes contenant de ce type, mais chaque fois je peux m’assurer que ce n’est rien d’bon. Aussi bien conter sur ça pour me faire une peur plutôt que de mettre ma vie en jeu.

        Un immense rayon jailli de la fiole que je tiens fermement avant de s’élever vers le ciel et à travers le feuillage en tourbillonnant. Un instant plus tard, le projectile chimique et multicolore explose dans un feu d’artifice sonore et coloré.

        …Bon… ça n’a pas fait peur, mais ça avait le bénéfice d’être joli…
        …Bon, ça a peut-être attiré tous les zombis des environs, mais ça avait le bénéfice d’être joli…
        …En fait, maintenant que ça n’a amené que des emmerdes, c’est plus si beau  que ça…

          J'enchaine les coups, je fais pleuvoir mon expérience, cette expérience qu'il cherche à posséder. Mais non. Je lui interdis. Il tente de bercer la série de coups. Esquive et uppercut. Il semble abandonné. Mais c'est juste l'espace d'un instant. Cet instant, j'en profite pour reprendre le contrôle de moi-même et au milieu des flammes, j'en ai bien besoin. La texture de mon corps change. Je redeviens moi. Un instant. C'est long un instant. La sensation d'être soi fait plaisir. La douleur des flammes devient aussi plus gênante. Sans carapace, je suis à nue face au feu dévorant les arbres. Les plus proches sont plus proches de l'état de cendres. J'ai réussi à empêcher les flammes de se propager. Pas totalement, mais c'est déjà ça. Éviter que le feu ne se propage au reste de la forêt, c'est la mon objectif numéro un, avec celui de maitrise cette part de moi-même qui revient à la charge.

          J'ai été trop absorbée par l'extérieur. Il frappe aux jambes et me fait tomber au sol. Mon corps change. Il est de nouveau bousier. Je le regarde. Son visage. Mon visage, mais un visage déformé par la rage animale. Le visage de cette part de moi qui m'échappe encore.

          Je être vainqueur !

          Encore ? Encore cette inexpugnable ténacité. Je frappe. Il évite. Surprenant. Et j'ai soudainement conscience de ma fragilité croissante. Combattre dans cet état, se combattre soi, c'est quelque chose que je n'ai jamais expérimenté. Et la fatigue arrive beaucoup plus vite que prévu. Elle n'est pas physique. Elle est juste mentale. Et si le mental lâche, ce sera lui qui régnera sans partage. Je ne peux m'y soumettre. Encore un peu d'espoir et je repars à l'affrontement. Les coups s'enchainent. Un mouvement et c'est une nouvelle cage qui apparaît. Ça ne marchera pas. J'esquive, roule sur le côté et je me relève. Ma jambe tremble. Je l'ai dit que ce n'est pas physique, mais plus le mental s'affaiblit, plus ça se ressent sur ma forme physique, même si on ne peut l'appeler véritablement comme ça puisque j'affronte le démon qui m'habite au sein même de mon corps.

          Rage. Tuer. Déchirer. Sang … Sang ? Oui ! Trucider !

          Il frappe. Je peux encaisser. Il touche. Je n'encaisse pas et je vole. Une autre cage ; j'évite de justesse. Reprenant mon souffle, je m'interroge. Qu'est-ce qui s'est passé ? Cette soudaine vague de rage et de puissance qui a jailli de mon adversaire. Cela l'a transcendé. La réponse, je la vois au travers des yeux ; il ne m'interdit pas de voir et ce que je vois me fait froid dans le dos. Un corps. Putréfié. Massacré. Est-ce lui qui a fait ça ? Je ne sais pas. Je pense que oui. C'est la seule solution. Serait-ce l'homme bête ? Je ne veux pas y penser alors que j'ai tenté de le sauver. Une autre victime ? Ne pas y penser non plus. Mais c'est plus fort que moi et je me sens faiblir. J'ai failli. J'ai causé du tort à la forêt. J'ai apporté la mort à des innocents. J'ai échoué. Totalement. Et tandis que je m'effondre, l'autre jubile. Usant de mes poings monstrueux pour réduire en charpie l'être qui n'a plus rien d'humain. Juste de la viande. À vif. Un autre est arrivé. Il s'en saisit et le frappe contre les flammes. La violence. Le sang. Le cadavre brulant. C'est l'enfer. De ce déchainement de colère et de violence, il puise sa force. D'un côté, ça me réjouit. Je ne suis pas plus fort en faisant du mal. Mais ce n'est pas comme ça que je vais m'en sortir.

          Seigneur.

          J'y crois. Je crois en lui. Je me relève, difficilement. Où est ta force ? Où est ta main secourable ? Sur quoi puis-je me reposer ? La confiance. Je dois avoir confiance. Je repars à l'assaut tandis que mon adversaire a le dos tourné, battant l'air de mes bras à la recherche d'un autre corps à taillader. Il s'approche de ce buisson. Il le sait. Je le sais. Quelqu'un, l'homme bête ? Il faut le sauver. J'arme mon poing. Je dois le protéger ! Je dois vaincre !

          Mais je suis vaincue. À nouveau, il m'envoie voler dans les airs et le choc est encore plus rude. Pourquoi ? Pourquoi rien ne marche ? Pourquoi est-il si puissant ? Pourquoi suis-je si seule ?? Des questions et pas de réponses. C'est la fin. Si je n'ai pas vaincu sans sa vigueur renouvelée, je ne vais pas vaincre avec. Reprendre confiance en moi ? Je l'ai déjà fait avec les résultats limites que j'ai eus. Oui. Dormir. Oublier. C'est peut-être finalement une bonne chose. Et en m'abandonnant, Franz et l'Ordre m'élimineront, mettant à mort un ennemi du bien. Une bête assoiffée de sang. Un sacrifice pour un mal. Pourquoi pas. Pendant ce temps, il est sur l'homme bête. Ses mains permettent à ses yeux d'observer les épines de la créature. Ce n'est plus qu'une question de temps. Un mouvement. Un rayon volant vers les cieux. Il recule brièvement. Ça ne fait pas mal, alors il s'approche de nouveau. La fin ?

          L'explosion.

          Peur.

          Il regarde dans les cieux. Cette lumière ? Ces explosions ? Ce n'est pas naturel. C'est totalement inconnu. Il a peur. Il est terrorisé. Ce sont des flammes, mais de plus grandes flammes. Et au milieu de ces flammes vient la pluie. Des gouttes rafraichissantes. C'est encore plus incroyable pour lui. L'eau qui joue avec le feu sans s’annihiler.

          Peur.

          Je contemple ces feux de joie. Ça m'apaise. Ça m'inspire. La joie. Oui. La beauté aussi. La vie par l'eau. Par la chaleur aussi. La lumière. Le bien. Des valeurs que je chéris. Des valeurs pour lesquels je me bats. Abandonner ? Non. La vigueur me prend comme si la fatigue avait disparu. L'envie de dormir ? Envolé. Je me relève, fière et imperturbable. Dans mes yeux se réfléchissent les éclats du feu d'artifice tandis que dans ces yeux, il n'y a plus de cette violence morbide. Non, il n'y a que de la peur. Une peur qui pourrait être violente, mais la peur quand même. Le rapport de force a changé. Merci toi. L'homme bête. Tu m'as donné la force de me battre. Je t'en dois une.

          Je être …
          Ta gueule.
          JE …
          Ta gueule.
          Tuer !
          Non …
          Combattre !
          … oui …
          Reuu ?
          Maintenant, ça va chier.

          Poing contre paume. Ça claque. Le défi est lancé. Il s'avance, mais il est comme lent. Il arme son poing droit. J'ai une éternité pour me préparer à le contrer. J'esquive et je frappe. Derrière la nuque. Ça craque. Il tombe en avant. Ma jambe part et le pied vient rencontrer son visage. Nouveau craquement. Pa simplement les os, mais ça détermination. Il n'a plus rien. Il n'est plus rien.

          Pourquoi …
          Parce que.
          Pourquoi ?
          La joie vaincra toujours les pleurs, la souffrance et la haine.
          Incompréhensible.
          Je t'oblige pas à comprendre.
          Tuer !
          Fais dodo.

          Coup de grâce. Craquement.

          Et une grande bouffée d'oxygène. Mon corps ? Je suis moi. Entière. Sous la forme du bousier. Je bouge ma main. L'autre. Tellement facile. Aucune opposition. Aucune petite voix. J'ai vaincu. Je l'ai maté. Et je capte enfin ce que j'ai en face de moi. L'homme bête qui me fixe. Dans les derniers instants, il a dû passer à l'attaque. Il a dû l'attraper et le forcer à abandonner la défense. La souffrance a dû attiser sa rage, mais cela ne lui a pas servi. Je le regarde. J'ouvre la bouche. C'est difficile. Pas que ce soit contre mon gré, mais je dois prendre possession des particularités de cette enveloppe.

          Merci. Merci pour tout.


          Ça doit être surprenant de voir un bousier géant remercier. Enfin, il n'est pas non plus très banal avec ces pics. Je me retourne. Les flammes sont encore là. Le feu tente de se propager à la forêt. Non. Je ne le laisserais pas faire. Et les cieux n'ont plus s'y oppose. Avec son aide, ce n'est qu'une question de temps pour que la victoire soit mienne. Les deux mains sur le tronc le plus proche des arbres vivants, je soulève. C'est … simple. Comme si je portais une branche. Je fais voltiger le tronc à moitié bruler vers le centre de la clairière comme si ce n'était rien alors qu'il doit faire un certain poids quand même ! Décidément, ce pouvoir est impressionnant. Je me retourne vers l'autre et je souris maladroitement ; essayons de faire passer ça par la rigolade.

          Je ne sens plus ma force. Hé. Tu veux bien m'aider à empêcher le feu de se propager ? Malgré la pluie, le couvert des arbres peut l'entretenir.
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          …Elle me parle?
          …Elle me remercie?
          …Elle me demande de l’aider?!
          Non mais elle est folle?! Elle a pas capté? Son cerveau serait-il à l’image de sa forme insectoïde? Ridiculement petit et sous-développé?

          C’est c’que je ne pu me retenir de penser lorsque je constatai avec surprise qu’Adrienne Ramba était très sérieuse dans ses propos. Elle ne me connaissait pas? Moi! Le grand IDK! L’homme de l’heure! Le savant fou de la Team Rocket!

          Désolant… À croire que parfois des gens sont si naïfs. Là était pourtant ma chance! Je pouvais profiter de l’inconscience de la pirate pour l’assommer et la livrer à la justice! Il me fallait seulement trouver un moyen de faire en sorte que cette idée soit réalisable.


          Ah et si je… Non… Non…


          En fait, c’est plus compliqué qu’il n’y parait d’assommer un bousier géant. Même quand on a la classe d’un effroyable rongeur tout en piquant et en fourrure. C’est donc bras ballants dans une mine perturbée que je réfléchissais à un moyen de parvenir à mes fins. Ce fut aussi en arborant cette même mine que j’égarai mon esprit à me demander quelle pouvait être la température d’un feu nourris par les arbres humides de cette forêt.
          Et aussi la teneur en acidité en particules par millions dans les gouttes de pluie me mouillant le crâne en s’égouttant des ramifications arboricoles.

          Bref, j’étais tout sauf proactif. Du moins, jusqu’au moment où la bûcheronne me héla en me quémandant de l’aide.

          -Euuuh… en fait… c’est que… T’es une pirate primée, hein…

          Que trouver de plus plausible comme explication? Que trouver de plus logique, acceptable, comme façon d’exprimer mon désaccord dans une entreprise d’aide envers une criminelle? Je n’en voyais pas d’autre. Et le bousier de me jeter un regard légèrement haineux. Non, très haineux, plutôt.

          J’avais trouvé moyen de fâcher une hippie sous la forme d’un prédateur à la carapace et aux cornes redoutables! J’avais réussi à provoquer une dangereuse criminelle ayant la forme d’un monstrueux coléoptère. Et qui plus est un coléoptère armé d’un tronc d’arbre partiellement carbonisé!

          Quoi de mieux, dès lors, que de ne pousser qu’une réplique de choix?

          -Euuuh….Aaaaah?

          Et pourtant, avant même que je ne trouve couvert pour esquiver un tronc volant, ce dernier dépasse ma position depuis les arbres et va s’écraser durement quelques mètres derrière moi.

          Hein? Elle vise si mal?

          Seule réaction alors que, toujours accroupie, je réalisai la présence d’une main dépassant de sous l’épaisse écorce de l’arbre devenu projectile. Un zombi! Elle m’avait sauvé!

          -T…Tu m’as sauvé? M…Mais je suis chasseur de primes?

          À peine ma question dépassait-elle la barrière de ma moustache qu’un gémissement agressif surgissait de derrière moi. Un autre! Bordel… le gâchis qu’avait fait mon feu d’artifice…

          Réflexe animal priorisant sur le reste comme cette rencontre me l’apprenait durement depuis bientôt un bon moment, je ne trouvai rien de mieux que de me réduire à l’état de sphère bardée de pics.  

          Sprotch.

          Le bruit suivant était assimilable à la chitine épidermique d’un concombre aquatique northbluesien se faisant trancher par le hachoir rouillé d’un poissonnier. De quoi lever le cœur des âmes sensibles, mais pas à lever le cœur d’un héros comme moi!



          En fait, bien empalé sur mon dos hérissé, c’était plutôt moi que le cadavre empêchait de se lever…

          -Ah merde… Un peu d’aide s’il-vous-plaît?

          Quelques instant plus tard, on soulevait le zombi de sur mon dos pour me permettre de reprendre ma motricité. Que? Encore la Ramba? Fallait-il lui expliquer comme à une enfant?

          -Nan mais t’as pas compris, moi je suis un gentil, t’es une méchante. On peut pas s’entraider comme çaaAAAAAAHH!! BORDEL Y SONT UNE BONNE TRENTAINE!?

          Une trentaine. Une sale trentaine. Une trentaine de cadavres en décomposition se mouvant agressivement vers nous. Une trentaine de lépreux putréfiés arborant tous de vraies tronches de cannibales. Une trentaine de tueurs dangereux à souhait.

          -Tu passes la première, gamine! Que je lançai à la bousier en me réfugiant directement derrière elle. Ton feu attendra!
            Faire passer ça pour de la rigolade ? J'pense que ça le fera pas en fait. Cette réaction, ça casse tout. Je suis quoi ? Une pirate primée ? J'essaie de mettre la bonne ambiance et il me dit ça. Il veut pas qu'on soit copain et c'est pas vraiment le moment de devenir mon ennemi après ce que je viens d'affronter. Du calme, juste un peu de calme, c'est tout ce que je veux. Mais cette affirmation, c'est inquiétant. Je sais pas qu'il est, mais il sait qui je suis. Suis-je assez connu pour que même sur Grandline on me connaisse ? Ça craint. On semble me connaître plus pour mes mauvais actes que pour mes bons actes. Ça craint encore plus. Le gus sait que je suis primée. Il a dû avoir une prime entre les mains. Pourquoi ? Aucune idée. La pire serait qu'il soit chasseur de primes. Ça serait très mauvais. Mais non, c'pas possible, il m'aurait déjà sautée dessus pour me capturer si c'était ça. Je voudrais bien lui dire un truc, mais je sais pas quoi. Il a brisé mon élan. En attendant, je soulève l'arbre suivant pour l'envoyer plus loin. Mon lot de consolation, c'est que ça s'éteint bien. La pluie étouffe la plupart des flammes. La seule zone qui brule encore, c'est là où il a balancé son produit. C'est entretenu chimiquement. C'est mal.

            Un cri. Je me retourne. Il est toujours là. Mais j'ai écrasé un autre type. J'sens la culpabilité remonter. Parce que j'en ai zigouillé un autre tout à l'heure. C'était pas moi aux commandes, mais c'est ma responsabilité. J'm'approche pour me placer à côté de l'autre mal élevé. Étrange. Le corps que j'ai écrasé semble pas vraiment vivant. Et j'me souviens que le premier n'était pas non plus très frais. Très étrange. Ils sont plus proches de l'état de cadavre que d'être vivant. C'est peut-être mieux de les avoir achevés, en fait. J'veux lui demander un truc ; au vivant, pas au cadavre ; mais il me fixe étrangement.

            Hein ?

            Chasseur de primes ?

            Oh merde. Il dit ça comme ça. Sans soucis. Il doit vraiment être simple d'esprit. Parce que ça change tout pour moi. Il passe de facto mon ennemi, ou du moins mon adversaire. L'autre chose qui me vient à l'esprit, c'est qu'il doit pas être seul. Ils sont peut-être là pour nous, les Étrangers. Si c'est le cas, Ishii et les autres sont en danger. Peut être qu'ils vont plonger tête la première dans un piège et ça, ça le fait pas, il faut les prévenir. Et pendant ce temps, un autre cadavre ambulant vient se planter sur le chasseur de primes. Avant d'aller les prévenir, il faudrait que je m'occupe de celui que j'ai là. Il pourrait me poignarder dans le dos. Sauf que rouler en boule avec le cadavre dans les pics, il fait presque pitié. J'entends même un « au secours ». Risible. Je me retourne pour le laisser là quand je m'aperçois que je suis pas seule. Derrière moi, de l'autre côté de la petite clairière, il y a une ombre. Je ne perçois pas ses traits, mais je ressens sa présence. Franz. Celui qui est chargé de me surveiller.

            A-t'il tout vu ? A-t'il vu mon affrontement ? A-t'il jugé cela positivement ? Ou cela m'a t'il condamné ? Un frisson me parcourt mon échine d'insecte. La peur. Je la disperse soudainement. Il ne faut pas céder à la peur. J'observe un instant et je ne ressens rien de spécial. J'ai encore mes chances. Autant éviter de tout faire basculer dans le mauvais sens. Et ça passe par le sauvetage. Ce chasseur de primes ? Allons. Allons le libérer. Ça me fera une bonne action dans ma besace. Sans le voir, je sens que Franz s'amuse de ma réaction. C'est moi qui suis risible, en fait. Mais je fais mine de rien et c'est un porc épique qui se retrouve rapidement libéré. Une fois fait, toujours avec le cadavre dans les mains, je m'approche des dernières flammes. Je tâte le pouls du corps ; mort. Ça me rassure. Du coup, j'en profite pour taper les flammes et disperser le combustible chimique. Les dernières flammes se dissipent. L'incendie est terminé.

            Quoi ? Moi ? Je suis une méchante ? Je me retourne avec le cadavre dans les mains, légèrement désarticulé et fortement faisandé. Il m'énerve. Beaucoup. J'le sauve et voilà comment il me remercie. Mais quel chieur ! Et je capte la trentaine de cadavres ambulants qui arrive. C'est pas normal. J'aime pas ça et j'ai pas envie de savoir ce que c'est tout de suite. Faut que je pense aux autres : il y a des chasseurs de primes sur l'ile ! Dont l'un se trouve en face de moi et ne trouve rien d'autre à dire que de m'envoyer en première ligne. Génial. Ça m'énerve. Je balance le cadavre que je porte sur les premiers. Ils tombent et ils révèlent qu'ils sont pas très adroits. À la course, je dois les battre. Et je vais les battre. Ça sert à rien que je reste ici. J'me retourne pour me retrouver avec le chasseur de primes dans les pattes. Je veux le poutrer. Il me saoule. Je regarde devant moi. Franz. Je capte son visage. Personne ne bouge. Puis, il se retourne, ostensiblement, après avoir hoché de la tête dans ma direction.

            Il m'approuve.

            Héhé... Toi, tu as gagné le gros lot.

            Je le saisis par les bras et je commence à tourner sur moi-même. Trois. Quatre tours. La vitesse est suffisante et je le lâche à l'horizontale en direction des zombies. Il en cogne plusieurs et ils traversent leurs lignes. Joli coup. Ça t'apprendra à me parler sur ce ton. Et c'est un avertissement à ses petits copains. S'ils veulent s'en prendre aux Étrangers, ils vont devoir me passer sur le corps. Et pendant que je maitrise mon fruit du démon, c'est beaucoup plus dur. Pour lui, qu'il se débrouille. Pour moi, j'ai à faire. Je rechoppe mes affaires et je repasse à une forme plus humaine. Cette sensation d'être soi est encore plus grande. Ça fait plaisir, mais je m'attarde pas sur ce sentiment. J'ai une course à gagner. Et je cours. Sans un regard pour derrière. Peut-être qu'ils ne me courront pas après. Peut-être qu'ils ont mieux à faire avec le chasseur de primes. Ça serait terrible …

            Fallait pas me chercher.
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            Et ce mal de dos qui me reprend, fichtre… En prenant en compte la pression atmosphérique ainsi que la puissance à laquelle on m’avait lancé, il devenait de plus en plus évident que, des quatre zombis les plus près et nous faisant face quelques instants plus tôt, celui qui serait le premier à être percuté par ma pauvre masse en mouvement serait…

            AÏEUH!!

            …le deuxième en partant de la gauche… Bordel… Et résultant de cet impact, assumant que l’angle de rebondissement se rapprocherait du coude droit du cadavre, il deviendrait alors évident que la seconde cible du lancé serait évidemment…

            AÏEUH!!

            …Celui juste à droite. Et suivant cette réaction en chaîne, je frappai les zombis les uns après les autres sans pouvoir y faire quoi que ce soit, propulsé par l’élan donné par Ramba. Les putréfiés que je ne touchai pas s’effondrèrent malgré eux sous le poids des leurs renversés par le déséquilibre des autres. Et moi, dans tout ce chaos, au milieu du torrent de cadavres s’écroulant, tétanisé en boule, perclus de douleurs lombaires, évincé par la force cinétique de ma manœuvre, je ne peux que recycler une vieille marque de commerce qui commence à s’user depuis le début de ce rp :

            -AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHH!!!!!!!!!!!!!!!!!

            Non mais pourquoi moiiiii? Pourquoi il a fallut que JE suive James, Sam, Sören et Alphonse vers Grand Line? Pourquoi il a fallut que JE reste lorsque l’on a faillit y passer sur Reverse Mountain? Pourquoi c’est moi qui, dès la première île de la route de tous les périls, a dut tomber sur une pirate primée à 33 millions (Et bon, de femme elle n’a que le titre, parce que, hein, forme humaine comme bousier, rien ne lui fait honneur à celle là…)?! ET POURQUOI L’ÎLE EST BOURRÉE DE ZOMBIS BORDEL?!

            Dans un bruissement de tous les diables et dans de nombreux craquements, je m’affalai en roule-boulant dans un buisson épineux. Quoi de mieux pour compléter cette mésaventure… Me relevant difficilement, je trouvai tout de même le moyen d’éviter de trop faire souffrir mon dos complètement figé tout en retrouvant équilibre et propreté. Autour de moi, poussière, fumée, et une désagréable odeur de chair brûlée et putréfiée. Lissant ma moustache avec appréhension, les nerfs à vif, je réalisai peu à peu que la forêt semblait plus calme. Plus de gémissement d’outre-tombe, plus de bousier géant furax.
            Dans un soupir de soulagement, je m’écroulai au sol en riant de bonheur.

            -Nyahahahahaha!!! C’est bien ça l’aventure! Nyaha! Vivre de grandes péripéties et des confrontations inoubliables! Combattre la peur au ventre et vaincre ses adversaires par de fourbes tours! J’regrette pas d’avoir quitté North Blue! Nyéhéhé!

            C’est ça! Qu’ils y viennent ces idiots! J’ai survécu à Adrienne Ramba! Plus rien ne m’fait peur!! C’est pas si mal Grand Line après tout! Puis, soudain, sans que je n’m’y attende, un bruissement sonore dans les arbres, agitant le feuillage. Encore un?!

            -AAAAAAAAAAAAAAAAAHHHH!!!!!! COUREZ POUR VOS VIIIIIIIIIIES!!!

            Criai-je comme adieu en prenant mes jambes à mon cou, alors que des feuillages s’envolait un petit oiseau colorée.


            ***


            -…….Eh…. J’suis où, en fait?