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Tirez pas sur le pingouin.


    -Rien ?
    -Non monsieur rien pour l'instant. Mais certains sont encore en mer. Et ceux qui sont rentrés repartiront dés l'aube...



    -C'est fou, celle la est vraiment pas tombée loin.
    -Ouais, t'as qu'a faire un vœu lieutenant, moi je me tire. Et qu'on m'emmerde sous aucun prétexte.
    -Sauf pour elle ?
    -Évidemment...

    [...]

    Une journée perdue de plus pour Red, une journée à jouer à l'amiral, à superviser les réparations des cuirassés, à vérifier que le chargement des prisonniers et des biens qui composent le tribut des Usuriers se passe sans encombres, à jouer au croquemitaine pour les locaux et au chef pour les marines. Une journée ou Red n'a pensé au fond de lui qu'a une chose. Que chaque heure qui passait ici était une heure que Rachel passait en mer. Une heure en mer... Il y a tellement de choses qui peuvent tuer un naufragé en une heure. La mer, le soleil, la soif, les monstres... Une heure de plus, puis une autre...

    Et maintenant que la nuit est tombée c'est encore pire. Maintenant qu'il n'y a plus les milles trucs à gérer pour éviter de penser, maintenant que Red n'a plus rien à faire pour rester en mouvement et qu'il n'a pas d'autre choix que de s'asseoir, incapable de dormir, et de se mettre à compter les heures qui passent en évitant de penser au vide...

    Une heure, puis une autre...

    Il y a tellement de choses qui peuvent tuer un naufragé en une heure...

    Bam bam bam !

    -Monsieur ! Monsieur ! Venez vite !

    De ses années de services au sein du Cipher Pol, Red a gardé l'habitude de la veille, passer instantanément de l'immobilité la plus complète à l'action sans même marquer un temps mort. Et le soldat n'a pas fini sa phrase que Red est déjà à la porte.

    -Ils l'ont retrouvé ?
    -Hein ?
    -Rachel ? Ils l'ont retrouvé ?
    -Ah non non c'est pas ça, on est attaqués  !
    -Attaqués ? Les Usuriers ?
    -Je ne crois pas monsieur, j'ai l'impression qu'eux aussi sont attaqués...

    Suivant l'officier Red déboule sur le pont du cuirassé, nuit noire, torches allumés et hommes qui courent sur le pont, matant l'eau noire du port par dessus le bastingage.

    -Qu'est ce qui se passe ?
    -On ne sait pas vraiment. Il y a ces étoiles filantes qui sont tombés, la dans l'eau, et la bas en ville. Et depuis c'est le bordel ! C'est surement à cause de la pleine lune !
    -Mais oui c'est sur. Surement une attaque de la lune...

    Suivant le geste de l'officier Red observe la cité, il y a des feux la bas, des feux, des cris, des bruits de combats, quel que soit ce qui se passe les usuriers le subissent aussi.

    -Et nous ?
    -Y'a quelque chose qui s'est attaqué à la coque, on a une voie d'eau dans un des compartiments babord. Mais on ne voit rien de l'extérieur. Nous avons des scaphandres pour l'inspection de la coque, j'ai envoyé des hommes les chercher.

    A son tour Red va se pencher par dessus bord, contemplant l'eau et essayant de percer les ténèbres du port, sans succès...

    -Et au fond ?
    -On a fermé le compartiment et mis les pompes en marche, ensuite on pourra aller voir ce qui a percé. La situation est sous contrôle mais on a pensé qu'il valait mieux vous prévenir, si ça recommence...

    Et comme un mauvais augure n'attendant que ça, le bruit agressif d'une cloche d'alarme venu des profondeurs du navire surmonte soudain le brouhaha inquiet qui règne sur le pont.

    -C'est quoi ça ?
    -Voie d'eau monsieur ! Il doit y avoir une autre brèche !
    -Prenez les lampes, on descend ! Et prenez les scaphandres...

    Suivi d'une dizaine d'hommes Red s'engouffre dans les entrailles du cuirassé, glissant le long des échelles pour atteindre plus vite les niveaux les plus bas, jusqu'a se retrouver tout a fond, dans la cale obscure et humide qui forme le dernier niveau du navire, trop exigu pour qu'on s'y tienne debout, et parcouru de poutres de bois qui forment l'armature du navire et qui y rendent tout déplacement difficile. La, dans le noir et avec de la flotte jusqu'au genoux, une équipe de marins s'efforce de colmater un trou dans une cloison et par lequel jaillit un véritable geyser qui menace de remplir le compartiment que les pompes s'efforcent de vider...

    -Y'a quoi derriére cette paroi ?
    -Deux compartiments inondés ! C'est comme s'il y avait un truc la dedans qui perce les cloisons !
    -Des hommes poissons ? Par ou on peut aller voir ?
    -Euh, on peut passer par le pont du dessus, y'a des trous d'hommes qu'on peut ouvrir...
    -Alors on fait ça, passez moi un scaphandre...
    -Mais monsieur.. Vous avez mangé un fruit du démon !
    -Je jette juste un oeil, et ce truc est étanche non ?

    L'équipe remonte d'un niveau et Red enfile rapidement les pièces d'équipement que lui tend le mécano du bord, un casque en cuivre d'au moins cinq kilos avec vitre et arrivée d'air au sommet, des bottes de plomb deux fois plus lourde que le casque pour bien rester au fond, et une combinaison gonflée pour lier le tout.

    -On a perdu le compartiment trois monsieur, le bateau commence à giter !
    -Ok, ouvrez moi la trappe ! Et oubliez pas de pomper, j'ai pas envie de manquer d'air...

    L'officier soulève la trappe, révélant une soute rempli d'eau qui se met immédiatement a jaillir par le trou. Un coup d’œil par la ne révèle rien de suspect, Red fait un pas en avant et plonge direct dans la flotte.

    Entrainé par le poids du scaphandre il chute direct au fond, immédiatement saisi par la pression de l'eau sur la combi et par l'encombrement de sa tenue. Le casque limite le champ de vision dans l'eau déjà sale et chargé de débris, l'air qui arrive a un gout de caoutchouc, bref, tout baigne... Le temps de s'habituer à ses nouvelles fringues et Red fait le point, rien de particulier en vue, si il y a des hommes poissons dans le coin ils doivent être dans le dernier compartiment inondé en train de forer la cloison suivante, c'est donc par la... Red dégage le harpon vendu avec la tenue et un pas lourd aprés l'autre il part en chasse dans les profondeurs...

    L'eau est trouble et pleine de vase venue du port, et c'est presque à tâtons que Red trouve la brèche dans la coque. Une brèche deux fois haute comme le marines et qui n'a pas été faite avec délicatesse, derriére les planches de bois éventrés, la ceinture de métal qui protégé la ligne d'eau du cuirassé est gondolée et tordue...

    Longeant le bordé Red constate la même brèche vers le compartiment suivant, et déroulant avec précaution son tuyau d'air et son fil d'ariane derriére lui il passe prudemment à travers le nouveau trou, battant des mains devant lui pour essayer de dissiper les débris qui le gène et balayant le coin avec le faisceaux du lumino dial.

    Le faisceau accroche une forme noire et l’instinct de Red se met à hurler, l'intrus est la! Un pas en arrière et il évite de justesse une série de projectiles qui se plantent dans la coque devant lui, immédiatement suivi d'une vague de froid qui le fait frissonner malgré la température d'étuve de sa combinaison. Engoncée dans cette armure il se retrouve lent, maladroit, trébuche et tombe en arrière pendant qu'une énorme forme noire se rue à sa rencontre. Pression sur la détente, et dans un chuintement de pneumatique le harpon explosif va se planter dans l'adversaire et détone immédiatement. Dans l'espace confiné du compartiment, l'onde de choc se répercute partout, Red décolle et part rouler d'ou il est venu avant de s'écraser contre une paroi, les oreilles bourdonnantes, le nez en sang, et l'arrivée d'air miraculeusement intacte. Pas le temps de se remettre que le froid annonciateur de la présence ennemi est de nouveau la. Une palme vient trancher net le harpon qu'il interpose pour parer, utilisant le geppou il réussit à saute juste assez pour éviter la seconde et frappe de la paume dans l'eau devant lui, essayant de chasser l'eau comme il le fait à l'air libre.

    Choc métallique, la forme noire recule, et Red frappe encore, ces poings déclenchant onde après onde dans l'eau vaseuse, forçant l'ennemi à battre en retrait vers la brèche qui l'a vu entrer...

    -Chef chef ? Qu'est ce qui se passe ?

    Dans l'esprit de Red la notion de scaphandre tout équipé prend un nouveau sens, le casque comporte méme un mini den den..

    -Je l'ai chassé, Fourrez moi les calfats dans les scaphandre, faut boucher ce trou !

    Prudemment, Red se rapproche de la brèche par ou a filé la bête, s'agirait pas que ce soit un piége, ou qu'elle soit allée chercher du renfort. Il atteint la déchirure et se penche à l'extérieur, dans la mer, son lumi dial éclairant un instant la coque du cuirassé au dessus de lui, puis perçant les ténèbres jusqu'au sable et aux algues qui recouvrent le fond du port... Rien...

    Une sensation désagréable interrompt les recherches de l'officier... Une sensation humide parfaitement inappropriée dans un scaphandre étanche. Red baisse les yeux, repérant immédiatement les bulles d'air qui s’échappent du trou béant percé dans sa combi par ses acrobaties marines...

    -Oh non...

    Et avant que Red ait pu regagner la sécurité des entrailles du cuirassé, la créature tapie sous la coque allonge un long bras vicieux et lui agrippe la jambe avant de l'entrainer à l'extérieur. Red bascule une fois de plus, et entrainé par le poids du casque il va taper tête en avant dans le sable, sa combinaison en profitant immédiatement pour avaler de l'eau et perdre de l'air.

    -Pompez pompez !

    Ramené au sol par le poids des bottes Red suffoque, il a avalé de l'eau salée et assis dans le sable il tente tant bien que mal d'écraser le trou de la combi avec ses mains pendant que la flotte sape peu à peu ses forces, et que levant la tête il aperçoit enfin le vrai visage de son ennemi.

    Quelques métres plus haut, accroché a la coque comme une vilaine arapéde, le Pingouista de Kikai No Shima le regarde fixement de ses deux yeux rouges luisant de haine. Puis, tendant négligemment une main aux doigts aiguisés, il tranche négligemment l'arrivée d'air du scaphandre...

    -Rmontez moi !
    -Comment monsieur ?
    -Garrglll !
    -Tirez les gars !



Dernière édition par Red le Dim 27 Oct 2013 - 11:29, édité 6 fois

      -Il respire !
      -Mettez le sur le coté qu'il crache son eau !
      -Blorrrrgh...

      Red revient une fois de plus à la vie et se met immédiatement à vomir des litres d'eau de mer sous le regard réjoui de l'équipe de marines réanimateur qui l'a ramené et extrait de son scaphandre...

      -Amiral? Vous vous sentez bien ?
      -Beuargh...
      -Je vois bien que le moment est délicat monsieur. Mais nous avons un probléme...

      Continuant à cracher et à tousser Red finit par se laisser tomber dos au mur, épuisé par son bref séjour dans l'eau, trempé et aspirant à grande goulées un air qui vient lui purger les poumons de cette horreur liquide...

      -Arrrh probléme ?
      -Nous avons identifié l'assaillant monsieur. C'est un pingouin. Et il s'en est pris au navire...
      -Kof kof, merci lieutenant, ça c'est une nouvelle...
      -Je veux dire qu'il s'en est pris au navire après vous avoir noyé monsieur. Et qu'il est toujours dessus. écoutez! Vous entendez ?

      Red finit de tousser pour reprendre une respiration plus normale et tend l'oreille. Coups de feu, chocs métalliques, cris, mêmes étouffés par les cloisons épaisses du cuirassé il n'y a pas à s'y tromper, quelque part dans le coin une bataille est en train de se livrer.

      -Il a complétement gelé le pont, et il fait le siège du gaillard arrière, comme s'il voulait s'attaquer à votre cabine. On a réussi à le repousser mais on est pas équipés en tenues de combat hivernales, vous êtes le seul à pouvoir l’arrêter !

      Aidés par les hommes Red se relève en épongeant vaguement ses fringues trempés. Ce maudit pingouin géant commence a lui courir sévère, trois iles qu'il vient fourrer ses sales pieds palmés dans la tambouille des Sea Wolfs et il est tant que ça cesse. Il y a une sale bête qui va regretter d'avoir fait l'erreur de sortir de l'eau.

      -Bordel ! Trois iles qu'il cherche des coups, cette fois ça va chier !

      Red écarte les troupes et distribue quelques ordres avant de se lancer dans l'ascension des échelles qui montent au pont supérieur, rejoignant rapidement l'une des salles de gardes qui permettent d'y accéder et ou se déroule un combat acharné. Retranchés dans cette casemate improvisée une vingtaine de marines se succèdent aux meurtrières, maintenant le pont du cuirassé sous un feu roulant de projectiles.

      -Amiral sur le pont !
      -Alerte il revient !

      Et les hommes n'ont pas le temps de procéder au salut réglementaire qu'un coup de boutoir vient enfoncer la porte, une griffe métallique la traversant en son centre avant de l'arracher d'un seul coup de ses gonds, laissant se découper dans l'encadrure la forme monolithique et menaçante du Pingouista.

      -Feu !

      Les armes claquent sans effets notable et l'instant d’après la pièce est noyé dans un flot de neige et de glaçons jaillis du torse du monstre, des glaçons gros comme le poing assomment les marines et transforment le sol en une zone instable et redoutablement casse gueule pendant que le Pingouista ajuste les ennemis du bras gauche et se prépare a liquider ses adversaire a l'aide de son lance hareng congelés...

      Puis il repère Red et interrompt immédiatement son processus d'attaque pour se concentrer sur sa cible principale qui lui saute immédiatement à la gorge. Exécutant un superbe coup de pied du sacrifice allié au Soru Red percute des deux pieds la poitrine de la bête et malgré sa masse il l'envoie bouler sur le pont. Parfaitement réceptionné Red reprend l'assaut le premier et fonce bille en tête sur le cyborg en frappant l'air de ses poings, chacune de ses frappes déformant a distance la plaque de blindage du Pingouista comme s'il subissait le pilonnage d'une bordée de canons...

      Et Bam, c'est le choc au milieu du pont, le poing de Red s'enfonce jusqu'au coude dans le plastron de métal du monstre qui referme ses bras sur le marines pour le broyer et le couler dans la glace. D'un Geppou Red se dégage, se propulsant jusqu'au dessus des mats ou il rencontre un vide qu'il crée aussi dur que le sol pour y prendre appui et se relancer à toute vitesse vers le navire et sa cible...

      Au sol le Pingouista lève la tête et ouvre la bouche ou se met à briller une lumière rouge de mauvais augure...

      -Darkside !

      Le Flux rouge du rayon laser illumine la nuit comme le départ d'un feu d'artifice et plonge droit dans le nuage noir et opaque qui se dégage du corps de Red et qui l'affaiblit et l'absorbe avant qu'il atteigne sa cible. Et le temps que le Pingouin recharge pour le deuxième tir le poing de Red lui défonce brutalement le crane.

      Les deux combattants s'écartent, propulsés par le choc chacun vers un coin du bateau, Red a le poing en sang et couverts d'éclats métalliques, le pingouin a le crane ouvert, grésillant, et doit avoir un mal fou a faire le poing avec ce qui lui reste de capteurs optiques...

      -Monsieur, j'ai trouvé le bouquin !

      Sur le gaillard avant, dans le dos du pingouin, un sous off brandit triomphalement ce que Red l'a envoyé chercher en cabine, le bouquin piqué au labo sous marin de Kikai no Shima qui est probablement à l'origine de ces soucis de parcours. Le pingouin tourne la tête, une lentille zoom hors de son crane ouvert, et tournant les talons il file vers le livre, et Red le suit.
      Soru et glissade artistique sur le pont ciré, Red rattrape et frappe aux articulations offertes, sa main durcie par le Tekkai vient broyer le chef d'oeuvre d'ingénierie qui sert de rotule au cyborg qui bascule et s'étale sur le pont, assez diminué pour l'étape suivante...

      -Aux filets !

      Les cloisons du gaillard d'avant s'ouvrent pour laisser pointer la large gueule de plusieurs canons d'abordage équipés de lance filets qui catapultent immédiatement leur cargaison sur la cible, emmêlant le Pingouista au sol dans de la bonne grosse maille métallique qu'il n'a pas le temps de trancher. Déjà Red est sur lui et entreprend de lui casser méthodiquement les membres et les armes à coup de poings, l'une après l'autre...

      Jusqu'a ce que n'importe qui puisse trainer le cyborg a fond de cale...


      -Monsieur? Vous êtes blessé ?
      -Ouais... Je crois que je me suis pété la main, c'est pas grave.
      -Vous êtes sur ? ça a l'air de saigner pas mal...
      -Aucune importance. Quelle heure est'il ?
      -Quatre heures monsieur. Vous devriez peut être me laisser finir le quart ?


      Quatre heures, encore deux avant que le soleil ne se décide enfin à se pointer à l'horizon pour mettre un terme à une longue nuit de veille.

      Il y a tellement de choses qui peuvent tuer un naufragé en deux heures...


      Mais y'en a une de moins...