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Captivité ~ Entre rivaux {Raf}


    - Et enfin, Rafaelo Di Auditore, primé à 52 Millions de Berrys… C’est également lui qui a tué Krabbs, d'après nos hommes. Sinon, c'est tout pour la liste de nos captifs. La voix de Ketsuno vacilla légèrement à ce nom. Elle avait été à la fois outrée et traumatisée par les actions de cet homme. Lui qui s’était fait passé pour un bon samaritain. Lui qui nous avait sauvés sur Little Garden. Le comble pour des marines qui détestaient la révolution. Lorsque je posai mes yeux sur elle, alors qu’une infirmière changeait silencieusement mes bandages, Ketsuno fuit tout bonnement mon regard. Elle s’était sentie totalement inutile depuis la fin de la guerre, sans oublier qu’elle avait été énormément affectée par la mort de notre ami Marone. Des sentiments que je comprenais vraiment et que je partageais également. Il n’y avait pas eu plus inutile que ma personne, surtout face à ce révolutionnaire aussi monstrueux qu’implacable. C’est vous dire à quel point le visage impénétrable du fameux Ombre me hantait jour et nuit. Un homme dont je m’étais fait la promesse de tuer un jour ! Je finis par soupirer et à reporter mon regard sur l’infirmière qui prenait soin de moi. Une charmante demoiselle que j’aurai normalement dragué, si je n’étais aussi dépité que maintenant. D’ailleurs, maintenant que je savais qu’Il Assassino avait été capturé par mes hommes, je n’avais plus qu’une envie : Revoir sa sale tronche de traite ! - Emmène-moi jusqu’à sa cellule. Ketsuno mima un air boudeur, avec ses joues rougissantes et gonflées. Elle s’en était doutée depuis le début. Un frisson parcourut son échine, avant qu’elle n’acquiesce, sans prononcer le moindre mot pour essayer de m’en dissuader. J’avais été bien trop catégorique pour qu’elle veuille discuter mon ordre ne serait-ce qu’un instant. Sa mine m’arracha un rire franc. Un rire que je n’avais pas eu depuis le moment où Lilou avait rejoint notre équipage via le ciel. Un moment qui me semblait assez lointain maintenant. L’infirmière qui avait fini de me prodiguer des soins, se retira avec politesse par la suite. Un bon moment pour lui expliquer brièvement mon choix de le voir : « J’ai des questions, et il a des réponses. Ni plus, ni moins. » La surprise vint marquer le visage de ma vis-à-vis, avant qu’elle ne reprenne un air réfléchi. Mon sourire persista malgré tout. Tant pis si elle ne me comprenait, mais tant qu’elle ne discutait pas mes ordres, l’essentiel était là. Ma jeune cousine finit par se retourner et par sortir de la salle, non sans me dire qu’elle m’enverrait quelqu’un qui me conduirait jusqu’à Rafaelo, n’ayant point envie de le voir. De quoi me faire comprendre qu’elle le craignait, autant qu’elle craignait de le poignarder si jamais elle s’approchait trop près de lui. Pendant ce temps-là, je pris la peine de m’habiller. Nous étions toujours dans la région de Drum et il faisait un froid terrible que je n’aimais pas personnellement. Ce pourquoi j’avais vraiment hâte de rejoindre Alabasta le plus vite possible pour profiter d’un bain de soleil bien mérité. Il y a des moments où la chaleur me manquait énormément. Après avoir porté un pull noir col roulé, je posai nonchalamment mon manteau de contre-amiral sur mes épaules, avant de m’armer au préalable du poignard en granit marin qui ne me quittait plus depuis. Arme assez utile contre les utilisateurs de fruits du démon, surtout contre les logias. Une fois prêt, je sortis enfin de ma cabine, avant de voir Sarkozyzy calé contre un mur, l’air serein comme à son habitude. Il prit aussitôt les devants pour me mener à celui que j’avais envie de rencontrer. Nous marchâmes en silence pendant trois bonnes minutes dans le Léviathan. C’est qu’il était grand mine de rien ! Un véritable labyrinthe ! Jusqu’à ce nous arrivâmes vers les cales où des prisons avaient été emménagés pour nos captifs de guerres. Sarkozyzy me pointa une cellule tout au fond, avant de retourner sur ses pas. Je le remerciai et m’approchai tranquillement de la cellule, avant de fourrer mes mains dans mes poches…- Yo Gabriel. Ça fait un moment, dis-moi.



Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Lun 3 Juin 2013 - 0:59, édité 1 fois
    Il n'en manquait plus qu'un. Plus qu'un seul à voir et étudier dans la nuit. Un homme qu'il voulait voir par dessus tout et balayer. Oh, ça, il le ferait en temps voulu. Mais pour l'instant, seul le plan comptait. Oui. Le plan. Le plan. Encore et toujours le plan. Toujours s'en remettre au crédo, au plan. Il n'y avait aucun raison de s'en écarter. C'était la seule lumière dans les ténèbres de cette cage. Les ombres jouaient avec l'esprit de l'assassin, et sa faiblesse ne lui laissait pas le temps de s'en remettre. Cette attente indicible et ces souffrances inhumaines. Mais il était forgé d'un métal bien plus solide. Plus pur que celui que l'on pouvait trouver chez bien des hommes. Mais il possédait une veine viciée, qui signerait sa fin. Et cette partie noire de son être, il ne cessait de la répudier. Il n'était pas un monstre ? Si. Bien sûr que si. Alors, tous ces morts, toutes ces batailles, c'était en son seul nom qui les avait menées ? Non. Il était un monstre apprivoisé. Une bête qui s'était elle-même mise sa muselière. Qu'adviendrait-il alors, une fois qu'il se serait défait de ses liens.

    "Alors tu seras entier, petit frère." tonna la voix dans l'ombre.

    L'assassin releva la tête, échappant un cri de surprise. Ses chaînes teintèrent et il se souvint qu'il n'était pas seul. Qu'il y avait quelque chose qui sommeillait là, qui s'était réveillé sur Drum. Une monstruosité tapie dans son être, qui ne demandait qu'à sortir. Il avait compris en discutant avec Double Face que cette chose n'était autre qu'un fragment de lui-même. Il lui avait fait comprendre que son âme était fractionnée. Non, l'assassin l'avait vu et l'avait su. C'était cette partie sombre de son être qui le poussait avec tant d'ardeur à la bataille. Il le sentait. Peut-être même le savait-il depuis toujours mais avait-il fini par l'oublier. C'était la première étape vers la lumière : reconnaître l'existence de cette partie félonne. Un frisson lui parcourut le long de son échine.


    "Il ne suffit pas de savoir, petit frère." ricana cette même voix.

    Non, savoir ne suffisait pas. Pour faire sien cette force qui le saisissait à chaque instant, il devait comprendre. Compassion et volonté. Des capacités qu'on n'avait pas fait montre à son encontre depuis des lustres. Des choses qu'on avait pourtant su lui donner au fond de cette geôle. Cette diablesse de rouquine. Il ne la comprenait pas, ne le pouvait pas. Même après tout ce qu'il s'était passé, elle restait telle qu'il l'avait connue. Pourtant, un monde les avait séparés depuis. Alors qu'il s'était enveloppé de ces ombres, elle avait simplement marché au dessus. Il lui fallait accepter et recevoir. Telle était la deuxième leçon. Pourtant, demeurait la troisième. La plus terrible de toute.


    "Accepter ne fait pas tout, petit frère." se gaussa cette terrible imitation de Césare.

    Que faire alors ? Il se savait héritier du Diable, de tous ses travers. Il se savait avili par les mille morts qu'il avait pu causer. Des sacrifices au nom du bien commun. Tant de sacrifiés qu'il en avait perdu le compte. Pour la Cause. Sa Cause ou la Leur ? Il ne savait plus. Ces ténèbres étaient perfides. Tout comme ses entraves qui le maintenaient dans cet état où sa réflexion ne dépassait jamais cette cage. Pourquoi ses frères l'avaient abandonné ? Hein ? Non, non. Cela faisait partie du plan. Ombre le savait. Il devait le savoir. Il savait toujours tout. Alors ça aussi il devait le savoir. Oui, Céline avait du lui dire. Que Rafael avait un plan. Rafael avait toujours un plan. Il s'en sortait toujours ! Il était insaisissable !


    "Insaisissable, mais avec des fers aux poignets ..." le railla encore une fois cette maudite voix.

    L'assassin secoua une nouvelle fois ses chaînes. Ce n'était plus de douleur physique qu'il était question. Celle-là était révolue depuis bien longtemps. Assez de temps pour remettre le navire à flots. Trois semaines pour Oswald, et un peu plus pour Lilou. N'avaient-ils pas encore quitté Drum ? Où étaient-ils ? Qu'était-il advenu de ses frères ? Il fut pris d'un frisson incontrôlable puis commença à tousser. Les conditions de vie dans ce trou à rats étaient misérables, mais il était si près du but maintenant ... Un son attira cependant son oreille. Un son lointain. Comme un pas, lourd et puissant. Oh oui, il le reconnaissait !


    "Salem ..." se murmura-t-il à lui même, jubilant comme un gamin à cette nouvelle.

    "Salem." reprit la voix, en écho à Rafael.

    "Dis-moi, Rafael ... n'aurais-tu pas déjà commencé à arpenter cette troisième leçon ?" se moqua la voix.

    "Si tu n'étais pas au fond de mon crâne, je te tuerais sur le champ." grogna l'assassin, à voix haute.

    "Et le crédo ?" s'amusa la voix.

    "Au diable le crédo." fit l'assassin, sur le même ton.

    Et le murmure qui trônait au fond de son crâne sembla disparaître, ne laissant qu'un sinistre rire derrière elle. La porte coulissa et laissa la lumière s'engouffrer dans la pièce. Rafael plissa les yeux et laissa échapper un râle de douleur avant de détourner la tête. La porte resta ouverte derrière lui. L'assassin resta les yeux rivés vers le sol, sans répondre au salut de Fenyang. Le faisait-il exprès cet enfoiré ? Oui, c'était certain ! Il faisait ça pour l'humilier, tout cela n'avait pas suffit ! Il fallait qu'il vienne encore se tenir face à lui, se moquer et lui rappeler combien sa force était grande. Ô Fenyang. Tu serais le premier à crever. Enfoiré. Bravant la douleur, Rafael posa un pied contre le sol. Il avait acquis assez de forces pour tenir contre le granit marin, pour ne pas s'affaisser au moindre contact. Cela n'était possible que par son exposition prolongée, et à sa préparation. Il attendait se jour depuis si longtemps. L'instant où Fenyang viendrait le voir ! Il se redressa, tirant sur le poids situé à l'autre bout de sa chaîne. Puis il posa l'autre pied à terre. Dans un effort incroyable, il réussit à se mettre debout, faisant face à cette homme qui le dominait encore de sa taille. Un sourire malsain trônait sur les lèvres de l'assassin.


    "Allons, je t'en prie, nous sommes presque intimes à présent : appelle-moi Rafael." ricana-t-il, irradiant son désir de massacrer cet homme par chacune des fibres de son être.
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      Il n’y avait que les barreaux de sa petite cellule qui nous séparaient à cet instant précis. Juste ça. Autrement, ce type se serait certainement mangé un coup de poing qui aurait vite fait de le mettre à genoux. Devant son apparente provocation qui trahissait une certaine envie de meurtre, je ne pus retenir un soupir. Lourd de sens. Du genre blasé. Peut-être même dépité. Il avait un sacré toupet ce révolutionnaire, et le pire dans tout ça, c’est qu’il n’avait pas vraiment tort quand il se vantait d’avoir été si proche de moi. Dire que je lui devais la vie à ce couillon. L’ironie qui fait mal, ouais… Ce jour où j’avais presque réussi à l’avoir, ce n’était non pas parce qu’il m’avait trahi que je lui en voulais, mais bien parce qu’il avait mis la vie de mes hommes en danger. L’initiative impardonnable…

      - Si nous étions si intimes que ça, tu saurais pertinemment que je ne suis pas le genre de personnes à me moquer ou me vanter, d’autant plus que ce n’est pas moi qui ait eu le mérite de te foutre ici. Alors, s’il te plaît, épargne-moi tes sarcasmes. Tu dis t’appeler Rafaelo ? Soit. Après tout, Gabriel est mort… Pire même. Il n’a jamais existé.


      Pour l’instant, il n’y avait pas au fond de moi de la colère, mais bien de la tristesse. J’aurai aimé que ce Gabriel soit réellement l’un des nôtres, mais une fois encore, j’avais été trompé et ridiculisé par un révolutionnaire. Ils avaient pris ma femme il y a de cela quatre ans. Ils venaient de me prendre un allié cher, même si finalement, tout ceci n’aura été qu’une habile mise en scène. Ce n’était plus qu’une question de temps pour que la peine que je nourrissais ne se transforme en une rage pure. La révolution avait bien trop pourri ma vie pour qu’elle s’en tire à si bon compte. Je ne comptais rien faire à notre prisonnier, mais ses terribles acolytes que j’allais croiser sur mon chemin n’allaient certainement pas avoir sa chance. Celle d’être toujours sain et sauf au fin fond d’une petite cellule de ce navire.

      - Tu ne trouves pas ça ironique ? Tu as eu plusieurs fois ma vie entre mes mains, et maintenant c’est l’inverse. C'est drôle hein ?

      J’eus un sourire, même s’il n’avait rien de moqueur tout compte fait. Je me rappelai la fois où je rampais comme un ver devant lui, avant qu’il ne me désaltère et ne me sorte de la prison où les hommes de Morvak m’avaient enfermé. Je me souvins également de son combat contre le bras droit du pirate, ainsi que ses avis sur le haki que je développais inconsciemment. Qui aurait pu croire que derrière ce faux samaritain, se cachait un ennemi qui n’aspirait qu’à ma perte et à celle de mes pairs ? Bonne question que voilà. Pour ne pas trop sombrer dans la mélancolie, je sortis des poches de mon jeans un briquet et une clope. Je fis vite d’embraser cette dernière avant de profiter de la première bouffée depuis un long moment maintenant. Les infirmières m’auraient sans doute tué…

      - Ça me fait penser à notre première rencontre, hé. Tu te souviens de notre lutte oratoire à Logue Town ? T’avais eu tout mon respect ce jour-là, malgré le fait que j’ai su un peu plus tard qui tu étais vraiment. J’avais même dans l’espérance de te revoir un jour. Je me suis dit qu’un type de ton genre pouvait être raisonné vu que tu penses au bien de la population, des gens autour de toi. Mais après avoir sciemment comploté contre mon navire et ses occupants, je me demande vraiment qui tu es. C’est encore flou dans ma tête. Mais pas seulement ça. Pourquoi ? Pourquoi nous ? Sommes-nous vraiment détestables à ce point pour que tu viennes à nous viser particulièrement ? Ouais. Ce sont mes questions. Si tu n’as point de réponses à me fournir, je ne te dérangerais pas plus longtemps.

      La fumée de ma clope léchaient les traits de mon visage plutôt serein. Mes yeux se plantèrent dans les siens. Il était maintenant temps de mettre cartes sur table. Ses motivations, je voulais les connaitre.
      L'assassin ne trouva pas utile de répliquer. Il se contenta de regarder Salem droit dans les yeux. Il le haïssait. Il lui imputait tout ce qui lui arrivait en cet instant. Dire qu'au départ, il s'était mis en traque de son père. Mais les chiens ne faisaient pas des chats. Et ce qu'il avait subi dans ces geôles n'avaient fait que sublimer sa colère. Ils avaient pris sa famille. Ils avaient pris son frère. Ils avaient pris tout ce qui avait compté pour lui, un jour. Oswald s'était même emparé de sa dignité, à le faire crier sous ses coups malicieux. Un enfer spécifique lui serait réservé, à cette engeance maligne. Cette erreur, ce ramassis de déchets. Une flamme anima le regard océan de Rafael. Les yeux d'une bête qu'on avait mise en cage. Une bête acculée, qui était prête à mordre à n'importe quel instant. Ne seraient-ce que ces fers, ce serait déjà fait. Mais il ne s'en tirerait pas à si bon compte. Malheureusement, l'assassin savait d'hors et déjà que ses manoeuvres ne serviraient à rien face à lui. Ce ne seraient pas quelques mots qui pourraient faire flancher ce roc. Il était temps un symbole qu'un modèle de vertu aux yeux de la Marine. Son seul tort ? Exister.

      "Bien sûr que si, il a existé." lui répondit-il, avec un sourire ambiguë.

      Tous ses masques étaient empreints d'une part de lui-même. Comment jouer la comédie si on y mettait pas un peu de vrai ? Une vérité détournée était bien plus facile à avaler qu'un mensonge monté de toutes pièces. On se retrouver toujours à se perdre dans ce genre d'histoire. Sauf Rafael, bien sûr. Tout ça n'était qu'une question de mémoire. Et si une chose ne prenait jamais de repos, c'était bien elle. Il pouvait se souvenir avec exactitude de tous les tourments infligés par les instruments de Double Face. Une image, une sensation qui resterait à jamais gravée dans sa chair et dans son esprit. C'était cela qui l'avait poussé à franchir la limite, à passer outre ses préconçus moraux. Après tout. Il savait à présent que nul sacrifice n'était trop grand pour faire payer ces enfoirés. Que la nuit était encore trop douce pour eux, qu'il les exterminerait tous. Qu'il les noierait dans un fleuve de sang.


      "Drôle n'est pas le terme. Disons que c'est le destin. Qui m'a mis là, à ta disposition. Un opportuniste, ou une absence de réaction de mes frères. Qui sait ? Beaucoup de possibilités, et si peu de réponses ..." lâcha-t-il, sur un ton sibyllin.

      Il ne pouvait se résoudre à considérer Salem comme un égal. Ce gars était au-dessus de lui, et il le savait bien. Au-dessus à un tel point qu'il se sentait obligé de le prendre de haut, de lui montrer qu'il n'était pas un homme que l'on pouvait attraper si facilement. Qu'il n'était pas semblable au commun de tout ce qu'il avait pu affronter. Et qu'un jour, il le paierait. Qu'il sentirait la lame de Rafael s'enfoncer entre ses côtes et lui lacérer la chair. Mais avant ça, il s'occuperait de tout ce qui l'entourait. Une haine irrationnelle renforcée par les évènements de Drum. Et la lame d'Oswald. Il avait fait ça pour Salem, pour que son héros le reconnaisse et l'accepte. Il ne voulait pas que l'on sache ce qu'il avait fait. C'était la peur qui le menait, la peur du châtiment ? La peur du rejet ... quelle était la vérité ? Avec cette chose qui le guidait, au fond de sa tête. L'assassin trembla légèrement, mais tint bon. Le granit n'aurait pas raison de lui.


      "Notre première rencontre, oui ... J'y ai cru, au départ. À ce cinéma du Marine sans scrupules. Mais le crédo ... ah ah. Ceci est ironique, Alheïri. Le crédo, tu n'y corresponds pas. Pourtant, pourtant tu devras mourir un de ces jours. Comme ta pauvre femme." lui lâcha-t-il, sachant très bien où appuyer pour lui faire mal.

      Que Fenyang ne se croit pas en terrain conquis. Et qu'il sache que l'assassin savait tout de lui. C'était la moindre des choses.


      "Ne t'emporte pas pour si peu ... Oh, le crédo ? Voyons. Tu le connais. Gabriel t'as déjà parlé de ses motivations, de ses rêves." continua-t-il, avant que son interlocuteur ne puisse répondre.

      "Mais pourquoi vous, alors ?" fit-il, en se rasseyant.

      Il essaya de rester aussi digne que possible, mais il était affaibli par la gangue de granit marin. Il s'assit un peu trop rudement, mais fit comme si de rien n'était. Il leva ses yeux vers Salem, lui rendant son regard. Il l'invita à s'asseoir lui aussi, d'un simple geste de la main. Lui, prisonnier ? Si peu ...


      "Sais-tu ce qu'est un symbole, Salem ? Bien. Alors dis-moi, pourquoi crois-tu que le Gouvernement veut te faire traverser Grand Line à bord de cette épave reconstruite, hmm ? Dis-moi, pourquoi crois-tu qu'un homme avec un tel tableau de chasse ait été collé là ?" lui fit-il, en croisant le bras.

      "L'appât, exactement. J'ai comme une impression de déjà-vu, pas toi ?" poursuivit-il, malicieux.

      Osait-il comparer le grand Fenyang à ce vaurien de Krabbs ? Assurément.

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        Mon visage se froissa, mes poings se serrèrent et mes lèvres se pincèrent. Il s’en était fallu d’un rien pour que mon sang ne fasse qu’un tour, mais je ne devais pas céder à la colère. Pas comme ça, tout du moins. N’était-ce pas ce que voulait cet homme d’une manière ou d’une autre ? Que je me rabaisse à son niveau, lui qui était plus pitoyable et plus vulnérable que jamais ? Certainement. Très certainement. Néanmoins, il me fallait lui donner un avertissement. Un avertissement qu’il ne serait pas prêt d’oublier. Ce pourquoi ma chevelure commença à pousser à une vitesse folle, bien après sa toute dernière question. Les mèches tombèrent au sol, s’infiltrèrent entre les barreaux de la prison, avant zigzaguer jusqu’au maigre corps du révolutionnaire. Étant donné que ses mains et ses pieds étaient déjà maintenues par les fers, mes mèches grimpèrent sur son torse, avant de s’enrouler rapidement autour de son cou, comme un serpent le fait autour de sa proie. Il n’en fallut pas plus pour que je me mette à serrer son cou d’une manière impitoyable. D’ailleurs, la force de mes cheveux suffit à soulever son corps et à le décoller du sol, non sans exercer une énorme pression sur son cou. Mais au moment même où il allait perdre connaissance, je lâchai alors prise…

        - Tu es un monstre Auditore, un monstre. Tu peux trouver ça bizarre, mais tu avais encore tout mon respect. Néanmoins, en mentionnant la mort ma femme, tu viens de perdre mon estime à tout jamais. Je tiens tout de même à te mettre en garde : Ne fais plus jamais allusion à elle si tu ne veux pas mourir ici même. Et je suis on ne peut plus sérieux.

        Alors qu’il essayait de reprendre son souffle, ma chevelure s’éloigna de son corps, et se mit à rétrécir jusqu’à reprendre son aspect normal. C’est dès lors qu’il pouvait voir mon visage ferme, et ce regard à glacer le sang. Il m’avait mis en colère en faisant allusion à la mort d’Aisling. Mais j’avais réussi à tempérer cette colère pour ne pas le battre jusqu’à ce que mort s’en suive. Un enfoiré de son genre ne méritait pas une telle grâce. Avant d’arriver à Marijoa, j’allais me faire un plaisir de l’envoyer tout droit à Impel Down. Un endroit fait à la mesure des pourritures de son genre. Rien que l’idée me fit sourire et apaisa l’immense fureur qui me faisait bouillir de l’intérieur. J’avais beau faire preuve de sang-froid dans bien des cas, mais lorsqu’on insultait la mémoire de ma femme, j’étais capable de tout et de n’importe quoi. Un fait dont il avait dû se rendre compte maintenant. Une grande inspiration et une autre bouffée de ma cigarette m’aidèrent à regagner calme et sérénité. Quand on parlait à un déséquilibré comme lui, mieux valait ne pas trop entrer dans son jeu, au risque de perdre soit même. Tu ne vas pas t’en sortir aussi facilement, Auditore. Tu ne vas pas échapper aux tortures qui t’attendent à Impel Down. Prends patience et attends impatiemment ce jour…

        - Finalement, je ne vais même plus chercher à te comprendre. Déjà parce que tes dires sont incompréhensibles… Et ensuite parce que je me rends compte que tu n’es pas vraiment différent des autres hors-la-loi que j’ai déjà tué ou emprisonné. Je pensais que tu avais toi au moins de l’honneur… Mais après t’avoir entendu, je me rends bien compte de mon erreur.

        C’est à cet instant que je compris un peu ses états d’âmes. Si je ne correspondais pas à son fameux credo, c’est qu’il me vouait une haine particulière pour vouloir autant me faire la peau. Il n’y avait pas que moi qu’il haïssait. Il devait sans doute y avoir mon père. J’avais entendu dire que mon père lui avait foutu une raclée sur l’une des blues, par le passé. Nul doute que sa défaite et sa fuite face à moi, avaient dû renforcer sa rancœur à notre encontre. Pauvre homme, tout de même. Bastonné par le père, bastonné par le fils. Il y avait de quoi être en colère, mais pas au point de salir le souvenir d’une défunte. Ceci marquait son manque de respect et son manque d’honneur. User de procédés aussi bas pour me faire mal… Pitoyable, vraiment. « Je n’ignore pas être un appât, Auditore. Comment passer inaperçu avec une renommée comme la mienne et un navire aussi immense ? Et puis, réveille-toi mon grand. On est sur Grand Line. On n’est pas sur une Blue où on peut se permettre une promenade de santé comme ça nous chante. Si nous étions aussi inconscients des dangers qui nous guettent, nous n’aurions pas mobilisé autant de marines sur un navire qui possède déjà une puissance phénoménale. » Il pouvait répliquer, cela ne me ferait ni chaud, ni froid, vraiment.

        - Tu es pitoyable, Auditore, vraiment pitoyable. Tant au plan physique et psychologique. Regarde-toi. En une demi-année, tu n’as pas réussi à me tuer, ni à faire exploser le Léviathan comme tu l’entendais le faire. Pire encore, tes camarades t’abandonnent à ton sort sur Drum. Étant donné que tu n’avais pas de parachute sur toi, je suppose que tu n’étais même pas au courant de leur plan, hein ? A ta place, je m’en poserais des questions. Tu sous-entends que ma faction est pourrie, mais la tienne n’est pas mieux. Sincèrement, tu fais peine à voir. Ah oui... Toi qui parlait de ma défunte épouse, des nouvelles de ton frère ?
        La réaction ne se fit pas attendre. Le corps du Contre-Amiral se mit à vibrer doucement, puis ses cheveux vinrent s'enrouler autour de l'assassin qui tirait sur ses chaînes. Il lâcha un hoquet de surprise, ne s'attendant pas à une telle chose. Il porta ses mains à son cou, tentant de se défaire de ces liens capillaires. Il tomba à genoux, forçant plus que de mesure. Il sentit son esprit flancher, puis Fenyang desserra son étreinte. Rafael mit les mains à terre, tentant de reprendre son souffle. Il toussa, cracha. Le Granit Marin n'arrangeait rien. Il se rassit, renonçant à tenir debout face à cet impudent. Il attendit de reprendre son souffle, dardant un regard incendiaire vers son interlocuteur. Un jour viendrait où Salem se noierait dans son propre sang. Enfoiré de Marine.
         
        "Tu ne fais que confirmer mes dires ... vous êtes tous pareils : corrompus jusqu'à la moelle." répliqua-t-il entre deux inspirations.
         
        "Le respect d'un gars comme toi j'en ai rien à faire, Fenyang. Tu m'accuses au nom d'une minorité ? Soit. Ceux qui ont tué ta femme, ils faisaient partie de l'ivraie de la Révolution. Moi je t'accuse au nom d'une majorité. Saisi la nuance." grogna-t-il, prenant garde à ne pas se faire happer une seconde fois.
         
        Même si le Contre-Amiral aurait dû lui intimer le respect, la colère et la rancoeur de Rafael surpassait ses peurs. Son tempérament était trop trempé pour se laisser abattre par une telle subtilité. Qu'il fut Sengoku en personne, il lui aurait parlé de la même façon. Ses ennemis ne souffraient pas de son rang, alors il en ferait de même. Il le regarda droit dans les yeux. Il pensait que Alheïri ne s'abaisserait pas à le tuer encore dans ses liens, et la colère pouvait lui faire faire des erreurs. Etait-il prêt à prendre ce pari ? Pas tellement, à vrai dire. Mais il n'était plus en état de réfléchir avec toute sa logique. La seule vue du Capitaine du Léviathan, et le seul souvenir des tourments subis dans cette cage nourrissaient sa colère. Il soutint le regard meurtrier de Salem sans ciller. Si on pouvait tuer avec un regard, Fenyang serait déjà en copeaux.
         
        "Tu fais bien de ne pas chercher à me comprendre. Comme ça, tu resteras aveugle à ce qui t'entoure. Ou alors fermes-tu les yeux exprès. Si tu ranges tous ceux qui n'adhèrent pas à ta vision des choses en temps que hors-la-loi, je te souhaite du bon courage, Contre-Amiral. L'honneur dépend de la notion que tu en as, et dans ton cas, je prends pas ça pour une insulte." répliqua-t-il, cherchant à rendre coup pour coup à son interlocuteur.
         
        Ce n'était pas la démarche la plus sage à adopter, mais il ne pouvait s'empêcher de faire preuve de cette verve. Il ne pouvait faire que cela dans son état, et cela l'aidait à évacuer. Après tant de temps passer entre les ténèbres et l'ombre. Cela lui permettait de tenir en un sens. Alimentant le feu qui l'avait toujours poussé à aller de l'avant. La haine, pure et destructrice. Oui, il avait un coeur pur. En un sens. Il éluda cependant sa réponse quant à sa provocation, sur le parallèle avec Krabbs. Fenyang avait raison, inutile de le lui concéder. Et puis ... il avait touché le noeud. Le point sensible qui fit serrer les dents de Rafael. Un frisson de rage décuplée parcouru son échine, il leva à nouveau ses yeux océans vers son adversaire. Non, plus que ça. Sa cible. Son but, son rival. Il le ferait choir, quoi qu'il puisse advenir. Peu importait le crédo. Une haine qui allait au-delà des codes moraux de Rafael, au-delà de son honneur. Mais Fenyang ne s'arrêta pas là. Il franchit la ligne, parla du tabou. Un étrange sourire se peignit sur les lèvres de l'assassin. Oh, Fenyang parlait d'honneur puis s'abaissait à son niveau ? Pathétique. Mais hors de question de se laisser malmener. Quoi que puisse penser Rafael, il ne devait en aucun cas le laisser transparaître.
         
        "Mon frère va très bien, merci de prendre des nouvelles." répondit-il, simplement.
         
        Et puis quoi ? Lui rappeler la mort de sa femme ? Non, cela lui montrerait qu'il avait été touché.
         
        "Néanmoins, en mentionnant mon frère, tu viens de perdre toute mon estime." reprit-il, en imitant pâlement Salem, un sourire mauvais sur le visage.
         
        "Par contre, tu remarqueras que je n'ai pas besoin de parachute pour m'envoler ... je dois seulement cette infortune à une certaine rouquine. Mais peut-être que tu la connais ? Pas autant que moi, je gagerais, mais un peu quand même, non ? Ah ah." continua-t-il, voilant à peine le sous-entendu.
         
        Il brûla de lui poser une question mais se retint au dernier moment, peu désireux de se reprendre une avoinée par Salem. Il soupira doucement, faisant comme s'il maîtrisait toujours son monde. Ça oui, les traîtres paieraient. Que ce fut Ombre, ou Mafaele. Ombre qui avait cautionné le plan, Mafaele qui l'avait monté. Ni l'un ni l'autre n'avaient jugé utile de le mettre au courant de ces bombes, préférant le laisser crever au milieu de cette fange. Etait-ce là sa récompense pour avoir accompli leur plan ? Car soyons sérieux, Salem à lui seul aurait suffit à occuper le Seigneur Ombre. Ajoutez à cela Krabbs et Envy ... seul Rafael avait été là à temps pour affronter les pirates. Et sa récompense ? Lilou lui avait avoué qu'il était ici grâce à elle. Au fond de lui, il espérait que ses frères l'auraient ramassé s'ils en avaient eu la possibilité. Même si elle disait lui avoir sauvé la vie, il ne pouvait se résoudre à y croire. Ce maigre espoir suffisait à ne pas exploser au visage de Fenyang. Espoir, ou il essayait de s'en persuader. Qui savait.
         

        "Alors, Salem, qu'es-tu venu faire ici ? Me cracher au visage, comme la plupart des visiteurs ? Ou pire ... comme une petite minorité." lui demanda-t-il, perdant son sourire au souvenir des supplices d'Oswald.
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          - Hohé hohé hohé ! N’est-ce pas toi qui as commencé à me cracher au visage alors que j’étais venu tranquillement te parler ? Ne m’en veux pas de faire de même. C’est que rester trop zen devant une pourriture de ton genre, c’est généralement pas possible.

          Comme toujours, je lui avais laissé le temps de parler et de déblatérer ses inepties. Mais au fur et à mesure qu’il l’ouvrait, mon envie de lui faire la peau en lieu et place de l’envoyer à Impel Down grandissait véritablement. Ma sérénité vacillait dangereusement, et mes pensées se dirigeaient inévitablement sur le coutelas en granit marin que j’avais dissimulé sur moi. Pour peu, je l’aurai dégainé et je me serais rué vers lui, mais je me retins encore et toujours. Je pris une grande inspiration en me satisfaisant d’un fait, cependant : L’homme avait pris mon avertissement au sérieux et n’avait plus du tout mentionné la mort de ma femme. Bien. Il savait au moins ses limites, et je pouvais me risquer à penser qu’à défaut de ne pas être une bonne personne, cet homme n’était pas complètement fou. A bien réfléchir, et lorsque je réussis enfin à me calmer pour de bon, je me suis dit que j’aurai pu éclater de rire à certaines de ses phrases, qu’il avait d’ailleurs énoncé avec toute l’ardeur du monde. Le pauvre homme. Par contre, l’une d’elles ne plaisait pas vraiment. La rouquine qu’il évoquait n’était autre que Lilou. Et si j’avais bien compris son allusion au sujet de mon ami, l’homme l’aurait eu dans son lit par le passé. Ouais. Il avait le don d’irriter, ce connard…

          - Ah ouais. Ton logia là. J’avais oublié ce pouvoir, c’est vrai. Il est tellement insignifiant en même temps… Pas de ma faute, hé. Par contre, ça n’explique pas pourquoi Ombre n’est pas revenu te chercher alors qu’il m’avait vaincu et qu’il pouvait vaincre le reste de mon équipage sans trop de soucis pour te récupérer. Pauvre chaton. Seul et abandonné. Pour ce qui est de ta relation avec Lilou, je dois avouer que tes sous-entendus m’étonnent. Vu que tu cherches tant à avoir le dernier mot avec tes petites piques, je suppose que ça doit être vrai. Mais je ne vois pas en quoi cela m’affecterait. Tout le monde fait des erreurs…

          Mon sourire en disait long sur mes états d’âmes. Ouais… Tel que je connaissais Lilou, j’étais persuadé qu’elle n’aurait pas pu s’abandonner à un tel homme si elle connaissait son côté sombre et ses nombreux méfaits. J’avais confiance en cette fille. Tellement confiance que mon sourire devint presque moqueur. Oui Auditore… Si tu t’étais montré à elle sans masque comme tu sais si bien le faire, nul doute qu’elle t’aurait refoulé… C’est dire à quel point cette réplique avait été inefficace et que j’aurai pu en rire, comme mentionné plus haut. « Maintenant que ton masque est tombé, je te trouve vraiment bizarre. D’autant plus que, hé, tes dires ne sont pas du tout cohérents. Je peux très bien ne pas te comprendre, mais cela ne signifie pas pour autant que je suis aveugle à tout ce qui m’entoure. La colère te fait dire des conneries ? Tout le monde ne te ressemble pas Auditore, et heureusement d’ailleurs. Et puis, pourquoi t’offusquer du fait que je t’accuse d’être semblable aux meurtriers de ma femme, hé ? C’est pas toi qui disais tout à l’heure que t’en avais rien à foutre de ma considération ? Ne viens donc pas me reprocher de te mettre dans le même sac que les autres. Majorité ou pas, c’est pas mon problème. » Et c’était peu de le dire, je vous assure…

          - En conclusion, si je suis aussi corrompu que tu le prétends, je peux en dire de même pour toi, Auditore. T’es pire qu’une pourriture. Et puis, je trouve ça un peu culotté de dire que je catégorise aussitôt les personnes qui n’ont pas la même vision des choses que moi. Si tu mentionnes spécialement ton cas, c’est dire à quel point tu es bête quand même. Un hors-la-loi, c’est ce que tu es. Tu veux que je te rappelle ta prime ou quoi ? Ta mémoire te fait défaut à ton âge ? Mon Dieu…

          Je jubilais trop vite ? Je m’abaissais trop rapidement à son niveau ? Tant mieux. Autant lui montrer mon côté détestable, faute de le tuer sur place. Après tout, je n’étais pas « parfait » et j’avais comme tout le monde mes mauvais côtés. Je m’amusais donc à les lui montrer en le contredisant le plus possible et en l’enfonçant dans la boue. Je pris une autre bouffée de ma cigarette, avant de me diriger soudainement vers la sortie. Alors qu’on croirait que je le quittais en essayant d’avoir le dernier mot, il n’en fut rien car deux petites minutes plus tard, je revins avec une autre personne que je jetai au sol sans ménagements. Une femme pour être plus précis. Cette dernière était menottée et avait une mine bien meilleure que les autres prisonniers. Lorsqu’elle réussit à redresser son torse, elle accorda un regard plein de détresse à l’Auditore, et c’est là qu’il put reconnaitre sa chère Céline. Mes hommes avaient réussi à remonter sa piste et à la coincer. La petite bâtarde était celle qui avait tué mes hommes avant notre départ sur Drum, mais aussi celle qui m’avait don de ce fameux poignard en granit marin. Un mal pour un bien ? Si l’on relativisait, l’on pouvait voir les choses comme ça. Je m’approchai d’elle tout en sortant ladite arme, et non sans déclarer :

          - D’après toi, combien de temps il lui reste à vivre ?
          "Tranquillement me parler ? Tu viens voir un prisonnier, nuance." répliqua l'assassin, acerbe.
          Salem lui répondit par un sourire moqueur qui acheva de mettre en feu les pulsions de l'assassin. Il ne comprenait pas encore, il ne le verrait que plus tard. Fenyang ... un jour, tout ce que tu as chéri sera détruit. Un jour, tu paieras. Il répliquait à chacun des arguments de Rafael, avec son air nonchalant. Une chose que l'assassin abhorrait : il lui était difficile de savoir s'il arrivait à faire mouche ou non. Il se tut quelques secondes, analysant les réactions de son interlocuteur.
          "Tu tires des conclusions trop hâtivement. Peut-être n'est-ce qu'un plan, après tout." grogna-t-il.
          Certes, Ombre aurait pu. Qu'est-ce qui l'avait retenu ? Rafael avait demandé à Céline de ne pas s'en mêler s'il se faisait attraper. Rirait bien qui rirait le dernier. Il savait d'hors et déjà qu'il n'irait pas à Impel Down, et qu'il serait libéré de la compagnie de Salem bien assez vite. Mais il lui fallait patienter et subir cette pénible épreuve, leur donnant à tous la satisfaction d'avoir réussi à mettre la main sur lui, de venir le toiser dans leurs geôles. Il le leur ferait regretter dans les flammes et la souffrances. Car son objectif, à présent, passait par là. Pourquoi faire dans la dentelle lorsqu'on faisait face à de tels monstres ?
          "Il y a une différence entre ta considération et t'apporter un regard lucide, Fenyang. Mais ton crâne doit être trop épais pour ce genre de nuances, comme tu ne cesses de le prouver. Bientôt, les illettrés prendront le pouvoir." ricana-t-il pour lui même, n'ayant pas même honte de la mesquinerie de ses attaques.
          C'était facile, certes, mais cela faisait tout de même un bien fou de pouvoir le regarder droit dans les yeux et l'insulter. Surtout que cet impudent lui tournait le dos et s'en allait. L'assassin secoua la tête en soupirant. Il était las de ce genre d'entretien stérile, et ceux qui ne l'étaient pas, il le payait par le sang. Etait-ce ainsi qu'il fallait frayer parmi eux ? Courber l'échine ou tâter du fouet. Franchement, c'en était presque ridicule. Le genre de chose qui l'aider à justifier sa cause, au fond de lui. Mais cela ne l'empêchait pas d'être ce qu'il était, loin de là. Si Salem se trompait bien sur une chose, c'était sur la mémoire de Rafael, matrice de ses tourments et de ses lubies. Une machine implacable qui enregistrait tout à la perfection. Il aurait pu dire combien de fois Salem avait fait un mouvement vers sa veste, hésitant certainement à s'emparer de la dague qu'il avait caché là. Ou encore le nombre de petits sourires en coin qu'il avait arboré, ceux du type satisfait qui pensait déjà maîtriser la situation. C'en était d'autant plus irritant. L'assassin aurait pu même réciter les paroles que Salem avait proféré deux ans plus tôt, à Logue Town. Il en frissonna, jugulant au mieux le flot d'informations qui découlait dans son cerveau. Il ne s'étonnait plus à présent que la plupart fussent teinté de sang.
          Des bruits de pas. Non. Si, mais faibles. Et ... une chaîne ? L'assassin ferma les yeux, fronça les sourcils. C'était une chose qu'il avait appris à améliorer. Comme des vois faiblardes qui ne demandaient qu'à être écoutées. Une vision de ce qui l'attendait sur quelques minutes, ou secondes. Il pencha la tête sur le côté, percevant quelques gémissements. Hm. Cette voix. Un ensemble de flashs lui revinrent, d'une jeune fille en habit blancs, plaisant le crédo. Il frissonna, comprenant trop bien ce qui se déroulait. Ce genre de choses s'étaient faites courantes depuis son incarcération, depuis qu'il avait appris qu'il développait le mantra. La voix n'eut pas besoin de sa manifester, il n'en avait plus l'utilité. Trois étapes. Découverte. Reconnaître. Accepter. Mais ce qui se tramait dans ce couloir, cela lui soulevait le coeur. Son rythme cardiaque s'accéléra, une rage sourde secoua ses entrailles. L'assassin serra le poing, rivant un regard incendiaire vers la porte de sa cellule. Et comme il l'avait prédit, Salem entra. Accompagné. Il leva son arme, parla.
          "Touche-la, et tu le regretteras. Amèrement." lui répondit-il, posant la main sur son genou droit.
          Assis en tailleurs, Rafael regarda la jeune femme dans les yeux. Son visage était couvert d'ecchymoses et son nez saignait encore. Il inspira profondément, réprima sa colère pour ne pas faire d'erreurs fatales. Il fit le vide dans sa tête, chassant ses idées les plus meurtrières, puis regarda de nouveau Céline. Il n'eut pas besoin de lui demander, il savait pourquoi elle était là. Elle avait voulu le sauver, malgré ses avertissements. Personne n'aurait pu remonter sa trace sinon. Cela le touchait autant que ça le désolait. Elle souffrait de ses vices, encore. Il n'imposait à personne l'obligation de respecter ses ordres, c'était certain. Mais elle en souffrait maintenant les conséquences. Quand bien même, c'était sa faute à elle, Rafael ne laisserait pas le comportement de Salem impuni. On ne touchait pas à ses hommes. On ne touchait pas aux assassins du crédo. On ne venait pas agiter la mort un assassin aussi proche de Rafael sans en payer le prix. La jeune femme ferma les yeux, laissant échapper une larme sur sa joue. Elle connaissait le châtiment qui incombait, et en temps qu'assassin, elle était prête à mourir pour sa faute. Mais si Rafael était prêt à sacrifier sa vie pour la cause, pour celle qu'il défendait, il ne souffrait pas de voir ses alliés en payer le prix.
          "Je t'avais dit de ne rien tenter, Céline. De ne pas t'en mêler." lui adressa-t-il tout de même, réfrénant avec véhémence le tourbillon de colère qui déferlait en lui.
          Comme face à Lilou, c'était ce calme apparent qui était à craindre. Ces yeux bleus et froids qui dardaient un regard glacial sur Salem. Un stade au-delà de la simple colère, de la simple haine. C'était là une provocation qui appelait à la violence et à la surenchère. Malheureusement, Salem n'avait plus de femme. Il était grand temps de lui donner une leçon. La petite phrase aurait du le faire tiquer, lui faire comprendre qu'il n'avait pas l'aval sur grand chose, même en cette situation. Il pouvait maintenir l'homme, mais il y avait des choses qui le dépassaient. La jeune femme acquiesça, en lâchant une autre larme. Qui avait-il que les assassins ne pleuraient jamais ? Elle se rendait bien compte de la situation, mais elle présumait un peu trop du formalisme de son mentor. Il lui devait beaucoup, et il ne l'oublierait pas. Elle avait supprimé un homme qui était venu le tuer, elle l'avait informé en prenant des risques incroyables. Cela ne serait pas en vain. Et Salem ... Salem. Rafael ne connaîtrait la paix qu'après avoir éparpillé ton être aux quatre vents. Dieux savait qu'il en serait capable ...
          "Quant à toi, Alheïri Salem Fenyang. Sache que tu n'es qu'une fine pellicule de glace. Que je serais en dessous lorsqu'elle cèdera. Tu n'es rien, tu ne représentes rien. Tu as un certain pouvoir, en cet instant. Mais ce pouvoir changera de main un jour ou l'autre. J'ai déjà tenu ta vie entre mes doigts, cela se reproduira. Cette fois, je n'aurais aucune pitié. Pour toi. Pour Ketsuno. Pour Sarkozyzy. Pour Lazar. Pour Jenkins. Pour Lilou." fit-il, exsudant une fureur sans nom.

          "Ose. Ose un seul instant porter ta main sur elle, et tu me supplieras de mourir. Tu n'auras pas même l'honneur de mourir debout. Tu ramperas à mes pieds, regrettant à jamais cet instant." menaça-t-il, sans bouger d'un cil.
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            - Que de mots. Mais on dirait que t’as vite oublié ta défaite ici même, au sein du Léviathan. C’est pas moi qui ait fuit, je te rappelle.

            Que de mots, effectivement. L’Auditore ne faisait que parler, rien que parler. Il ne savait que faire ça, de toute façon. Pauvre garçon, vraiment. Ceci dit, j’étais plutôt étonné de la sérénité qu’il affichait, même si son corps tremblant trahissait son immense colère et son envie d’en découdre. J’eus un sourire et je poussai même le vice jusqu’à applaudir. Aurait-il cru une seule seconde que je frémirais de peur à ses mots ? Pas le moins du monde ! Si ça tenait qu’à moi d’ailleurs, je l’aurai détaché et tué sur le champ ! Mais il y avait bien trop de facteurs, bien trop de facteurs qui m’empêchaient de faire mon égoïste et cet imbécile ne le savait que trop bien. Le fait qu’il m’ait sauvé la vie une fois, suffisait à tempérer mes ardeurs. Et puis, je n’avais pas eu le mérite de l’arrêter moi-même sur Drum et de le foutre dans cette prison. Deux bonnes raisons qui me dissuadaient de faire le con. Une aubaine pour cet homme qui se croyait trop fort au point de me menacer de mort. C’est dire à quel point il comptait trop sur l’intangibilité de son foutu fruit du démon. Si seulement je pouvais contracter le haki de l’armement, nul doute que je lui ferais manger toutes ses dents dans un combat équitable. Mais ce temps-là… Ce temps-là viendrait peut-être un jour…

            Gémissements et reniflements ; autant dire que cette femme-là pensait vraiment qu’elle allait mourir. En la regardant, j’eus un ricanement. Avoir pitié d’elle parce qu’elle était une femme ? Non… Non. Je n’allais pas pousser ma gentillesse plus loin quand même. Ses crimes étaient trop ignobles pour que j’en vienne jusque-là. Par contre, je n’allais pas la tuer. Pas du tout. En fin de compte, cette Céline méritait elle aussi de croupir au fin fond d’une geôle d’Impel Down. Ils s’y retrouveraient en amoureux, et partageraient leurs souffrances ensemble, tous les deux. Un privilège que je leur concédais dans ma grande bonté, héhé. Aussi avais-je rangé l’arme sur moi. Il n’était plus utile de la brandir, à présent. En lieu et place, je m’allumai une deuxième cigarette que je savourai dans le silence. Céline qui m’avait vu ranger le poignard en granit marin avait arrêté de gémir. L’espoir se lisait clairement sur son visage. « Tu as de la chance, petite. J’ai tellement eu peur des avertissements de ton maitre que je n’ose même plus te toucher. Il est tellement effrayant, en même temps… » Il n’y a pas à dire. Je n’avais jamais pris autant plaisir à écraser et à humilier un adversaire de la sorte. C’est ce qu’il en coutait de salir la mémoire de ma bien-aimée : Je perdais un brin d’humanité…

            - Je suis peut-être tête en l’air, mais je me souviendrai de tes mots. Si prochaine fois il y a, je te promets que je ne te louperai plus. D’ici là, bonne chance pour t’évader, Auditore.

            Ma voix presque chantonnante finit d’assener un dernier coup fourbe à cet idiot. Puis, sans une seule once de galanterie, je soulevai sa chère Céline par les cheveux en adressant un clin d’œil plein de malices à celui qui devint à cet instant précis, mon ennemi juré. C’est ainsi que je quittai l’endroit en trainant la fille derrière moi, elle qui avait recommencé à pleurer et à implorer le nom de son cher et tendre maitre. Cette imbécile tenait à lui, c’était certain. Une autre raison venait expliquer pourquoi je ne l’avais pas tué devant l’Auditore : Ce dernier avait épargné la vie de Ketsuno lorsque je le poursuivais et que je voulais lui faire la peau. On pouvait donc dire qu’à compter de ce jour, je ne lui devais plus rien. Personnellement, j’en étais plutôt satisfait. J’allais pouvoir dormir la conscience tranquille. Sur le chemin du retour donc, je jetai l’acolyte de Rafaelo dans sa cellule, avant de quitter cette aire du Léviathan. Un peu d’air frais me ferait le plus grand bien. Après une marche de quelques minutes dans les couloirs du navire que je maitrisais comme ma poche, j’arrivai enfin sur le pont où quelques hommes travaillaient encore. La brise maritime me ravit au plus haut point, tant et si bien que j’en oubliai instantanément ma discussion houleuse avec le révolutionnaire.

            Albasta n’était plus très loin. La terre natale de ma chère mère.
            L'assassin ne bougea pas, soutenant le regard de celui qui passait peu à peu au stade de Némésis. Il aimait répliquer, mais Rafael ne lui ferait pas l'honneur de répondre. Le jeu était terminé, il avait abattu une carte fatale et il ne le lui pardonnerait pas. Il avait commis l'erreur de compter sur le sens de l'honneur, autant relatif qu'il soit, de Salem. Il ne le ferait pas une seconde fois en pensant qu'il épargnerait Céline en simple souvenir du geste de Rafael envers Ketsuno. Il ne fallait pas le pousser à bout, alors que l'assassin avait une envie monstrueuse de le faire souffrir. Il savait comment lui faire perdre la tête, comment l'amener à des choix qu'il regretterait. Mais Rafael les regretterait avant lui, là était la limite. S'il était arrogant et sans scrupules, il n'était pas fou pour autant. Alors il reste à soutenir le regard de Fenyang, sans sourciller. L'effet recherché n'était pas la peur, ni même ce mépris hautain que distillait le Contre-Amiral. Non. Il avait intérêt à se souvenir de ces mots, car Rafael les lui ressortirait un de ces jours. Il ne finirait pas à Impel Down, tout était déjà arrangé. Mais avec Céline qui se mettait au milieu ... la donne avait changé. Il craignait ce qu'ils étaient capables de lui faire. Ce que Oswald pourrait faire. Ou Lazar. Il ne pouvait pas la laisser ici plus longtemps. S'il était apte à supporter leurs tourments, et supporter était un bien grand mot, que ferait-il lorsqu'ils lui amèneraient celle qui fut sa pupille devant lui pour la torturer ?
            Sa respiration s'accéléra lentement, en écho à ses angoisses. En combat singulier, il savait qu'il n'avait aucune chance face à ce monstre, mais ce n'était pas une raison pour perdre la face. Il y avait des centaines de façon de remporter une victoire. Peu importait la manière dont cela se déroulait, ou à quel point on se salissait les mains : ça restait une victoire. Drum lui avait appris cela. Un bourbier inimaginable, des centaines de vies mises en jeu, mais une timide victoire néanmoins. Quoi qu'il puisse penser, Rafael savait qu'il y était pour quelque chose dans cette victoire et commençait de plus en plus à penser qu'il y avait eu quelque chose d'étrange sur ce pilier. Ombre et Mafaele, il en revenait toujours à eux. Il avait déjà fait l'objet de la vengeance d'un Révolutionnaire corrompu. Ombre se méfiait-il de lui ? La question ne se posait pas pour Mafaele : il l'avait détesté au premier regard. L'assassin escomptait bien lui demander des comptes, ainsi qu'au Seigneur Ombre. À la différence qu'il éprouvait du respect pour ce dernier. Ce qui n'était, bien entendu pas le cas de Salem. Ce dernier rangea son arme, les dévisageant d'un sourire mesquin. L'assassin ne répondait pas, se contentant de fusiller l'homme du regard. Dire que la rouquine était détentrice du Haki des Rois ... quelle insolence. Il aurait aimé les faire flancher d'un regard, mais ce ne serait certainement jamais le cas. De toute manière, qui en avait besoin ? Il se découvrait détenteur du mantra, c'était plus que suffisant. Ne restait plus que cette petite lame en granit marin ... et la panoplie serait complète. Plus rien ne lui ferait obstacle.
            "La chance n'y est pour rien, hein Rafael ?" ricana la voix, alors que le Contre-Amiral s'en allait en tirant Céline par les cheveux.
            Nouvel affront. L'Auditore regarda la jeune femme dans les yeux et hocha une fois de la tête. Manière de dire qu'il s'occuperait de la sortir de là, qu'elle ne s'inquiète pas. Cela sembla la rassurer légèrement, puis elle disparut de son champ de vision. La porte se referma. Il n'était plus question d'attendre que les miracles de son contact se fassent voir, il lui fallait sortir de là rapidement. Il lui fallait sortir d'ici par ses propres moyens. Et depuis quand quelques barreaux étaient devenus capable de le retenir ?
            "Jamais." répondirent la voix et Rafael à l'unisson.
            Il ferma les yeux, ouvrant ses sens au Léviathan, entendant jusqu'au murmure des soldats qui jouaient aux cartes de l'autre côté du navire. Un sourire se dessina sur ses lèvres, il était prêt.
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