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Une coquille de noix


Il y a trois semaines...
Il faisait nuit, les étoiles scintillaient dans le ciel, l'astre lunaire se reflétait sur l'eau noire de West Blue. La nuit était claire, on entendait parfois le cri lointain d'une baleine. Aucune île à des kilomètres à la ronde, aucune création artificielle pour troubler ce tableau de sérénité. Aucune création artificielle excepté un bateau au loin.

Un navire luxueux sur lequel on entendait le brouhaha incessant de personnages richement vêtus sur le pont. Des femmes aux tenues élaborées, croulant sous les perles, les diamants et les bijoux en tous genre. Des hommes vêtus de soie, de tenues extravagantes passant du simple costume des toutes les couleurs de l'arc-en-ciel au collants et pantalons bouffants rappelant ceux d'un ancien temps. Des nobles, des riches, bref tout le petit gratin de West Blue venus pour l'anniversaire du dernier fils d'un riche marchand. L'homme grassouillet tenait la main à un jeune bambin de six ou sept ans, situé près d'une table, grinçant sous le poids des cadeaux venus de toutes les mers. L'enfant riait, son père riait, bref tout le monde était heureux.

Cependant, trois hommes contrastaient avec tous ce petit monde. Trois mercenaires embauchés comme garde du corps. Eux, ils ne souriaient pas, ils scrutaient chaque visage, effrayant les enfants de leurs mines patibulaires et de leurs balafres. Un aussi grand nombre de richesse à bord d'un navire pouvait susciter les convoitises des pirates. Ces trois gaillards étaient les meilleurs dans leur catégorie, du moins, les meilleurs de leur île. On les avait fait venir à grand frais pour surveiller tous ce petit monde et les protéger des pirates et autres monstres marins.

Enfin, la grande attraction de la soirée commençait, sortie de la cabine, le Marchand de Sable arriva vers le milieu du pont, son violon à la main. Il portait sa tenue noire corbeau et son masque sur le front, il avança d'un pas étrangement mal assuré. Un silence respectueux s'installa. Bodran sourit, posa son masque sur les yeux et appliqua avec vigueur son archet sur les cordes de l'instrument à cordes. Comme d'habitude lorsqu'il ne dormait pas, un son horrible sorti de l'instrument. Les gens commencèrent à hurler de mécontentement. Les nobles, dont les oreilles sensibles ne pouvaient supporter un son aussi peu harmonieux, commencèrent à hurler de douleur. Les femmes se mirent à pleurer mais, un son réussi à couvrir ce tintamarre : les pleurs du jeune enfant dont c'était l'anniversaire. C'était un son pur et juste, tout simplement parfait. Instantanément, tout le monde se tût. Les yeux du marchand devinrent rouge de rage :

« Attrapez cet infâme musicien, qu'on le passe par-dessus bord ! Il a fait pleurer mon fils ! »

Le trio de gros bras se jeta sur le pauvre homme. Il n'eut même pas le temps de se mettre en colère qu'ils l'avaient déjà ficelé, bâillonné et enfermé dans un tonneau avec son violon avant d'être jeté à la mer. Le jeune Bouzouki, alors en rage, réussi à briser ses cordes et son bâillon mais, déjà, il était loin du bateau où la fête avait repris son cours normale. Le clapotis des vagues sur le tonneau finir par l'apaiser puis, rapidement, il s'endormit.

Le lendemain matin, il fût réveillé par un choc. Le tonneau devait s'être échouer sur une île. Il espérait bien trouver de l'eau et de la nourriture, car il commençait à avoir franchement faim. Il ouvrit le tonneau et s'extirpa de l'espace étroit qui lui avait servi de lit de fortune. Il s'allongea dans le sable humide pour détendre ses muscles noués par son inconfortable nuit. Il se releva et commença à s'étirer tout en scrutant l'étrange endroit où il s'était échoué. À une vingtaine de mètres de lui, commençait une jungle épaisse et sombre. Vers ce qu'il semblait être le milieu de l'île, se tenait un arbre immense de plus de 300 mètres de haut. Dans son feuillage, on pouvait apercevoir des dizaines de fruits gigantesques de toutes les sortes : des pommes, des noix, des tomates, des citrons...

Pas le temps d'observer le paysage, il fallait trouver un moyen de quitter cette île. Il rangea son violon dans son étui, s'endormit une heure ou deux puis, s'enfonça dans la jungle.
Rapidement, il se perdit, le feuillage étant trop épais pour voir où se trouvait le fruitier, son seul repère, et erra des heures durant. Il réussit néanmoins à trouver une rivière pour se désaltérer.

À bout de force et affamé, il tomba par le plus grand des hasards sur un immense promontoire rocheux. À son sommet, un singe brandissait ce qu'il semblait être un énorme chat. Bodran pensa sauver le pauvre félin d'une chute mortelle en poussant le macaque dans le vide d'un grand coup d'étui à violon. En effet, il crut que le singe projeter de lancer l'animal dans le vide. Le primate hurla avant de s'écraser lamentablement trente mètres plus bas. L'énorme chat, qui s'avéra être un lionceau, s'enfuit en feulant de sa petite voix.

Une fois en haut, le musicien put ainsi voir une foule d'animaux aussi étonnés qu'en colère devant un tel acte, situés dans une grande clairière, au pied du fruitier. Notre homme, lui, ne voyait qu'un nouveau public à impressionner par son talent. Il porta son violon à l'épaule, et se mit à jouer, d'une façon horrible encore une fois. Les oiseaux s'envolèrent, les petits animaux s'enfuirent mais, les gros, eux, commencèrent à grogner et à montrer les dents. Les gorilles belliqueux grimpèrent le long de la falaise pour faire taire la source de leur souffrance. Voyant les animaux fuirent et se rebeller, les yeux du jeune Bouzouki devinrent rouge, il laissa tomber son violon, puis son gilet et sauta en hurlant dans la masse confuse de fourrure, de crocs, de plumes et de griffes.

Après un sanglant combat, Bodran dut calmer ses ardeurs. Si les gorilles et même les lions n'étaient pas des adversaires coriaces, en grand nombre, ils étaient bien plus dangereux. Alors que la fuite semblait être la meilleure solution, un immense gorille blanc se dressa devant lui. Il mesurait bien trois mètres de haut, était borgne, couvert de cicatrices et d'une fourrure blanche. Ses os craquaient sous une épaisse masse de muscle noueux tandis qu'il roulait des mécaniques en s'approchant de l'homme.

Le gigantesque animal se campa sur ses deux jambes et mit une énorme mandale dans la tempe de son adversaire. Le jeune Bouzouki vola sur près de vingt mètres en hurlant avant de finir la tête la première contre un arbre, se taisant instantanément. Tandis que les animaux s'approchaient osant espérer la mort de leur ennemi, il se releva dans un nuage de poussière et une musique mélodieuse envahit l'air. Tous les animaux s'endormir, l'île étant suffisamment petite pour qu'aucunes bêtes ne puissent échapper au terrible son soporifique.

Lorsqu'il se réveilla, Bodran compris qu'il ne s'agirait pas d'une épreuve de force, les animaux étaient trop puissants ensemble mais, grâce à sa musique, il pourrait les vaincre. Au lieu de passer sa fureur naissante sur les créatures endormit, il passa sa rage sur les cordes de son violon réveillant les animaux par le plus horrible bruit qu'ils n'avaient jamais entendue.

Pendant trois semaines, les animaux subirent ce rythme infernal, alternant sommeil forcé accompagné de musique douce et rock'n roll aussi diabolique que perturbant..
Au cours de cette période, il évita le combat le plus possible, se contentant de courir dans tous les sens en jouant du violon. En trois semaines, toute l'île se mit à muter petit à petit. Les arbres développaient une sève adhésive ainsi que des racines capables de vous enterrer vivant avant de vous digérer grâce à son nouvel estomac et ses sucs gastriques.
Les poissons développèrent par exemples de petites pattes osseuses semblable à celles des grenouilles leurs permettant de courir à travers les champs.

Au milieu d'une faune et d'une flore pour le moins très étrange, Bodran courrait. Il jouait de son violon, en esquivant cohortes de lapins carnivores et lianes chasseresses. Encore une fois, la fatigue l'envahit assez rapidement, il s'installa dans une crevasse au creux d'un arbre qui lui servait de cachette. Les trois semaines passées sur l'île l'avaient changé, ses vêtements déchirés s'accordait bien avec sa barbe hirsutes et ses cheveux dépeignés. L'homme devenu un véritable ours, songeait vraiment à un moyen de quitter cette île. Il ne comprenait pas pourquoi, les animaux devenait de plus en plus dangereux. En pensant à tous ses problèmes et en grignotant un fruit, allongés sous un tapis de feuilles tressés, il s'endormit...


Dernière édition par Bodran Bouzouki le Mar 2 Juil 2013 - 19:42, édité 1 fois

    Une tache, la dans son dos, une horrible taches que rien ni personne ne pouvait nettoyer, pas même elle la reine des fées du logis. Pourtant, elle devait réussir, elle devait y arriver pour l'honneur des Gouvernante de Manor Islande et pour la défunt Mama Boulga. Cette vielle femme au long bras lui manquait beaucoup elle en venait même à regretter sa sévérité et sa dureté. Cette tache donc était devenue sa tâche, sa quête afin de devenir la plus grande femme de ménage au monde. C'est du moins à ce qu'elle pensait alors qu'elle rame avec force et détermination en direction d'une étrange île. Son radeau était dans un état pitoyable, se serait probablement son dernier voyage et avec un peu de chance le dernier de Madame. Elle avait entendu parler d'une île mystérieuse et légendaire sur West Blue, une île sauvage sur laquelle aurait poussé un arbre à sa mesure. Il serait gigantesque et porterait tous les fruits du monde, une sorte d'all Blue fruitière, si elle allait sur ce bout de terre elle pourrait mettre la main sur un gros citron qui avec un peu de chance était fortement concentré. Et toute bonne ménagère doit savoir que le jus de citron et très efficace sur de nombreuses taches dont celles provoqués par les jus de fruit. L'île était connue pour sa dangerosité mais, qu'importe, elle avait beau être une frêle jeune fille elle avait une tâche a accomplir.

    Concentré sur sa motivation, il ne vit pas tout de suite l'île enfin l'arbre qui se dressait devant elle a l'horizon. Personne ne sait d'où provient l'arbre mais, il est arrivé là et a grandi, ses racines ont emprisonnées le sable et la terre jusqu'à former une île où s'est créée avec le temps un écosystème particulier en consente évolution. Même du haut de ses vingt-huit mètres de haut Madame propre ne pouvait voir la cime de l'arbre qui se perdait dans les nuages. L'okama se trouvait devant un terrible dilemme, il avait hâte d'arriver sur l'île et aimerait bien accélérer la cadence mais, cela voulait dire transpirer or une femme de chambre qui se respecte ne transpire pas. Résigné, elle abandonna l'idée d'accélérer, son honneur de femme enfin ... D'okama était en jeu dans cette histoire. C'est donc sous ce soleil de plomb brillant dans un pur ciel bleu que Madame propre ramait vers son destin.

    L'île se rapprochait lentement sa taille était trompeuse, Madame Propre était encore loin de sa cible et elle ramait, ramait et ramait encore. C'est vers la fin de l'après-midi qu'elle finit par approcher de cette immense feuillu fruitier la nuit approchant elle se décida à attendre le matin pour s'enfoncer dans cette dangereuse île. Petit a petit, le ciel se noircit et se rempli de petites lueurs apaisantes. Elle était allongée dans sa barque bercée par les vagues, elle admirait le magnifique ciel étoilé quand soudain ce fut la panique à bord. Une des étoiles bougeait, elle se déplaçait dans le ciel et ce n'était pas une comète. Dans un court moment d'irrationalité elle se mit à penser à des aliens venus pour envahir la terre. Dans ce moment de panique elle gigota tellement qu'elle faillit tomber de la barque. Ce qui la calma immédiatement, les extraterrestres n'avaient pas de bateau ils ne pouvaient donc pas envahir la terre, logique. Mais, cette gouvernante a l'imagination fertile avait tort, il s'agissait d'une météorite qui allait mettre plusieurs jours avant de frapper la terre apportant avec elle son bagage de chaos. Rassurée par sa logique pas si logique il sombra dans un profond sommeille bercée par le doux chant des vagues.

    Le géant fut réveillée par un étrange bruit, comme si une chose était tombée dans l'eau, cela recommença plusieurs fois jusqu'à ce qu'elle ouvre un œil et vit une chose peu commune. A une vingtaine de mètre de là, de petites formes semblaient sauter hors l'eau avant de partir en courant dans les hautes herbes. Intrigué elle tendit son cou pour mieux voir et surprise ! Il y s'agissait de poissons avec deux petites pattes palmées qui courraient en direction de la forêt. Ce fut une nouvelle fois panique à bord, c'était forcément la faute aux martiens, leur passage avait tout chamboulé. Après une rapide inspection elle se calma, elle avait tout bien vérifiée, pas de membres supplémentaires ou manquant tout était en place. Que de frayeurs de bon matin, son pauvre petit cœur battait à la chamade. L'okama prit une grande inspiration, elle ne devait pas perdre de vu ses objectifs, un citron géant pour laver cette tache horripilante. Elle le ferait pour sa vieille instructrice.

    Elle accosta donc sur l'île sauvage au milieu des herbes hautes enfin, façon de parler, vu sa taille vingt centimètres de plus ce n'était pas grand-chose. Elle sauta a terre ce qui fit trembler la terre provoquant l'envol de nombreux volatiles et la chute de certains petits fruits trop mur. Une épaisse végétation s'étendait devant elle et au loin elle pouvait apercevoir l'immense tronc de l'arbre. Elle allait devoir grimper, elle se serait une première. Les arbres ne laissaient que peu d'espace, elle allait devoir se frayer un chemin. Une fois toutes ses affaires débarquée, elle se mit en route brisant les arbres sur son passage. Elle avançait péniblement vers l'arbre quand elle sentit qu'il se passait quelque chose au niveau de sa chaussure. Elle se pencha pour apercevoir une bande de petits machins blancs essayer de s'attaquer à son pied à travers le cuir épais du soulier. Voilà une chose qu'elle ne pouvait se permettre, une maid est toujours impeccablement vêtu et ce n'est pas une bande de petits machins blancs qui allait changer ça. la masse de bestioles tentait de grimper sur les pieds de la belle, ces pauvres lapin carnivore ne comprirent jamais ce qui se passa. Le géant souleva son pied avec les petites créatures et le lança avec vigueur vers l'avant, comme si elle shootait dans un ballon mais, sans ballon. Elle répéta l'action avec son autre jambe provoquant ainsi un nouveau type d'intempérie, la pluie de lapin. Assise au milieu de la forêt Madame Propre inspectait ses souliers, après la terrible mésaventure qu'ils ont vécu. Heureusement pour elle, malgré les taches dues à sa marche forestier ils ne semblaient avoir souffert. Elle se rechaussa et se remit en marche à travers l'épaisse végétation des lieux laissant un sillage de désolation forestière qui ferait même sursauter les plus vils entrepreneurs de contreplaqué.

    Quand on est un oiseau, il y a cette étrange instinct qui vous pousse à voler en rond autour des gros trucs. Quand on est dérangé sans cesse par d'étrange tremblement on s'envole et quand on vole l'instinct reprend le dessus. Et puis, les piafs, ils y voient pas très bien, ils leur arrivent de confondre arbre et géant. Quand l'arbre commence à essayer de leur filer des baffes ça les met en rogne, une journée difficile pour eux d'autant plus que dans pas longtemps l'autre allait se réveiller pour leur casser les oreilles. La force des choses avait fini par les rendre de mauvais poile, l'arbre, enfin le géant qui essayait de les écraser s'en était trop. Ils allaient lui apprendre à rester immobile à ce feuillus de malheur.

    Un terrible combat s'engagea, une nué d'oiseau mal avisé contre une frêle jeune femme au muscle d'acier. Devant un adversaire de cette taille, les piafs s'unir en une grande formation connue de tous, le triangle de combat. Attaquée par surprise l'okama se défendit tan bien que mal en agitant les bras dans tous les sens et en courant mais rien y faisait. Ils s'accrochaient à ses cheveux et autres supplices terribles, le balais ne marchait pas contre eux. Après de longues minutes de cris et de gesticulation, les animaux se rassemblèrent pour la curée. Madame devait trouver une solution rapidement ou elle allait finir griffé et bien pire décoiffé. Elle fouillait frénétiquement ses affaires à la recherche d'un objet capable de l'aider à se défendre quand elle mit la main sur un manche en bois, mais les oiseaux arrivaient à toute vitesse. Quoi qu'elle tienne il ne lui restait plus qu'à espérer que ce soit le bon objet.

    « KYYYYYAAAAAAAA ! »

    Elle accompagna ce hurlement plutôt grave pour une femme d'un magistrale coup de poêle a frire taille extra large. L'ustensile lui permit d'envoyer valser une bonne partie des animaux, le reste piailla une retraite désordonné afin de mettre le plus de distance possible entre eux et cet arbre extrêmement agressif. Un jour noir pour toutes les créatures à plumes de l'île. Elle rangea sa poêle, reprit son souffle et se recoiffa, elle en avait assez des émotions fortes et espérait que la suite de son périple soit plus calme quand elle entendit un grand cri venant d'en bas.

    « HEEEEEEYYYY ! »

    A côté de ses pieds se tenait un véritable sauvage, tout hirsute, sale et débraillée. L'homme semblait avoir passé pas mal de temps loin de la société, il avait l'air assez jeune pour un humain, mais sa grande barbe était trompeuse, il pouvait avoir entre vingt et quarante ans, a cette distance de toute façon on y voyait pas grand-chose. Il fallait lui monter ce qu'était la civilisation à ce sauvage, elle prit donc le temps de le saluer correctement. Mains croisée devant elle jambes serré, droite comme un i elle s'inclina légèrement vers l'avant en regardant timidement le sol.

    « Bonjour monsieur le sauvage, on me nomme Madame Propre que puis je faire pour vous ? »

    Voilà comment une vraie Gouvernante civilisé doit saluer un homme, elle avait utilisé la technique secrète de Manor Islande que toutes les maid voulaient connaître, le Scintillant Salut Respectueux. Grâce à elle Madame semblait couverte par une magnifique pluie de paillette, la rendant plus belle que jamais. Dans la mesure d'un okama de vint hui mètre de haut avec un habit de servante, c'est à dire pas grand-chose en réalité.

    Et au loin tout la haut, derrière les nuages, une grande catastrophe se préparait, une petite noix de rien du tout avait poussé sur l'arbre il y a maintenant des années et cette petite noix était devenu le fruit le plus grand de tout l'arbre, elle était soutenue par une branche épaisse et solide, elle avait résisté à l'assaut des vents particulièrement violent à cette hauteur. Pourtant, cette immense noix plus grande encore que Madame Propre oscillait dangereusement depuis quelques jours, l'agitation et les tremblements en bas provoqués par le géant n'aidait pas le fruit à tenir en place, il n'allait pas tarder à tomber.



    Dernière édition par Madame Propre le Jeu 27 Juin 2013 - 22:56, édité 1 fois
    • https://www.onepiece-requiem.net/t7406-madame-propre#93447
    Bodran se réveilla en sursaut. Le sol venait de trembler et les oiseaux s'étaient envolés. Il se redressa et se prit une racine haute derrière la tête. Oui, une racine haute. Ce sont des racines qui sortent de terre et font de jolies arcs. Mais, comme les branches basses, on se les prend fréquemment en pleine poire. Il se redressa plus prudemment cette fois. Il se frotta l'arrière de son crâne douloureux tout en maugréant. Pourquoi cette maudite île le rejetait donc ? Ce sont les animaux qui l'avaient provoqué. Bon d'accord, il avait tué un pauvre macaque qui était sans doute le chef de toutes les autres créatures de l'île. Cela faisait trois semaines que leur chef était mort et c'était déjà le chaos total. Voilà où ça mène l'anarchie, pas plus tard qu'hier, le lion le plus immense qu'il n'avait jamais vu s'était fait dévoré par une bande de lapin.

    Et s'il se préparait un mauvais coup ? Plus il y pensait, plus il se dit que quelque chose allait ébranler ce monde. Il y avait déjà la comète de l'autre soir. Elle était étrange, différente de toutes les étoiles filantes qui nourrissait son maigre potentiel de poète. Elle avait troué la voûte céleste mais, depuis plus rien. Il était certain que le fruitier avait bougé à son passage. Ce tremblement de terre était probablement un signe avant coureur de quelque chose de grandiose.

    Il décida d'aller voir vers la plage. Tout en se grattant sa barbe qui commençait à être fournit, il se dit que peu importe ce qui arriverait, sa musique le défendrait contre n'importe quels assaillants.
    Soudain, le ciel se noircit. Au début, il ne s'agissait que d'une masse noire, confuse, puis, il se détacha de petits points noirs. Au fur et à mesure que ces choses approchaient, il se cacha derrière une grosse pierre, inquiet. Il attendit puis, ils s'écrasèrent. Des lapins, plein de lapins venaient de s'écraser sur le sol de la forêt. Lorsqu'il sorti de sa cachette, notre musicien fut profondément bouleversé par ce phénomène. Son âme sensible d'artiste n'était pas choquée par la mort de dizaines des animaux parmi les plus doux et les plus mignons de la Terre, non cela il s'en fichait royalement. Ce qui l'inquiétait c'était que cette histoire de lapins qui tombent lui rappeler quelque chose.

    Il se souvenait du vieux curé qui radotait à l'église le dimanche. Il n'avait jamais cru à ces histoires jusqu'à aujourd'hui. C'était il y a longtemps mais, il lui semblait qu'il y avait une histoire de grenouilles tombant du ciel. Bon là, c'était des lapins mais, de toute façon tout le monde s'en fout des grenouilles.
    Soudain, tout se mit en place dans son esprit. L'étoile qui tombe du ciel, le tremblement de terre et maintenant ça. Cela ne pouvait signifier qu'une seule chose : l'apocalypse.

    Il tenta de se souvenir des vieilles histoires mais, il n'avait jamais écouté aux divagations du vieillard. Il n'avait jamais été un bon samaritain et maintenant il le regrettait. Tout de même, si on l'acceptait là-haut, il écouterait le chant des anges, si on l'envoyait en enfer, il profiterait du bon vieux rock satanique.

    Non, il ne devait pas se laisser aller, il n'était pas mort. Aucune faucheuse ou famine ou autre ne viendrait le tourmenter. Il mit son sac contenant ses affaires sur son dos et s'avança vers la plage, la peur au ventre.

    Après plusieurs semaines passées sur l'île, il avait fait un système de lianes pour retrouver son chemin. Il y avait des repères sur les arbres. Il avança dans la direction choisit tout en comptant les arbres comme il en avait l'habitude. Un, deux, trois, quatre... plus que quatre-vingt-seize arbres et il atteindrait à la plage.

    Il scrutait les ténèbres avec méfiance, autant effrayé par l'idée de rencontrer un des quatre cavaliers que de rencontrer une bête féroce. Pourtant, aucun animal ne vint le trouver.
    Une heure plus tard, au bout du soixante-quatorzième arbre il remarqua qu'il n'y avait plus de soixante-quinzième. La forêt venait d'être dévasté, les arbres étaient déracinés, une longue traînée de terre retournée indiquait la direction où la chose qui avait fait ça se trouvait. Devant lui se tenait une énorme empreinte. Il pouvait s'allonger dedans sans difficulté pour vous donner un ordre d'idée. L'angoisse lui tenaillait le ventre, il ignorait s'il s'agissait d'une autre des plaies ou s'il s'agissait simplement d'un monstre marin. En tout cas, il y avait de quoi avoir peur. Prenant son courage à deux mains, il suivi le chemin tracé à travers la végétation.

    Le chemin était plus pratique à emprunter sans tous ces feuillus au milieu. Tout à coup, il entendit un terrible cri :

    « KYYYYYAAAAAAAA ! »

    C'était le cri le plus grave qu'il n'aie jamais entendu. Oubliant toute prudence, il coupa à travers la forêt en courant pour rejoindre la source du bruit. Il vit soudain des dizaines, non, des centaines d'oiseaux s'écraser en contrebas. Une autre plaie de l'apocalypse ! Mais, à ce moment précis, il vit un homme, ou plutôt une femme très musclée. Ou un homme vêtu d'une tenue de servante.
    A cette vue, toute sa théorie de fin du monde s'effondra. C'était juste un géant de vingt-huit mètres de haut.

    Sur le coup, il se sentit un peu con. Il eut envie de rire mais, n'eut jamais cette chance. Le géant (car il était sûr que la chose devant lui était masculine) venait de déplacer son énorme pied juste au-dessus de la tête de notre jeune homme.

    Bodran vit toute sa vie défilait devant ses yeux, son enfance, la mort de sa mère, son frère, les bagarres de tavernes... Il fut sauvé in extremis d'une mort certaine, le pied de la maid s'abattit juste devant lui. Il hurla de terreur tandis que la gouvernante se retourner pour le saluer :

    « Bonjour monsieur le sauvage, on me nomme Madame Propre que puis-je faire pour vous ? »

    Elle joint les mains sur ses jambes, se tenant droite et regardant timidement le sol. Cet acte eut pour conséquence d'effrayer le musicien, il serait probablement parti en courant si sa question n'avait éveillé son intérêt.

    « Ce que vous pouvez faire pour moi Madame Propre ? Aidez-moi à retourner à la civilisation ! Le papier toilette me manque tellement ! »

    Puis, soudain, se souvenant de ses manières de gentleman, il déclara d'une voix posée :

    « Mais, j'oublie mes bonnes manières, je me présente, je suis Bodran Bouzouki. Je me suis retrouvé sur cette île à cause d'ignares qui ne connaissent rien à la musique, ils m'ont enfermés dans un tonneau et me voilà ici. »

    Puis, avant que le géant puisse ouvrir sa bouche, un immense craquement retentit au-dessus de sa tête, c'était un son puissant et pourtant si lointain.
    Bodran comprit ce qui était en train de se passer. Il n'y avait assisté qu'une fois au cours de son exil forcé. C'était un phénomène dévastateur qu'il valait mieux éviter. Il cria du plus fort qu'il put :

    « LES FRUITS TOMBENT ! SAUVEZ-VOUS ! »
      L'aider à rejoindre la civilisation, en voilà une drôle d'idée, pourquoi un sauvage voudrait-il rejoindre ces villes illuminées artificiellement ? N'était-il pas heureux ici au milieu de la nature, libre comme l'air ? Et d'ailleurs comment ce faisait il qu'un sauvage parle sa langue ? Madame Propre n'eut pas le temps de poser toutes ces questions qui lui brûlaient les lèvres, car l'homme poursuivit son discours. Soudain sa manière de se tenir changea, il se redressa, il émanait de lui une aura bien différente, il avait presque l'air d'un gentleman si on oubliait la chevelure hirsute, la barbe et les vêtements en lambeaux. Les bienfait de la civilisation faisait rapidement effet on dirait. Finalement il s'appelait Bodran Bouzouki et était un pauvre musicien incompris jeté à la mer, pauvre petite chose. Une question résidait tout de même pourquoi porter un nom d'instrument ? Question qu'une fois de plus elle ne put poser.

      Les fruits trop mures on tendance à tomber de l'arbre pour s'écraser au sol, rien de très grave me direz vous. Quand une cerise qui fait la taille d'une petite maison s'effondre sur l'île ça fait du dégâts, mais d'un autre côté cela permet de nourrir la faune durant une bonne semaine et de renouveler la flore grâce au pourrissement. Une pluie de fruit peu donc être une bonne ou une mauvaise chose, tout dépend d'où se trouve le fruit. Or monsieur Bouzouki et de Madame Propre se trouvait actuellement sous les fruits, nous pouvons donc en conclure que pour eux il s'agit d'une mauvaise chose.

      Trop occupé a tendre l'oreille pour comprendre ce que disait le petit humain, elle n'entendit pas le craquement annonciateur d'apocalypse fruitière. Heureusement pour notre gouvernante, le musicien connaissait les signes avant coureur et hurla face au danger avant de partir en courant.

      « LES FRUITS TOMBENT ! SAUVEZ-VOUS ! »

      Le géant ne comprenait pas très bien l'agitation du jeune homme, oui quelque fruit tombaient de l'arbre et alors ? L'okama revit rapidement son jugement quand une pomme rouge de la taille de son poing s'écrasa a quelques mètres d'elle en projetant des morceaux pourris dans tous les sens. Elle esquiva avec brio le jus de pomme fermenté avant de partir en courant, l'endroit était bien trop dangereux et salissant pour elle. Dans sa course effréné elle faillit mettre fin au jour du pauvre faux-sauvage en l'écrasant, son gigantesque soulier passa très près de l'homme qui protesta a grands cris. Malgré sa peur quasi phobique des taches, Madame Propre bafouilla une excuse avant de se pencher pour saisir le musicien et de partir de plus belle en direction de la plage et de son radeau. L'idée était très simple, sauter sur l'embarcation et quitter cette île de malheur. C'était un endroit bien trop dangereux pour une frêle jeune femme telle que lui. Avec sa grande taille elle pouvait déjà apercevoir la mer, encore quelques enjambés et elle pouvait partir et sauver le sauvage par la même occasion et le ramener à la société. Une fraise énorme s'écrasa non loin de lui, projetant des graines dans tous les sens avec force, ce qui eut pour effet de déchirer la robe de Madame et de la blesser légèrement mais, qu'à cela ne tienne. Bourré d'adrénaline l'okama ne fit même pas attention à ses blessures, il déboucha enfin sur la plage, devant son radeau de fortune.

      Elle posa le musicien presque malade avant de reprendre son souffle, la plage avait l'air d'être un endroit sur. Elle était persuadée que tout cela était dû aux méchant extraterrestres et a leurs ondes étrange qu'on ne comprenait pas. Elle jeta un coup d'oeil en direction de la forêt pour s'assurer qu'aucun fruit belliqueux les ait suivis. Si son honneur de maid ne lui interdisait pas, elle aurait laissée échapper une sacré injure devant la dévastation forestière dont elle avait été l'instigatrice. Des branches saccagés, des arbres arrachés, décidément elle n'était pas faites pour la promenade champêtre. Le petit humain ce mit soudain à gigoter et à hurler, à croire qu'il ne pouvait pas s'exprimer normalement celui la.

      " Oh comme c'est charmant une petite danse tribale pour me remercier, oh comme c'est pittoresque !
      - LE ... LLEE ... LA AAAAAHHHH
      - Oui oui charmant, mais ce n'est pas le moment il me semble ...
      - FRUIT !!!
      -Comment ça quel fruit ? Ahhhhh celui-la mais, ce n'est pas un fruit... KYYYYYAAAAAA ! "

      Hurla-t-elle en voyant l'immense tomate presque aussi grosse qu'une maison se diriger vers eux., elle était trop proche pour espérait fuir, c'en était finie pour elle et pour le petit sauvage. Alors que le temps semblait ralentir pour la pauvre gouvernante, mais au lieu de revoir sa vie défiler devant elle, ce qui prendrait trop de temps, elle se questionna sur la nature des tomates. C'est un gros fruit rougeâtre souvent utilisé en salade ou en accompagnement dans les plat de South Blue mais, elle avait toujours pensé qu'il s'agissait d'un légume. Mais, un légume ne peut pas tomber d'un fruitier si ? La tomate était donc bien un fruit, elle pensa à divers moyens de l'arranger en dessert puis se dit que finalement toute sa vie avait été un mensonge. Passer plus de quatre-vingt-dix ans à croire que les tomates étaient des légumes, c'était comme découvrir que le Père Noël n'existe pas sur son lit de mort, on se sent étrangement bête.

      Soudain le temps s'accéléra, elle ne voulait pas finir ainsi, elle n'avait pas accomplie tous ses rêves et puis mourir tachée était tout de même une honte pour quelqu'un qui se fait appeler Madame Propre. Il ne lui restait plus qu'une solution, elle se campa fermement dans le sol, prête à réceptionner le mastodonte. Elle leva les bras et dès que le fruit toucha des paumes, elle puisa au fond de son coeur toute la force et la volonté dont elle était capable. Elle ferma les yeux et avec un grognement guttural peu attirant elle dévia la course de la redoutée tomate. Qui alla en toute sympathie s'écraser sur le vieux radeau fatigué qui dans un grand craquement prit sa retraite au fond de l'océan. Mais, la pauvre okama n'avait même pas remarquée la tragédie, elle se tenait droite les poings sur les hanches, fière de son exploit, elle avait prouvé qu'une faible femme pouvait parfaitement vivre sur les mers.

      Le hasard est une chose bien capricieuses, il semble que quand tout va mal, il décide d'en rajouter une couche. Tout comme les trains, un fruit peut en cacher un autre. Elle savourait intérieurement son moment de gloire personnelle, regardant avec fierté l'arbre gigantesque, faisait fit de tout ce qui se passait autour d'elle. Quand une cerise de la taille d'un gros rocher vint percuté sa poitrine, la projetant au sol. Le choc lui coupa la respiration, il très mal dans la poitrine, une douleur atroce. Elle mit la main sur son torse et quand il la regarda, elle était pleine de liquide rougeâtre. Persuadé qu'elle allait mourir ici à cause de sa blessure elle offrit un dernier sourire gentil au petit homme avant de lui adresser ses dernières paroles.

      "Va cour vole vis ta vie comme tu l'entends petit sauvage, ne te laisse pas gangrener par la société, soit heureux, moi je reste ici ..."

      Après avoir poussé un dernier soupir elle posa sa tête sur les herbes douces et attendit que la mort vienne la chercher. Elle attendit un moment puis ouvrit un oeil puis l'autre, finalement non elle n'était pas morte. Le géant s'assied et regarda avec appréhension sa blessure, c'est la qu'il comprit. Le liquide rouge était du jus de cerise, pas du sang, l'okama n'était donc pas mort, c'était bien pire elle était tachée. Elle fut prise d'hystérie et se mit soudain a courir dans tous les sens en hurlant et en cherchant fébrilement un moyen rapide de laver sa robe. L'île se remit à trembler sous les pas lourd de Madame affolé par tan de saleté. Il ne restait plus qu'à espérer pour le brave Bodran qu'il ne se retrouve pas une fois de plus sous l'un des soulier parfaitement cirées de madame propre durant sa petite crise d'hystérie.


      Dernière édition par Madame Propre le Dim 23 Juin 2013 - 14:44, édité 1 fois
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      Bodran se jeta sur le côté et se mit à courir vers la plage. L'arbre était suffisamment grand pour que la pluie de fruit recouvre toute l'île. Heureusement, ce sont généralement les fruits les plus petits qui tombent sur les bancs de sable. Donc, leurs chances de survie étaient plus élevés là-bas. Pourtant, l'okama lui porta un regard interrogateur. Il ne devait pas très bien comprendre ce qu'on lui disait vu sa tête.

      Puis, il y eut un sifflement, ce n'était pas grand-chose au début mais, ça devient rapidement inquiétant. Une immense tache sombre apparue dans le ciel, quelques secondes plus tard, une énorme pomme rouge s'abattit sur le sol en éclatant. Notre musicien fut soulevé dans les aires quelques dixièmes de secondes avant de s'étaler de tous son long. Par chance, sa chute forcée l'avait protégé des morceaux de fruit volant dans tous les sens. Il se releva dans une pluie de jus de pomme odorant mais, n'eut pas le temps de reprendre sa course. Effrayé par la chute des fruits, la frêle jeune femme de vingt-huit mètres de haut s'élança dans sa direction, parcourant plus d'une dizaine de mètres à chaque enjambée. À cause des secousses provoquées, il retomba au sol. Il tenta désespérément de rouler jusque sous un rocher pour se mettre à l'abri des dangereux souliers de son compagnon. Hélas, il n'eut pas cette chance. Alors qu'il rampait comme un ver, une ombre immense le recouvrit, il put juste apercevoir le pied de Madame Propre sur le point de le réduire à l'état de bouillie nutritive. Pour la deuxième fois de la journée, il vit sa vie défilait devant ses yeux.

      Alors qu'il arrivait au moment où il volait des gâteaux à l'âge de dix ans, il vit une silhouette floue devant lui. Brusquement ramené à la réalité, il eut l'occasion de voir ce que peu ont pu observer au cours de leur vie. C'était un homme grand et maigre, emmitouflé dans un épais manteau noir, son capuchon relevé sur sa tête. Il tenait un livre jaune, où il était dessiné un petit ours brun assis sur les genoux d'un autre ursidé, dans ses mains squelettiques. Non mais, réellement squelettiques, de véritables os, il voyait des phalanges blanches appartenant à des doigts faits pour manier la faux. Cette dernière se trouvait contre un arbre, son tranchant luisant dans la faible lumière qui filtrait à travers l'épais feuillage de la jungle. La Mort (car il était certain qu'il s'agissait de la faucheuse) tourna son crâne vers lui et le fixa de ses orbites vides. Il faillit peur si, étrangement, la chose qui se tenait devant lui n'était pas tranquillement allongée dans un transat jaune fluo et dit d'une voix emplit du poids des millénaire :

      « Prenez tout votre temps, j'ai amené de quoi lire. »

      Sur ce, elle ouvrit son livre. Toute cette scène s'était déroulée en une ou deux secondes maximum, soudain, le pied de Madame Propre s'abattit juste à côté de lui, le soulevant à près d'un mètre du sol. La faucheuse et son transat devinrent flou et disparurent. Le jeune homme se gratta la tête avant d'inspirer à plein poumon :

      « REGARDE OU TU METS TES PIEDS STUPIDE GÉANT ! »

      A cause du tintamarre environnant, il n'était pas certain que la gouvernante aie tout à fait compris ses propos. Toujours est-il que l'okama bredouilla quelques excuses avant de le ramasser et de le jeter sur son épaule. Le choc lui coupa littéralement le souffle et il dut s'accrocher de toutes ses forces pour ne pas chuter. Ne pas tomber de l'épaule d'un géant c'est un peu comme faire du rodéo sur un taureau en acier au sommet d'une falaise avec une main attachée dans le dos. Il ne faut surtout pas tomber sinon, c'est la mort assurée. Il se tenait tant bien que mal et fut presque désarçonné quand Madame Propre se prit des graines de fraises dans le dos. Lui-même ne fut pas épargner lorsqu'une graine lui passa très proche du visage, lui faisant une belle estafilade le long de l'arcade. Après quelques douloureuses secondes, son véhicule de fortune s'arrêta et le déposa délicatement au sol. Mais, quand un géant vous dépose délicatement au sol, c'est aussi douloureux qu'une chute de trois mètres. Il atterrit la tête la première dans le sable et détendit ses muscles douloureux. Après quelques secondes de convalescence, il s'autorisa à se relever et put voir Madame Propre en train de regarder la forêt dévastée. Elle ne faisait pas attention à la tomate qui se rapprochait d'elle à une vitesse alarmante. Il gigota dans tous les sens, virevoltant comme le piètre danseur qu'il était pour attirer l'attention de l'okama qui le regarda en souriant.

      « Oh comme c'est charmant une petite danse tribale pour me remercier, oh comme c'est pittoresque !
      - LE ... LLEE ... LA AAAAAHHHH
      - Oui oui charmant, mais ce n'est pas le moment il me semble ...
      - FRUIT !!!
      -Comment ça quel fruit ? Ahhhhh celui-la mais, ce n'est pas un fruit... KYYYYYAAAAAA ! »

      Est-ce que vous savez quel est le volume sonore produit par un géant lorsqu'il hurle ? Non ? Et bien c'est beaucoup trop pour les oreilles fragiles d'un musicien. Il tomba au sol, encore une fois, étourdi par la puissance vocale de Madame Propre. Cinq secondes plus tard, lorsqu'il eut repris ses esprits, il vit cette dernière se tenir fermement sur ses jambes. Elle tenait au-dessus de sa tête le mastodonte rouge, tous ses muscles bandés. Tel un avatar de la dévastation, l'okama projeta son fardeau en hurlant dans la direction d'un vieux radeau de bois. Souffrant encore de bourdonnement, Bodran ne fut pas étourdi par le cri cette fois-ci. La douleur venait de son coeur, il avait vu son dernier espoir de quittait l'île être détruit. Alors qu'il se retournait pour hurler sur son compagnon pour la troisième fois en une heure, il vit une cerise éclater sur le torse de Madame Propre dans un chuintement tout à fait écœurant. Oubliant toute sa colère, il s'approcha de son compagnon, inquiet. Le géant tourna son immense visage vers lui et dit :

      « Vas, cours, voles, vis ta vie comme tu l'entends petit sauvage, ne te laisse pas gangrener par la société, sois heureux, moi je reste ici ... »

      Il regarda la blessure du géant. Il n'allait pas mourir, au pire, il aurait quelques cotes cassées mais, les géants étaient connus pour leur solidité. Alors que Madame Propre attendait son heure, il se dit qu'il valait mieux ne pas rester dans les parages. Partageait son île avec un mastodonte pareil, ça n'allait pas être simple...

      Il alla dans la forêt afin de soulager un besoin naturel, quand tout à coup, il entendit hurler dans son dos, il vit la terrible gouvernante se redresser et courir dans tout le sens, essayant vraisemblablement de nettoyer la tache de cerise. Elle frottait tout ce qu'elle trouvait contre la tache, des arbres, des feuilles...

      Soudain, une idée traversa l'esprit de notre jeune homme. Il fixa le noyau de la cerise, il était suffisamment grand pour lui servir de radeau. Tant mieux, il refusait de rester avec cette géante hystérique sur l'île. Il était prêt à l'abandonner, après tout, elle était loin de pouvoir se faire dévorer par les créatures de la forêt, ce serait même le contraire. Il finirait bien par trouver un citron, qui ne sait pas que les citrons sont très efficaces pour éliminer toutes les taches.

      Bref, il devait se concentrer sur son noyau. Il harnacha son violon à l'aide d'un bout de liane et courut vers son radeau. Porté par son élan, il réussit à pousser la graine jusqu'à l'eau. Il sauta dessus et se mit à ramer frénétiquement à l'aide de ses mains. Il se félicitait de sa réussite et se voyait déjà en train de manger un bon ragoût bien chaud. Il avait parcouru trente mètres quand tout à coup, il vit une ombre le survoler. Madame Propre venait de sauter à l'eau pour nettoyer sa tache. L'un des premiers réflexes lorsque l'on est taché, c'est de laver avec de l'eau.
      Mais, quand un géant à la bonne idée de faire trempette, cela provoque irrémédiablement raz-de-marées et inondations. Lorsqu'il toucha la mer, une vague de près de quinze mètres de haut vient ramener le moins délicatement possible Bodran et son moyen de locomotion vers l'île. Mort de trouille, il hurla en s'approchant de rivage à grande vitesse. Il allait s'écraser contre les rochers et finir brisé comme une misérable poupée de chiffons. Il ferma les yeux se préparant au douloureux choc.

      Mais, porté par la vague, il finit au sommet d'un arbre. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il se trouvait douze mètres au-dessus du sol. Il se tenait là, tétanisé, quand le noyau tomba pour s'écraser en se fissurant. Il pâlit, il n'avait pas envie de mourir d'une chute mortelle après tout ce qu'il avait vécu. En tournant la tête pour chercher une issue, il vit la Mort se tenir près de lui.

      « Voilà, voilà, j'ai fini mon livre, bon il serait temps de se dépêcher, je n'ai pas que ça à faire moi. »

      Elle sortit un sablier de sa veste et l'observa longuement.

      « Allez, ce n'est qu'une chute mortelle, vous ne souffrirai pas.

      -Comment-ça ? C'est super douloureux de tomber de cette hauteur ! »

      Elle se pencha au-dessus de vide.

      « C'est vrai mais, au moins, ça ira vite.
      -Mais, cassez-vous de là ! »

      Il se sentit soudain très fatigué, même le pas lourd de l'okama revenant sur la plage ne put le tirer de sa somnolence. Il s'allongea sur la branche, encore une crise de narcolepsie mais, au-dessus du vide, c'était la première...

      Il s'endormit rapidement, puis se releva somnambule. Il décrocha son violon de son dos et le porta à son épaule. Un son mélodieux sortit de l'instrument, toute l'île s'endormit, les lions, les lapins, les oiseaux... Même le tremblement de terre provoquée par la chute du corps endormie de Madame Propre ne put les tirer de leurs torpeurs.

      Toute l'île ronflait. Sur sa branche, à côté du narcoleptique, la faucheuse, insensible à la musique soporifique, soupira. Encore un qui arrivait à se sortir d'un mauvais pas avec une aptitude bizarre. Il regarda son sablier. Non, il n'avait plus le temps de s'attarder ici, il avait du travail. En plus, l'excursion maritime de la gouvernante avait tué plein de poissons...

      « Et merde, foutu métier... » furent ses derniers mots.

        Une tache, il y avait une putain de tache sur son uniforme, c'était la panique total dans sa tête, elle en perdait même ses manières. Sa tenu bleutée, son tablier blanc et même son charmant petit foulard vert étaient remplies de jus de cerise, leur donnant un aspect rougeâtre qui contrastait horriblement avec le reste de sa tenu. Après avoir retiré la pulpe à l'aide d'un petit arbre, elle utilisa les feuilles pour tenter désespérément d'éponger le plus de jus possible. Madame propre repris sa course effrénée, elle espérait trouver un citron tombé non loin de la plage pour retirer cette tache. Mais, nul point jaune ou vert à l'horizon, sa tenu restera tachée. Perdant tout bon sens et toute logique, le géant se précipita vers l'océan bleuté et d'un bon immense se jeta à l'eau dans le vain espoir de retrouver un vêtement propre. C'est dans les air que le brave okama se rendit compte qu'il venait de briser de nombreuse règles des gouvernantes. Dans un premier temps il avait courue, puis abîmée ses vêtements pour finir par les tacher et maintenant, elle allait se ridiculiser en plongeant dans l'eau et en se retrouvant trempé de la tête au pied. Non vraiment il s'agissait d'une sale journée pour notre maniaque de la propreté.

        Madame Propre fit un plat magnifique, il s’écrasa lamentablement sur le ventre, a moitié immergée comme une baleine disgracieuse. Le choc provoqua un léger ras de marée qui emporta tout sur son passage. Et oui, même toi vil personnage qui avait tenté de t'enfuir en laissant une pauvre jeune femme seul et sans défense sur une île déserte. Croyais-tu avoir échappé à mon regard omniscient ? Bien sûr que non couard, tu es condamné à supporter ce géant malhabile jusqu'à ta prochaine aventure ahahahah !

        Après sa courte épopée maritime Madame Propre se releva quelque peu sonnée avant de repartir vers l'île en titubant. Elle d'habitude si joyeuse, était dans un profond état de choc. Trop d'émotion pour ce pauvre petit coeur de femme, elle n'en pouvait plus. Il avançait courbé, les bras ballant, les traits creusés, un véritable zombie modèle extra large en tenu de gouvernante. Pourtant, au loin elle l'aperçut, le saint graal, l'objet de toute cette quête, une tache jaune au milieu de la végétation, le saint citron. Son regard s'enflamma soudain, il reprit des couleurs et se redressa, reprenant du poile de la bête l'okama s'élança en direction du fruit tan désiré. Sa mission était enfin terminée. Mais voilà qu'au loin, le jeune Bodran avait fini son étrange monologue et fut prit d'une soudaine envie de dormir. Son violon à la main, il se mit à jouer une douce musique, l'une des plus belles que la gouvernante n'avait jamais entendu, elle était tellement relaxante. Peut-être même trop relaxante, les mouvements du géant se firent de moins en moins vif, il avait du mal à garder les yeux ouverts. Lentement, il tomba a genoux, ses paupières étaient lourdes et il y avait toujours cette douce musique. Tentant de se reprendre, Madame Propre tendit son bras vers le citron à la fois si loin et si proche, mais la torpeur qui l'envahissait était trop forte, ses yeux se fermèrent et elle ne sentit même pas son corps toucher le sol. Une terrible chape de sommeille c'était abattu sur l'île en même temps que la musique du marchand de sable résonnait dans l'air. Le choc de la chute provoqua un grand nuage de poussière accompagné des gémissements et craquement d'une forêt en deuil, qui en une seule journée avait perdu un nombre incalculable de fidèles amis. L'arrivée de Madame Propre fut un jour noir pour tous les amis des forets.
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        Bodran entendit le bruit des vagues s'écrasant sur la plage. Il venait de se réveiller et, franchement, il ne souhaitait que se rendormir et oublier tous ses soucis. Ses muscles étaient douloureux et il ne se souvenait plus pourquoi. Mais si ! Une chevauchée infernale sur le dos d'un géant, puis sur les vagues et enfin une discussion avec la Mort, dix mètres au-dessus du sol. Dix mètres au-dessus du sol ? Il ouvrit soudainement les yeux et hurla de terreur.
        Madame Propre, allongée nonchalamment sur la plage, ne daigna même pas ouvrir un oeil, elle se contenta de rouler sur le ventre en grognant. Comment allait-il faire pour descendre de là ? C'était déjà un miracle qu'il ne soit pas tombé. Le soleil venait à peine de se lever, ils avaient dormi au moins une quinzaine d'heures. Il regarda la forêt dévastée. L'île allait mettre des mois pour retrouver une verdure luxuriante sur son sol. La chute de fruits puis, l'arrivée dévastatrice du géant. Le géant ! Lui seul pourrait le sortir de là. Il commença à hurler son nom pour le tirer de sa torpeur.

        « MADAME PROPRE, VOUS M'ENTENDEZ ? »

        Mais non, la montagne de muscles ne réagissait pas. S'il essayait de lui lancer des trucs dessus ? Bon plan avec néanmoins un défaut majeur, il n'avait rien à lancer à part son violon. Une idée lui traversa l'esprit, s'il jouait faux, volontairement, de son instrument, peut-être que la gouvernante viendrait l'aider. Il porta l'instrument à corde à l'épaule, prit une grande inspiration et appliqua avec vigueur l'archet sur les cordes. Un son terriblement strident en sorti mais, cette fois, le jeune homme ne se mit pas en colère. Une nuée d'oiseau s'envola des branches du fruitier, les animaux qui dormaient encore venait de subir un douloureux réveil et Madame Propre fit un bond en se tenant les oreilles, plus réveillée que jamais :

        « KYAAAAAAA ! Quelle est cette horrible musique ! »

        Puis, le calvaire cessa aussi rapidement qu'il avait commencé. Quelle volume sonore tout de même, il se dit que, s'il avait le temps, il apprendrait à chanter à cette frêle jeune femme.
        L'okama sembla un moment désemparé mais, à l'aide de nombreux cris et gesticulations, il finit par se retourner vers le petit homme.

        « Auriez-vous l'extrême obligeance de me descendre de cette branche je vous prie. »

        Elle hocha ta tête et l'attrapa dans son immense main avant de le poser délicatement au sol.

        « Merci beaucoup !

        -De rien, petit sauvage. »

        Il se retourna vers son sauveur prêt à répliquer mais, se ravisa. Madame Propre venait de renifler ses vêtements et ses yeux étaient devenus rouge. Il n'y avait plus de tache dû à la cerise mais, son périple dans la mer avait froissé ses vêtements mais, surtout, elle sentait le poisson et le sel. Quand il y repensait, il trouvait également qu'il ne sentait pas très bon lui-même. Il tenta de changer de sujet :

        « Voyez-vous, c'est que j'ai très faim et je me disais qu'en qualité de gouvernante, vous pourriez peut-être concocter un superbe plat à l'aide de fruits tropicales ? »
         
        Ses paroles eurent un effet immédiat, ses yeux redevinrent plus doux et elle se mit à se remémorer les événements de la veille. Soudain, elle se releva, souleva le petit homme et le jeta sur son épaule avant de partir en courant dans la forêt. Elle avait sans-doute repérer un bon fruit à cuisiner mais, le jeune musicien n'avait pas le temps de penser à ça. Outre le fait que l'atterrissage brutale sur l'épaule du géant lui avait coupé le souffle, il glissait. Il tenta de se rattraper aux plis du vêtement mais, ils étaient impeccablement lisses. Il continuait de glisser vers le col de son véhicule. Au moment où il croyait terminer dans le cou du géant et glisser le long de son dos jusqu'au sol, une mèche de cheveux lui barra la route. Incapable de l'esquiver, il se retrouva emmêler. Il se débattit de toutes ses forces mais, rien n'y faisait. À chaque fois qu'il croyait parvenir à se tirer des cheveux, il se trouvait enroulé dans les épais poils noirs, à se débattre de plus bel. Le pas cadencé du géant n'aidait pas et il descendait progressivement vers le sol, de mèches en mèches. Après une longue minute à se débattre et s'étouffer, il sentit un choc provenant du géant, comme s'il était tombé.

        Il glissa le long de la chevelure et atterrit sur le sol, cinquante centimètres plus bas. Il se redressa en titubant. Il n'aurai pas était étonné de rencontrer un squelette là-dedans. Il s'était réveillé il y a quelques minutes et il le regrettait déjà. Soudain, il se demanda pourquoi son compagnon était tombé. Il se retourna vers elle et la vit à genoux. Elle se tenait devant un fruit jaune éclaté, de toute évidence, il s'agissait d'une mangue gigantesque. Des morceaux gisaient ci-et-là, apparemment, il était trop mûr, une odeur sucrée flottée dans l'air.
        Elle fixait d'un regard vide la pulpe jaune. Il se gratta la tête. C'était quoi ça, une communion avec le repas ? Pourquoi est-ce qu'elle la regardait d'un air si désespéré ? S'excusait-elle de devoir le manger ? Ce n'était qu'un pauvre fruit après tout et les animaux avaient déjà commencé à le manger. Soudain, son estomac grogna.

        « Bon, voilà, voilà, je suis sûr qu'il va nous manquer mais, c'est que je commence à avoir faim... »

          Un champ de magnifiques fleurs rouges s'étendait à perte de vu autour d'elle, où qu'il pose son regard il n'y avait que de grands espaces ouvert plein de coquelicots. Une douce bise caressait son visage et agitait les champs, une véritable invitation à gambader. Elle se pencha pour cueillir quelques fleurs avant de s'imprégner de leur douce odeur. Une bourrasque plus forte que les autres fit s'envoler un véritable nuage de pétale autour de Madame Propre. La joie et la paix régnait dans son grand cœur d'okama, elle sourit et s'élança à travers le nuage pour sautiller joyeusement au milieu de ce cadre de rêve. Alors qu'elle évoluait dans ce cadre idyllique elle fut soudainement stoppé par une violente explosion pas loin d'elle. A la place des fleurs, au centre d'un petit cratère se tenait un énorme citron jaune. En quelque seconde ce fut l'apocalypse, une pluie de citron s'abattit sur les lieux un véritable cauchemar. Le géant croisa les bras au-dessus de sa tête dans une vaine tentative de se protéger a grand renfort de cris suraiguë. La pluie s'arrêtât aussi vite qu'elle avait commencé laissant la gouvernante sans aucune égratignure. Elle ouvrit un œil puis l'autre constatant les dégâts causés par ces gros fruits. L'un d'eux poussa un bruit de décompression et une sorte de porte s'ouvrit laissant apparaître un étrange petit homme gris au crane proéminent et aux yeux globuleux. Il s'approcha du géant stupéfait leva un doigt dans sa direction et ouvrit la bouche comme s'il voulait lui dire quelque chose. Au lieu de l'étrange langage extraterrestre qu'elle s'apprêtait à entendre un son ignoble jaillit de la bouche de l'alien.

          Madame Propre ouvrit soudain les yeux pour contempler le beau ciel bleu de West Blue. Le son lui labourait les oreilles et le crane créant un horrible mal de tête, la douleur lui fit faire un grand bond. Elle signifia bruyamment son désaccord quant à cette musique si on pouvait encore la nommer ainsi et se mit à chercher de ses yeux mauvais le bruyant personnage qui avait osé la réveiller. La musique s'arrêtât, elle continua à chercher le bruit quelque instant avant d'apercevoir du mouvement dans un arbre. Le jeune Bodran toujours aussi sale et dépareillé s'agitait dans tous les sens en s'égosillant. Elle le fit rapidement descendre de l'arbre, tout en repensant aux effets plus impressionnant qu'avait la civilisation sur ce sauvage. Dans la précipitation, elle n'avait pas fait attention à son haki de la ménagère qui lui hurlait pourtant qu'elle était sale et puante. Son odeur de poisson pas frais lui sauta aux naseaux. Tel un véritable tsunami la colère commença à monter. Elle ne prêtait pas réellement attention au propos du musicien mais, un mot, un seul servit de douche froide. Ce petit son lui avait rappelé une chose, une tache jaune dans l'immensité verte de l'île, un citron ! La fin de sa quête l'attendait la-bas, elle se redressa, parcourut rapidement la forêt du regard et retrouva l'emplacement. Il saisit le jeune sauvage ainsi qu'une bonne poignée de sable et le projeta vers son épaule avant de partir à toute vitesse en direction du sacro-saint fruit. Normalement une gouvernante ne court pas, cela fait partie des fameuses règles de conduite, mais au point où elle en était, cela n'avait plus d'importance.

          Tous ses rêves volèrent en éclat en quelques minutes, avec la fatigue de la veille, elle avait confondu le jaune du citron avec celui de la mangue, leur forme étant proche l'une de l'autre. Dépité, elle tomba a genoux, son visage se décomposa et quelques larmes vinrent même couler le long de ses immenses joues. Pas un citron, juste saleté de une mangue presque trop mure, mais heureusement pour elle le petit sauvage la ramena une fois de plus la réalité. Il avait faim et le premier devoir d'une gouvernante était d'aider les autres, tan pis pour le citron, elle irait le chercher plus tard. Elle se recentra donc sur sa mission, le petit déjeuner, un rapide coup d’œil lui indiqua les parties comestibles de la mangue, mais ce n'est pas une petite mangue qui allait les rassasier tous les deux. Après une longue réflexion, il se dit que la meilleure chose à faire était encore une sorte de mille feuille de mangue et de poisson crue. Fallait il encore trouver le poisson, Madame Propre allait devoir pécher. La détermination s'alluma dans son regard, elle essuya les restes de larme de ses yeux d'un revers de sa manche et offrit un petit sourire au jeune homme et une phrase réconfortante.

          « Ne vous inquiétez pas, je m'en occupe, après tout je suis la meilleure gouvernante du monde »

          Elle allait préparer un bon repas puis, elle irait chercher son citron et enfin elle emporterait Bodran jusqu'à la civilisation. Elle fit le chemin inverse avec son compagnon de mésaventure et de bons morceaux de mangue bien mure. Elle retrouva ses maigres possession sur la plage et entreprit de le fouiller ses paquetages pour en sortir un couteau de cuisine. Pour la pêche sous marine, il faut un harpon, l'okama arracha un arbre qui avait survécu à la désolation pour l'élaguer et le tailler. Cela fait, elle rassembla de grandes feuilles pour en faire des assiettes où elle déposa les morceaux de mangue. Le géant retira ses chaussures et pataugea dans la mer pour nettoyer son couteau qu'elle laissa dans les assiettes de fortune. Et enfin elle s'adressa au musicien.

          « Voilà, il faut que j'aille chercher du poisson, ne vous inquiétez pas cela ne devrait pas prendre beaucoup de temps. En attendant, si vous avez trop faim vous pouvez manger un peu de mangue mais, laissez moi en assez pour préparer le repas hein ? »

          Après un clin d'oeil douteux, Madame Propre longea la plage durant un certain temps, suffisamment pour pouvoir se déshabiller et plonger dans la mer. Elle retira presque tous ses vêtements qu'elle plia avec soin. Elle se permit un petit sourire devant la pile parfaitement carré et sans un plie qu'il venait de faire. Il s'échauffa rapidement et faisant tourner ses bras et son cou puis saisit son harpon de fortune prête à plonger. Elle s'avança légèrement quand elle entendit du bruit dans la forêt, elle se retourna et vit à travers l'épais rideau de verdure le petit sauvage qui courrait à toute vitesse, tellement vite qu'un petit nuage de fumée c'était formé derrière lui. Il avait la bave aux lèvres et le regard fou, un pervers qui s'approchait rapidement de sa proie, elle. Son premier reflex fut de dissimuler sa honteuse nudité en croisant ses bars sur son torse musclé et en arquant une de ses jambes poilu sur l'autre. Puis le sentiment de gêne se transforma en colère envers cette horrible voyeur, entre rage et panique le géant poussa un terrible cri.

          " KYYYYYAAAAAA ! "


          Rien que la puissance et l'aiguë de la voix sont redoutables alors imaginez quand en plus de crier elle se met à projeter tout ce qui lui passe sous la main, harpon, arbres, fruits, sable, enfin tout quoi. Le malchanceux Bordran devait maintenant faire face à une pluie d'arbre et à une jeune fille furieuse de vingt-huit mètres de haut.
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          Alors qu'il lui semblait avoir attiré l'attention de Madame Propre, elle se mit à réfléchir. Après une courte attente où Bodran ne trouva rien de mieux à faire que de se tourner les pouces, le géant lui sourit et lui dit qu'il allait s'occuper de tout. Elle se releva et emporta quelques morceaux de mangue avec la ferme intention de les cuisiner. Pendant qu'elle s'éloignait, notre musicien se jeta sur le fruit et commença à engloutir les parties les plus sucrées. La journée ne faisait que commencer, il ne pouvait attendre que son compagnon cuisine, il risquait fort de mourir à cause de ce dernier avant. Après avoir fait le plein de vitamines, il rattrapa l'okama, qui ne se doutait de rien, en courant pour parvenir à sa hauteur.
          Ils arrivèrent à leur campement de fortune et la gouvernant entreprit de fouiller son paquetage où elle s'accapara d'un couteau de cuisine. Enfin, un couteau, c'est une façon de parler, sachant que la lame faisait trois fois la taille de l'homme. Pendant qu'il partit soulager un besoin naturel, elle s'empara d'un arbre qu'elle entreprit de tailler en pointe. Mais, les copeaux de bois s'abattaient tel la pluie autour du jeune homme qui se cacha tant bien que mal sous une imposante casserole afin de se protéger. En effet, les ledit copeaux de bois étaient aussi lourds que des bûches et s'abattaient en une pluie mortelle pour tout ce qui faisait moins de trois mètres. Une fois qu'elle eut fini, Bodran attendit un long moment pour être sûr que tout danger était écarté. Lorsque, enfin, il se décida à sortir, il se retrouva en face du couteau, situé sur ce qui semblait être de grandes feuilles qui devaient servir d'assiettes. Le géant, qui avait retiré ses chaussures et marchait le long de la plage en s'éloignant, lui dit :

          « Voilà, il faut que j'aille chercher du poisson, ne vous inquiétez pas cela ne devrait pas prendre beaucoup de temps. En attendant, si vous avez trop faim vous pouvez manger un peu de mangue mais, laissez-moi en assez pour préparer le repas hein ? »

          Après un clin d'oeil, il hocha la tête, puis elle disparut de son champ de vision. Il soupira de soulagement. La source de ses tourments était enfin partie et il pouvait se retrouver seul à ruminer ses pensées. Tout d'abord, il écrasa un peu de mangue entre ses doigts afin d'en extraire du jus qu'il appliqua sous ses aisselles, car il sentait vraiment trop mauvais. L'action eut un effet plutôt positif mais, à présent, il sentait si fort le fruit qu'il avait l'impression de boire du sirop à chaque fois qu'il respirait. Ensuite en se remémorant les événements de la veille, il construit, à l'aide de lianes, un moyen de se ligoter les jambes et les mains pour éviter de faire somnoler Madame Propre dès qu'il s'endormait. Il savait que le géant était tombé et ne souhaitait surtout pas qu'il s'endorme au-dessus de lui. Le principe était simple, il suffisait de passer le harnais aux mains et aux pieds, puis de serrer avec les dents dès qu'il se sentait basculer. Fière de sa trouvaille, il s'allongea en grignotant distraitement un morceau de fruit tout en se disant que ses chances de survie, enfin, ses chances de se faire dévorer, était beaucoup moins élevé quand Madame Propre était dans les parages. Il ferait même mieux de l'attendre pour décamper de l'île s'il voulait faire un radeau suffisamment robuste pour s'enfuir et puis son honneur de gentleman était en jeu. La nourriture serait sans doute meilleure et elle serait au petit soin pour lui. Bon il y avait toujours le risque de se faire piétiner mais, on ne pouvait pas tout avoir.
          Soudain, un craquement retentit sur sa droite. Le musicien se redressa en tenant fermement son violon, prêt à s'en servir comme une arme.
          ais, une cohorte de lapins carnivores sauvages buboniques à dents effilées sortit de derrière une fougère et se jeta sur lui. Il eut juste le temps d'esquiver le premier assaut tandis qu'ils réduisaient un arbre mort en charpie. N'écoutant que son instinct, il partit en courant dans la forêt. Les lapins, l'espèce dominante la plus dangereuse de l'île. Ils se déplaçaient en nuée mais, mangeaient comme un seul être. Ils étaient capables de réduire les plus grands lions de l'île, qui devaient bien faire six mètres de haut, à l'état d'os propres en quelques secondes. De véritable machines de dévastation. En pensant à tout ça, il allongea sa foulée. Ses jambes lui faisaient mal mais, qu'importe, ils étaient derrière lui. Il zigzaguait entre les arbres, sautait par-dessus les obstacles et courait vers la plage où il savait que Madame Propre se trouvait. À bout de souffle, il sentit le sable sous ses pieds et releva le visage pour chercher le travesti. Il le trouva à moitié nu sur la plage, dans une position grotesque et le fixant d'un air horrifié. L'imposante musculature l'impressionnait mais, les jambes velus croisées le terrifiait. Mais, il n'eut pas l'occasion d'en voir plus. La gouvernante venait de s'énerver et se mit à lui lancer tout ce qui lui tombait sous la main. Comprenant trop tard qu'il avait violé l'intimité d'une jeune femme, il se prit une poignée de sable dans les jambes. Porté dans son élan, il ne la reçu que partiellement mais s'étala sur la plage. Il hurla par-dessus le vacarme de la pluie mortelle :

          « JE SUIS DESOLÉ, JE N'AI RIEN VU ET JE PROMETS DE NE PAS REGARDER ! »

          Il attendit un long moment, couché sur le sol, puis il entendit un plouf. Risquant un œil, il aperçut Madame Propre, de dos et l'eau jusqu'aux genoux, son harpon plongé dans l'eau quelques mètres devant elle. Il se mit à ramper vers la forêt en étouffant un juron lorsqu'il mit la jambe dans un liquide poisseux venant de sous un arbre. Après une rapide inspection, il jugea que les lapins n'avaient pas eu autant de chances que lui, s'étant fait écraser par l'arbre, et c'était tant mieux. De toute façon, il les aurait affrontés plutôt que d'avoir affaire au géant. Une fois à couvert, Bodran observa les dégâts. La forêt était de l'histoire ancienne, à la place, il y avait un nombre incalculable de trous, de bois brisées, de sable, de terre retournée et autres choses moins sympa comme des pattes d'animaux gisant ci-et-là. Au moins, la gouvernante tenait les animaux à distance.

          De retour au camp, il se sentit soudain très fatigué. Il s'allongea sous la titanesque casserole et se ligota les mains et les pieds à l'aide de son système puis s'endormit. Il fût réveillé par Madame Propre, le secouant délicatement de son index. Mais quand je dis délicatement... Disons que c'est aussi agréable de se faire réveiller en pleine nuit après une longue randonnée par un troupeau d'ours affamé. Alors qu'il se détachait à l'aide de ses dents, son compagnon lui sourit et lui montra le repas qu'elle venait de concocter. Elle lui donna le nom de sa préparation mais, Bodran était fasciné par son déjeuner et il n'écouta pas. Oui, l'excursion maritime et la préparation du repas avait transformé le petit-déjeuner en déjeuner, car le soleil était à son zénith. Il se félicita de sa décision de ne pas fuir de l'île seul tout en se disant que son harnais avait dû marcher et l'empêcher d'endormir tout le monde. Mais alors que son compagnon l'invitait à manger, il se dit que pour la remercier, il lui apprendrait à chanter.
          Une décision qu'il risquait de regretter.