Pulu pulu pulu.
-Mushi mushi ?
-Serenaa ! J'ai oublié de te dire. Tu as bien pensé à mettre la crème que je t'ai donnée avant d'aller te coucher ?
-... Oui, oui.
-Bon ! C'est important, hein ! Sinon, avec le sel, ta peau sera toute abimée et...
-Merci, commandant. Autre chose ?
-Oui ! Quand tu te maquilles, n'oublie pas de mettre du fond de teint en premier ! C'est très important, sinon, avec la sueur des travaux à faire sur le bateau, tu auras la peau qui brillera. Et si on te prend en photo pour aller dans la Gazette, ça fera pas joli.
-C'est noté, commandant. Terminé.
-Att... !
Clik. Bon, c'est pas comme si c'était pas la trentième fois aujourd'hui... et il est neuf heures du matin. Dommage, vraiment dommage que Barbie prône une éthique de vie absolument irréprochable. Petit repas végétarien le soir, au lit aussi tôt que le règlement le permet, et debout avant tout le monde. Le temps de se coiffer, se doucher, se maquiller, et tout ce qui doit aller avec. Tout irait bien si elle n'était pas si prosélyte, en fait. Et si le fait de balancer son escargophone rose à la mer ne risquait pas de remettre fortement en cause mon implication dans cette mission, et peut-être même ma place au sein de la marine. Non-respect de la hiérarchie, plusieurs fois, on m'a dit que c'était la dernière qu'on punirait à la manière militaire. Je suis pas loin de la porte, et je peux pas me permettre de la prendre. Alors, j'essaye de faire avec mes responsabilités à bord de la Belle Endormie, et avec le harcèlement escargophonique que m'impose la commandante. Cent-vingt appels par jour. Autant dire qu'à la fin de la journée, j'ai les oreilles qui sifflent, et mes rêves sont possédés par les brosses à cheveux, les mascaras et les bigoudis. Mmh, non, pas les bigoudis. Enfin, si, mais Barbie n'y est pour rien.
En guise d'équipage, j'ai eu droit à ses meilleurs amis. Autrement dit, Mauricette tient la barre, Gertrude s'occupe de la cuisine, Simone et Bérengère gèrent les voiles et la deuxième classe Géraldine brique le pont. Oui, je suis entourée des coiffeurs et des blanchisseurs de Navarone, tous okamas et meilleures copines déclarées de Chanelle Kensaru, alias Barbie. J'ai pas eu le choix. Et puis, je dois bien reconnaître qu'ils sont assez professionnels. Et qu'ils prennent la mission très à cœur. Trop, en fait. Le premier jour, Simone a tellement tiré sur la voile, histoire d'aller plus vite, qu'elle a failli se déchirer par le milieu. Et Mauricette a tendance à être très pointilleuse en ce qui concerne le concept de « passer la mer au peigne fin ». Il m'a fallu vraiment ruser pour arriver à la persuader que faire des cercles concentriques autour de Navarone n'était pas forcément une bonne idée pour ce qui était de l'efficacité.
Tomber sur des pêcheurs clandestins en pleine mer, 'faut dire que ça relève du défi. Mais avec les données de la bibliothèque de la base, j'ai quand même pu penser un plan d'attaque. Les dauphins n'évoluent pas n'importe où, surtout sur Grand Line. Ils ont besoin d'une eau plutôt chaude, et de bonnes réserves de poissons de surface. Sans trop de prédateurs. Ce qui nous a permis de délimiter trois grandes zones facilement atteignables avec un patrouilleur, à distance raisonnable de Navarone. Raisonnable sur Grand Line, ça peut atteindre plusieurs semaines de navigation. Ça, je l'ai vite compris au bout d'une semaine à tourner en rond à cause d'un courant particulièrement capricieux qui changeait de direction selon l'état de la lune. Sans l'Eternal Pose de bord, il nous faudrait sans doute des mois pour regagner la base.
-Wouahou ! ♥
Nous sommes dans des eaux plutôt tranquilles pour Grand Line, et un dauphin vient de bondir, à quelques mètres seulement de la coque. On raconte qu'ils aiment plutôt bien la compagnie des humains. Une aubaine pour les pêcheurs, qui doivent tout juste verser une goutte de sueur en plantant leur harpon dans le crâne des bêtes à portée.
-Il y en a plein en plus ! ♥
-Ouais. Vous approchez pas trop du bord, caporal.
-Mais voyons, Serena ! Ils sont mignons, toi aussi tu devrais en profiter un peu. Oh lala, dire que des affreux les découpent !
Pulu pulu pulu.
-Oui, commandant ?
-Salut Serena ! Est-ce que tout va bieeeen ?
-Oui, oui. On vient d'arriver au premier secteur à dauphins.
-Oh ! Comme c'est trop trop bien ! Ils sont jolis ? Et gentils ?
-Eh bien...
En fait, le truc, c'est qu'il y en a vraiment beaucoup, des dauphins. Et qu'ils ont l'air de plus en plus insistants. Ça saute de partout, en fait, de plus en plus près. Jusqu'à ce qu'il y en ait trois qui bondissent de concert, pour venir s'écraser contre le flanc du patrouilleur. Le choc est rude, j'en échappe même l'escargophone. Ouais, y'a de quoi avoir les sens en alerte. Ces cons nous prennent pour des pêcheurs, à coup sûr. Et ce ne sont pas les sourires grimaçants des copines okamas qui vont les rassurer sur nos intentions.
Le problème, c'est que si on fait rien, ces andouilles sont foutues de nous couler... et j'suis pas sûre de vouloir faire face à une mutinerie pour les avoir neutralisés à la manière forte. Au fusil et au canon.
Enfin bon. Comme j'ai pas encore viré déterministe ou interventionniste, j'attends ni miracle, ni signe du ciel. Je récupère l'escargophone rose, et j'raconte l'affaire en deux mots. Après tout, c'est Barbie ma supérieure. Et c'est elle qui est supposée savoir gérer ce genre de problèmes...
Au pire, tant pis pour la mutinerie. Mieux vaut ça que de perdre un navire.
-Mushi mushi ?
-Serenaa ! J'ai oublié de te dire. Tu as bien pensé à mettre la crème que je t'ai donnée avant d'aller te coucher ?
-... Oui, oui.
-Bon ! C'est important, hein ! Sinon, avec le sel, ta peau sera toute abimée et...
-Merci, commandant. Autre chose ?
-Oui ! Quand tu te maquilles, n'oublie pas de mettre du fond de teint en premier ! C'est très important, sinon, avec la sueur des travaux à faire sur le bateau, tu auras la peau qui brillera. Et si on te prend en photo pour aller dans la Gazette, ça fera pas joli.
-C'est noté, commandant. Terminé.
-Att... !
Clik. Bon, c'est pas comme si c'était pas la trentième fois aujourd'hui... et il est neuf heures du matin. Dommage, vraiment dommage que Barbie prône une éthique de vie absolument irréprochable. Petit repas végétarien le soir, au lit aussi tôt que le règlement le permet, et debout avant tout le monde. Le temps de se coiffer, se doucher, se maquiller, et tout ce qui doit aller avec. Tout irait bien si elle n'était pas si prosélyte, en fait. Et si le fait de balancer son escargophone rose à la mer ne risquait pas de remettre fortement en cause mon implication dans cette mission, et peut-être même ma place au sein de la marine. Non-respect de la hiérarchie, plusieurs fois, on m'a dit que c'était la dernière qu'on punirait à la manière militaire. Je suis pas loin de la porte, et je peux pas me permettre de la prendre. Alors, j'essaye de faire avec mes responsabilités à bord de la Belle Endormie, et avec le harcèlement escargophonique que m'impose la commandante. Cent-vingt appels par jour. Autant dire qu'à la fin de la journée, j'ai les oreilles qui sifflent, et mes rêves sont possédés par les brosses à cheveux, les mascaras et les bigoudis. Mmh, non, pas les bigoudis. Enfin, si, mais Barbie n'y est pour rien.
En guise d'équipage, j'ai eu droit à ses meilleurs amis. Autrement dit, Mauricette tient la barre, Gertrude s'occupe de la cuisine, Simone et Bérengère gèrent les voiles et la deuxième classe Géraldine brique le pont. Oui, je suis entourée des coiffeurs et des blanchisseurs de Navarone, tous okamas et meilleures copines déclarées de Chanelle Kensaru, alias Barbie. J'ai pas eu le choix. Et puis, je dois bien reconnaître qu'ils sont assez professionnels. Et qu'ils prennent la mission très à cœur. Trop, en fait. Le premier jour, Simone a tellement tiré sur la voile, histoire d'aller plus vite, qu'elle a failli se déchirer par le milieu. Et Mauricette a tendance à être très pointilleuse en ce qui concerne le concept de « passer la mer au peigne fin ». Il m'a fallu vraiment ruser pour arriver à la persuader que faire des cercles concentriques autour de Navarone n'était pas forcément une bonne idée pour ce qui était de l'efficacité.
Tomber sur des pêcheurs clandestins en pleine mer, 'faut dire que ça relève du défi. Mais avec les données de la bibliothèque de la base, j'ai quand même pu penser un plan d'attaque. Les dauphins n'évoluent pas n'importe où, surtout sur Grand Line. Ils ont besoin d'une eau plutôt chaude, et de bonnes réserves de poissons de surface. Sans trop de prédateurs. Ce qui nous a permis de délimiter trois grandes zones facilement atteignables avec un patrouilleur, à distance raisonnable de Navarone. Raisonnable sur Grand Line, ça peut atteindre plusieurs semaines de navigation. Ça, je l'ai vite compris au bout d'une semaine à tourner en rond à cause d'un courant particulièrement capricieux qui changeait de direction selon l'état de la lune. Sans l'Eternal Pose de bord, il nous faudrait sans doute des mois pour regagner la base.
-Wouahou ! ♥
Nous sommes dans des eaux plutôt tranquilles pour Grand Line, et un dauphin vient de bondir, à quelques mètres seulement de la coque. On raconte qu'ils aiment plutôt bien la compagnie des humains. Une aubaine pour les pêcheurs, qui doivent tout juste verser une goutte de sueur en plantant leur harpon dans le crâne des bêtes à portée.
-Il y en a plein en plus ! ♥
-Ouais. Vous approchez pas trop du bord, caporal.
-Mais voyons, Serena ! Ils sont mignons, toi aussi tu devrais en profiter un peu. Oh lala, dire que des affreux les découpent !
Pulu pulu pulu.
-Oui, commandant ?
-Salut Serena ! Est-ce que tout va bieeeen ?
-Oui, oui. On vient d'arriver au premier secteur à dauphins.
-Oh ! Comme c'est trop trop bien ! Ils sont jolis ? Et gentils ?
-Eh bien...
En fait, le truc, c'est qu'il y en a vraiment beaucoup, des dauphins. Et qu'ils ont l'air de plus en plus insistants. Ça saute de partout, en fait, de plus en plus près. Jusqu'à ce qu'il y en ait trois qui bondissent de concert, pour venir s'écraser contre le flanc du patrouilleur. Le choc est rude, j'en échappe même l'escargophone. Ouais, y'a de quoi avoir les sens en alerte. Ces cons nous prennent pour des pêcheurs, à coup sûr. Et ce ne sont pas les sourires grimaçants des copines okamas qui vont les rassurer sur nos intentions.
Le problème, c'est que si on fait rien, ces andouilles sont foutues de nous couler... et j'suis pas sûre de vouloir faire face à une mutinerie pour les avoir neutralisés à la manière forte. Au fusil et au canon.
Enfin bon. Comme j'ai pas encore viré déterministe ou interventionniste, j'attends ni miracle, ni signe du ciel. Je récupère l'escargophone rose, et j'raconte l'affaire en deux mots. Après tout, c'est Barbie ma supérieure. Et c'est elle qui est supposée savoir gérer ce genre de problèmes...
Au pire, tant pis pour la mutinerie. Mieux vaut ça que de perdre un navire.