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Mon ami Flipper

Pulu pulu pulu.

-Mushi mushi ?
-Serenaa ! J'ai oublié de te dire. Tu as bien pensé à mettre la crème que je t'ai donnée avant d'aller te coucher ?
-... Oui, oui.
-Bon ! C'est important, hein ! Sinon, avec le sel, ta peau sera toute abimée et...
-Merci, commandant. Autre chose ?
-Oui ! Quand tu te maquilles, n'oublie pas de mettre du fond de teint en premier ! C'est très important, sinon, avec la sueur des travaux à faire sur le bateau, tu auras la peau qui brillera. Et si on te prend en photo pour aller dans la Gazette, ça fera pas joli.
-C'est noté, commandant. Terminé.
-Att... !

Clik. Bon, c'est pas comme si c'était pas la trentième fois aujourd'hui... et il est neuf heures du matin. Dommage, vraiment dommage que Barbie prône une éthique de vie absolument irréprochable. Petit repas végétarien le soir, au lit aussi tôt que le règlement le permet, et debout avant tout le monde. Le temps de se coiffer, se doucher, se maquiller, et tout ce qui doit aller avec. Tout irait bien si elle n'était pas si prosélyte, en fait. Et si le fait de balancer son escargophone rose à la mer ne risquait pas de remettre fortement en cause mon implication dans cette mission, et peut-être même ma place au sein de la marine. Non-respect de la hiérarchie, plusieurs fois, on m'a dit que c'était la dernière qu'on punirait à la manière militaire. Je suis pas loin de la porte, et je peux pas me permettre de la prendre. Alors, j'essaye de faire avec mes responsabilités à bord de la Belle Endormie, et avec le harcèlement escargophonique que m'impose la commandante. Cent-vingt appels par jour. Autant dire qu'à la fin de la journée, j'ai les oreilles qui sifflent, et mes rêves sont possédés par les brosses à cheveux, les mascaras et les bigoudis. Mmh, non, pas les bigoudis. Enfin, si, mais Barbie n'y est pour rien.

En guise d'équipage, j'ai eu droit à ses meilleurs amis. Autrement dit, Mauricette tient la barre, Gertrude s'occupe de la cuisine, Simone et Bérengère gèrent les voiles et la deuxième classe Géraldine brique le pont. Oui, je suis entourée des coiffeurs et des blanchisseurs de Navarone, tous okamas et meilleures copines déclarées de Chanelle Kensaru, alias Barbie. J'ai pas eu le choix. Et puis, je dois bien reconnaître qu'ils sont assez professionnels. Et qu'ils prennent la mission très à cœur. Trop, en fait. Le premier jour, Simone a tellement tiré sur la voile, histoire d'aller plus vite, qu'elle a failli se déchirer par le milieu. Et Mauricette a tendance à être très pointilleuse en ce qui concerne le concept de « passer la mer au peigne fin ». Il m'a fallu vraiment ruser pour arriver à la persuader que faire des cercles concentriques autour de Navarone n'était pas forcément une bonne idée pour ce qui était de l'efficacité.

Tomber sur des pêcheurs clandestins en pleine mer, 'faut dire que ça relève du défi. Mais avec les données de la bibliothèque de la base, j'ai quand même pu penser un plan d'attaque. Les dauphins n'évoluent pas n'importe où, surtout sur Grand Line. Ils ont besoin d'une eau plutôt chaude, et de bonnes réserves de poissons de surface. Sans trop de prédateurs. Ce qui nous a permis de délimiter trois grandes zones facilement atteignables avec un patrouilleur, à distance raisonnable de Navarone. Raisonnable sur Grand Line, ça peut atteindre plusieurs semaines de navigation. Ça, je l'ai vite compris au bout d'une semaine à tourner en rond à cause d'un courant particulièrement capricieux qui changeait de direction selon l'état de la lune. Sans l'Eternal Pose de bord, il nous faudrait sans doute des mois pour regagner la base.


-Wouahou ! ♥

Nous sommes dans des eaux plutôt tranquilles pour Grand Line, et un dauphin vient de bondir, à quelques mètres seulement de la coque. On raconte qu'ils aiment plutôt bien la compagnie des humains. Une aubaine pour les pêcheurs, qui doivent tout juste verser une goutte de sueur en plantant leur harpon dans le crâne des bêtes à portée.

-Il y en a plein en plus ! ♥
-Ouais. Vous approchez pas trop du bord, caporal.
-Mais voyons, Serena ! Ils sont mignons, toi aussi tu devrais en profiter un peu. Oh lala, dire que des affreux les découpent !

Pulu pulu pulu.

-Oui, commandant ?
-Salut Serena ! Est-ce que tout va bieeeen ?
-Oui, oui. On vient d'arriver au premier secteur à dauphins.
-Oh ! Comme c'est trop trop bien ! Ils sont jolis ? Et gentils ?
-Eh bien...

En fait, le truc, c'est qu'il y en a vraiment beaucoup, des dauphins. Et qu'ils ont l'air de plus en plus insistants. Ça saute de partout, en fait, de plus en plus près. Jusqu'à ce qu'il y en ait trois qui bondissent de concert, pour venir s'écraser contre le flanc du patrouilleur. Le choc est rude, j'en échappe même l'escargophone. Ouais, y'a de quoi avoir les sens en alerte. Ces cons nous prennent pour des pêcheurs, à coup sûr. Et ce ne sont pas les sourires grimaçants des copines okamas qui vont les rassurer sur nos intentions.

Le problème, c'est que si on fait rien, ces andouilles sont foutues de nous couler... et j'suis pas sûre de vouloir faire face à une mutinerie pour les avoir neutralisés à la manière forte. Au fusil et au canon.
Enfin bon. Comme j'ai pas encore viré déterministe ou interventionniste, j'attends ni miracle, ni signe du ciel. Je récupère l'escargophone rose, et j'raconte l'affaire en deux mots. Après tout, c'est Barbie ma supérieure. Et c'est elle qui est supposée savoir gérer ce genre de problèmes...

Au pire, tant pis pour la mutinerie. Mieux vaut ça que de perdre un navire.

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Pulupulu pulupulu

- Serena, Serena ! Il faut que je te diiiiiise... ! Nooooon ! Ne raccroche pas encore ! J’ai regardé un documentaire sur les dauphins tout à l’heure… C’était vraiment passionnant ! Et tout ça pour dire que ces adoooorables petits animaux se promènent en groupe et frôlent souvent les coques des navires lorsqu’ils en croisent un. Il parait, selon le documentaire, que c’est pour apposer une marque, histoire que leur chef de meute sache comment les repérer. Leur chef ? Selon le documentaire ça serait un dauphin de trente mètres et quelques tonnes qui aiment beaucoup retourner les bateaux pour nourrir ses protégés… Quoi ?... Gnih... Ah oui, et ils sont carnivores parfois. S’ils mangent des hommes ? Disons qu’à côté, les requins sont vraiment des poissons sympas. Allez, biiiisoooooous !

Gotcha.

Un détail.
Ou presque.
Vrai qu'elle aura mieux fait de te dire ça avant. Maintenant, ces bestioles semblent beaucoup moins mignonnes. Surtout que ça fait quelques temps qu'elles vous frôlent en riant bêtement... Et tu as à peine le temps de ranger ton escargot rose fluo que les deux copines de Barbie se sont ruées sur toi, en pleurant a chaudes larmes sans que leurs maquillages ne coulent, et presque en même temps, elles t'hurlent dans les oreilles :

- Hiiiiii ! Il est énoooorme celui-ci !
- Hiiiiii ! Lieutenante ! Il arrive droit sur nous !

Difficile de le manquer, celui-là.
    ... un reportage, hein ?

    Bon, je suppose que ça voulait dire que j'ai son accord. Tant mieux. L'escouade de dauphins a commencé à se jeter contre la coque, et le patrouilleur est pas vraiment conçu pour résister à quoi que ce soit d'hostile. La discrétion, c'était peut-être pas une si bonne idée que ça. Vrai qu'elle venait de moi. Mais vrai aussi qu'on m'avait vendu les dauphins comme étant de gentilles et mignonnes créatures roses et bleues un peu rieuses et toujours prêtes à rendre service aux humains. Puis bon, j'suis lieutenante, quoi. On allait pas me confier un navire de guerre.

    Puis j'savais pas non plus que nous saborder, c'était nous rendre service.

    Du coup, escargophone dans la veste, et je gueule :


    -Mauricette et Simone, vous gérez le bateau ! Les autres, avec moi au poste de combat ! Géraldine, on compte sur vous pour le canon !

    L'intéressée grimace. Elle aime pas trop qu'on lui rappelle sa stature de gorille qui nuit pas mal à sa crédibilité de jeune fille en fleur. Mais elle s'exécute. Il, j'vais vraiment finir par intégrer la notion si ça continue. Pfah, comme diraient les adeptes du journal, vivement la fin.

    En attendant, je distribue les armes à feu. Rien d'extraordinaire, des fusils à canons raccourcis et baïonnettes, la base de l'équipement à Navarone. Pas dit que ce soit génial pour tirer dans l'eau. Mais bon, 'suffira peut-être de leur faire peur, alors on y va, et au pas de course. Géraldine a soulevé le canon pour le poser sur une petite tourelle située en hauteur. Histoire de pouvoir tirer de manière rapprochée. Pas besoin de contrôler, elle gère seule. De toutes façons, ici, y'a que sa masse pour pouvoir contrôler le recul. Dans le fond, ça fait longtemps qu'elle mériterait une promotion, mais elle a pas encore tiré un an dans les rangs... les conneries du cadre, quoi. Mais ça reste le cadre, et j'sais que c'est précieux.


    -Épaulez !

    Faut pas traîner. La charpente grince sous les coups. Le dominant, je le vois, mais il est rapide. Pas moyen de le viser. Alors on va cogner dans le tas en espérant qu'ils prennent peur.

    -Feu ! A volonté !

    Un premier boulet s'écrase dans l'eau, en soulevant des gerbes d'écume et deux dauphins qu'ont pas l'air de bien comprendre ce qui leur arrive. Je tire, le banc passe de l'autre côté du bateau. Au passage, j'me ramasse sur le pont. Rapport au fait que l'alpha s'est vengé en attaquant sous la coque. Et qu'il a pas l'air de vouloir lâcher. Mais Mauricette est à la barre, et son demi tour efficace remet ces enfoirés des bas-fonds à découvert. On tire encore. Y'en a un qui saute à portée, je le plante au contact. Grand coup de baïonnette dans les ouïes.

    La mer se remplit de sang, je devine une fissure dans la coque. Ils ne lâchent rien, l'alpha rivalise de ruse et de brutalité. Je m'dis que j'vais finir par crever en mer pour un truc encore plus débile que ce qui est arrivé à Vaillant. Mais ça fait longtemps que j'sais que la vie est absurde, et que la mort peut frapper n'importe quand. Limite, cette pensée, elle me fait même un peu sourire. J'vais r'voir mon frangin. J'espère. Ou au moins, j'serais au même endroit que lui, consciente ou pas. J'serais pas la première à y passer, ça suffit à m'rassurer.

    Sauf que d'un coup, y'a un truc étrange qui s'passe.


    -Serenaaa ! C'est bizarre, on dirait que quelque chose les attaque d'en dessous !

    Ça, c'était le baryton bien rauque de Géraldine. Ou le pourquoi du comment elle parle peu. Mais n'empêche qu'elle a raison. Il faut pas longtemps pour que nos alliés se révèlent. Excités par le sang, j'vois des ailerons blancs serpenter au milieu de cadavres qui s'accumulent. On ose plus tirer, de peur de voir se retourner contre nous ces alliés improvisés. Et de taille, les alliés. De grands requins blancs, format Grand Line.

    -Putain, tu parles d'un carnage... j'pense qu'on peut reposer les armes. Géraldine, vous gardez encore un peu le canon. Bérangère, vous allez voir à la cale. Il y a du avoir du dégât, essayez de réparer ce que vous pouvez. J'préfèrerai qu'on attende d'avoir coincé les pêcheurs avant d'aller à la base.
    -Mais... Serena, voyons, tu ne trouves pas ça bizarre ?
    -De quoi ?
    -C'est vrai ! On était sensé aller sauver les dauphins, mais ils sont méchants !
    -Cruels !
    -Sanguinaires !
    -Moi, si on continue, je fais la grève de la cuisine !
    -Bon, bon. Laissez-moi le temps de faire mon rapport, d'accord ?

    Je ressors l'escargophone de ma poche, en laissant l'équipage s'amuser avec les requins. Vrai qu'ils sont plutôt gentils, on dirait. Il y en a même un qui se laisse caresser... mais en même temps, c'est peut-être la menace des pêcheurs qui ont fait des dauphins des tueurs. Des trucs dans le genre, ça se voit bien chez les humains, alors... enfin, j'appelle Barbie. J'lui raconte tout, sans me méfier de la crise de larmes que j'vais avoir à gérer...

    J'oublie toujours qu'il y a des gens qui préfèrent crever comme des rats plutôt que de toucher à leurs préjugés à la con. Et j'suis désolée, mais croire qu'un dauphin c'est cool et gentil, c'est un putain de préjugé à la con.
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    Vous avez… vous avez… OUUUUUUUUUUUUUUUUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINNNNNNN ! VOUS ETES DES MOOOOOOOONSTRES !

    Crise de larmes sur crise de larmes, même les mots de tes assistantes de changent rien à la peine grandissante de Barbie, qui ne peut retenir ses larmes et sa colère. Tuer un dauphin. Un si gentil dauphin. Un animal si mignon, qui ne fait que survivre dans cette mer de monstre.

    Non, décidément, ce n’est pas correct. Et même tes excuses ne sont pas excusables.

    Lieutenante, vous êtes de corvée de patates en rentrant !

    Gotcha

    Barbie boude.

    Et va la faire arrêter de bouder, maintenant. C’est bien ta veine, tout ça… au milieu d’une mer désespérément calme, avec rien à l’horizon et des dauphins qui veulent plus te bouffer qu’autre chose. Décidément… Attend ! Désespérément vide ?

    Et ce gros cargo, là, au fond, à l’horizon… C’est quoi ?
      -Bon, les filles, vous témoignerez en ma faveur, hein ?
      -OUI SERENA !

      Je les ai pris par les sentiments, en les appelant comme ça... tout benef'. Autant une corvée de patates, je m'en cogne, autant passer à côté de la mission et d'une promotion ailleurs qu'à Navarone, ça... c'est simple. Si je passe pas le test de Barbie, je serais toujours considérée comme un élément instable. Je monterais pas en grade du coup, et je resterais protéger une base où il ne se passe jamais rien. Adieu Joe, bonjour la claustrophobie et l'ennui des longues soirées d'hiver. A condition qu'il y ait un hiver dans le coin. Autrement, ça sera l'ennui des longues soirées tout court, et des journées d'entraînement pour deux fois rien.

      Ou comment faire de sa vie une vie qui rime à rien. Déjà que de base, c'est pas évident...

      Enfin. Escargophone sagement rangé sur l'épaule, je me reconcentre sur l'instant présent meublé par un drôle de cargo. Assez énorme dans son genre, pas tout à fait façon Dead End, mais pas loin. Un coup de longue vue, et j'me rends compte que ça traîne un grand filet qui a l'air de rafler pas mal de dauphins trucidés qu'ont du se faire porter par le courant. Pêcheurs ? Braconniers ? Ou juste un équipage en quête de viande ? Boh. Dans tous les cas...


      -On y va.
      -On avait pas dit qu'on laissait tomber ?
      -On va au moins essayer d'en savoir plus sur la deuxième partie de la mission. La tuerie de dauphins, on s'en fout, caporal, j'suis bien d'accord avec vous.
      -... je crois qu'ils ont pris un requin dans leur filet. Le pauvre !
      -On verra ça, justement. Puis y'a aussi l'histoire de la qualité des cosmétiques. 'Faut remonter la piste.


      Et on y va. Y'en a qui restent consolider à la cale, les trois autres qui s'occupent de la navigation. En face, ça se méfie pas des masses. On a viré les signes distinctifs du bateau. Ça reste un patrouilleur de la marine, pour un œil de connaisseur. Mais les insignes des voiles ont été cachées. J'ai laissé tombé l'uniforme pour mon treillis et un débardeur. La même pour l'équipage, avec quelques coups de rouge à lèvre en plus. Et des bigoudis. Et des petits nœuds roses d'un peu partout. Bon, okay, on est moyen crédibles, même si j'sais pas trop pour quoi on pourrait s'faire passer. De toutes façons, un patrouilleur, c'est rapide, bien plus qu'un gros cargo de pêche déjà à moitié chargé...

      Tiens, d'ailleurs, on y arrive. La deuxième classe Géraldine balance un grappin d'abordage, manière de donner le ton et de pas perdre le navire au cas où il aurait des ressources cachées. J'sors ma casquette d'une poche, avec la mouette bien en vue sur la visière. Et j'lance :


      -Bonjour, les gars. Lieutenant Porteflamme à vot' service. J'enquête sur une histoire de trafic de graisse de dauphins. On peut en causer à bord ?
      -Euh... z'étiez obligée d'nous rayer l'bastingu' ? On va pas s'enfuir, v'savez... et pour l'reste, faut voir 'vec l'capt'ain. Eh ! Basaru, y'a la marine qui t'demande, amène toi !

      Basaru, c'est le genre grand type basané avec un bout de nez et d'oreille en moins. Croqué par un dauphin pas tout à fait mort, j'me sentirais mal d'en douter. Il porte les cheveux longs attachés sur la nuque histoire qu'on voit bien son début de calvitie.

      -Ouais, c'est pour quoi ?

      J'lui redis. Il descend sur notre pont, un peu vexé. L'a l'air d'être du genre à faire son taff sans trop aimer perdre du temps à parler. Ça tombe bien, j'suis de la même école. J'vais droit au but en omettant rien.

      -Bon, z'avez été réglo, j'vais l'être aussi. Voilà mon permis de pêche, mon permis bateau et mon autorisation de naviguer en eaux gouvernementales. J'ai le droit de pêcher des dauphins, d'après ces documents. Vous m'l'accordez, ça ?
      -Ouais, je dis pas. Le soucis, c'est pas la pêche... d'ailleurs, pour tout vous dire, on est sur un problème d'étiquetage et de sécurité plus qu'autre chose, y'a des chances pour que ça dépende que des entreprises qui fabriquent les cosmétiques. Mais on avait besoin de témoins et de preuves pour mettre leurs magouilles à jour. Vous pouvez nous dire à qui vous vendez ?
      -La viande part dans plusieurs restaurants de la zone. La peau, c'est pour une petite maroquinerie familiale. Et la graisse, ça part à Lore&Ale. L'usine est à Bulgemore, on leur vend tout. On leur vend même à tous les stades de fraicheur pour le même prix, 'paraît que c'est pas important... mais nous, on en sait rien, hein ?
      -Pas de problème, j'suis pas là pour vous à-priori. Par contre, voilà ce qu'on va faire : on va accrocher notre navire au votre, et vous accompagner dans votre livraison. Ils se méfieront pas, on pourra coincer le trafic.
      -Pas bon pour le commerce, ça...
      -Ah, ouais, non mais là je veux bien être conciliante, mais si vous y mettez pas du votre ça va pas le faire. Déjà, ce commerce là est illégal. La graisse de dauphin est supposée servir d'huile de lampe ou de saindoux, point barre. Vous m'aidez, j'ferme les yeux sur le fait que vous vendez à des fraudeurs pour gagner plus. Vous jouez au plus con, j'serais meilleure que vous à ce jeu.
      -C'est une menace ?
      -Oui.

      Pulu pulu pulu

      Le joli petit bruitage de l'escargophone rose vient briser ma crédibilité pile au bon moment. J'soupire, gotcha, tout ça.


      -Commandante ? Si vous êtes plus fâchée, j'ai un capitaine pêcheur en face de moi. Vous voulez lui dire deux mots ?
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        ESPECE DE MONSTRE ! JE VAIS T’ARRACHER LES YEUX ! JE VAIS TE LES ENFONCER DANS TON NEZ ! JE VAIS T’ECRASER ♥, TE BRISER ♥, TE DETRUIRE ♥, T’ENGLOUTIR ♥ ! GNAAAAAAAAAH ! ♥ ♥ ♥

        Lui laisser parler au capitaine du navire, ce n’était pas une très bonne idée. Tu vois maintenant l’escargophone rose fillette tenter d’étrangler ce pauvre type qu’avait décidé, bon gré mal gré, de te rendre service. Maintenant qu’il se fait attaquer par cet infâme truc gluant, il n’est plus aussi disposé à être sympa avec toi. Mais au moins, tu échappes à ta corvée de patate. Bonne nouvelle, non ?

        Voilà ! ♥

        Barbie a fini son massacre, toute fière de ses prouesses… Ou ce qui ressemblent à des prouesses lorsqu’on est un escargophone. Bref, le pauvre Capitaine du navire est à présent recouvert d’une substance rose fuchsia et gluante, te regardant d’un œil mauvais. Ça ne fait pas mal, mais c’est ridicule.

        Tiens-moi au courant de l’avancée des choses, Serena ! Bisous bisous ! ♥

        Gotcha. ♥

        Après avoir jeté ta crédibilité aux oubliettes, Barbie raccroche sans demander son reste. Le capitaine s’essuie, toujours furieux, et attire ton attention d’une tape sur l’épaule :

        Ecoutez ma p’tite dame, j’veux bien être gentil, mais ma carrière est en jeu, et j’ai aussi une famille à nourrir. Comme mes hommes. J’apprécie pas d’me faire attaquer par un escargot rose, voyez. Alors, OK pour me suivre lors de la livraison… Mais après ça, j’veux que vous me foutiez la paix, et avec la promesse que je chasserai plus jamais ces conneries bestioles, foi de Basaru, vous épongez mon casier… Deal ?

        Il ordonne qu’on accroche ton navire au sien, puis qu’on fasse demi-tour pour aller vers votre précédent massacre de dauphin. Il explique avec des mots plus ou moins crus, qu’il lui faut être crédible lorsqu’il arrivera là-bas, et qu’avec des filets vides, y’avait aucune crédibilité. En plus, vu que t’as fait tout le boulot tout à l’heure, vous pourrez partir vite…

        Et j’espère que vous êtes plus couverte que ça pour me suivre ma p’tite, parce que Bulgemore, c’est pas pour les fillettes.
        J’ai un gilet ! ça suffira ?

        Une doudoune alors ?
        Il bluffait pas. Depuis qu'on s'était accroché à son bateau, il avait fait de plus en plus froid jusqu'à ce que ça devienne preque intolérable. Basaru m'a pas adressé la parole depuis notre entretien. Je me dis que je le comprends, le coup de la bave rose, ça laisse des traces noires sur l'orgueil. Surtout quand on est un grand pêcheur costaud qui se pense honnête et bien en phase avec lui-même.

        T'en fais pas, mec. On sera deux à baigner en enfer si ça se passe mal, alors on fera pas de vagues. Tu m'aides à faire mon taff, et moi je t'enfonce pas la tête sous l'eau. Deal, on a dit, alors marche droit. Le reste : ton silence, tes regards de biais, les insultes que tu mâches entre tes chicots de derrière, j'en ai rien à branler.


        -Il fait... siiiii froiiiiiid !
        -Allons, allons, calme toi. Tu vas alerter le Migou.
        -Iiiih !
        -Allez vous mettre en cabine, caporal. On vous appellera au besoin.

        Une petite semaine de traversée jusqu'à Bulgemore. Comme ça, ça a l'air de rien mais c'est long. Entre les caprices de Grand Line, plus difficile à gérer avec deux bateaux accolés qu'avec un seul, la menace constante que les pêcheurs décident de nous paumer en mer à la première tempête propice, le vent qui gagnait des degrés dans le négatif jour après jour, y'avait du monde à gérer, mais sans rien avoir à faire de concret. Gérer dans le vide, mais gérer les nerfs.

        C'est ça qui est dur, quand on passe officier sub' : on a pas que soi face aux ordres. On a sa tête et celle des autres. Un soldat qui craque, et on accuse la tête du dessus. Une escouade qui déconne, et c'est le chef de meute qui mange la chevrotine. C'est pas toujours juste, mais ça a le mérite d'être constant. Attendu. On sait tous comment ça marche, alors c'est facile de s'adapter. Tant pis pour ceux qui pensent que les règles doivent se plier aux hommes et pas l'inverse. Dans les faits, c'est jamais comme ça que ça se passe, et quand on essaye, ça marche pas.

        J'aime bien l'armée pour ça. C'est très con, mais ça prétend pas le contraire.

        Mais bon, à part un craquage de miss Géraldine « Torse Poil » et une crise de larmes de Bérangère « C'est horrible j'ai oublié ma crème épilatoire », le voyage s'est pas trop mal passé. Je parle pas de mes impatiences, de mes petites colères et de mes efforts à moi. C'est la routine, et même le lecteur le moins initié commence à en avoir l'habitude.

        Le bateau de pêche a jeté l'ancre à Bulgemore, dans le petit port privé de l'entreprise Lore&Ale. On s'est mêlé à l'équipage pour aider à décharger, l'air de rien, et Basaru était pas si mécontent qu'il avait l'air de le montrer. C'était un gros boulot. Les dauphins étaient congelés, salement emmêlés dans les filets, et il fallait encore porter tout ça sur de grands chariots qu'on trainait dans des hangars vaguement chauffés au fuel pour procéder à la découpe. Et vu la quantité qu'il y avait (on demande pas grâce à qui), on y a tous mis les mains. Tailler la panse de haut en bas, virer la peau, gratter la graisse, et foutre la viande dehors avant que ça décongèle de trop. Les marins allaient vite, nous, beaucoup moins, et pas sans gâcher. Mais ils avaient l'air de s'en foutre pas mal. Il y avait la quantité qu'il fallait pour payer tous les salaires, l'entretien du navire et les cadeaux des mômes pour excuser les longues absences de papa. Sinon quelques extras pour les dames du samedi soir.

        Et puis, tout le monde est sorti. On a rangé les dépouilles à bord, et Basaru a commencé à parler de lever l'ancre. Je l'ai choppé entre quatre yeux, manière de demander ce qu'il pensait faire, là. On avait même pas vu un seul gars de l'usine. Et il avait pas été payé.


        -J'ai jamais dit qu'on avait des contacts sur place. On reçoit l'argent directement chez nous. Vous vouliez vous introduire dans l'usine, vous y êtes. On a rempli notre part du deal, tenez-vous à la vôtre.
        -Vous le faites exprès. Vous les avez prévenu.
        -Vous êtes dingue, ou quoi ?
        -Vous les avez prévenu. Pourquoi est-ce que vous découpez pas la graisse à bord plutôt que de vous geler les miches dans un préfab' tout juste aménagé pour ? Puis comment ça se fait qu'il y a moins de neige sur ce toit là que sur les autres ?
        -J'en sais rien, ça fait deux fois qu'on nous dit de faire comme ça plutôt qu'autrement. Démerdez-vous. Et si vous me cherchez des crosses, je saurais me défendre. Mission spéciale ou pas, lieutenant. A bon entendeur, salut.

        Et il nous a planté là avec notre patrouilleur, nos doudounes à pompons rose ou en treillis, et nos airs choqués. Ouais, ça faisait que commencer. Et non, ça allait pas être une partie de plaisir...
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