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Gueule de mer

Elle était belle, cette mouette. Il y avait ses énormes ailes, toutes noircies aux extrémités qui fendaient l'air d'un mouvement si gracieux, d'un mouvement si beau, que l'Ishii resta là, au milieu du pont, à la voir voler au dessus du bateau, à narguer ces étrangers perdus en voletant entre les nuages. Oh l'Ishii n'avait pas les yeux bien utiles, mais il sentait ce jour là, que son navire portait son nom comme il aurait du depuis bien longtemps. Il sentait la terre ouvrir ses bras et le grand bac bleu bientôt ne plus le narguer. De ses tempêtes interminables, de ces jours sans une brise.

Alors il réveilla chaque homme du bateau, allant même jusqu'à oser tapoter l'épaule du Lucio. Lui qui lui répondit par un ronflement. Il sorti Adrienne de sa prière, tout agenouillée qu'elle était, les mains jointe. Il arrêta Jackie au milieu d'une de ses danses tournoyantes où ses pieds ne touchaient plus le pont depuis longtemps. Il coupa les pallabres entres Rydd et Jevta. Il empêcha Blake de s'approcher de trop près de Chan, évitant une énième dispute ; arrêta Monster qui allait attraper un gros poisson blanc d'un de ses tentacules ; et enfin, ordonna à Shishou de suivre la trace de l'Albatros s'en allant déjà. Oh il était rapide, l'animal, il zigue zaguait entre les cotons blancs, virevoltant de ses énormes ailes, mais l'Ishii, lui, bien décidé, n'en démordait pas. Et ses ordres, eux, lancés de son énormes voix, filaient d'un bout à l'autre de la coque. D'une douceur sans égales, ils étaient pourtant si promptes et d'un ton sans aucune protestation possible.

La grande voile se leva et peu à peu, chaque homme se mit à son poste, habitué qu'il devenait à dormir des heures, des jours, avant de se lever en sursaut à la vue de trop gros cotons noirs approchant, d'une trop grosse mouette. La coque vira de bord en un si court instant, d'une manière si naturelle qu'on eu cru que l'équipage avait fait ça toute sa vie. Aucune embardée n’eut lieu, pas même une petite et alors que Shishou tenait la barre, tous ses muscles crispés sur le bois, l'écoute était déjà finie.

Bien vite, loin devant, apparu ce paradis. Cette longue ligne noirâtre qui peu à peu se transforma en forme floue avant d'enfin, sous les rires gras d'étrangers, devenir les signes distincts d'une plage. Il y eu bien Lucio qui resta endormi, tout affalé qu'il était sur l'étrange animal. Il y eut aussi l'Ishii, qui lui, fêtait cette belle victoire d'un simple sourire, le cigare fumant aux lèvres. Il avait gagné cette guerre. Celle contre une adversaire plus dangereux encore que les matons de Tequila, plus vicieux que les parrains de Logue Town, plus virulente que les marins de Cocoyashi, plus ardus que la sainte Eglise. Mère Nature.
Alors, lorsque le Bel Espoir ne fut plus qu'à quelques portées de rames, le Monstre admira sa victoire. Ces immenses épicéas qui balançaient leurs branches au grés du vent. Cette longue plage de sable fin où ça et là, quelques rochers s'étaient perdus, pour ne plus jamais disparaître. Ces quelques cases faîtes de rondins de bois tissés. Avec comme seules ouvertures, de simples trous de toutes formes, sans rien d'autres que de pauvres rideaux.

Et, étrangement, au milieu de tout ce décor qui n'aurait du annoncer que le bonheur d'un séjour agréable, il y avait ces énormes nuages, noirs et monstrueux, qui d'un coup, apparurent. Et la pluie, qui drue, se mit à tomber, comme autant de lamelles s'échouant sur le costume du Monstre, sur le navire, sur l'île entière. Les vagues se secouèrent. L'écume se fit énorme, faisant à chaque instant tanguer le navire, manquant de peu à chaque secousse de trop le faire pencher. Alors le Monstre, au milieu de ce capharnaüm, fit volte face, et sa voix résonna contre la tempête, faisant écho aux éclaires bardant le ciel.

_Shishou, Monster, Adrienne ! montez les voiles ! Jevta, Rydd, préparez les canoés ! La terre nous a trop attendu pour renoncer si près ! Que le ciel se fâche, que les vagues crient, nous toucherons le sable avant la fin de l'heure !
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Des mois de mer. Ça use. Ça saoule aussi. Y a pas que moi qui le dit, même les hommes poissons. Alors quand l'Ishii vient me sortir de ma énième prière où j'implore le Seigneur d'avoir un petit lopin de terre en vue pour se dégourdir les jambes, j'l'envoie d'abord chier, parce que je rigole pas avec les prières. Mais y a quelque chose dans ses paroles et ses gestes fébriles qui me font dire que ça mérite pas que je lui envoie ma bible dans la gueule. Du coup, je le suis et je lui prête ma voix pour encourager les troupes. Toute la bande d’humains et d'humanoïdes avides de terre ferme que nous formons se lève et suit le pas tranquille d'Ishii qui en a oublié de fumer son cigare, prouvant bien que l'instant n'est pas si anodin que ça. Certains dormaient et dorment encore comme le Lucio, mais il ne faut pas bien longtemps pour que les esprits s'éveillent et que les corps s'échauffent à grand renfort d'huile de coude. Jevta est déjà sur les cordages menants au voile, suivi de près par Blake. Moi, j'défais les nœuds et j'fais ceux qui s'imposent. Les gestes sont précis. On a eu le temps de s’entraîner dans le vide pour meubler ces mois en mer et même si l'attente d'une juste récompense nous rend un peu fébriles, tout se fait à la perfection. Qui aurait cru que je serais autant à l'aise à la manœuvre d'un bateau aujourd'hui ? Pas moi. Chacun est à son poste et chacun est accroché aux lèvres des deux maîtres à bord : Ishii Mosh, naturellement, et le duo improbable, Shishou et Iwa, maîtrisant la barre et le Bel Espoir avec une aisance sensationnelle. Chaque ordre qui tombe, on les exécute illico. Pas le temps à perdre à palabres inutiles.

Lorsque le rivage apparaît. C'est d'abord la surprise. Je m'en rends pas compte, je crois à l'illusion et sûrement pas que moi. Mais le capitaine est formel et il faut pas longtemps pour que ça gueule de tout côté. J'y mets de la voix. Puissante et mélodieuse ; c'est mon style. Certains improvisent des danses et beaucoup rient. Seuls un humain et une arme ronflent au milieu de la pagaille. Tant pis pour eux. On le remplace aisément dans l'expression de la joie. En même temps, qu'est qu'une expression de joie chez Lucio, si ce n'est un ronflement doux et paisible, signe que tout se passe bien dans son paisible sommeil. Et pour Gnuh, va savoir comment un fusil tapir peut être heureux. Comme si les Étrangers réagissaient aux sentiments du capitaine, tout le monde s'arrête de faire la fête à la vue des nuages. La soudaine peur laisse rapidement place à la détermination. Foi de moi, c'pas des gros trucs tout gris qui vont me forcer à faire une croix sur une marche paisible sur du sol qui tangue pas. Les nuages arrivent vite et le vent se lève. Les vagues s'attaquent à l'équilibre du bateau et j'ai peine à me maintenir en place. À mes côtés, les autres ne sont pas non plus à l'aise, si ce n'est peut-être Jackie qui semble profiter de chaque embardée pour exécuter de nouvelle chorégraphie, sous les exclamations enthousiasme de Chan. Ces cris sont rapidement étouffés par la rumeur du vent, toujours plus insistantes, et les ordres lancés par les hommes poissons. On lutte contre la Nature pour une dernière fois. L'ultime étape avant notre terre promise.

Mais c'est dur. Terriblement dur. C'est comme si à l'approche de la fin, les forces me manquent. Trop longtemps en mer et les quelques tempêtes rencontrées précédemment ne sont pas grand-chose comparé aux gros grains qui nous tombent dessus. La pluie s'abat rapidement et c'est trempé qu'on essaie de continuer à manoeuvrer. Les éclairs s'approchent, aussi. Et j'ai peur qu'il y'en ait un qui s'abat sur le mat du navire, mettant un terme rapide à notre épopée. Grandline peut être traitre et peut nous abattre quand on l'attend le moins. Même Franz s'y met. Il n'est jamais intervenu avant, mais il semble sentir que le vent tourne. Ses missions ne sont pas d'intervenir, mais pas de mourir bêtement non plus. Toutefois, même avec sa force, on arrive pas à tout gérer.

Et c'est là qu'ils sortent dans les ténèbres. Nos hôtes. Les esclaves libérés. La rumeur de la terre a dû leur parvenir. Ils sortent en masse des entrailles du bateau. Pourquoi ? Pour nous aider, évidemment. Une poignée de solide gaillard vient soutenir Shishou et Iwa à la barre. D'autres viennent nous aider à sauvegarder les voiles. L'un arrive à rattraper Gnuh qui était bon pour boire la tasse. L'union fait la force. Et c'est vrai. Et voir toute cette détermination à nous aider, même si c'est pas juste un désintérêt de nous aider et qu'ils peuvent y passer à ne pas le faire, ça fait chaud au cœur. Et ça me donne des forces pour donner un dernier coup de collier à la dernière ligne droite. Après la pluie, le beau temps. Et tandis que je m'efforce à montrer l'exemple, j'vois un type s'accrocher solidement à la balustrade. Il tremble. Il a les yeux écarquillés. J'crois qu'il a peur, mais c'est pas ça en fait. Au milieu des gouttes de pluie ruisselant sur son visage, je vois des larmes. Et alors qu'il se retourne, un large sourire s'étale sur son visage.

Mes amis ! Mes amis ! Cette terre … Cette ile ! Nous sommes de retour chez nous !!
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Wesh !

D'la terre, mec. Ca f'sait longtemps. Et puis, le sable et tout. C'est cool. Ca m'donne un peu un air qu'se donnent les gars d'Las Camp hors du Quartier, sur la côte. Sont pas aussi cool que nous, mais avec leurs casquettes posées, leurs médaillons en or, leurs trucs super large, ils se la pètent pas mal sur les plages, là-bas. Bon, ok, elles sont crades les plages là-bas, mais on s'en fout. J'me mets dans l'staïle, tu vois.

Fringues supra-larges, casquettes 'LC', et on s'met un bon son d'là-bas, avec Chan.




Ha ! Ca rappelle les rixes avec ces tar-ba ! On s'mettait bien sur la gueule, en c'temps-là.

Alors on r'sort sur le pont en mode gangsta, tu vois. Et j'mate tous les gars qu'on a libéré avec le gros déguisé en poisson et les autres. Ils ont l'air de pleurer. Quelles fiottes quand même. Alors on passe à travers eux, on en impose à donf.


- Reeeeal Mothafuckin' Giiiiii's !


Et puis vient l'moment où on accoste, et on fonce avec la frangine. A la nage, tu vois. Et nan, j'peine pas avec une seule jambe. L'autre, c'est une jambe-maillet, mec. J'nage trop bien avec ça.



J'rejoins Chan sur la plage. Elle est arrivée un peu avant oim. Juste avant quoi. Si. J'te jure.

Et derrière, i'en a d'autres qu'ont fait pareil. Ils crient tous, j'sais pas trop pourquoi, mais du coup, on doit monter l'son. Et là ça pète. Mais mes fringues sont trempées, du coup, j'vire mon t-shirt. Wesh. J'suis un peu un bitch. Ha ! Ils doivent tous rêver, là.

Mais i'a Chan qui m'tape sur l'épaule quand j'regarde tous ces gus qui sautent du navire pour me rejoindre. Elle me cause quand j'ai l'attention d'tout l'monde. Merde quoi.


- Eh Jackie ! Mate-ça ! Dans l'ciel !


Qu'est'c'qu'i'peut bien y avoir dans l'ciel ? J'sais pas bien. Elle m'appelle quand même pas pour un piaf. Nan. J'pense pas. Alors j'mate. Avec un brin d'inquiétude. Jusqu'à c'que j'vois ça. Un truc… C'est ouf, mec. Un truc de ouuuf ! J'sais pas c'qu'c'est, mais ça crame, ça va très vite, et c'est gros… Et ça va pas très très loin d'nous, à l'intérieur de l'île. J'mate derrière, voir si les gars l'ont vu aussi. Et ouais, tout l'monde r'garde la même chose.

L'Ishii arrive en barque, tranquillement, avec un gare-ci, comme d'hab. Lui aussi, il regarde l'truc. J'gueule vers lui.


- Wala mec ! T'as vu ça ? On fait quoi mec ?


J'me r'tourne vers la boule de feu. Et puis plus bas… Au-d'sus des arbres au-d'là d'la plage, i'a un truc en bois, grand, ondulé. Et i'a une tour aussi. Moche. Et ce serait encore plus moche si la boule de feu tombait d'sus...
    C'était une drôle de sensation. Sentir ses pieds toucher le dur. Ne plus tanguer de gauche à droite en fonction des vagues. Ne pas avoir à se soucier de la prochaine tempête. Oh oui, le Monstre était heureux.

    Il y avait beau avoir eu cette drôle de météorite sortie de nulle part, il y avait beau avoir cette pluie qui ne voulait cesser, ces pleurs de gamins qui ne s’arrêtaient pas. Le Monstre était heureux. Et en y pensant bien, il aurait bien pu avoir n'importe quoi d'autre, le Monstre serait resté là, à savourer la Jackie gesticuler sur du ferme, l'Adrienne poser ses genoux contre le sable, arracher des grains avec sa main comme pour mieux toucher, mieux se rendre compte de ce bonheur.

    C'était joli.

    Le petit Jevta, lui, s'en allait déjà, s'enfonçant dans la forêt suivi du Gnuh tout pataud. Le Monstre le suivit des yeux jusqu'à ce que l'ombre ne soit complètement absorbée par les feuillages. A côté du cachalot, il y avait le Joy. Il souriait aussi. De ce rêve qu'il ne croyait plus possible.

    Hmm. Bienvenue chez vous.

    Tout autour, la centaine d'homme et femmes goûtaient à leur liberté retrouvée. Il y avait des cris, des pleurs, des hurlement qui sortaient de chaque cœur. Violy dorlotait son bébé, lui murmurant des mots d'amour dans ses douces oreilles toutes couvertes de linges.

    Hmm... Allons, allons. Nous avons du travail.

    Le Monstre se retourna vers tout l'attroupement. Il aimait bien. Il lisait la joie d'être là. Ce qu'il aimait moins, par contre, c'était le discours qu'il allait devoir faire. Palabrer longtemps et de manière à être écouté par chaque bougre d'homme. A vrai dire ils semblaient tous attendre son mot. Ils étaient presque tous là, assis ou debout, à s'impatienter de savoir ce qu'il leur réservait. La pression s'était immiscé toute seule. Celle d'avoir toutes ces vie entre ses mains. D'avoir la responsabilité de chaque homme et de chaque femme que ses deux petits yeux pouvaient apercevoir. Il ne s'en était pas soucié lorsqu'il les avait sauvé. Il ne s'en était pas rendu compte lorsqu'il avait accepté le cadeau de Joy. Ou pas assez. Mais chaque mot qu'il avait sorti alors, chaque geste qu'il avait fait, il les assumait, comme des poids venant s'immiscer sur ses épaules. Le poids d'une centaine de vie. Alors lorsqu'il parla enfin, c'était avec la même assurance. Celle de ceux qui ne parlent que pour leurs actes, leurs volontés.

    Hmm... Mes amis. Nous vous avons libéré. Nous avons brisé vos chaînes et fait en sorte que vous puissiez trouver une terre. Ceci n'est pas un paradis, car nous sommes sur Grand Line. Votre ancienne maison aura pu être détruite, pillé. Vos terres pourront être défrichées, transformées. Vos bien envolés. Mais ce n'est rien. Ça n'a pas d'importance. Car aujourd'hui vous êtes libres de tout reconstruire. Vous avez la chance de pouvoir réinstaller de nouvelles bases saines. Tout comme vous faites reposez vos terres pour mieux y planter, comme vous n'installez vos plantes que sur du sain, faîtes de même avec votre nouvelles vie. N'oubliez pas le passé, servez vous en pour éviter de renouveler vos erreurs. Moi et mon équipage, nous sécuriserons l'île. Si des mécréants sont ici, ils n'y seront plus à la fin de la semaine. Chacun de nous partira aux quatre coins de l'île pour y détruire l'immoral. Parce que nous vous avons sauvé, nous avons la responsabilité de vos vies sur chacune de nos épaules. Et nous ne laisserons rien, ni personne vous toucher. Hmm... Sur cette île, au centre de votre nouveau village trônera le drapeau des Étrangers, et ce drapeau, ce sera la marque de votre tranquillité.

    Maintenant, au travail.
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    Monster avait deux rêves. Vivre sur la terre ferme, comme la plupart des humains, et vivre à la lumière du soleil, comme la plupart des humains. Ainsi, il détestait les périples en navire et n'attendait qu'une chose à chaque fois : le moment où il poserait à nouveau le tentacule sur le sol. Trois mois qu'il n'avait pas vu un bout d'île, trois longs mois ! Ils n'avaient pas quitté leur navire depuis leurs aventures à Callelongue. L'heure était enfin venue de profiter.

    Bon... Pour le soleil, c'était raté. Il pleuvait des cordes et cela entamait l'enthousiasme de l'Homme-Poulpe. Il était tout proche de devenir allergique à l'eau. Cela faisait des semaines qu'il en avait des milliers de litres sous les tentacules. Maintenant qu'il touchait enfin la terre, voilà que des milliers de litres tombaient du ciel. Ironie à la con.

    Mais il restait quand même la joie de pouvoir sentir le sable sous lui. Immédiatement après être sorti de l'eau, Le céphalopode se redressa de toute sa hauteur pour savourer cette sensation. La sensation d'être immobile, de ne pas tanguer au grès des vagues. Le sol ne bougea pas. Lui oui. A peine se fut-il mit debout qu'il tomba à la renverse sur le côté, trop habitué depuis des mois à réagir à la houle.


    -Raaah... C'est pas vrai... Huit tentacules, il y a bien moyen de rester stable, non ?

    Alors, faisant abstraction des regards étonnés des anciens esclaves aux alentours, il se releva en prenant appuis sur chacun de ses huit membres bien ancrés dans le sol autour de lui. Impossible de tomber, dans ces conditions. Mais son oreille interne lui intimait de continuer de balancer son corps pour contrer la houle de l'océan sur lequel il n'était plus. La partie supérieure de son corps continuait de tanguer. Un coup à droite, un coup à gauche. Un coup à droite, un coup à gauche. Et tous les efforts de Monster n'y firent rien.

    Malheureusement, à force de se balancer ainsi, ce fut le mal de cœur qui gagna Monster. Il lui fallait absolument résister, pour pouvoir savourer ce moment qu'il attendait depuis des mois ! Lui, qui serait un jour un humain, ne pouvait se permettre d'être faible en ce moment de communion avec la terre ! Mais il dû se rendre à l'évidence. S'il restait debout, il vomirait. Il se laissa donc tomber en arrière et tenta de respirer profondément pour faire passer son mal, et pour calmer la fureur qui grimpait en lui.


    -Moi, l'Homme-Poisson qui deviendrait humain un jour. Moi l'homme-Poisson qui vivrait sur une île, au soleil. Moi, le seul Homme-Poisson qui n'en est pas un ! Pourquoi j'ai le mal de terre ? Pourquoi moi, et pas Ishii ?

    Il en aurait pleuré, mais voilà longtemps qu'il avait banni les larmes de ses yeux. Trop proches de l'eau de mer pour qu'il se permette d'en produire. Alors il tenta de ne pas laisser la rage le dominer. Il fallait qu'il accroche son attention sur quelque chose. Pas sur la déclaration d'Ishii. D'une part parce qu'il essayait de passer le moins de temps possible à se focaliser sur lui, cela lui rappelant trop le nombre d'occasions de se débarrasser du cachalot qu'il avait laissé passé. D'autre part car, comble de l'horreur, il tenait un discours qui entrait en résonance avec les convictions de Monster. A savoir qu'il voulait aider des anciens esclaves humains à regagner leur liberté et à retrouver le bonheur. Mais ses sentiments auraient été plus simple à gérer si Ishii avait décider d'asservir ces hommes et ces femmes...

    Son regard tomba alors sur ce feu dans le ciel. Le soleil ? Non, les gouttes de pluie continuaient de frapper son visage. C'était plus comme une étoile filante, mais qui se désagrégea en des milliers de morceaux au bout de quelques secondes. Une infinité de petites boules incandescentes tombant sur la terre tout autours d'eux. A l'horizon, dans la mer de Grand Line et même sur l'île. Il en suivit une du regard qui tomba quelque part dans la foret, en direction de l'Est. Il put voir dans cette direction le haut de ce qui semblait être une grande roue, comme celle du parc Shabondy (connue au moins de réputation par tous les petits Hommes-Poissons). Cela piqua la curiosité de l'Homme-Poulpe.


    -Après tout... Un peu de marche ne peut que me faire du bien.
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    Le sable. Le sable ! Du sol ! Plus de bois sous les pieds, ça fait du bien, et pourtant j'aime le bois ! Quelques pas sur cette nouvelle ile, cette nouvelle aventure après des mois de navigations et je me sens revivre. J'ouvre grand les yeux d'émerveillements, comme si c'était la première fois que je voyais de la terre. Mais ça fait tellement longtemps ! Depuis Callelongue en fait ! Parce qu'on a traversé Reverse sans poser de pieds à terre et que c'est la première ile depuis ce jour ! Il y a trois mois, je me disais « je suis sur Grandline ». Aujourd'hui, je peux enfin me dire «  je suis sur une île de Grandline. Je m'attendais à tout, mais pas à ça. C'est juste… juste… comme toutes les autres iles. De la terre, des arbres et des animaux. Rien de spécial. Seule l'histoire de cette ile change, comme sur les blues. Pour une ile de Grandline, l'ile doit forcément regorger de mystères insoupçonnés. Des choses vraiment incroyables. Que vais-je découvrir au tournant ? J'en salive d'avance. Sauf que pour l'instant, je prends plaisir à retrouver la terre ferme. Je marche un peu, mais pas beaucoup. Je m'effondre rapidement pour me rouler dans le sable et au diable si j'en ai partout dans les vêtements. La chaleur du soleil a bien fait chauffer chaque petit grain de sable et c'est un véritable plaisir de prendre un bain de chaleur. Je me sens bien. Et j'aime ça, c'est l'important. Je fais peu attention à l'engouement général. J'ai mon petit plaisir égoïste et je ne veux pas le partager avec les autres. Un instant, je reste immobile comme pour faire un somme. Je sens le bien de la situation, mais je sais aussi que je ne vais pas flemmarder sur cette ile. Je veux bouger. À part croiser des esclavagistes et l'inquisition, ces trois derniers mois ont été d'une platitude sans nom. Et j'ai besoin de m'illustrer pour que le Père Franz fasse son avis sur moi.

    En pensant à lui, je me relève et je tourne la tête en tout sens pour le repérer. Je suis presque sûr de l'avoir vu débarquer en même temps que moi. Au milieu des anciens esclaves et des Étrangers, il est difficile de le repérer malgré qu'il soit assez peu anodin. Mais il a l'expérience de la furtivité. Tapi dans l'ombre, il doit m'épier. C'est assez dérangeant de sans cesse se sentir surveiller. Chacun de mes gestes est décrypté comme si on pouvait y trouver l'essence de mon âme. Suis-je toujours moi même, ou bien ai-je trahi mon Ordre ? C'est bien au-delà de mes capacités. C'était de son ressort, pas du mien. Moi, c'est les choses plus matérielles qui m'intéressent. En l'occurrence, j'ai des choses à faire. Explorer l'ile, découvrir ces habitants, dénicher quelques-unes de ces étranges pierres qui tombent du ciel ; ce n'est pas l'ile qui fait ça, ça semble tomber aléatoirement tout partout, même dans l'eau. J'ai vu le phénomène quand j'étais sur le bateau et ça m'a surpris. Personne ne sait ce que c'est. J'y jetterais un coup d’œil à l'occasion. Autre projet, plus important : m'isoler en forêt.

    J'ai mangé un fruit du démon. J'ai soigneusement évité de l'utiliser sur le bateau de peur de casser ou de blesser. Ici, je peux l'utiliser et m'entrainer à le maitriser sans déranger personne. L'ile possède de belles forêts et ça me fait plaisir. La proximité des arbres aura certainement un effet bénéfique sur moi quand je réveillerai la créature qui sommeille en moi. Enfin, ce pouvoir. C'est toujours assez difficile à décrire comme chose. L'important sera de ne pas montrer que c'est moi la bête. Justement, en parlant de bête, le capitaine se met à faire son discours. Comme toujours, il sait redonner l'espoir et faire miroiter un rêve que chacun réverait d'atteindre. Je souris. Parce qu'il n'est pas du genre à balancer de tels propos en l'air. Il respectera ses engagements. J'ai pas forcément signé pour détruire l'immoral, aussi. Ça serait bien de pas dire ce que je vais faire sans me consulter. J'ai mon autonomie, moi ! Il va de soit que si un truc que j'aime pas se déroule, j'vais faire en sorte que ça ne se reproduise plus. Pas besoin d'ordres dans ce genre de situation, c'est mon instinct et mon libre arbitre qui parlent. J'avise Ishii un instant. Moi, je vais par là. De l'autre côté, dans la forêt. J'attrape mon sac que j'ai laissé trainer à terre. Innocent Island ? Me voilà !

    Et en m'éloignant du groupe, j'avise soudainement un type sur la plage. Couché sur le sable, il en fait couler entre ses doigts en souriant, tel un enfant. Moi, aussi, je souris. Le père Franz est un grand enfant, en fait. C'est juste qu'il veut pas le montrer. Et comme il me regarde pas, j'en profite pour m'éclipser en douceur. Ça serait bête de rater une telle occasion d'avoir la possibilité de faire une bêtise sans que ça ait de répercussions.

    Quoi que comme m'a dit Kestrel, il vaut mieux ne jamais faire d'erreurs.
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    Nan, en fait, Ishii, il s'en fout de la pluie d'feu. M'en fout, moi ça m'intéresse. J'espère juste que ça continue pas de brûler quand ça s'écrase, ces trucs. Parce que ouais, de vieux souvenirs qui remontent. Mais ça a l'air d'aller. En tout cas, la forêt flambe pas. J'irai jeter un oeil. C'est peut-être des traces d'un arme super cool qui vaut un max de flouz, wesh. Ha ! J'vais mettre la main d'sus, tu vas voir.

    Mais i'a quand même un truc que Jackie a dit qui r'tiens mon attention.


    - Moi et mon équipage, nous sécuriserons l'île.


    Ca veut dire quoi d'après toi, ça, hein ?! Hein gros ? Ouais mec… Ca veut dire qu'i' y a des cailles ici, des p'tits cons à mater. Et si i'a des cailles, c'est qu'i'sont pas là pour rien. Et ça va avec c'qu'on m'a dit ces derniers temps. Grand Line. Ses aventures. Ses trésors. Tu vois mec, c'est comme ça qu'on raisonne quand on veut comprendre le monde. I'a toujours du fric à s'faire là où i'a des gens. Et l'Ishii a dit qu'i'y avait des gens. J'regarde Chan, on sourit. J'crois qu'les autres, ils ont pas compris. 'sont pas forcément cons, j'dis pas. Mais ils comprennent pas comment tourne le monde. Moi, j'comprends. Et bientôt, j'aurai la maille, j'aurai l'pouvoir. Ils pourront rien faire face à ça. J'les aime bien, les gars, hein. Mais n'empêche, i'aura moi, là, et eux, en-dessous.

    J'regarde Adrienne qui part vers la forêt. Vers l'endroit où une des boules de feu s'est écrasée. Ca a pas l'air d'flamber là-bas. Elle va tomber sur l'truc. Mais bon, elle comprendra qued à c'que c'est. C'est clair. Et pis même… Si c'est un projo' d'arme de dingue et qu'elle le comprend, elle voudra détruire l'arme, elle voudra pas la choper pour la dealer ou l'utiliser…

    Elle voudra la péter, ouais…

    Merde.

    Faut qu'on aille plus vite. Alors j'crie à Chan de courir. D'me suivre. Faut qu'on aille plus vite que Boobspec. Alors on s'enfonce dans la forêt, vers l'endroit l'plus proche où un d'ces trucs s'est abattu.

    Un frisson m'parcourt. Mais nan mec, c'pas d'la peur. Ca doit être l'humidité ou quoi. C'est pas cool l'humidité. Et vu qu'il tombe des cordes...

    Temps d'chien, mais on s'en fout,
    Pour se mettre bien, on est près à tout.


    Wesh.