-Sœur Marie-Thérèse ! Je te dis que cette mission n’est pas pour toi !
-Nan mais laisse moi faire Isilda, j’vais lui faire comprendre qu’elle est pas à sa place ici.
-Je suis parfaitement à ma place ! C’est une mission de mon niveau !
-Écoute-moi bien ! Ce n’est pas fait pour une sœur ! C’est fait pour une sœur d’élite. Elza, en l’occurrence.
-Héhé. T’as entendu la boss ? C’est pour moi c’t’affaire. Retourne jouer à la poupée autre part
-C’est toi qui joues à la poupée !
-Ohoh ! Quel sens de la répartie ! Tu me fais peur ‘dridri !
Rah, elle m’énerve. Je tente de lui en coller une. C’est mal. Je sais. C’est pas comme si elle m’en avait déjà foutu trois gentillettes dans l’épaule. Elle esquive et me prend le bras afin de me faire manger la poussière d’une pichenette bien dosée. Du coup, l’escargophone en liaison avec ma mère supérieure du couvent de Ronapura, Isilda, tombe au sol.
-Qu’est-ce qui se passe ?
-Rien Isilda. C’est la gamine qui fait encore sa fière alors qu’elle arrive même pas à tenir sur ses jambes.
-C’est pas ma faute ! Tu m’as fait tomber !
-Ouai… ouai… Va pleurnicher. Ça te va bien.
-ça suffit !
-Mais …
-Pas de mais !
-Ahah !
-Toi aussi, tu la boucles, Elza. Sinon, je te retire cette mission.
-Tss. Même pas drôle, la vieille.
-Adrienne ?
Je me relève tant bien que mal tandis que je lâche un regard haineux à Elza qui se gausse. J’lui chipe l’escargophone des mains, mais elle me laisse plus le prendre que j’lui arrive à lui piquer.
-Oui ma mère ?
-Tout ça est une erreur de ma part. La mission qui t’a été confiée n’est pas pour toi. Suivre les agissements d’un groupe de bandits primés à plus de trente millions de berrys, tu ne croyais tout de même pas que c’était pour toi, qui vient à peine de sortir du couvent ?
-Bah … Heu …
-Héhé.
-Je t’ai entendue, Elsa !
Je sais que tu es une grande fille Adrienne. Tu veux faire tes preuves. Mais il ne faut pas griller les étapes. C’est une mission complexe malgré les apparences et Sœur Elza peut s’en occuper malgré, là aussi, les apparences.
-Hé !
-Ahah.
-Ce qui vaut pour Elsa va aussi pour toi, Adrienne !
Ne t’inquiète pas non plus, tu ne vas pas rester sans rien faire. J’ai une mission pour toi. Elsa a normalement préparé le voyage pour toi et si c’est pas fait, elle va m’entendre. Un prêtre est passé sur une petite ile du nom de Mandel. Il a rencontré quelqu’un qui souhaiterait en savoir davantage sur notre ordre. Tu es chargé d’enseigner à cette personne et de l’aider à faire son choix. Si elle souhaite rejoindre l’Ordre, tu devras nous en faire part.
C’est une mission difficile. Tu ne dois pas la forcer dans son choix. Tu dois faire preuve d’impartialité pour la guider sur le chemin qui lui est juste. Je suis convaincue que tu en es capable. Je te fais confiance.
-L’erreur …
-Elsa ?
-Non rien.
-Je compte aussi sur toi pour ne pas me faire mentir. Si tu échoues, c’est Adrienne qui se chargera de réparer tes erreurs.
-Aucune chance !
-Je compte sur vous, les filles. Bonne chance.
Et elle raccroche. Sœur Elsa me fixe un instant en mâchouillant sa langue avant de sortir une enveloppe de son sac.
-Tiens. J’ai négocié avec le marchand de vinasse du port. Il t’amènera. T’as aussi de l’argent et qui contacter sur l’ile de Mandel. Fais pas de connerie.
-Tu t’inquièterais pour moi ?
-Peuh ! Va crever !
-Cause toujours.
Ça, c’était il y a deux jours. J’pensais avoir une mission de choix : la surveillance d’une bande de gros bras qui n’ont franchement pas la gueule de mecs gentils. Le genre de gus qui mouillent dans pas mal d’affaires louches et sur qui ont a mis une coquette prime tout en sachant qu’ils doivent valoir plus parce que la prime a été posée sur les bases de ce qui dépassait de l’iceberg. J’les avais espionnés une journée. C’était trop cool. Mais nan, y a fallu qu’Elsa débarque. Elsa. Celle qui m’a entrainée au couvent. Une vraie monstre. Imbattable. Et un caractère pourri. Toujours à me regarder de haut et gniah gniah gniah. Des moments, je craque, mais elle m’envoie toujours au tapis. J’suis pas de son niveau, j’suis qu’une sœur alors qu’elle est une sœur d’élite. Elle a de l’expérience. J’en ai pas. Faut que j’m’en fasse. D’où les missions de l’Ordre. C’est un peu dur de passer d’une mission de rang d’Élite à une mission pour mon grade. C’est tout de suite moins palpitant. Convertir quelqu’un à l’ordre, ça vend pas du rêve. A moins que ce type soit quelqu’un d’important, mais ça m’étonnerait. Un civil lambda tout au plus. Enfin, une civile. C’est une femme. J’vais au moins me faire une copine, c’est toujours bon à prendre. Rien que de pouvoir faire sans Elsa, ça serait le pied, nan ? Ouai. Alors, j’ai baissé la tête et j’me suis barrée loin d’Elsa, non sans avoir tenté de lui faire un croque-jambe et sans savoir comment c’est moi qui ai fini par terre. La grosse honte que je me suis tapée. Elle a bien rigolé, moi moins. J’ai couru jusqu’à mon taxi qui s’est révélé être un bateau classique. Un équipage d’une vingtaine de gus et un capitaine avec la patte déjà graissé. Quand il m’a vue, j’crois qu’il s’attendait à autre chose quand Elsa a parlé de sœur. Le goujat. J’l’ai pas frappé parce que c’est mal, mais je levais ma hache et les commentaires acerbes se sont tus. J’ai poiroté quelques heures et le bateau est parti. La cargaison ? De la vinasse. J’ai même pas gouté, mais ça sent mauvais. Pour le voyage, j’ai pas cherché à me mêler à l’équipage. J’suis restée tranquillement dans le placard qui me servait de chambre. Un peu d’exercices, un peu de repos, un peu de prières. C’est pas la fête, mais c’était pas non plus prévu au programme, la fête. J’m’en sors plutôt bien.
Et finalement, deux jours après, on arrive à Mandel, ma destination. Du bateau, accoudé au bastingage, j’observe l’ile. Petite, c’est assez relatif. D’un côté, il y a une ville plutôt grande ; pas du tout village quoi. Il doit y avoir entre trois milles et six mille personnes. Une bonne petite ville quoi. Construit en bord de mer, son aspect est plutôt quelconque. Rien de spécial à noter. Après l’ile vient des séries de champs sur un faux plat montant et plus loin, ça devient carrément montagneux. On doit gagner une bonne centaine de mètres entre la ville et le plus haut de l’ile. Pas montagneux, donc, plutôt rocheux. L’autre bout de l’ile est un ensemble de grands pics de pierres balayés par les flots et les racines de ces pics sont un ensemble de récifs qui éventreraient n’importe quel bateau osant passer trop près. Pas du tout le genre d’endroit qu’on visite. En même temps, le capitaine me dit que c’est complètement abandonné. T’as bien une espèce de manoir qui surplombe l’une de ces arêtes rocheuses, mais il me dit qu’il est abandonné. Pas franchement le genre d’endroit pour y passer ses vacances, à mon avis. De l’autre côté de l’ile, il y a quelques villages de pêcheurs, plus des amas de bicoques qu’autre chose. T’as aussi une forêt pas trop épaisse sur une large portion centrale de l’ile avec, on prétend, des animaux fantastiques. Ça me fait ni chaud ni froid ces conneries, parce que ça n’existe pas. C’est contraire à tes principes, Seigneur. J’ai bien appris mes leçons. J’tente de convertir le capitaine au fait avéré que les créatures mythologiques, c’est par définition, un mythe, mais il veut rien entendre.
Il est beau mon sens de la persuasion. Et tu veux que je te convertisse quelqu’un à ta cause ?
Du coup, la discussion laisse place à la gêne et je retourne dans ma chambre pour faire mes affaires. On essaie de me dire que je peux boire un coup avec des mecs de l’équipage, parce que c’est la galanterie, tout ça, et qu’ils sont d’honnêtes gars. Tout de même, hé. J’refuse. Pas que je sois sans gêne ou de mauvais poil, non. C’est juste qu’allé trinquer de la vinasse, j’suis pas très d’accord. Et j’ai une mission qui m’attend. Bosser pour une mission, c’est assez valorisant et ça motive plutôt bien. Du coup, une fois le bateau amarré et avant même que la planche pour débarquée ne soit installée, je suis déjà sur le quai après un saut parfaitement maitrisé. Un regard en arrière, un bref salut, et j’me tire de là.
-Nan mais laisse moi faire Isilda, j’vais lui faire comprendre qu’elle est pas à sa place ici.
-Je suis parfaitement à ma place ! C’est une mission de mon niveau !
-Écoute-moi bien ! Ce n’est pas fait pour une sœur ! C’est fait pour une sœur d’élite. Elza, en l’occurrence.
-Héhé. T’as entendu la boss ? C’est pour moi c’t’affaire. Retourne jouer à la poupée autre part
-C’est toi qui joues à la poupée !
-Ohoh ! Quel sens de la répartie ! Tu me fais peur ‘dridri !
Rah, elle m’énerve. Je tente de lui en coller une. C’est mal. Je sais. C’est pas comme si elle m’en avait déjà foutu trois gentillettes dans l’épaule. Elle esquive et me prend le bras afin de me faire manger la poussière d’une pichenette bien dosée. Du coup, l’escargophone en liaison avec ma mère supérieure du couvent de Ronapura, Isilda, tombe au sol.
-Qu’est-ce qui se passe ?
-Rien Isilda. C’est la gamine qui fait encore sa fière alors qu’elle arrive même pas à tenir sur ses jambes.
-C’est pas ma faute ! Tu m’as fait tomber !
-Ouai… ouai… Va pleurnicher. Ça te va bien.
-ça suffit !
-Mais …
-Pas de mais !
-Ahah !
-Toi aussi, tu la boucles, Elza. Sinon, je te retire cette mission.
-Tss. Même pas drôle, la vieille.
-Adrienne ?
Je me relève tant bien que mal tandis que je lâche un regard haineux à Elza qui se gausse. J’lui chipe l’escargophone des mains, mais elle me laisse plus le prendre que j’lui arrive à lui piquer.
-Oui ma mère ?
-Tout ça est une erreur de ma part. La mission qui t’a été confiée n’est pas pour toi. Suivre les agissements d’un groupe de bandits primés à plus de trente millions de berrys, tu ne croyais tout de même pas que c’était pour toi, qui vient à peine de sortir du couvent ?
-Bah … Heu …
-Héhé.
-Je t’ai entendue, Elsa !
Je sais que tu es une grande fille Adrienne. Tu veux faire tes preuves. Mais il ne faut pas griller les étapes. C’est une mission complexe malgré les apparences et Sœur Elza peut s’en occuper malgré, là aussi, les apparences.
-Hé !
-Ahah.
-Ce qui vaut pour Elsa va aussi pour toi, Adrienne !
Ne t’inquiète pas non plus, tu ne vas pas rester sans rien faire. J’ai une mission pour toi. Elsa a normalement préparé le voyage pour toi et si c’est pas fait, elle va m’entendre. Un prêtre est passé sur une petite ile du nom de Mandel. Il a rencontré quelqu’un qui souhaiterait en savoir davantage sur notre ordre. Tu es chargé d’enseigner à cette personne et de l’aider à faire son choix. Si elle souhaite rejoindre l’Ordre, tu devras nous en faire part.
C’est une mission difficile. Tu ne dois pas la forcer dans son choix. Tu dois faire preuve d’impartialité pour la guider sur le chemin qui lui est juste. Je suis convaincue que tu en es capable. Je te fais confiance.
-L’erreur …
-Elsa ?
-Non rien.
-Je compte aussi sur toi pour ne pas me faire mentir. Si tu échoues, c’est Adrienne qui se chargera de réparer tes erreurs.
-Aucune chance !
-Je compte sur vous, les filles. Bonne chance.
Et elle raccroche. Sœur Elsa me fixe un instant en mâchouillant sa langue avant de sortir une enveloppe de son sac.
-Tiens. J’ai négocié avec le marchand de vinasse du port. Il t’amènera. T’as aussi de l’argent et qui contacter sur l’ile de Mandel. Fais pas de connerie.
-Tu t’inquièterais pour moi ?
-Peuh ! Va crever !
-Cause toujours.
Ça, c’était il y a deux jours. J’pensais avoir une mission de choix : la surveillance d’une bande de gros bras qui n’ont franchement pas la gueule de mecs gentils. Le genre de gus qui mouillent dans pas mal d’affaires louches et sur qui ont a mis une coquette prime tout en sachant qu’ils doivent valoir plus parce que la prime a été posée sur les bases de ce qui dépassait de l’iceberg. J’les avais espionnés une journée. C’était trop cool. Mais nan, y a fallu qu’Elsa débarque. Elsa. Celle qui m’a entrainée au couvent. Une vraie monstre. Imbattable. Et un caractère pourri. Toujours à me regarder de haut et gniah gniah gniah. Des moments, je craque, mais elle m’envoie toujours au tapis. J’suis pas de son niveau, j’suis qu’une sœur alors qu’elle est une sœur d’élite. Elle a de l’expérience. J’en ai pas. Faut que j’m’en fasse. D’où les missions de l’Ordre. C’est un peu dur de passer d’une mission de rang d’Élite à une mission pour mon grade. C’est tout de suite moins palpitant. Convertir quelqu’un à l’ordre, ça vend pas du rêve. A moins que ce type soit quelqu’un d’important, mais ça m’étonnerait. Un civil lambda tout au plus. Enfin, une civile. C’est une femme. J’vais au moins me faire une copine, c’est toujours bon à prendre. Rien que de pouvoir faire sans Elsa, ça serait le pied, nan ? Ouai. Alors, j’ai baissé la tête et j’me suis barrée loin d’Elsa, non sans avoir tenté de lui faire un croque-jambe et sans savoir comment c’est moi qui ai fini par terre. La grosse honte que je me suis tapée. Elle a bien rigolé, moi moins. J’ai couru jusqu’à mon taxi qui s’est révélé être un bateau classique. Un équipage d’une vingtaine de gus et un capitaine avec la patte déjà graissé. Quand il m’a vue, j’crois qu’il s’attendait à autre chose quand Elsa a parlé de sœur. Le goujat. J’l’ai pas frappé parce que c’est mal, mais je levais ma hache et les commentaires acerbes se sont tus. J’ai poiroté quelques heures et le bateau est parti. La cargaison ? De la vinasse. J’ai même pas gouté, mais ça sent mauvais. Pour le voyage, j’ai pas cherché à me mêler à l’équipage. J’suis restée tranquillement dans le placard qui me servait de chambre. Un peu d’exercices, un peu de repos, un peu de prières. C’est pas la fête, mais c’était pas non plus prévu au programme, la fête. J’m’en sors plutôt bien.
Et finalement, deux jours après, on arrive à Mandel, ma destination. Du bateau, accoudé au bastingage, j’observe l’ile. Petite, c’est assez relatif. D’un côté, il y a une ville plutôt grande ; pas du tout village quoi. Il doit y avoir entre trois milles et six mille personnes. Une bonne petite ville quoi. Construit en bord de mer, son aspect est plutôt quelconque. Rien de spécial à noter. Après l’ile vient des séries de champs sur un faux plat montant et plus loin, ça devient carrément montagneux. On doit gagner une bonne centaine de mètres entre la ville et le plus haut de l’ile. Pas montagneux, donc, plutôt rocheux. L’autre bout de l’ile est un ensemble de grands pics de pierres balayés par les flots et les racines de ces pics sont un ensemble de récifs qui éventreraient n’importe quel bateau osant passer trop près. Pas du tout le genre d’endroit qu’on visite. En même temps, le capitaine me dit que c’est complètement abandonné. T’as bien une espèce de manoir qui surplombe l’une de ces arêtes rocheuses, mais il me dit qu’il est abandonné. Pas franchement le genre d’endroit pour y passer ses vacances, à mon avis. De l’autre côté de l’ile, il y a quelques villages de pêcheurs, plus des amas de bicoques qu’autre chose. T’as aussi une forêt pas trop épaisse sur une large portion centrale de l’ile avec, on prétend, des animaux fantastiques. Ça me fait ni chaud ni froid ces conneries, parce que ça n’existe pas. C’est contraire à tes principes, Seigneur. J’ai bien appris mes leçons. J’tente de convertir le capitaine au fait avéré que les créatures mythologiques, c’est par définition, un mythe, mais il veut rien entendre.
Il est beau mon sens de la persuasion. Et tu veux que je te convertisse quelqu’un à ta cause ?
Du coup, la discussion laisse place à la gêne et je retourne dans ma chambre pour faire mes affaires. On essaie de me dire que je peux boire un coup avec des mecs de l’équipage, parce que c’est la galanterie, tout ça, et qu’ils sont d’honnêtes gars. Tout de même, hé. J’refuse. Pas que je sois sans gêne ou de mauvais poil, non. C’est juste qu’allé trinquer de la vinasse, j’suis pas très d’accord. Et j’ai une mission qui m’attend. Bosser pour une mission, c’est assez valorisant et ça motive plutôt bien. Du coup, une fois le bateau amarré et avant même que la planche pour débarquée ne soit installée, je suis déjà sur le quai après un saut parfaitement maitrisé. Un regard en arrière, un bref salut, et j’me tire de là.