La pieuse et le preux

Je crois pas que c'était une si bonne chose, finalement, tu sais, Adrienne... Je me suis raccrochée à ton image avec toute la force de ma foi nouvellement reçue, alors que j'avais pas même compris ce que ça impliquait. Toi, tu as amené la paix dans ton sillage, autant que tu as pu. Mais moi, je n'ai su que semer un peu plus de destruction sur un terroir déjà peu fertile. Tu dirais que j'ai juste péché. Mais moi, je dis que j'ai échoué. Et même pire. Que j'ai trahi ma propre cause par ignorance. Ouais. Voilà.

Des trucs, j'en ai lu. J'ai tout fait pour la contre-balancer, cette putain d'ignorance. Les philosophes, les romanciers, les mystiques, tous les bouquins où y'avait le mot « Dieu » dedans, je prenais. Je lisais. Je me suis dit que Robb venu m'apprendre à lire, c'était une bénédiction, c'était ce que Tu voulais. J'avais complètement oublié à quel point l'absurde, c'était la vie. Ou la vie, tissée dans l'absurde. Un peu comme le Grey T. Le monde peut être vu comme une vaste décharge à ciel ouvert, avec son lot d'insectes rampants qui cherchent à y trouver quelque chose de bon. Et son lot de grouillants, aussi, qui étouffent juste un peu plus la merde sous la merde.

Mais qu'est-ce que tu veux. Quand t'as que ta gueule, et ta conviction, tu finis par te renfermer sur toi. C'est pas les rares séjours dans les couvents qui allaient me remplir de calme et de sérénité, surtout vu l'allure qu'ils avaient. Des maisons de dingues. J'étais sans doute celle qui avait le moins de sang sur les mains, parmi toutes les sœurs. Adrienne, t'étais la seule personne sensée dans cet ordre de fous furieux. Ou alors, c'est moi qui déraille vraiment, vraiment, vraiment.


-Ma'moiselle ? J'vous sers quoi ?
-Scotch, avec de la glace.

J'évite de boire, d'habitude. L'alcool, je sais que ça me rend violente. Mais juste un seul verre, juste pour m'éclaircir un peu la vue... Je le ferais durer et j'en reprendrais pas. De toutes façons, l'ordre me laisse pas assez d'argent pour me payer des cuites à répétition. Heureusement, manquerait plus que ça.

Une petite île tranquille pour matelots retraités. Voilà ce qu'est Valhala. Quand le patron revient me donner mon scotch, il sourit, sifflote, balance négligemment son torchon pour chasser une mouche. On voit à son sourire que jamais personne n'a trucidé personne, entre ses murs à lui. Il vit sa bonne petite vie en bourgeois, heureux. Il se soucie que peu du jeune forban paranoïaque, vil par principe et destructeur qui viendrait bien, tôt ou tard, provoquer un génocide dans son établissement. Ça, je l'avais lu quelque part. C'était comme une loi physique. Les petites tavernes sans histoires finissaient toujours par connaître un drame mettant en jeu des vies, de l'argent et de l'honneur mal gagné.

Mmh.

Bon. Ça me dit pas ce que je vais faire. L'ordre, ça a été mon seul guide depuis Julius, et depuis le jour où l'œil du monde a décidé que je devais un peu plus me fier à lui. Sauf qu'au quotidien, même si c'est bien d'avoir des principes, c'est pas possible de se passer des autres. Tout le problème, en deux mots : que faire ? Que faire, pour agir en juste ?

La Juste Violence, c'était pas une bonne solution. J'ai souvent été violente, mais jamais vraiment par justice. Un coup, c'était un con qui avait trouvé le moyen de chier sur mes principes. Ça, j'aime pas. Une autre fois, on m'avait volé toutes mes affaires. J'ai cassé des gueules pour tout récupérer, et le soir même, mon livre de chevet est venu m'en faire le reproche.


« On a versé ton huile, on t'a dérobé ton vin ? Dis sur tout cela, c'est à ce prix qu'on vend la tranquillité, c'est à ce prix qu'on vend la liberté. On a rien pour rien. »

Ouais, mes bouquins à moi, ils m'engueulent. Sur le coup, j'ai envoyé celui-là contre le premier mur venu. Parce qu'il avait raison. J'avais sacrifié mon calme pour aller récupérer trois fringues et une poignée de berrys. Et une fois lancée, j'avais joué les ouragans. Les trognes, je les ai pas juste défoncées. Je les ai hachées au cutter. Et j'ai poussé le vice jusqu'à trancher les mains qui avaient volé. J'avais lu ça dans un autre livre. Sur le coup, j'avais trouvé ça con, mais à croire que ça m'avait un peu inspirée.

-Et vous venez d'loin comme ça, m'amoiselle ? Voyagez toute seule ?
-Oh non, ça fait longtemps que je suis sur South Blue.
-Vraiment ? Pardonnez, mais je serais bien curieuse de savoir c'que vous faites de beau, pour venir par ici. C'est qu'les navettes sont rares.
-J'ai un petit voilier au port. Si c'est ça qui vous inquiète, je ne suis pas une criminelle.
-Ah, ça, jamais je me serais permis !
-Dans ce cas, pas de problème.

Je suis cassante, et je le sais. Désolée, mais j'ai besoin de passer un peu de temps avec moi-même. En plus, t'as des clients. Même un vieux, le genre croulant qui vient d'entrer. Une goutte entre deux crises de goutte, des fois que ça puisse contrecarrer le mauvais sort. La bonne goutte contre la mauvaise, qui gagnera le match ?

Ah, mais non. Lui aussi, il a décidé de porter son intérêt sur autre chose que le comptoir, on dirait. Bordel, ça empeste le graveleux et la vieillesse lubrique, d'un coup.

Je le regarde, le voilà qui bave. J'ai bien envie de la lui faire ravaler, mais...


« Si quelqu'un livrait ton corps à la discrétion du premier venu, tu en serais sans doute très fâché. »

Ouais, et en plus, j'ai déjà donné. Donc...

« ... et lorsque toi-même, tu abandonnes ton âme au premier venu, afin que s'il te dit des injures, elle en soit émue ou troublée, tu n'en rougis pas ? »

Bon, donc faut pas s'énerver. Courage Serena, c'est juste un gentil papy un peu perdu qui a des emmerdes avec la ménopause de sa gonzesse. On souffle, et on fait l'effort.

-Oui, bonjour ?
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C'est un fait. La glorieuse époque de Pludbus Céldèborde est loin derrière lui. La première en tout cas, et en ces temps incertains, la deuxième allait bientôt s'amorcer. On était, pour l'heure, dans un creux entre vagues. Époque tristounette où la légende ne brillait plus par ces actions d'éclat, mais époque qui a eu son utilité. Fort de son expérience et de sa sagesse uniques, l'ex-amiral en chef l'enseignait avec une ferveur fanatique. Nombreux ont été ceux à entendre ces mots. Bien rares ont été ceux à s'en souvenir. Les grands hommes sont toujours peu reconnus de leur vivant et les sages réflexions de l'ancêtre ne pouvaient trouver leur sens qu'après sa mort. Toutefois, ou malheureusement, cet événement ne devrait pas se produire avant quelques années. Malgré le peu d'attention qu'on lui apportait à cette époque, il est bon de préciser qu'il existait un certain nombre d'individus qui glorifiaient Pludbus à juste titre. Des hommes ; et rarement des femmes ; qui tenait l'ancêtre en très haute estime au point de l'élever au rang de meilleur amiral en chef de la marine, un titre qu'il acceptait en toute humilité.

Qui sont ces gens ? Ces gens sont souvent traités en parias pour leur folie. Mais tout comme le maitre reste incompris, les élèves le sont aussi. Ils le vivent bien. Mais qui sont-ils vraiment ? La majorité d'entre eux sont des fils, des petits fils, voire même des arrières petits fils d'anciens officiers de la marine ayant servi à l'époque du solide commandant de Pludbus. Embrigadé par des ancêtres complètement séniles et fous, ils se sont mis en tête que, oui, Pludbus est un héros et il est appelé à réaliser de grandes choses encore. Combien sont ces individus ? Quelques dizaines tout au plus. Ils ne sont pas une gêne. Certains sont même extrêmement compétents. En règle générale, ils sont dispersés sur les océans, entretenant le culte de la personnalité du valeureux Céldèborde avec une dévotion sans faille, tentant parfois de convertir d'autres marines à leur sainte croyance. Les échecs sont quasi systématiques.

Hélas, ce jour-là, ils n'étaient pas dispersés. Ils étaient tous réunis sous le commandant direct de l'Amiral comme ils continuent à l'appeler. Celui-ci les a conviés sur cette ile de South Blue pour la grande cause. Ils allaient connaître le grand savoir du combat du Céldèborde ! Il allait leur enseigner les plus grands stratagèmes et ces plus grandes réflexions. Chaque mot était une pépite. Ils les recueillaient avec une précaution terrible. Imaginez ! Imaginez une quarantaine d'hommes et quelques femmes, réunies sur cette ile tranquille, pour une sorte de grande messe en l'honneur de Pludbus Céldèborde ! Certains auraient dit que l'évènement nécessitait d'être marqué d'une pierre blanche. D'autres craignirent une catastrophe terrible. Chacun eut raison.

Alors que le contingent se reposait après trois heures d'un discours enflammé de la part de Pludbus Céldèborde, ce dernier s'approcha du village. Du bar en particulier. Il avait soif. Il bavait beaucoup et il fallait boire avant de commencer les grands exercices militaires qu'il avait prévu. Il entra avec toute la prestance qui le caractérisait et il ne fallut guère longtemps pour s'apercevoir de la présence de la jeune femme. Il se bloqua sur place comme pris d'un affreux doute. Puis, son visage se transforma. La colère laissa place à ses traits plutôt joyeux d'avant. Furieusement, il s'approcha de Serena et lui attrapa le bras sans une once de galanterie.


CELENA CELDEBORDE !
C'est quoi ces manières de déserter !
On revient dans les rangs, tout de suite !


Évidemment, on ne peut que deviner aisément la réaction de Serena. Pludbus fut envoyé au sol. Ni trop doucement, ni trop fortement. Une once de pitié dans son geste ? Peut-être. Du point de vue de Pludbus, c'était assez compliqué. Sa petite nièce l'avait repoussé ? Non, il ne pouvait pas croire que sa propre famille fasse ça. Oui. Des membres des Céldèborde faisaient partie de la manœuvre. Parmi les fanatiques Pludiens, ils étaient au même rang que des demi-dieux du fait des liens familiaux qu'ils entretenaient avec leurs idoles. Les timbrés du Plud' leur vouaient un respect sans faille et c'est à peine s'ils osaient les regarder dans les yeux. La plus proche de Pludbus était Celena Céldèborde. Petite nièce assez lointaine, mais Céldèborde quand même. Elle n'était pas très fanatisée, mais elle avait du respect pour elle. Quand même. Ou de la pitié. À voir.

Donc non, elle ne pouvait l'avoir poussé exprès. Le visage de Pludbus se radoucit. C'est à ce moment-là que, alerté par les cris de Pludbus, l'officier en charge de tout ce beau monde entra. Plutôt grand et bel homme, il semblait briller dans ces yeux la flamme de l'idiotie. C'était le seul officier digne de ce nom qui appréciait Pludbus selon des arguments vieux de cinquante ans. Derrière lui, une jeune femme au visage boudeur se tenait. Une sergente.
Le colonel observa tour à tour Serena et Pludbus avant de s'exclamer.


Mais que voilà une situation drolatique ! Fifille debout. Papy estourbite au sol ! C'est incongru ? Serait-là une certaine dispute que je ne puissage pas connaître les raisons pour que vous futes fourbu à même le parterre ? G ! G !

À cela, Bernie Bo ajouta son plus beau sourire.
Derrière lui, la sergente Ellyn fit la mou avant de le bousculer sans aucune gêne. Le colonel ne sembla même pas s'en apercevoir tellement il était fixé sur Pludbus. Elle avisa Serena et la fixa d'un regard d'acier, du genre qu'on ne peut pas aisément lui dire non.


Tu viens avec moi. Tout de suite.

Et elle sortit.
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De la démence, en fait, pas de la lubricité. 'Tain, il m'a fait peur le con, à me sauter dessus comme ça ! Vrai que j'avais parlé en premier, mais on sort pas de ses pensées en claquant des doigts. Bon. Il s'est pas fait mal on dirait, c'est déjà ça. J'ai déjà eu assez d'emmerdes avec les Sœurs, c'est pas pour m'en faire ici. Je fais signe au patron, mais il me tourne le dos. On peut vraiment compter sur personne. Une fois pourtant, j'ai connu un bon barman. Il s'appelait Lloyd. Bon, il m'aimait pas bien, et moi non plus, du coup. Mais faut reconnaître que les piliers chiants et les débiles de passage, il savait les gérer. Sans brusquerie, juste ce qu'il fallait pour garder une atmosphère potable pour tous.

Bon Dieu, je savais bien que j'aurais du en profiter davantage, de cette soirée. Je suis pas certaine que pour moi, les bars auront encore un jour cette couleur. C'était une autre vie. Un endroit qui m'est vraiment interdit pour de bon, maintenant. Peut-être pas un mal, seigneur ? Mouais, non, désolée.

Enfin. Je vais pour retourner à mon verre, y'a rien à tirer du parti d'en face en ce qui me concerne. Sauf que non c'est pas possible. Le dément avait des copains. Bien cachés, hein, du genre à attendre que tu sois de nouveau posé pour venir taper au carreau.

Je touche le fond du verre de scotch en une gorgée. Les jacassements du nouveau venu me font mal au crâne, et y'a un peu de l'alcool qui me monte aux yeux. J'avais dit que ça me réussissait pas, hein ? Mais je me vois d'ici à mon chevet. M'en vouloir à me faire mal en lisant mon bouquin. Alors je vais jusqu'à prendre les deux mains – moites – du vieux pour l'aider à se remettre sur ses cannes. Il tremblote un peu. Je garde une main dans son dos, pas envie qu'il retourne embrasser le carrelage. Mais ça va, il tient... oui ? Oui, il tient.

J'affiche même ce qui s'apparente à une esquisse de sourire, en signe de victoire quand y'a une grosse qui se ramène. Le genre regard de glace, autoritaire, attention, je suis dans l'armée, ah ah, et je commande à des hommes, moi. Le genre qui a l'habitude de voir les autres ployer sous son joug. Les autres, c'est à dire, les mous de caractère auxquels ça fait peur, de dire « ta gueule » à quelqu'un qui sait le dire plus fort qu'eux. Bien un truc de militaire, ça, encore. Mais je suis pas dans ton truc, voilà. Tu vois ? Pas de galons, pas d'uniforme. Alors lâche-moi.

Te suivre. Tu te le fourres dans l'œil jusqu'à la rétine. De toutes façons, même pas besoin de dire non, elle est partie. Je me rassois. Un autre verre ? Aller, celui-là, je l'ai descendu trop vite à cause d'eux.


-Oh ! Quel panégyrique ! Vraiment, c'est insolite ! Loin de moi l'idée de venir tournebouler compagnie si illustre, petit père Pludbus !

Attend, Seigneur, tu pourrais la mettre sur pause ? Non, je sais. Mais c'est quoi son problème, au juste, à parler comme dans le dictionnaire ? Et pourquoi le vieux m'appelle encore Selena, et m'engueule en me tirant par la manche de ma vieille veste ? Ouais, j'ai lâché l'habit, les regards en coin, ça va cinq minutes. Il veut vraiment que je vienne, hein ? Bah aller, c'est bon, je vais venir. Perdu pour perdu, autant perdre son temps à plusieurs. De toutes façons, je suis pas sûre que je serais arrivée à mieux en restant là, et en vidant l'escarcelle sur le comptoir.

-C'est bon, je viens, je viens.
-Mirifique ! Renversant ! Je n'en crusse pas mes esgourdes, deux Céldeborde avec moi. Quelle fertilisante journée cela va-t-il augurer !

Puis bon, on sait jamais. Il y a des fois, on fait du miel à partir de fleurs qui poussent sur du fumier. Il paraît.



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Ah. Cette Ellyn. Toujours aussi boudeuse. L'ancêtre garda longtemps le regard dans le brouillard, fixant la dernière position reconnue des courbes gracieuses de la sergente. Quel homme ce Bernie. Qui aurait cru qu'il charmerait aussi rapidement une fille aussi sympathique et jolie ? Certes, elle avait de la concurrence avec Celena Céldèborde, même si la majorité des hommes présents sur cette ile affirmeront, on le verra, qu'il n'y a aucune possibilité de comparaison entre les deux femmes. Le colonel Bo usa de son charme et de son charisme fantastique pour amener Celena à accepter les ordres. Elle finit par sortir. Derrière, le marine resta un moment à côté de son idole sénile. Tous deux avaient le regard dans le vide.

Gourgandine.
Quoi ?
G ! G ! Non ! Je me suis mal exprimasse ! Je voulute vous dire toute la  joyasse qui me saisit quant à la vue de votre mirilifique petite nièce !
Ah … moi aussi. Je suis content.
Et … sinon … peut être vous futes au courant de si un quelconque malandrin partagerait sa vie ?
Euh … il ne me semble pas. Mais … dis moi Bernie, n'aurais tu pas des vues sur ma petite nièce ?
G ! G ! Que voilà l'esprit aiguisé du Céldèborde dégrisé ! Je suis eu ! Pardon de ma concupiscence !
Non ! Pas de problème. Vous avez ma bénédiction. Mais pour Ellyn, alors ?
Ellyn ?
Oui.
Je ne vois pas, non.
Elle.
Oui. Enfin, il me semble.
Vous deux ?
G ?
Ensemble ?
Ah bon ?
C'est faux ?
De quoi ?
Ensemble.
Ah non. Je suppute que non.
Je peux ?
De quoi ?
Concupisciez Ellyn ?
Faites ! Faites ! C'est … comment dire …
Un échange de bon procédés ?
Oui ! G ! G ! C'est ça !

Alors que des transactions sournoises se produisaient à l'intérieur, à l'extérieur, il s'en tramait d'autres. Les bras croisés, la sergente Ellyn donnait ses instructions à la cinquantaine de fans de Pludbus Céldèborde en rang impeccable devant elle, moins Celena Céldèborde qui semblait un peu touriste. Ellyn ne lui fit aucune remarque. De toute façon, son titre de Céldèborde lui conférait un statut qu'elle ne pouvait égaler. La mission des prochaines heures était claire. Il s'agissait d'une opération grandeur nature. La mission ? Un groupe allait avoir pour mission de capturer un appât. Leur tache est donc d'accomplir cette mission avec efficacité et discrétion. Ensuite, ils devaient garder le colis le plus longtemps en résistant au deuxième groupe chargé de libérer le prisonnier. Chaque poste permettait de renforcer certaines aptitudes en matière de précision et de stratégie. Quand tout fut clair, la question fatidique vint assez rapidement.

Qui fera l'appât, sergente Ellyn ?

À la base, ça devait être elle, l'appât. La perspective de se faire pourchasser par une vingtaine d'hommes ne lui disait rien de bien, mais la possibilité de se faire libérer par Bernie Bo lui laissait un goût de romantisme chevaleresque agréable. Et puis, elle vit Célena qui semblait l'insulter par son attitude désinvolte. Elle sourit.

C'est elle qui fera l'appât.

Tout le monde la regarda. Il eut un silence.

Vous avez compris, Celena Céldèborde ? C'est une tâche très importante. Messieurs, je compte sur vous.

Personne n'écoutait. Tout le monde était resté bloqué sur le « Céldèborde ». Imaginez-les. Des grands fans de Céldèborde qui se trouvaient subitement en face d'un membre de sa célèbre famille. Les regards se firent avides et les mains tremblèrent. Ils avaient devant eux une autre personne à aduler. Et même si Ellyn les menaça de toutes les sentences, ils furent nombreux à s'agglutiner autour d'elle pour la couvrir de questions diverses et variées. Et c'était sans compter ceux qui se permettaient de la toucher avec une prudence quasi religieuse comme si c'était une sainte qu'ils avaient en face d'eux.

D'autres avaient d'autres visions en tête. Eh oui. Des fans de Céldèborde. Certains aimeraient l'avoir comme père, mais c'est impossible. Ils aimeraient être de son sang. Mais il existe bien un moyen de l'être, un peu. Vous voyez ? Célena. Une femme. Des hommes. Une Union. Et ainsi entrer avec les honneurs dans la famille Céldèborde. Le rêve de tous ces fans. Et déjà, la compétition. Les regards méchants. Les coups de coude. Un peu d'intimidation avant de commencer l'exercice, car tout le monde était conscient qu'il fallait impressionner Celena dans l'épreuve qui approchait pour s'attirer ses charmes. Et ils allaient se donner à fond. Voire même trop
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Dernière édition par Pludbus Céldèborde le Mar 10 Sep 2013 - 17:17, édité 1 fois
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-Parce que j'ai une gueule à jouer les app...
-Oh ! Quelle noblesse d'âme, quelle dévotion ! Mais ne vous en faites pas, belle Celena. Nous ne sommes pas des brutes...
-Je veillerai personnellement à ce que nul ne vous fasse de mal, ou ne tente de froisser vos délicieux apparats ! Sans mauvais jeu de mot.

Mec, arrête, c'est ridicule, ils ont jamais été repassés de leur vie ceux là... puis même, c'est juste un treillis et un débardeur dégueu'...

-Non, mais...
-Quand tout sera fini, vous irez bien partager un verre avec le plus brave d'entre nous tous ? Hein ?
-Oh, oui ! Ça nous motiverait !
-Claquemurassez-donc un tant soit peu vos mandibules, faquins ! C'est avec moi que Celena se délectera du concupisc... G ! Du divin nectar qui revinsse au triomphateur ! G, G !
-Eh, là ! J'ai jamais dit que...
-C'est ce qu'on verra, Bernie !
-Ouais ! Que le meilleur gagne !
-Mais, j'ai pas dit que... putain !
-Aller, les groupes sont formés ! On se sépare, chacun sur sa plage ! L'exercice débute dans dix minutes. Rompez !

Merde, c'est dingue ! J'ai pas eu le temps d'en placer une qu'ils sont déjà partis en levant le poing. Le groupe du merdeux avec ses « G, G » et ses expressions qui sortent de nulle part, et celui de la connasse qui a l'air de pas bien kiffer l'idée que je sois de la partie... petit regard jaloux et vicieux au possible qui passe sur moi, pour se figer sur Bernie. Grand couillon, il s'en rend même pas compte. Il bloque sur moi, je crois que je peux rien y faire. Bah.

Bon, dans quoi je me suis fourrée ? Le vieux me dit de me cacher et de rester sur mes gardes... puis il m'appelle encore Celena. Un accent de Grand Line ? Dans la marine, à son âge, sûr qu'il doit revenir de loin. Et peut-être aussi qu'il voit plus bien clair. Eh, lui, pour un peu, je lui trouverais un côté touchant. Plus avoir tous ses moyens et avoir encore autant de jeunes autour de soi... ouais, sûr qu'il doit en avoir accompli des choses, dans sa vie. Aller. Tu sais quoi ? Tu viens de me mettre le sourire. J'vais jouer le jeu, j'vais faire comme si j'étais vraiment quelqu'un de ta famille. De toutes façons, c'est pas comme si j'avais grand chose à foutre.

J'ai déjà décidé de quitter les sœurs, et j'ai pas envie de commencer à me mettre la marine à dos, surtout pas pour une histoire de malentendu bizarre. Rendre un papy heureux, un papy qu'a du en baver plus d'une fois dans sa vie, ça me fait au moins un but pour la journée.

J'suis déjà partie.

Bon, par contre, même si c'est ce qui a du aider à la confusion, j'suis plutôt heureuse d'être plus ou moins en camouflage. Avec l'habitude de zoner au milieu de tous les connards qui dépeuplent le Grey T. à grands coups de surin, j'ai pris le pied furtif depuis assez longtemps. Grande gueule, sale caractère, ouais. Mais les sœurs, elles le disaient : j'suis pas mauvaise. Dieu s'est tourné vers moi, n'importe qui peut être sauvé tant qu'il lui reste un peu de bonté quelque part. Un truc qui fait signe vers le point zéro, un truc qui fait qu'on puisse accueillir quelque chose de plus grand que soi.

Penser à tout ça, ça doit me soigner, je me dis. Mes pas sont lestes, à peine si je fais du bruit en traversant les broussailles et en grimpant tout en haut d'un sapin. Je m'esquinte un peu dans la montée, l'arbre grince, mais il est costaud. En plus, il est en plein milieu d'un bosquet, bon courage pour me retrouver les gars. Donner un peu de distraction au papy, ouais, mais vous donner une occas' de frimer ou de venir m'emmerder, non merci. J'ai déjà donné, et au moins pour toute cette vie là. Et si jamais y'en avait d'autres, ça serait aussi bon pour les deux suivantes.

Je me cale tranquille, et je regarde un bec-croisé faire son nid juste au-dessus de moi, sur l'arbre d'à côté. Je pousse pas le vice jusqu'à m'allumer une clope, mais je pourrais. Pas demain la veille qu'ils me trouveront.

… mh ? Y'a pas eu comme un drôle de bruit, là ?

… ouais, non seulement y'a un bruit, mais en plus, y'a l'arbre qui tangue comme s'il essayait de se déraciner tout seul. Putain, comment ils ont fait pour me retrouver aussi vite ? Même pas ça fait dix minutes que je suis perchée, et j'ai rien qui dépasse des branches.

Petit coup d'œil vers le bas. J'vois rien c'est trop touffu. Impossible de me capter, j'ai dit. Et pourtant, je sens que ça approche, quoi que ce soit. Pas possible que ce soit les potes du papy, en fait... ou alors, ils font pas semblant d'être en rut, les cons. Ça grogne, ça renifle, ça se mouche dans le vide et ça gratte le tronc.

Bordel de Dieu pardon Seigneur, encore que, t'as le droit d'ouvrir les commerces que tu veux. Y'aurait même une explication métaphysique à...

Un ours. Un ours ! Ventre à merde...


-Weuh. Salut.

Grognement, j'fais mine de m'reculer un peu, mais je sais bien que c'est pas possible. Le pire, c'est que j'arrive même pas à avoir conscience du danger. Je regarde la bête, elle me regarde. Sa grosse patte balaye mes jambes, sa truffe sonde mes poches. J'ai une saloperie de loukoum au miel. Le genre de trucs que nous donne la mission pour toutes les fois où on doit gérer plusieurs jours en milieu hostile, et qu'il nous faut du sucre couplé à une texture suffisamment dégueulasse pour qu'on ait pas envie de manger trop souvent. Un bon truc de carême, et c'est carême tous les jours.

Pendue au-dessus du vide, je tiens bon d'une seule main et je choppe la poignée de glu alimentaire. Le temps de la lui passer sous la gueule histoire qu'il pige bien, je la lui balance par-dessus la tête ... et ce con, loin de redescendre à peu près en douceur, il me montre les crocs façon grand sourire mesquin, et il se jette au sol, les griffes simplement plantées dans le tronc pour ralentir sa chute. Ça remue tellement, j'ai beau m'accrocher, les branches pètent, y'a rien à y faire, je peux pas. Et s'il remonte, j'serais dans la merde.

Je tombe. Là, je commence à me dire que c'est mal barré, et que j'vais me casser un truc. Remarque, ça serait peut-être un chouette prétexte pour vraiment quitter les sœurs ? Les tapis d'épines, c'est toujours épais... je survivrai, puis de toutes façons, ça, par-rapport à pas mal d'autres trucs, c'est juste...


-... tch ! … Oh ?

J'suis tombée sur un truc doux. Et moelleux, tout chaud, et qui rugit à te cisailler les tympans d'un sourd. Aussi. L'ours, putain. Et ce con, il le prend mal, en plus. Plus le temps pour négocier, je m'barre comme je peux, en m'empêtrant les pieds dans le sol meuble et les racines. Avec le monstre qui fait trembler le sol derrière moi, et que j'ose même pas regarder. J'suis toute à ma course, et je gueule à l'aide. Ouais, ouais, l'appât, ça, je l'ai bien faite ! Y'a de quoi manger pour un régiment, là-dessus !

...si c'est pas le régiment qui se fait bouffer en premier. Ou le papy qui me voit débouler avec Bouba au cul...

Accroche-toi à ta sciatique, l'ancêtre. Faut retrouver tes hommes, et prier pour qu'ils aient pas leurs armes chargées à blanc !
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Célena partie, le premier groupe partit à sa poursuite avec cinq minutes de retard. Le deuxième groupe fit de même sur le premier. Les prédateurs étaient lâchés et chacun escompté l'avoir ; la part du lion. Ellyn courrait. Elle ne participait pas à la mission, non, elle était juste censée observer les actions des jeunes marines. Elle courait pour deux raisons. La première, c'était qu'elle voulait rattraper Bernie qui était parti à la poursuite de Célena avec un entrain assez incongru ; il n'avait jamais couru après Ellyn de la sorte. L'autre souci, c'était Pludbus qui courait dans sa direction avec un entrain, lui aussi, assez incroyable. C'était suspect. Trop. Celena accéléra au point de dépasser la dépense d'énergie de Pludbus procuré par son énergie lubrique du moment. La promesse d'une concupiscence n'est pas aussi forte que la peur d'une demoiselle en détresse couplée à l'appréhension d'avoir un amoureux infidèle.

Colonel Bo !
G ? Ouiiii ? Que voulutent vous ?
Attendez-moi !
G ! G ! noon ! Ce que vous évoquez et totalement déplacé ! C'est caustique ! Je me dois de faire la quête aux parfums éphémères et aux promesses impubères !
Mais !
Accompagnez donc le parangon du saint homme !
Qui ?
Vous vous moquâtes ? C'est Pludbus !

Et il s'en alla, sautillant gaiement vers la dernière position signalée de Célena sous le regard effrayé d'Ellyn. La laisser entre les mains malhabiles de Pludbus, il en fallait moins pour caractériser un acte de barbarie. Le vieillard finit par rattraper Ellyn, soufflant comme un bœuf sans en avoir le physique, au sens propre comme au sens figuré.


Oh ! Ellyn ! Merci de m'avoir entendue.


♥♥♥

Dans la dizaine de minutes qui suivies, les deux groupes de marines passèrent les environs au peigne fin. Enfin, ils estimaient être assez fins ce que d'autres n'auraient pas vraiment dit à leur sujet. Qu'importe. Les résultats étaient consternants. Malgré une bonne volonté animée par des désirs passés sous silence, la cinquantaine d'adorateurs de Céldèborde ne purent mettre la main baladeuse sur Célena. Ce manque flagrant de réussites finit par échauffer les esprits aux dépens de certaines autres parties du corps précédemment sollicités. Et alors que les deux factions de marines se regroupaient, bredouilles, les premières accusations fusèrent. Certains prétendaient que l'autre équipe l'avait trouvé et enlevé pour que son sauveur ne puisse pas la libérer héroïquement. D'autre accusé de pervers ayant choqué Célena au point de la faire fuir. Enfin, Bernie Bo mit les deux pieds dans le plat en disant très clairement qu'au final, Célena sera pour lui seul. Évidemment, ils approuvèrent tous.

Jamais de la vie !
Célena ne veut que moi !
Elle m'a fixée tout à l'heure ! C'est moi qu'elle désire !
Quand elle m'a regardée, elle a souri, vous avez tout faux !
Je suis l'élu de son cœur !

G ! G ! Pludbus m'a donné sa bénédiction concupiscente ! Vous ne putes prétendre à vos éphémères et superflus désirs !
Le grand Céldèborde ne fera jamais ça ! Il m'a dit qu'il me considérait comme son fils !
Nan ! C'est moi !
Moi comme son petit fils !
Moi comme son beau-fils ! Céléna est à moi !

G ! Je vous ordonnâtes de vous stopper !
Jamais !
Insubordination !
Pour ma bien-aimée ! Celéna !
Nan, la mienne !
Crève !
Va au diable !

G ! GGGGGG !!!!

Dans la clairière paisible, une bataille éclata. Pas de camp. Juste des êtres solitaires prêt à tout pour s'imposer et gagner le cœur de Célena. Et les plus romantiques se mirent en tête que leur promise les regardait, attendant le vainqueur, fébrile, telle une pauvre fleur ballotté par les vents contraires.
Un combat plein d'ardeurs.



♥♥♥
Pendant ce temps là, non loin.

Ellyn … Je crois que nous avons commencé sur de mauvaises bases …
Oui … en effet.
Pouvez-vous me regarder ? Je me perds sans la lumière de vos yeux.
Et moi, je me perds dans l'obscurité des vôtres.
Ooh. C'est gentil. Je savais bien que vous étiez gentille. Et adorable …
C'est mes fesses que vous touchez.
Ah ? Ma main a glissé malencontreusement sur vos courbes délicates... Aïe !
Oups. Pardon. Mon poing a malencontreusement percuté vos solides abdominaux.
AH ? Hé... Il ne suffit que d'un mot pour que vous puissiez les admirer …
J'en mourrais …
Oh oui. Ils sont tellement … séduisants.
Mon dieu …
Appelez-moi juste Pludbus.
Regardez !
Je ne fais que ça.
Non, pas là ! Là !

Là, c'était Célena qui avait soudainement envie de faire de la course, aidée par un ours au sommet de sa forme et montrant les dents. Mais Pludbus n'allait pas se laisser faire. Il avait vu Ellyn avant. C'était son morceau de viande. Dans un acte possessif au lieu d'être héroïque, Pludbus se plaça devant Ellyn, barrant la route de l'ours. Ellyn eut le réflexe intelligent de reculer de trois pas. Célena passa à côté de l'ancêtre tandis que l'ours fonçait sur le vieux. Hélas pour l'humanité, le vieux n'était pas au goût du carnivore et d'un coup de tête, il fit valser le poids léger dans les airs pour atterrir … sur la croupe de l'ours. Pas exactement la croupe qu'il aurait aimé avoir. Dans un réflexe incroyable, il parvint à se plaquer en avant, évitant de tomber sous les mouvements de pattes de la bête. Ellyn se mit à le poursuivre, sans gaité de cœur. Céléna continuait à courir.

Tout le monde s'éclate.

Célena eut la bonne idée de rejoindre les autres marines. Elle déboula en plein dans la clairière, suivi de près par l'ours et Ellyn. Dans ladite clairière, les combats avaient déjà fait pas mal de dégâts et Bernie Bo, avec son coquard à l’œil gauche et sa lèvre en sang faisait office de mec le plus indemne du groupe. Pludbus vit tout cela et s'en inquiéta.


Au secouuuuuuurs !


Il s'inquiéta pour lui. Les marines ne le comprirent pas ainsi. Ils s'inquiétaient pour Célena. Le vénérable Pludbus avait probablement dit « allez au secours de Célena ». Évidemment. Du coup, ils cessèrent tous de se foutre sur la gueule pour sauver Célena. Certains de porter secours directement à Célena plus pour se faire mousser qu'autre chose. D'autres tentèrent d'arrêter l'ours. L'un fit le même trajet que Pludbus, sauf qu'il atterrit sur la croupe de Pludbus.

Ce qui était quand même beaucoup moins classe.


♥♥♥

Non loin de là, dans un arbre. Deux hommes observaient la scène à la jumelle. L'un paraissait assez jeune. L'autre était un peu plus vieux, un peu plus expérimenté.

'tin, c'est vraiment une planque inconfortable.
Crois en mon expérience, c'est la meilleure. Apprends toujours de tes ainés, c'est comme ça qu'on devient un bon agent. Et la dissimulation, c'est important.
Ouai, 'fin, j'avais postulé au CP2 moi, pas au CP3. Tout ça parce que j'ai mal écrit le deux. Ils ont compris trois. Fonctionnaire de merde …
Eh bah, c'est pas avec cette mentalité que tu vas changer. Il existe bien pire que ça. Regarde moi, je suis chargé de surveiller le Colonel Bernie Bo. Et tout le monde sait que c'est pas une lumière dans le service.
Ah ouai ?
Tu le savais pas ? Mais ça fait combien de temps que t'es dans le service ?
Mec ? T'as oublié ? Je dois surveiller Pludbus Céldèborde.
Ah ah ah ! Ah oui ! C'est vrai que suivre cette relique du siècle dernier fait partie du bizutage classique des nouveaux. Ah ah. On est tous passés par là, mec. Je me souviens de ma surveillance à moi … j'ai dû voire l'anatomie entière du vieux sous tout les aspects.
Sale.
Je te le fais pas dire.
Tiens … ça bouge.
Ils ont fini de se foutre sur la gueule ?
Ouai. Y a un ours.
Ah ?
Et ils vont vers nous ?
Ah.
On fait quoi ?
Il y a une deuxième compétence qui te sera très utile. Ça n'a rien à voir avec le ciphel pol, mais c'est une compétence que tout homme doit connaître.
C'est quoi ?
L'art de la fuite.

♥♥♥

Encore plus loin, dans un buisson, deux hommes observaient à la jumelle les deux individus dans l'arbre.


Ils ont vraiment une planque merdique.
C'est le ciphel pol trois.
Ouai, c'est vrai que nous autres, du ciphel pol zéro, on est quand même beaucoup plus intelligent.
Tu l'as dit.
Ils surveillent qui, le tien ?
Bernie Bo.
Ahah. Moi j'ai pire, il doit surveiller Pludbus.
Ahah. Ça doit être un petit jeune.
Comment tu sais ça ?
J'ai débuté par le ciphel pol trois...
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J'cours comme je peux, en priant pour que ces débiles pensent qu'ils sont armés, où qu'ils soient, qu'ils peuvent tenter quelque chose contre la boule de fourrure hargneuse qui nous court après. Nous ? … en fait, moi. La copine de Cèldéborde est derrière, le vieux, dessus. C'est drôle, j'ai même pas l'impression de risquer ma vie. Même pas un peu. C'est trop... burlesque. Et puis, on est entre camarades, dans un sens, non ? On fait un jeu de piste dans les bois. Pour un peu, j'serais presque prête à croire que l'ours, c'est une farce, que le type va bientôt lâcher son costume en rigolant.
L'impression est encore accentuée quand j'vois deux types sortir d'un buisson, comme des lapins levés de leur terrier. Ils détalent avec moi, joyeusement. Rapidement, aussi. En fait, j'ai même pas eu le temps de capter que leurs pieds avaient touché le sol qu'ils s'étaient envolés. Oh. Pour un peu, j'serais presque emportée en-dehors de mon humeur blasée. Rien me surprend, ces jours-ci. Mais là, faut avouer qu'ils ont fait fort.  

J'accélère encore un peu. L'exercice physique me fait du bien, me sort de ma torpeur. J'cuve l'alcool ingurgité à sec, les nuits de réflexion trop denses. J'suis de nouveau dans le présent, habitée. Un ours au cul, et au moins vingt lubriques qui rodent aux alentours.

D'ailleurs, en parlant du loup...

… ah bah non. Même pas. C'était un rapace. Coup d'œil derrière moi. La fille cherche à tirer en courant, mais elle a pas trop l'air de vouloir se décider. Tant mieux, j'aimerais pas qu'elle fasse du mal à l'ancien. J'serais mieux placée pour faire quelque chose, mais j'suis pas en mission. Mes armes habituelles – canons sciés, mousquets, bazookas expérimentaux – je les ai rendues aux sœurs y'a déjà un moment. J'ai même pas un couteau, juste une dague qu'est pas faite pour tuer. J'irais pas tester sur un ours. Y'a qu'à tenir bon et essayer de trouver l'autre tripotée d'imbéciles qui doivent être en train de se foutre joyeusement sur la gueule plutôt que d'agir en commun pour me retrouver. J'savais que c'était une idée douteuse pour un exercice ! Ça serait juste une blague du vieux pour montrer à tout le monde à quel point l'esprit d'équipe par-delà les intérêts particuliers, c'est important, ça m'étonnerait pas. Ça serait même un peu logique. On lui a peut-être confié de vrais déglingués, qu'ont besoin d'un modèle sans trop qu'on leur dise ? J'sais pas trop comment ça se passe dans les rangs. Si ça se trouve, y'a des petites magouilles dans ce genre là.

J'amorce un virage. Avec le boucan qu'on fait, si j'arrive à tenir le temps qu'on se rapproche d'eux à portée de son, on sera tous sauvés. Et j'suis endurante. Simple, j'ai passé les plus folles années de ma vie à cavaler ou bien entre les poubelles, ou bien dans les bois. Et en robe de nonne, trop facile sinon. J'force mon souffle à combler mes bronches, j'expulse ; mes rangers grattent la terre, demi-tour audacieux, direction l'autre côté de l'île !

* * *

-Hé, chhht !
-Mon œil ! Mon œil !
-Lâche-moi !
-Selenaaa !

-Mais puisque je relate que le sortable Pludbus me validâte comme seul extravaguant dans la concupiscence !
-La ferme, Bernie !
-Oh ! Vous entendez pas quelque chose ?
-Hein ?
-Eh ?
-... De quoi ?

-G ! Quel mirifique plantigrade que voilà !
[b]-Un ours !
-Selena !
-Mon amiral !
-Arrête, tu risques de la toucher !
-De le toucher !
-De les toucher, Ellyn court derrière !
-Mignonne aussi, tiens...
-Je vinsse vous soustraire à ces grosses patoches, Selena !

Le bruit d'une balle dans mon dos. Il continue à courir, sûrement, il a pas rugit. J'risque un œil, pour voir que mon meilleur ami du jour a changé de cible. Il est pas con, il a compris qu'il y avait plus à bouffer de ce côté. Plus de danger à écraser, aussi. Aller, démerdez-vous, faites gaffe au vieux. Je file. Ce petit sentier tombe à pic, tiens, j'vais me retrouver une bonne cachette peinarde. Fumer une clope. Et attendre que ça se passe. On s'amuse hein ?

* * *

-Pas mal, ton Geppou.
-Merci. On est pas un peu à découvert, là ?
-Si. Tu as vu comment elle courait ?
-Euh ?
-Je suis certain qu'elle ferait des merveilles dans l'apprentissage du rokushiki !
-Elle a peut-être autre chose à faire ?
-Tu serais pas content qu'on soit chargés de la former ?
-Tu y penses vraiment ?
-Oui.

* * *

-Ils y pensent vraiment ?
-Ah, la jeunesse...

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Il y a plusieurs mois, un paysan a découvert par hasard, en labourant son champ, des morceaux d’un vase qui semblaient vieux de plusieurs siècles. Étonné, l’individu l’a dit à sa femme qui s’est tout de suite demandé si ça pouvait se vendre. C’est qu’elle avait vu un beau collier dans la bijouterie de l’ile et que son anniversaire n’était plus très loin. À cinq mois près. Le lendemain, le couple délaissa leur terre pour venir en ville et en parler aux érudits ; les espèces de vieux qui s’y connaissent en beaucoup de choses sans avoir une étiquette bien définie à leurs oreilles. Et puis, érudit, c’est un nom plutôt classe. Alors, ça les arrange bien. Lesdits érudits furent tout aussi étonnés que le paysan à la vue de cette pièce antique alors que, malgré leurs connaissances pointues dans l’histoire de leur ile, ils n’ont jamais pensé à ce que l’ile ait pu, un jour, abriter un peuple plus évolué que les présents locataires. En échange de l’information, les érudits donnèrent quelques Berrys au fermier qui ne mit pas cinq minutes pour les dépenser dans le débit de boisson le plus proche.

Jusqu’au soir, sa femme lui fit la gueule.

Les érudits en parlèrent à d’autres érudits qui en parlèrent à des historiens qui, eux, étaient plutôt balèzes dans leur profession. Ce genre de discussion n’étant pas des plus secrètes, l’information finit par parvenir aux grandes oreilles du Gouvernement Mondial. Grandes oreilles qui avaient à disposition des petites mains spécialisées dans la recherche de grands trésors. Et, ça tombait bien, certaines petites mains ne savaient pas quoi faire de leurs propres mains. Du coup, on envoya un duo d’agent, ce qui faisait tout de même quatre mains, pour juger de la véracité de cette rumeur et, peut-être, découvrir sous cette terre aussi perdue que cultivé, les vestiges d’une cité d’or aux richesses phénoménales. Et pourquoi pas une arme antique ? Un ponéglyphe ?!

Non. Personne n’y avait songé. C’était une ile perdue. C’est pour ça qu’on y envoya deux débutants au ciphel Pol deux. Pas une grosse perte qu’ils disaient. Comme s’ils y avaient autre chose à faire. Mais comme diraient les plus expérimentés du Ciphel Pol deux, vaut mieux s’enterrer dans un trou perdu avec un hôtel quatre étoiles que dans un trou perdu sans hôtel. Et puis, les deux nouveaux aimaient bien le camping, ça les dérangeait pas. Une fois arrivés sur l’ile, ils payèrent une coquette somme au paysan pour qu’ils leur laissent une partie du champ pour faire leur fouille. Le paysan accepta, estimant que c’était deux fois plus rentable que les betteraves qui devaient être mises là. Toutefois, sa femme n’eut toujours pas droit à son collier.
C’est ainsi que commença une mission du Ciphel Pol Deux.

Dit Tex, qu’est-ce qu’on va aujourd’hui ?
La même chose que tous les jours, Nust ! Tentez de trouver des richesses !
Comment ?
En creusant !

Petit cérémonial avant de recommencer à creuser. Au milieu du champ, c’est un trou de vingt mètres de profondeur qui s’offraient à la vue des poules qui appréciaient le paysage en bondant des œufs dans le chapeau de Tex. Tous les soirs, c’était omelette.
Et ils creusaient. Ils creusaient. Ils creusaient encore. Parfois, ils butaient contre quelque chose. Et là, leurs yeux s’ouvraient, leurs bouches dessinaient un sourire victorieux, et, prenant des milliers de précautions, ils sortaient de terre des reliques de l’ancien temps : une botte. Une théière. Un os. Un paquet de cigarettes. Ce dernier les intimida beaucoup. Parce que c’était exactement les mêmes cigarettes que celle que fume Nust. Une civilisation aussi ancienne qui fumait ses propres cigarettes ? C’était un mystère qu’il fallait éclaircir, mais heureusement, ce n’était pas leurs affaires. Eux, ils s’occupent des richesses et des trucs inanimés. Nust prit la pièce à conviction quand Tex eut le dos tourné. Il venait justement de perdre les siennes.

C’était justement à ce moment-là que Tex s’était aperçu de la chose et qu’il le reprochait à Nust.

Nan mais tu me déçois ! Frère !
Je suis désolé ! Mais j’avais trop envie de fumer !
M’en fiche ! T’aurais pu au moins me le dire ! ça fait vingt ans qu’on se connait. Et tu me fais un coup pareil ? Nan, sérieux, ça fait mal à mon petit cœur.
Tex ! Pardonne-moi !
J’en tremble tellement je suis pas content !
Moi aussi…
De quoi ?
Je tremble aussi.

Tout tremble en fait.

Et c’est là qu’au fond de leur trou, le ciel s’obscurcit d’un coup. Ledit ciel ressemblait maintenant à une grosse boule de chairs avec quatre pattes et un truc assez moche dessus. Les deux agents se regardèrent avant d’utiliser une technique que l’on connait déjà bien ; l’art de la fuite. Mais l’art de la fuite en Geppou, c’est carrément plus classe. Sauf que Tex et Nust n’ont jamais eu droit à leur cours de Geppou. Les demandes se sont perdues dans le marécage administratif du Ciphel Pol. Et comme le Geppou n’est pas très utile pour chasser le trésor, la demande n’a pas été reformulée. Du coup, les deux agents grimpèrent en vitesse pour s’éloigner du monstre. Le monstre en question était évidemment l’ours qui transportait l’inimitable Pludbus Céldèborde. N’ayant pas vu ledit trou, il y tomba lourdement. Ceci faisant, Pludbus atterrit juste après lui, mais le vieil homme, toujours plein de ressources, rebondit sur l’animal et parvint à s’accrocher à une botte et à une théière qui trainait plus haut, à moitié enseveli sous la terre.

Voyant leur maitre à penser en danger à peine à quelques mètres au dessus de la gueule affamée de l’ours, les fidèles marines s’élancèrent à son secours, formant une chaine humaine, chacun attrapant l’autre par les pieds afin d’attraper Pludbus. Mais le problème, c’est que chacun voulait être celui qui le sauverait. Celui qui sera le visage du sauvetage. Et celui qui aura la main de la nièce de Pludbus, forcément. Trop indiscipliné pour se mettre d’accord, c’est finalement Nust et Tex qui récupérèrent le vieux au passage en se demandant bien ce qui pouvait se passer ici.
Et c’est là qu’ils s’aperçurent d’un problème.

Mais où est Celena ?

Ils regardèrent partout. Personne. Pourtant, elle devait être là, quelque part ! Mais non, elle avait tout simplement disparu. Mais personne n’y croyait. Déjà, les regards suspicieux se tournèrent vers Nust et Tex qui se demandaient bien qui pouvait être cette Celena. Pludbus aussi s’interrogeait sur l’absence de sa nièce. Il s’interrogeait aussi sur l’absence de Bernie. Mais quand il vit Ellyn, ses interrogations se changèrent en une seule et unique : le plotage serait-il de circonstance ?

Les esprits s’échauffaient. Et pas que les esprits pour certains.

-Ils l’ont enlevé ! Ils ont enlevé notre rayon de soleil !
-À MORT !
-Mais enfin !
-Fouillez tout ! Détruisez tout !
-Même la ferme ?
-Même la ferme !

Ellyn ne put les contrôler. Elle parvint à contrôler Pludbus d’un genou remonté bien placer. L’habitude. Plus loin, un fermier ouvrit subitement la porte de la chambre où sa femme était en train de s’habiller. Elle cligna des yeux. Surprise. Puis elle ouvrit grands les yeux.

-Tu y as pensé ?! Mon cadeau ?!!
-On se fait attaquer !

Ni une ni deux, il prit sa femme sur son épaule et s’empressa de quitter les lieux avant qu’une vingtaine de marines n’envahissent les lieux. Plus loin, deux agents du Ciphel Pol, saucissonnés par des épis de blé, maudissaient l’institution de ne pas leur avoir appris le Kami-E.

***

Merde, on l’a perdue !
Moi, j’ai perdu le vieux.

Quoi ?
Mais t’es dégueulasse …
Ah non ! C’est pas ce que tu croyais ! Je parlais par rapport à ma mission !
Prout la mission ! Il va rien se passer ! J’m’y connais ! à part une atteinte à la pudeur, évidemment.
Ils le sauront pas … héhé.
Je parlais de Pludbus.
Ah.
Ce qui fait chier, c’est qu’il y a toujours mon client dans l’autre coin.
Ouai …

***

Celena ? Ou que vous etiasses cacher ? Vous eussiez trouvé une cachette ? C’est drolatique, mais c’est fort peu commodeux de parcourasse cet endroit pas très accueillant ! Je meurs de vous trouver ! G ! G !

***

Hé … et si on les prenait de vitesse ?
Genre on montre toute l’étendue du talent des agents du Ciphel pol Zéro ?
Ouai !
Pas d’accord.
Hein !?
Je suis plutôt fan de montrer toute l’étendue du talent des agents du Ciphel pol Zéro et de les laisser s’amuser avec Bernie.
Oh oh ! Diabolique !
Je sais.

***

Celenaaaaaaaa !


***

Dans la ville, il se tramait des choses bien moins sordides que sous les bois, mais bien plus important. Il y avait là un vieil homme et un jeune prenant des notes avec assiduités. Le vieux, c’est un agent du ciphel pol. Encore ? C’est qu’il est du Ciphel Pol un, celui qui s’occupe de la propagande et des relations avec les gouvernements indépendants. Qu’est ce qu’il fout là ? Rien dirait certains. Ils renchériraient même par un « comme d’habitude ». Pas très loin de la vérité, parfois, mais le vieil agent n’aime pas qu’on dise ça de son métier depuis qu’il est devenu agent. Et c’est pour montrer l’utilité de son service qu’il a fait appel à un jeune novice du ciphel pol cinq pour le motiver, un jour, à rejoindre son service fort peu convoiter.

Leur présence ici est assez simple. La propagande. Et il est toujours intéressant à ce que tous les gens soient convaincus des bienfaits du gouvernement mondial. Toutefois, les petites iles, on s’en fiche quand même. C’est pour ça que le vieil homme fait ça sur ses RTTs, magouillant un peu le système pour récupérer un jeune agent du CP5 pendant ce laps de temps. Ainsi, les deux agents du gouvernement vantaient les bienfaits du Gouvernement Mondial à une petite troupe d’individus beaucoup plus intéressés par la tournée générale promise par ledit agent que par le discours patriotique. Soudain, un homme entra dans la taverne, affolée.

Des marines ont attaqué des fermes ! Pas loin du site de fouilles !

Tout de suite, les regards se sont tournés vers les deux agents. Dans le coin, on se laisse pas trop faire. Pas affolé du tout, l’agent du CP1 glissa quelques mots à son voisin et novice.

Regarde un peu comment on tourne une situation à son avantage.

Il se leva de sa chaise avant de parler avec le plus grand des sérieux.

Ce ne sont pas des marines, fiers citoyens du Gouvernement Mondial ! Ce sont des révolutionnaires ! Oui ! Des révolutionnaires qui ont pris l’uniforme pour mieux se faufiler parmi nous ! Les avez-vous vus ? Probablement pas. Mais si vous les avez vus, avez-vous vu des marines ? Je vous dis que non. Ce sont des faux ! Ils viennent ici apporter le sang et la mort. Ils s’en sont pris à un site de fouille ? Ils veulent vos richesses pour financer leur guerre totalitaire ! Ne vous laissez pas faire, peuple libre ! Il vous faut combattre votre ennemi ! L’ennemi du Gouvernement Mondial ! L’ennemi du monde civilisé.


Instant de silence.

Et puis, les révolutionnaires mangent les enfants.

Les citoyens hurlèrent de rage, convaincus qu’il fallait agir. De plus, certains avaient vu ladite troupe de marine. Et ils ne ressemblaient pas aux marines que l’on voyait dans les parades. Bien trop dissiper. C’était surement là le signe d’une armée révolutionnaire sans aucune rigueur. Classique. Les chaises furent poussées et les hommes sortirent chercher leurs armes. L’agent sourit et se tourna vers son compère.

Tu vois ? En quelques mots, on peut changer la face du monde et … mais qu’est-ce que tu fiches avec cette escargophone ?
Bah … il y a des révolutionnaires. J’ai appelé du renfort.


***

À quelques kilomètres de là, sur un navire, une voix se mit à hurler.
Équipe d’intervention Delta du CP8, GOGOGO !
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Je me suis planquée dans la cave d'une ferme qui passait par là. Pas demandé l'avis des gens, la femme avait l'air acariâtre, et puis y'avait du monde devant. La cave. Ouverte, une trappe dans le sol juste derrière le puits. J'oublie la clope, aucune idée de ce que j'ai autour de moi et j'ai pas envie de faire sauter une réserve d'huile bien cachée. Mais du coup, j'ai pas de lumière non plus. Et dans l'obscurité et la fraicheur du sol, je perds vite la notion du temps.

Je repense à ces gars. Fédérés autour de leur vieux chef un peu taré. Un peu comme nous, les sœurs, on est fédérées autour d'une foi plus ou moins bien portée. Avec une administration douteuse à base de despotes violentes en robe noire, et un permis de tuer sous couvert de sainteté. Maintenant que j'ai un pied dehors, je me demande comment j'ai pu penser que c'était une bonne idée ; que je pouvais, que je devais vivre une expérience intérieure à l'extérieure, grandir dans une communauté. Je pense, c'était le fantôme de la famille qu'était revenu me dire que seule contre tous, ça serait pas possible. J'suis pas une solitaire. C'est comme ça, c'est plus fort que moi.

J'entends la voix de Bernie qui passe au-dessus de moi. J'suis contente d'être sous terre et de pas le voir, avec son uniforme et la bave qui luit sur son menton en galoche. Signe des sorciers et des prétentieux, j'aime pas. J'aime pas ce type. Et pourtant, con, je l'envie.

Je l'envie d'avoir des réunions au programme de ses journées, des entraînements, d'autres trucs ; d'être entouré et protégé. Chez les sœurs, c'était un peu ça. Mais on était aussi sensées y croire. La marine ; c'est l'armée. J'ai entendu des trucs comme quoi on leur faisait passer des bilans avec des spécialistes, aux soldats. Mais ça doit pas être de l'analyse profonde. Pas de direction de conscience. Trop cher, je pense, trop long, surtout pour de la chair à canon renouvelable. Et puis, comment établir les critères ? J'arrive pas à croire que chaque porteur de fusil cache un foutu fanatique sous son uniforme blanc. Au comptoir, les histoires de mutinerie, elles sont pas localisées que chez les rouges.

Une oreille qui sonne l'alarme, d'un coup. Le calme en a pris un coup. Au dessus, le sol tremble. Je lève les yeux vers les raies de lumière qui filtrent dans les interstices de la trappe. Mes yeux se ferment. Il y a de la poussière qui tombe. Beaucoup de poussière. Je frotte, ça me les irrite encore plus. Je me dis que Bernie va se faire des idées. Mais pas longtemps, parce que maintenant, c'est presque des blocs de terre qui me tombent dessus. Le souffle court, les poumons qui saturent, je tousse. Mes mains retrouvent l'échelle, je me sens pousser la trappe. Pousser plus fort. Jurer, encore plus fort. Y'a quelqu'un dessus. J'essaye de prendre une grande inspiration, et d'un coup...

-AAAaaaaaaah !
-Oh, pardon.

Je vais pour ramasser celui que j'ai éjecté, mais je le vois reculer, avec la peur peinte en gros traits sur le visage.

-Oui, bon, j'ai ramassé un peu de poussière, mais faudrait voir à quand même pas exag...
-Poussez vous !

Il se relève en bondissant comme un furet dans des braises. Je me retourne, je regarde autour de moi.

Et je réalise que j'ai du rester vachement longtemps dans le noir. Y'a plus d'ours, à peine un Pludbus perdu dans la foule. Mais c'est la guerre. A ma droite, la ferme brûle. Les uniformes se mêlent aux costumes de prix, et je me dis qu'il y a du carrément avoir une couille dans l'espace temps. A nouveau, je cligne des yeux. J'ai jamais cru aux signes divins, jamais à ceux qui se manifestent par le feu et par la foudre. Mais...

-Celenaaaaaa !

Une masse me tombe dessus. Pas le temps de réagir, j'ai comme les jambes coupées sous le poids, et je m'effondre à terre, la tête au bord de la trappe. Un éclair de fureur me traverse l'esprit quand je reconnais la sale trogne de Bernie, qui louche salement en perdant ses mains dans des coins qui me déplaisent assez. Je le repousse.

-On peut savoir ce qui vous prend ?
-Votre brave serviteur eûtes sauvé votre douce chair de la putrescence mortelle ! G !
-Mais oui. Il se passe quoi ?
-G ! G ! Eh bien voyez-vous pétillante Célena, la situation est parfaitassement sous contrôle ! L'impétueuse bête s'est laissé choir en un piège très indubitablement concocté par votre mirifique parent et ex-amiral petit père Pludbus !
-Faites pas l'idiot, vous voyez très bien de quoi je veux parler.
-G ! Oh ! G ! Vous vous souciâtes du petit père ! Vous serez à l'extase d'apprendre qu'il gambade ainsi qu'il eusse fêté sa vingtaine ! Dites-moi, vos petites mirettes eusseriaient-elles... G... dit pour vous l'émotion que vous portates à l'idée de la concupiscente alliance que...
-C'est bon, aller. Poussez-vous de là, on va se ramasser une balle perdue.
-G ! Je susse votre palefrenier, mirilifique Célena !
-Faut retrouver le petit vieux et vos copains, et se casser d'ici. D'accord ?
-Bien sûr ! G !

* * *

-Armez les canons ! Préparez les bombes ! Réglez les automatiques ! Nul de ces pathétiques pantins déguisés ne doit survivre ! Pas de témoin, pas de prisonnier !

* * *

-Frère, ça devient dangereux.
-Vui. Je pense qu'on a été oubliés des dossiers depuis trop longtemps pour que des CP8 en colère nous épargnent.
-Tu peux marcher ?
-Ça ira sans les mains. J'ai une lame dans ma semelle.
-Tu ne m'avais jamais dit que les bureaux t'avaient accordé le matériel !
-En fait, c'est juste une lame d'opinel que j'ai pétée pour la caler dans ma botte avec un ressort.
-Maintenant que tu le dis... tu fais quoi encore avec les pièces à conviction ?
-Je m'en fume une, je garde le paquet, et on disparaît à Banaro. D'après qu'il y a des vestiges en manque d'archéologues là-bas. Tu viens ?
-Tu... on serait classés déserteurs, qui sait si on ne nous surveille pas depuis toutes ces années ?
-L'opinel dans ma botte, et le fait que je crois pas à ce genre de cynisme. Magne toi. La ferme a presque fini de brûler, ils pourraient capter qu'on est plus là.
-Banaro alors ?
-Banaro.

* * *

-Il est vraiment jamais là où il faut, y'a pas à dire.
-Tu peux répéter ? Avec ce canon, on n'y entend plus rien.
-...
-Quoi ? Non, je parlais pas du vieux ! Et non, je suis pas dégueulasse !
-T'étais le premier à être partant pour la récupérer, n'empêche.
-A des fins de stricte formation, voyons.
-C'est pas le type qu'est sensé surveiller Pludbus qui me fera croire ça.
-Tu es aussi passé par là !
-Justement. On ne crache pas sur une petite joie que peut offrir le servi...
-Attention !
-Maudit CP8 ! Que de l'allure, aucune finesse.
-Tu parlais de l'art de la fuite ?
-Prudence, c'est dans ce genre de situation qu'ils sont le plus dangereux. Qu'est-ce que tu diras si Bernie se met... se met... et Pludbus... Mh.
-Si le CP8 est dans la zone, il n'y aura plus de place pour faire d'autre connerie. Admet le, monsieur le vétéran, et cassons-nous en boire une en attendant que ça se tasse.
-Mmrrrrm aller. Entre un canon et un autre, dans les rapports, on verra pas la différence. Faudrait juste pas qu'ils se fassent tuer...
-Arrête, ça serait trop beau. Le ciel nous veut pas du bien à ce point.

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La botte s’écrase dans le sable, triomphant. En suivant la botte, on tombe sur un pur produit du CP8. Un concentré de panache baignant dans peu de considérations pour les dommages collatéraux avec un soupçon, d’esprit d’équipe. Parce que faut pas déconner, le CP8, c’est pas les blaireaux du CP5 qu’on appelle pour les taches toutes pourries. Le CP8, c’est la crème, quoi qu’en disent les peureux du gouvernement qui ne jure que par le CP9 pour laver le sale linge. Quand on appelle le CP8, c’est parce que sans eux, le monde sombrerait dans le chaos. Ils sont l’ultime bouclier, les troupes de choc d’un Gouvernement assailli de toutes parts par les cafards. Et le CP8 aime bien écraser les cafards sous leur botte.

Sur la plage, la vingtaine d’agents du CP8 prennent position. Les ordres ont été respectés. Chacun s’est délesté de son équipement « opérations secrètes en zone dangereuse » pour le remplacer par celui dédié aux « dératisations brutale et efficace ». En un mot, la révotuons. On ne lésine pas sur les armes, même si chaque agent peut tuer n’importe qui de plusieurs centaines de façon différente rien que par leur excellence dans l’art du Rokushiki. Même si certains moutons noirs ne maitrisent pas encore les six styles ; il faut bien avoir quelques bizuths dans l’escadron pour leur faire leurs premières armes. Au milieu des hommes sur lesquelles les visages inspirent la bienveillance cruauté de l’homme qui ne fera pas de cadeau, le chef de l’escouade, reconnaissable à son énorme cigare sortant de sa bouche déformée en un rictus menaçant tandis qu’il regarde au loin, dans une posture classe, mais plutôt standard au sein du Ciphel Pol. Faut dire ce qui est, hein. Le chef retire son cigare avant de cracher par terre un morceau dudit cigare dans un glaviot épais. Ceci étant fait, il dresse rapidement la stratégie du groupe qui, la preuve, ne se limite pas à foncer dans le tas, même si c’est souvent efficace.

-Je veux deux paires d’agents, vous m’explorez les alentours, à gauche et à droite. Le reste du groupe, on fonce dans le tas, au milieu. Pendant ce temps, l’artillerie pilonnera.

Un bon plan. De toute façon, c’est des révolutionnaires en face, il faut pas s’en faire. Il a probablement fallu plusieurs mois pour qu’ils se décident à attaquer, et encore, ils étaient avantagés par le fait que l’ile ne présente aucun intérêt. Prendre la décision de comment réagir à une escouade d’assaut du CP8, ils auront le temps de finir l’ordre du jour qu’ils seront au Mile High Purgatory. Efficacité, toujours.

-Allez-y, les enfants. Faites ce que vous savez le mieux faire dans votre vie.

Et les agents partent en avant, la rage au cœur et le baume aux dents, et pas l’inverse, tandis qu’à quelques centaines de mètres, l’artillerie du navire de la marine les transportant se met à vrombir.

***

A quelques lieux de là, une ville. Mais une ville qui ne ressemble pas vraiment à une ville ordinaire. On pourrait un instant se laisser croire que c’est le jour de la brocante du village. Vous savez ? Ce jour où l’on ressort tous les trucs que l’on aime plus et que l’on veut refiler au premier péquin venu contre des monnaies sonnantes et trébuchantes sans vraiment savoir. Puis qu’on part fait un petit tour et qu’on tombe dans le piège de l’achat de pleins de trucs totalement inutiles qui serviront, au final, à servir de produit lors de la brocante de l’année suivante. Sauf que, finalement, on ne peut pas s’y méprendre. Ou alors, il est très particulier d’aligner son mobilier en une ligne discontinue et d’une façon à ne pas mettre en valeur les objets, tout ça bloquant les rues principales de la ville. Ou alors, on se dit que les gens du coin sont en état de siège.
Charmant.

Dans la taverne devenue le Quartier Générale de la Résistance face à l’Opression des Révolutionnaires Mangeurs d’Enfants, abrégé le QG pour que même les plus idiots puissent comprendre, c’est le branle pas de combat. Monopolisant la parole avec une grâce sans nul autre pareil, l’agent du CP1 s’est autoproclamé chef de la résistance et s’occupent de préparer des troupes bien loin d’en mériter le nom au sein d’un bastion qui fait tout de même plus solide que le Fort Plud’ de l’Amerzone. Et entretenu, cela va de soit. Les munitions sont stockées tandis que les vieilles pétoires sont détachées du haut des cheminées avant d’être dépoussiérées afin de reprendre un service mériter. Évidemment, on sent de la peur dans les yeux de la trentaine d’hommes amassés dans la taverne, mais les mines sont aussi brutes, revêches. Ils ne se laisseront pas faire. Ils sont isolés et sont pas plus hauts que des culs-terreux, mais ils sont des familles à protéger et beaucoup d’honneur à faire reluire d’un coup d’éclat. Ici, la révolution ne passera pas, cet agent du CP1 est décidément beaucoup trop bon pour croire les élucubrations d’une poignée d’hippies en mal de reconnaissance. Et puis, il a la bonté de donner un excès quasi illimité aux tonneaux du tavernier qui ont été réquisitionnés pour donner du baume aux cœurs pour les combats à venir. Certains sont déjà bien éméchés, mais on certifie de leur capacité à viser juste. Ou du moins, dans la bonne direction. Étalant une carte de la ville sur la table qui n’aurait rien à envier à un dessin d’un enfant de sept ans, il remercie l’agent du CP5 pour son bon coup de crayon. Ce dernier sourit en rougissant, extrêmement content d’avoir réussi la mission qui lui a été confiée. Pour l’encourager, le CP1 lui donne une deuxième mission, plus dure. Lui ramener un verre de rhum, il se sent déshydraté. Le CP5 s’éclipse rapidement afin d’accomplir son devoir.

-Ah, ces agents du CP5… il leur en faut toujours beaucoup …

Les guerriers du dimanche ne goutent pas à l’ironie, le CP1 change de sujet.

-Si ce des…. Plan est exact, toutes les sorties de la ville sont bloqués. Des sentinelles sont placées sur chaque maison et on a une vision à trois cent soixante degrés, n'est-ce pas ?

Ne sachant pas compter jusqu’à trois cents soixante, les combattants alcooliques acquiescent vigoureusement.

-Parfait. Préparez-vous à une défense d’acier ! Ils ne doivent pas passer ! Si vous avez besoin de boire un petit coup pour vous donner du courage, n’hésitez pas. C’est le Gouvernement Mondial qui paie pour défendre vos femmes et vos enfants. Louez son nom !

Il laisse un instant les hommes s’encourager mutuellement en bénissant le nom du Gouverment Mondial. Et tandis que l’agent du CP5 vient lui apporter un verre bien rempli surmonter d’une ombrelle, le chef de la résistance se met à penser tout haut.

-J’espère que le bataillon d’éclaireurs reviendra bientôt …

***

Dans les bois.

-Putain, mais et elle est où, la petite minette ? Tu crois qu’elle a préféré Bernie ?
-Je crois rien. Je crois surtout que c’est bizarre.
-De quoi ?
-T’as pas entendu ?
-Non, elle a crié ? Pludbus l’a touché ?
-Non, évidemment que non. Mais j’ai entendu comme des coups de canons.
-Ah ! Là, une explosion !
-C’est bien ce que je me disais, ça sent pas bon.
-Hé, oh, c’est pas moi, hein.
-Raaah, mais arr…
-Hé ! Vous là-bas ! On bouge pas ! Enfoiré de révolutionnaire !
-couchez-vous !
-Mais ?! Mais ??
-vous êtes qui ?
-bouclez là ! Ou je vous trucide !
-Allez y ! Parlez ! Qu’on ait une raison !
-Mais … ces tenues, vous êtes du CP8 ?
-VAS Y BUTE LE !
-OUAI ! Ah non, hé. Comment que tu sais qu’on est du CP8 ?
-C’est notre prestige, la classe quoi. Normal.
-On est du CP0, abrutis !
-Le CP0 ?
-Le CP0.
-Euh… j’ai rien fait ! C’est pas moi qui ai cramé le village au napalm ! J’y suis pour rien !
-Et cette histoire d’exécution arbitraire, c’est du pipeau, hein. C’était une blague ! Parole !
-Et puis, je pensais pas que Hubert, c’était un traitre. On jouait à la belote ensemble, mais j’ai été bien dégoutée de savoir que c’était un révolutionnaire infiltré ! Je l’ai lapidé comme les autres ! J’vous jure !

-Arrêtez de brayer ! Qu'est-ce qui se passe ici ?
-Ici , mais … de quoi vous parler ?
-Il ne se passe rien. On fait … un pique-nique !

-Arrêtez de nous prendre un imbécile. Les agents du CP8 ne font pas de pique-nique et surement pas en tirant au canon.
-Un canon ? Vous avez entendu un canon ? C’est pas plutôt votre ventre qui gargouille ? moi, ça me le fait souvent, de confondre.
-Et pour l’explosion ?
-Une explosion ? t’as entendu une explosion toi ?
-Non, pas du tout.

BOOM
-Et là ?
-Rien entendu.
-Pareil.

-Bon, donnez vos matricules. Je vais faire un rapport.

Trente secondes plus tard, les agents du CP8 ont dit tout ce qu’il savent aux agents du CP0 : Y a des révolutionnaires, faut leur péter la gueule.

-Des révolutionnaires …. Mmmh.
-Je dirais même plus. Mhmmmm.
-On va tirer ça au clair. Ça m’a l’air d’être encore une belle grosse connerie, tout ça.
-Ouai. Venez avec nous.
-D’accord… mais vous ferez pas de rapports, hein ?
-Oui, oui.
-Vous êtes chics, les gars.
-Tiens, il y a deux types là bas.
-C’est des révolutionnaires ! ON LES BUTTE !
-A MORT ! ARRÊTEZ VOUS LA !

-Hein ?
-OH PUTAIN, ILS SONT ARMES.
-ARRÊTEZ CE CIRQUE ! OU JE FAIS UN RAPPORT !
-Ok.
-Ok.

-Venez par ici vous.
-Ok.
-Ok.
-Ce sont des agents du …. CP0, comme nous.
-Aah ?
-Aah ?

-Aah ?
-Aah ? Mais …
-Silence, ou vous voulez mourir ?
-Bien sur ! On est du CP0 ! N'est-ce pas ?
-Ouai !
-Pourquoi lui donner un coup de coude ?
-Il aime ça.
-Mais euuh … ouai. Ouai.
-Bon, on va vous expliquer ce qui se passe. Allons au village, je pense qu’il y a pas mal de réponses là bas.
-Bonne idée…

-Hé, Mec. Quatre agents du CP0 au même endroit, ça sent pas bon.
-Tu l’as dit. C’est un coup à finir notre carrière comme parpaing pour Raoul.
-Ouai… il aime les empilés pour mieux les casser.
-On les bute à la première occasion ?
-Ouai… ils vont y passer.



***

Pendant que des agents du différent Ciphel Pol manquent de s’entretuer, des marines tentent, justement de ne pas s’entretuer. Regroupés autour d’un Pludbus trouvant, comme Serena, la situation bien étrange, les adorateurs de Pludbus le sénile font bien pâle figure. La plupart des uniformes sont déchirés, voire en lambeaux. Les équipements divers et variés ont été perdus au gré des fuites et des combats. Et malgré la tristesse d’avoir perdu Celena, les hommes sont fiers d’avoir vaillamment saccagé la demeure d’un couple qui les a probablement empêchés de conclure avec leur douce aimée. Du côté de Ellyn, c’est moins joyeux. Bernie a disparu. Celena a disparu. Il ne faut pas être mathématicien pour démontrer par A plus B que les deux doivent batifoler dans les hautes herbes à l’abri des regards. Elle ne voulait pas y croire, mais c’est la seule explication valable. Blessée, elle parvient à trouver un peu de réconfort auprès de Pludbus qui ne se fait pas prier pour lui passer les bras autour de la taille.

-Pludbus, je vous défends de les faire tomber plus bas.
-Mais… c’est que, c’est dur de les tenir tendu. Les bras. Évidemment.
-…

Elle se sent bien désespérée, la Ellyn, à venir serrer la loque lubrique dans ses bras. Elle sait que c’est mal. C’est contre nature. Alors, elle fuit la réalité du regard, regardant au loin. Oui. Là. Près de la maison en proie aux flammes du chaos. Il est là. Elle est là. Les hautes herbes sont décidément bien basses.

-BERNIE !!! BERNIIIIIIE !

Dans l’esprit des tourtereaux éconduits, Bernie  rime avec Celena et ils se retournent d’un seul bloc, mettant bien rapidement de côté la vision d’un Bernie idiot, pour changer, et d’une Celena en proie à beaucoup de doutes sur la capacité à cette histoire à s’améliorer. C’est une marche de bison en rut qui s’élance dans sa direction avant d’être subitement stoppé dans son élan par des tirs. Les hommes sautent à couvert. Pludbus manque de sauter (sur) Ellyn, mais elle esquive avec vigueur. Ce n’est pas les balles qui sauront la tenir éloigner de son amoureux à elle et pas à cette pimbêche de Celena ! Qui tire sur les honnêtes combattants de la Justice ? Des civils. Quelques civils chargés de partir en éclaireur depuis le village pour situer la troupe révolutionnaire. Et voyant les dégâts causés et la barbarie de cette troupe d’un autre âge, les plus sanguins ont ouverts le feu, suivis par leur camarade qui ont bien des raisons d’en vouloir aux rustres marines. Malgré le nombre des combattants de la marine, la riposte est mollassonne du fait du peu nombre de fusils encore en état de marche chez les bleus. Bien protégé par deux adorateurs Pludien, l’ancêtre avise l’ennemi de son regard presbyte. Ils ne voient pas des pirates. Ils voient des gens simples. Des civils n’attaqueraient pas des marines. Non. L’explication logique finit par arriver dans l’esprit désagrégé de l’impotent.

-Des révolutionnaires ! Des révolutionnaires ! Tuez ! Tirez !

Une salve part et les balles sifflent aux oreilles des civils qui décident de fuir. Au même moment, plusieurs boulets tirés par le navire du CP8 atterrissent non loin de Pludbus et compagnie. La terreur emplit les rangs. Pour tout le monde, c’est sûr, c’est une attaque massive de la révolutionnaire. Ils ont enfin compris que leur seul espoir de réussir dans ce monde est de s’attaquer à leur plus grand ennemi, le plus talentueux des marines de ce monde : Pludbus. Et alors que les explosions empêchent de voir vers où se dirigent Bernie et Celena, les jeunes lubriques en reviennent à leur dévotion première. Il faut protéger Pludbus. Comme un seul homme, ils se lèvent pour récupérer la Plaie et le porter en sécurité. Mais l’ex-amiral en chef n’est pas un homme qui se plait dans l’assistanat. Tout d’abord, il ordonne à ses hommes d’abandonner leur uniforme. En l’état, ils servent plus de cibles qu’autre chose. Bien sûr, Pludbus garde le sien, parce que le monde entier le connait, ne pas avoir d’uniforme ne servira à rien. Et deuxièmement, il ordonne à tout le monde de partir vers le village où ils pourront résister aux révolutionnaires. Et pour servir d’arrière garde, il y a Pludbus, même si les marines sont contre. Un homme de la trempe de Pludbus se doit d’être le dernier homme de la troupe. L’arrière garde. Et quel arrière garde !

En rang deux par deux, les marines commencent leur route vers le village en sifflotant. Le bas, ils pensent être accueillis à bras ouverts. En libérateur. C’est la marine, quoi. Et personne ne s’interroge sur la disparition d’Ellyn…

Quelques instants plus tard, deux ombres se glissent près des uniformes et s’empressent de les enfiler.

***

-Tex, ton uniforme te va à ravir.
-Merci Nuts. Le tien est pas mal non plus.
-Au moins, avec ça, ils viendront plus nous emmerder. A nous Banaro !
-A nous !
-VOUS ! NE BOUGEZ PAS !
-Ah !! Au secours ! ENCORE DES FOUS !
-Vous pensiez vraiment que vous passeriez inaperçu avec cet uniforme ! Je sais qui vous êtes !
-Ouai, on sait ! RIEN N’ECHAPPE AU CP8 !

-Ne nous tuez pas ! Pitié !
-Qui suis-je ? Dites le !
-Vous êtes des révolutionnaires !
-Oui !!! J’avoue !
-Moi aussi j’avoue ! Même si je le suis pas vraiment en fait.
-Comment ça Tex ?
-Nuts. Il faut que je te l’avoue. Ca va être difficile à entendre. Après toutes ces années… mais ..
-Mais allez Tex ! Crache le morceau.
-Je suis un membre du Gouvernement Mondial…
-Mais … moi aussi Tex ! On est tous les deux du CP2.
-Ce que je veux dire… Nuts, c’est que je suis un agent du CP6.
-LE CP6 ?!
-Oui. J’ai infiltré la révolution, il y a vingt ans de ça. Et je me suis lié d’amitié avec toi. On a fait tant de chemin ensemble. On a infiltré le ciphel Pol ensemble. On a rejoint le CP2 ensemble et on a exploré le monde et dépoussiérant des reliques ensemble.
-Non Tex… tu peux pas me faire ça… Après toutes ces années ?! Tu … tu m’as menti ?
-Non Nuts ! J’étais peut-être un agent double, mais toute notre amitié est vraie. Tu es et tu seras toujours mon meilleur ami ! Et toutes ces années ensemble, tous ces souvenirs sont autant de preuve de ma sincérité ! Si le début était faux, notre fin est vraie.
-Oh ! Tex … Je voudrais tant te haïr pour ce que tu es, dans le fond, mais je sais que ce n’est pas possible. Toi aussi, tu es mon meilleur ami. Et même si, soudainement, beaucoup de choses nous séparent, nous serons toujours ensemble. Parce qu’on est ami.
-Oui ! Parce qu’on est ami !
-C’EST PAS BIENTÔT FINI CES CONNERIES ?! JE VEUX TUER MOI !
-Ne nous tuez pas, monsieur. Je suis un agent du CP6. Vous ne pouvez pas.  Nuts est mon prisonnier et je le défendrais avec mon corps.
-Oh… Tex…
-Mais ?! Mais ! VOUS AVEZ PAS COMPRIS ?! On veut TUER ! Allez ! Menacez-nous ! S’il vous plait ! Allez quoi !
-Faites pas vos salauds ! Pour une fois qu’on peut sortir les flingues, vous allez pas nous la faire pacifique ! Rime à rien tout ça ! On veut du sang !

-Nous ne ferons rien, messieurs. Je suis prisonnier de Tex. Je n’entreprendrais pas d’acte hostile envers vers vous.
-Mais allez ! Prends ton arme ! S’il te plaiiiiit. De la légitime défense, c’est tout ce que je demande … Allez quoi.
-Je n’ai pas d’arme.
-Ou prend la mienne ! On fera comme si tu m’avais désarmé ! Faut que ça ait de la gueule, quoi, merde ! On peut pas juste abattre un type comme ça, c’est pas classe !
-Mais attends… si vous êtes agents, vous avez le Rokushiki ! Ahah ! Tentative de Shigan ! Et là, on vous tue. PAN PAN ! Ahah !

-On a pas le shigan. On a rien. On l’a pas … appris.
-Maintenant Tex, tu peux le dire. Tu dois le connaitre, non ?
-Non…. Je faisais pas semblant quand je ratais l’entrainement, comme toi.
-Oh.
-Vous voulez pas être méchant alors ?
-Non.
-Non.
-Putain… j’en ai marre.
-Tu l’as dit quoi. C’est une guerre sale. On nous fait pas de cadeaux.
-Bon. Retournez vous. On va vous attacher. Et vous venez avec nous.
-Si vous pouviez tenter de fuir, ça nous arrangerait.

-Sans façon.
-Jusqu’auboutisme, hein ?
-Connards.



***

Quelque part, subtilement cachées dans des fourrées sous l’injonction de leur chef, les CP8 espionnent un bien étrange couple. Il y a bien là un officier de la marine au sourire niais qui semble vouloir abuser des bonnes chairs d’une jeune femme farouche. Le chef ne peut s’empêcher de rire dans son cigare. Si les révolutionnaires se cachent sous des vêtements de marines, ils ont certainement voulu garder la hiérarchie au travers de l’uniforme. Par conséquent, l’homme qui se tient dans ce costume d’officier n’est personne d’autre que le chef de cette attaque révolutionnaire, totalement ivre de sa victoire qui fait l’erreur de croquer dans sa prise de guerre avant que ladite guerre ne se soit terminée. Voire ait débuté, en réalité. La jeune femme semble fuir le révolutionnaire, même si les bruits de bombardements et les tirs dans les parages sont un motif tout aussi pertinent de fuite. Le chef ravive la flamme de son cigare. C’est le signal. Le CP8 va intervenir.

-Je sais que c’est contre nature, mais je le veux vivant. Il faut l’interroger.

Soupirs de déceptions dans les rangs des hommes d’Élite. Un homme au côté du chef ne peut s’empêcher d’émettre une idée.

-Vous croyez que la jeune fille, va se donner à nous pour l’avoir libéré de ce laideron satyre ?

Le chef sourit, une fois encore.

-Peut-être. Mais n’oublie pas une chose, bizuth. Le chef a toujours le droit de cuissage.
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