The Walking Dogs

Le Passeur est en deuil. Il se laisse maltraiter par les flots, coquille de noix vide de volonté perdue sur l'océan. La surprise a laissé place à l'incompréhension, puis à la résignation. Tout le monde a compris, chacun s'est tu. Tout est devenu silencieux; même le ressac de l'eau contre la coque. Une nuit sans étoiles a recueilli l'équipage sous son voile noir.

Le jour se lève, l'aurore rougeoie à l'horizon. Non, ce n'était pas un simple cauchemar. L'émoi demeure, le sentiment d'abandon avec lui. Chacun digère son amertume à sa façon. Les uns posent des questions, se saoulent de conversations, d'autres évacuent par l'effort physique pour éviter de trop penser, d'autres encore se terrent dans un mutisme borné. Les Officiers, auxquels il incombe de ne pas laisser sombrer l'équipage, sont accaparés par une étrange affaire qui devrait pourtant passer au second plan. Mais non, un petit être maléfique veille à ce que Justice soit faite, avec toute l'infamie qu'on lui connait. Il était un cafard dans une autre vie, et c'est sans doute se montrer bien ingrat envers ses pauvres insectes que de le dire. Un Grinch nauséabond, méprisable. Le Commandant Trovahechnik. Il n'a pas supporté l'affront essuyé pendant l'assaut sur notre navire. L'outrage. Une gifle. Venant de moi, elle a dû lui en ficher un sacré coup à la fierté, et c'est là à peu près le seul point positif que j'y trouve. Je ne peux même pas me vanter de me souvenir de cet instant parmi des milliers, j'étais un peu trop éméché pour immortaliser la scène. Ce qui va pas arranger mon cas. Je me suis retrouvé jeté au trou manu militari, promis aux affres d'une longue peine de prison, à la terrible Impel Down, au moins, racaille infecte, c'est bien fait pour toi et gnéhéhé.

Me voilà à croupir en cellule pour une bisbille, quand un incident sans précédent plonge l'équipage dans un chaos total. Dans la cale que je chapeaute en temps normal; mon fief. Ça prête à sourire. C'est peut-être pas si mal de jouer au prisonnier pour un temps. Laisser les vrais soldats se débrouiller et se la couler douce en attendant. De toute façon, tuer le temps ici ou de l'autre côté des barreaux, y'a pas grande différence. J'ai mon tabac, un jeu de cartes, mon dé. Je peux tenir un siècle au moins. Et, y'a toujours un gars ou un autre qui passe dans le coin de temps à autre auprès duquel je peux prendre des nouvelles. Surveiller de loin la suite des évènements. N'empêche ...

Pour le moment, ça a pas l'air d'avancer d'un yota. Et même si jm'en fous pas mal que l'équipage soit au chômage technique, la disparition de Hadoc en elle-même a de quoi ficher le doute. L'homme est pas du genre à se faire avoir par le premier venu. Y'a sans doute des lascars bougrement coriaces, sur ce courant marin pas comme les autres, mais là, non seulement il manque à l'appel, mais en prime, y'a pas des masses trace de lutte avec un agresseur présumé. Il se ferait pas plier si facilement, le capitaine. De là à dire qu'il a filé de son plein gré ... tch' manquerait plus que ça. Quoi, il aurait pris une retraite tranquille quelque part, à siroter du lait de coco en arborant une chemise à fleurs ? Ça lui ressemblerait pas, mais ce serait tellement beau. Par contre, ça voudrait dire qu'il serait foutrement temps de prendre la clef des champs avant que ça se mette à vraiment sentir le gaz pour ma pomme, cette profession de marine. L'autre nabot va me mijoter à la sauce saignante, sinon.


Faudra envisager un plan B, juste au cas où. Mais pas tout de suite, parce qu'on vient et que ça fait mauvais genre d'être pris à tenter de filer en douce comme ça. Tiens, un visage connu.

Alors, c'est comment de l'autre côté ?
Mooh... pas mal, Le Corbeau, pas mal ... du nouveau du côté de la loi ?
C'est le merdier.
Ah ben, ça pour un scoop. Et pour moi, ça s'présente comment ?
Bah justement. * Clic * ... tu me suis, tu passes devant les Officiers.
Mah, z'ont pas autre chose à foutre ? Ils veulent quoi, une jolie déposition ?
Je sais pas trop, le Commandant tient à faire les choses en respectant le règlement. Il raconte un truc comme quoi t'es trop à ton aise, ici.
Allons bon. Y m'envoie rejoindre les fonds marins ?
Pas vraiment, il parle de te coller à moisir dans la forteresse de l'ancêtre.
Hin, ça promet ...
Tu l'as dit.
Jl'ai dit ouaip ...

Je sors de ma cellule, où, j'maintiens, j'étais finalement plutôt bien; le Corbeau ouvre la voie, on traverse le pont sous les regards perplexes de pas mal de matelots désœuvrés pour rejoindre les cabines des officiers. Au fond du couloir, une porte est ouverte; celle du bureau de Hadoc. Ah ben, on perd pas de temps. Je reconnais notre dinosaure d'Adjudant et mon très estimé collègue bureaucrate. On ne m'invite pas à m'asseoir, trop aimable. Bahf, j'prends quand même un siège. Maintenant qu'on en est là, de toute façon ... et j'ai encore deux-trois restes de bouteille d'hier soir qui font que j'aime autant éviter le surmenage.

Allez, avocat à charge, chargez, j'suis sûr que vous n'attendez que ça, que je dis à Trovahechnik en commençant à me rouler une tige.

Puisqu'on est obligé de passer par là, autant se mettre à l'aise. Il va s'en donner à cœur-joie, l'asticot. Je rajoute au vieux Cèldéborde; en affichant la plus totale indifférence pour la suite avec un brio encore plus prononcé que d'ordinaire du fait de ma gueule de déterré.

J'veux bien purger le double de ma peine si je peux échapper au petit numéro qui va suivre.

Hm, oui ? Non ? Mah, tant pis, fallait essayer ...

    Achilia, tâchez, une fois dans votre vie, d'être conséquent. Il est question de votre future ici. Et peut-être du nôtre.


    Non sans quitter ce désagréable petit sourire narquois qu'il aime arborer, je remarque néanmoins qu'Achilia retrouve son sérieux. Parfait, il n'est donc pas si bête.

    Ce qui va se dire ici doit rester entre nous. C'est plus qu'un ordre, c'est une nécessité. Si vous me faites faux bond sur cette promesse, je vous promet de mettre toutes mes forces, toute ma persévérance couplée à mes dons pour vous pourrir la vie.


    J'ai dit cela le plus sérieusement du monde. Il l'a senti, et peut-être a-t-il compris l'importance de la menace. Histoire d'être sûr...

    Et vous ne savez pas encore ce que veut dire "pourrir la vie", lorsque c'est moi qui y oeuvre.


    Une fois ces précautions mises en place, il est temps de commencer.

    Nous avons un problème, je ne vous apprends rien. Hadoc a disparu. Nous connaissons tous deux ses capacités, il n'est pas homme qu'on enlève comme ça. Nos ennemis sont puissants. Plus encore, ils sont discrets. Aucun portrait robot exact n'a pu être dressé. Ils n'ont été que des ombres. Leurs hommes de mains morts ne nous apprennent rien. Aucune existence, même dans mes propres dossiers.


    J'avale ma salive, bruyamment, malgré moi. Je n'aime pas du tout ce qui va suivre.

    Je suis prêt à oublier, pour l'instant, votre désastreuse conduite de cette nuit. Je suis prêt car... nous avons besoin de vos talents. Vos... moeurs, dissolus et dangereux seront pour une fois un atout. Tout comme votre expérience de criminel rédhibitoire.


    Est-ce de la surprise que je lis sur son visage.

    J'ai besoin que vous fassiez marcher votre réseau et que vous le ... coupliez au mien. Malgré toute la répulsion que me provoque cette idée, une telle alliance ne pourra se montrer qu'efficace. Dangereusement efficace. De là, nous trouveront les kidnappeurs, s'ils en sont... non... appelons les terroristes. Nous trouveront les terroristes, et nous ferons un devoir des les envoyer dans des limbes où même vous, je ne vous enverrais pas. C'est tout pour l'instant.


    Je sors de ma poche la clé de ses menottes, et je libère l'infâme. Alors que ses menottes tombent, il secoue ses mains! Il va me frapper! Non! Je roule en arrière, vivement! Mais il n'en fait rien. C'est l'étonnement qui habite son regard hagard. Son air de chien battu me ferait presque vomir, et pourtant, je ne peux m'empêcher d'éclairer sa lanterne.

    Ce n'est pas pour vous que je fais cela. Un capitaine de la marine a été attaqué. UN CAPITAINE! On ne peut tolérer une telle insulte au drapeau. Elle devra être payée, et ce, dans l'encre et les formulaires. Rompez, Achilia.
      Les dogs avaient perdu leur capitaine. Ils avaient perdu un père. Mais dans la grande famille des Ghost Dogs, il restait un visage sage et vénérable pour guider les pauvres enfants attristés de la disparition du Père. Oui. Il restait le grand-père. Un rôle qui correspondait parfaitement à Pludbus Céldèborde. C'était lui le papy. Gharr était un peu son fils ; un jeune capitaine complètement, mais pas encore prêt à affronter les rudesses de la vie et seul Pludbus était capable de les surmonter. C'était une épreuve pour Gharr, assurément, et tout naturellement, l’ancêtre se devait de prendre le poste de gardien du moral des troupes jusqu'à ce que le capitaine soit de retour et puisse embrasser avec chaleur les fils qu'il a abandonnés afin de poursuivre sa quête vers sa maturité de père. Forcément. C'est donc avec beaucoup trop d'insistance que Pludbus vint aux côtés des Ghost Dogs pour leur remonter le moral. Mais les rares coulaient bien trop abondamment pour s'arrêter face aux fabuleux discours racontant pour la énième fois les victoires sensationnelles de l'ancêtre sur la piraterie. Même sa victoire contre la vieillesse lorsqu'il parvint à se redresser pour tapoter le visage d'un marine, alors que son dos est terriblement courbé, ne put arracher le moindre sourire des mines lugubres d'un équipage aux faits d'armes glorieux et spécialiser dans la discrétion. Franchement, cachez cette tristesse qu'il ne saurait voir ! Est-ce là la grande discrétion des Ghost Dogs, spécialiste de l'infiltration ? Pas un seul ne se cachait. Pas un seul ne cherchait à dissimuler son trouble. Vagabondant au milieu des hommes, toujours habillé de son pyjama rose à fleurs, Pludbus se lamentait du peu de sérieux de ses petits enfants. L'équipage n'était pas encore mature ; la faute à un capitaine pas encore prêt pour les mener sur le droit chemin. Et qu'importe la présence de Pludbus, ce n'était pas à lui de les guider, non, il n'était là que pour la cohésion du groupe en cette absence momentanée. Du moins, il l'espérait.

      D'entre tous les enfants de Gharr, il y en avait deux qui ne pleurait pas, mais ils chamaillaient alors que l'urgence aurait été de le retrouver. Lou. Rik. Les frères ennemis. L'ainé avait appelé l'ancêtre pour statuer du sort du cadet qui s'en était pris à son frère, durant la bataille. Par erreur, probablement. Mais l'ainé était sans cœur à l'image de sa laideur. Et même parmi les enfants de Gharr, il y en a qui n'écoutaient pas les bons conseils de Papy Pludbus. Lou était de ceux-là. Il n'écoutait jamais personne. C'était l'enfant difficile de la famille. Dans le bureau du père disparu, Lou attendait. Il semblait inquiet, mais décidé, comme si la disparition lui trottait dans la tête, mais que son objectif était de châtier son jeune frère. Pludbus ne tenta rien pour le raisonner. Cette tête de mule était aussi imperméable à la compréhension humaine qu'un Bescherelle pour un analphabète. Résigné, il ne put qu'observer Rik être amené, attendant son jugement avec un calme déconcertant. Le brave. Il connait bien son frère. Il acceptera ses lubies, ceci afin de le satisfaire. Quel courage ! Quelle abnégation ! De tous les enfants de Gharr, Rikounet est probablement le meilleur. Lou s'avança et commença. Et la déception laissa rapidement place à la surprise. Les miracles de la vie sont dans les difficultés de cette même vie. Le destin avait envoyé une épreuve à la famille Dog ! Et en cette période noire de leur vie, un miracle avait eu lieu : Lou pardonnait à son jeune frère ! Rik était libre ! Fantastique ! Incroyable !

      Pludbus en versa une larme de joie. Comme c'était beau de voir deux frères se réconcilier sur la disparition de leur père ! Comme quoi, la famille Dog avait un bon fond ! Ensemble et uni, elle ne pouvait pas perdre. Pludbus en était certain. Emporté dans cet élan de fraternité, Pludbus s'approcha des deux individus et posa une main dans le dos de chacun.


      Tout est bien qui finit bien ! Faites-vous un calin de la réconciliation ! Haut les cœurs !


      Et il poussa. Il poussa Lou dans les bras de Rik. Pludbus détourna rapidement le regard, laissant la joie et l'amour de deux frères s'exprimer bien loin de ses yeux de vieillard. Ils méritaient bien un peu de tranquillité. Et tandis que leur camaraderie retrouvée s'exprimait haut et fort, Pludbus retournait sur le pont où il annonça la bonne parole. Lou et Rik marchaient ensemble pour lutter contre le malheur qui s'était abattu sur les Dogs. Rien ne pouvait plus les ralentir. Chacun se levait et s'approchait de Pludbus, stupéfait par cette nouvelle ; et les visages s'éclairèrent de félicité. Assurément, l'avenir allait être fameux ! Et c'est ainsi que l'ancêtre prit plaisir à voir la famille Dog se relever un instant de son trouble, à relever la tête et à regarder de l'avant. Car devant eux, maintenant, se trouvait un messager. Un vrai messager.
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      L'art du contrepied. Dans un parfait timing, inattendu; un maître coup. Le joueur de cartes en moi est bluffé. Le Commandant Trovahechnik serait-il sous cet aspect abject et cet attitude psychorigide un être bon; un espèce de antihéros, malaimé et pourtant si précieux et bienveillant ? Hm, non, il aurait bien trop vilaine allure dans son costume. Pourtant, il offre une trêve. Venant de lui, connaissant le sacrifice auquel il se résout alors que l'opportunité est belle d'en finir avec mon cas, ça ne peut que rappeler le désarroi qui nous étreint. Nous tous. Hadoc, figure du commandement paternaliste du Passeur, clef de voûte des Ghost Dogs est manquant, et cela n'a rien d'une farce ou d'une retraite surréaliste, comme je me plaisais à l'imaginer. L'anarchie nous guette, gourmande, prête à faire sombrer un équipage supplémentaire. Les abîmes nous charment; leur hypnotique mélopée nous appelle, nous flatte. Nous incite à abandonner tout espoir. Trovahechnik les a boutées au loin, reléguées au rang d'irrecevables, de non conformes. Froidement, sans passion.

      J'en reste coi. Le vieil adjudant en profite pour célébrer l'alliance inespérée de deux hommes qui, chacun à leur manière, portent en affection l'équipage. Les fers libèrent mes poignets, je les masse un instant et vais pour offrir une poignée de main franche au Commandant. Il craint une nouvelle brimade, qui ne vient pas. Je ne souris même pas de son petit plongeon ridicule. Pas aujourd'hui. Et ce, même s'il me confirme que, quelque part derrière les pavillons d'honneur et de devoir hissés bien haut, réside toujours ce même petit bureaucrate détestable. Je lui laisse le temps de se relever, l'ancienne gloire de la marine nous pousse l'un vers l'autre pour générer une accolade aussi répugnante qu'accidentelle. Je me sens souillé. Mais, il faut savoir ranger son égo dans sa poche. On est dans un de ces instants où les destinées basculent. Sur un coup de dé. Je tire une taffe, prends le soin de retirer la roulée de ma bouche avant de signifier mon assentiment.

      J'en suis.

      Fini de jouer avec mon désamour pour la Marine. Chacun doit prendre ses responsabilités. Fini les chamailleries, les faux-semblants, les prétextes. On ne peut plus se cacher. La stratégie de l'autruche ne nous sauvera pas. Ce n'est pas une question d'uniforme. Ce n'est pas une question de fierté. On parle de principe. D'un homme, de son équipage. Ils ne méritent pas de s'éteindre, engloutis par les premiers remous de Grand Line. Chacun de nous va tout mettre en œuvre pour retrouver le Capitaine, à hauteur de ses moyens. Coup de bol, je suis un mec plein de ressources. L'adjudant s'éclipse. Une certaine agitation s'élève, sur le pont. Du nouveau ? Je réajuste mes lunettes, renvoie un visage fermé à Trovahechnik. Une bouffée de tabac, un voile de fumée nous sépare.

      Ces mecs n'ont aucune chance, Commandant.




      [...]


      The Walking Dogs Mirabe10


      La mer est calme, aujourd'hui. Le temps maussade mais les conditions pour naviguer sont optimales. Enfin, naviguer, pas exactement. Depuis que Koüto lui a offert ses deux ventilos Dials, Mirabella marche sur les flots. Avec l'émerveillement qu'elle sait si aisément feindre. Sa silhouette gracieuse découpe l'horizon du Passeur, dont elle approche sans hâte. En dessinant des formes imparfaites dans l'écume des flots qu'elle soulève. Joueuse, toujours. Aujourd'hui, sa plus grande mission l'attend. Il le lui a bien fait comprendre, l'échec n'est pas envisageable. Elle le sait et cela la rend plus excitée encore. Ajouter un peu de piment, c'est l'ingrédient clef.

      Elle approche du navire. La voilà tapis contre la structure de bois, côté poupe. Il est temps de prendre de l'altitude. Elle remonte le long de la coque, sereine, totalement maîtresse des coquillages qui constituent son moyen de transport. Elle atteint la rambarde, s'y réceptionne d'un bond, sans chercher la discrétion le moins du monde.

      Bonjour !

      Ils sont surpris. Mais pas vraiment réactifs. On lit l'abattement sur leurs traits, pas la fureur de lutter. Elle est déçue.

      Alors, c'est ça les Ghost Dogs ? Vous n'êtes pas à la hauteur de votre réputation. Pas étonnant que vous ayez laissé l'enlèvement de votre Capitaine se commettre sous vos yeux.

      Porter atteinte à leur orgueil. Voilà, ça marche toujours. Ses propos ont ravivé une lueur dans les regards jusqu'ici hagards. On prend ses armes, la tient en joue. Certains font passer el mot qu'une intruse s'est glissée à bord. On va chercher les officiers. C'est mieux ainsi.

      Ils arrivent. Les informations qu'elle possède lui permettent d'identifier chacun d'entre eux sans difficulté. Pas un ne manque à l'appel. Public complet pour le spectacle.

      Tout le monde est là ? Bieeen. Alors, écoutez moi attentivement. Je suis porteuse d'un message de la part de mon maître. Son nom ne vous dirait rien, sachez seulement qu'il détient captif le vôtre. Il ne vous sera possible de le retrouver qu'à la condition de faire très exactement ce que je vais vous dire. Vous avez compriiis ?

      Personne n'a encore donné l'ordre de se saisir d'elle. Ils ne sont pas sots à ce point. Elle lance à tous un sourire mutin.

      En vérité, c'est très simple. Vous êtes un équipage de la Marine, vous êtes donc du côté de la Justice. Protéger et sévir, c'est votre devise pas vrai ? Chi-hii. Alors voilà : votre mission est de vous rendre sur l'île de Banaro, pour y ramener l'ordre et la sécurité. Si votre entreprise est couronnée de succès, alors, vous serez récompensés : je vous donnerai l'emplacement où votre Capitaine est actuellement retenu prisonnier. ... Si vous êtes sages, bien sûr. Chi-hii. Compris ?

      Elle épie leur réaction. Et elle attend, rieuse, la réponse.


      Dernière édition par Rik Achilia le Jeu 28 Mar 2013 - 23:13, édité 1 fois
        Je lançais mon t-shirt sur le coté afin de bien dégagé mon torse, une marine siffla en passant. Je me trouvais dans les entrailles de plud, ca puait un peu (le moisi) mais cela me donnait un certaine espace où j'avais installé ma forge. Bien sur, ce n'était pas comme ma forge à shimotsuki mais bon...

        Le cap ‘tain avait disparu et son arme avec lui, cela donnait deux possibilités: la disparition de l'arme ou ...la trahison de gharr. Je préférais néanmoins opter pour la première option je verrais aussi si c'est un crétin ou pas: le mec qui met sa vie avant la lame...c'est illogique la lame sert à protéger la vie de l'homme pas l'inverse c'est comme...c'est comme ...

        *Les lapins qui poursuivent les loups...ce seraient des lapins crétins...mais sympa*

        Le loup découvrit ses crocs pour esquisser un sourire.

        *pas faux*

        Je sortis l'un de meilleurs acier en ma possession et le mit à fondre, j'allais partir sur une lame feuilletée, avec deux acier différents et quelques ingrédients en plus. (Non je ne parle pas de cuisine) (*encore une chance...ta cuisine est plus efficaces pour tuer que tous l'équipage réuni*).Une fois l'acier bien fondu je le frappai quelques fois avec précision, et dire qu'avant je devais frapper une dizaine de fois pour le même résultat. Je continuais de m'activer cela me permettait aussi de ne pas penser à Hadock, sa disparition attristait une bonne partie de l'équipage, On s'était entraîné quelques fois ensemble et je l'appréciais bien au fond, mais bon je préfère positiver donc, j'vais arrêter d'y penser. Apres quelques heures de travail, et ayant un peu la flemme de continuer, je sortis du vieux.

        Et tombais sur un ciborg chiant en train de faire un câlin à Riki.

        -J'ai raté un truc ?...ah je pue...ah non c'est toi Rik...et merde j'ai oublié mon t-shirt... bah la flemme...tient je suis jamais venu dans cette pièce.


        Je remarquai les menottes traînant sur le coté, Rik avait été libéré ?! Je me rappelais ensuite d'une sorte de blague à laquelle j'avais pensé...mais avant.

        -Très beau pyjama plud... mais faut pas s'inquiété pour le cap ‘tain je ne l'ai jamais vu mort...où sont les cuisines encore ...

        Je les laissais la, je pris un repas rapide et partis me reposer, mais ne trouvant pas le sommeil, je décidais donc de faire une petite promenade sur le pont pour me changer les idées. Je tombais sur une femme n’appartenant pas au navire...et dont l'odeur me rappelait quelque chose...mais quoi ?
        Ma main disparu dans les plis de ma chemise...à la moindre entourloupe...je la tue.

        Pacifier Banaro ... étrange comme demande un test de Gharr ?
        Si cette fille venait de la part du commando qui nous a attaqué...quel raison aurait ce même groupe a protéger des civils ors qu'ils ont abatu des marins un peu plus tot... ça puait le piège...le piège dans lequel on veut se jeter.

        -Contre qui s'est battu Gharr et où a disparu son katana...

        Cette question pouvait paraître anodine mais serait une mine d'information





        Dernière édition par Yamamoto Kogaku le Dim 17 Mar 2013 - 22:04, édité 2 fois
        • https://www.onepiece-requiem.net/t2619-fiche-de-yama
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        Il est parti. Loin, loin, on ne sait où.


        C’est la première cigarette que je fume depuis un bon moment. Des désespoirs personnels j’en ai eu mon lot ces dernières années. Mais à chaque fois que je revenais au bercail, que je foulais le pont du Passeur avec entrain, Gharr me saluait comme il se devait. Sept ans déjà, et toujours le même accueil.
        Mais aujourd’hui c’est le patriarche qui a quitté la demeure. Et une pure et simple tristesse pourrait m’envahir si je savais que cela avait été son choix. Actuellement, c’est plutôt une rage impie qui bouillonne dans mes veines. Des pensées hérétiques fusent tels des feux d’artifices dans tous les coins de ma tête. Maudits soient ces opposants. Que peuvent-ils bien lui vouloir, lui qui tout comme moi dédie sa vie aux autres ?

        Mais je ne peux me permettre de me laisser aller à la colère. Répondant au titre d’officier je suis un des responsables principaux du navire en l’absence de son capitaine, une voûte bancale mais tenace qui permet aux matelots de ne pas totalement perdre le peu d’espoir qu’il leur reste. Peu de gens connaissent ma face morose. Mais j’avais pris cette décision de toute façon, avant l’enlèvement. Grand Line n’a pas besoin de farceurs invétérés, Grand Line veut des hommes de valeur. Sourire encore, voilà qui suffira, il est temps de grandir un peu Soren.

        Je n’ai pas assisté à la cérémonie de libération de Riki. Lou avait daigné me faire part de sa décision un peu plus tôt, ma place n’était pas dans une tribune. Non, moi je suis fait pour être auprès des hommes, pour leur donner la vigueur et le courage nécessaire. Roy est peut être le quartier maître, mais personne ne conteste mon rôle de rassembleur, mon sens de la diplomatie et mes nouveaux objectifs.


        « Alex. »


        Le colonel Aegirson est mon penchant ténébreux. Il ne triche pas, ne tente pas de séduire. Cher vieil ami. À nous deux nous pouvons faire de grandes choses. Même religion ou pas.



        « Nos hommes ont besoin de nous. »




        Surtout par rapport à ce qui vient de s’annoncer. Une jeune femme franchement appétissante mais légèrement vulgaire nous transmet en ce moment même un message assez scabreux. Faire la police pour le bon plaisir d’une bande de forçats a tendance à irriter mon sens de la justice. Et je ne dois sans doute pas être le seul.


        Pendant quelques secondes personne ne répond. Tout le gratin du navire est là pourtant, mais la proposition laisse le conclave improvisé pantois.


        « Permettez-moi d’émettre quelques objections, conditions même si je peux m’exprimer ainsi, à votre proposition. »


        Les yeux se braquent sur moi. Riki paraît presque amusé. Les pupilles dilatées de Lou me scrutent soudain avec méfiance. Je sais bien qu’à ces yeux je ne suis qu’un bouffon costumé, prêtre fantasque sans réel sens des réalités. Mais en ce moment même c’est ma chance de montrer à tous que je représente une autorité certaine sur ce bâtiment. Tous ces confrères sont en effet de jeunes recrues, la nouvelle ère des Dogs. Mais j’étais là, des années avant, quand la première génération est tombée, s’est effritée sans renaissance possible. Et ma voix compte.
        Être capitaine remplaçant ne m’intéresse pas. Mais pour une fois, je parle sans que l’on puisse m’interrompre, j’affirme ma place au sein du groupe. Où en étais-je ? Ah oui...


        « Nous ne sommes pas des mercenaires. Et même si la récupération rapide de notre capitaine reste notre priorité, je crois que vous nous sous-estimez un petit peu...messager. »


        J’enlève lentement mon chapeau, passe une main dans mes cheveux lustrés tandis que le maître des formulaires semble faire bouillir l’encre qui lui sert de sang.


        « Ce marché n’est pas équitable. Comment pourrait-on se fier à vos paroles ? »


        La jeune femme fait justement signaler que nous ne sommes pas en position de négocier.


        « Certes, mais nous n’allons pas courir au suicide ou au piège organisé pour vos beaux yeux. La survie de l’équipage passe avant celle du capitaine. Et nous ne sommes pas des péquins lambdas ! »


        Ma voix résonne sur la dernière phrase volontairement accentuée. Accélérons la manœuvre.


        « Si nous allons sur cette île, nous n’irons pas seuls. Nous avons besoin de quelqu’un d’important de votre équipage avec nous. Pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’entourloupe. Pourquoi pas votre chef par exemple ? Il nous accompagne, fait ce que nous avons à faire avec nous, et nous pourrons ensuite tranquillement parler administratif. »



        L’affaire est risquée et peut paraître stupide. Le leader ne voudra sans doute pas se montrer. Mais peut être pouvons-nous avoir une autre garantie qui nous évite un chantage continuel. Car sans valeur marchande, nous sommes démunis, nous sommes impuissants, la Déesse ne peut rien pour nous.
        Allez Lou, j’ai bien parlé, tu peux me critiquer à loisir maintenant. Juste le temps de faire une courte prière et de trouver un briquet qui marche.
          La suspicion transpire, froide et presque tangible, dans les propos de l'Officier Lawblood. La situation a exacerbé la méfiance de l'équipage, si elle n'a pas entamé leur sens du devoir. Le Colonel n'est pas enclin à la croire sur parole, ce qui jusqu'ici peut être admis comme une marque de bon sens, eu égard au contexte. Le scepticisme. C'est sans doute là l'impression générale laissée par son apparition impromptue et son petit discours. Pourtant, la voie des négociations n'est pas totalement condamnée par le marine qui s'est exprimé au nom de tous. Et c'est une sage décision. Si sa contre-proposition est bien trop gourmande pour avoir une chance d'aboutir, elle a le mérite d'équilibrer le rapport de force entre les partis en présence, de poser des conditions d'entrée de jeu.

          Elle sourit, amusée par cette prise de parole dont elle avait déjà anticipé grossièrement les contours. Pas de quoi désarçonner son arrogance enfantine, entacher ses manières théâtrales ou la décontenancer de quelque manière que ce soit. Mais, les Ghost Dogs rappellent leur statut, celui-là même qu'on lui avait vanté. Elle a sa confirmation, son Maître avait vu juste en la chargeant de cette mission, ses suppositions s'avèrent exactes. Gharr Hadoc sait s'entourer d'hommes clairvoyants.

          Chi-hii. Bien essayé, mon Colonel. Seulement, il est hors de question que mon maître se déplace pour de simples sous-fifres. Rassurez-vous cependant, vous n'irez pas seuls. Je vous accompagne. Je n'ai que peu de valeur à vos yeux, mais c'est ainsi. Et si pour vous ma parole ne représente rien, permettez-moi de vous en dévoiler un peu plus; c'est une affaire d'honneur qui accapare actuellement le Commodore Hadoc et mon Maître. Et c'est par l'honneur qu'elle se règlera.

          Les hommes de Hadoc sont aussi loyaux. Leur intégrité leur interdit de refuser ce marché. Parce que les termes ne souffrent aucun doute. Elle abandonne son air joueur pour lancer un regard devenu subitement grave. Des giboulées inopinées porteuses d'un message sentencieux.

          Inutile de chercher à déceler un soupçon de fourberie, ou de traitrise dans mes propos, il n'y en a pas. Le but de tout ceci est bel et bien d'éprouver votre valeur, en tant que soldat et en tant qu'individu. Alors. Que répondez-vous, Ambassadeurs de la Justice ?
            L'ancêtre s'était glissé parmi les hommes, observant de loin l'inconnue. Fixant les reliefs de ces attributs, il ne prit pas garde à ce qu'elle disait dans un premier temps. En ces temps de malheur, il fallait se rattacher à ce qu'il savait faire de mieux. Observer. Imaginer. Assouvir. Pour cette dernière, il se retenait. Parce qu'en public, c'était pas cool. Finalement, il en vint à se demander ce qu'il se passait en réalité. Il posa la question tout bas et un Ghost lui expliqua brièvement ce qu'il s'était dit. Soren parlait pour tout le monde même si progressivement, Rik et Lou arrivaient sur le pont. Pour Rik, il n'allait pas avoir droit à la parole. C'est pas un officier de rang élevé. Plud' regarda les autres. Roy ? Non. Il ne fallait surtout pas qu'il parle pour l'équipage. Lou ? Encore moins. Rien que l'absence de tenu réglementaire de l'inconnu devait lui hérisser le poil. Tiens, Lou est-il poilu ? C'est une question qui se pose, mais dont il ne souhaitait pas trop la réponse. Pas envie de vérifier, surtout. Qui d'autre ? Alexander ? Peut être un peu trop direct pour mener ce genre de discussion. Il restait Soren, mais bien que moins dingue que le colonel, il est un fanatique et Pludbus ne sait jamais ce qui peut motiver un fanatique. Non. Sérieusement. Seul lui était capable de mener les négociations. Négociations ? Bah oui, il fallait absolument que la fille reste à bord ! Seul l'ancêtre semblait percevoir l'importance de la chose. Ces motivations étaient toutefois assez obscures ; son argumentaire n'était pas prêt.

            Et elle dit quelque chose d'intéressant. Elle restait ? Elle avait compris que malgré toutes ces dérobades, elle ne pourrait lutter contre l'argumentaire incassable du marine ? Pludbus sourit de toutes ces dents. Encore une victoire pour le héros de la marine. Le sauveur des Ghost Dogs. Et c'était bien là le signe que seul lui pouvait négocier avec l'inconnue. Il sentit en lui l'énergie lubrique monter à la perspective de passer quelque temps avec elle. Il s'avança, bravant toutes les conventions dans son pyjama rose à fleurs, fendant la foule de ses petits bras fripés.


            Moi ! Le merveilleux, le formidable, le courageux, le sublime, le magnifique Pludbus Céldéborde ! Je vais vous répondre ! Ma chère …


            On tenta de le couper. Mais c'était trop tard. Le charisme fou de l'ancêtre les éblouit tellement qu'ils restèrent sur place, comme figé dans leur tentative.

            Nous sommes des marines ! Nous sommes des Ghost Dogs ! Nous traversons les mers pour apporter la Justice et apporter la Paix aux innocents ! Là où nous irons, nous continuerons ainsi ! Et si Banaro …

            Un instant de silence.


            C'est où Banaro ?

            Lou ne manqua pas cette occasion pour lui asséner un discours accablant au sujet de son ignorance et de sa bêtise. Jugeant qu'il n'aurait pas de réponse rapide, il passa outre la question.

            Peu importe ! Si Banaro est en danger, si Banaro a besoin des Ghost Dogs, si Banaro a besoin de Justice ! Nous irons !

            Ça faisait un peu décider pour tout le monde, mais Pludbus était lancé et ne s'arrêtera qu'au terme de son discours.


            Même si le capitaine Hadoc ne dépendait pas de ça, nous y serions allés. Parce que c'est notre devoir ! Nous sommes les Ghost Dogs ! Nous pacifierons cette ile ! Et nous retrouverons notre Capitaine ? Vous n’êtes pas d'accord ? C'est notre honneur. C'est notre but ! Soyons fiers de ce que l'on est !

            Ghost Dogs !


            Il était plutôt fier. L'assemblée semblait légèrement choquée par le discours. Pludbus ne semblait pas particulièrement gêné par les mines ahuries des marines qui le fixaient. Son attention était tout entièrement dirigée vers l'inconnue.

            Et sinon, c'est quoi votre p'tit nom ?
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            Son interlocuteur change. L'ancienne gloire devance le prêcheur qui avait le premier pris la parole au nom de tous. Il n'y a manifestement pas de second attitré à bord du Passeur, et personne ne cherche à ramener à lui seul la couverture. Tous ont la lucidité nécessaire de ne pas chercher à jeter les projecteurs sur eux en cette heure sombre; toutes les forces vives doivent le rester, focalisées sur leur devoir et le sauvetage de leur capitaine. Les intervenants, dans la discussion, sont simplement ceux qui de part leur aura et leur grade ont acquis l'estime de l'équipage. Pourtant, en l'occurrence, ce vieil Adjudant ne semble pas répondre aux critères de sérieux ou de prestance en vogue chez les Ghost Dogs.

            Elle croit d'abord à une blague, mais l'énoncé prolongé de l'étrange énergumène et les quelques hochements de tête qui accompagnent ses propos derrière la surprise générale lui assurent du contraire. Surtout, elle n'a aucune raison de l'éconduire, son intervention vient de sceller la discussion positivement, le Passeur voguera bel et bien jusqu'à Banaro. Le scepticisme général domine encore mais personne n'a remis en question la décision de l'aïeul. Et encore moins tenté de s'en prendre à elle. Toutefois, même si ces hommes n'auraient aucun intérêt à rompre l'engagement qui vient d'être passé, et en dépit de la lueur lubrique qui agite le regard du vieillard, l'éventualité d'un piège demeure. Peut-être est-il aussi bon acteur qu'elle, après tout. La jeune femme n'en est pas à sa première mission du genre. Derrière ses manières parfois enfantines se cache une experte, toujours aux aguets, qui saura anticiper la moindre trace de traitrise. Sa vigilance maquillée en bonne humeur, elle répond, souriante, à l'Officier.

            Chi-hihi, très bien. Sage décision, marines. Vous me demandez mon nom ? Je vais vous le donner, puisque nous sommes amener à cohabiter le temps de ce périple. Mirabella. Ravissant, n'est ce pas ? Et vous, vénérable ancien, vous dites vous appeler Cèledébord. Je crois avoir déjà entendu ce nom quelque part mais ne saurais me rappeler où.

            Mensonge éhonté, mais la taquinerie est un art qu'elle manie sur le bout des doigts. Elle lui adresse un clin d'œil qui ne manquerait pas de provoquer un saignement de nez incontrôlé au vieux croulant si son anatomie était encore fringante et son corps irrigué comme à ses plus beaux jours.

            Puis, comme pour clore la discussion, elle reporte son attention sur l'ensemble des hommes en uniforme massés là, devant elle.

            Bien, c'est entendu. Direction Banaro. Ceci est un Eternal Pose, il pointe vers l'île. Vous n'avez qu'à suivre le cap indiqué.

            Elle lance à l'adresse du Colonel Lawblood le petit objet de navigation.

            Et souvenez-vous, plus vite nous serons sur place, au plus tôt vous pourrez retrouver votre Capitaine.
              Mirabella ? À l'annonce de ce nom, Pludbus partit dans une rêverie douçâtre, imaginant cet être répondant à ce doux nom sous la forme d'allégorie à base de mirabelle. Juteuse. Croquante. Enivrante. Pludbus agita sa tête dans tous les sens, humant l'air à la recherche de la flagrance qu'il imaginait de la mirabelle. Perdu dans son songe, il manqua d'assurance et il se mit à trembler sur place. Puis il bascula, rapidement rattraper par son pied encore valeureux, s'approchant de l'inconnu comme s'il était attiré par elle. Elle le regardait. Il ouvrit les yeux pour la fixer de son regard de mâle dominateur et fier. Sa proie s'était révélée et la bête qui sommeillait en lui avait faim de chair fraiche. Entendre son nom ? Oh que oui. Personne ne peut ne pas l'avoir entendu. Et si c'était le cas, Pludbus Céldèborde mettrait un point d'honneur à inscrire profondément dans la chair le souvenir de son existence, surtout pour les femmes, évidemment. Elle l'appelait. Il s'en doutait. Il y avait du monde, certes, mais qu'importe. Rien ne pouvait l'arrêter. Sa détermination lubrique lui fit bondir en avant et sa vieillesse le fit glisser sur le sol. À son âge, il est difficile de savoir coordonner deux jambes en même temps. Se retrouvant le nez contre le plancher, le marine ne put que constater que la mirabelle n'avait pas l'odeur du bois. Il eut des rires bien rapidement étouffés quand l'inconnu plus si inconnu que ça leur révéla le précieux sésame pour Banaro. Un éternal pose.

              Lawblood le récupéra d'une main et sans faillir avant de l'examiner sous toutes les coutures. Il leva alors les yeux vers Trovahechnik pour hocher la tête, certifiant ainsi qu'il était bien ce qu'elle prétendait être. Le commandant s'avança donc, jetant un regard méprisant sur le nonagénaire de l'équipage.


              Céldèborde, c'est à demander si vous le faites exprès. Ayez un peu de décence dans votre existence et cachez-nous vos pitreries.

              Le commandant Lou avait fait l'effort, un peu plus tôt, d'oublier pour un temps son différent avec Achilia, car ce dernier possédait des qualités indispensables à la situation. Pour le cas de Pludbus, c'était différent. Son inutilité légendaire ne trouvait aucune clémence en pareille situation de crises et ce n'est que le règlement qui a empêché le commandant de se débarrasser du vieillard. Comme si les marines pouvaient lire les pensées du Commandant, quatre hommes se détachèrent du groupe pour déplacer la relique humaine qui ne put s'empêcher de lever sa main vers Mirabella comme s'il voulait l'attraper. Lou n'eut qu'un regard méprisable pour l'ancêtre quand il passa près de lui. Son attention était focalisée sur l'inconnu.

              La Base Mobile GM42 a bien résumé la situation malgré son handicap. Nous retrouverons le capitaine Hadoc. Malgré votre aide, je n'oublie pas les crimes que vous avez perpétrés pour arriver à vos fins et vous pouvez compter sur moi pour vous les rappeler le jour où vous serrez arrêter.

              Pour l'heure, veuillez vous trouver un uniforme. Votre tenue est une enfreinte au règlement de la marine.


              Il se tourna alors vers les Ghost Dogs. Chacun l'observait et attendait l'ordre qui devait arriver.

              Messieurs ! Tout le monde à son poste ! Prenez la décision de l'eternal pose du lieutenant-colonel Lawblood. Nous allons à Banaro.

              Et par une forte clameur poussait par des dizaines d'hommes, les Ghost Dogs approuvèrent. Plus loin, un ancêtre sentait le goût des mirabelles dans sa bouche.

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              L'équipage n'aura pas goûté bien longtemps à la désagréable sensation de K-O qui nous étreignait. Tant mieux, l'inaction mine le moral des troupes. Je sais pas trop pourquoi cette gamine est là, ni exactement quel est le plan de celui pour lequel elle bosse, mais la donne est changée. Positivement. On a un cap, et l'assurance que Hadoc est toujours en vie. C'est une bonne base. Plus stable que l'Adjudant, déjà.

              Trovahechnik, s'il est vraiment affecté ce dont je doute, le cache particulièrement bien derrière son sempiternel voile bureaucratique et acariâtre. Il imprime le tempo, dispense les premières directives qui font office de massage cardiaque. C'est concluant, le Passeur revient à la vie. Je prends aussi un peu pour moi la remarque qu'il adresse à l'intruse; elle fait écho à sa décision me concernant et me rappelle qu'il s'agit d'une simple trêve. Et de rien de plus. Sitôt la situation aplanie, je pourrai compter sur lui pour me rappeler l'insubordination dont j'ai été coupable, parmi les trente-six autres chefs d'inculpation qu'il saura relever eu égard sa maîtrise des codes militaires. Et ce moment là venu, je regretterai amèrement le jour où j'ai pris l'uniforme. Cette pensée va rester ancrée dans un coin de ma tête tout le temps de notre opération sur Banaro. Je vais faire tout mon possible pour porter secours au Capitaine, l'homme le mérite et je m'y suis engagé. Mais tout en restant à l'affût d'une éventuelle initiative de Trovahechnik à mon encontre. S'agirait pas qu'une embûche me tombe sur le coin de la gueule en me prenant de court.

              Le mieux pour s'en protéger, c'est encore de se montrer prévoyant. De faire jouer les dons qui me démarquent des marines et dont l'équipage a déjà pu tirer profit dans le passé tant que personne ne me colle au train. Les matelots sont aux manœuvres, les officiers, dont Lawblood et Trovahechnik s'entretiennent dans la cabine du capitaine. Réunion au sommet. Sans doute pour décider du degré de confiance à accorder à cette Mirabella. Quant à elle, elle a investi la vigie avec un petit sourire, exigeant de ne pas être dérangé avant d'arriver en vue de la terre ferme de Banaro.

              Direction la cale. Mon repère. Personne. Pas même le Corbeau ou Thomson, qui ne manquent pourtant pas une occasion de s'y réfugier pour esquiver telle ou telle directive. L'heure est trop grave pour ça. Je contourne la table usée qui aura vu défiler sur ces deux dernières années plus de cartes à jouer que n'importe quel autre meuble de fourniture de la marine. Pousse ma chaise à bascule. Et fait jouer la lame d'un canif pour soulever une pièce de bois moins bien fixée que les autres. Dessous, un faux plancher avec le nécessaire de survie. Un verre à shot, un fond de rhum et un Den Den Mushi. Il devait servir à la bonne sécurité des geôles, mais n'a jamais joué son rôle. Un nouveau coup d'œil vers la lumière du jour. Personne ne vient.

              Je me lance une rasade avant de mettre à contribution l'escargophone. Le petit ustensile ne tarde pas à lancer son appel. Une voix fatiguée et familière répond.


              Mosh ... môshi ?
              Old ? C'est Achilia.
              Graah...yaaha ... Gambler, vieille fripouille. Toujours planqué chez les mouettes ?
              Hm, plus pour longtemps. M'est avis que le vent va tourner.
              Yéééhé ... un retour à la raison. C'est bien. Un gars comme toi qui répond à des ordres, c'est du gâchis. Greuf ... greuf .... Qu'est ce que je peux faire pour toi ?
              Tu aurais entendu parler d'un enlèvement, récemment ? Un gros coup.
              Possible ... quel genre ?
              Genre Haut Officier manquant.
              ... Ça me parle pas, mais j'vais me renseigner. Autre chose ?
              Vois ce que tu peux trouver sur une certaine personne; elle dit s'appeler Mirabella. Une gamine, peut-être vingt ans, des tatouages et une tendance à se fourrer dans de sales business. Un autre client à toi pourrait avoir eu affaire avec elle.
              C'est noté.
              Dernière chose. J'risque d'avoir besoin d'un plan de repli, sur Banaro. Si tu peux me monter ça.
              Greuh... ça sent les ennuis, tout ça ...
              Je sais pas encore. Ça dépendra ptetre de ce que tu pourras m'apprendre. Je te recontacterai dans un jour ou deux pour faire le point.
              Entendu.
              ... J'sens que je vais t'en devoir une, vieil homme.
              Compte sur moi pour te le rappeler, gamin.
              Cloc.

              Je remplis ma part du contrat. Faire ce pour quoi on me sait doué. Au plus vite j'en apprendrai sur Hadoc, au plus tôt je saurai à quoi m'en tenir. Le reste, ça sera plus de mon ressort. Le meilleur moyen de couvrir ses arrières, c'est encore de préparer sa sortie.