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[FB 1621] Mission code "Le pigeon est un peu le rat du ciel" | Seido D. Noroma

Rappel du premier message :

    1621, South blue, une base de la Marine, service de détention.

    Quelque part dans le monde.
    C'était là où j'étais.
    Le milieu de nulle part.
    Un nulle part qui satisfaisait pourtant la population locale.
    Et la terre tournait toujours.
    Comment, je ne saurais dire. Pas un magasin digne de ce nom à des miles à la ronde. Je le savais parfaitement. J'avais personnellement vérifié ce fait. Tout comme j'avais pu constater que les gens du coin n'avaient aucun sens de la mode et de l'art vestimentaire. Quoi ! Les femmes sortaient sans chapeau et sans gant. Pas même un vulgaire couvre-chef de paille, sans bande de velours, fleurs artificielles ou plumes colorées esthétiquement épinglées sur le pour-tour. Du coup, elles étaient toutes couvertes de tâches de soleil et leur ongles ne ressemblaient à rien à ceux d'une dame. Misère !

    Je regardai mes propres réticules avec un œil acéré. Malgré le manque de commodités, j'avais pu entretenir mon apparence et comme j'avais passé la journée d'avant-hier à me polir les ongles avec une lime jusqu'à leur donner cet arrondi tellement élégant, ma manucure était encore impeccable.
    Je serrai les lèvres pour retenir un énième soupir. La journée se traînait, et il ne se passait pas grand chose.

    Dire que j'étais venue ici dans l'espoir d'acquérir une expérience de terrain. Non seulement une obligation dans le cadre de ma formation Cipher Pol, mais aussi une chance d'échapper à l'influence de ma famille. Même au sein du gouvernement mondial, le nom de « Raven-Cooper » n'était pas ignoré. Cependant, alors qu'auparavant cela avait provoqué vagues de murmures respectueux ou envieux, je devais désormais faire face à du dédain ou de l'amusement.
    Cette base était suffisamment éloignée du QG de South Blues pour ne pas être un petit comptoir satellite, mais bel et bien un véritable poumon autonome de la Marine qui régulait les alentours. Si South Blues n'était pas la pire des quatre mers de notre monde, elle n'en était pas pour autant un petit coin de paradis et les rapports d'activités laissaient suggérer que j'aurais dû trouver ici de quoi remplir mon rapport.

    En conséquence de quoi, mon karma m'avait trahi et voilà que j'avais maintenant un vernis parfait, preuve d'un trop grand nombre d'heures oisives, et une boule au ventre quant à la nécessité de trouver quelque chose à dire sur mon affectation passagère.
    Certes, j'avais appris comment on gérait un centre de détention, depuis les formalités administratives d'enregistrement d'un nouveau détenu, son suivi lors de la préparation de son jugement – y compris les repas, les relevés de linges et la transcription dans les comptes – jusqu'à sa délivrance vers sa destination finale, l'emprisonnement dans tel ou tel établissement ou une finalité bien plus... finale.
    Mais mon instructeur m'avait fait savoir que tout cela, aussi intéressant que ce fut, ne constituait nullement un apprentissage digne d'un agent Cipher Pol. Je ne pouvais qu'agréer. Après tout, je m'étais engagée au gouvernement pour être sur le terrain. Pour faire la secrétaire pour la Marine, autant rester chez moi et ne pas m'avoir mis à dos toute la famille...

    Soudain, la porte s'ouvrit et une silhouette entra, tirant derrière elle une seconde personne, visiblement entravée. Oh, de l'action. Ou à défaut quelque chose à faire. Aussi plaisant que pouvaient être des moments de calme, ne rien faire toute la journée pendant trois jours avait tendance à vous ramollir le cerveau et non, je refusais d'avoir quoi que ce soit de mou en moi. Nah !
    - « Bonjour ! Unité de détention, Agent Raven-Cooper à votre service. Que puis-je faire pour vous aider ? »
    Dis-moi, dis-moi, dis-moi.
    Et surtout... démerde-toi pour que ce soit intéressant.


Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Dim 20 Jan 2013 - 20:39, édité 1 fois
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    Les choses se passent rarement comme on le voulait. Je savais que Mère n'aurait rien voulu d'autre que me voir faire un beau mariage avec un jeune officier, pour rapidement engendrer la nouvelle génération de Raven-Cooper. Je n'avais jamais compris cet enthousiasme car en cas de mariage, je perdrais mon nom de jeune fille. Cela ne l'empêchait tout de même pas de me seriner à chacune de mes visites qu'à mon âge, elle-même était déjà enceinte.

    Tout ça pour dire que mon stage de terrain auprès de Seido ne se passait vraiment pas comme prévu – essentiellement parce que je n'avais pas saisi la réalité des choses. Nul doute que le chasseur de prime expérimenté qu'il était ne voyait rien de bien surprenant dans le déroulé des choses. Mais j'étais décidée à bien faire, et tout le monde sait que c'est ainsi que les pires idioties sont commises. L'enfer est pavé de bonnes intentions, hum ?
    Voilà pourquoi je me retrouvai derrière un buisson, peut-être vingt minutes après que Seido eût quitté les lieux. Son exploration de la mine avait été rapide, nette, précise, prof. Mon manque de plan – et de réflexion – totalement amateur.

    J'assistai donc à la fin du déménagement, comprenant aux gestes des uns et des autres que quelque chose les avait mis en colère, sans en saisir la raison. En effet, j'étais trop loin pour entendre leur échange, en dépit du fait que le son montât. Je dus me contenter d'assister au va-et-vient de caisses et tonneaux, et enfin voir trois hommes émerger des ombres de la ruine en clopinant. Le départ était proche, et toujours pas signe de Seido. Avait-il été capturé, et laissé seul dans les tunnels ? Pire, était-il mort ? Ou m'avait-il abandonné à mon sort, pour revenir en ville suite à mon semi-échec ? Mais dans ce cas, il aurait vu mes traces sur la route et surtout dans le bas-côté à l'endroit que j'avais choisi pour retourner vers les mines. J'avais fait exprès de bien piétiner les herbes à cet endroit. Bon, il pourrait penser qu'une vache s'était roulée là, mais ça, ça serait blessant à mon encontre.

    Nerveuse, je me mordillai les lèvres, espérant voir mon « maître » surgir des fourrés à tout moment, avec une remarque bien sentie sur mon inutilité. Cependant, vint le moment où rien ne se passait si ce n'était le fait de prendre une décision. Rester et fouiller la mine ? Retourner en ville ou...

    Ou comme mon instinct me le poussa à faire, profiter d'un relâchement dans les gardes pour dévaler la pente avec un peu plus de grâce que la dernière fois, me faufiler jusqu'au dernier wagon et m'y glisser. Là, je me ménageais une petite planque, dissimulée par un gros tonneau, souhaitant de tout cœur que personne ne vint dans ce même chariot. J'eus de la chance : bientôt, le convoi s'ébroua, d'un pas lent et lourd. La toile qui couvrait la marchandise m'empêchait de voir, et ce fut à ce moment que je compris que je venais de faire une grosse, très grosse erreur : ne pas avoir de moyen d'indiquer où nous partions. Il ne me restait qu'à souhaiter que les roues formeraient un sillon que Seido ou quiconque pourrait suivre.

    En dépit de tout bon sens, je me surpris à être bercée par le roulis du chariot et à dodeliner de la tête. La « promenade » avait déjà été un exercice d'endurance et l'adrénaline infusée dans mes veines lors de la confrontation avec les brigands s'était dissoute, ne laissant qu'une impression de fatigue décuplée par le stress oppressant. J'alternai donc piquage de nez et réveil en sursaut effrayé. Autant dire que mes nerfs n'étaient pas en un bon état. Ainsi, chaque mouvement, chaque éclat de voix me terrifiaient, encore plus quand ils étaient à proximité de moi. A travers le tissu, je sentis l'aplomb du soleil diminuer et j'estimai que le soleil ne tarderait pas à se coucher quand nous nous arrêtâmes. En plus d'une soif qui parcheminait mes lèvres, j'avais une envie pressante qui me torturait. Et la peur serrait mes entrailles.

    Comment savoir si c'était le bon moment pour sortir ? Je rampai avec toute la délicatesse dont je pouvais faire preuve, soulevant un pan de la toile pour épier les alentours, et après avoir considéré une sorte de sol poussiéreux, je pus remarquer à quel point les chaussures des brigands étaient moches et sales. Pff, franchement, qu'est-ce que ça coûtait de brosser le cuir et de le nourrir de temps en temps ? On ne va pas me dire que les brigands avaient une vie tellement trépidante qu'ils n'eussent pas cinq minutes pour leurs bottes ? Et après, on s'étonne qu'ils viennent voler celles des autres...

    M'enfin ce n'était pas la question.
    - « Rebonjour ? Non, ne dites rien. Je sais que vous êtes en colère. Ça se voit, mais j'ai une très bonne explication. Permettez juste que je me sorte de là. Je suppose que vous ne m'aiderez pas. Non ? Bon, ce n'est pas gentil... Attendez, vous me tirez comme une brute et ma cheville est coincée. Mais où voulez-vous que j'aille ? A moins que vous ne pensiez que je m'échappe ? Waaa, vous êtes grand. Et vos chaussures sont sales. Très sales. C'est très important, les chaussures. Après, on attrape des corps et des ampoules et dans votre corps de métier, c'est essentiel, les pieds. … Ah, mon explication ? Voyez-vous, je ne suis pas experte en mine. Vous vous en doutiez hein ? Pourtant j'avais bosser mon sujet à fond. C'est important l'information. Autant que les pieds, même si ça ne sert pas à la même chose. Quoi ? Ah oui, j'y arrive. Je suis journaliste ! Et je veux écrire un article sensationnel sur la grande bande de voleurs qui terrorise la région. Vous êtes célèbres, et je veux être la première à vous interviewer !!!  »

    Et ce fut ainsi que je pénétrai dans l'antre des voleurs.
    Objectif un : entrer, fait. Réussi avec brio, même.
    Le seul petit problème était que j'avais les mains liées et un bâillon.
    Un double même.
    On trouvait que je parlais trop.
    Et j'avais toujours envie de faire pipi...
    Mais bon, j'étais au cœur de l'action, maintenant.


Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Jeu 6 Fév 2014 - 19:04, édité 1 fois
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Retrouvée sa protégée était la seule chose qu’il avait en tête. Enfin, ça et essayer de ne pas se laisser capturer, ou cas où on le suivait. Heureusement pour Seido, ça n’était pas le cas. Il retraça le chemin parcouru à l’aller le plus vite possible, pour retrouver son allié. Cependant, même une fois arrivé en ville, pas un signe de sa présence. Était-elle allée à la caserne pour prévenir la marine ? Une visite sur place lui fournit la réponse : non.

« - Shaïness ? Non, je ne l’ai pas vue aujourd’hui, pourquoi ? »

La jeune femme n’était pas aussi charmante que sa collège, mais c’était à se demander si la Marine n’embauchait que les jolies filles. Présenta sa carte et se présentant, le chasseur de prime expliqua la situation.

« - Une bande de bandit, les coupables de l’attaque du restaurant l’autre nuit,  s’est abrité dans la mine, mais il se déplace… »


Seido demanda le soutien des hommes de la caserne pour emprisonner les bandits, dans leur camp situé à l’ouest.

« - D’accord, veuillez remplir se formulaire. D’ici quelques jours, votre demande sera traitée et on vous préviendra. »

Gardant son calme, il demanda à voir le chef des lieux, mais on lui répondit qu’il n’était pas là. Mensonge ? Seido n’en était pas sûr, mais il pensait que oui. Ainsi, il joua une autre carte de sa manche, refouillant au loin son côté calme et serein. Place à la colère … contrôlée.  À l’aide de ses deux poings fermés, il frappa violemment sur la table, faisant sursauter la demoiselle.

« - PAS LÀ ? PAS LÀ ! ET VOUS CROYEZ QUE JE VAIS ATTENDRE !!! »

« - Monsieur, s’il-vous-plait, calmez-vous… »

« - ME CALMER ! FAITES MOI VOIR LE CHEF OU JE CASSE TOUT ! »

« - Sécurité … »

Deux gardes imposants vinrent dans sa direction, chacun d’un côté opposé à celui de Seido. Sachant très bien que cela allait en venir à ça, il pivota vers la droite, envoyant son poing dans le visage du gars de gauche, et frappa l’autre à la jambe, en le finissant à l’aide d’un coup de coude. Le combat ne s’arrêta pas là, avec quatre nouveaux marines voulant participer à la fête. Vu qu’ils étaient armé, Seido en fit de même, mais en laissant le fourreau sur l’arme, pour te pas risquer de blesser quelqu’un. Et puis, comme ça, Seido pouvait mettre plus de force dans ses coups ! Cependant, les mecs étaient plus costaud que prévu, le combat était acharné, et commençait à tourner à son désavantage, lorsque …

« - Assez ! »

Le remue-ménage avait fait sortir le loup de sa tanière. Ce dernier invita ses hommes à reprendre leur poste, et au chasseur de prime à le suivre. Une fois arrivé dans son bureau, le Colonel brisa, en invitant le chasseur de prime à lui fournir une explication à son comportement, avant de l‘emprisonner. Un peu impressionner par le gars, Seido prit tout de même la parole, lui expliquant son infiltration dans la mine, son interrogatoire et son envie de prendre leur nouvelle base d’assaut, par surprise.

« - Vous avez des preuves ? »

Non, il n’en avait aucune. Dans la précipitation, cette intention ne lui était pas venue à l’esprit. D’ailleurs, il ne comptait pas vraiment demander un renfort.

« - Ma parole de chasseur de prime. C’est mon boulot de coffrer les bandits, pas de manipuler l’autorité. »

Heureusement, l’homme sembla le croire, décidant de lancer une offensive grâce aux données que Seido possédait, par rapport à la localisation des lieux. L’idée était simple : une attaque en tenaille, pour que les bandits soient complètement pris au piège.  Le chasseur n’était tout d’abord pas inviter à l’évènement, mais il réussit à convaincre le marine. Départ à la tombée de la nuit.

À l'heure J...

Une nuit chaude, où une grande partie des êtres vivants cherchaient en vain un souffle d'air froid. Les plus chanceux pouvaient se baigner plus loin dans le nord, les autres se déshabiller... et les derniers ? Crever de chaud en silence. L'attention du garde du camp, en raison de cette particularité climatique, étaient moins attentif, favorisant ainsi l’attaque prévue par les Marines. Au début, du moins du côté de Seido, cela se passait bien. L’assaut en tenaille se déroula à l’heure, sans encombre, ni problème, mais la fatigue et la chaleur attaquèrent aussi les bleus, histoire de ne pas faire de jaloux.

La défense fonça droit sur leur assaillant, ce qui n’était pas trop mal, du point de vue de Seido. En effet, vu les évènements, son groupe devrait maintenant faire office de leurre et concentrer l’attention sur eux, afin que l’autre groupe puisse progresser dans l’ombre et s’emparer de la victoire. Sabre à la main, le chasseur de prime se battait en essayant d'avancer dans le territoire ennemi, sans oublier son objectif : récupérer son arme. Où ? Difficile de le savoir pour le moment, et ce n'était pas en affrontant ces sbires qu'il allait le savoir. Ainsi, il se fraya un chemin vers l'extérieur de cette foule, en passant derrière une hutte. Il était temps de jeter un coup d'oeil aux alentours.
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    L'endroit était une sorte de.... village ?... constitué d'amas de tentes et de cabanes construites avec les moyens du bord. Franchement, ces bandits... ils avaient le chic pour trouver les pires coins où se poser, entre une mine et un campement miséreux au milieu d'un terrain qui pouvait s'embourber à tout moment. Et qui dit bourbier dit marais, et marais dit tout plein de bestioles qui pullulent dans un coin puant. Pas étonnant que les habitants du coin eussent fui depuis longtemps. Mais avez-vous la taille des moustiques dans le coin ?
    La chaleur qui frappait pesait sur nous comme autant de coups de fouets sur les épaules. Pas un seul courant d'air pour évacuer les miasmes des marécages, ou alors, uniquement pour nous rapporter un relent de viande et de bois putrides.

    J'avais été dans un premier temps totalement oubliée, poussée dans les entrailles d'un cabanon, jetée à terre entre deux sacs. Tellement rassurée de ne pas subir pire, je sentis l'adrénaline quitter mes veines, me laissant là, dans la poussière, totalement ramollo.
    Puis l'inconfort de ma position et cette satanée nécessité de me soulager me poussèrent à me relever. Ma « cellule » n'était pas grande, et n'offrait qu'un rempart bien mince face aux dangers de l'extérieur. J'entendais les hommes bouger tout autour de moi, j'écoutais leurs conversations – d'un intérêt tellement médiocre que je ne les rapporterai pas ici – et je voyais leurs ombres passer devant les parois. Apparemment, j'étais dans une cabane « centrale » au camp. M'échapper serait compliquée, même s'il n'y avait pas de garde devant la « porte ». Je testai les murs, tentant d'ébranler les cloisons. Que dalle. Décidément, c'était rustique, mais solide. Et toutes ses mouvements ne me rappelaient que trop une certaine pression dans mon... mon estomac.
    Là, je sus que j'allais devoir vivre ma première grande aventure. Le grand périple. Le danger qui fait palpiter le cœur !
    A force de contorsions et de tortillements, je réussis à faire passer mon popotin et mes jambes dans le cerveau de mes bras. Je m'esquintai un peu au passage les articulations des épaules, mais je pus bénir mes années de danse qui m'avaient donnée suffisamment de souplesse pour réussir cette manœuvre. J'avais désormais les mains liées, mais devant moi, et je pus me défaire de mes baillons. Puis, priant tous les dieux que je connaissais et maudissant Seido, je m'accroupis derrière un tonneau pour faire ce que j'avais à faire.

    Les probabilités pour qu'un bandit choisît ce moment précis pour venir s'enquérir de mon devenir ? Techniquement, faibles. Bien entendu, si la vie se passait comme prévue, il n'y aurait pas de héros et de contes. Je me redressai donc à l'instant où une silhouette se fit plus massivement entrevoir à travers les failles des murs. Ou aurais-je dû me relever, si je ne m'étais pas pris le pied dans un trou, avant de partir en arrière sur un sac, culbutant par dessus puis derrière. La malfaiteur ouvrit donc la porte à la volée, et avec le choc des lumières, ne vit rien de particulier, se contenta d'éjecter deux autres sacs par dessus tout ce qui était déjà entreposé et referma le tout.
    Je restai immobile, le souffle court. Etait-ce donc ça, le danger des missions ? Ne venais-je pas d'échapper à ce qui aurait pu me coûter la vie ? Enfin, l'honneur, mais c'était plus ou moins la même chose chez moi. Jamais quand on lisait les récits ou même les rapports des Marines, il n'était mentionné d'avoir frôler la mort alors qu'on se soulageait. A croire que personne ne mangeait, ne pissait ou ne s'arrêtait pour calmer un point de côté, dans la vie !!
    Je venais de réaliser que les aventures, les lire et les vivre, c'était deux choses différentes. Et que seul un héros, un vrai, celui qui avait des pouvoirs magiques, pouvait vivre cinq cent pages d'épiques épopées sans changer de slip. Ça et les PNJ. Saleté de PNJs, eux aussi étaient immunisés contre les réalités triviales. Pas étonnant qu'ils puissent vivre dans des trous pareils. Non, vraiment, le PNJ, c'est la mort du petit cheval, et me voilà entourée de PNJs. Horrible, juste horrible.

    Je m'en désolai donc, assise sur le sac qui m'avait sournoisement mise à terre. Ah se lamenter et se perdre dans des monologues larmoyants. Ça, c'est la marque du héros, tout comme on reconnaissait les méchants à leur tirade de « je t'explique mon plan au lieu de faire ce que la logique nous pousserait à faire : trucider le héros ». Combien de temps dura mon exil solitaire ? Aucune idée. Le temps d'examiner mes ampoules, mes pointes et mon vernis, sans nul doute. Le temps de voir que les aventures, ce n'était pas sexy du tout. Le temps de m'ennuyer et d'avoir réellement soif.

    Si le soleil avait décliné vers sa belle mort, la chaleur perdurait, s'attachant à nos pores comme des vergetures aux cuisses. J'en avais assez de cet endroit, et surtout, assez d'attendre qu'on vînt me sauver. Mais que faisait donc Seido ? C'était son job ! Allais-je devoir réellement tout faire ici ? Et me venir au secours ? Où était mon grand et noble protecteur, qui déferait ces macaques d'une seule main, tandis que de l'autre, il m'enlaçait – bon, on n'enlace pas d'une main, mais d'un bras, mais vous avez compris l'idée – alors que je me blottirais contre sa poitrine... Voilà une aventure.
    Puis je me rappelais que j'étais en stage. Je n'étais pas censée faire tapisserie. Parfois, je me détestais. Quelle idée que de vouloir faire carrière !!! Si j'étais restée chez moi, le seul danger que je risquais aurait été de voir l'un de mes enfants casser le vase de mamie Patoche ou de manquer de respect au supérieur de mon mari. … … oui, non, oubliez ça. Je me souvenais maintenant pourquoi je rêvais d'aventure.

    Bon. Demoiselle en détresse ici. Comment me dé-détresséïser ?
    A tout hasard, faute de bonnes idées, je poussai la porte de la cabane.
    Elle n'était pas fermée.
    Faut dire... où irais-je ? Je ne savais pas où j'étais pour commencer. Certes, perdue pour perdue, autant être perdue toute seule et tenter d'être libre, mais j'avais la vague impression, comme ça, sans trop savoir pour quoi, que les pronostics n'étaient pas en ma faveur... Certains pourraient, bien entendu, me dire qu'être en train d'être digérée dans le ventre d'un crocodile était une forme de liberté. Mais personnellement, j'allais égoïstement suivre MA définition de liberté.
    Encouragée par ce manque de méfiance, je passai le bout du nez par l’entrebâillement. Rien. Ouverture en biais, rien. En demi-biais, rien. Glissement stratégique sur le côté, toujours rien. Un pas, deux pas... rien et niet et ziet. Un petit troisième ? Mais oui, et même un quatrième.

    En fait, c'est vexant, ce peu d'attention portée à ma personne.
    Le monde ne pouvait pas être indifférent à ma présence !! Je veux et j'exige d'être le centre du monde !

    Bien sur, je changeai immédiatement d'avis quand un gros patibulaire s'orienta dans ma direction générale. En fait, ma direction personnelle. A voir la taille de ses paluches, une tapette de sa part et ma tête part à cent quatre-vingt degré. Une perspective peu enthousiasmante.
    Alors qu'il s'emparait de ma délicate personne – oui, j'allais être couverte de bleus !!! Mais les héroïnes ne sont jamais couvertes de bleus ! Elles sont spécialisées dans le déchiquetage savamment dévoilant de leur tenue. Alors laissez mes bras tranquilles attaquez donc mes vêt--.... non en fait, laissez-moi tranquille tout court !!!
    - « Vous ne pouvez pas arrêter le droit à l'information !!! Liberté d'expression !!! » piaillai-je à qui-mieux-mieux alors que j'étais ramenée dans mon cabanon.

    Et là, la lumière fut.
    Enfin, lumière, c'est vite dit.
    Ce type est tout, sauf lumineux.
    Ah, oui, je parle du type en costume marron qui avait dirigé le pillage du restaurant, hier soir.
    Celui qui pensait avoir la classe.
    Celui qui avait clairement un ego sur-dimensionné, que je flattai bassement en m'extasiant sur son génie maléfique, en lui promettant un article magistral et peut-être même la une de l'édition de dimanche, pour peu qu'il me libérât de mes liens – j'avais toujours les mains attachées – et que je fusse libre de poser mes questions.
    Aaah, les promesses de gloire, surtout quand elles sont susurrées par des lèvres aussi délicieuses que les miennes, ne peuvent qu'attirer les espoirs vacillants de pauvres types aussi demeurés que pas aidés au demeurant. Bientôt, j'avais autour de moi une demi-douzaine de gaillards tous désireux de me narrer leurs exploits de contrebande, de vol et autres. Le fait était, dès qu'on grattait la surface, on trouvait généralement un gosse ou un ado poussé par la misère ou la faim, un père bien trop violent ou un système trop autoritaire. Presque aucun d'entre eux n'avaient choisi la voie du crime.
    Excepté fait de Costume Marron. Lui était clairement dérangé. Il n'avait jamais connu son père – ouin – sa mère étant une serveuse de bar dans un trou perdu - bou bou – plus ou moins séduite, charmée et abandonnée – snif, snif. Il pensait réellement que son géniteur était un petit parvenu du coin et s'indignait du fait de n'avoir jamais été reconnu (et donc de ne pouvoir toucher une part non dédaignable de la fortune familiale). Du coup, à l'âge de 16 ans, il éviscéra ledit paternel et s'appropria l'ensemble des biens. Ce butin confortable le confortait dans son idée qu'il était un « gens de la haute » et il se considérait comme tel, et agissait en conséquence. Mouarf! Le fait qu'il eut tout perdu plus tard au cours d'une « association malheureuse avec un bandit qui avait su gagner sa confiance » ne me surprit pas. Pigeon un jour, pigeon toujours. Hé oui, mon gros, c'est dans ton ADN, tu es né con. Remercie ton idiote de mère qui n'a pas su aligner ses deux neurones quand il en était encore temps... tout comme n'a pas su aligner ses jambes, si vous voyez ce que je veux dire.

    Les histoires sordides de bas étage m'insupportaient. Si je voulais du pathos misérabilis-social, je m'achetais un roman de gare. Là au moins, c'était crédible.
    Surtout que jouer les psy, c'était bien, mais ça ne me faisait pas sortir de cette jungle.

    Les choses basculèrent avec l'arrivée de la Grande Liane. Mince et plutôt voluptueuse dans son genre, elle était clairement la maîtresse des lieux. Une odeur nauséabonde de mauvais l'entourait, depuis ses bottines hautes en cuir – du cuir, dans un marais !! - son rouge-à-lèvres rouge pétasse et son parfum capiteux de place de marché. Un cliché sur pattes – qu'elle avait démesurément longues – qui se promenait avec des fausses allures de tigresse – en fausse fourrure – se lovant contre Costume Marron en croisant bien haut les cuisses.
    - « Qu'avons-nous là, Rupert, mon chou ? »
    - « Euh, voici Mademoiselle Rose, une journaliste qui--- »
    - « Une journaliste ? Vraiment ? Ça ? »
    - « Parfaitement, une journaliste assermentée et hautement qualifiée. Et vous qui êtes-vous ? Parce que non seulement vous êtes malpolie et vous ne vous présentez pas, mais en plus, personne ne m'a jamais parlé d'une... enfin de vous, jusqu'à maintenant. » Ma grande, si tu veux jouer à ce jeu, on va jouer. Sauf que je suis championne toute catégorie es-persiflage. Et ne fais pas la moue, ça te donne des rides.
    - « Que fait-elle en vie ? »
    - « En fait, elle fait un reportage sur nous. »
    - « Oui, la presse s'intéresse à la bande de malfaiteurs qui sévit dans le coin. Rupert nous intéresse tout particulièrement, puisqu'il est clairement le cerveau de la bande. »
    - « Ceci prouve que vous êtes aussi bête qu’inconsistante. »
    - « Heu---- »
    - « Venant d'une femme qui a sa place dans un bordel de bord de quais, je ne me sens absolument pas insultée. Hé oui, la veillasse, il faut avoir les moyens de sa politique. »
    - « Cristal, enfin--- »
    - « Vous vous appelez vraiment Cristal ? Parce que ça, pour le coup, ça fait actrice porno... »

    A ce moment là, les hostilités furent déclenchées.
    Littéralement parlant.
    Les coups de feu, les cris de guerre des hommes, puis les cris de douleur.

    J'aurais aimé partir, profiter de ce chaos pour courir vers les hommes en bleu, mais une certaine Cristal m'agrippa les cheveux et tira sournoisement en arrière la masse douce et généreuse de mes mèches.
    - « Espèce de saleté, c'est toi qui les as mené ici ?!! »
    - « Mais pas du tout, j'étais ici depuis ce midi !!! Lâche-moi, espace de morue ! »
    - « Grosse truie ! »
    - « Cul de pékinois ! »
    - « Pétasse ! »
    - « Grognasse ! »
    - « Décérébrée ! »
    - « Marie-couche-toi-là ! »
    - « Prétentieuse ! »
    - « Vulgaire et puante des dents, en plus »


    C'était un combat acharné, que ce combat de filles. Ça griffait, ça mordait, ça hurlait, ça hululait même. Gifle, claque, morsure, coup de pied dans le genou, tirage de cheveux, tous les coups étaient parmi. Je finis par placer un direct – AIE !!! mais ça fait mal !!! Ma main !!! - mais elle répliqua par un coup de code dans l'estomac.
    Voici le spectacle que Seido, la cavalerie qui n'est bien entendu « ja-mais » en retard, contempla, au détour d'une hutte, tandis qu'un groupe de bandits assistaient assez médusés et totalement à découvert, à ce que je ne considère pas être mon heure de gloire, d'amour et de beauté.


Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Jeu 6 Fév 2014 - 19:05, édité 2 fois
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Le spectacle était superbe. C’était donc ça, un combat de filles ? Pour un homme, c’était le spectacle ultime, le Saint Graal. Ami comme ennemi n’osèrent pas s’interposer devant ce spectacle. Tirage de cheveux, gifle, un semblant de vrai coup de pied ou de poing, et des vêtements qui se déchiraient. Bonté divine, qu'on se sentait vivant devant ça ! Un homme fit un pas les bras en avant, montrant ainsi un geste d’intrusion, et ce fit immédiatement taper dessus par ces camarades. Un peu de solidarité masculine, quoi, ce qui fit rigoler Seido. Cela montra aux gens sa présence, qui ne sembla pas la bienvenue. Les hostilités commencèrent, dommage, ça devenait intéressant chez les filles.

Quelques mois auparavant, Seido n'aurait pas agi de cette manière. Pour lui, un combat se faisait comme on le lui avait enseigné, en suivant la voie du sabre. Mais ça n'était qu'une belle idiotie, vu comment on l'avait ratatiné à main nue. Il fallait être réaliste : un sabre était un outil qui servait à tuer, et non pas un jouet. Si on combinait sa lacune au combat à main nue et son obstination à ne pas tuer, Seido était largement défavorisé en combat, en fait. Cependant, c'était le passé, et il devait remercier le dénommé Trinita pour le lui avoir fait remarqué. Un long séjour chez une bande de combattant clandestin lui avait enseigné un tas de chose sur le comment tuer un homme sans arme. Cette connaissance acquise lui permettait de pouvoir empêcher cela, que ça soit envers lui, mais aussi lorsqu'il attaquait quelqu'un.

En ce moment, Seido mena l'offensive sans perdre de temps. Poing en avant, il avait infligé un direct de son gauche dans la figure du gars à portée. Pivotant sur son pied droit, il frappa en tournant le genou du deuxième gars, le faisant pencher un peu en avant, ce qui permit au chasseur de prime de le finir avec un autre coup de poing. Fier de sa prestation, Seido regarda autour de lui, et vit qu'une poignée d'homme l'encerclait à présent, sabre en main, pendant que sa compagne semblait perdre de son avantage, vu que l'autre femme était sur elle en train d'essayer de l'étrangler. À un moment assez proche, il devait intervenir, histoire de ne pas avoir sa mort sur la conscience, ou ne pas encaisser cette lourde perte. Non pas que la demoiselle soit grosse, loin de là, c'était juste une perle, dans son genre.

Bref, saisissant le manche de son épée, il fonça sur un homme en quelques instants et le frappa au ventre en dégainant et l'envoya valser avec un coup de sa garde. Avant d'affronter les autres, Seido prit la peine de frapper sur une caisse en bois pour l'envoyer sur la demoiselle dominante, mais elle éclata sous l'impact. Se maudissant, Seido chercha une deuxième option. Un homme s'approchait de lui, il esquiva sa lame avec un double pivot, et se retrouva devant un autre. Sans le laisser tenter quoi que ce soit, le chasseur lui infligea un lourd coup de garde à l'estomac, et l'envoya valser avec un coup de pied. L'homme percuta d'ailleurs la femme comme il l'avait prévu. Bon, sa compagne était piégée sous la masse de la femme assomée, mais elle devrait pouvoir s'en délivrée sans encombre... normalement. Se retournant, Seido était prêt à affronter les hommes restant lorsque le jeune homme aperçut ce qu’il pensait être le chef de la bande, qui pointait une arme sur lui : son revolver.

"- Oui, une belle arme, n'est-ce pas ? Je l'ai volée, il y a peu de temps. Voyons voir comment elle tue, voulez-vous "?

Voilà que son précieux revolver allait mettre fin à ses jours. C'était le comble, tout de même ... Comme si Seido allait le laisser faire ! Son cerveau surchauffait pour trouver une échappatoire, sans compté que le gars avait au moins 6 balles à disposition pour le tuer. Aucune cachette, il ne restait qu'une solution : user la faiblesse de son arme. Celle-ci était plus puissante qu'une arme ordinaire, et possédait ainsi un recul plus important, qui pouvait surprendre si on n'y était pas habitué. Cependant, voilà, il fallait éviter le premier coup pour espérer profiter de l'effet de surprise ! Ou bien le distraire, simplement.

"- Mourir en voyant deux filles nues, ça me convient."

"- Deux... Nues ?"

Et oui, que voulez-vous, un homme, c'était faible, surtout quand on disait dans une même phrase les mots femme et nue. Ainsi, le bougre dévisagea le chasseur de prime durant un instant, juste le temps de regarder sur le côté, avec la ferme intention de se rincer l'oeil. Seido profita de cet intervalle pour foncer sur l'homme, sabre en main, pointe vers le bas, avec l'intention de réaliser une coupe de bas en bas. Mais voilà, son ennemi n'était pas un amateur, ou en tout cas, son sixième sens l'avait aidé à sentir le danger. L'action se déroula en un battement de cil.

Le revolver arriva bientôt devant la tête de Seido, qui réalisa un double-pivot sur sa jambe gauche, en réalisant une coupe horizontale. Étant un peu trop loin, cela n'atteint pas sa cible, mais le fit reculer un peu. Le chasseur de prime l'avait prévu, et était déjà sur lui. Non, en fait, son sabre, plutôt, qui venait justement de lui entailler son bras tendus. Voyant qu'il n'arriverait pas à le toucher avec une arme à feu, le mec dégaina son épée, s'apprêta à frapper, mais s'écroula à terre, assommé. Une belle jeune femme venait de le mettre KO, en un seul coups, aidée par une sorte de pelle. Shaïness venait de le sauver, même s'il aurait très bien géré la situation seul...

"- Merci, tu tombes à pic,"dit-il en lui souriant,"- Il serait préférable de les attacher, et de rejoindre la bande.... Mais comment es-tu arrivé là, en fait ? En fait non, on verra ça après. Pour le moment, tu vas bien ?"

Tout en parlant, le jeune homme chercha des yeux un objet, qui devait se trouver non loin d'eux ... Diantre, mais où diable était son revolver ?


Dernière édition par Seido D. Noroma le Sam 8 Fév 2014 - 19:06, édité 1 fois
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    Si jamais on vous pose la question, Cristal était un Okama. Parce que jamais je n'avouerais avoir été mise à mal par une pétasse aux jambes équarries et aux pores dilatées. En plus, elle savait se battre. Ayant été élevée avec deux grands frères, et bien que j'eus toujours été traitée en princesse, j'avais eu mon lot d'escapades dans le jardin et de conflits fraternels. Et bon, accessoirement, j'avais fait mes premières classes en combat 101. Enfin, j'y avais assisté. De loin, assise au dernier rang. Donc j'avais été capable de tenir mon rang pendant les premières minutes de notre affrontement, mais rapidement celui-ci tournait à mon désavantage. Le combat n'était pas très égal, et ça, ça m'énervait.
    Or l'énervement, c'était le début de la fin.
    Finalement, je comprenais mieux les déblatérages de nos instructeurs sur la nécessité de garder l'esprit froid pendant une mission, leurs longs monologues sur la flamme qui ne doit pas vaciller en dedans et toutes ses fadaises.
    Ceci dit, c'est bien joli de nous dire d'être zen, mais là, maintenant, je trouvais extrêmement difficile d'être un roseau qui plie au vent, la flamme constante et d'être en harmonie avec les petits n'oiseaux. La seule harmonie que je sentais, c'était quand mes ongles arrachèrent à Cristal sa bouche d'oreille de pacotille, avec force de sang, de chair et de hurlements. Enfin, plus de hurlements que de chair, parce que l'oreille, ce n'est pas très charnu.
    Et elle en profita pour tenter de m'étrangler.
    Ce qui est totalement injuste et injustifié.
    Oui, parfaitement. Je suis l'héroïne et une héroïne, ça ne s'étrangle pas. Et puis, les choses sont censées se passer de façon à ce qu'elles tournent à mon avantage. Et là que dalle !!! Mais remboursez-moi mon karma !!!

    Le souffle me manquait, je commençais à voir des points noirs – enfin quelque chose de positif : ça me cachais la vision de la tronche de morue de Cristal, déformée par la rage et l'effort. Brrr, j'en fais encore des cauchemars. Mais l'idée de mourir me chagrinait profondément. Mourir en stage, c'était un manque de savoir-vivre flagrant ! Si je désirais passer à la postérité, je ne souhaitais absolument pas le faire par le biais de la colonne nécrologique du bêtisier. Je m'arquai donc une dernière fois... En pure perte.
    Ça y était.
    C'était la fin.
    Finalement, je n'étais pas une héroïne. Je ne savais pas où j'avais bifurqué, quels critères je ne remplissais pas mais la preuve était qu'encore une fois, je n'étais pas à la hauteur de mes propres espérances. Peut-être était-ce le signe que Mère avait raison, que je n'étais pas faite de ce bois là. Si je survivais, j'allais rentrer et ne plus jamais ne serait-ce que penser au mot aventure ! Nah.
    On va dire que je délirais à cause de l'inexorable mort qui s'approchait.
    Et puis soudain une masse nous heurta, Cristal eut une sorte de gémissement plaintif et elle s'aplatit sur moi.
    Goulûment, j'avalais l'air comme si c'était la meilleure chose au monde. En fait, je confirme : c'est la meilleure chose au monde ! Je fis prise d'une quinte de toux qui déchirait ma gorge déjà mis à mal, et j'agonisais encore une fois. Quoi, j'allais donc mourir, non pas au « combat », mais étouffée par ma propre respiration et le cadavre de mon adversaire ? En plus, ce n'était même pas un cadavre, elle respirait doucement et calmement, la salope !!! Mince, pouvais-je tomber encore plus bas.
    Avec l'énergie du désespoir, je m'arquai contre Cristal, cherchant une prise pour la repousser. Mon ongle ripa sur je ne sais quoi et la douleur me réveilla. Ma manucure ! Mon ongle ! AAAARGH !!! Je suis colère, les enfants ! Je suis violence parce que je suis trahison !

    Après m'être débarrassée de la masse de mon adversaire – comment des os et du mauvais goût pouvaient-ils peser si lourds !! - je pris le temps de reprendre réellement mon souffle avant tout autre chose. Déjà que je n'étais pas très utile à la base, mais si en plus, je chargeais tête baissée alors que j'étais en deçà de mes capacités... Autour de moi, la bataille déclinait. Les bandits n'étaient clairement pas de taille contre le bataillon entraîné de Marines.
    Par contre, Seido semblait avoir un peu plus de mal avec Rupert. Il fallait dire qu'il souffrait encore de la blessure reçue hier soir. Ah, dire que cela ne faisait que 24h. Il me semblait que cela faisait bien plus longtemps... Crachotant encore un peu, reniflant légèrement, je tâtai le sol à la recherche de quelque chose pour l'aider. En dernier recours, je me jetterai sur lui, mais vu qu'il avait une arme à feu, j'avouais que cette perspective ne m'enchantait guère. Finalement, je sentis un bout de bois et quand je tentai de le lever, son poids me fit réaliser que j'avais trouvé une pelle. Pelle et poêle, mes deux nouvelles amies.

    Rupert tomba au sol, et le dénouement arriva. Les malfaiteurs furent en effet ligotés, et évacués pour ceux qui pouvaient encore marcher. Les inconscients ou pire, les morts, furent chargés sur un de leur propre carriole. La Marine faisait preuve d'une efficacité remarquable.
    Moi, je restais muette, les mains crispées sur le manche de la pelle, à retarder successivement Rupert et Seido, puis l'endroit où s'était trouvé Rupert et Seido.
    - « Je t'ai sauvé... je t'ai sauvé... » répétai-je en boucle, preuve que j'étais sous le choc. « Je t'ai sauvé ! Je suis capable de faire quelque chose !!! » Et mon cri de joie se transforma en torrents de larmes alors que je craquais littéralement. J'étais sale, courbaturée, pleine de bosses et de bleus, mon pull était déchiré et irrémédiablement déformé, j'avais une ampoule à la main, une écharde dans un doigt, la fatigue me sciait les jambes, ma voix encore enrouée de la tentative de strangulation de l'autre pétasse, mes cheveux pleins de boue, et les moustiques fondaient sur nous comme les sauterelles sur l'Egypte.

    Combien de temps Seido dut me supporter, alors que je m'accrochais à lui en sanglotant comme une malheureuse ? Aucune idée, car je finis par à moitié m'endormir, à moitié s'évanouir. Je suppose qu'il profita d'un moment entre celui où il me chargea à mon tour dans un véhicule et son départ pour récupérer ses armes. Tout ce dont je me souvenais se résumait à cette dernière scène, car après, je me réveillai dans un lit à l'infirmerie de la base. Je ne souffrais que de contusions minimes, je fus donc rapidement rétabli et je pus me pencher sur la rédaction de mon rapport de stage. Si je ne décrochais pas une bonne note !!!
    ** « En fait, j'ai sauvé Seido... » ** me répétais-je hypocritement, occultant totalement le fait que je n'étais en vie que parce qu'il avait botté le cul d'un pouilleux. ** « En fait, je ne suis pas l'héroïne, mais le héros. C'est normal que j'ai subi tant d'obstacles, y compris la mort. C'est la marque des héros. Je suis un héros !!! » **

    Comme si j'avais besoin d'encore plus d'égocentrisme.
    Mais ceci explique pourquoi je suis comme je suis maintenant.
    En vie, notamment...
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