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[Très petite ile déserte Lambda] Vacances (et) imprévues

Cela devait s'annoncer comme un voyage tranquille et reposant. Un voyage satisfaisant pour ce bon vieux Pludbus. Il ne pensait pas que cela allait dériver autant. Au sens propre comme au sens figuré. Quelque temps après ces péripéties avec un agent du ciphel Pol prometteur, le jeune Dharma, dont l'héroïsme n'avait d'égal que son intelligence à voir, en Pludbus, un sauveur de l'humanité, voire même un illustre maitre afin de marcher dans ses pas illustre sur le chemin de la légende qu'un héros comme Dharma se doit de gravir ; quelque temps après, donc, Pludbus avait rempli les papiers pour être officiellement un Ghost Dogs. Les communications entre le passeur et la base de la marine dans laquelle il avait atterri s'étaient faites assez rapidement et facilement. Le capitaine Hadoc croyait en l'utilité de Pludbus. Cela avait surpris pas mal de monde. Surtout que le capitaine Hadoc n'était pas connu pour un détraqué du ciboulot. Un moment, les marines en charge de l'affaire crurent en une imposture et il fallut bien du courage et beaucoup de discours pompeux et inutile à Pludbus pour faire comprendre que cette volonté du capitaine Gharr était véritable et censée. Bien longtemps après, ces mêmes marines pensaient toujours que le capitaine venait de faire une énorme bêtise. Seul l'avenir allait pouvoir les détromper.

Mais ce qui intéresse et ce qui vient après ces tractations dignes des plus grands sportifs du championnat de cricket aquatique de l'archipel perdu, dans le Nouveau Monde, archipel dont Pludbus avoue en avoir fait la visite sans, toutefois, en ayant présenté de preuve tangible de son existence. L'ancêtre ne pouvait pas retrouver son nouvel équipage tout de suite. Celui-ci était en mission plus loin et ils n'allaient pas faire de détour pour récupérer leur nouvel élément, même si celui-ci n'est plus si nouveau que ça. Du coup, la logistique de la marine se chargea de trouver un petit patrouilleur, commandé par un lieutenant bien charmant, afin de conduire Pludbus vers le passeur qui mouillait plusieurs iles plus loin, tout en permettant au patrouilleur de faire ce pourquoi il a été conçu : patrouiller. Le petit navire n'était pas grand. Logique. Toutefois, il ne fallait pas grand-chose à Pludbus pour le rendre heureux. De quoi manger et dormir. Évidemment. Mais aussi quelques marines, des novices, totalement ignorant de la nature du vieillard et assez naïf pour l'écouter. Quand il a un auditoire attentif, Pludbus est heureux. Et ce fut le cas. Il était heureux. Il racontait toujours les mêmes bêtises ; ça ne le gêne pas ; car le public est sans cesse différent. Les réactions sont toujours les mêmes. Pludbus aime ces réactions. Pourquoi changer, donc ?

Il n'était pas le seul touriste à bord. Un agent du Ciphel Pol était aussi de la partie. Pludbus préféra l'éviter. Quand on venait de vivre une fresque épique avec un ciphol Pol comme Dharma, on ne pouvait qu'être déçu, qu'importe les exploits et les qualités de l'agent. Pludbus ne voulait pas que cet agent voie son rêve de briller devant l'ex-amiral en chef brisé par l'excellence d'un agent comme Dharma. Ce n'était pas sa faute s'il était moins bon. La Plaie aime préserver les espoirs des marines et ces derniers veulent souvent plaire à Pludbus. C'est dans l'ordre des choses. Le marine a beaucoup de responsabilités et c'est parfois dur de tout gérer. Heureusement, le talent de Pludbus lui permet de concilier tout cela. Ainsi, à chaque fois que Pludbus pensait voir l'agent du ciphel Pol, il l'évita. De toute façon, il semblait plutôt discret. Le vieillard finit par croire qu'il se jugeait lui-même pas assez bon pour se présenter devant la légende des légendes. Que de clarté chez cet agent, l’humilité est une bonne chose à avoir. Pludbus ne serait jamais allé bien loin sans l'humilité.

Tout aurait pu donc se passer pour le mieux. Pludbus aurait pu se trouver sur le passeur quelques jours plus tard avec ces nouveaux coéquipiers afin de mener de longue mission avec eux. Mais ce ne fut pas le cas. Ce qui se passa, c'est qu'il y a toujours des tempêtes, même sur les blues. C'est classique. C'est pas forcément très dangereux. Sauf quand les mesures de sécurité sont contredites par un vieillard de la marine soucieux de faire parler son expérience décrépie. Les bleus, complètement endoctrinés depuis le départ, obéirent donc à Pludbus qui les amena tous vers la juste finalité de tout cela : le naufrage. Au milieu du chaos, l'équipage parvint à monter à bord d'une barque. Pas Pludbus . Lui, il faisait des roulades sur le pont prenant l'eau. Tout le monde pensait que c'était fait exprès. Pas Pludbus. Mais crier de peur n'était pas digne de lui. Et puis, il pensait que les marines n'allaient pas le laisser ici. C'était sans compter le lieutenant charmant, qui était loin d'être con, et qui savait que la faute du naufrage revenait à Pludbus. Ce gamin devait avoir un père ou un grand-père qui avait subi les saintes décisions du vieillard et la jalousie s'était transmise de génération en génération. Le gentil lieutenant abandonna donc Pludbus sur un bateau qui n'avait plus que quelques instants de vie en mer. C'était son œuvre. Il pouvait en être fier.

Ou pas. Enfin, dans son malheur, il eut de la chance. Son regard se figea sur un tonneau. Il avait déjà testé ce moyen de locomotion peur orthodoxe. Ce fut peu commode, mais il pouvait rester en vie ; il ne fallait pas oublier que Pludbus coulait comme une pierre avec ce foutu fruit du démon. Pas de temps à faire, il sauta dedans et s'enferma. La suite fut hypothétique. Il a dû tomber à la mer. Où allait il ? Il ne savait pas. En tout cas, il était momentanément sauvé. Par contre, il n'avait pas prévu les toilettes dans son tonneau.
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    Pour aussi étonnant que cela pût être, je me faisais discrète. Oui, moi. Difficile à croire, mais c'était un fait. Je voulais ne pas attirer l'attention sur moi et plus que toi, faire profil bas. J'avais besoin de tranquillité, de temps pour penser et faire le point. Et puis... les équipages de patrouilleurs... ça avait autant de conversation qu'un bulot sur son rocher. Ils ne pouvaient rien m'apprendre de ce que je ne savais déjà car toutes les conversations tournaient encore autour des événements de South Blues. Pour moi, ce n'était pas que des histoires, mais l'Histoire, avec un grand « h ». Je l'avais vécue, cette satanée bataille. C'était glauque, moche et arrêtez de m'en rebattre les oreilles. Il n'y avait rien d'héroïque dans le sang et la violence.

    Je ne sortais de ma cabine que lors que nécessaire : chercher mon repas ou entretenir le peu d'hygiène que les sanitaires nous permettaient d'entretenir. Je donnerai une moitié de mon âme pour un bain et un massage aux algues. Du coup, je minimisai les contacts et quelque part, le monde autour de moi aurait pu s'arrêter de tourner que je ne m'en serai pas rendue compte. M'en fous.

    Ce qui m'ennuyait le plus était qu'en dépit de ma solitude enfin atteinte, je n'arrivais pas à me reposer. Sans cesse, les images de la bataille repassaient dans mes rêves, se mélangeant aux souvenirs que j'avais de North Blue. Et quand ce n'était pas ces visions qui m'assaillaient, c'était les doutes et les remords. Qu'avais-je fait de ma vie ? C'était ça, la révolution ? L'ordre qui devait rendre le monde plus propre, plus beau, plus paradisiaque?AH ! Laissez-moi rire...
    Finalement, je dus me résoudre à demander au doc de bord de me donner un puissant somnifère, histoire de m'assommer pour le compte. J'avais réellement besoin de repos.
    Je ne sais pas ce qu'il m'a filé, le toubib, mais je fus touchée pour le coup. A peine ma tête touchait l'oreiller que je m'écroulai comme une bûche...

    Et le monde s'écroula autour de moi, alors que je me trouvai dans les bras de Morphée.
    Il fallut une secousse bien plus puissante que les autres, qui m'éjecta littéralement de ma couchette, pour me tirer du sommeil. Ce fut alors que je réalisai que... comment dire? Oups, j'étais mal partie?Ouais bon, j'étais dans la merde la plus totale. Liquide en plus... Mes pauvres cheveux... J'attrapai le maigre sac qui contenait mes maigres affaires, sans prendre le temps de passer mes bottes et fonçai sur le pont supérieur.

    Dehors, le grand soleil qui brillait au moment où je m'étais allongée pour une bonne sieste avait muté en un grand n'importe quoi de gris et de noir, parfois entrecoupé d'un éclair, tandis que le vent et la pluie se faisaient concurrence pour faire le plus de dégâts possibles aux alentours. De loin, je vis une barque... une ? Non LA barque. The barque du Destin de la Mort qui Tue !!
    - « Héé ! Hééééééé ! Revenez !!! Je suis là !!! … BANDE D'EMPAFFES !!! SI JE VOUS RETROUVE, JE VOUS COUPE LES MAINS, JE VOUS LES ENFONCE DANS LES YEUX POUR LES RESSORTIR PAR LA BOUCHE ET JE JOUE AU PING-PONG AVEC !!!! »


    Elle était belle, ma tirade... mais totalement inutile. Le bateau coulait et moi avec... et je n'avais aucune idée de ce que je pouvais faire... Dans cette tempête, le Geppô ne me servirait à rien.
    J'en étais arrivée à contempler ma mort avec ironie – survivre à deux attaques de QG et mourir parce qu'un con de capitaine avait oublié de compter son personnel à bord... - quand je vis un tonneau qui flottait dans l'eau. Le courant commençait déjà à l'emporter et je n'eus pas de temps supplémentaire pour une réflexion de quelque nature que ce fut. Utilisant ce même geppô sur la courte distance, malgré le vent qui me fit dériver à plusieurs reprises, j'arrivai enfin à agripper à cette bouée et je m'y accrochai de toute ma volonté.

    Combien de temps ? Des minutes ? Des heures ? Des jours ? Aucune idée. Sûrement moins que ce je pensais vraiment. Il n'en reste pas moins qu'à un moment donné, le tonneau sortit de la zone de turbulence, et je me retrouvai sous un soleil timide qui tendait vers le couchant. Derrière moi, le chaos se déchaînait encore, mais sous mes yeux, un grand calme plat, avec des nuages qui moutonnaient à l'horizon. Seule une tâche noire marquait ce qui pourrait être une vision idéale de zénitude. Une île, mon seul espoir.

    Quand j'abordai enfin la plage de sable, j'étais à bout de force. Il était lourd ce putain de tonneau. Franchement, j'avais un karma pourri. Quitte à avoir un tonneau de sauvetage, il ne pouvait pas être vide ? Ou alors... c'était qu'il était plein !!
    - « Quelque chose d'utile !! Bon sang, je vous en prie... quelque chose d'utile.. » suppliai-je alors que mes doigts tremblotants déboulonnaient le couvercle.

    Karma pourri, hein ?
    - « Qu'est-ce... AAAAAAAAAH ! MAIS C'EST QUOI, ÇA ??? »
    A défaut de toute autre chose, je savais maintenant que je maîtrisais parfaitement l'art de l'euphémisme.
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Pludbus avait mal au dos, mais c'était souvent comme ça. Pludbus sentait mauvais ; il s'était vomi dessus ; mais il avait parfois des gaz qui sentaient beaucoup plus. Pludbus ne savait pas où il allait, mais ça faisait cinquante ans que des marines pensaient déjà ça de lui. Pludbus avait peur. Mais ça, ça ne dure jamais. Car Pludbus n'a peur de rien. Il est solide comme un roc. Et les larmes qui coulent le long de ses joues, les gémissements qui traversent sa double rangée de dents, le tremblotement de ses genoux, tout ça, ce n'est qu'une façade pour mieux attaquer à la gorge le pirate ou le révolutionnaire qui croira avoir l'opportunité de vaincre la légende des légendes en ouvrant le tonneau. Tout cela n'est qu'une vaste fumisterie, un nuage de fumée ingénieux dont rares sont ceux à pouvoir voir au travers. Dans l'ombre de son tonneau, l'ancêtre se préparait. Qu'allait-il devoir affronter ? Un monstre abyssal ? Des pirates sanguinaires ? Des marines corrompus ? Un révolutionnaire anarchiste ? Une colonie de mites géantes mangeuses d'hommes ? Son expérience lui fournissait divers plans pour chaque adversaire. Ainsi, il pensait à rien d'autre. Malheureusement, forcé de jouer son jeu de dupe, il dut vomir plusieurs fois son repas qui alla se coller contre son visage. Et puis, une des rares choses qu'il n'avait pas prévu, c'est qu'il avait froid. Très froid. Il était pas noyé, mais c'était humide. Et il n'était habillé que de sa chemise de nuit qui mettait en valeur ses courbes de nonagénaire bien trempé.

C'est dans une semi-terreur feinte que Pludbus comprit qu'il n'était plus sur l'eau. Il s'était échoué. Une ile. La vie. Le bonheur. Il exulta. Il tenta d'ouvrir le tonneau, mais ce fut dur. Dans un accès de force Pludienne, il y parvint, heureusement. Comme un bouchon de champagne, il sauta dans les airs et retomba sous la forme d'une boule de chair inhumaine au premier regard. Il sentit alors la douce odeur du sable sous son visage. C'était bien une ile. Il était vivant. D'un bon, il se remit sur ses frêles petits pieds et leva les bras haut au-dessus de lui, heureux de sa chance. Il cria comme un damné. Il gueula comme un putois pour exprimer cette joie, toujours feinte ; pour ne pas éveiller les soupçons de ceux qui pourraient se trouver près du tonneau. Les mains sur les côtés, il termina d'exprimer sa joie en esquissant un sourire triomphant. Il avait vaincu la mer et les éléments, une fois de plus. Évidemment, il arriva le moment où Pludbus se retourna. Il vit alors une ile. Une très petite ile. De la végétation au milieu, une bande de sable fin comme plage. La courbe de la plage semblait indiquer une superficie ridicule : même pas de quoi installer un trou perdu. Puis il regarda au premier plan. Il vit la jeune demoiselle. Spectacle étonnant. Il s'attendait vraiment pas à ça. Lui, les poings sur les côtés, presque impudique dans son pyjama à rayures rose et bleu. Elle, le visage médusé, horrifié même, mais habillé, au moins, tenant ses maigres possessions avec une force renforcé par la nouvelle funeste de ne probablement pas pouvoir compter sur l'intérieur du tonneau.

Il y eut comme un blanc. Dans l'esprit du vieillard, il ne pouvait pas y avoir de jeune femme aussi séduisante en même temps que lui sur cette ile. Personne ne pouvait y vivre. Et elle n'avait pas pu être du bateau avec lui ; il l'aurait vu ! Un autre naufrage en même temps ? Trop peu probable. Non. Pludbus doutait. Il doutait de sa propre survie à ce naufrage en réalité. Finalement, sa chance lui avait fait faux bon ? Il s'était en réalité noyé dans ce tonneau et celui-ci avait fait office de barge funéraire vers le paradis qu'il méritait après tout son dur labeur ? C'était dommage, mais même les plus braves des hommes, comme Pludbus, ont le droit au repos dans leur vie. Pludbus s'approcha, sa barbe pendouillante jusqu'au sol.


Z'êtes une nymphe ?
J'suis au paradis des Légendes ?
Tagazok ?


Pludbus la détailla du regard. Elle semblait vraiment très surprise. Peut-être qu'elle n'avait pas été mise au courant de la venue de la star des stars. Et il était évident que dans sa tenue du moment, il était difficilement reconnaissable. Ainsi, il en convint qu'il était préférable de se présenter. Il s'inclina. Pas trop bas, sinon, il se faisait trop mal.


Je me présente. La légende des légendes. Le Beau et le Bon. Le pourfendeur de la piraterie et le survivant des océans. Le merveilleux et le sublime. L'unique. Le seul. Pludbus Céldèborde. Pour vous servir.

Il remonta la tête. Maintenant que les présentations étaient faites, le lubrisme s'éveilla en lui. Le repos du guerrier était arrivé. Il s'approcha encore, les yeux fixés vers la demoiselle, en dessous de la tête. Il en marcha sur sa barbe et tomba la tête la première. Ça faisait mal. Mais, à mieux y regarder, c'était tout aussi charmant. Pludbus bava. Pludbus tendit une main avide vers l'avant.


Commençons. J'peux toucher, nan ?
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    ** « Je me ferais bien un p'tit cassoulet, moi. » **
    Hé oui, c'était à peu près la seule pensée compréhensible et cohérente qui me vint à l'esprit à ce moment donné. Faut pas m'en vouloir, j'avais des circonstances atténuantes. Et quelles circonstances.

    Un truc, vieux, puant devant, puant derrière, puant dedans, bavant et parkinsonien des jambes si ce n'était de la cervelle, venait de s'extirper du tonneau et après une tirade aussi débile qu'inutile, me fit une "revisitation" de la marche des zombies... version solitaire.
    - « Euh... je.... »

    TRÈS solitaire.

    Comme j'étais absolument vidée de toute énergie - et de pensée cohérente, je le rappelle - je commençai par le regarder avec des yeux de merlans frits - hum, c'est pas mal ça, avec un peu de crème au basilique - avant que la main gluante de matière non spécifiée, identifiée et identifiable ne se tendît vers moi. Mon instinct de survie s'enclencha. Enfin, je crois. Sinon, c'était un pétage de un câble mais étant donné la situation, je ne me considérai coupable de rien.
    - « AAAAAAAH! ARRIERE, TRUC IMMONDE! »

    Et là, je lui donnai un coup de pied. Enfin, c'était l'idée. Avec le cassoulet, c'était une de mes meilleures en stock. Sauf que j'étais présentement à bout de forces, le popotin incrusté dans le sable et ma véhémence avait été mentale. Donc à moins que l’amide ancestrale fût douée de télépathie - et là, je ne sais pas pourquoi, mais j'avais un doute, mais un doute. Genre... GROS doute. Gros comme les faux seins de Gertrude Dilibotte. C'est pour vous dire - donc à moins d'un miracle qui m'aurait fait prendre le voile pour la déité me le procurant, je rendis de moi-même l'image d'une parfaite bécasse, les yeux vitreux et la bouche entre-ouverte sur un cri interne, mais alors, bien interne.

    Mes neurones finirent par évoluer au-delà du stade plumaire et à défaut d'autres choses, je me mis à grogner.
    Littéralement...
    - « GrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrGGGGGGGGGGGRRRRRRRRRRRRRRRR!!!!!!! »
    Avec sept points d'exclamation.
    Tout à fait.
    Grrr, quoi...
    Allez, mettez-y du vôtre, mince. Moi, non.
    Franchement, où sont les révolutionnaires quand on a besoin d'eux?
    Grrr, donc...
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Il eut un mouvement. Non, il ne pouvait pas la toucher. Légère surprise chez Pludbus, mais elle fut rapidement dissipé. Devant lui, la nymphe semblait jouer à un jeu étrange. S'agitant sans réel but visible, le visage déformé par d'obscurs sentiments, sûrement contraires. Dans un éclair génie dont seul Pludbus pouvait avoir le secret, celui-ci comprit. C'était une sorte de parade amoureuse ! Ceci afin de charmer le preux et viril guerrier mort en combat ! À y regarder de plus près, on pouvait discerner des mouvements lancinants et dévoilant par intermittence de discrètes zones érogènes. L'ouverture et la fermeture formées par les mouvements du corps étaient autant d'appel à la débauche que de demande de retenues afin de faire durer l'attente jusqu'à l'inévitable. Pludbus haletait. Il obéissait et c’en était formidable. Si c'était cela mourir, il aurait pu le faire plus tôt ! Il fit un pas en arrière comme pour montrer qu'il était dominé. Il lâcha un grognement à cette pensée. Grognement qui se transforma en brève quinte de toux. Comme quoi, dans la mort, même les trucs chiants du monde de vivants continuent d'emmerder le monde. Une fois ce mauvais moment de passé, il constata que la parade nuptiale était entrée dans la deuxième phase. Beaucoup plus sauvage. Feulant comme un animal, la demoiselle menaçait Pludbus, mais c'était que du vent. Elle n'allait pas l'attaquer ou lui faire de mal. Non, il fallait juste entrer dans son jeu. Et une fois que chaque parti en aura assez, il sera alors l'heure des ébats passionnés et primitifs. Le vieillard sénile en salivait d'avance. Pour le moment, il fallait faire l'animal, comme elle. Toujours à quatre pattes, il grogna plusieurs fois avant de se redresser et de se frapper le torse tout en grognant plus fort, la tête levée vers le ciel, comme le ferait n'importe quel mâle dominant d'une tribu de gorille. Ce qui permet de dévoiler davantage son torse fripé barder de cicatrices vieillies, mais toujours aussi évocateur d'une époque révolue où, la marine, c'était lui.

La démonstration de force était faite. Sa compagne était maintenant totalement acquise. Forcément. On ne peut lui résister après pareil spectacle. Il se voyait déjà consommer son union. Ou pas. Il pensa à un truc. Il pensa enfin avec son cerveau, celui qui n'est pas obnubilé par la luxure et le plaisir de la chair. Celui-ci de cerveau, celui qui est souvent atrophié chez les hommes du fait d'une trop grande inactivité, lui rappela qu'il n'était pas n'importe qui. Il était Pludbus Céldéborde. Et Pludbus, la légende des mers, ne pouvait pas sauter sur sa promise comme la misère sur le monde. Non ! Il devait faire preuve de beaucoup plus d'héroïsme ! À y regarder de plus près, c'était trop facile. On tentait de le piéger ! De le faire succomber trop vite pour qu'il perde toute la dignité qui le constitue. Mais non ! L'esprit alerte de Pludbus n'était pas mort, lui ! Celui-ci lui commandait de toute faire dans les règles. Franchement, Pludbus est quelqu'un de civiliser, même mort ! On ne fait pas des galipettes au milieu d'une plage à peine arrivée sur une ile inconnue ! Non ! Il faut faire un abri ! Il faut qu'il soit confortable ! Il faut que sa chère et tendre soit confortablement installé pour accueillir le preux. Cela sera sauvage, oui, mais cela ne sera pas comme des sauvages ! La dignité restera un maitre mot de ce bon Pludbus. Il l'a toujours été, il le sera à jamais. D'une main, il calma sa nymphe.


Pas d'panique ! J'vais aller nous faire un petit coin douillet ! Ça va être trop bon !


Décision prise, pas de temps à perdre. On peut être digne, il avait tout de même l'autre cerveau qui réclamait et qui le faisait savoir. Il se mit debout et passa à côté de la merveilleuse femme sans tenter la moindre approche. Oui, ça peut surprendre. Il se dirigea directement vers le petit bosquet d'arbres. En faisant le tour de l'ile, il s'aperçut bien vite que c'était le seul. L'ile était vraiment pas bien grande. Tant pis. Face au lieu du naufrage, Pludbus repéra le lieu parfait pour installer sa cabane et, en particulier, la couche conjugale. En gros, c'était quatre arbres avec une taille suffisamment grande pour qu'on puisse marcher en dessous sans trop se prendre de branches dans la gueule. Comme ces dernières n'étaient pas trop hautes, elles allaient pouvoir servir de support aux murs. Pour ceux-là, de simples branches allaient suffire. Il faisait suffisamment chaud, visiblement, pour qu'ils ne meurent pas de froid dans la nuit. Et puis, c'est le paradis, il ne doit pas geler, non ? Et dernier argument, ça sera tellement endiablé à l'intérieur que ça vaudra toutes les isolations du monde. Évidemment, point de machette pour découper les branches. Pludbus eut toutes les peines du monde à briser les branches. Parfois, son poids ne suffisait pas pour faire pencher en sa faveur. Il dut se résoudre à laisser quelques trous. Pour le sol, c'était plus facile. Pleins de feuilles et de plantes arrachées sans pitié pour offrir un nid aussi moelleux que du verre pilé, mais un poil plus supportable que le sol à nu. Hé ! Pludbus est toujours efficace dans ce qu'il entreprend ! Il regarda son travail et Plud' dit que cela était bon. Il se posa au milieu avec un plaisir non dissimulé. Pas parce que c'était confortable, non, parce que maintenant, les deux cerveaux attendaient la suite avec impatience. Et la nymphe n'était plus très loin. Les jambes écartées dans une position vachement classe, Pludbus fit un clin d'oeil sans équivoque à sa promise. Quel charmeur, ce Plud'.
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    Mon compagnon d'infortune était maintenant totalement fou à lier. Forcément. On ne peut rien réfuter après pareil spectacle. Je le regardai, l'oeil morne de la poiscaille agonisante. C'était un cauchemar, ça ne pouvait pas être vrai, ça ne pouvait pas m'arriver. Pas à moi. Mais qu'avais-je fais pour mériter un tel traitement? Oui, bon, j'avais trahi mon serment d'agent, et tous les principes inculqués par ma mère. Et alors? Etait-ce un crime tellement ignoble que je méritasse une telle punition? Ou alors, j'étais morte et voici mon coin personnel d'enfer. A moi, rien que moi. O joie, bonheur intense.

    Pluddbus, puisque tel était son nom - et là, je notai que mon cerveau était remarquable d'avoir retenu cette information - se leva pour s'agiter encore plus et je sus avec certitude que j'étais morte. Le ridicule ne tue pas, mais jamais j'aurais pu imaginer une réalité dans laquelle une scène pareille existât. Pire encore: que j'en fus la spectatrice. Ultra pire encore: moi, actrice, dans le premier rôle féminin. Apothéose de ma "carrière". Pff, tu parles d'une mort. Pitoyable, juste pitoyable.

    Puisque j'étais morte, rien de ce que je pourrai faire ou dire n'aurait d'influence sur ma punition. Autant rester là où j'étais. Ce que je fis, avec un brio in-com-pa-ré.
    Ceci dit, on pourrait croire que les Enfers auraient prévu un truc un peu plus ingénieux que me faire mourir de soif. Mais que dis-je? Je suis morte, non?
    Non?

    Ah, peste soit de la vie... et de la mort, pendant qu'on y était. Non, je n'étais pas aux Enfers. Juste dans son entre-chambre et c'était ce qu'il y avait de plus rageant. Malheureusement, tout ceci était réellement. Le naufrage, cette île et Pludbus...
    D'ailleurs, en parlant du fou... Enfin fou... bon, il pouvait être en vie et être fou. Avec ma chance, ça allait être le cas. Bref. Que faisait-il?
    Avec lenteur et crampes - pourriture de muscles - je me levai et balayai la plage du regard. Il était là, un peu plus loin, ayant quitté les sables pour la couverture des quelques arbres qui se blottissaient au centre de l'îlot.
    Son clin d'oeil me porta le coeur aux bords des lèvres. Etait-il vraiment en train de me draguer? Même morte, je n'aurai pas voulu de lui. Alors, maintenant que j'étais vivante. Enfin, je crois... Qu'importe, une seule chose était sûre: même si Pludbus était le dernier mâle sur terre, je ne ferai rien avec lui, dus-je condamner l'espèce humaine. Bon, rien... je voulais bien faire un scrabble avec lui. Ou une partie de monopoly. Je n'étais pas vache non plus. Enfin, pas tout le temps.

    Bref. L'un dans l'autre, j'avais soif.
    Allez, combien parions-nous que la source d'eau qui abreuvait les arbres précédemment cités était souterraine? J'avais dû croiser la compagnie des Chats Noirs sans m'en rendre compte. Ou alors, j'avais suffisamment énervée quelqu'un pour au point qu'il en payât un marabout pour me donner le mauvais oeil.
    Bah, pour une fois, je m'étais trompée. Un filet d'eau glougloutait au creux d'une pierre creusée par le temps, à peine un trempe-pieds, avant de replonger sous terre. Je commençai par étancher ma soif galopante puis je me décrassai. Je savais que si rapidement, je ne me débarrassais pas de la croûte de sel, j'allais souffrir de déshydratation répétée.
    Ce fut un long travail que de me laver, étant donné le peu d'eau disponible à chaque fois. Je dus me résoudre à laisser mes cheveux à moité dessalés. Horreur, malheur, petit pot de beurre! Mais ce fut à peu près propre que je rejoignis le vieux sous le seul abri que l'île offrait.
    - « Bon, j'ai trouvé une source. Un peu plus loin, là-bas. Je n'ai pas trouvé de quoi en ramener, donc à vous de voir. » Avec un soupir à fendre l'âme, je pris la mesure de notre situation périlleuse. « Nous sommes mal partis, hein? J'espère que l'équipage donnera l'alerte, à défaut de nous avoir pris à bord de la chaloupe. Vous avez une idée de combien de temps nous risquons d'être bloqués ici? Ah... je m'appelle Shaïness. Shaïness Raven-Cooper. »
    Allons, soyons aimable. Pas la peine de se mettre à dos la seule personne capable de tenir une conversation, non... enfin, j'espère...
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Loin devant lui, son regard ardant se posa sur les courbes alléchantes de sa nymphe. Ces légers mouvements de hanches, ses lèvres pulpeuses entrouvertes dans un cri muet, ses yeux provocateurs suppliant de l'embrasser, tout son corps vibrait aux charmantes phéromones du Vieux Pludbus. Complètement subjugué par le charme de l'Homme, on voyait bien qu'elle ne savait pas où se mettre. À cette pensée, Pludbus fut pris d'un petit rire salace ; lui, il savait. Prise d'une indécision des plus déchirante, la belle ne savait que faire. Succomber au désir et s'avouer vaincu ? Ou bien tenir et rester digne encore un instant. Finalement, elle résista et s'en alla malgré ses hésitations. C'est que Pludbus n'avait pas utilisé tout l'arsenal de techniques de drague qu'il connaissait et qu'il avait améliorés pendant des dizaines d'années. Il la laissa partir, comme un prédateur laissant échapper sa proie l'espace d'un instant pour mieux la saisir plus tard quand les substances produites par le stress et la peur se seront dissipées, laissant son corps sain de toute impureté. Il prit acte de sa défaite avec le déhanché aguicheur qu'elle lui fit alors qu'elle dispersait plus loin. Il l'avait dans la poche. Forcément. Un instant, il fut tenté d'aller la rejoindre, de la traquer dans la forêt et de lui sauter dessus quand elle ne s'y attendrait pas. Tel le tigre qu'il était. Il ne voulait pas le faire. S'offrir à Pludbus est un acte de foi qui ne saurait être sali par une précipitation trop hâtive. Toutefois, il n'était pas rassurant de laisser partir sa compagne au loin sans la surveiller. Ainsi, Pludbus quitta le couvert de la cabane pour mieux la surveiller. Le plus discrètement possible, le marine suivit la jeune femme dans son exploration de la petite ile. Son regard perçant et son strabisme d'ancêtre n'eurent que peu de mal à la trouver. Ou alors, c'était les innombrables phéromones qu'elle laissait derrière elle qui guida Pludbus comme un chasseur sur la piste d'un animal.

Quoi qu'il en soit, il la découvrit près de cette petite source d'eau. Afin de ne pas être trop exposé, il se cacha bien, même si sa vision de la situation en fut diminuée. De loin et au travers des buissons qui lui servirent de lieu de surveillance, il constata bien vite que l'envie de se nettoyer prit bien vite la place de l'envie de s'abreuver. Les yeux écarquillés pour n'en laisser aucune miette, Pludbus détailla chaque morceau de peau laissé visible par son écran de feuilles, peau dégoulinant suavement d'une eau si pure que l'on aurait pu dire qu'elle s'accordait parfaitement à la beauté. Il n'avait pas soif, mais il laissa couler sur son menton une grande quantité de bave. Il ne voyait pas tout, certes, mais il avait suffisamment d'imagination pour concevoir la vision d'ensemble de cette scène, se rêvant à être une goutte d'eau coulant avec une lenteur torride jusqu'aux plus sensuels des endroits. Oh que oui ! Pludbus avait une imagination très fertile. Et c'est presque à regret que l'ancêtre dut déguerpir rapidement, mais en silence, quand sa muse semblait visiblement sur le point de retourner à la couche conjugale.

C'est légèrement essoufflé qu'il y parvînt avant l'autre et il cacha sa fatigue soudaine par une légère quinte de toux. Du coin de l'oeil, il la détaillait des pieds jusqu'à la tête, s'arrêtant un peu plus longtemps sur les zones les plus attirantes. Elle s'était faite propre. Propre pour lui. C'était l'acceptation. Elle s'offrait à Pludbus. Pour preuve, il lui donnait son nom. Shainess. Shainess. Ce mot résonna un instant dans le coeur sensible de Plud', puis bien d'autres mots ; beaucoup plus salaces ; le balayèrent avec une facilité déconcertante. Il fit mine d'être agréablement surpris d'apprendre qu'il y avait une source, mais ce ne fut guère difficile, car il était déjà très agréablement satisfait. Et son visage expressif pouvait traduire toutes les émotions du monde en même temps. Elle semblait si désespérée. Et son discours ? Ce n'était qu'une façade, évidemment. Le message était bien clair : ils sont seuls pour longtemps, très longtemps ; ils sont morts, c'est normal. Et ce vouvoiement ? Déjà, elle se posait en compagne soumise au Maitre qu'était Pludbus. Ah. Il aimait bien ce rôle. Décidément, tout était prêt pour consumer la chair.


Qu'importe les autres, nous sommes seuls ! Abandonnez ! Abandonnons-nous aux désirs charnels ! Point de source, j'irais laper à la tienne. Owi ! Viens ici !

Et Pludbus sauta sur Shainess.

♥♥♥

Mieux valait ne pas parler de ce qu'il s'était passé ensuite. Le souvenir était bien trop cuisant. Bien trop prévisible pour les saints d'esprits qui auraient contemplé la scène. Pareille situation ne pouvait se finir autrement. Puisqu'il n'avait pas pu se rassasier, Pludbus n'avait plus qu'une seule solution, allez boire là ou Shainess l'avait fait avant lui. C'est blessé et déçu que l'ancêtre parvînt à l'endroit après avoir erré un bon quart d'heure sans savoir où il avait bien pu foirer son plan parfait. Mais non, rien ne lui était venu. Et c'est incompris qu'il avait fui. Il se passa un peu d'eau sur le visage pour calmer ses douleurs. Elle n'est pas si douce que ça quand elle s'y met. Il but de longue gorgée et faillit s'étouffer au bout de la troisième. Tout allait mal. Si même l'eau réussissait presque à le tuer ... Enfin, il était déjà mort. Même mort, peut-on mourir ? Vaste question. Et il ne voulait pas répondre à cette question. Pas maintenant. Dans le monde des vivants, il avait eu une mission divine. La marine. La Justice. Ici, dans ce premier monde des morts, quel était l'acte de courage et d'honneur qu'il devait accomplir ? Il ne savait pas encore. Mais sans nul doute que cela devait avoir un rapport avec Shainess.

Son regard vagabonda un peu partout à la recherche de l'illumination. Et comme généralement dans ces moments-là, quand le héros est au bord du gouffre, c'est dans ces moments-là que la victoire vient des détails les plus anodins. Près d'un buisson, Pludbus fut interpellé par une tête de chien. Il bondit en arrière, certain de se faire attaquer. Il attendit une minute, mais rien ne vint. Il se redressa alors et se rapprocha avant de constater que ce n'était qu'une illusion d'optique ; le buisson imitant assez mal la tête de chien. Ce problème visuel était à mettre sur le compte de ce qui s'est passé dernièrement. Comme on a pu déjà le dire, elle frappe fort. Détail que cette illusion d'optique ? Que nenni ! Le troisième sens de Plud' s'éveilla et son regard vicieux s'attarda sur un autre détail. Une fine ligne dans le sol. Étrange, non ? Pludbus gratta le sol et finit par découvrir ce qui semblait être une trappe camouflée. Usant de sa force herculéenne, le vieillard souleva ladite trappe, qui ne pesait pas bien lourd, et dans un effort surhumain, il parvint à l'ouvrir complètement. En dessous ? Une sorte de petite cache. L'endroit parfait pour passer la nuit à l'abri de l'humidité. Pludbus y sauta et découvrit deux caisses poussiéreuses et un tonneau. Dans l'une des caisses, il découvrit des fruits à la texture très dure. Des fruits à coque d'un genre nouveau, sans doute. Dans l'autre caisse, il découvrit un fatras d'objets divers. Rouillé et sale pour la plupart. Dans le troisième, il y avait du Rhum. Beaucoup de Rhum.

Au lieu de faire la seule chose censée de ce genre de situation, c'est à dire, aller prévenir Shainess de cet abri et passer la nuit au chaud et en compagnie d'un tonneau sympathique ; Pludbus préféra se poser cette question. Dans sa quête pour la victoire, ces objets allaient peut-être lui servir ! Il fouilla dans le fatras à la recherche de quelque chose d'utile. Rien ne semblait être d'un quelconque intérêt. Si ce n'est une petite potion. Quelques dessins sur le verre lui indiquèrent qu'il s'agissait d'une fiole d'un charlatan bien connu de South Blue, le Professeur Jinx, qui prétendait pouvoir donner de la chance et de la malchance aux gens. La fiole ne disait pas son contenu. Pludbus eut alors cette pensée ; peut-être que cette fiole allait être le déclencheur qui l'amènerait vers le succès de sa mission divine ! Toujours persuadé qu'il s'agissait d'honorer Shainess, il se décida à embarquer les fruits pour faire genre qu'il les avait cueillis et t'embarquer la fiole avec lui pour l'utiliser au bon moment, sans vraiment savoir si ce truc était d'une quelconque utilité.

Il revint alors à la cabane, les bras chargés de fruit. Shainess ne semblait pas très heureuse, un peu mieux avec les fruits. Pludbus les donna et fit comme si rien ne s'était passé. La fiole cachée dans ses vêtements, il attendit son heure.

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    J'avais profité de la fuite de Pludbus pour me ressaisir. Je devais avoir l'air d'une furie, et à défaut de l'apparence, je m'en sentais l'âme. Mais comment OSAIT-il ?
    - « Et surtout, ne reviens pas sans que tu aies trouver un bon prétexte à ce que je ne t'achève pas !!! » hurlai-je en la direction générale vers laquelle le pervers sexuel avait fui, la queue entre les jambes. Ceci n'était pas une expression figurée, mais le triste constat de mon échec à arracher à ce déchet de l'humanité toute velléité de se prendre pour un homme au masculin.

    Si j'avais encore des doutes sur la teneurs des propos qu'il m'avait tenus à son arrivée, il venait de lever tout doute.
    En réponse de quoi, il s'était mangé mon pied. Encore une fois, les mots n'étaient pas imagés. Alors qu'il prenait son élan pour me sauter dessus, j'eus pour seule réaction un mouvement de recul, qui me sauva ma vie – bon, la vie... c'était peut-être un peu poussé. Ma vertu, aurais-je pu dire, si j'avais été du style blanche colombe pure et innocente. Nous nous contenterons donc de ma santé morale – Ce demi-pas en arrière me fit perdre l'équilibre et je tombai de plus lourdement sur mon arrière-train. Ah, où était la grâce et la légèreté de ma jeunesse ? Non que je fus ancestrale comme pouvait l'être l'individu en face de moi... Que les Puissances du monde me prennent en pitié et m'achèvent avant que je n'en arrivasse à ce stade de déliquescence physique ! Plutôt mourir que d'avoir autant de rides. Sans parler des conséquences mentales. Je ne serais pas surprise sur Pludbus se révélait être incontinent.
    Il avait sauté par dessus-moi et par un prodige d'énergie, de chance ou de-je-ne-sais-quoi-mais-je-ne-veux-pas-savoir, il tourna sur lui-même en prenant appui sur son pied et se lança dans un nouvel assaut, beaucoup plus horizontal que vertical, vues nos positions sur le sol. Et là, ma jambe se leva et mon pied nu s'encastra dans sa tronche de vermicelle mou. La bave et le poil de barbe se mélangèrent à la couche de sable et si je n'avais pas eu peur du risque d'infections que je pouvais attraper, j'aurai enfiler mon pied jusqu'au genou dans la gorge de cet infâme. Mais je m'aimais bien trop pour ça.
    - « NON MAIS ÇA NE VA PAS ? TU TE CROIS OÙ ? AU TUTTI FROTTIS ? POUR QUI ME PRENDS-TU, ESPECE DE DEGENERE ? TU PEUX TE LA METTRE SOUS LE BRAS !!! » Et de ponctuer chaque mot d'une secousse du pied, un peu comme si j'appuyai à répétition sur une pédale. J'espérai pour lui qu'il avait son dentier bien attaché. En fait, non, je n'espérai rien du tout. Qu'il crève, qu'il souffre !!! Je lui assénai une poussée plus forte que les autres et je me remis debout d'un bond, pour venir dominer mon opposant de toute ma hauteur, posant mon pied sur le haut de son crâne. Avec le recul, je devais avoir la pose clichée d'un de ses chasseurs sur la peau de tigre ou d'ours. Malheur ! « Ecoute-moi bien, sous déchet de l'humanité. Je suis Shaïness Raven-Cooper et je ne suis pas à ta hauteur. Même pas dans tes rêves les plus fous pourrais-tu prétendre à me baiser les doigts de pieds. Alors, touche-moi encore une fois et tu vas te retrouver anatomiquement arrangé. Maintenant, tu vas me vénérer comme la déesse que je suis pour toi, et tu vas me respecter. Et ça va commencer maintenant ! » Prenant mon élan, je propulsai ce même pied triomphant dans le truffion du mécréant, le propulsant sur quelques mètres. « Tu schlingues, le vieux. Va te laver et profite donc pour te rendre utile, genre un truc à manger. Et surtout, ne reviens pas sans que tu aies trouver un bon prétexte à ce que je ne t'achève pas !!!  »

    Ah, j'avais des envies de bottes stiletto en cuir, de masque avec des oreilles de chat intégrées, de rouge-à-lèvres rouge saignant et de fouet. L'âme de la dominatrice en moi venait de s'éveiller. Bon, c'était facile, avec un sujet d'expérimentation comme Pludbus. Raaah, ce nom me disait quelque chose, sans pouvoir vraiment mettre la main dessus...
    Bref, je restai dans l'abri à fulminer puis à me calmer, tout en tentant de remettre de l'ordre dans mes cheveux. Heureusement que le soleil était couché, je ne pouvais voir l'état fatalement désastreux de mes pointes. Et je ne vous parlai pas de ma manucure. Ah, comme la vie pouvait-elle être cruelle... La peur incite à la cruauté. Et il vaut mieux être le bourreau que la victime. Ceci établissait donc mon bon droit à mener la barque et diriger Pludbus par le bout du nez, ou à défaut le bout d'autre chose que je ne voulais absolument pas voir, toucher, sentir, goûter ou entendre.

    Il revint... Toujours aussi sale et puant, si ce n'était plus. Ô misère. Par contre, il apportait subsistance. Des fruits. On va dire que c'est bon pour le teint, que ça fait le plein de vitamines et tout et tout, et qu'à cheval donné, on ne regardait pas les dents. Parce que là... ils étaient moches, ces fruits. A se demander s'ils n'étaient pas périmés. Je sélectionnai donc le moins... le plus... attrayant, dirons-nous, et après quelques difficultés à l'ouvrir, je mâchonnai son contenu, me demandant comment j'allais pouvoir dormir avec l'Autre sur l'île. Peut-être devrais-je l'attacher à son tonneau, comme Diogène, comme un chien à sa niche. Accepterait-il mes ordres, si je lui promettais quelque chose en échange ? Mais quoi ? Je n'avais pas grand chose ici, et le peu que j'avais... et il était hors de question de lui donner exactement ce qu'il voulait. Il ne me restait donc plus que la manipulation... un jeu auquel j'étais extrêmement douée. Cependant, mon adversaire était fou à lier, ou totalement gâteux, voire les deux. Allais-je me risquer...
    - « Pludbus... Il se fait tard et en l'absence de feu, absolument rien ne nous défend des dangers que cette île recèle sûrement.. » A part des puces de sables, personnellement, je ne voyais rien. Le lopin de terre était très petit, et un prédateur ne pouvait survivre ici. Mais ça valait le coup d'essayer. « Je veux que tu montes la garde cette nuit. Demain, tu pourras te reposer et c'est moi qui … prendrai soin de toi. De l'eau et des fruits... » J'avais ajouté cette dernière précision, au cas « où ». « Regarde, là, il y a le tonneau. Assis dessus, et tu auras un point de vue magnifique. »
    Et casse-toi, tu pues...

    … ah, je viens de me rappeler, maintenant que je n'ai ni faim ni soif, qui était ce Pludbus dont le nom me taraudait. Faut dire que je le connaissais surtout sous le nom de * grade * Céldèborde. Roooh, qu'est-ce que je m'en fous ? Au pire des cas, je passerai franchement du côté de la révolution. Le droit de cuissage, c'était passé, et il avait beau avoir été quelqu'un... aujourd'hui, il n'était rien, et moi, le rien, ça ne m'intéressait pas. Nah ! Surtout que... si la Marine était dans une telle situation de corruption, c'était un peu-beaucoup de sa faute, hein. Donc oui, à la niche, le Plud-Plud...
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Oui. Mieux valait ne pas parler de ce qui s'était passé tantôt. C'était un souvenir bien trop pour douloureux dans l'esprit du vieillard.

Après ce passage peu glorieux, il se trouvait à nouveau en sa compagnie. Le souvenir de sa colère et de ces mots revint en tête et Pludbus ne voulait absolument pas retenter l'expérience gratuitement. Il devait la vénérer? Elle voulait être vénérée. Il allait la vénérer. Si c'était le moyen pour assoupir sa méfiance et apaiser sa colère, Pludbus se plierait à cette exigence. Personne ne pouvait être témoin de sa faiblesse et de ce qui allait suivre. Personne n'irait rapporter au monde combien il avait été soumis en compagnie de Shainess. Les fruits déposés sur le sol de sa propre cabane ne semblaient guère appétissants, mais à ce moment de la journée, alors que le naufrage était loin, la faim était forte. Le vieillard recula de quelques pas, la tête baissée, avant de s'accroupir sur le pas du simulacre de porte. Shainess fit sa sélection sans que Pludbus ait à réagir. Il se risqua à un regard lorsqu'elle commença à manger. Aucune grimace de dégout ; au moins, elle ne semblait pas prête à rejeter la faute du goût des fruits sur le vieux. Pendant la dégustation, le silence était simplement brisé par les bruits de bouche de l'agente tandis que Pludbus restait muet dans un silence bien rare. Que pouvait il lui arriver ? Il jouait son rôle à la perfection. Shainess est devenu la maitresse. Il est l'esclave. Le soumis. Sans cela, il aurait pu être victime d'une nouvelle agression et le pauvre cœur de l'ancêtre n'aurait pu résister à nouveau.

Pendant tout ce temps, il espérait qu'elle se désintéresserait de lui. Le contraire aurait pu signaler de nouveaux reproches. C'est donc dans un frémissement angoissé que Pludbus leva timidement la tête quand Shainess pris la parle. Ah. Oui. La nuit. On donnait à Plud' le rôle de garde pour la nuit. On aurait pu croire que c'était un rôle important, mais dans le regard de Shainess, le marine ne vit que du dégout. Une volonté de le voir disparaître au loin, d'échapper à son regard. Sans savoir pourquoi, Pludbus se sentait blessé. Dans un éclair de lucidité, il secoua la tête. Que faisait-il ? Quels étaient ces sentiments ? C'était si étrange. Si rare. Rare ? Probablement que par le passé, il s'était senti en pareille situation, mais il n'arrivait pas à retrouver les moments exacts. La volonté de Shainess de le voir disparaître, il le prit avec plaisir. Il se sentait si étrange qu'il avait besoin de réfléchir. Ainsi, il recula de quelques pas alors que Shainess venait de terminer avec ses ordres.


Oui … Maitresse.


Un mot d'acceptation. Un mot de soumission, incroyable dans la bouche de Pludbus. Il recula encore, toujours à genoux, et la tête baissée jusqu'à ce que la femme ne puisse plus le voir. Là seulement, il se releva. Et comme elle l'avait ordonné, il vint s'installer sur le tonneau. Parce qu'il fallait l'obéir. Si Shainess venait à vérifier l'accomplissement de l'ordre, il valait mieux ne pas déroger, ne serait-ce que d'un centimètre, aux ordres. La légère brise marine donna quelques frissons à l'ancêtre dont les jambes pendaient mollement dans le vide dû à un tonneau un peu haut, ou à un Pludbus un peu bas. Dans son pyjama, il n'était pas bien au chaud et il n'avait pas grand-chose pour se chauffer, à part peut-être une potion de chance qui pourrait peut-être lui donner un peu de chaleur. Pas celle qu'il aurait aimé avoir.

Il en revint donc aux sentiments étranges qui l'avaient pris précédemment. Après réflexion, ces réactions étaient normales. En tout temps, les gens n'apprécient guère Pludbus, mais ont de la retenue pour ne pas trop le déranger. De ce fait, Pludbus a gardé à l'esprit l'image fausse d'être quelqu'un d'intéressant, d’humble et de respectable. Il s'y est habitué et c'est une part de lui-même. Évidemment, il se prétend être beaucoup de choses qui sont totalement fausses et prend la vie avec un regard qui lui arrange, mais généralement, ça ne blesse pas grand monde. Les mots et les actes de Shainess ont été un électrochoc qui a gagné en puissance. Un électrochoc qui lui a signalé qu'il n'était pas forcément celui qu'il croyait être et que le dégout que l'on pouvait voir dans les yeux de certains pouvait avoir pour source la personne de Pludbus. Oui. Les gens pouvaient être dégoutés par Pludbus. Et c'est cela qui le perturbait grandement. Le monde qu'il s'était construit pendant des années, il se faisait détruire, mis à mort par une vérité énoncée sans aucune pitié et avec une force qui n'admettra pas de contestation.

Ainsi, Pludbus était momentanément lucide sur lui-même. Lucide sur ce qu'il était devenu et sur ce qu'il était pour les autres. Et cela le traumatiser. Au milieu de l'obscurité grandissante, alors que la mer commence à ne faire qu'un avec le ciel, le vieillard se sentait isolé et tellement faible, pauvre créature qu'il était. Homme abandonné aux ravages du temps. Dans ses mains ridées, Pludbus pleura. Pas de pleurs pour faire son intéressant. Non, des pleurs pour s'apitoyer sur son sort, le sort d'un vieillard qui aime tant la vie et qui ne peut pas la vivre sans succomber aux travers qui le caractérisent aujourd'hui et qui dictent sa personne. Oui. Pludbus est tellement lucide. Les larmes qui coulent sur ses joues, ce sont celle d'un homme sachant qu'il ne mérite plus ce titre. Où étaient partis ces rêves d'antan ? Vivre heureux au milieu d'une famille ? Ils avaient été corrompus par le vice et la sénilité. Qu'était devenue sa gloire passée ? Jeté du haut de son piédestal et piétiner par ses propres lubies de vieillard lubrique. Il pleurait. Il pleurait aussi pour ce qu'il allait redevenir. Ce soir, il était Pludbus. Lui-même. Mais demain, cet instant de lucidité sera à nouveau plongé dans un océan de vice et Plud' sera à nouveau au contrôle de l'épave qu'il est devenu. Rien que d'y penser, cela la lui faisait encore plus mal. Sortir de la déchéance en sachant qu'il était inévitable d'y rentrer à l'aurore, il ne pouvait y avoir plus grande souffrance. La lune naissante pouvait en être témoin.

Pludbus laissa couler ses larmes tandis qu'il fut pris d'un hoquet. Il regarda alors ses mains, ces mains qui ne servaient à rien depuis bien longtemps. Ce n'était pas les quelques coups d'éclat en service qui allait bien pouvoir le satisfaire. Son fruit, son équipage ; tout cela ne le servirait pas à terme. Ils n'étaient que des jouer pour son soit détraqués. Que pouvaient bien faire ces mains aujourd'hui ? Si ce n'est faire du mal et réduire davantage Pludbus à l'état d'un déchet de l'humanité. Que pouvait-il faire ? À quoi pouvait-il servir ? Et ces pensées qui le forcèrent à enchainer sur une autre pensée, encore plus douloureuse et criante d'une vérité difficile à assumer.


Pourquoi je vis ?


Ces mots résonnèrent forts dans le silence de la nuit. Rien ne lui répondit, comme s'il n'y avait rien à y répondre. Comme s'il n'y avait pas de réponses. Une réponse en soit. Une réponse bien trop difficile à admettre, mais une réponse qui ne semblait pas avoir d'autre alternative. Pludbus cria. Il cria du cri de la rage, la rage de ceux n'ayant plus aucun moyen d'accomplir de bonnes choses dans la vie. De ceux qui se savent perdus. Une défaite contre le temps. Une défaite contre la vie. Il cria du cri du Céldéborde, apeuré de redevenir l'opposé qu'il était en réalité. Alors que son cri prit fin, il n'eut plus la force de se tenir sur ce tonneau et il s'écroula sur le sol. Recroqueviller en chien de fusil, l'homme se cacha les yeux avec ces mains si inutiles. La faim le tiraillait. La peur aussi. Alors que les ténèbres le prenaient, il eut ce sentiment terrible, celui qui pousse à se laisser prendre par la mort, à abandonner tout espoir de salut ; d'en finir avec la vie. L'espoir que le froid et la faim prennent la vie du vrai Pludbus pour mettre un terme à la folie lubrique du Pludbus qu'il était devenu. En sort fort intérieur, il le souhaitait si ardemment.
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    En position du fœtus, je tentai de garder un peu de chaleur pour moi tout en cherchant le sommeil. On aurait pu croire qu'avec la journée que je venais de vivre, entre le naufrage, la longue nage, la découverte de l'île et le maigre repas – sans parler des esquives face aux attentats de Pludbus – je tomberai comme une masse. Que nenni. J'étais peut-être en état de torpeur, mais pas endormie, et ça me chagrinait. J'appelai Morphée de toutes mes forces, mais rien à y faire. Les événements tournaient en boucle et petit à petit, l'aiguillon de la culpabilité me taraudait. L'attitude de Pludbus avait été très surprenante, et maintenant que j'étais seule et ne souffrant plus de faim ou soif, je réalisais à quel point les choses avaient été... tordue.

    Ne m'avait-il pas appelé « maîtresse » ? Je veux dire... juste « eeerk ». Quelle que fut l'occasion, hormis des jeux de lit dont le style ne m'attiraient guère, jamais je n'avais voulu entendre un tel mot prononcé à mon égard. Essentiellement parce que je me refuserai corps et âme à faire de même. Les images des esclaves de cette grosse et ignoble Dragon Céleste avec qui j'avais dû traiter lors de ma première mission terrain étaient fermement ancrées en moi.
    Et je n'arrivais pas à me rappeler si Pludbus avait mangé. Je ne sais pas s'il était naturellement comme ça, ou si c'était le choc du naufrage... non, soyons logique, il était encore membre de la Marine et considéré comme élément actif. Donc il devait avoir un minimum de maintien. Donc se balader en chemise de nuit souillée n'était pas quelque chose de normal pour lui. Donc encore moins cette attitude soumise et.... oui, je me sentais coupable.

    Coupable et nauséeuse. Ah, combien je vous parie que les fruits que j'ai mangé étaient pourris ? Ou alors, et plus plausible, ce n'était pas assez et mon ventre me le faisait sentir. Mais quelle héroïne j'étais ! Incapable de rester 24h sans un bon repas chaud. Et dire que je voulais sauver le monde. N'empêche, les crampes d'estomac, ce n'est pas pratique et réjouissant. Et ce satané sommeil qui se faisait attendre.

    Mais un cri angoissant jaillit des entrailles de la nuit. Je me redressai sur mon fin tapis d'aiguilles et de feuilles, cherchant à identifier quel prédateur pouvait avoir un tel brame. Puis mon esprit sauta à une logique toute militaire : d'où pouvait venir une créature capable d'un tel mugissement. Peut-être de la mer, alors qu'elle regagnait la protection de l'îlot pour les heures les plus sombres ? Mais... pourquoi Pludbus n'avait-il pas donné l'alerte ? S'était-il endormi au poste ? Ou plutôt, était-il blessé ?
    Et ce fut à ce moment que j'identifiai enfin la provenance : une voix humaine. C'était bel et bien mon compagnon d'échouage qui beuglait ainsi. Mais quelles blessures avait-il reçu pour hurler ainsi. Quel monstre lui faisait-il face ?
    - « PLUDBUS !!! »
    Oui, vas-y Shaïness, hurle de toute ta voix, comme ça, tu perds tout effet de surprise. Et puis, surtout, pète-toi bien les cordes vocales, genre, tu n'en auras pas besoin. Et oui, continue avec ce beau dérapé, histoire de faire une septicémie avec tout ce sable dans les griffures que tu viens de te faire.

    Sauf que... à part un vieux puant en chemise de nuit en pleine crise d'identité. Sauf que ça, je ne le savais pas...
    - « Vous allez bien ? Qu'est-ce qui vous a attaqué ? Vous êtes blessé ? »
    Et de me mettre à genoux à ses côtés, palpant son corps à la recherche des coups qui avaient provoqués de tels hululements.

    Et c'est là que mes entrailles se nouèrent et décidèrent de danser la lambada sur rythme tropical. Après un haut le cœur plus sonore que physique, je m'écroulai à mon tour au pied du tonneau, totem de nos souffrances, tandis que la peau de mon dos se déchirait, ma colonne vertébrale comme attirée par la lune, pétasse blafarde qui se foutait des agonies humaines. A croire que mon corps avait décidé de se séparer de son enveloppe charnelle.
    Et je hurlai.
    Jusqu'à ce que ma gorge fût prise dans une sorte de voile étrange, à l'égal de la sorte d'écailles souples qui avait poussé sur moi... bloquant mes cordes vocales.
    Pourtant, je hurlai.
    Encore.
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Lentement, Pludbus sombrait dans un océan de ténèbres. Le sommeil l'appelait ; la nuit s'ouvrait devant lui. Une nuit sans songe qui laissera place à un l'être qu'il était devenu. Secouer par quelques soubresauts, rares preuves de son refus d'en arriver là, Pludbus avait abandonné. Toutefois, il fut sorti de cette torpeur. Alerté, Shainess l'avait rejoint. Délicatement, presque avec une lenteur calculée, comme si le temps avait cessé de s'écouler au même rythme que la normale, Pludbus sentit les doigts délicats de Shainess le palper à divers endroits. Le vieillard s'éveilla. Celui qui voulait être éveillé et qui souhaitait ardemment l'éveil des sens. Pludbus le Lubrique revenait en ce monde et dans une semi-inconscience qui n'allait plus tarder à s'estomper, il eut un petit sourire pervers qu'il agrémenta de quelques rires lubriques alors que Shainesse s'approchait un peu trop près de certaines zones érogènes. Dans son esprit malade, il s'imaginait déjà bien des choses, comme si les événements de la journée avaient été effacés de son esprit, comme si les avertissements n'étaient pas suffisants pour lui indiquer qu'il n'était pas le bienvenu dans ce rôle. Et alors que Shainess continuait ses investigations en toute naïveté, Pludbus ouvrit les yeux. Un regard empli d'une perversité nauséabonde qui appelait à lui davantage de lubricité pour effacer son moment de perdition. Pludbus s'apprêtait à lui sauter dessus et à commettre l'irréparable. Tendu, il faillit bondir, mais il fut stoppé par le cri de souffrance de Shainess. Un cri qui vint répondre à l'écho de sa propre douleur. Il avait été le Loup criant à la Lune, il venait d'avoir sa réponse. Et dans cette réponse, il y avait une question. Viendras-tu m'aider ? Ou préféras-tu redevenir l'animal que tu ne veux pas être ?

Quelle question. Du plus profond de son être, Pludbus chassa son âme pervertie. Il secoua sa tête pour retrouver ces esprits et être à nouveau maitre de ses gestes. Le cri de Shainess le rappela davantage à la réalité. Elle souffrait. Il lui fallait l'aider. Rampant sur le sol, il vint à ses côtés. À son tour, comme elle avait fait avec lui à l'instant, il tenta de voir les raisons de sa souffrance. Il devait faire vite, mais il ne devait pas non plus se hâter. Les examens corporels ne sont pas préconisés quand on a au fond de soi une part de son âme qui n'appelle qu'à profiter de l'occasion. Et il lui fallait faire preuve d'une certaine agilité et d'une très grande détermination pour ne pas s'attarder sur les détails qui pouvaient le faire à nouveau replonger. Il finirait par replonger une fois que la fatigue l'aurait vaincu, mais à ce moment là, il espérait que Shainess aille mieux. Comme elle précédemment, il ne trouva rien. Il ne savait pas. Encore une fois, comme de nombreuses fois avant ce jour, il était impuissant. L'homme serra les poings, à nouveau face à son inutilité. Il n'avait jamais fait gaffe à la médecine. Ces mains ne pouvaient pas soigner. Ces mains étaient de toute façon trop habituées à faire du mal. Un moment, Pludbus faillit s'abandonner au désespoir et au défaitisme. Et c'est les premières gouttes d'une pluie discrète qui lui interdit d'abandonner. Non. Il pouvait encore faire quelque chose. Au milieu de cette plage, le froid et l'humidité allaient les surprendre. Complètement assommé par la souffrance, Shainess n'était pas capable d'aller se protéger.

Il était de son devoir d'agir. Et Pludbus agit. Il ne fut pas d'une grande douceur, car c'était difficile pour lui, mais il fut d'une grande détermination en portant dans ses bras une Shainess souffrante vers le misérable abri qu'il avait construit. Alors que la pluie gagnait en puissance, la détermination de l'ancêtre faisait de même. Les lèvres closes malgré le poids de la jeune femme, et surtout la faiblesse de ses muscles, il endurait un supplice qu'il aurait aisément laissé tomber en bien d'autres occasions. Toutefois, il tint bon grâce au courage qu'il avait toujours servi durant ces jeunes années d'officier de la marine. Il n'avait peut-être pas laissé la meilleure trace de sa carrière dans l'Histoire, mais il avait su traverser les dangers avec ce même courage qu'il lui faisait mettre la santé d'une autre par dessus la sienne ; une semi-inconnue qui l'avait rejeté, qui l'avait presque conduit à la dépression, mais une femme qui ne méritait sûrement pas de souffrir. Il s'écroula sur le sol de son abri alors que celui-ci prenait l'eau. Des rigoles s'étaient formées entre les feuilles et les épines ; seule une petite zone était épargnée. Pludbus s'y installa, pas par égoïsme, car il garda Shainess près de lui. Dans ses bras, il avait le vain espoir de lui donner le peu de chaleur qu'il pouvait donner pour éviter qu'elle n'attrape froid. Que pouvait-il faire d'autre ? Il y avait bien autre chose. Pludbus se souvint de sa potion de change trouvé tantôt. Il pensa aussi à cet abri. Trop tard. Il était bien trop loin. Et puis, il ne voulait pas se risquer à noyer pour de bon Shainess.

Cette potion de chance, il l'a pris délicatement. Elle souffrait. Si la chance pouvait l'aider, c'était bien le moment. Cette potion, il l'avait gardée pour de bien viles intentions. Au moins, il allait pouvoir l'utiliser pour une bonne cause. En espérant que ce soit le cas. Fébrilement, il lui fit boire en faisant passer le contenu entre les fines et jolies lèvres de Shainess tremblotantes. Il ne pouvait savoir comme la suite allait se passer. Il ne savait pas si l'effet allait être significatif. Il n'avait plus rien à faire. Plus rien à tenter. Il se contenta donc de la serrer dans ses bras et de veiller. Veiller jusqu'à ce que le destin décide de son sort.


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    Prisonnière dans mon monde de douleur, j'étais comme shuntée de mon corps véritable. Tout commençait et se terminait, se définissait, par cette souffrance. Tout ce qui n'était pas tourment n'était pas moi. Je souffre, donc je suis. Aveugle, sourdre et insensible à tout ce qui n'était pas la poussée de cette peau qui sortait des mes pores, comme le pus d'un abcès, à tout ce qui n'était pas la déchirure quasi acide dans mon dos, je n'eus à aucun moment conscience d'être soulevée et transportée, et donc encore moins droguée.
    Ça partait d'un bon sentiment. Mais c'était surtout très dangereux. Faire avaler une mixture d'origine et d'effet inconnus à une personne souffrant de maux inconnus, c'était un appel à la mort ou la traduction d'un vœux suicidaire. Ou alors, on avait une chance de cocu. Ce qui dans le cas de Pludbus était juste risible. Encore plus en ce qui me concernait, puisque je n'avais jamais de ma vie d'adulte une réelle relation sérieuse.

    Le liquide coula dans ma gorge écorchée par mes cris bien que je n'eus pas eu l'impression d'avaler quoi que ce fut. Par contre, cette nouvelle sensation de froid brûlant qui envahissait mes veines provoqua presque un soulagement chez moi – enfin une nouvelle impression autre que la douleur – avant que le froid n'en devînt corrosif.

    J'ouvris des yeux entièrement noirs, sans iris ni pupille. Ça, je ne pouvais le savoir. Ma vision était troublée, mais je crus que cela venait de la nuit et de mes maux de tête. En fait, je venais de passer en forme hybride et tandis que les échos de mon dernier hurlement s'éteignaient, des ailes de papillons me poussaient dans le dos, accompagnées du déchirement de mes habits. Une petite part en moi grimaça à cette constatation : mon bel uniforme. Non, rectification : mon seul uniforme. Voilà que je n'avais plus que des lambeaux pour me vêtir. Gé-ni-al.

    La taille relative de l'abri n'offrait pas une hauteur suffisante pour me relever et étendre mes ailes comme j'avais envie – non, besoin ! - de le faire. Aussi étrange que cela pouvait être, j'avais déjà assimilé mes ailes comme une extension de moi, une nouvelle paire de bras ou de jambes. Se servir d'eux, les manipuler... c'était réellement naturel.
    Avec un grognement de contrariété, je reculai pour sortir. Pludbus n'était désormais qu'un point dans ma mémoire. Pour le moment, j'étais intégralement concentrée sur ma transformation et la multitude de nouvelles perceptions qui m'assaillaient. C'était à la fois terrifiant et extrêmement grisant. Cependant, la pluie qui grisollait tout autour n'était pas de mon goût. Je voulais de la chaleur, de la lumière, du vent et des senteurs sucrés. Je voulais l'ivresse du ciel bleu et la caresse des pétales sur ma peau. Je voulais... je...

    --- ...BAOUMBADABOUM !
    Un éclair, suivi d'un coup de tonnerre un peu plus distant, percèrent les cieux et je me mis à applaudir, sautillant sur place comme une gamine. Avidement, je scrutai l'horizon noyé sur la pluie pour voir un autre éclair. Mais ce ce fut la foudre qui répondit à mon appel silencieux

    SCRAAAATCH...BAOUMBADABOUM !

    Et bull-eyes sur le tonneau, au somment duquel Pludbus avait siégé quelques instants plus tôt. Il ne restait qu'une carcasse noircie avec quelques bouts de métal tordus, là, à peut-être trente pas de moi. Ça, et une fumée qui s'élevait courageusement contre les attaques des gouttes. Ça et une lueur, comme un clin d'oeil, là... Une braise... une flamme... un feu.

    - « PLUUUDBUS !!! » m'écriai-je comme si j'avais vu un manège. « Regarde, j'ai fait du feu !!!! Du feu, du feu, du feu !! » Et je me mis à dansoter autour du cadavre de feu-Monsieur-tonneau. Je me sentais l'âme tribale, animale presque. Mais pour moi, je ne voyais pas la différence, pas plus que je m'étais spécialement étonnée de mon état hybride. C'était. J'étais.

    Si seulement il ne pouvait plus pleuvoir.
    Ah, et si je pouvais avoir un sauna.
    Ben quoi, ça avait bien fonctionné, pour le feu?

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Les nuages grondaient au loin. Les vents étaient de plus en plus forts et la maigre bâtisse hâtivement construite par Pludbus ne résistait aux éléments que par la détermination du marine à faire en sorte que sa souffrante protégée ne puisse pas souffrir encore plus d'une fièvre trop facilement attraper. Grelottant à moitié, murmurant dans un semi-rêve, ou plutôt un semi-cauchemar, Shainess ouvrit les yeux de ces yeux qui ne veulent pas voir. Pludbus détourna les yeux pour ne pas la voir dans cet état et serra encore plus ses petits bras maigrelets comme si, par ce moyen, il aurait pu donner un peu plus de chaleur et d'énergie à celle qui souffrait. Et lentement, il sentit son étreinte faiblir. Ou plutôt, il se sentait éloigner de Shainess. Il revint à la réalité, presque à contrecoeur, et ne put qu'observer la formation des ailes translucides dans le dos de Shainess. Pludbus recula ; il lâcha prise. La bouche ouverte et les yeux écarquillés, il ne reculait pas pour lui donner de la place, non, il avait juste peur. Qu'était-elle devenue ? Qu'avait-il fait ? S'était-il trompé ? Venait-il de prouver que même conscient de ses actes et de ce qu'il était devenu, il ne pouvait rien faire sans le rater lamentablement, voire même en faisant empirer la situation. Le doute lui étreignait le cœur. Le dégout lui vint à la bouche. Et tandis que Shainess s'élevait d'elle même au milieu de la pluie battante et des morceaux de cabanes qui pliaient sous sa croissance soudaine, Pludbus s'abaissait, se recroquevillait, s'anéantissait devant elle. Ronger par la peur et l'échec, il baissa les yeux pour ne plus voir, pour ne plus avoir devant les yeux les preuves manifestes de son inutilité chronique.

Comme s'il n'existait plus à ces yeux, Shainess s'éloigna avec une aisance sans pareil, comme si tout cela était naturel. Dans les ténèbres de l'orage, le peu de lumière semblait converger vers elle, passant dans ses ailes et l'auréolant d'une aura mystique. Plus on s'éloignait d'elle et plus la lumière décroissait. Le point culminant des ténèbres n'était qu'un vieillard roulé en boule, les bras autour des jambes, faisant fi de ses douleurs tandis qu'à nouveau, ses larmes se mêlaient à la pluie. Le froid le gagnait. L'humidité trempait ses vêtements. Pour une dernière fois, il se sentit plonger vers un sommeil qui n'aurait rien de réparateur. Pas dans ces conditions. Pas pour renaitre comme l'homme qu'il ne veut pas être. Et encore une fois, Shainess le sortit de sa torpeur. Elle l'appelait. Elle se souvenait de lui. Lentement, il ouvrit les yeux et revit le monde. La lumière des éclairs. La lumière du feu. La lumière de Shainess. Dansant tout autour, elle n'était plus l'être maladif qu'il tenait dans ses bras. Elle semblait revivre, totalement laver de ses récentes souffrances. Une renaissance. C'était le mot. Une renaissance qui manquait tant à Pludbus. Il se surprit à sourire. Sourire du bonheur d'une autre. Pas de son propre bonheur. Peut-être avait-il réussi. Peut-être avait-il fait quelque chose de bien. Mais non. C'est forcément faux. Il ne pouvait être le responsable. Au mieux, il était responsable d'avoir ralenti sa renaissance. Pludbus ne peut en être autrement.

Il sombra. Sans aucune possibilité de retour. Son réveil, il le ferait sous le visage de Pludbus le Lubrique. Et ce réveil se ferait à l'aube. S'il était toujours en vie. Dans l'obscurité de ses songes, Pludbus fit face à ses vis-à-vis. Il y avait son successeur, le Lubrique. Il y avait l'autre, menant le flambeau de son âme contestataire et révolutionnaire. Il y avait un autre, assis dans un fauteuil, attendant avec une extrême patience ses petits enfants pour la lecture hebdomadaire de papy Pludbus. Et puis, il y avait Pludbus. Pludbus jeune. Celui qui ne s'était jamais exprimé. Celui qui a été bâillonné à la naissance pour devenir le marine qu'il était censé devenir. Il le regarda avec ses grands yeux d'enfants. Le jugeant. Lui disant sans rien dire ce qu'il pensait de lui. Et Pludbus baissa les yeux, honteux de ce qu'il était et de ce qu'il n'a jamais pu être. Lui aussi aurait voulu cette renaissance qui avait tendu les bras à Shainess. Mais il n'y a pas de secondes chances pour des êtres comme Pludbus, juste un peu de répit. Juste du temps avant de renaitre dans une nouvelle conscience. De renaitre après une mort. Peut-être que celle-ci lui tendait les bras. Gelé et trempé, affaiblis moralement, l'ancêtre se laissait à son destin. Il était temps pour lui de disparaître ? Ce n'était plus à lui d'en décider.

Seul le réveil importait, dorénavant.

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[HRP: désolée de l'attente, et j'avoue être pas spécialement heureuse de ce post, qui a donc été accouché dans la douleur. Je ne pourrai pas faire mieux de mon côté et je te passe la main.]


    Je me réveillai sans m'être souvenue de m'être endormie. Une sensation assez déroutante, croyez-moi... d'autant plus que mes souvenirs d'hier restaient flous, au-delà encore de la fin de la soirée. A vrai dire, tout était flou, depuis le naufrage de la vedette de transport. J'aurais pu facilement croire que tout cela était un rêve, ou un cauchemar, et dans les deux cas, quelque chose d'irréel, une page éphémère dans ma vie.
    Sauf que je me revins à moi dans un décor tout aussi éthéré. La minuscule goutte de terre dans un désert d'eau, un soleil qui menaçait d'être torride sous peu, à peine une minuscule bise de vent, mais qui ne déplaçait que des masses d'air chaud... un peu plus loin sur la plage, le doux crépitement du feu qui rongeait les derniers morceaux de bois du tonneau emplissait l'atmosphère tel la dénotation du canon et les échos qui s'en suivaient assurément. Nul autre bruit ne dérangeait le calme quasi envoûtant de notre survie. Non, pas le pépiement d'un oiseau, pas même le crissement d'un insecte. Je sentis les poils de mes avant-bras se dresser à cette constatation. Ce silence vous dénudait, vous rendait faible et seul. Non, ça ne pouvait pas la réalité. Ça ne pouvait qu'être qu'un cauchemar !

    Mais, normalement, quand on dort et qu'on est vraiment en train de rêver – en bien ou en mal – et qu'on prend conscience de ce fait, le réveil est instantané. Je m'attendais donc à me retrouver assise en sursaut dans mon lit de mon appartement à tout moment. Ça ne devrait pas tarder... maiiiintenant... làààààà.
    Non, décidément non.
    Je ne dormais pas. Enfin, si, je dormais il n'y pas si longtemps. Mais tout cela n'était ni rêve ni tourmente... Juste ma réalité.

    Une bien triste réalité qui me trouvait assise sur une île perdue au milieu de nulle part, avec un uniforme qui ressemblait de plus en plus à une loque, sans aucune certitude d'être sauvée. Une boule se forma dans ma gorge, bloquant mot et respiration. Soudainement, l'éclat du sable de la plage reflétant le soleil naissant se transforma en une terrible agression envers tout mon être. Mal aux yeux, mal au cœur, mal à l'âme. Serrant mes genoux réunis entre mes bras, je blottis ma tête dans le creux formé, tentant encore une fois de me convaincre que c'était une horreur de cauchemar et que, lorsque j'ouvrirai les yeux à nouveau, tout sera fini et tout ira bien.

    Envolée, la sensation d'euphorie d'hier soir. C'était tout ce dont je me rappelai. Cette profonde certitude ancrée en moi, venue de je ne sais où, qui susurrait à mon oreille que j'étais forte et capable de tout, absolument tout. Enivrante valse des étoiles alors que je volais portée par les bourrasques de la tempête, au risque de me faire emporter par les rafales ! Non, ça, sûrement que je l'avais rêvé, ce n'était juste pas possible !
    Je plaquai mes mains sur mes oreilles, pour bloquer le silence mortuaire du reflux de la mer, et je fermai les yeux à m'en faire des rides permanentes. Si j'avais pu arrêter de respirer cet embrun iodé, je l'aurai fait. Tout ce que je voulais c'était « revenir à moi » dans un contexte normal. J'en étais même à souhaiter retourner au QG de South Blue, et revivre cette scène apocalyptique. Quitte à cauchemarder, autant y aller pour de bon.

    Force fut de constater que non, rien n'y faisait, j'étais bel et bien ici et maintenant, et que ce ici et maintenant était juste aux portes de l'Enfer. Et que si cette île était réelle, alors tout ce qui s'était passé avant aussi.
    Et là encore, mon esprit se bloqua.
    Non, je ne voulais. Cette nuit... c'était une hallucination ! Voilà, sûrement, parfaitement ! J'avais mangé des baies toxiques et j'avais eu un « mauvais trip ». Non, franchement, comment expliquer autrement que j'avais eu des ailes dans le dos et que j'avais vol--NON ! C'était une hallucination. Le produit de l'association de mon esprit fatigué et torturé par la violence de deux attaques de bases marines, et de substances illicites aux effets pervers et pernicieux.

    Cette fois, je me roulai en boule à même le sable, pour me plonger dans mes propres ténèbres, les cheveux rabattus sur moi en une dernière tentative d'écran. Je pleurai toujours, à lentes larmes qui roulaient le long de mes joues et s'écrasaient dans le sable. Je me fermai à tout ce qui n'était pas ma souffrance. Dire que j'en étais arrivée là : préférer mourir de déshydratation et de brûlures au troisième degré, plutôt que...

    Que quoi ? Affronter la réalité ? Chercher des solutions ? Se sortir de ce mauvais pas – très mauvais pas, je l'accorde – et continuer à vivre ? Vivre et vivre encore ! Avais-je réchappé à deux attaques aussi terribles l'une que l'autre pour me contenter de rester là à pleurnicher sur mon triste sort ? Oui, bon, d'accord, j'étais dans le pétrin, et pas qu'un peu. Mais était-ce vraiment ce que j'avais jamais vécu de pire ? Ou qu'aucun humain n'avait jamais vécu de pire ? Avais-je seulement le droit de laisser tomber, alors que j'avais juré sur le champ de bataille que je ferai tout pour arrêter les douleurs et le sang inutilement versé, la folie des hommes et le désir d'éternité de toute une race ?

    Satané orgueil. Parfois, je me donnerai des baffes. Oui, je me détestais en ce moment, mais pas autant que je détestais celle que j'avais été quelques secondes auparavant. Misérable mijaurée, pathétique pouffiasse. Tu es sur une île déserte, et alors ? Tu n'as qu'à nager jusqu'à l'île la plus proche. Bon, peut-être pas. Déjà, point un, il n'y avait pas d'île à portée de vue. Point deux, maintenant que j'avais ingéré un.... bon, voilà, je le dis, un fruit du démon... d'ailleurs, je me demandai soudainement la nature exacte de cet fruit. Quel pouvoir avais-je contre mon gré obtenu ? Des ailes m'avaient poussées, mais des ailes de quoi ? Enfin, bref, quoi qu'il en fut, nager était juste hors de question. Bon sang, est-ce que cela s'appliquait aux bains ? C'est que j'aime prendre de longs et brûlants bains, avec plein de bulles et des parfums exotiques.

    Si nager n'était pas la solution, peut-être faire un bateau. Ou plus précisément, un radeau. Je me retournai sur le sable, assise à l'indienne, et examinai l'îlot d'un œil critique. Il devait y avoir suffisamment de bois pour faire une embarcation plate et stable. Le manque d'outil allait être très handicapant, je ne le cache pas. Mais je devrais me débrouiller. Non. Je VAIS me débrouiller. Pas que j'ai vraiment le choix. Mais au-delà de ça, c'était ma décision la plus définitive : j'allais me sortir de là, moi, avec mes dix doigts et ce qui me restait de cerveau. Fini, les coups de chances ou les appels aux copains ou à la famille.

    Allons, avouons-le, je m'étais perdue. J'avais perdu de vue mes objectifs personnels et quand je me regardais dans la glace, l'image de mon reflet ne correspondait pas du tout à ce que je voulais être. Utilisée par mes parents, embrigadée par le Gouvernement Mondial, déçue par la Révolution, je m'acheminais petit à petit vers une version de moi inutile, molle, pleurnicharde, et surtout, sans repère, sans esprit, sans.. cœur.
    Oui j'étais quelqu'un de passionné, et il me fallait une cause pour avancer. Vivre par moi-même, pour moi-même... non, je ne savais même pas ce que c'était. Depuis ma naissance, et même avant, l'héritage familial avait été placé sur ma tête rose, et c'est un chemin tracé, un avenir prédestiné qui s'était déroulé sous mes pieds. J'avais fui, mais c'était une autre route que j'avais prise. Celle de l'Union. Prise, mais pas pour autant choisie. Enfin, si, tout de même. Mais il était temps que je pris une décision calmement et pas par rébellion, sous le coup de la colère ou autre.
    Certes, rejoindre la révolution n'avait pas été une mince affaire réglée en deux minutes. J'avais même assez galéré à me faire introduire dans les bons cercles – ou mauvais, tout dépendant des points de vue. Mais c'était un pis aller, et je m'étais forcée d'ignorer tout ce qui ne me plaisait pas dans le dogme de ma nouvelle « famille ».

    Mais ça, c'était avant. Fini, de courber la tête et tendre le coup pour une calotte. J'étais Shaïness Cooper-Raven, et je ne pouvais rien faire contre ça. Alors, autant utiliser les cartes que la vie m'avait servie et agir pour réaliser mon « rêve », faire que ce en quoi je croyais fermement arrivât pour de bon. L'homme était un loup pour l'homme et les meutes se déchiraient entre eux. Ça, je ne pouvais rien y faire. Là, c'était dit. Je ne pouvais pas changer la nature profonde des hommes. Mais devenir le garde-chasse, celui qui traque les loups et tuent les individus les plus dangereux ou les excédentaires dont l'existence briserait l'équilibre de la paix.
    Voilà ce que j'allais faire.
    Et je ne pouvais faire ça depuis une île déserte.

    Soupir décidé et tortillement de cheveux, pour mise en position de combat.
    Mes yeux tombèrent alors sur l'abri, ou plutôt ce qu'il en restait après la tempête de la nuit.
    Et une vague de honte brûlante me submergea. J'avais été infecte, quels que fussent les torts dePludbus à mon encontre. Quoi ? Je voulais réformer le monde, mais je n'étais pas capable de canaliser un vieux Marine sûrement aussi traumatisé du naufrage autrement que par les cris et les coups ? Et j'osai m'insurger contre les techniques de Rafaelo et Mandrake ? Ah ben, bravo l’hypocrisie !!! Même moi, je me retrouvais choquée par moi-même. Waou, voilà que je développais une seconde personnalité.

    Je repoussais au fond de mon esprit toutes les questions sur le fruit du démon – et je savais au fond de moi que j'étais encore en train de fuir cette confrontation. Oui, je me défilais. Mais il y avait un nombre fini de vérités que je pouvais m'avaler en une paire d'heure et là, j'arrivais à la limite. Je m'en occuperais plus tard, et ça, je m'en faisais la promesse. Non pas fuir, juste... reculer pour mieux sauter. Voilà, très bien dit, moi-même !

    Le soleil montait, et nous n'allions pas tarder à rôtir. Aussi je m'occupai à me désaltérer et me nettoyer, avant de récolter de l'eau dans une sorte de conque trouvée sur le rivage. Ce n'était pas idéal et j'avais beau rincer le coquillage, je me doutai que l'eau aurait toujours un arrière-goût. Et pour parfaire mon dépit, je ne trouvai pas un fruit ou une noix ou une baie... se pourrait-il que Pludbus nous ait servi tout le potentiel nourriture de notre îlot ? Ça s'annonçait mal.
    Avec juste ma conque, j'allai réveiller mon colocataire, m'accroupissant à ses côtés, le secouant doucement.
    - «Pludbus ? Réveillez-vous, il faut que nous parlions. J'ai un peu d'eau ici... »
    Sa chemise de nuit tâchée me révulsait toujours autant, mais j'étais résolue à me montrer ferme et constructive. Ferme et constructive...
    J'attendis qu'il fut assis et à peu prêt alerte pour attaquer le vif du sujet.
    - « Nous ne pouvons rester ici. Il faut faire quelque chose. Pensez-vous que la chaloupe de sauvetage ait survécu à la tempête ? Si oui, combien de temps avant qu'elle soit retrouvée ou arrive sur un port ? Pensez-vous qu'on ait une chance que des secours soient envoyés dans le secteur ? Si non... il va falloir qu'on se débrouille... un radeau ou un signal... J'ai besoin de votre aide, Pludbus. Je ne veux pas mourir ici, moi... »
    Ferme et constructive. Ferme et constructive... et pas peureuse et plaintive.
    Bon, j'avais droit à un bon point pour la tentative ?
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De l'agitation. En fond de lui, Pludbus s'éveillait. Il prit conscience du monde. Il prit aussi conscience de la terrible migraine qui gangrenait son cerveau comme s'il avait passé la soirée à se remplir la panse de substance fortement alcoolisé. C'est un peu le contrecoup à son réveil de conscience de la veille. Le véritable Plud' reprenait ses aises dans sa caboche de vieillard. Frébillement, il ouvrit une paupière. Son œil torve zizgzaga dans son orbite avant de se fixer sur un visage. Il la reconnut difficilement ; Shainess. Quelque chose lui disait que des trucs assez spéciaux s'étaient passés avec, mais il ne pouvait s'en souvenir. Ces souvenirs appartenaient à une autre facette de lui-même qui sommeillait à ce moment-là. Seul l'instinct subsistait. Et quand on pense à des choses et qu'on s'appelle Pludbus, ce n'est jamais vraiment très subtil. Hélas, son imagination était un peu engourdie. Fort heureusement, son œil dériva lentement vers les reliefs des soyeuses courbes de Shainess et l'Énergie Lubrique jaillit dans ses veines et dans son cerveau. D'un clignement de paupières, il éloigna toute fatigue de ses yeux et son regard se fit pénétrant et salace. Un bon vieux regard de Plud'. L'énergie fantastique gagna tous ses membres et lui facilita son réveil. Les quelques courbatures disparurent, mais seul le mal de crâne subsistait. Ce n'était plus seulement à cause de son changement de personnalité, c'était maintenant aussi à cause de son imagination fertile qui reprenait du service.

Il avait fait quelque chose avec Shainess la veille ? L'oeil expert de l'ancêtre repéra les vêtements déchirés, dévoilant tout en ne dévoilant rien. Un sourire s'étira sur les lèvres sèches de Plud' et un rire râpeux sortit d'entre ces lèvres. Il devinait. À tort. Et personne ne connaitrait jamais à quoi il pensait. Pludbus se redressa, du torse, tant bien que mal, avec l'aide de sa partenaire d'infortune. Il était alerte, le Pludbus. Il s'imaginait déjà la belle lui demandait de réitérer l'exploit de la veille. Pludbus était affaibli par les privations et le coup de froid de la nuit, mais le Lubrisme coulait dans ses veines. Il garda le sourire et un visage confiant tandis que Shainess se lamentait sur son sort. Rapidement, il comprit la situation. La peur l'avait rattrapé et l'empêchait de répondre à ses pulsions primaires. Rah. Terrible peur. Il fallait la rassurer, ce que fit Pludbus, convainquant comme jamais.


Ne crains rien, ma chère. J'ai la situation bien en main.

Personne n'était dupe quant aux choses qu'il pensait avoir en main.

Je sais quoi faire ! N'es crainte ! J'irais jusqu'au bout ! Même si ça doit faire mal !

En l'occurrence, c'était son crâne qui lui faisait le plus mal. D'une main plus secourable que lubrique ; oh miracle ; Pludbus tenta de réconforter Shainess en lui tenant le bras. Il en profita pour se lever complètement, exposant sans pudeur sa plastique de nonagénaire bien conservé clairement exposé du fait de la détérioration avancé de son pyjama rose à fleurs. Faisant craquer ces articulations et manquant de se briser la colonne vertébrale, Pludbus s'éloigna sans avoir conscience que Shainess avait encore moins de réponses qu'auparavant. Qu'elle était la direction de Pludbus ? De ses souvenirs nuageux de la veille, il se souvint de cette cache où il avait trouvé un peu de nourriture. Il se souvenait qu'il y avait du rhum. Beaucoup de rhum. Et quoi de mieux que le rhum pour inhiber la peur de Shainess et fendiller le barrage contenant ces pulsions ? Pludbus ria à gorge déployée. Il est vraiment trop intelligent. Parfois, il dirait même qu'il est machiavélique. Mais ça sonne comme méchant à ses oreilles. Ça ne lui va pas.

Avec la discrétion d'un éléphant, et faisant attention à ce qu'il ne soit pas suivi, il revint à la cache. Après un bref contrôle, il vit que l'alcool était toujours là. Son instinct de glorieux marine lui ordonna de refaire une inspection, au cas où. Il aurait pu manquer quelque chose. Ce fut le cas. Heureusement, parce qu'un instinct qui ordonne pour rien, c'est assez inutile. Qu'elles étaient ces choses ? Des explosifs. En faible quantité, certes, mais il y en avait. Intéressant, non ? Il décida de prendre les explosifs et du rhum. Les premiers pouvaient servir, mais surement pas en même temps que le second qu'il réservait à d'autres utilisations. Il se dirigea vers la plage, vers Shainess, quand un doute le traversa. Et si l'alcool n'était plus bon ? La stupeur l'immobilisa. C'était la faille de son plan ! Faisant volt-face, il retourna en arrière et se dirigea vers les arbres, se cachant pour vérifier cela. Dans sa précipitation et son enthousiasme, il avait oublié de refermer la trappe protégeant la cachette.

À l'ombre des arbres, Pludbus ouvrit le tonnelet et gouta, fébrilement, l'ancien breuvage, faisant glouglouter l'alcool dans sa gorge avant ingurgitation. Le marine n'a jamais été un grand expert en rhum, mais il constata que celui-ci était plutôt bon. Il avait l'avantage de le réchauffer de l'intérieur même si certains endroits étaient déjà bien plus chaud que le reste. L'arrière-goût était bizarre, mais ça se buvait. Pludbus fut rassuré. Il continua à boire un peu, pour se donner de la vigueur et cacher ce vilain arrière-goût. Le problème, c'est que ce goût, il revient tout le temps après avoir bu. Et quand on boit pour le cacher, on finit toujours par le faire revenir. Du coup, sans se rendre compte de sa bêtise, Pludbus but. Il but dans de larges quantités. Il rota aussi. Mais il but, principalement. Et quand le tonnelet fut vide, Pludbus avait atteint le paroxysme des maux de tête. Ce qu'il avait avant plus la quantité d'alcool qu'il avait ingurgité, ça ne faisait pas bon ménage. Son pas se fit difficile et sa vue fut troublée. Rapidement, il s'imagina être entouré par des créatures à ailes translucides. Elles s'approchaient. Elles voulaient surement le tuer. Et derrière elle, Shainess était prisonnière de terribles liens, blessant sa chair. Elle criait. Elle lui demandait à l'aide, lui, son preux et viril chevalier servant. Au travers de son rêve éveillé, Pludbus se décida à agir. Il fallait la sauver ! Assurément, une fois l'ennemi en fuite et sa promise libérés, celle-ci allait s'offrir à lui. C'et naturel, quoi !

Heureusement, le destin lui avait donné une arme. Des armes même. Il avait même l'allume-feu pour allumer les mèches des explosifs. La corde grésilla et s'enflamma. Pludbus envoya les explosifs tout autour de lui, sur ses adversaires monstrueux sans savoir qu'ils étaient issus de quelques souvenirs de la veille. L'avantage avec ces monstres monstrueusement monstrueux, c'est qu'ils ne sont pas réels. L'inconvénient avec les explosifs, c'est qu'ils sont réels.
Dans le petit bosquet d'arbres, les explosions commencèrent. Terrible. Et les flammes naquirent des explosions.
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    Je ne savais pas ce qui m'avait pris de croire, d'espérer. A peine réveillé, Pludbus continua dans la lancée de la précédente journée. Tout en ricanement grivois et regard salace. Il devait encore croire qu'il était mort et au paradis, faisant de moi... quoi ? Un ange ? Une walkyrie ? Ou alors une succube infernale ? Je ne voulais pas connaître le fond de sa pensée, ce qui supposait d'ailleurs qu'il en eût une, de pensée. Adieu la petite voix qui m'avait chuchoté un appel à tout ce qu'il y avait de bon en moi. Et puis quoi encore ? Depuis quand j'étais une personne douée de compassion ? Depuis quand étais-je censée avoir une conscience ?
    Oui, j'aurais pu être gentille avec le vieux croûton, et le calmer en le laissant me tâter la jambe ou la poitrine. Après tout, ce n'était pas comme si je répugnais à utiliser ma plastique. Mais justement... utiliser n'était pas donner à va-l'eau. Il avait beau avoir été commandant en chef, le vieux Céldèborde n'était plus grand chose. Bon, il restait un Marine, et à ce titre avait un potentiel. Un jour, peut-être. Aussi je me contins et le laissa partir sans rien dire. J'abandonnai aussi tout espoir qu'il servit réellement à quelque chose.

    Et parce que je savais maintenant que je ne pouvais compter que sur moi, je commençai à m'activer, pour éviter d'avoir à travailler sous le soleil qui se monterait sans doute sans pitié cet après-midi. Déjà, trouver du bois pour alimenter le feu moribond. Et alors que je fouillai l’extrémité la plus éloignée de Pludbus – mais que pouvait-il fargouiller, le vieux ? On aurait dit un régiment de sanglier... - à la recherche de quoi que ce fut qui pourrait me donner le début du commencement d'une idée. Un « truc », un « machin ». Ne serait-ce qu'un moyen de dévier mon esprit de la bête d'anxiété qui grondait en moi, et que je maintenais à terre par l'opération d'un savant mélange d'espoir et de mauvaise foi. Ma spécialité, en somme.

    Ainsi, je me retrouvai terriblement prise par surprise par la série de détonation qui se rependait tout autour de l’îlot. Etant donné sa taille relativement étrinqué, je fus soufflée par la force de l'explosion, propulsée le nez dans les vaguelettes, le cul en l'air, les cheveux éparpillés autour de moi comme des tentacules flasques d'un poulpe échoué sur la rive et en train de crever. Toute une métaphore pour la moins exacte.

    - « Par les gencives du Roi d'Alabasta !!! Qu'est-ce que tu as encore foutu, le vieux ? Tu n'as pas intérêt à être mort, le puant, parce que je veux t'étriper de mes propres mains !!! Ce n'est pas comme si j'avais quelque chose d'autre à faire, hein ??? »

    L'île dévastée n'offrait qu'un piètre spectacle. Des restes d'arbres, déjà rares à la base, se dressaient en moignons pathétiques et les rochers de la source avaient explosé en carcasses noircies et fumantes, teintant la cavité de suie. L'abri avait bien entendu disparu, ce qui n'était pas le cas du Snock. Les flammes ravageaient pourtant le peu qu'il restait à brûler. A croire qu'il était increvable, ou maudit, au point que le feu s'en méfiait.
    Ma colère était telle que je le tirai du petit brasier qui ne mit pas longtemps à s'entre-dévorer, déployant des flocons de fumée lourde et épaisse, qui tenta de nous étouffer avant de s'élever en grosses fumerolles dans le ciel dégagé. Toussant, crachant un poumon ou deux, je nous mis à l'abri auprès du rivage, la mer clapotant à nos chevilles. Et là, je secouai le crétin qui m'avait vouée à une dure agonie.
    - « ET MAINTENANT, VIEUX BOUC LIBINEUX ? ON FAIT COMMENT, TA MAJESTE DES COUILLES ? »

    Je ne sais pas combien de temps je hurlai ainsi, et j'en viens à me demander si je n'ai pas été à un moment prise uniquement à hululer un cri sans mot. La bête tapie en moi, cette peur panique, mugissait et s'étalant avec la satisfaction du conquérant sur terre annexée. Et je perdis le contrôle.

    L'équipe de secours, alertée par les matelots de la vedette naufragée, et attirée par les fumées, me retrouva dans un état proche de la léthargie catatonique. Le médecin me raconta plus tard que j'avais risqué l'hypothermie et en même temps la déshydratation à mettre balancée d'avant-arrière. Je ne demandai des nouvelles de Pludbus que du bout des lèvres, et ayant appris qu'il était en vie, je m'en estimais quitte pour tout compte. J'espérai pour lui qu'il ne parlerait jamais de ce qu'il avait vu de moi sur cette île, que ce fut mon comportement ou mon fruit du démon. Je voulais garder cette capacité pour moi, loin de mon dossier, loin de ma hiérarchie, loin de la révolution... au moins jusqu'à ce j'ai pris en main cette nouvelle facette de moi-même.

    Oui, j'étais un peu morte ce jour là... Depuis North Blue, les coups avaient tué l'ancienne moi. Ça avait été douloureux – qui aime souffrir, mourir ? J'avais dû aller jusqu'à cette extrémité pour me remettre en question et arrêter de me voiler la face. La métamorphose avait été brutale, mais je ne devais blâmer que moi-même. Et je crois que c'est pour ça que je me gardais un jardin secret. A force d'empiler des masques pour tromper autrui et les empêcher de voir mon véritable « moi »... je m'étais perdue, toute seule, moi, comme grande, sans l'aide de personne. Une solution de facilité aussi.
    J'avais fini de me regarder le nombril en me lamentant « oh pauvre petite moi ». Que diable, j'avais choisi et je pouvais encore choisir... abandonner la révolution, aller jusqu'à dénoncer les réseaux que je connaissais... partir du CP pour entrer en clandestinité... retourner dans le giron familial, me marrier. J'avais le choix.
    Et je décidai de vivre.
    D'arrêter de survivre... ou de sous-vivre.
    J'avais tout le temps de ma vie pour être.
    Je est un autre.
    Et demain est un autre jour...


- FIN pour Shaïness -
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L'obscurité. Les yeux étaient fermés. Mais les oreilles venaient de s'ouvrir au monde. Les sons étaient d'abord difficilement audibles au début, mais il finit par les comprendre. Entre temps, il fit marcher son cerveau harassé par les épreuves. Ou était-il ? Cette sensation sous lui ? Un lit. La classe. Cette douce chaleur ? Il ne savait pas, mais c'était la bienvenue. Cette odeur ? Ce parfum ? Cette flagrance ? Serait-ce le doux parfum enivrant de Shainess ou les reliquats de leurs ébats, ce musc particulier ? Il renifla un coup. Oui. C'était bien ça. La douce odeur de l'éther. Tout le monde sait que les deux odeurs sont similaires, non ? Pludbus n'avait pas encore toute sa tête et il fit de cette réflexion une vérité universelle. Dans ce cas, Shainess devait être à ses côtés ? Probablement.

Il ouvrit un œil. Tout était flou.


Doc ! Il a ouvert les yeux !

Hein ? Quoi ? Ah oui !
Quoi ? Laissez-moi l'interroger !
Non ! Pas question, c'est mon patient !
Ça sera pas long, il faut savoir !

La paupière se rabaissa un instant. Puis les deux yeux s'ouvrirent, d'un coup. Tout était toujours flou, mais trois formes semblaient obstruer son champ de vision de sorte qu'il ne voyait rien du fond. Les questions s'enchainaient, implacablement.


Qu'avez-vous fait sur cette ile ?
Comment allez-vous ?
Avez-vous mal ?
Un peu de sirop ?
C'est grave, adjudant-chef ! L'agent Raven-Cooper…

Il fut coupé. D'une voix faible, Pludbus murmura.


Shainess ?

Ils se turent un instant. Il voyait un peu mieux. Trois hommes. Un jeune dans le genre apprenti, en blouse. Un autre en blouse, mais plus vieux. Et un type en uniforme. C'est ce dernier qui le reprit.


Oui, l'agente Raven-Cooper. Que sait-il passer ? On la retrouvait particulièrement atteinte ! Qu'avez-vous vu ?

Qu'avait-il vu ? Il essaya de se remémorer.

Boire…
Je vous avais bien dit qu'il lui fallait boire.
Rhum…
Ah non ! C'est prohibé ! Ça sera de l'eau !
Tout…
Ah bah oui qu'il faut tout boire !
Peter…
Allez-y si ça vous fait du bien !

Les souvenirs remontaient difficilement. L'agent semblait perdre patience.


Ce n'est pas important, ça. Que s'est-il passé avec l'agent Shainess Raven-Cooper ?! Dites-moi ! Qu'on puisse savoir de quoi elle souffre !

Shainess ? Il n'allait quand même pas raconter leurs exploits personnels. C'est secret. Qu'est ce qu'il y avait d'autre à dire ? D'autres souvenirs, pas forcément logiques, lui revenaient. Et les mots sortaient avant même de les avoir réfléchis.


Maitresse...
Hein ?!
Hein ?!
Du thé sinon ?
Maitresse… Shainess… ?

Oui…

Le médecin et l'agent se regardèrent. Ils ne comprenaient pas, mais c'était inquiétant.


Qu'a t'elle fait, alors ?
Qui …
L'agente Raven-Cooper !
Hein… 
… Maitresse… Shainess ?
Ah…

Très mal…

Ils se regardèrent une nouvelle fois. Des images se formaient dans leur tête, mais ils ne purent y croire.


Doc', vous êtes sûr qu'il est conscient ?
Sur. Absolument sûr. Enfin, ramène-moi de quoi le réveiller, toi.
Okay, doc !

Pludbus fit silence un instant, puis il leva le bras, difficilement.

Il tente de nous dire quelque chose !
Je t'ai demandé quelque chose toi !
Silence ! Je ne l'entends pas ! Répétez, adjudant Céldèborde !

Tenir…

Rah…


La main se reposa.


ça...

Ils se regardèrent une nouvelle fois. La main s'était posée à un endroit bien particulier. À son entrejambe. Un déclic apeuré se fit dans leurs regards.


Pludbus… Qu'avez-vous fait à l'agente Raven-Cooper … ?

Il ne voulait pas en parler, mais Pludbus étant ce qu'il est, il ne pouvait passer à côté de se la péter un peu.

Vous… n'avez pas fait ça ??
Quoi ?
Tais-toi !
Mais euh…

L'agent rapprocha son visage de Pludbus de sorte que son nez toucha celui de l'ancêtre.


Répondez !

Seul un rire sortit des lèvres de Pludbus. Un rire gras. Le genre de rire qui en disait long. L'agent se redressa, livide.

Le sale ... !
Le salaud... !
Le ... salopette ?

Le médecin frappa son apprenti qui s'en alla ; il avait compris.


Le médecin reprit.

Odieux… Je n'ose y croire. La pauvre. Ça a dû être une terrible épreuve. En arrivé là…
Je comprends mieux le drame psychologique qui doit la secouer.

C'est guérissable, doc ?
Évidemment... L'esprit humain est capable de grande chose. Par contre, il ne faudrait pas que ça s'ébruite. Vous imaginez aisément ce que ça pourrait entrainer sur l'esprit de mademoiselle Raven-Cooper ?
Évidemment. Cela restera entre nous.
Je dirais dans mon rapport qu'il est sujet à des hallucinations et qu'il ne sait rien. Personne ne le croira.
Je l'espère.
Non... Nous l'espérons.

Ils s'éloignèrent, laissant un Pludbus seul avec son rire salace.

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