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Le bon, la brute et les truands II {Totoj'}

Rappel du premier message :


    Base de Shell Town…

    - Ce n’est pas de gaieté de cœur que je te demande cela…

    - Ce n’est pas grave papa, je comprends tout à fait.

    - Maintenant que tu as toutes les informations avec toi, il ne me reste plus qu’à te souhaiter bonne chance.

    Je voulus ouvrir la bouche pour le remercier, mais aucun son ne parvint du fond de ma gorge. Je me contentai de sourire, avant que l’escargophone ne se coupe tout simplement. Le vice-amiral avait fini par comprendre que je n’avais plus rien à dire sur le coup. Lorsque je raccrochai à mon tour, l’on pouvait déceler dans mes mirettes d’émeraudes, un trop plein de mélancolie. La mission capitale qu’il venait de me confier n’était autre qu’une sale besogne. Une grosse besogne qui ne me plaisait guère. L’ordre était simple et compliqué à la fois : Simple parce qu’il me fallait liquider tout un réseau… Compliqué parce que ledit réseau avait plusieurs fois filé entre les doigts du gouvernement et que pour les avoir, il allait me falloir beaucoup de courage, de patiente… Et de chance aussi. Plusieurs groupes du Cipher Pol avaient été assigné à cette mission d’élimination, mais tous avaient mystérieusement disparu. Un échec cuisant que le gouvernement mondial avait mal digéré selon les dires de mon père. Ils avaient fini par passer le dossier à la marine pour qu’elle s’en occupe, et bien entendu, l’affaire avait atterri entre les mains du vice-amiral Fenyang. Celui-ci avait longuement hésité et réfléchi avant de me contacter. L’homme savait bien que je n’étais pas un assassin. Je n’en avais pas l’étoffe, mais qui plus est, tuer était un acte qui m’était vraiment insupportable, même si parfois nécessaire. Cependant, je m’étais bien rendu compte d’une chose lors de ces dernières années. Quand mon père m’assignait lui-même à une mission, c’est qu’elle avait une extrême importance, ce qui était le cas…

    En effet, le réseau que j’avais maintenant pour cible, était un important groupe d’ex pirates reconvertis en esclavagistes. Inutile de vous préciser que mis à part quelques compagnies qui avaient l’aval du gouvernement et l’incommensurable soutien des dragons célestes, cette activité était illégale partout dans le monde. Ceux que je visais n’avaient aucun scrupule et aucune limite. Femmes, hommes, enfants, hommes-poissons, géants… Tout y passait. Et ils sévissaient partout, surtout dans les villages les plus reculés où la marine était complètement inexistante. Leur seule limite avait été le nouveau monde, mais ils y étaient même parvenus pour un court moment, disait-on. Ces gens avaient plusieurs bases-arrières, là même où ils se réapprovisionnaient en « marchandises ». Ces bases étaient généralement des zones de non-droit tel que l’île de Jaya qui refourguaient souvent des pirates de bas étages à l’organisation. C’était tout un processus rondement ficelé par des esclavagistes plus discrets les uns que les autres. Cependant, deux noms revenaient sans cesse en tête de la liste des suspects : Don Giovanni & Don Silvanno, deux grands rookies de l’ancienne génération qui avaient fini par s’écarter du circuit de la piraterie. Ces deux personnes étaient soupçonnées de tirer les ficelles dans l’ombre, et si cette information était fondée, nul doute que j’allais devoir les éliminer purement et simplement si jamais ils faisaient leur apparition. De plus, il me fallait trouver le lieu même où s’effectuaient les ventes d’esclaves, mais sur ce point au moins, j’avais quelques pistes à creuser pour arriver à les localiser. Un colonel, même intègre, avait toujours des contacts peu recommandables pour avoir des informations utiles…

    Deux jours plus tard, sur l’île reculée de Bananario, East Blue…

    - AVANCEZ, ALLEZ !!!!

    - DU NERF, PLUS VITE QUE CA !


    Un fouet sortit de nulle part pour s’abattre impitoyablement sur le dos d’une femme qui semblait faible, et qui avait l’air complètement pitoyable. La pauvre tituba sous l’effet de la douleur, gémit, et se remit à avancer péniblement lorsqu’elle vit son tortionnaire agiter son arme. Comme beaucoup d’autres esclaves, cette demoiselle était enchainée comme un animal sauvage qu’on s’apprêtait à livrer à l’abattoir, et pleurait toutes les larmes de son corps. Triste tableau qui reflétait vraiment l’image de l’île en elle-même. Cette dernière était complètement malfamée, et pour cause : Il n’y avait que des bidonvilles et des tavernes misérables à perte de vue. Les rues étaient sales et jonchées d’immondices de toutes sortes, allant parfois même jusqu’à accueillir des cadavres qui se décomposaient sans qu’on y accorde la moindre importance. La population qui y vivait n’était pas mieux, mais elle semblait être indifférente au sort des captifs qu’on débarquait des multiples bateaux pirates et anonymes qui accostaient les berges de l’île. Comment pouvait-on imaginer qu’un tel endroit puisse exister à East Blue, pourtant réputée pour être la mer la plus pacifique… ? Ça coulait de source en même temps. Ces gens profitaient justement de cette paix pour agir impunément, et indépendamment de la loi ; sans compter que ces régions étaient peu habitées pour que la marine s’y intéresse véritablement. Entre la forêt luxuriante de ces régions, et la proximité de Calm Belt, ce fait était en même temps justifié. Les derniers détenus que je vis, furent engouffrés dans un immense local, là où pleurs, plaintes et cris pouvaient s’entendre… Tout ceci était vraiment inhumain…

    - REGARDEZ, ILS ARRIVENT !!!


    Une exclamation retentit et attira l’attention de tous les bandits qui se trouvaient sur le port. Sans trop perdre de temps, ces derniers dirigèrent leurs yeux vers la mer. Couvert d’une cape et d’une longue capuche qui cachait mon visage des habitués du coin, je dirigeai moi aussi mon regard vers l’horizon, avant d’y distinguer une énorme ombre dans la brume maritime de l’aurore. Un galion. Tout à fait probable. Que je pourrais même m’amuser à trancher d’un seul coup si l’envie m’y prenait. Mais était-ce celui que je guettais depuis ? Va savoir ! Bientôt, l’ombre s’approcha de l’île et prit une forme conséquente qui n’avait rien à voir avec un galion normal. Qu’était-ce donc ? Fronçant mes sourcils sous ma capuche, je fixai intensément le bâtiment qui s’approchait avant d’écarquiller les yeux. Ce que je pensais être un galion, n’était autre qu’un gigantesque temple flottant qui présentait même trois immenses voiles blanches. On aurait dit l’immense pagode qui surplombait Marineford. Gardant tout d’même mon sang froid, je ne fus pourtant pas au bout de mes surprises. Ce mini thriller bark était suivi par plusieurs navires pirates. Il n’y avait plus aucun doute… J’étais tombé au bon moment, au bon endroit. Ou plutôt nous. Quoi ?! Ne l’avais-je pas encore mentionné ? Ah ouais… J’faisais équipe avec un autre éminent colonel. Et pas n’importe lequel. Le type qui m’avait piqué mon pognon, après m’avoir distrait en m’invitant dans un lupanar, j’ai nommé Toji Arashibourei. L’homme avait été l’invité de dernière minute. J’ne savais pas vraiment si mon père l’avait contacté, mais toujours est-il qu’il m’avait retrouvé, que j’avais dû le briefer, et que nous avons attendu ensemble que le bon moment se présente… Et ledit bon moment, il s’était enfin présenté…

    - Bien, qu’est-ce qu’on fait maintenant… ?



Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Lun 1 Juil 2013 - 12:22, édité 1 fois

    Bon ben… voilàvoilàvoilà

    Y a des fois vous faites des plans géniaux, du genre simple mais efficace et dont personne ne saurait se relever… Et puis le mec se relève. Et non seulement il se relève, mais en plus comme de rien n’était.  C’est pas que ça daube grave, mais si un peu quant même.

    Car on peut pas dire que que la miss El’ se soit mal démerdée dans l’affaire en poinçonnant comme prévu le mollet de notre gaillard… Non ça elle a géré son coup comme une grande, ce qui n’était pas évident vu l’contexte. Car bon, c’est pas que j’ai douté de sa bonne volonté à suivre mes directives, mais quand je l’ai croisé avec la tête de son ex-collègue sous le bras, j’avoue qu’elle l'a assez mal pris sur le moment ; et ça même après que j’lui ai fait passé la pilule avec l’histoire du Géant décapiteur. Comme quoi au CP le sang froid et la priorité de la mission ça passe avant tout contrairement à certain…
    N’est-c’pas monsieur Alheiri qui tape si vite et si fort que j’ai même pas eu l’temps de fendre la gueule de notre cible d’un bon coup de hachoir comme c’était prévu à la base. Mais non monsieur joue les sanguins, les impétueux ! Tsss les jeunes… et l’esprit d’équipe alors ? Bande d’égoïstes… ça m’énerve j’vous jure. Tout ça pour quoi en plus ? Nada ! Kedal pô d’zob’. Que d’la gueule ces hommes, mais rien dans les bras.

    Dommage, parce que du coup niveau couverture économisée pour l’occaz’, c’est un peu grillée de chez grillée. J’ai connu des méchouis en fin d’cuisson qui sentait moins l’carbone si vous voyez c’que j’veux dire. C’est con j’commençais à m’y faire moi à ces conn’ries… Presque ça m’fait un pinc’ment au cœur en m’disant que j’vais devoir enlever tout ça à la fin d’la mission. Enfin bon, si on survit…

    Parc’que niveau infiltration ce foutu rafiot était bondé jusqu’à la dernière écoutille, mais c’est pas pour autant qu’ils nous auraient dit avant d’venir qu’on allait devoir s’farcir une putain d’légende de la piraterie ! Si j’avais eu des remords à dézinguer du cipher pole, j’peux vous dire que ça s’serait évaporé plus facilement qu’un berry devant Satoshi. Bravo les mecs du renseignement, j’vous en doit une. Une grosse et pleine de bagues en l’occurrence !


    Sorachi…

    J’mate mon collègue affalé et passablement mal au point… la cipher pole et son canif qui en fait n’a pas été enfoncé si profondément qu’ça aux vues d’la démarche du pirate… le dit-pirate qui visiblement a encore de sacrés beaux restes… Ma ténue… mes chances.

    -Navwé Al’-chou mais j’cwoua qu’il est temps pour une vieille dame comme moi de penser à sa wetwaite…

    Sans wancune Sowachi-sama ?



    Mes doigts jouent sur le manche du hachoir que je tiens encore dans ma main, mon regard passant de Alheiri au pirate sans qu’à aucun moment je ne baisse ma garde envers l’un comme l’autre. Et pendant c’temps mon cerveau d’vieille bique du bayou carbure à fond les ballons ; et surtout à aucun moment je ne m’arrête de sourire. Réfléchis ma belle, réfléchis !... Trouve vite un moyen d’te sortir les lolos des ronces ! Et accessoirement les burnes du beau gosse un tantiné bad-boy au passage.


    Dernière édition par Toji Arashibourei le Mer 17 Juil 2013 - 0:12, édité 1 fois
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      Eh bien eh bien… Ça sentait vraiment l’roussi pour moi, et pas qu’un peu. Parce que si l’autre poiscaille venait à accepter le marché de ce truand de Sorachi, j’étais complètement foutu, et ce malgré le soutien et la présence d’Elizabeth. Malgré mon état calamiteux, j’eus un sourire en me disant qu’il y avait bien longtemps que ma vie n’avait pas été en jeu comme ça. C’est dans ces moments-là qu’on commençait à prier et à regretter notre train train quotidien. Quelque part, j’aurai peut-être dû me contenter d’un petit grade dans une base située sur une ile paumée et tranquille. Tout ce  dont rêverait un paresseux de mon calibre. Malheureusement, il y avait les réalités poignantes de ce monde que je ne pouvais ignorer. Rester de marbre devant une femme ou un enfant se faisant attaquer par un pirate était tout bonnement impossible pour moi. Raison pour laquelle je voulais évoluer en grade, mais aussi en termes de capacités martiales. Je faisais partie de cette génération entre les deux âges qui représentait un peu la relève de demain de notre faction. Les vieux croutons de l’amirauté n’allaient pas vivre éternellement et eu égard de ce constat, me reposer sur mes lauriers serait une grave erreur, que j’m’étais dit. Cependant, atteindre mon objectif n’était pas chose aisée comme le montrait la situation dans laquelle j’étais fourré avec cet imbécile de Toji.

      Et puis, il eut un cri. Celui de la CP. L’intonation de sa voix présentait un amalgame effrayant de détresse et de colère. Ca y est. Elle avait dépassé le seuil de la patience et de la prudence. Se jeter dans la gueule du loup de la sorte ne donnerait rien, ce pourquoi je voulus me redresser pour l’arrêter. Mais mon corps ne bougeait plus. Plus du tout. Seuls mes yeux répondaient à mes désirs. Alors, pour la première fois de ma vie, c’est un regard suppliant que j’adressai au poiscaille. Du genre, ne la laisse pas mourir. Mais il était trop tard. En deux temps trois mouvements, la jeune femme avait balancé une lame d’air via son pied droit vers la tronche de Sorachi. Cette attaque n’était peut-être pas plus conséquente que la mienne, mais elle avait au moins le mérite d’être rapide. Extrêmement rapide même ! Conscient qu’il ne pourrait l’éviter à temps, le maitre des lieux concentra son haki sur ses deux avant-bras, avant de les placer devant lui comme bouclier. Il put alors dévier l’attaque, mais l’on put constater qu’elle l’avait quand même entaillé avec brio. L’homme grogna alors, mais sa position défavorable dans ce nouveau combat galvanisa notre Cipher Pol qui se retrouva prêt de lui grâce à un soru. Un shingan s’en suivit au beau milieu de la poitrine du pirate… Mais Sorachi l’évita in-extrémis, avant d’attraper la CP par le cou, non sans un sourire…

      - Tu m’irrites. Meurs.

      J’avais alors fermé les yeux. Sorachi lui planta son bras droit dans le ventre de la jeune femme qui hoqueta, avant de rendre son dernier soupir. Il l’avait transpercé comme si son bras était une lame. Non sans un éclat de rire horrible, il lâcha le corps sans vie de la Cipher Pol au sol ce qui eut pour effet de me faire ouvrir les yeux. En voyant son cadavre gisant aux pieds de notre ennemi, j’eus les larmes aux yeux. Puis, il eut une rupture dans mon esprit. Cette mort venait de raviver une douleur. Un souvenir abominable : La mort de ma femme : « HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!! » Soudain, je criai, et ce de toutes mes tripes. Le cri ressemblait plus à un hurlement qu’autre chose : Assourdissant, mais également bestial. Sorachi lui-même se boucha les oreilles et recula. Lorsque je m’arrêtai enfin, il eut un soupir de soulagement. Mais pas pour longtemps. Car ce qu’il vit ensuite le déconcerta du tout au tout. Alors que j’étais sensé être à bout de force, je m’étais relevé lentement, tandis que mon corps semblait reprendre encore une fois du volume pour atteindre les cinq mètres de longueur. Mes muscles semblaient plus volumineux, ma chevelure plus abondante. Mes canines débordèrent légèrement de ma bouche, tandis que mes yeux étaient complètement vitreux. Le grognement était significatif : J’étais devenu une bête.

      - Tuer… Je vais te tuer…

      - Me tuer ? Pour ça il faudr…

      Le coup de poing était parti. Il avait été vif, percutant, et il s’était impitoyablement écrasé contre le visage du pirate, sans que celui-ci ne puisse finir sa phrase. Sans que je ne m’en rende compte, mon corps avait parfaitement imité le soru de feu Elizabeth que j’avais eu l’occasion de voir. Même si j’avais perdu toute mon humanité sous cette forme, les réflexes demeuraient et l’envie de tuer également. Encore une fois donc, son corps valsa contre la baie vitrée. Une autre fissure se dessina sur le verre de la baie, avant que celle-ci n’éclate dans un bruit encore plus assourdissant que mon précédent cri. La brise marine s’engouffra avec force dans l’immense bureau dans lequel nous étions, faisant virevolter les petits objets qui s’y trouvaient. Le pirate, lui, s’était tant bien que mal rattrapé à son bureau, avant de se redresser avec beaucoup de mal. Il était en colère, surtout qu’il venait de perdre bêtement deux dents sur le coup. Mais à peine voulait-il lever les yeux vers nous que mon épée se planta impitoyablement dans son avant-bras gauche. Il ne m’avait pas senti venir. Il hurla son mal et m’administra un coup de pied baigné de haki. Toutefois, l’un de mes avants bras contra son attaque comme si de rien était, avant que je ne lui assène un coup de boule fracassant qu’il sentit passer. Là encore, il perdit pied et tomba au sol, alors que je m’attelai à retirer ma lame de sa chair.

      - Tuer… Je vais te tuer…

      Ma lame fondit aussitôt vers sa poitrine, mais il eut la brillante idée de rouler sur le côté et d’effectuer des saltos arrière, avant de se tenir contre un mur. Haletant, l’homme ne croyait pas ce qui lui arrivait. Surtout que mon apparence lui paraissait de plus en plus effrayante. Il lança un regard de détresse vers le poiscaille, mais lorsque ses yeux roulèrent une nouvelle fois vers moi, j’étais seulement à un mètre de lui. Sa surprise déclencha l’un de ses réflexes, avant qu’il ne me décoche un poing en pleine poitrine. L’effet me fit reculer de quelques pas, ce qui regonfla à bloc Sorachi, qui malgré ses blessures fonça sur moi. Pourtant, le maitre des lieux n’avait pas prévu que l’un de mes pieds aille à sa rencontre. Le choc fut tellement véhément que trois dents s’extirpèrent encore de sa bouche, sans compter son nez qui se brisa d’un seul coup. Complètement sonné et dépassé devant une telle démonstration de force, le pirate ne comprenait plus rien. Mais le pire restait à venir. Il sentit des liens étreindre ses quatre membres, avant que son corps ne demeure en suspension. Lorsqu’il revint à lui, ses pupilles se dilatèrent, tant il était surpris. Mes cheveux étaient « les liens » qui le maintenaient à deux mètres du sol. C’est alors qu’un festival de poings commença. Si bien qu’en deux minutes seulement, le fier Sorachi était devenu méconnaissable…

      - Meurs…

      Alors que je m’apprêtais à lui infliger le coup de grâce en le transperçant avec ma lame qui n’avait plus servi depuis un moment, mes dernières forces m’abandonnèrent pour de bon. Nos corps chutèrent en même temps. Je perdis aussitôt connaissance et mon corps revint à la normale. Sorachi, lui, peina à se relever. Il était couvert de sang et de contusions, preuve qu’il en avait pris pour son grade. Alors qu’il voulut faire un pas en ma direction, il tituba, se loupa et tomba une énième fois au sol. L’homme se mit à éclater de rire. Malgré ma forme de titan qui m’avait procuré un avantage certain, il était toujours en vie. Mal en point, mais en vie. Son but était maintenant de me tuer. Me tuer pour se venger de tout ce que je lui avais fait subir durant les dernières minutes. Et c’est cette ferme intention qui lui permet de se remettre debout. Ce simple geste lui avait demandé un effort énorme, si bien qu’il douta de sa capacité à pouvoir me tuer et se reposer tranquille. Un bordel qui le faisait chier. Mais il y avait un autre problème qu’il n’avait pas réglé. Et ce souci n’était autre que cette cuisinière douteuse. Il leva les yeux vers Toji et eut un spasme de terreur. Il le sentait, il le voyait venir de loin. Plus aucune issue possible : Sorachi se savait cuit. C’est alors qu’il eut un sourire mauvais, avant de sortir une sorte de de télécommande d’une de ses poches.

      - Si je dois mourir, vous allez tous venir avec moi !

      De ces dernières forces, il appuya avec ferveur sur son objet et un compte à rebours de moins de dix minutes commença, non sans retentir dans tout le bâtiment. La pagode n’allait pas tarder à exploser ! Plus que neuf minutes et quarante secondes !

      Vache de malade le bestiau. Nan sans déc' j'avais toujours pris c'sacré Alheiri pour un p'tit jeunot incapable de faire autre chose que d'couper du petit bois et du menu fretins ; le genre de gars un peu trop mignon pour savoir s'sortir les tripes et celles des autres... Et pourtant. Doit être la faute à notre première rencontre faut croire. Impression d'faiblesse et d'un poil de naiv'té prépubère qui s'était jamais décrochée d'son image comme une vilaine tâche de sanguin sur un uniforme. Ben là faut avouer que niveau pendule à zéro le gars pourrait jouer au rang de maestro de l'horlog'rie.

      Ouaip car là pour le coup, autant ça m'faisait ni chaud ni froid d'le voir s'énerver sur mes glorieux plans et sur mes méthodes, autant sa poussée d'croissance -barbiche et poils pubiens compris- m'ont fait comprendre que c'est pas l'genre de gars qu'il faut pousser à certaines extrémités. Ou alors des extrémités du genre d'une falaise vraiment très profonde. Et encore...
      Bien content qu'mon nouveau et sur'ment fugace ami Sorachi soit là pour manger les beignes, car perso j'en reste comme un con immobile et pas forcement très fier. Bordel... si j'ressemble à ça quand j'm'excite j'comprends qu'on s'acharne à rester courtois avec moi à la cafét' du régiment. Nan  sans rire pour un peu j'en ai les miquettes. Bon j'vous dis ça à vous parc'que vous êtes pas du genre à l'répéter hein.


      Bref, suite à une scène surréaliste où un jeune officier supérieur met la race de sa vie à un pirate de légende qui doit décidément trouver la vieillesse bien ingrate, nous voilà devant le calme suivant la tempête. Et comme la tempête est déjà passée et qu'normalement c'est plutôt à moi qu'revient ce droit... ben j'reste encore un moment planté comme un poteau. Ça et le fait que j'ai pas vraiment envie d'attirer l'attention du titan furibard qui a sur'ment juré ma mort plus d'une fois. Mais bon le voilà qui se calme, voir qui s'effondre ; alors voilà que j'respire mieux et qu'mon décol'té explosif redescend brusquement. Pfiuuu !

      Du coup, une fois cette peur instinctive et au combien désagréable passée, mon esprit fier se doit d'se rabattre mesquin'ment sur autre chose. Voir quelqu'un d'autre. Sorachi mon ami ?... Oh ouiouioui tu sais que j'pense à toi. Toi et ta jolie frimousse toute ébouriffée. T'as morflé on dirait mon gars. Pas frais le vieux pirate qu'on dirait. T'inquiète, Mama Jito sait prendre soin des siens ; et ça te l'sais vu la lueur de terreur qui s'affiche sur toute ta carcasse à l'agonie.


      - Si je dois mourir, vous allez tous venir avec moi !
      - Mais oui mais oui...


      Le gars est bousculé sans mal. Une grosse botte orthopédique lui écrase alors fermement par terre le poignet tandis que mon gros ventre et ma robe à fleur le surplombe de toute leur splendeur. Petit geste négligent du bout du hachoir pour lui sortir la manette des mains, juste au cas où ; et pour lui faire comprendre que c'est fini.
      Tu vois Alh', c'est comme ça qu'dans l'évolution certaines espèces arrivent à survivre. Soit t'es l'plus fort, soit tu d'démerdes pour que les deux plus fortes que toi s'entretuent gentiment. La seule notion a retenir, c'est qu'à la fin tu sois l'seul debout. Et riche si possible évidemment. Là par exemple, sans avoir à bouger l'p'tit doigt j'ai gagné. C'est pas aussi glorieux qu'une lutte d'homme à homme, ok. Mais de un je n'suis pas homme. Et de deux les seuls qui pourront en parler et faire l'histoire sont ceux qui survivront.

      D’ailleurs en parlant d'ça.


      J'délaisse d'un air suffisant le brave Sorachi qui ne trouve plus la force de s'relever une deuxième fois pour me diriger vers un Alheiri en piteux état. Pov' bougre... lui si fort et si beau. T'en as une drôle de gueule mon mignon hein ; il t'a pas arrangé en tous cas. Dommage t'étais plutot pas mal dans ton genre... Surtout tout plein d'muscles et d'colère. Tu m'rappellais un mec que j'admire. Un certain Toji j'sais pas si tu connais. Une vraie Bête à c'que j'en ai entendu j'te raconte pas. Bref, j'vais pas t'buter. Ouais comme ça ça semble être une évidence, mais pas forcement vu l'contexte et ma personne. Pas dit qu'tu fasses de moi un portrait sympa à ton réveil, et j'ai jamais aimé les rivaux. Ceci dit, j't'avoue que j'ai hésité. J'préfère être honnête, j'en suis même arrivé à entendre pleins d'voix crier dans ma tête de t'faire l'ultime crasse pour finir en beauté notre trio.

      Comment ça j'te parle de réveil mais tu dors pas ? Ah ouais scuz', un oubli dans la chronologie. Sbam !
      Coup d'tatanne dans les gencives tandis qu'tu n'pouvais t’empêcher d'lorgner sur ton adversaire à terre lui aussi.
      Dors gamin, tu l'as bien mérité.



      Hop, le p'tit au lit j'retourne vers notre pirate mal-aimé pour accroupir ma bedaine à son niveau. Huit minutes que m'dis alors l'minuteur. Merci que j'lui réponds car j'suis une dame tout c'qu'il ya d'plus polie. Sept minutes cinquante huit qu'il me répond alors. J'lui dit d'aller s'faire foutre. Mon regard repart donc ensuite sur le pirate, qui semble attendre avec anxiété le dénouement de cette étrange affaire.

      -J'vais pas t'buter mon gwand. Paw wespect pouw ta légende, mais suwtout pouw qu'un jouw tu wepenses à moi avec le souwiw.
      J'aime quand les gens pensent à moi avec le souwiw.


      Le gars voit là sa chance, et ingrat ou pas dans l'avenir il semble prêt à faire tout ce qu'il faut pour paraitre ange du moins le temps d'avoir les marrons plus loin du feu.

      - Paw contwe... Comme j'suis poa non plu l'awmée du salut, j'vais t'laisser cwapaouter tout seul comme un gwand. La biz.



      Six minutes trente raconte le minuteur à la semelle compensée qui vient à sa rencontre tandis que j'me dirige vers Alheiri, que j'embarque alors inconscient sur une épaule. D'un pas léger je file alors vers la grande vitre qui donne sur la mer... Avant d'y jeter manu-militari mon brave compagnon qui perfore le verre et va se perdre dans l'écume quelques dizaines de mètres plus bas. Hop, ça c'est fait. Me reste donc plus qu'à dire au revoir d'un clin d’œil à un Sorachi qui lutte pour puiser d'ultime forces, puis je saute à mon tour.
      Et c'est là que j'me dis que ça aurait fait bizarre que mon jupon enfle d'un coup sous l'effet de la résistance de l'air, m'offrant alors un parachute improvisé et du coup une réception un poil plus subtile que celle offerte à Alheiri. Mais non, tout délire à ses limites et la physique a tout d'même son amour propre. Puis une lady comme moi ne montre pas ses dessous à n'importe qui, pas même aux sardines et au plancton.

      Sblouf !


      Quelques minutes plus tard, l'ensemble du complexe explose dans une formidable boule de feu qui finira de clôturer une fête, une vente aux esclaves et du coup la vie de tous ceux encore présents à bord. M'étonnerait qu'y en ai pas qui se soient sauvés à temps, mais pour tout dire je m'en fous. Moi j'ai eu c'que j'voulais, voir même plus encore huhuhu.


      (...)

      Un peu plus tard, à quelques brasses de là, tandis que le calme a repris ses droits sur l'océan et que la majorité des débris a coulé où a été dispersé par les courants. Une forme massive et colorée flotte en attendant l'arrivée des renforts qui ne devraient pas tarder à débouler. Une mouette se rapproche, avant de s'enfuir à tire d'aile devant une flopée de jurons lancés à voix basse mais avec fermeté.

      -Nan mais sans wiwe comment ca fonctionne ce bowdel de mewde ? Aaaaah ben enfin !

      Allumée à la braise d'un cigare Num.13 encore humide, le cul de la fusée de détresse se décide enfin à éructer ses flammes et à partir vers les nuages jouer son office.


      -Bon ben weste plus qu'à poiweauter... T'es pas pwessé de toutes façons hein mon gwand ?

      Question purement rhétorique d'une femme qui dérive et qui voudrait pas trouver l'temps long, puisque d'un Alheiri toujours inconscient il ne faut pas chercher beaucoup de répartie. Nous dérivons donc en silence, moi flottant sur le dos en faisant la planche aidé par mes au combien nombreuses outres de cuir encore accrochées à la bedaine, Alheiri affalé sur mon ventre pour n'pas avoir à rejoindre les grands fonds. Bon ok dans mes multiples parcours et chutes j'ai perdu plus de sacoches gonflées qu'avec une liposuccion accélérée, du coup j'ai un côté qui fait un peu la gueule et qui m'oblige à battre régulièrement de la jambe pour pas pivoter sur moi même et que l'autre empaffé finisse de boire la tasse. Tin' j'espère qu'il se rendra bien compte que j'lui ai sauvé la vie à son réveil hein. D'autant que sans moi personne n'aurait "achevé" Sorachi avant de sauter, huhuhu. Foutus humains qui n'savent pas bêt'ment respirer sous l'eau ; j'vous jure... tiens d'ailleurs faudra pt'être que j'la lui sorte de l'eau la tête non ? Voiiiiilà ; mieux non ?


      Arh merde pas la fraise dans l'soutient gorge explosif ! Les grenades merde merde merde ! Où elle est tomb*/ ?!... Ah la voilà !
      Pfiuuu... Foutu cigare, ça m'perdra.


      ...

      Nous dérivons ainsi aux grès des vagues et des cris des mouettes, suivi par le sillon de fumé d'un cigare dégusté avec l'esprit du brave au repos. Le soleil est doux, le vent frais... les blessures se laissent gentiment oublier... Pour un peu j'me sentirais bien tiens.


      ...

      Puis lentement ma main passe sur mes cheveux, que je décroche alors lentement. Dernier regard sur la perruque rose à bigoudis... pincement à la poitrine... Ma main se laisse alors glisser vers l'eau avant que mes doigts ne se desserrent comme à contre cœur. Le courant nous éloigne lentement elle et moi...

      ... Mama Jito n'est plus.

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        - Qu’est-ce que je vous avais dit ? Il n’y a pas meilleure chirurgienne que moi sur ces blues !

        - Merci…

        Ma timide voix avait émis une faible réponse. Mon sourire pâle avait disparu aussi vite qu’il était apparu. De quoi décontenancer la jeune médecin qui m’avait traité durant ces trois dernières semaines. Devant la glace de ma chambre, je ne pus que constater son bon travail. Mon visage avait été refait à merveille. Hormis quelques estafilades, il était aussi beau qu’avant. Le plus gros avait été le nez, mais quand bien même fragile, il avait maintenant un plus bel aspect. Normalement, j’aurais dû être heureux de retrouver ce minois qui affolait tant les femmes, mais je ne l’étais pas vraiment. La mort d’Elizabeth m’avait plutôt marqué, sans oublier que je devais ma vie à cet imbécile de poiscaille. De ces deux faits, j’en venais parfois à me demander lequel m’accablait le plus, tant et si bien que ces simples réflexions réussissaient à me miner le moral et à me plonger dans une dépression. Comme quoi, avoir un trop grand cœur et une grande fierté n’étaient pas forcément les meilleures qualités d’un membre de la marine.

        - J… Je vous laisse donc…

        - Non. Emmenez-moi avec vous s’il vous plait. Besoin d’air.

        Cette fois-là, je m’étais retourné vers mon toubib avec un sourire aussi beau que sincère. Bientôt un mois que j’étais enfermé ici. Bientôt deux semaines que je n’en pouvais plus. Mon interlocutrice eut un soudain rougissement qui me fit rire légèrement. Son travail avait été si efficace que j’avais retrouvé mon charme naturel qui faisait encore plus d’effets. Elle se mit à balbutier sur le fait que je devais rester ici me reposer, mais mon sourire avait été tellement persistant qu’elle céda finalement à mon petit caprice. Lorsqu’elle s’attela à partir chercher des béquilles pour m’aider à la marche, je me remis à penser au bref rapport que Ketsuno m’avait fait il y a seulement deux jours. Toute la pagode avait explosé, emportant avec elle toutes les personnes qui y étaient. Ceux qui avaient réussi à fuir avaient été rattrapés à temps par la flotte marine qui avait débarqué quelques temps avant l’explosion. Même marine qui avait effectué des fouilles sous-marine pour éviter des mauvaises surprises, mais qui n’avait rien trouvé de dangereux.

        - Voilà ! Nous pouvons y aller !

        Lorsque que ma sauveuse revint, je m’emparai des béquilles, avant de m’appuyer légèrement sur elle. Ainsi, nous étions parés pour la sortie. Il ne nous fallut pas plus de cinq minutes pour rejoindre les beaux jardins du QG d’East Blue. Je gardais toujours des mauvais souvenirs de cet endroit, mais le paysage était tellement beau ce jour-là que je préférai penser à autre chose de plus gai. Comme le nettoyage effectué sur l’île de Bananario, par exemple. Ketsuno m’avait affirmé que la plupart des civils du coin avait enfin eu le cran de quitter ce trou paumé pour d’autres destinations. Une bonne nouvelle pour ces gens qui prenaient un nouveau départ. Une action que la marine avait facilitée et qui était à applaudir. Pour finir, elle m’avait aussi ajouté que nous avions rempli notre mission à merveille. Situation qui se concrétisa puisque mon père m’avait appelé avant-hier pour me féliciter personnellement. Une énième pensée qui me fit soupirer longuement. Être marine n’était pas une sinécure, pour sûr. C’était parfois même chiant.

        - Cet endroit vous conviendrait ?

        J’acquiesçai aussitôt à la phrase de ma sauveuse. Cet endroit était parfait. Il s’agissait d’un petit banc en bois situé sous un cerisier en fleurs. Le cadre paradisiaque pour profiter du bon temps quoi. Nous nous posâmes donc sur ledit banc, avant de commencer à parler. La jeune toubib me racontait surtout ses anecdotes sur son job, mais malgré ma bonne foi et le sourire que j’affichais, je ne l’écoutai que d’une oreille discrète. Mon esprit était plutôt focalisé sur le poiscaille. Alors que j’avais fait presque tout le boulot, ce salaud avait dû se récolter les honneurs ; sans oublier qu’il avait dû passer pour un saint après m’avoir sorti de mon pétrin. Cet enfoiré… Décidément, nous n’étions pas fait pour nous entendre, et Dieu seul savait ce qui se passerait si l’on venait un jour à croiser le fer. Je préférai ne plus trop réfléchir pour me focaliser sur ce beau ciel bleu et les dires de la chirurgienne qui me fit rigoler plus qu’autre chose. Et puis, à un moment donné, celle-ci vint à me poser une question plutôt récurrente sur mon travail en tant qu’officier :

        - V… Vous n’avez jamais pensé à faire autre chose que vous battre ? Vos blessures étaient si graves…

        - Si. Mais ce métier me plait. Défendre les gens et réparer les torts, c’est passionnant ! Et puis bon, faut bien que des gens foutent des fessés à ces satanés pirates, non ?  

        La jeune femme eut un sourire suite à cette simple réponse que je n’avais trouvé nécessaire de creuser. Puis, nous passâmes aussitôt à un tout autre sujet. La journée promettait d’être belle.

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