L'Odyssée, chant I : L'éternel.

Je m’enfonçai dans mon siège, la paume d’une main contre la joue, le coude contre la paroi de la fenêtre, triturant de mon autre main mon billet et l’enveloppe que m’avait remise mon capitaine. Enfin… mon ancien capitaine. Baissant les yeux, je poussai un long soupir. Bee regardait par la fenêtre sous sa forme animale, les pupilles illuminées par ce qu’il voyait. Les créations humaines l’étonneraient probablement toujours, et avec le recul, savoir qu’un ami comme lui ne changerait jamais, c’était rassurant. Jetant une vague œillade vers l’extérieur, je constatai à mon tour ce qu’un départ impliqué. Je n’en voyais jamais l’entièreté, ni même les conséquences. En y songeant, Hadoc m’avait apportée plus qu’il ne pouvait l’imaginer. Une simple relation maitre-élève ou une véritable amitié ? L’amitié. Je ne savais pas trop ce que c’était, ni ce que ça impliquait vraiment. Il était plus qu’un mentor, avant tout un proche. Je m’étais déjà enfuie en abandonnant derrière moi une famille, avec la certitude de les revoir un jour. Lorsque l’ami qu’on laisse mène la même guerre que nous, il n’y a ni certitudes, ni évidences. Et peut-être pas la fin heureuse qu’on espère.
Je me remémorai alors les gestes qu’il m’avait appris, plaçant ma main contre ma tempe, doigt tendu, paume à plat, sous les yeux surpris de Bee qui acquiesce en un caquètement sonore. Il trouvait cela convaincant, réussi, et me voyait parfaitement bien assumer en face de mes futurs supérieurs. Lui faisant un sourire, je me réinstallai en ouvrant la lettre. Parcourant le papier des yeux, j’étais à présent au courant du parcours à faire pour aller jusqu’à Innocent Island.

…De la Translinéenne jusqu’au Port…

Mes yeux sautèrent de voyelles en consonnes, retraçant toutes les indications. JE n’étais pas la plus habile lorsqu’il s’agissait d’orientation, mais reconnaitre un homme comme celui que m’indiquait la première photo qui m’était donnée ne devrait pas être des plus compliqués. J’admirai les traits marqués de mon supérieur temporaire, son allure fier, ses sourcils froncés et son sourire brillant mais froid. Je ne savais pas a qui j’avais à faire, ni de quoi ce Capitaine Smith était capable. J’espérai un Capitaine Hadoc, je priai pour un Hadoc. L’on a jamais vraiment ce que l’on veut, et la chance a souvent le plaisir de nous jouer des tours. Difficile d’imaginer à quel point elle peut se montrer farceuse avec ceux qui en appellent à sa bonté…

…Retrouver le Capitaine Smith et ses Hommes…

Et enfin l’agitation autour, de tous ces hommes qui se poussaient pour passer, de ces femmes qui se bousculaient pour avoir une bonne place, de ceux qui parlaient et qui continuaient leurs conversations. Quelques bribes de paroles qui arrivaient et qui retombaient, sans queues, ni têtes, ni quoique ce soit pour permettre de comprendre. Bee observa, encore toujours, étonné, curieux, insatiable d’en comprendre plus sur ce qui l’entourait. L’on entendit alors un sifflement strident, les quais qui bougeaient, la mer qui prenait de la place, et les quelques cris de joies qui venaient rythmer le bruit des machines se mettant en route…

…Montrez votre passe et embarquez…

C’était admirable, en effet.
Et enfin, nous partîmes.

*

« Capitaine Smith ! Je me présente : Caporal Bennett Jacob ! »

Tranche de la main sur la tempe, regard droit, pied écarté, je fixai mon nouveau capitaine en essayant de rester digne de ce que m’avait appris Hadoc. L’homme, assis à une terrasse en train de siroter son café, daigna lever un œil vers moi. Ses pupilles perçantes me sondèrent un instant, avant que sa moustache de se mette à frétiller de surprise ; il me regarda, puis regarda le canard à mes côtés, qui de bonne foi, fit le même geste que moi pour saluer notre actuel supérieur.

« … Non, mais c’est une blague ?
- Excusez-moi ? »

Un lourd silence se planta entre nous deux, silence palpable, autant que la tension vive et prenante. Comme premier rapport avec un supérieur et pour une première expérience dans la Marine, autre qu’avec les Ghost, j’aurais pu espérer mieux…

« Une femme ? Une femme à bord ? Bon dieu de banane ! LIEUTENANT, AU RAPPORT ! »

Un homme perça la foule, se tenant du côté des quais. Il alla jusqu’à son capitaine à son ordre, et le fixa un instant. Il détourna le regard en voyant les yeux fixés de son supérieur sur ma personne et eut un sursaut en m’apercevant. Ça commençait très mal…

« Lieutenant Netterland, pouvez-vous m’expliquer ce que c’est que ce cirque ?
- Je… Je ne sais pas du tout Capitaine Smith ! Il doit y avoir une erreur…
- Mademoiselle, répétez qui vous êtes ?
- Euh… je… Caporal Jacob !
- Jacob. C’est bien ce Caporal Jacob que vous avez accepté à bord, n’est-ce pas Netterland ?
- Oui ! Oui, bien sûr… Mais, Jacob, ça faisait plus… moins… plus masculin, vous voyez !
- Plus masculin ?
- Tout à fait, Mademoiselle ! Masculin, c’est ce à quoi nous nous attendions… On a une femme, et un CANARD… Et l’autre idiot que l’on attend, qu’est-ce que ça va être ? UNE AUTRUCHE ?
- Je… Je n’en ai aucune idée capitaine… »

L’homme se pinça l’arête du nez et soupira :

« Écoutez jeune fille,…
- Caporal, tranchai-je doucement sans pour autant qu’il ne m’entende.
- … Je suis un vieux de la vieille, et je suis très superstitieux. Et certaines de mes croyances m’interdisent de prendre une… une femme à bord de mon navire. Ça porte malheur, et une dose de malheur sur patte, c’est la dernière chose qu’il nous faut pour traverser Grand Line ! Et… Et qu’est-ce que c’est que ça ?!
- ça ?
- Lieutenant Netterland, est-ce que les animaux de ce genre sont réellement acceptés sur un bateau ?
- Je… Je n’en ai aucune idée, mais il doit bien y avoir une ligne là-dessus dans le manuel de la Marine… »

Le lieutenant Netterland sortit la poche de son pantalon un manuel de poche sur les règles du gouvernement mondial, s’attelant à feuilleter le livre complet page par page. Moi, je pris l’initiative de sortir de mon jean ce que m’avait remis Hadoc à propos de Bee, ainsi que mon ordre de mission que je tendis au Capitaine Smith. Il regarda l’ensemble et me fit un signe de main :

« Mademoiselle, vous êtes très jolie, et probablement très gentille mais je n’ai pas l’intention de vous embarquez à bord. Comprenez, lorsque l’on parle d’un caporal, membre de la brigade scientifique de surcroit, on s’attend plus à un binoclard avec des tubes à la main –ce qui est déjà une plaie, en soi- plutôt qu’à… à vous…
- Caporal Jacob, je vous prie. Ensuite, ce que je vous montre, là, ceux sont les certificats m’autorisant à avoir cette arme à bord, ainsi que mon ordre de mission qui me dit expressément ou est-ce que je dois me rendre pour arriver jusqu’au Royaume de l’Absurde. Et cet ordre m’indique votre Navire. Je comprends vos superstitions Capitaine, et à raison ou à tort, je vous demanderai, s’il vous plait, de ne pas faire capoter ma première mission : si je ne peux pas me rendre là-bas, je ne pourrais pas non plus prendre le prochain navire. C’est pour une seule traversée, probablement seulement quelques jours, ou je serais la plus discrète et la plus utile possible… »

Il eut un air contrit en attrapant la lettre que je lui tendis : Il zieuta rapidement le papier en s’arrêtant sur un nom en particulier. Puis, sur l’autre document, encore. Je sentais que le nom de Trovahechnik l’avait probablement fait réagir, celui de Curry (ma supérieure) avait dû en faire autant. Ne sachant plus quoi dire pour m’empêcher de monter sur son bâtiment, il se caressa la moustache et me fit un autre geste de la main pour me certifier qu’il cédait.

« Netterland, occupez-vous de retrouver l’autre zig et conduisez le… Caporal jusqu’à ses quartiers. Caporal ?
- Oui, capitaine ?
- Je vous demanderai d’être discrète. Aucun de mes hommes ne doit s’inquiéter de votre présence à bord. »

Baissant aimablement le regard, j’acquiesçai de ce fait. Tournant les talons en compagnie du Lieutenant qui m’indiqua la route jusqu’au Bâtiment et attendre en sa compagnie, en essayant d’être discrète… Nous fumes arrêtés par le capitaine :

« Netterland ?
- Oui Capitaine ?
- Le prochain, gus… Hisachi, ce n’est pas une fille au moins ? Non, parce qu’une à bord, c’est déjà pas mal… mais deux… on ne s’en sortira jamais vivant…
- Il ne me semble pas, Capitaine. Hisachi doit bien être un Homme.
- Bon dieu de banane… »
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-TERRE! TERRE BIEN AIMÉE!

Je me jetai sur le sol et me mis à l'embrasser comme s'il s'agissait de l'amour de ma vie. Oui, il était magnifique ce sol! Il était superbe ce béton! Il était somptueux ce gravier! Je n'avais rien vu de plus beau depuis au moins deux semaines. Parce que j'étais sur un satané bateau m'emmenant à Calm Belt. Ouais, j'avais du traverser Calm Belt, l'antre des créatures marines, le pays des monstruosités abyssales. La contré des Rois des mers! Bref, l'endroit sur la mer où je voulais le moins, me retrouver (après mon île natale bien sur). Ha, et il avait été éprouvant ce voyage, très éprouvant. Mes pauvres nerfs avaient soufferts, encore plus qu'un homme-poisson chargé de faire une représentation devant la noblesse. Mais j'avais réussi à m'en sortir vivant! Et mieux, j'avais réussi à plus ou moins vaincre ma peur des monstres marins: désormais, j'étais surtout habité par la haine de ces sales bestioles, et je ne reculerais devant rien pour leur en faire voir de toutes les couleurs! Ha, bon sang, j'étais heureux, ce mauvais moment avait finit par prendre fin! Ramassant mes bagages, ainsi qu'Anko, mon serpent adoré, je fis un grand signe à tout l'équipage du bateau m'ayant emmené jusqu'ici, et je les remerciai pour le soutient qu'ils m'avaient apporté. Ils me répondaient en agittant vigoureusement les bras, un grand sourire affiché sur leur visage! Je m'en voulais presque d'avoir eu autant de mauvaises pensées pour ces gars, au final, ils n'étaient pas si méchants.

-HAHAHA, AU REVOIR MEC, ET BONNE CHANCE POUR LA SUITE!..... C'est ça les gars, continuez à lui faire coucou, n'arrêtez que quand il sera assez loin. Il a bien prit toutes ses affaires avant de se casser non? Parce qu'il est hors de question que ce monstre remette les pieds à bord!

Oui, ils étaient sympa en fait ces marins. Je ne m'attendais vraiment pas à une telle réaction pour mon départ. Vu leur état, je pense que ça ne les dérangera pas de voir que j'm'étais permis de prendre quelques vivres avec moi. Tendant une cuisse de poulet à An, je commençais à grignoter l'aile de la volaille tout en m'éloignant du bateau. Oui, je pouvais définitivement passer à autre chose maintenant!

-CHEF, CHEF, ON A UN GROS PROBLÈME!

-Qu'y a t'il soldat? Ah, et agitez le bras en souriant vous aussi, faudrait pas que l'autre cinglé se doute de quelque chose...

-La.....La nourriture qu'on avait réussi à sauver du trou noir sur patte, elle.... elle a disparue!

-QUOI?! MAIS....MAIS QUI A BIEN PU.....Non.... C'est pas vrai, il aurait quand même pas.......GRAAAAAAAAAAH, HISACHI, JE TE FERAIS LA PEAAAAAAAAAAAAAAAAAU!

Alors que je commençai à m’engouffrer dans le port, j'eu l'impression d'entendre le capitaine hurler mon nom. Surement une petite hallucination auditive, ça ne serait pas étonnant vu tout le stress que j'avais subit ces derniers temps. Mais je n'avais pas le temps de m'attarder sur ce sujet, car, quelque chose que j'avais presque oublié à cause de ce passage sur Calm Belt refit surface dans mon esprit: j'étais la pour accomplir une mission: escorter et surveiller la dénommée Lilou B. Jacob jusqu'à Kikai No Shima! J'avais relu son dossier quelques heures avant notre arrivée, et j'avais encore en tête la photo de la demoiselle. Rien de bien particulier: taille moyenne, longs cheveux roux, le seul signe distinctif qui m'avait vraiment marqué était l'arme avec laquelle elle se promenait: un canard, apparemment capable de se transformer en robot. Je n'allais pas mentir: ça m'intriguait énormément. Je trépignais d’impatience à l'idée de rencontrer une chose aussi surprenante. Si cette jeune fille était capable de fabriquer des trucs pareils, alors je ne risquais pas de m'ennuyer! Mais je devais faire attention: ma curiosité pourrait me jouer de vilains tours si je ne me contrôlais pas! M'appuyant un moment contre un mur, je me mis à caresser An tout en me repassant ce que je savais sur cette mission: officiellement, j'étais le Caporal Enzo P. Hisachi, soldat d'élite devant se rendre sur Kikai No Shima pour un mission de la plus haute importance (et top secrète bien sur). J'avais avec moi tous les papiers prouvant mon "identité", ainsi que mon papier de mission signé par l'amiral en chef lui même, et deux billets (un pour moi et un pour Anko, ça servait d'avoir des contacts!) pour monter à bord du navire du Capitaine Smith. Ce dernier était chargé de nous conduire jusqu'au Royaume de l'Absurde, où l'on devait prendre un autre bateau afin de continuer vers la prochaine île. Bien sur, à chaque fois j'étais sensé me retrouver dans la même embarcation que Lilou, car il se trouvait que "comme par hasard", nos destinations coïncidaient toujours.

Une fois les idées bien remisent en place, et mon excitation calmée, je me mis à chercher le bateau du capitaine Smith. J'avais une photo du gaillard, difficile de le rater. En plus, avec ma taille, je pouvais voir sans problème au dessus de la foule. Mais malgré tout ça, impossible de repérer le bonhomme. Heureusement, une annonce résonna à travers les quais.


-Rappel aux clients de la Translinéenne: les personnes devant voyager sur bateau du capitaine Smith et ses hommes doivent se présenter munis de leurs passes devant le quai numéro 2.

C'était pour moi ça. Retrouvant ce fameux quai numéro deux grâce à l'aide des panneaux d'indication, je vis une foule monstrueuse attendre devant un grand navire. J'avais rarement eu l'occasion de voir un tel spectacle.Certaines personnes se bousculaient, d'autres discutaient bruyamment, bref, c'était, comme dirait Céline, un bordel incroyable. Mais moi, tout ce mouvement de foule m'amusait. Le fait d'avoir longtemps vécu seul faisait que ce genre de rassemblement de personne m’impressionnait facilement. Me plaçant à la fin de la file, je découvris rapidement qu'il m'était possible d'exploiter la peur que les gens avaient d'Anko pour gagner des places, et donc un peu de temps. Arrivant finalement devant le matelot qui vérifiait les billets, je lui remis mes passes et pénétrai dans le navire en ignorant le regard surpris et méfiant qu'il m'avait adressé. J'avais l'habitude. Parcourant les couloirs du bateau à la recherche du capitaine, je finis par repérer une longue chevelure rousse: c'était ma cible, pas de toute. Me précipitant vers elle, je réalisai qu'elle se trouvait en présence du capitaine Smith et de l'un de ses hommes. Lâchant mes bagages sur le sol, je fis mon plus beau salut militaire.

-Je suis le Caporal Hisachi monsieur! Enchanté de vous rencontrer, et désolé du retard!

An, voulant m'aider à faire bonne impression, jaillit de mon col et se mit à siffler joyeusement, tout en s'inclinant. Bizarrement, les personnes présentes semblaient étonnées, limite choquées. En particulier le capitaine, qui affichait une expression à mi chemin entre la grosse surprise et le désespoir. Le fait de voir débarquer un type de plus de deux mètres, fringué en marine, portant un haut de forme, trimbalant deux grosses bagages plus un sac de toile avec lui et accompagné d'un serpent l'aurait il troublé?

...

Nooooon, c'est surement moi qui me faisais des idées.


Dernière édition par Enzo P. Hisachi le Dim 7 Oct 2012 - 20:40, édité 2 fois
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La surprise était telle que le Capitaine Smith se contenta de se pincer l’arête du nez et de tourner les talons en maugréant pour lui-même. Hisachi n’était peut-être pas une autruche, mais les excentricités de ce dernier en matière d’animaux de compagnie avaient de quoi le mettre mal à l’aise. S’il n’aimait pas particulièrement les animaux à plume parce qu’ils « n’avaient pas de bras », il abhorrait les serpents, car une « bestiole comme ça, c’est dégoutant » pour la bonne et simple raison que « ça marche sur le ventre, je ne vois pas ce qu’on peut faire de pire ». Quelques mots nous parvinrent de sa position, tandis qu’il s’adressait à son lieutenant en soupirant :

« Au moins, ce n’est pas une fille… »

Me tournant vers le nouveau venu, je lui fis un petit sourire qui se voulait rassurant. Je ne savais pas si je devais le saluer, tout comme j’avais salué mon supérieur. Le respect dans une hiérarchie, aussi vaste que dans la marine, était encore pour moi particulièrement difficile à assimiler : révérer untel et non untel pour telle raison ou pour tel statut social, autant de personne à connaitre, à reconnaitre, à comprendre que de civilités pour ces différentes personnes. Quoiqu’il en fut et n’attendant rien de spécial de la part de ce garçon, garçon qui c’était déjà exposé à nous sous le nom du Caporal Hisachi, je devais avouer avoir été totalement surprise, sinon incommodée, par la présence de ce serpent en sa compagnie.
Restant à ses côtés en fixant effrontément l’animal, je ne me rendais pas compte du malaise que j’instaurai moi-même malgré la bonne volonté avec laquelle j’étais arrivée au départ. Mais il fallait comprendre : un animal comme celui-ci, à l’apparence étrange, se présentant probablement comme une espèce très rare, qui se montrait si civilisé et si avenant avec les humains, mais qui, par son aspect sirupeux et froid ne mettait personne dans de bonne condition pour l’accepter tel qu’il était (soit un être bien dressé), ça ne relaxait personne. Surtout lorsque l’animal en question inspirait plus la crainte que l’affection.
Bee me semblait être l’antithèse de la bestiole du nouvel arrivant. Plus grand, plus imposant dans sa forme mais probablement moins terrifiant, il inspirait la confiance et l’amusement, alors que le serpent ne faisait que me donner des sueurs froides. La Marine engageait absolument n’importe qui, avec n’importe quel penchant, la vraie question était de savoir pourquoi cela m’étonnait. Dans les faits, tolérer que je me balade avec un canard que je présentais à la moindre occasion comme une arme de destruction massive était tout aussi déconcertant que de voir le Caporal Hisachi se promener avec son serpent sous son T-shirt.

Dans tous les cas, le Capitaine Smith avait avec de sacrées énergumènes à bord.

*

J’avais quitté mon acolyte très rapidement, prenant mes quartiers d’assaut pour me mettre à l’aise. Mon grade au sein de la marine ne devait pas m’autoriser une chambre à moi-seule, mon sexe par contre, était une raison suffisante pour le Capitaine et le Lieutenant de m’éloigner du reste des hommes de l’équipage et de toutes malchances ou tentations malvenues. Même si ce traitement de « faveur » m’avait semblé inconvenant d’un premier abord, je devais admettre à présent qu’avoir le droit de m’éloigner de la cohue du navire n’était pas pour me déplaire. Cela arrangeait tout le monde, mise à part Bee qui, depuis notre départ du port d’Innocent Island, ne se sentait pas bien. Il n’aurait pu m’expliquer la raison de son malaise, à cause de son incapacité à pouvoir parler, mais qu’important la bonne humeur ambiante, le bruit constant ou le soleil qui s’annonçait brulant, Bee ressentait que quelque chose ne tournait pas rond. Et pour la première fois de sa vie, il regardait par la fenêtre en jetant des regards suspicieux aux hommes qu’il observait de son nid, ainsi qu’à l’horizon dégagé.

J’avais, bien entendu, pris l’initiative de prévenir le Capitaine Smith de l’étrange comportement de mon ami en l’amenant avec moi dans la cabine de mon supérieur, lui avançant l’idée éventuelle que son instinct d’animal envisageait peut être un problème, mais l’Homme m’envoya me faire voir en me sommant de ne pas quitter ma chambre et d’éviter de m’afficher aux yeux des autres mâles de l’équipage pour ma sécurité. Bien entendu, il ajouta par la même occasion de ne plus jamais venir lui adresser la parole du voyage, de peur que je ne porte sur lui une malédiction divine qui le maudirait sur les cent générations à venir, ou encore que je fasse en sorte de ne pas faire couler le navire à pic par je-ne-sais-quel moyen absurde. Il insista pour que je ferme la porte à double tour, ainsi que j’appose tous les cadenas à ma disposition sur un verrou, de perdre les clefs et de ne jamais revenir parmi les autres durant la totalité du voyage. Et devant sa moustache frétillante de colère et de terreur, je tournai simplement les talons en fuyant sa cabine.
L’idée me vint de m’adresser à une personne qui pourrait, par ses connaissances avec son propre animal de compagnie, m’aidait et me guidait dans ce que je demandai. Bien entendu, l’image froide de son serpent me fit froid dans le dos, mais l’urgence et l’étrangeté du comportement de Bee me fit prendre mon courage à deux mains. Le canard se dandinant à côté en scrutant les alentours, s’attendant à voir surgir un monstre dans la seconde, moi qui le surveillait en m’imaginant une maladie mentale, j’en vins rapidement à trouver le Caporal Hisachi qui se trouvait près du mat et attirer son attention sur moi. Lorsqu’il se tourna et me fit face de toute sa hauteur, je m’inclinai respectueusement en lui demandant d’une voix très douce :

« Je sais bien que je n’ai pas le droit de vous parler et que je devrais être dans ma chambre, mais au vu de votre… compagnon, j’espérai pouvoir obtenir votre aide… »

Il n’en fallut pas plus à Hisachi pour constater mon problème, lorsque Bee se rua sur l’un des marins et le tabassa sans vergognes et sans raisons avant d’être pris d’un spasme curieux qui le fit plonger derrière des caisses.
Nul ne pouvait plus douter à présent que Bee devenait complètement dingue et qu’un ver était probablement en train de lui manger le peu de cerveau qu’il avait.

Nul ne pouvait se douter non plus de ce qui se préparait, de ce que Bee ressentait à l’intérieur. Une menace pesait lourd, et son instinct premier lui faisait douter de tout. Impossible pour lui de comprendre d’où venait le danger, ni à quel moment est-ce que cela allait plonger sur nous. D’ailleurs, personne ne ressentit la brusque montée d’humidité dans l’air, du vent froid, des vitres pleines de vapeur, la pression chutant, les oiseaux volant à ras de la mer... Du moins, pas immédiatement.
Surtout pas le Lieutenant qui lisait son magazine de décoration.
Encore moins le Capitaine qui plongeait sa moustache garnit dans la mousse de son café.
Ni la vigie qui dormait paisiblement dans son nid.

En bref, lorsque la première goutte de pluie tomba sur le nez du Caporal en face de moi, que le froid commença à nous griffer la peau et que l’énorme masse nuageuse nous menaça de sa prestance divine, nous étions déjà tous pris dans le piège de Poséidon lui-même. Et enfin, un homme hurla si fort qu’il sortit tout le monde de sa torpeur :

« TEMPETE ! TEMPETE !! »
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J'observai les réactions des personnes présentes... Visiblement, ce n'était pas moi qui les dérangeais, mais Anko. Evidemment, à quoi je m'attendais? A tomber sur un groupe de fana des reptiles? Non, bien sur.... Ma pauvre petite An avait voulue me rendre service, et tout ce qu'elle au final elle avait juste jetée un froid... Mais ce n'étais pas le moment de la consoler, priorité à ma mission. Et pour commencer, il me fallait réussir mon infiltration. Mon plus beau sourire commercial collé au visage, je sortis mes passes ainsi que mon autorisation "officielle" pour monter à bord, et je les donnai au capitaine. Il les saisi tout en regardant An avec dégoût. Sale type! Jlui ferais payer ça plus tard! Après tout, ça ne me dérangeais pas d'être dévisagé par tout le monde, mais personne n'avait le droit de faire subir la même chose à mon bébé! Personne! Mon attention fut ensuite attiré par l'animal qui suivait ma cible, la fameuse arme nommée Bee. Malgré toutes les informations que j'avaient reçu à propos de l'animal, je ne pouvais pas m’empêcher d'être surpris: c'était difficile de croire que cette simple volaille était capable de faire des ravages. Et cela attisait encore plus ma curiosité! Mais alors que je me demandais si un canard robotique pouvait toujours être comestible, je vis ma cible, Lilou, me faire un petit sourire. Je lui répondis avec un signe de main amical. Bon, au moins, elle ne semblait pas trop gênée elle.... Du moins, c'est ce que je pensais avant de la voir se mettre à fixer Anko avec un air bizarre. Elle fini par mettre mon bébé mal à l'aise, cette dernière préférant retourner se cacher sous mes vêtements pour ne plus être importunée. Je dois avouer que j'étais déçu: je m'attendais à plus de tolérance envers mon anaconda de la part d'une personne se promenant avec un tel animal de compagnie.

Finalement, la demoiselle prit la poudre d'escampette et se rendit à sa cabine, me laissant seul avec le capitaine qui vérifiait l’authenticité de mes papiers tout en pestant contre la présence d'une femme et d'un serpent à bord . Je n'aimais pas la mentalité de ce type, ça, c'était clair. Heureusement, je pus rapidement m'échapper moi aussi de son bureau, la signature de l'Amiral en chef présente sur mon autorisation l'ayant vite calmé. Je me dirigeai vers mes quartiers, qui, pour mon plus grand bonheur, étaient assez luxueux. Certes, ce n'était pas une cabine de première classe, mais c'était spacieux et propre, soit tout ce qu'il me fallait pour me sentir à mon aise. Ouais, je n'étais pas quelqu'un de difficile, il faut dire que passer des années à vivre dans des arbres, des grottes, ou dans l'épave d'un bateau te donnait l'impression qu'une chambre avec une douche et du savon c'était un hôtel quatre étoiles.... Commençant par déposer mes bagages sans les défaire, je vérifiai que personne ne se trouvait dans les parages. L'avantage d'être (en quelque sorte) un gradé, c'est qu'on avait droit à des quartiers personnels et éloignés de ceux de l'équipage. Une fois que j'eu vérifié que la voie était belle et bien libre, je sortis un escargophone de mes vêtements. Il m'avait été confié par l'un de mes supérieurs afin de pouvoir le tenir au courant du bon déroulement de la mission, et le prévenir au cas où un problème se présenterait. Je devais faire très attention à ce gastéropode, qui sait ce qui pourrait se passer si quelqu'un d'autre tombait dessus?


-Le poisson est dans l'aquarium, l'étoile de mer aussi, terminé.

Certes, j'aurais pu utiliser mon den den blanc pour ne pas m'embêter à coder mes messages, mais je n'avais aucune envie de déballer toutes mes affaires pour le retrouver. Quand à approcher un peu plus la cible, ça pouvait attendre: je ne devais pas me montrer trop collant pour éviter d'éveiller les soupçons. La, je voulais juste un peu de calme, j'en avais vraiment besoin vu tout ce que j'avais subis pour venir jusqu'ici. Après m'être mis à mon aise (c'est à dire à moitié à poil), je m'allongeai sur mon lit et me mis à lire un roman pour passer le temps, tout en piquant régulièrement dans le sac de toile plein de nourriture posé à coté de moi. Tout semblait paisible autour de moi, mais, à peine le bateau eu quitté Innocent Island, An, qui s'était endormie sur mon ventre, se réveilla brusquement et se mit à gigoter et à fouiller un peu partout dans la pièce, comme si elle était à la recherche d'un ennemi invisible. Quittant ma lecture pour aller voir ce qui lui posait problème, je remarquai que qu'elle voulait sortir de la cabine. Enfilant des vêtements, je lui ouvrit la porte et je commençai à la suivre à travers les couloirs, ignorant les cris et les regards de poissons frit des matelots que l'on croisait. À croire qu'ils n'avaient jamais vu un anaconda suivit d'un type de deux mètres marcher dans un couloir....

An finit par me conduire sur le pont, puis grimpa le long du mat avant de pointer le ciel du bout de sa queue, tout en sifflant d'un air paniqué. Je connaissais cette réaction, cet air fou qu'elle affichait. Ce n'était pas la première fois que je la voyais agir ainsi. Elle voulait me prévenir de quelque chose, de quelque chose de très grave. Mais au moment où je compris de quoi il s'agissait, j'entendis quelqu'un m'appeler. Me tournant pour chercher qui me demandait, je ne vis personne au début, et puis, mon idée me dit de baisser la tête et la, j'aperçu Lilou B. Jacob, ma cible, qui se tenait devant moi en me faisant de grand signe. Après s'être respectueusement inclinée, elle me demanda:


-Je sais bien que je n’ai pas le droit de vous parler et que je devrais être dans ma chambre, mais au vu de votre… compagnon, j’espérai pouvoir obtenir votre aide…

Ne pas me parler? Ah, oui, ça devait être un ordre de cet abruti de capitaine.... Après avoir noté intérieurement que je devais coller une baffe supplémentaire à l'homme, je m’apprêtai à demander à la demoiselle ce qui lui posait problème quand d'un coup, son canard de destruction massive se rua sur l'un des marins, le rossa, et alla se cacher derrière une caisse. Mettant ma surprise de coté, j'allai jeter un coup d'oeil à l'animal, qui tremblait comme une machine à laver, en plus d'être prit de spasmes. Je compris rapidement le problème, et je retournai auprès de Lilou pour lui donner quelques explications.

-Bon, premièrement, ne faite pas attention aux ordres du capitaine, ça ne me dérange pas du tout si vous venez me parler. D'ailleurs, appelez moi Enzo. J'ai entendu le vieux en discuter avec son lieutenant, vous êtes caporal comme moi, non? Alors laissons tomber l'étiquette, c'est à utiliser devant les supérieurs et les grosses légumes, la, on est entre nous, on a le même grade, alors pas la peine de s'embêter avec ça. Deuxièmement, je crois savoir quel est votre problème: ce ptit canard qui vous accompagne agit bizarrement, non? Et je suppose que ça a commencé après qu'on ait quitté Innocent Island n'est ce pas? Hé bien, An, mon serpent, c'est elle aussi mise à agir de façon bizarre après notre départ. Et c'est pas la première fois que je la vois comme ça. Je ne sais pas si vous le savez, mais les animaux peuvent ressentir beaucoup plus facilement les choses liées à la nature que nous. Et la, ils ont senti un danger, un grand danger. Et en observant les réactions d'An, je suis à peu près sur qu'il s'agit d'une...

-TEMPETE ! TEMPETE !!

-Oui, voila, c'est ça, une tempête, j'allais le dire. Euuuuh, une petite seconde, ça signifie que...

Je n'eus pas le temps de terminer ma phrase: le bateau fut violemment secoué. Le vent commença à se déchaîner, et la pluie à tomber. Partout sur le bateaux, les gens se réveillaient, complètement paniqué, ne comprenant pas ce qui se passait. Des hommes commencèrent à débarquer sur le pont en courant, cherchant à mettre à l'abri le plus d'objet possible. On remontait les canots, on rentrait les voiles, on récupérait les tonneaux, bref, il fallait agir vite. Ce navire qui, il y a encore quelques secondes, baignait dans le calme et la tranquillité, était maintenant malmené et secoué par les forces de la nature. À la vue de ce spectacle, j'appelai mon serpent pour qu'il descende du mat. Au son de ma voix, mon bébé n'hésita pas une seconde et lâcha tout, pour atterrir dans mes bras. J'avais récupéré An, maintenant, il fallait se mettre à l'abri..... Et ne pas oublier la cible, tiens!

-Miss, je crois qu'on ferait mieux de retourner dans nos cabines respectives, on y sera plus en sécurité. Oubliez pas votre canaOAAAAAAAAAAAAH!!!

Le navire venait de subir une violente secousse, percuté par une énorme vague. Par réflexe, je saisi d'une main l'une des cordes attachées au mat pour me rattraper, et de l'autre, j'agripai le col de Lilou, l’empêchant ainsi d'être projetée par le choc. C'est qu'il ne fallait pas qu'elle se casse la petite.

-Haha, faite attention mam'zelle, ça serait embêtant si vous vous envoliez!
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« Haha, faite attention mam'zelle, ça serait embêtant si vous vous envoliez ! »

Je m’agrippai à son bras comme si ma vie en dépendait. Et elle en dépendait, plus ou moins. La tempête faisait rage, s’étant déclarée en même pas quelques secondes. La météo sur Grand Line était changeante, et par ce fait, particulièrement dangereuse. Des ouragans, j’en avais affronté par le passé. J’avais même été mangé par une Baleine géante dans laquelle vivait une véritable civilisation. Et je m’en étais toujours sortie. Pourtant, le déchainement de colère n’avait rien de comparable à ce que j’avais pu accomplir jusqu’ici. Sur Grand Line, j’avais l’impression que la mer elle-même choisissait son humeur, aussi lunatique que capricieuse, comme habitée par un gamin un peu trop turbulent, qui passe des rires aux larmes encore plus vite qu’il n’en faut pour le dire.
Et la mer de tous les périls ne répondaient que trop bien à son surnom, pour son plus grand plaisir.
J’avais comme la vague impression d’une mise à l’épreuve à l’entrée de notre Odyssée. Un test qui avait de quoi nous faire réellement douter de nos capacités. Très peu savaient comment passer à travers une tempête pour en ressortir en entier. Très peu de gens dont je ne faisais malheureusement pas parti. Toutes mes compétences acquises pendant des années ne me servaient à rien face à un Dieu qui ne marchait que par caprices, et plus je cherchai à réfléchir et à trouver une solution à notre problème épineux, moins cette solution m’apparaissait. Je devais me résoudre à laisser ces hommes, plus enclins à réagir, prendre la situation en main.
Le Capitaine Smith ordonna à ses hommes de rentrer les voiles, de protéger les canons, de ramener à l’intérieur tout ce qui pouvait se trouver à l’extérieur. Les ordres donnés, tous s’activèrent pour protéger leurs biens et leurs vies, et le Commandant se rua vers son lieutenant qui tirait sur les cordages pour rentrer la voile principale. Il lui assena un violent coup derrière la tête, le Lieutenant Netterland stoppa tout ce qu’il faisait et Smith commença à sérieusement le sermonner :

« LIEUTENANT NETTERLAND ! POURQUOI NE M’AVEZ-VOUS PAS PREVENU ?!! »

Le lieutenant ne savait plus quoi faire. Il en lâcha la corde qu’il tenait, s’agenouillant devant son capitaine en cherchant le pardon :

« Désolé Capitaine, j’étais dans ma cabine et je…
- C’est inadmissible, Lieutenant !
- Mais… C’est de SA faute ! »

L’œil attiré par la querelle, toujours au bras d’Enzo, le Lieutenant Netterland me désignait du doigt, le regard plein de reproches. Les autres hommes autour de lui me fixèrent avec l’œil mauvais. Le capitaine hocha la tête pour approuver, tout à fait convaincu par ma présente culpabilité.

«Vous avez raison ! S’il y a quelqu’un à blâmer, c’est elle !
- OUH ! »

Honteuse, je savais pourtant que les circonstances ne prêtaient pas à trouver le coupable. Et Poséidon lui-même me donna raison. Il y eut une vague immense qui balaya le navire dans toute sa longueur. Tous, plongés dans notre conversation, eurent du mal à s’accrocher à quelque chose pour ne pas partir à la mer. Certains tombèrent, d’autres non, mais tous saisirent l’importance de rester concentrer. L’on ne termina pas mon procès, car un bruit sinistre attira l’intention de tous. Un craquement singulier, mais que tous entendirent comme une sentence irrévocable : La corde que tenait tantôt le lieutenant Netterland était celle qui devait rentrer la voile principale. Du fait de cette dispute, la toile était restée tendue et prise au vent. Vent tellement violent qu’il commençait à faire balloter le mât, pourtant robuste. Jusqu’à ce que le bois ne commence à craquer, puis à se fendre :

« Le mât tombe ! »

Je jetai un vague regard vers Bee, qui s’était précipité en direction de l’énorme poutre, se transformant au passage en hybride. Ses deux bras gigantesques passèrent autour du bois, tentant de le maintenir en place. Les marins le fixèrent, complètement bouche-bée. Je levai les yeux au ciel en constatant qu’aucun n’avait pris la peine de rentrer la voile et que celle-ci retenait complètement les bourrasques. La longue fêlure le long du pilonne annonçait déjà qu’il n’allait pas résister.

« Capor… Enzo ! Coupe tous les cordages qui tiennent le mât ! »

Le capitaine Smith m’avait entendu et me regarda avec des yeux ronds, me pensant folle. Il se rua vers moi et m’attrapa par le bras en me disputant :

« Hors de question ! Votre bestiau tient très bien, il affrontera la tempête ! »

Mon air effaré ne lui fit ni chaud ni froid, il était absolument certain que Bee tiendrait la distance. Pourtant, devant la violence de la tempête, les vagues immenses qui commençaient à s’abattre sur le navire, j’étais incapable d’obtempérer devant cet ordre. Je me défis de sa prise et pris le pas vers Bee, attrapant au passage un couteau abandonner en tentant de couper les cordes. L’hybride me jeta un regard, faisant un bruit sourd qui annonçait qu’il ne pouvait pas porter trop longtemps un mât de cette taille, que les bourrasques l’empêchaient d’être efficace. Je levai mon pouce pour lui certifier qu’il avait ma permission pour faire ce qu’il avait à faire. Smith continua à crier après moi, jusqu’à ce qu’il entende un autre bruit qui lui annonça que Bee avait soulevé le mât et que ce dernier ne faisait officiellement plus parti du navire. Lorsqu’il vit celui-ci chanceler de gauche à droite, il hurla à ses hommes de couper les cordages, pour aider Hisachi.
Lors d’un dernier mouvement brusque, Bee envoya le mât vers la mer, mât qui fut immédiatement englouti par les flots déchainés. Le navire fut nettement moins pris par le vent, il restait pourtant un adversaire de taille : la mer, elle-même, qui balloter le bateau d’une façon relativement dangereuse.

Un vague souleva le bâtiment, mais le creux de la même vague le fit tomber de vingt bons mètres. Personne ne s’était attendu à ça, au point ou les corps sur le navire furent projeter eux-aussi. Je m’étais accroché à une corde que j’avais saisi in-extrémis, mais fus embarqué par la dite corde dans les airs. Je manquai de passer par-dessus bord, mais l’agitation me ramena à l’intérieur. Un des hommes s’était jeté sur le gouvernail et tenté de passer à travers la tempête en esquivant les plus hautes vagues, il constata rapidement, lorsqu’une s’abattit sur lui sans qu’il ne puisse rien faire, que la chute avait probablement endommagé le gouvernail…

« Capitaine ! Capitaine ! Le Safran ne fonctionne plus ! Nous ne pouvons plus naviguer ! »

Smith regarda son subalterne avec un air dépité, puis me jeta un regard noir alors que je tentais de garder mon équilibre. J’étais toujours responsable de ces malheurs.

« Lorsque la tempête sera calmée, je pourrais réparer le gouvernail, dis-je pour le rassurer. »

Je lançai un regard vers Enzo, lui faisant un sourire qui en disait long. Si nous survivions à ça, il allait devoir se mouiller pour nous aider. Smith hocha la tête et ordonna :

« Il faudra passer à travers les vagues, coute-que-coute ! »

Bee revint vers moi, à moitié courbé. Sa taille haute donnait la possibilité au vent de mieux le prendre, et la force des bourrasques le gênait pour avancer. Il tituba vers moi et me fit grimper sur son épaule. La pluie battait encore plus que d’habitude, se transformant par instant en grêle.

« Va vers l’avant du navire et arme ton canon à air ! »

L’hybride s’exécuta sans broncher, avançant toujours baissé jusqu’à l’avant. Lorsqu’il y fut, il tendit son bras. Je m’y hissai avec difficultés, attrapant le tournevis que j’avais à ma ceinture pour aller jusqu’au canon. Une fois devant, j’ouvris la plaque métallique qui recouvrait le mécanisme et y plongeai les mains. La pluie m’empêchait de bien voir, mes cheveux longs et trempés furent plus une gêne qu’autre chose. Mais je pus faire mon réglage. Bee me lança un regard interrogatif. Au loin se profilait une vague plus grande que les autres, je lui ordonnai alors de tirer lorsque le bateau serait assez prêt pour franchir la vague et être protéger.
A quelques mètres de ce tsunami miniature, Bee haussa les épaules et chargea le canon à air. Il remarqua alors que le bridage naturel de l’outil, qui lui permettait de ne pas surchauffer et d’avoir une puissance raisonnable, n’était plus actif. Et lorsque le coup partit, s’écrasant contre ce mur d’eau, le brisant assez pour permettre à la proue de s’y engouffrer et de permettre à la suite de suivre le mouvement, Bee fut projeter en arrière et tomba quelques mètres plus loin, embarquant dans sa volée les quelques hommes sur le passage. Son bras surchauffait, fumant généreusement.

Le canon était foutu, mais au moins, nous étions passés.
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La nature était en train de se déchaîner devant mes yeux. Ha, quand je pense que des gens l'admiraient ou la vénéraient.... Pour moi, ce n'était qu'un sale gosse lunatique et capricieux dont les colères avaient des effets dévastateurs et à grande échelle. Par le passé, j'avais subit plus d'une fois les crises de ce garnement, et voir la pluie, le vent et les vagues malmener ainsi notre embarcation faisait remonter en moi de tristes souvenirs.... Je me revoyais courant désespérément à la recherche d'un abri pour me protéger des les tempêtes et des cyclones qui s’abattaient sur Inferno.... Oui mais voila, ce n'était pas le moment de penser à ça: j'étais en plein milieu d'un ouragan au présent et je devais éviter de crever. Malgré tout, c'est dans ce genre de situation que mon cruel passé était bien utile: je savais parfaitement comment survivre à une catastrophe naturelle en étant sur terre....... Sauf que voila, j'étais sur un bateau, en pleine mer, et il fallait aussi que je m'arrange pour que l'équipage et ma cible survivent.... Donc non en fait, pas de raison d'être content d'avoir eu une enfance de merde!

Enfin, j'arrivais au moins à garder mon calme, ce qui n'était pas le cas de tout le monde.... Le capitaine Smith et le lieutenant Netterland, deux marins pourtant confirmés et ayant des années d'expérience, semblaient avoir du mal à gérer la situation. Et malheureusement pour moi, le mugissement du vent ne m'empêchait pas d'entendre les inepties qu'ils déblatéraient... "C'et la faute de la fille, blâmons la, pendons la!", qu'est ce qu'il ne fallait pas entendre..... Je détestais ce genre de superstition et d'idée reçu, c'est à cause de ce genre de conneries qu'une bande de cinglés a essayé de me sacrifier autrefois.... Brrr, encore un mauvais souvenir. Heureusement, j'fus si occupé à chercher un moyen de me....enfin, nous sortir de la que je n'eus pas le temps de m'offrir une séquence flashback. Mais j'eus beau regarder partout, je ne vis rien qui aurait put se révéler utile dans cette situation. Tenant toujours fermement Lilou et la corde nous empêchant de nous envoler, mon regard finit par se poser sur les voiles. Elles n'avaient pas toutes été détachées.... et vu la force avec laquelle le vent soufflait actuellement, je compris très vite se qui risquait de se passer. Malheureusement, avant d'avoir eu le temps de dire quoi que ce soit, entre les mugissements provoqué par les rafales et ressemblant aux cris plaintifs d'une étrange créature, entre le flot d'idioties que vomissaient Smith et ses hommes, entre les tremblotements d'An, je pus entendre un craquement. Non, ce n'était pas ma raison qui se brisait, mais quelque chose de bien pire.... Le résultat des effets de la force du vent sur la grand voile.... Le mat se mit à tanguer de plus en plus, et d'un coup, un hurlement étouffa les craquements.


"Le mât tombe !

Une fois de plus, mes instincts se révélèrent plus rapides que mes pensées, et à peine l'homme eu t'il finit sa phrase que j'avais déjà lâché la corde, tenant fermement Lilou contre moi, et je tentai de m'éloigner le plus vite possible de l'immense colonne de bois. Atteignant l'une des rambardes du bateau, je m'y accrochai en constatant avec admiration que Bee, l'arme-zoan accompagnant la jeune mécanicienne, avait revêtit sa forme hybride pour tenter d'empêcher le mat de chuter. J'étais émerveillé.... Cette créature était vraiment surprenante, je voulais absolument en savoir plus sur elle. Mais pour cela, il fallait éviter de mourir maintenant, et je repris vite mes esprits, laissant ma curiosité et mon excitation de coté pour le moment. Le mat n'avait pas cédé complètement, et il risquait, vu son état, de retourner tout le navire si on ne le détachait pas rapidement. Lilou prit elle aussi conscience de cela, et elle me déclara:

-Capor… Enzo ! Coupe tous les cordages qui tiennent le mât !

Levant mon pouce pour lui faire comprendre que j'avais bien reçu la demande, je fonçai vers les cabines du bateau, courant le plus vite possible, essayant de ne pas perdre mon équilibre, le tout à la recherche de quelque chose de tranchant. Avec le vent, impossible d'utiliser un Ran Kyaku, et mon Enko-rosif ne fonctionnerait pas avec toute cette pluie. Heureusement, je tombai rapidement sur une petite pièce remplie de balai et de sceau, surement la pour les corvées. Écartant le plus vite possible les manches à la recherche d'un objet coupant, j'eus la joie de trouver deux haches, probablement à utiliser pour les urgences ou les incendies afin de dégager la voie. Ramassant les deux objets, je me mis à courir en direction du pont et je rencontrai sur le chemin un des matelot, un sabre à la ceinture, qui cherchait à mettre à l'abri des caisses. Remettant la politesse à une autre fois, j’arrachai l'arme de sa ceinture avant de la tendre à Anko. Elle l'a saisi avec sa queue et me regarda, un air d'incompréhension et de peur sur le visage.

-An, fait comme moi et coupe les cordes okay? LES CORDES!

Son visage, toujours aussi confus, s'illumina quand elle me vit faire un mouvement de haut de bas sur une corde maintenant deux tonneaux attachés. Cette chose faite, je me ruai en direction du pont, et, une hache dans chaque main, je commençai à trancher les corde rattachant la voile principale au mat. Anko, ayant définitivement compris ce qu'il fallait faire, m'aidait du mieux qu'elle pouvait, agitant le sabre à la vue de la moindre corde, et manquant au passage de décapiter un malheureux marin qui passait par la.Je me rapprochait rapidement du mat, toujours maintenu par Bee: il restait les cordes du haut à couper, et le pauvre canard-robot commençait à fatiguer. Au loin, je pouvais voir le capitaine Smith se disputer avec Lilou et me pointer du doigt avec véhémence.... De toute évidence, il n'avait pas très bien compris la situation.... Notant de mon esprit que je devrais lui coller un coup de genou dans le bide en plus de la baffe, je déposai An sur le mat, en lui faisant signe de monter. Elle compris immédiatement pourquoi, et commença à escalader avec difficulté l'énorme colonne de bois. Une fois arrivée en haut, elle réussi à couper les cordes, une après les autres. Pendant ce temps, le capitaine, ayant enfin prit conscience de la situation, ordonna à ses hommes de m'aider à couper les derniers liens du mat. An, elle, se retrouvait face à la dernière corde reliant le cure dent géant au navire, mais une rafale lui fit perdre son sabre, qui transperça le chapeau de Smith et alla se planter quelques mètres plus loin. Mon bébé, désarmé, réussi quand même à faire céder la dernière corde à grand coup de morsure. La voile était entièrement détachée, mais il était trop tard pour sauver le mat, qui finit par complètement de briser à la base. Le choc fit chuter Anko, qui, emportée par les rafales de vent, risquait de passer par dessus bord.

Voyant cela, je me mis à courir le plus vite possible dans sa direction pour tenté de la rattraper, n'hésitant pas à renverser les matelots sur mon chemin. Faisait un immense bon, je réussi à saisir le reptile en plein vol, avant d'atterrir sur le Lieutenant Netterland. Mais je ne réalisais même pas la présence de l'homme sous mon postérieur, car, alors que je venais de récupérer An, je pus voir Bee balancer à la flotte l’immense mat, provocant le retour de ma curiosité et de mon excitation. Cette créature était vraiment trop cool! Et elle n'avait finit de m'impressionner, car, Lilou, après m'avoir adressé un énorme sourire signifiant "toi, j'vais te faire faire un truc particulièrement désagréable!", se rua vers son robot et se mit à bidouiller son bras. Me relevant enfin, je remarquai que nous nous dirigions vers une très, très grosse vague, le genre à te transformer un navire en submersible... Me retournant paniqué dans la direction de l'hybride, je pus le voir pointer son canon en direction de l'immense mur d'eau. Il fit feu, et provoqua à nouveau mon admiration. En un seul tir, il réussi à transpercer la vague, permettant au bateau de la traverser. Et, après cela, le vent tomba, la pluie s'arrêta, et l'océan se calma.

Le sale gosse avait finit sa crise..... Nous avions réussi à sortir de la tempête. Regardant le robot, étalé sur le sol quelques mètres plus loin, le bras fumant et à moitié explosé, je ne pus m'empêcher de ressentir du respect pour lui. Il venait de nous sauver la vie.... Non, à bien y réfléchir, sa maîtresse l'avait bidouillée juste avant, elle devait donc être en partie à l'origine de cet exploit.Grâce à eux deux, An et moi avions réussi à survivre.... Laissant parler ma joie, je fonçai dans leur direction, embrassant la machine plusieurs fois, serrant Lilou contre moi, en tentant de maîtriser ma force, tout en les noyant sous des "Merci merci merci merci merci". Oui, je laissais mes émotions me dominer encore une fois, oui, j'en faisais trop, mais je n'y pouvais rien: ces personnes venaient de sauver deux choses extrêmement précieuses à mes yeux: ma vie et celle d'Anko, ça méritait bien un peu de gratitude, non?

Mais mon euphorie disparue à la vision du capitaine Smith, se dirigeant en fulminant dans notre direction, suivit de son fidèle lieutenant m'adressant un regard noir. Il est vrai que le mat était HS, mais il restait le gouvernail! Enfin,c 'est ce que je croyais avant d'entendre un marin déclarer:


-Chef, rien à faire, le gouvernail ne répond plus!

Ça, ce n'était pas une bonne nouvelle. Il fallait espérer que ça soit réparable. Mais, plus que notre situation, ou que la colère du capitaine, c'était le regard que m'adressait Lilou qui m'inquiétait.
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Je toussai, relevant mes cheveux pour essayer d’y voir quelque chose. Le temps avait retrouvé son calme, le ciel s’était dégagé d’un seul coup. Nous avions passé, l’équipage et moi-même, une tempête digne de Grand Line. Nous aurions très bien pu juste passer de vie à trépas, mais notre instinct en avait décidé autrement. Me relevant difficilement, voyant les hommes s’agiter autour de Bee pour étendre le feu sur son bras, tout fini par revenir à la normal, autant le temps que le jugement expéditif du Capitaine Smith qui m’avait apporté une veste pour me sécher. Vrai qu’avoir une femme à bord l’avait particulièrement perturbé, mais il ne doutait plus de moi, ainsi que de ma capacité à les sortir du pétrin dans lequel nous étions. Il me ramena très vite à la réalité :

« Vous avez dit pouvoir réparer le gouvernail… »

C’est ainsi qu’on se retrouva tous devant le second mat, à observer les voiles, non loin des restes trempés du pylône principale qui avait rendu l’âme un peu plus tôt dans la journée. Mon coéquipier avait retrouvé sa forme animale, mais les marins se pressaient autour de lui pour l’admirer. Enzo aussi était là, à me fixer avec l’air anxieux. Il avait très bien vu le regard que je lui avais jeté un peu plus tôt, et il appréhendait ce que j’allai lui demander.

« La vergue ne peut pas être manipulé... Ou difficilement. »

Main sur le menton, air particulièrement sérieux, Bee imitait ma position en lâchant des « moak » qui se voulait convaincant, mais qui agaçait juste le Capitaine Smith juste à côté de nous. Le Lieutenant Netterland et Enzo nous écoutaient aussi, sous les autres mats toujours en vie. Nous n’avions pas pris la peine de sortir les voiles, parce que le gouvernail endommagé nous empêchait de nous orienter comme nous le souhaitions. Il était risqué d’avancer dans un océan comme Grand Line sans pouvoir se diriger. Envisager tous ces risques, évaluer la situation dans son ensemble et mettre à profil nos compétences, c’était le minimum à faire. Bee regardait la vergue avec la mine sérieuse, moi, je pensais à haute voix :

« J’ai déjà enlevé un mât, je ne vais pas attaquer la vergue… Capitaine, il faut qu’Enzo plonge pour réparer le Safran. »

Ma déclaration tonna comme un coup de foudre. Coup de foudre tombant droit sur les épaules voutées d’Enzo que je sentais se raidir à côté :

« QUOI ?!!!
- Caporal Jacob, je vous laisse avec le Caporal Hisachi. Vous avez une heure pour réparer ce Gouvernail. »

Smith tourna les talons et ordonna à ses hommes de ranger le foutoir de la tempête ainsi que de s’activer. Sa voix grave fit bouger la totalité des marins qui se pressa autour de nous pour exécuté ce qui leurs était demandé. Je me tournai vers Enzo, lui faisant un sourire :

« Je ne peux pas aller sous l’eau, je n’ai pas assez de force pour ça. Et Bee ne peut pas y aller non plus à cause de son fruit du démon. Je pense que tu es le seul à pouvoir nous aider. »

Je lui fis signe de me suivre et pris le pas jusqu’à ma cabine.

*

« Ça va aller ?
- Absolument pas !
- Super alors ! Enfile ça ! »

Je passai à Bee un énorme casque de plongée qu’Enzo regarda avec des gros yeux suspicieux. Le Robot prit sa forme hybride et plaça l’objet sur la tête de notre nouvel ami. L’homme était particulièrement grand et filiforme, ma taille ne me permettait pas de le faire moi-même. Le Caporal n’avait absolument pas l’air en confiance, mais avec ses indications qu’il m’avait donné, j’avais fait en sorte de ne pas le charger trop lors de sa descente maritime. Je lui demandai de se tourner, lui passant un sac à dos dans lequel se trouvaient tous les objets dont il aurait besoin pour dégager le gouvernail de ce qui l’encombrait, ainsi que les matériaux nécessaires que j’avais pris la peine d’ajuster pour qu’il fasse des changements s’il devait y être obligé. Il manqua de s’emmêler dans le long tuyau, en parti à cause du poids de ce qu’il avait sur la tête et de sa maladresse naturelle, mais Bee l’aida à se tenir en l’attrapant par les épaules.

« Je sais que c’est lourd et que tu n’es pas très élégant avec, mais les casques de plongée ne sont pas aux normes sur ce navire. C’est le seul que j’ai trouvé à peu près potable et que j’ai trafiqué pour faire en sorte que tu ne meurs pas sous l’eau… »

Mes déclarations le firent pâlir. Enormément, car même à travers la vitre noircie par le temps, son teint blanc ressortait. Je secouai la main en faisant mine que ce n’était pas bien grave, mais Enzo regarda par-dessus bord en étant toujours autant inquiet. J’attirai son attention en lui touchant l’épaule, mettant devant son nez un escargot. Parlant à travers celui-ci, Enzo eut l’occasion d’entendre raisonner dans son casque :

« J’ai placé un autre escargophone à l’intérieur, nous pourrons communiquer. Et le Lieutenant Netterland a accepté de me donner la petite escaméra qui se trouve juste au-dessus de ton hublot. Je vais voir tout ce que tu verras et pourrais te donner des instructions. Au moindre problème, tu n’auras qu’à me le dire. Le tube derrière ta tête est ce qui va t’amener de l’air : Des hommes vont pomper pour te permettre de respirer, et Bee va s’assurer lui-même que personne ne s’arrête. »

Un autre sourire, je levai le pouce en l’air en interrogeant mon collègue du regard :

« Compris ?
- Euh… Compris ! »

Anko sauta au cou de son propriétaire, les hommes s’activèrent pour assurer Enzo, le hisser grâce à un système de poulie et à le descendre à la flotte. Je regardai Enzo par-dessus bord, testant l’escargophone en surveillant sa descente. Le Lieutenant Netterland se pencha à son tour vers moi pour m’adresser la parole :

« Je ne comprends pas : pourquoi n’y allez pas vous-même ?
- Oh… Parce que je n’ai pas envie de me mouiller.
- J’AI ENTENDU !
- Oups. »

Et Plouf.
Enzo se retrouva rapidement sous l’eau, immergé de la tête au pied. Les hommes s’activèrent derrière pour pomper l’air et permettre à Enzo de respirer.

« Va, l’air ?
- Euh… Ouais… Ouais… Enfin, je sais pas ! Je crois pas ! Non, j’ai pas d’air !
- Si tu peux parler, tu as de l’air…
- Ah… AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! »

Les hommes autour s’affolèrent, comme moi. Le cri perçant d’Enzo avait fait peur à tout le monde, mais dans les faits, c’était certainement Enzo le plus effrayé dans l’histoire. Nous nous imaginions déjà le pire :

« LA! LILOU! MONSTRE! MONSTRE! A L'AIDE! »

L’homme semblait affoler, je jetai un œil à l’écran que j’avais à disposition. Devant ses yeux se trouvait un poisson particulièrement petit, légèrement laid, mais apparemment inoffensif.

« … Calme-toi Enzo… C’est juste une sardine… »
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-…Calme-toi Enzo… C’est juste une sardine…

Pfiuuuuu, pfuuuuu, une..... une sardine, oui, y regardant de plus prêt, il s'agissait juste d'une sardine. Elle m'avait surprise la sale bête..... En même temps, une simple mouche pouvait me faire me vider sur place vu à quel point j'étais stressé en ce moment. Sous l'eau, vous vous rendez compte? Moi, sous l'eau.... On voulait me tuer, il n'y avait pas d'autres explications possibles. Grrr, pourquoi c'est moi qui devait faire le sale boulot?! Pourquoi est ce que le capitaine crétin et son acolyte le lieutenant coussin n'avaient pas plongé à ma place? Il s'agissait de leur bateau après tout, pas du mien, il n'y avait pas de raison pour que ça soit moi qui me mouille.... Bon, je sais ce que vous pensez: "Roooh, vla qu'il nous saoul encore avec ses phobies bidons, et gnagnagna" mais j'aimerais vous y voir. Depuis ma plus tendre enfance, j'ai affronté plein de créatures aux tailles et au niveau de dangerosité varié, et je m'en suis toujours tiré. Si je ne m'étais pas mis à bosser pour le gouvernement, j'aurais surement fini chasseur professionnel. Mais voila, à partir du moment où je me retrouvais sous l'eau,c 'était finit, je perdais tous mes moyens, et la moindre petite poiscaille pouvait me terroriser. Et tout ça parce que mademoiselle Lilou refusait de se mouiller.... J'vous jure....

Heureusement, j'avais encore une alliée... An, qui m'avait suivit sous l'eau, se déroula de mon cou avant d'avant d'attraper la sardine d'un vif coup de mâchoire. Elle l'avait avalé tout rond, d'un seul coup. Brave petite, toujours à s'inquiéter pour moi. Depuis l'escargophone, je pus entendre les cri de surprise et même de dégoût de l'équipage, qui visiblement ne s'attendait pas à la réaction de mon bébé. Moi, par contre, je n'étais guère surpris, car après toutes ces années passées au coté d'Anko, je la connaissais bien, je savais qu'elle ferait n'importe quoi pour me protéger, je savais qu'elle était au courant pour mon angoisse une fois sous l'eau. Et je savais qu'elle cherchait à utiliser les particularités de son espèce, c'est à dire une certaine aisance à se déplacer dans l'eau et la capacité de tenir en apnée très longtemps pour m'épauler et me rassurer une fois dans la flotte. Un amour j'vous dis. Une fois ce petit en-cas avalé, elle commença à nager autour de moi, ondulant gracieusement son corps. Cette vision m'apaisa, et me permis de reprendre mon calme. Respirant un bon coup, je demandai à Lilou de m'expliquer la marche à suivre pour réparer le gouvernail. Suivant ses indications le plus précisément possible, je me mis à déplacer, visser, frapper, marteler, tordre, le tout épaulé par An qui récupérait pour moi dans le sac que l'on m'avait confié les outils nécessaires à la réparation du bateau. Quel bonne idée c'était d'apprendre à communiquer avec à travers les signes. Le temps passait, et les réparations avançaient, lentement mais surement. Ma concentration sur ce travail m'évita de me laisser envahir par l'angoisse et de faire des bêtises. Et enfin, au bout de ce qui me semblait être une éternité, le gouvernail se mit à fonctionner de nouveau. Heureux d'avoir accomplis cette tâche, j'inspectai une dernière fois l'objet, histoire d'être sur qu'aucune fissure ou cassure n'eu échappé à mon regard où à celui de Lilou quand je fus percuté par une An complètement paniquée, qui s'enroula autour de moi en tremblotant. Quelques secondes après, je sentis une vive douleur au niveau de la jambe.

Je baissai les yeux à la recherche de l'origine de ma souffrance et la, je vis une grosse murène, d'au moins trois mètres de long, me mordre sauvagement la jambe. Je remarquai sur son corps une trace de morsure bien familière: An et elle avaient du se battre, et mon bébé, perdant la bataille, tenta de me rejoindre le plus vite possible, poursuivie par son adversaire revanchard. Secouant ma jambe pour tenter de faire lâcher prise à la bête qui, de toute évidence, n'avait pas l'intention de me laisser tranquille, je j’aperçus un filet de sang remonter de la créature jusqu'à la surface. Et d'un coup, je me remémorai la situation dans laquelle je me trouvais: j'étais actuellement sous l'eau, dans l'élément naturel de mes pires ennemis, désavantagé, et en train de me faire attaquer par une créature marine. En temps normal, j'aurais cédé à la panique, mais après l'affaire de la sardine, les résolutions que j'avais pris lors de mon passage sur Calm Belt m'étaient revenus en mémoire: je ne devais plus craindre les créatures de l'océan, mais les détester. Oui, arrêter de fuir et de me laisser dominer par la peur, mais au contraire me battre et faire parler ma rage. Oui, c'est cela, cette murène me voulait du mal? Elle voulait me tuer? Alors, qu'importe que je sois sur terre ou sous l'eau, qu'importe qu'il s'agisse d'un buffle à trois têtes ou d'un monstre marin miniature: c'était mon ennemi, et pour survivre, je devais l'éliminer!

Ainsi, animé par la haine et par le pouvoir de l'auto-persuasion, je saisis la gorge de l'animal d'un geste vif et je serrai un grand coup pour le forcer à lâcher prise, avant de me mettre à le frapper de toutes mes forces sur la coque du navire. Après une bonne minute à me servir de la bestiole comme d'un marteau de fortune, tout en répétant un flot d'insulte et de demande de mort, mêlé à des grognements et à des rires nerveux, je fis un nœud avec le corps de la murène, complètement inerte, avant de remonter à la surface, demandant via l'escargophone qu'on m’envoie une corde. Grimpant le long de l'attache, je fis un grand bon pour sauter par dessus la rambardes du bateau, avant d'atterrir sur mes pieds, en caleçon, le sac plein de matériel et trempé sur le dos, An enroulée autour de mon torse, une trace de morsure à la jambe et ma scarification sur le ventre bien visible. Sans lâcher ma balle antistress à écaille, je retirai mon casque de plonger avant de le jeter de toutes mes forces sur le capitaine Smith en hurlant:


-Capt'ain, ATTRAPEZ!

L'objet fila en direction de l'homme, qui, bien évidemment, ne s'attendis pas à ça, et n'eu pas le réflexe de le réceptionner. Le casque alla donc s'écraser sur la figure du pauvre Smith, le repoussant quelques mètres plus loin. Je pense que je pouvais m'abstenir de le baffer désormais.

-Oh, pardonnez moi monsieur, je croyais que vous prêt à le rattraper. Vraiment, désolé!

Ma voix empestait l'hypocrisie, mais j'étais encore trop habité par la haine pour jouer correctement les faux cul. Ignorant les visages surpris de l'équipage, je me dirigeai ensuite vers Lilou, et lui tendis son sac de matériel.

-Voila, comme tu as pus le voir, j'ai.... non, ON a réussi à réparer ce truc. Merci du coup de main, et..... s'il te plait, oubli que j'ai crié comme une fillette face à un petit poisson.
Oh, encore une chose...


Soulevant la tête d'An et la dirigeant vers la rousse, je passai d'un coup sec ma main le long du corps du serpent afin de faire sortir toute l'eau qu'elle avait avalée, arrosant ainsi la malheureuse Lilou, et faisant au passage ressortir la fameuse sardine, encore bien vivante.

-Voila, maintenant on est quitte!

Et, grattouillant la tête d'An pour me faire pardonner, je me rendis dans les cuisines afin de faire cuire la murène, parce que même si j'étais fou de joie d'avoir pour la première fois réussi à contenir ma peur des créatures marines, et en plus d'en avoir vaincu une (petite, certes, mais ça comptait quand même), cette histoire m'avait donnée faim, et aucun plat n'était meilleurs qu'une proie ayant été fièrement capturée, cuite, et saupoudrée d'une pincée de sel et de victoire. Les jours suivant se passèrent sans soucis majeurs. Je me fis certes engueulé par Smith pour lui avoir lancer le casque à la figure, mais un peu d'argumentation me permit de m'en tirer avec juste un petit avertissement. C'est pas comme si j'en avais quelque chose à faire, après tout, bonne chance au capitaine s'il voulait me faire rétrograder, mais bon,...
Lilou, elle, ne m'en voulu pas trop longtemps pour l'attaque pistolet à eau, et nous profitâmes du reste du voyage pour faire un peu plus connaissance. J'étais content d'arriver à m'entendre plutôt bien avec elle, ça risquait de faciliter grandement ma mission. Et enfin, au bout de quelques jours, notre taxi des mers arriva à notre prochaine destination.


-ROYAUME DE L'ABSURDE EN VUUUUUUUUUE!

Je priais que la suite de cette odyssée se déroule plus calmement, et sans gros ennuis.... Depuis le temps pourtant, je devrais savoir que les dieux, et Dame Fortunes en particulier, était des personnes très taquines. Très, trèèèèèèèèès taquines.



FAIM FIN
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