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Quatrième chapitre ; Final Fight

    Ils étaient encore nombreux. Très nombreux même. Après avoir parcouru plusieurs mètres vers la plus grande bâtisse du fort de Morvak, j’étais tombé sur bon nombre d’hommes qui voulaient ma peau à voir comment ils me regardaient et ricanaient. Certains léchaient leurs lames, tandis que d’autres scandaient haut et fort qu’ils allaient me buter froidement et donner mes restes aux dinosaures du coin. Ces menaces auraient pu me faire rire comme d’habitude, mais aujourd’hui était un jour particulier où j’avais fini par enterrer tous mes bons sentiments. Ils allaient payer cher tout ce qu’ils avaient fait et tous les mots qu’ils avaient pu prononcer. Sans plus tarder, je me mis en garde, le visage ferme et le regard brillant d’une détermination inébranlable. Les forbans devant moi n’en demandaient pas moins, puisqu’ils se mirent à me charger sous des cris de guerre à vous bousiller les tympans. Les imbéciles ! Contractant mes muscles comme jamais, je décochai une lame de vent qui s’abattit sur la première ligne de front de ces barbares. Des corps volèrent dans tous les sens, mais ce fait ne découragea nullement les autres pirates qui continuaient de cavaler vers moi. On aurait presque dit des monstres assoiffés de sang, mais soit. Ils allaient tous trépasser, sans qu’une seule once de compassion de ma part ne vienne retenir mes coups. Le premier d’entre eux courait vite et en zigzag ; mais bien avant qu’il ne puisse faire quoique ce soit à mon encontre, sa tête vola instantanément, et s’en suivit une gerbe de sang effrayante qui vint m’humecter le visage…

    Deux autres hommes suivirent, mais par les airs cette fois. Alors que je me redressais après avoir décapité le premier, je tournai ma tête vers eux, sourire moqueur aux lèvres. Lorsqu’ils clignèrent une fois les yeux, une lame de vent fondit sur eux sans qu’ils puissent faire grand-chose. Une fois à terre, ces hommes virent leur ventre se vider de leurs boyaux, avant de tomber au sol pour ne plus jamais se relever. Mais j’me remis bien vite en garde, puisque la partie n’était pas encore terminée. Un coup d’estoc fusa vers mon épaule droite, mais j’eus le bon réflexe de l’éviter en faisant une roulade arrière. De multiples flèches se dirigèrent brusquement vers moi, mais j’fis vite de toutes les dévier avec ma lame. N’est pas bretteur qui veut. Un canon retentit avec fracas, mais il fut bien trop bruyant pour m’avoir par surprise. Lorsqu’il explosa près de moi, les sous-fifres de Morvak se mirent à crier de joie, croyant que j’étais mort. Poussière et fumée s’emparèrent du coin, de sorte à ce que personne ne puisse soupçonner ma survie n’serait-ce qu’une seconde. Mais alors qu’ils gueulaient à loisir, l’un d’eux se tût et vit une forme indistincte, au loin. Il voulut interpeller ses camarades, mais une onde tranchante vint le déchiqueter en deux. A la vue de cette scène d’horreur, ses amis se figèrent et se mirent à trembler. Lorsqu’ils se retournèrent et virent une silhouette se dessiner progressivement dans la fumée, ils s’emparèrent d’armes à feu, et tirèrent n’importe comment. Définitivement, ces gars étaient de vrais idiots, et c’était peu d’le dire…

    Pour éviter ces projectiles qui pouvaient malencontreusement m’avoir, j’fis un bon de plusieurs mètres, avant de tenir mon meitou des deux bras et au-dessus de ma tête. Quand ces imbéciles me virent sortir de l’écran de fumée et voulurent une nouvelle fois me viser, j’décochai une gigantesque lame tranchante qui prit temporairement la forme d’un rhinocéros chargeant une proie, avant d’aller s’écraser sur le reste de sa troupe. L’attaque fut plus contondante que tranchante, puisqu’elle provoqua un immense geyser de sables qui fit valser les corps très haut dans les airs. La chute promettait d’être lourde, et elle le fut carrément. En plus des multiples estafilades qui parsemaient leur corps, ces gens eurent plusieurs os fracturés, surtout la colonne vertébrale pour la plupart. Leur temps sur terre était compté. Lorsque j’me réceptionnai enfin, avant d’observer le sinistre tableau qui se dressait devant moi, deux mains sortirent soudainement de sous terre, avant d’empoigner mes pieds ! Alors que d’autres personnes auraient paniqué, je demeurais complètement stoïque, n’essayant point d’esquisser le moindre geste brusque qui pourrait m’être fatal. Ça aurait pu se résumer à cela, mais un type se dégagea brusquement du sol, avant de me faire face. Séance tenante, et armé de poings américains, l’pirate me décocha une droite sévère, encastrant complètement son poing dans ma joue gauche. Il se mit à rigoler bêtement, mais s’arrêta tout aussi vite, quand il vit que je retournai ma face vers lui, malgré son poing toujours sur moi. Automatiquement, mon assaillant recula de peur. Il semblait avoir mis toutes ses tripes dans le coup…

    - Où est Morvak ? Demandais-je calmement, mais plus ou moins sèchement.

    - J… JE TE LE DIRAI PAAAAAS. MEUUURS !!!!

    A peine voulait-il me flanquer une nouvelle droite que j’avais planté mon arme dans son ventre, et ce profondément. L’homme s’immobilisa, hoqueta, vomit du sang, voulut tenter une action vaine, mais finit par tomber au sol, raide mort. Celui qui m’avait tenu par les pieds sortit la tête de terre, mais fit par la même occasion la plus grosse erreur de sa vie, puisque je le tuai sans trop me poser de questions. Je me dégageai ensuite de son emprise, avant d’avancer. La grande bâtisse devant moi était de deux étages et particulièrement belle par rapport aux autres constructions, qui d’ailleurs, avaient été ravagées par l’explosion de Rain. A la simple pensée de son acte à la fois suicidaire et héroïque, j’ne pus réprimer un grognement. J’étais vénère là, et pas qu’un peu. Je levai mon arme vers le ciel, avant de faire un mouvement dans le vide, non sans murmurer : « Ono ! » La terre trembla et se fissura devant moi, cédant sous le passage de l’énorme lame de vent que j’avais engendré. En un seul instant et comme s’il avait été question d’une motte de beurre, mon attaque fendit la bâtisse en deux, et celle-ci ne manqua pas de s’effondrer aussitôt dans un bruit assourdissant. On aurait presque dit un simple château de cartes qui s’écroulait. J’assistai à la scène, sans pour autant qu’elle puisse me calmer… La seule personne que je voulais, c’était Morvak ! Mais alors que j’comptais me retourner et le chercher autre part, une gigantesque ombre apparut au-dessus de moi. Levant la tête, j’vis le ptérodactyle d’la veille, mais pas seulement lui. Quelqu’un le chevauchait, et ce quelqu’un, c’était…


Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Lun 1 Oct 2012 - 12:31, édité 1 fois
      MOOOORVAAAAAAAAAAK !!!

      La terre trembla aussitôt lorsque j’hurlai à pleins poumons. C’était lui, pas de doute possible. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il réussissait à m’ébranler et pas qu’un peu. A la simple vue de cet énergumène, j’devenais nerveux, irrité, en colère ; et il y avait de quoi, à la façon dont il me narguait avec son sourire que j’voulais vite faire disparaitre. Le roi de Little Garden était tranquillement assis sur sa monture qui brassait l’air au moindre battement d’aile. Une monture imposante qui n’avait sans doute rien à voir avec les autres animaux qui peuplaient les environs. Le volcan qui surplombait toute l’île entra soudainement en éruption, provoquant ainsi le départ précipité des oiseaux qui siégeaient sur les différentes branches des arbres du coin. L’atmosphère était lourde, palpable. Mais elle n’me découragea pas puisque j’pris l’initiative de les rejoindre dans les airs. Fléchissant instantanément les genoux avec un sourire carnassier qui n’me ressemblait du tout pas, j’fis un grand bond qui surprit Morvak lui-même. Mais au moment même où j’voulais décocher une lame de vent, le ptérodactyle géant sortit tout simplement de ma trajectoire et vola plus haut, un peu comme s’il voulait m’énerver. Son maitre et lui en avaient l’art. C’est tout en grognant donc, que j’amorçai ma descente, avant de me réceptionner sur une poutre de la bâtisse que j’avais détruite tout à l’heure. Temps qui profita à l’animal du capitaine pirate puisqu’il revint à sa précédente hauteur… J’mimais un coup d’estoc à ma gauche, ce qui eut pour effet de fendre la terre à mes côtés et de provoquer un énorme vacarme…

      Mes hommes ont été incompétents… Ton gigantesque navire est toujours sur les flots… Et si j’allais de ce pas le détruire moi-même ? Dit-il subitement, de son horrible voix féminine…

      Mais ladite voix ne m’interpella pas tant que ça sur le coup, puisque ce qui avait été le plus frappant, c’était l’avertissement en lui-même. Si le Léviathan venait à encaisser de nouveaux coups, il ne tiendrait plus très longtemps, déjà qu’il n’avait pas été totalement optimisé au départ. J’grognai de plus belle… Dans l’intention de venger le commodore Swan et mes hommes qui avaient été tués sur l’île, j’avais complètement oublié ce navire qui faisait ma fierté et mon honneur. S’il venait à être complètement ravagé, qui sait encore si j’aurais le courage de me présenter devant l’amirauté… Devant mon père... C’est donc dans cette optique des choses que j’m’essayai à un autre saut qui n’eut pas du tout de succès. Le plus bizarre d’ailleurs, c’est que mes ennemis ne prenaient même pas la peine de m’attaquer. Mais tout à coup, j’eus une idée lumineuse… Un plan qui pouvait marcher avec un peu de chance. J’me retournai brusquement, avant de commencer à courir dans la direction opposé à celle où se trouvait Morvak. Celui-ci se mit à rire à gorge déployée puisque j’pouvais l’entendre de loin. Il devait sans doute s’imaginer que je courrais vers le Léviathan pour assurer sa sécurité. « Cours Fenyang, cours, HAHAHAHAHA ! SUIS-LE, ELDRA ! » Le volatile géant répondant au nom d’Eldra commença à voler très rapidement en ma direction. Cependant, j’avais déjà pénétré l’immense forêt de Little Garden, et j’étais hors de vue. La végétation était bien trop luxuriante, ce qui força l’animal à voler juste au-dessus de la forêt que j’avais rapidement pénétré. Mais alors qu’ils s’y attendaient le moins, une ombre apparut soudainement devant eux…

      IMPOSSI…

      Une gigantesque onde tranchante orangée s’abattit de plein fouet sur Morvak et sa monture. Inutile de vous préciser que le ptérodactyle mourut sur le champ, coupé en deux parties égales. La surprise avait été telle qu’il n’avait pas eue le temps d’amorcer une feinte pour éviter mon attaque. Quant à Morvak, mystère, mais j’étais tellement heureux que mon idée ait marché que j’en avais le sourire aux lèvres lors de mon atterrissage. Cependant, ce sourire fut de courte durée, quand j’sentis une lourde masse venir s’abattre impitoyablement sur ma nuque, me précipitant ainsi vers le sol, alors que j’étais encore dans les airs. Ma chute fut lourde. Très lourde. Mon corps s’était pris dans les feuillages, avait cassé de très grosses branches, avant d’aller s’écraser complètement sur le sol, où un cratère se forma aussitôt, tant l’attaque avait été véhémente. Le temps de m’en rendre compte et de rassembler correctement mes esprits, qu’une autre charge vint me heurter une nouvelle fois, agrandissant alors le cratère dans lequel j’étais malheureusement étalé et dans lequel je m’enfonçais irrémédiablement. En seulement deux offensives, Morvak venait à peu près de me montrer toute l’étendue de son pouvoir. Il quitta enfin mon dos, sortit du cratère, et se mit à me parler comme s’il n’était même pas en plein combat : « Tu as profité de la hauteur des arbres pour nous avoir Eldra et moi, mais sa dernière posture m’a protégé de ton attaque. J’dois cependant avouer que c’était très astucieux. Pour peu, tu aurais eu ma tête, shishishishi ! » Et ce connard prenait mon initiative à la légère ?

      C’était vraiment un enfoiré dans tous les sens du terme. Autant il avait d’la veine, autant il cognait fort, mais son ptérodactyle n’était plus, et il allait devoir se frotter à moi. C’est donc avec toute la peine du monde que j’me remettais debout, sans pour autant gémir comme n’importe quel individu lambda l’aurait fait. « Même pas un cri de douleur alors que tu dois avoir la tête lourde et quelques côtes fêlées ? Admirable, Fenyang ! » Et il n’avait pas tort. Mes côtes me faisaient souffrir, et mon crane était endoloris. J’avais pris gros dans cette affaire, et c’était pas d’la rigolade. Rétablissant ma vue après plusieurs clignements d’yeux, j’pus apercevoir Morvak qui trônait au bord du cratère dans lequel j’étais et qui me souriait bêtement. Son sourire me rendait malade, nauséeux… Il était non seulement laid, mais très hautain. Un peu comme si sa puissance surpassait la mienne, ce qui était le cas en ce moment. J’finis par fléchir un genou, avant de ramasser mon arme. Haletant, j’ne savais que faire. Le sang ruisselait sur mon visage. L’hémorragie sur ma nuque n’était pas pour m’faire plaisir. A ce rythme-là, j’allais morfler si j’ne faisais rien et si j’ne me dépêchais pas. J’n’avais jamais été dans une aussi belle merde, depuis la fois où j’avais failli mourir dans les rues de Shell Town. Bravant la douleur qui meurtrissait mon corps, j’finis par m’extirper du trou, avant de lui faire face, meitou en main. Ce dernier dégaina également une rapière peu ordinaire. Ce type était aussi un bretteur. Voilà qui qui corsait encore la situation plus qu’elle ne l’était déjà…

      - Fais tes prières Fenyang !

      - Cause toujours…


    Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Mer 3 Oct 2012 - 10:43, édité 2 fois
        Ça avait été rapide. Très rapide même. Car à peine avais-je fini de parler que nous réduisîmes l’écart qui nous séparait en deux trois secondes seulement. Chacun était prêt à en finir avec l’autre. La pitié n’avait plus lieu d’être. Lorsque nous entrechoquâmes nos armes, il eut un violent impact. Hyper violent. Tellement, qu’il se transforma en une sorte d’ouragan avant de déraciner les arbres autour de nous comme s’il s’agissait de vulgaires bottes de pailles. A en couper le souffle. A l’intérieur dudit ouragan formé par nos forces respectives, personne n’avançait, personne ne reculait. Aucun d’entre nous ne voulait lâcher prise, il n’en était pas question. Morvak avait arrêté de sourire, et me regardait férocement ; regard que je lui rendais avec tous les intérêts du monde, et ce malgré les nombreuses étincelles qui se formaient à partir du frottis de nos lames. La tension était à son comble. Un combat à mort avait commencé. L’apogée même de la bataille de Little Garden. Les dégâts auraient pu se réduire au déracinement des arbres, mais le sol se fendit également sous nos pieds, rendant notre position précaire. Se forma bientôt un gigantesque cratère qui rompit notre contact, mais pas pour bien longtemps. Pour éviter de tomber dans le cratère géant où chutaient les arbres, Morvak et moi sautâmes de branches en branches, avant de ne rencontrer une nouvelle fois dans les airs. Cette fois-là, l’échange fut bref, avant que nous ne stabilisions sur la terre ferme, un peu plus loin du premier point d’impact… Le combat promettait d’être passionnant. Passionnant, mais aussi dangereux, et pas qu’un peu !

        - T’es pas du tout mauvais, toi. Le digne fils de Fenyang. Mais tu manques encore d'expériences, shishishishi !

        A la fin de sa phrase railleuse, du sang jaillit brusquement de mon épaule gauche. Le bâtard m’avait eu lors de notre dernier croisement. Sous la douleur, je froissai mon visage sans pour autant gémir. J’n’allais pas le faire devant lui en tout cas ! Je me contentai de grogner avant de saisir mon épaule complètement ensanglantée. Si ça continuait comme ça, j’allais certainement morfler. Je perdais beaucoup de sang, et le temps jouait en ma défaveur. Qu’est ce qui fallait pas faire pour venger ses camarades morts au front. J’finis par me désintéresser de ma nouvelle blessure, avant de prendre une énième position de combat. Mon ennemi s’était remis à sourire, apparemment sûr de sa victoire prochaine. J’n’aimais pas son arrogance. Mais alors pas du tout. Ce type avait un don inné pour vous narguer, malgré son physique ingrat et sa voix de mijaurée. Une véritable enflure. J’ne lui laissai même pas le temps de reprendre sa garde, que déjà, j’attaquais. Une fois prêt de lui, j’fis pleuvoir des coups qu’il para sans trop grandes difficultés. Et lorsqu’il me répondit, ce fut ma deuxième épaule qui prit gros dans l’histoire. Il me charcutait. C’était pas possible, mais plus les secondes s’égrenaient, et plus il me charcutait ! J’allais mourir si j’ne faisais rien… J’allais crever comme un sale clébard, ce qui signerait la fin de l’équipage et la destruction du Léviathan. La galère ! Reculant en effectuant plusieurs bonds, j’ne perdis pas pour autant espoir, et c’est tout en colère que j’abattis un impitoyablement le gigantesque chaine qui se trouvait derrière moi…

        - Tu es en colère, Fenyang ?

        Oh que oui ! Ce qu’il pouvait aisément comprendre à travers mon regard qui n’avait jamais été aussi haineux. Mais à peine avais-je voulu bouger, qu’il était devant moi. Rapide. Il était trop rapide ! J’n’eus même pas l’occasion d’esquisser le moindre geste que j’sentis une douleur au bas ventre. Mais même pas l’temps de m’en occuper qu’il m’infligea un uppercut assez percutant. Mon corps décolla du sol sans le vouloir. Gerbes sanguinolentes et molaires s’extirpèrent de ma bouche. Mal intense qui me fendait l’crane. J’étais dans une belle mouise. Me ressaisissant très vite cpendant, j’fis tout d’même un salto arrière, avant de me réceptionner correctement sur le sol. Nonobstant, tout ça ne valut pas grand-chose, puisque Morvak écrasa son poing dans mon ventre. On aurait dit un boulet de canon qui me frappait en plein fouet. Mon corps fila façon missile dans la forêt luxuriante, en ravageant de nombreux arbres dans un bruit sourd. Il finit sa course contre un chêne qui résista tant bien que mal, mais à peine avais-je cligné des yeux et hurlé mon mal, que mon ennemi vint planter sa rapière dans mon avant-bras gauche. Surpris par cette nouvelle attaque trop soudaine, j’écarquillai les yeux de douleur et de terreur à la fois. Physiquement et mentalement, l’homme me dominait carrément. C’est dire que mes chances de le vaincre baissaient drastiquement. Lorsqu’il retira sa lame de mon avant-bras, Morvak prit un malin plaisir à donner des coups de poings à mes côtes déjà cassées, et serra également ma gorge, pendant que je gigotais lamentablement pour me défaire de son emprise…

        - J’ai le haki, la rapidité et la dextérité d’un grand bretteur avec moi. Rien ni personne ne pourra plus me vaincre. Pas même ton père ! Maintenant, meu…

        S’en suivit immédiatement la réplique de la dernière chance. Alors que j’avais été sur le point de mourir, j’avais puisé dans mes toutes dernières réserves pour l’érafler avec mon meitou. Surpris par ce geste désespéré, l’homme m’avait lâché, avant de faire deux trois bonds en arrière. Sa cuisse avait été légèrement touchée, et son sang coula pour la première fois au cours de ce combat. A la vue de son sang justement, Morvak qui jusque-là avait été d’une sérénité sans failles, s’emporta facilement en criant à tout va. Prenant un peu peur, j’voulus me relever en prenant appui sur mon meitou, mais c’était trop tard. L’homme s’était jeté sur moi et me rua de coups. Des coups d’pieds par ci, des coups d’pieds par là, tout y passait réellement. A force de recevoir des pâtées, mon corps en était presque engourdi et je ne sentais plus tellement la douleur. J’l’observai me frapper, presqu’impuissant, sans plus d’espoir. Je perdais énormément de sang et ma vue se floutait gravement. Ça y est… Tout était fini… Mon corps traversa une deuxième fois la forêt après qu’il m’ait administré un coup d’pied en plein abdomen. Il termina sa course en roulant sur la crête d’une falaise à hauteur vertigineuse, après avoir tracé un nouveau sentier dans la forêt. J’étais comme qui dirait vidé. Vidé d’une bonne partie de mon sang… Vidé de ma force… Proche de la mort, somme toute. Plantant mon meitou dans l’herbe -Arme que je ne lâchais toujours pas, malgré toutes les attaques que j’avais pu subir-, j’essayai de me redresser, malgré mes jambes vacillantes. Mais à peine avais-je réussi, qu’un autre coup de poing sortit de nulle part, me précipitant ainsi dans le vide… La mer elle, mugit, prête à m’accueillir dans ses profondeurs abyssales…

        Fenyang était fini…

        -Sergent chef Double Face, on fait quoi maintenant?

        -Trouvez-moi un canon, faut faire sauter cette porte au plus vite!

        Les flammes dévoraient rapidement les fortifications et les parois du mur d’enceinte de la forteresse des conquérants. Léchant les bâtisses et réduisant en cendre le bois dont était construite la place forte de Morvak. Moi et une vingtaine d’hommes étions postés directement face à l’énorme porte qui bloquait effectivement notre entrée dans la citadelle du capitaine pirate, la bataille sur la plaine avait beau avoir été gagnée, le capitaine Fenyang était malgré tout enfermé au sein des murs du bâtiment en flammes.

        D’ailleurs, qu’en était-il de Rain? Depuis la mise en action de son plan, je ne l’avais plus aperçu, était-il toujours à l’intérieur? J’espérais le contraire pour lui, sinon il serait possible que le scientifique soit victime de son propre plan. De plus, Morvak n’avait toujours pas montré son nez depuis la fin de la grande bataille, s’était-il enfui? Pourvu que non!

        -Aucun canon n’est disponible pour l’instant sergent chef Double Face!
        -Ah…Va falloir trouver un autre moyen d’ouvrir la porte nan?
        -On pourrait toujours attendre qu’elle brûle non?
        -Et qu’le capitaine Fenyang aussi? Tu te crois où bon sang espèce de…

        Jamais je ne pu finir ma phrase. Car au moment où les paroles bienfaitrices traçaient leur chemin vers l’extérieur de ma gorge, un immense torrent orangé vint fendre la citadelle des Conquérants en deux parties distinctes, une profonde fissure délimitant les deux camps.

        « Bah tu l’as trouvé l’Boss maintenant! »


        Bouche bée devant un tel spectacle, tout comme les marines m’accompagnant, nous restâmes tous surpris, comme étourdis par le puissant choc qui venait de fendre en quelque secondes un bâtiment que les flammes peinaient à engloutir. Je m’approchai calmement mais sûrement de l’importante faille fumante, mes marines sur mes talons. Une certaine incertitude menait nos pas, comme si chacun de nous redoutait la situation à l’intérieur de la forteresse.

        -MORVAAAAAAAAAAAAK!!!!!!!

        « Eh béh, ‘vous rend la vie facile l’capichef. »

        Une vague de soulagement vint souffler à mon visage, et probablement aussi à celui de mes marines puisqu’ils se mirent tous en chœur à gueuler le nom du capitaine avec ardeur et encouragement. Je ne pu retenir un franc sourire, sans le Boss, notre entreprise vers Marineford serait très certainement tombée à l’eau. Ce n’était pas avec Miss Solète que l’on dirigerait un bateau comme le Léviathan jusqu’à destination. De plus, un homme d’honneur comme lui, il ne pouvait en exister cent sur Grand Line, une exception, voilà ce qu’était Alheïri, une exception.

        C’est entre autre pourquoi je décidai, sans plus hésiter de me lancer à la suite de mon capitaine, il était impérial que Morvak tombe, et la clé de cette victoire devait bien reposer sur le Commodore.

        -TENEZ BON BOSS J’ARRIVE!

        Sur mes mots, un énorme reptile volant traversa les cieux pour fuir le fort rongé par le feu, Morvak. Grâce à ma vue surdéveloppée, je pu apercevoir le faciès affreux du capitaine pirate qui ricanait en chevauchant l’énorme dinosaure. Un menton disproportionné, un œil borgne ainsi qu’un sourire édenté complétaient le personnage plus ou moins cliché qui prenait les airs directement vers la jungle, probablement pour y trouver un abri.

        Grognant contre mes blessures récentes et cicatrisantes, je fonçai en direction des bois, utilisant le titanesque ptérodactyle pour me repérer à travers la plaine. J’enjambai racines, plantes, arbustes et cadavres alors que je gagnais de la vitesse pour rattraper le tyran qui croyait pouvoir venir à bout du plus puissant équipage de la marine. Rapidement, la jungle se fit plus dense, jusqu’à devenir aussi inextricable qu’une toile d’araignée, ralentissant considérablement ma course. De plus, je n’apercevais plus Morvak au travers des feuillages tropicaux trop épais. Du moins, jusqu’à l’instant où diverses ondes de choc surpuissantes vinrent raser le paysage et abattre plusieurs arbres colossaux.

        Haletant par mes blessures ré ouvertes, je réussi tant bien que mal à esquiver les différents obstacles qui tombaient ça-et-là autour de moi, mettant en péril à nouveau ma traversée de la jungle. Les ondes de chocs et les lames de vents continuelles m’indiquèrent clairement que Salem devait déjà affronter le capitaine des Conquérants. Je pris une courte pause, me tenant à l’abri des monstrueuses déflagrations qui continuaient d’écraser la jungle, puis me remis à la course, ignorant la douleur et encaissant les puissantes ondes de choc pour progresser à travers la forêt humide.

        Haletant, en sueur, mais surtout crevé, je débouchai à la lisière d’un terrible cratère, près d’une falaise donnant sur l’océan. Ici, plus aucune végétation n’était reconnaissable ni même visible, le combat des titans avait complètement ravagé le périmètre sans distinctions pour les espèces vivantes de l’endroit. Un calme précoce régissait désormais l’endroit, seul le vent filtrant la nouvelle plaine se faisait entendre, tourbillonnant tout en se lamentant à travers le cratère nu, comme pour avertir toute âme à proximité que le combat était terminé. Mais l’était-il vraiment?

        Une soudaine inquiétude prit place en moi. Le capitaine était-il vainqueur? Morvak avait-il triomphé de mon supérieur? Improbable mais envisageable. Ce genre d’option ne devait pourtant pas avoir sa place en moi, mais un sentiment amer me soufflait que peut-être la situation ait mal tournée. Revigoré par mon questionnement, je contournai le cratère pour m’approcher de la falaise frappée par les flots, et c’est là que je les vis.

        En fait pour tout vous dire, je ne vis qu’une chose. Le capitaine Alheïri Salem Fenyang tombant du haut de la falaise d’une vingtaine de mètres pour aller violemment percer les vagues et ne point refaire surface. Morvak, quant à lui, se tenait toujours au sommet du surplomb, riant à gorge déployée.

        Je restai immobile, comme paralysé par la scène, les yeux écarquillés, ne pouvant croire à ce qui arrivait réellement. Comment? Pourquoi? Trop de questions se bousculaient dans mon esprit, alors que le désespoir qui affluait en moi pondait un œuf prêt à éclore : la colère.
        Cet homme qui avait dirigé l’équipage entier à travers Grand Line, cet homme qui n’avait pas hésité une seconde à se sacrifier pour les enjeux de sa mission ainsi que pour la vie de ses soldats. Non. Cet homme ne pouvait mourir aujourd’hui, sa mémoire ne pouvait s’éteindre ainsi, du moins, pas tant que j’existerais.

        -ENFOIIIIIIIRRÉÉÉÉÉÉÉÉÉ!
        -Hum? Hahahaha! Voilà donc le fameux Double Face, celui qui s’est cru capable de rivaliser avec mon équipage!
        -DARK!
        « Ouais?! »
        -JE VEEEEEEUX QU’IIILLLL MEEEEEEEEEUUUUUURT!!!!!!!!!!!!!!
        « YEEEEEEEHAAAAAAAAA !!!!!!!!!!! »

        Un instant, le temps s’arrête, comprenant la transformation émotionnelle qui s’opère chez moi, comprenant que plus rien n’arrêtera Double Face. Puis, une déflagration s’échappa de moi, provoquant le soulèvement d’un nuage de poussière tourbillonnante autour de moi, résultat du dégagement de force de mon corps. Mon corps se couvrit en un instant de ténèbres profondes, comme si la partie noire de mon corps se mettait à dominer complètement mon épiderme blanc. S’en suit un hurlement de plaisir, un hurlement du plus profond de mon être. Un hurlement poussé par Dark qui avait été trop longtemps contenu. Mes deux petits yeux glauques se posèrent sur Morvak, des yeux froids, des yeux de tueurs.

        Puis l’instant suivant, Dark décolle, se propulsant à une vitesse ahurissante vers Morvak, laissant un léger cratère fumant à l’endroit où, une seconde plus tôt, il se tenait.

        *Raging Torpedo*

        Dark se met alors à tourner sur lui-même comme une toupie, continuant de fendre l’air grâce à son corps. C’était à peine si le temps lui-même arrivait à suivre les niveaux de rapidité dépassés par Dark qui dévorait la distance entre lui-même et Morvak. Puis ce fut l’impact, Dark enfonça son crâne à pleine puissance dans le thorax de Morvak, lui coupant le souffle puis lui drillant la poitrine comme un tournevis. Le choc dure un instant, puis la physique reprend ses droits sur la transmission du choc pour envoyer Morvak s’écraser dans un nuage de poussière et de mottes de terre une trentaine de mètres plus loin. Mais Dark était loin d’en avoir terminé, au contraire, le plaisir ne faisait que commencer. Mon corps n’étant plus qu’une marionnette possédée par un monstre sanguinaire, je m’élevai dans les airs en un seul saut, mettant en mire un Morvak frustré qui se relevait en jurant.

        Le corps en suspension dans les airs avant la redescente, je reculai mon poing lentement derrière moi, prenant un élan qui risquait d’être terrible. Aucun appui cette fois-ci, Dark n’avait jamais eu besoin de telle préparation, pour lui, tout n’était que violence, barbarie et rapidité d’exécution.

        *Midnight Rain*

        Je décochai à une vitesse ahurissante mon poing. Poing qui transperça l’air par sa force. Rapidement, des étincelles enveloppèrent mon poing, puis ce fut une vive flamme constante qui en prit possession, résultat de la friction de mon poing avec l’air. Seulement, le Midnight Blast possédait une variante, une variante que seul Dark savait mettre en œuvre. Au dernier instant, Dark retira avec véhémence son poing laissant avec vigueur un poing enflammé constitué de volonté, de force et d’un feu vif traverser les cieux pour aller s’abattre sur le capitaine des Conquérants.

        Seulement, Dark n’avait pas terminé, car ce furent cinq autres poings incandescents qui s’abattirent puissamment sur Morvak tel des météores. Explosant au sol dans des gerbes de poussière.

        Puis finalement, Dark enclencha la descente, déterminé à en finir avec l’antagoniste. Sous les rayons couchant du soleil, la peau de Dark se mit à reluire, à refléter et à miroiter. En moi s’écoulait une glaciale puissance qui venait irriguer mes veines et mes muscles pour les durcir au point d’en faire de vraies lames.

        En effet, Dark n’était désormais plus qu’une lame vivante, prêt à éliminer une bonne fois pour toute Morvak qui devait toujours tempêter au centre du nuage de poussière provoqué par le Midnight Rain.

        Comme une flèche qui tombe à une vitesse astronomique, simple éclat de ténèbres qui traverse l’espace et le temps, Dark vint s’écraser tout en balançant violemment et instinctivement ses deux bras acérés droits devant lui. Sous la puissance du choc, une violente onde expulsa la poussière du périmètre, dévoilant le résultat du terrible enchaînement de Dark.

        Morvak, debout, devant un Dark transpercé par un sabre, à genoux. Morvak semblait blessé, mais un rictus plus ou moins hargneux transmettait visiblement l’idée qu’il était toujours en forme, assez pour percer l’acier. Mes deux yeux glauques se posèrent sur la plaie béante, avec incompréhension, comment pouvait-on percer ainsi une carapace d’acier?
        Morvak retira son arme tout en rigolant de plus belle.

        -Eh ben! Pas mauvais pour un bleu, Double Face! Va falloir que tu progresses encore un bon bout d’chemin avant de pouvoir te battre contre les seigneurs de Grand Line! Mais ça, ce s’ra pour une aut’ vie! Aujourd’hui, c’est toi qui mort la poussière.

        Un violent coup de pied vint me cueillir au niveau du coup m’envoyant directement percuter un rocher non loin de là qui avait survécu aux combats. Un nouveau hurlement perce le silence, Dark rageait de plus belle contre son impuissance face à l’homme qui avait tué le capitaine Fenyang.

        *Dark….

        Dans un ultime espoir, une ultime tentative que son instinct lui criait d’accomplir, Dark éleva son bras haut dans les airs, défiant une nouvelle fois Morvak. Un instant, le pirate regarda la drôle d’attitude de mon homologue noir, puis, lorsqu’il comprit enfin, Dark rabattait son bras vers le bas, provoquant de son bras métallisé une vague de vent d’une puissance terrible.
        Une titanesque lame de vent vint se former à la base de l’avant bras descendant de Dark, fissurant rapidement le sol à ses pieds pour progresser à une vitesse impressionnante droit vers Morvak.

        …Slash*

        Noir comme la nuit, l’immense onde coupante vint traverser le cratère et fendre l’air pour percuter Morvak…qui dévia l'onde d’un puissant coup de sabre.

        Impossible, le niveau était beaucoup trop élevé, l’écart trop grand. Jamais Dark ne saurait venir à bout d’un tel ennemi. Les bras pendant mollement le long de mon corps, jamais je ne pu prévenir l’attaque de Morvak. Effectivement, la seconde après la déviation du Dark’ Slash, Morvak engloutissait la distance nous séparant pour venir ouvrir une ultime coupure au centre de mon torse, coupure qui, rapidement s’élargie pour inondé mon corps d’un sang chaud qui coulait à flot.

        Mon épiderme à nouveau normal, je tombai à genoux une nouvelle fois devant ce grand pirate. Puis finalement, malgré tous mes efforts, je m’écroulai complètement au sol, ayant retrouvé mon apparence bicolore. La dernière chose que je pu entendre avant de me perdre dans les limbes de l’inconscience, ce fut le rire timbré et efféminé de Morvak qui s’éloignait en gambadant.

        -Boss….Salem…..Dark….
        « Bien joué Os’, Bien joué… »
        • https://www.onepiece-requiem.net/t3486-fiche-de-double-face
        • https://www.onepiece-requiem.net/t3227-oswald-double-face-jenkins-t-as-un-probleme-avec-lui
          J’avais tendu ma main dans le vide, comme pour m’agripper à la vie, mais cette action avait été vaine. Je sentais mon corps chuter inexorablement vers la mer sans rien pouvoir faire. J’étais foutu… Fini. Puis l’atmosphère changea complètement autour de moi. De la lumière, j’étais passé à l’obscurité la plus totale, puisque je ne distinguais plus rien. A moitié évanoui, les vagues qui m’emportaient ne permettaient pas d’observer tout ce qui m’entourait. L’eau qui remplissait mes poumons m’était désagréable, et c’est à ce moment-là que je réalisais que j’allais mourir noyé. L’ironie pour un marine, non utilisateur de fruit de démon. Mon corps était lourd ; lourd comme une véritable enclume. J’aurais pu remonter à la surface si j’avais encore un peu de force, mais tel n’était malheureusement pas le cas. La mouise, vraiment. J’aurais voulu mourir plus tard et d’une autre manière, mais on n’choisissait pas les circonstances de son décès. C’est à cet instant là que je perdis tout espoir. Malgré toute l’étendue d’eau qui m’entourait, des larmes coulaient de mes yeux comme pour marquer tous les regrets que j’avais. Celui de n’avoir pas pu remplir ma mission, et celui de n’avoir pas pu sauver mes hommes. La mort de Rain n’aura finalement pas servi à grand-chose. J’imaginais déjà le savon qu’il allait me passer une fois au dans l’au-delà… Mais alors que je voulus fermer les yeux, une vision vint me troubler au dernier moment. L’image d’une femme souriante qui m’ouvrait ses bras, son cœur… Et il ne me fallut même pas plus de dix secondes pour que je comprenne que cette personne était…

          - Aisl…

          - Ton heure n’est pas encore venue, Salem…

          Une illusion ? Un rêve ? Une vision ? J’ne savais pas, mais mes larmes, elles, redoublèrent d’intensité. Et il n’y avait pas que ma femme. Tous les bretteurs que j’avais tués auparavant apparurent tout bonnement derrière elle. Certains m’insultaient copieusement, me traitant de lâche et d’incapable, tandis que d’autres me regardaient sombrer dans les profondeurs de la mer sans rien dire, apparemment déçus de l’homme qui avait réussi à les dépasser là où ils avaient longtemps excellé. Sur le champ, je n’avais pas vraiment compris ce que je voyais là, et je m’étais même dit qu’il s’agissait d’un vil tour de la faucheuse, mais ce n’est que lorsque l’image de ma femme vint à m’envelopper délicatement que je compris enfin. Leurs âmes… Leurs âmes venaient m’encourager à me relever et à combattre comme un homme ! Une chaleur inhabituelle m’enveloppa brusquement. Ma poigne se resserra doucement sur mon meitou que je n’avais toujours pas lâché, sans doute par reflexe. Le sang qui me restait se mit à bouillonner de plus belle. Mes pupilles dilatées reprirent peu à peu de la couleur. Mes muscles se contractèrent comme si mes articulations n’avaient jamais été engourdies… La renaissance s’opérait. Les images que j’eus le privilège de voir, finirent par se dissiper complètement. Seule celle de ma femme resta près de moi encore un instant… Un court instant où j’eus la force nécessaire pour lui rendre son sourire charmant, avant qu’elle ne disparaisse également. Comme elle me l’avait promis avant de mourir, elle veillait sur moi depuis le ciel ; et à l’instar d’Aisling je devais tenir également la mienne : Vivre et servir la justice !

          Pendant ce temps-là, à la surface…


          - HAHAHAHAHAHA ! MAINTENANT QUE FENYANG EST MORT, PLUS PERSONNE NE POURRA ME VAINCRE !

          La voix horrible qui surplomba la falaise, n’était autre que celle de Morvak. L’homme était fier de son exploit et se sentait revivre ! Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas affirmé sa supériorité de la sorte. Il voyait la gloire se profiler de loin, et surtout, sa revanche contre ce Keegan qui l’avait humilié par le passé. Le forban se caressa le menton et se mit à sourire. Plus qu’une question de temps et il allait enfin parvenir à ses fins. Quelques-uns de ses hommes -Qui avaient réussi à fuir les marines qui les poursuivaient- firent tout d’un coup surface devant lui, avant de pousser des cris de joie, en plus d’un tonnerre d’applaudissements. Morvak finit par s’arrêter devant eux, complètement fier de lui-même. Il n’existait aucun homme aussi fort que lui. Le capitaine était tellement euphorique qu’il ne fit pas attention au boucan inhabituel du ressac, après que les vagues se soient jetées avec force contre la falaise. Ses hommes eux, remarquèrent très vite qu’il se passait quelque chose, droit devant. Alors que leur chef riait aux éclats, ils observaient la mer s’agiter bizarrement. L’un d’eux leva la tête vers le ciel, et ne décela aucun nuage menaçant et donc, aucune tempête à l’horizon. Mais alors, que diable se passait-il dans les fonds marins ? Mystère et boule de gomme. Morvak qui finit par voir la mine inquiète de ses hommes, se retourna lui aussi, avant de conclure très rapidement qu’il devait sans doute s’agir d’un monstre marin. Et il n’avait pas tort dans l’fond, car en l’espace de quelques secondes seulement…

          C’EST QUOI CAAAAAAAAAAAAAAAA ?!!


          … Un gigantesque roi des mers surgit brusquement de l’eau et plana très haut dans les airs, de sorte à venir s’écraser lourdement sur la falaise qui manqua de s’effondrer en un seul coup. A l’exception du capitaine qui garda un semblant de sang-froid devant le spectacle qui venait de lui être offert, tous les autres pirates prirent peur et se mirent à détaler en direction de la forêt environnante, où ils purent se planquer tranquillement pour assister à la scène de loin. Morvak, lui, ferma sa bouche qui s’était ouverte de stupéfaction, et contempla minutieusement l’animal qui était à plusieurs mètres de lui, et qui menaçait de retomber lourdement dans l’océan. Une goutte de sueur roula doucement le long de sa gauche, alors que son cœur battait à la chamade. Même s’il avait réussi à apprivoiser la faune qui peuplait Little Garden ces dernières années, il n’en demeurait pas moins qu’un roi des mers était une autre paire de manche. Il souffla un instant, sans pour autant détacher ses yeux de la blessure béante du monstre marin. L’œuvre d’un bretteur à n’en point douter. Et la seule personne qu’il savait capable d’un tel exploit n’était autre que… « Noooon… Pas lui ! Je l’ai pourtant tué ! Ça ne se peut paaaaas ! » Immédiatement, le leadeur de l’équipage des conquérants dégaina sa rapière et se retourna sur lui-même, guettant le moindre mouvement suspect qui pourrait trahir la présence de son ennemi. Bientôt, une main fit son apparition sur le bord de la falaise, avant qu’un corps ne se hisse doucement aux côtés de l’animal abattu. L’individu semblait revenir d’entre les morts. Et cet individu, c’était moi…

          - Encore toi, FENYAAANG !

          - Maintenant, à mon tour de le dire… Fais tes prières, Morvak !
            - Héhéhé… Héhéhéhéhé… MOUHAHAHAHAHAHAHAHA ! FAIRE MES PRIÈRES ? TU RÊVES OU QUOI ?!

            Malgré sa mine habituelle, Morvak perdait peu à peu son calme et je le sentais clairement. Alors que l’homme continuait à rire de façon sonore, je m’étais retourné doucement vers la bête que j’avais abattue sans une seule once de pitié. Vouloir me bouffer au moment même où j’avais laborieusement repris connaissance… C’n’était vraiment pas de chance. Mes yeux bifurquèrent rapidement sur une masse au sol, non loin de l’animal. Et il n’me fallut pas plus de cinq secondes pour reconnaitre le corps d’Oswald baignant dans une grosse mare de sang. Avait-il tenté de se mesurer à Morvak ? Le fou ! Il était clair qu’il n’aurait pas pu réussir là même où j’avais échoué une première fois, même si l’initiative m’allait droit au cœur. Un sourire fin s’inscrivit sur mes lèvres, avant que j’ne m’avance vers le capitaine pirate qui avait fini par arborer son air hautain, pour ne rien changer. J’comptais ignorer Oswald un moment et recommencer le combat, mais le sol commença à trembler bizarrement. Des fissures se dessinèrent soudainement sous nos pieds, et une partie de la falaise commença à s’effondrer tout bonnement. Sans aucun doute le poids du monstre que j’avais tué. A croire que j’en avais trop fait. Réagissant à temps, j’m’étais mis à courir vers Oswald, avant de prendre son corps dans mes bras et disparaitre du sommet de la paroi rocheuse qui s’écroula au même moment que le roi des mers mort. Un vacarme assourdissant s’en suivit, agitant la mer plus qu’elle ne l’était déjà. Cela faisait bien longtemps que Little Garden n’avait pas été aussi secoué…

            - Oswald…

            J’avais fini par rejoindre le cœur de la forêt après quelques bonds et pas de course. Je posai le corps de double face sous un buisson, le visage presque attendrissant. Il me rendait presque fier de lui. Un assez bon élément malgré son physique assez excentrique… Atypique. Dieu merci, il vivait encore… Car s’il avait été mort comme Rain … Qui sait ce que j’aurais été capable de faire à ce pirate et à l’île toute entière. Nonobstant, il me fallait tout d’même mettre un terme à ce combat qui me coutait cher. J’avais atteint mes limites depuis bien longtemps, et seule la pensée de ma femme et de mes anciens adversaires ne me suffiraient pas à vaincre Morvak. J’avais de la volonté, certes, mais j’espérai aussi un miracle, car j’étais loin d’être endurant et dur comme les pacifistas de Végapunk –Qui allaient sans essuyer une défaite comme la mienne, vu le pouvoir incommensurable du forban. Lorsque je me redressai enfin, avant de me mettre en garde, j’entendis des voix qui résonnaient en moi, et elles étaient fortes. J’me mis à grogner, avant de secouer mon visage dans tous les sens, comme pour reprendre mes esprits. Serait-ce des hallucinations ? Comme lorsque j’étais dans l’eau ? Non… Impossible ! C’était pas la même chose. Là, j’avais comme l’impression d’entendre des pensées profondes, des voix révélatrices de secrets. Un peu comme celle qui m’indiquait clairement qu’un pirate se trouvait dans mon dos, à quelques mètres de moi, prêt à me balancer une lance. Immédiatement et sans trop comprendre ce qui m’arrivait, j’effectuai un bond salvateur, puisque quelques secondes plus tard, j’eus le loisir de voir une lance brasser l’air et me louper carrément…

            - COMMENT IL A FAIT ?!

            Sans autre forme de procès, et toujours dans les airs, je décochai une lame de vent qui fonça en direction de la voix. Et lorsque je retrouvai le sol, un bruit sourd se fit entendre, preuve que mon attaque avait atteint sa cible. Je comptais commencer à courir pour chercher Morvak, mais j’eus l’ouïe d’une autre voix, trahissant la présence d’un autre pirate vers ma gauche. Me planquant contre un arbre et avançant prudemment, j’finis par trouver un autre forban qui tournait sur lui-même, apparemment en pleine fouille. Le type devait sans doute me chercher. Tout en fourberie, je m’approchai de lui, avant de lui trancher la tête d’un coup sec. L’idée était d’éviter une émeute qui pourrait me faire très mal. Et il en fut ainsi pour trois autres pirates à qui j’ôtai la vie sans une seule once de pitié. Et bientôt, plus de voix… Plus rien… Silence mortuaire. Mis à part le bruissement des feuillages sous l’action de la brise maritime plutôt forte, il n’y avait plus rien, et cela m’inquiétait. Plaqué contre un immense chêne, je guettais les environs, m’attendant à l’apparition de Morvak. Apparition qui ne sut tarder. En effet, j’eus le sentiment accru que l’arbre derrière moi serait abattu et me tomberait brusquement dessus. Me fiant donc à cet instinct soudain qui ne faisait que me sauver depuis, j’disparus vite fait bien fait de l’endroit où j’étais, avant d’entendre un craquement sonore et sinistre. Un grondement sourd s’en suivit, après que l’arbre ait rencontré le sol. Perché sur une branche, je plissai les yeux, avant de reconnaitre la silhouette de Morvak dans le lot de poussière qui avait envahi les environs après la chute de l’arbre…

            - Tu as eu de la chance sur ce coup Fenyang, mais ça n’se répètera plus !

            Tout d’un coup, j’eus une vision ; un peu comme une anticipation. Ladite vision me montra un Morvak qui bondit d’un seul coup dans les airs, avant de projeter vers mon cœur, un poignard caché sous sa manche gauche. Alarmé par cette révélation aussi brusque que terrifiante, il ne me fit pas plus de deux secondes pour que je quitte ma branche, avant que la scène ne se produise réellement à la surprise générale. Morvak était aussi stupéfait que j’ne l’étais. Lorsque le pirate se réceptionna au sol, il se tourna immédiatement vers moi en grognant. Autant il ne comprenait pas comment j’avais anticipé son assaut, autant, je ne comprenais toujours pas ce qui m’arrivait. Moi qui voulais un miracle, j’étais servi ! J’souriai légèrement ce qui accentua l’exacerbation naissante de mon adversaire. Et lorsqu’il recommença à me charger, je vis à l’avance toute les parades qu’il allait me sortir. Profitant de ce don inespéré que je commençais à développer, j’évitai toutes ses attaques avec une facilité déconcerte ; tant et si bien que le bandit trébucha sur une grosse racine, tituba longuement, avant que je ne vienne lui administrer un bon coup d’pied au derrière, ce qui le fit tomber tête la première. Se relevant tout aussi rapidement, et fulminant de colère, Morvak décocha une gigantesque lame d’air que j’évitai en deux trois mouvements, yeux fermés. La lame abattit des arbres sur plusieurs mètres, avant de s’estomper, et tout ne fut qu’hécatombe derrière moi. « Im… Impossible… » Les yeux écarquillés, et l’air totalement impuissant, Morvak était complètement sur le cul si je puis m’exprimer ainsi. Le combat prenait un tournant décisif, et pas des moindres…
              - CRÈVE ! CRÈÈÈÈÈÈÈÈVE !

              Cri de guerre. Ruée fatale vers son adversaire. La panique avait déformé le visage de Morvak qui me chargeait une nouvelle fois. C’était comme s’il avait contenu une grande colère depuis un long moment et qu’il pouvait enfin l’exprimer sans se soucier de rien. Ou tout du moins, c’était ce que je ressentais lorsque j’le voyais courir furieusement vers moi. La suite fut semblable en tout point à ce qui s’était déjà passé. Sans trop savoir comment, je vis à l’avance les coups que Morvak voulait me porter, et les esquivai facilement, sans trop me fatiguer. L’espace d’une seconde, le capitaine pirate me fit pitié. Néanmoins, après tout ce qu’avaient dû endurer mes hommes ici, il était plus que clair que j’ne pouvais le laisser libre ou en vie. C’était soit la prison, soit la mort pour lui, mais vu toute la fougue et l’ardeur qu’il plaçait dans ses offensives, je n’avais pas d’autre choix que de le tuer, finalement. A cette énième pensée, j’eus un soupir et sans savoir pourquoi, j’étais un peu blasé. Il me fallait donc en finir au plus vite et ne pas abuser de cette faculté à anticiper ses mouvements. C’est dans cette optique des choses que j’avais commencé à contre-attaquer. Timidement, certes, mais à contre-attaquer quand même. Lorsque Morvak me loupait, je m’évertuai à lui rendre la pareille, mais avec dextérité et précision. Et plus le temps passait, plus le pirate commençait à être recouvert de multiples estafilades. Ainsi continua le combat, jusqu’à ce que ce que mon ennemi trébuche une nouvelle fois, et que je n’en profite pour diriger mon meitou vers sa poitrine…

              - GWAAAAAAAAAAAAH !

              Une effusion sanguine assez mirobolante. Le sang de mon adversaire n’avait jamais autant giclé. On aurait presque dit un geyser, mais en miniature. Morvak tomba lourdement au sol, avant d’effectuer des roulades rapides pour s’éloigner de moi. Pendant ce temps-là, j’agitais mon sabre à ma droite, comme pour le débarrasser de tout le sang dont il était imbibé. J’n’y étais pas allé de main morte en tout cas. Une entaille, longue et profonde, barrait le torse du bandit qui n’eut d’autre choix que de retirer son manteau de capitaine et de sa chemise qui semblait ne pas avoir rencontré le moindre savon depuis au moins un an. L’homme se mit à gémir en s’empoignant la poitrine. Il ne s’était sans doute pas attendu à ça. Que je perce sa défense aussi facilement : « Même le haki ne t’arrête pas… ? Grrrrrr… » Ah ! Le haki ! Son fameux haki de l’armement. C’était un peu ce qui avait fait la différence pendant le début de notre confrontation, puisque nous étions plus ou moins au même niveau. Mais avec le pouvoir que je développais au fur et à mesure que le combat se prolongeait, le tien s’avérait de plus en plus inutile. Ce qui ne pouvait que m’arranger, vu comment j’étais déjà amoché. D’ailleurs, mon corps me rappela que j’étais au bord de la rupture, puisque je me mis à vomir du sang à mon tour, sous le rire sonore de mon vis-à-vis qui semblait heureux de me voir souffrir. Le forban finit par se redresser, non sans grimacer de douleurs. S’il se plaignait d’une seule blessure, que devrais-je dire me concernant alors ? La preuve que j’étais bien plus résistant que lui…

              C’est donc sous une nouvelle impulsion que Morvak chargea, une fois encore. Cette fois-là, je ne l’attendis point, faisant de même. Le choc de nos armes provoqua un nouvel ouragan qui balaya les alentours, terre comme arbres. Mais il eut une différence, contrairement à la première fois. Pour éviter de reculer, j’administrai un bon coup d’genou à Morvak dans son bas ventre. Perdant pied, il fut déséquilibré, mais réussit à éviter ma lame de justesse. Lorsqu’il se releva, nous échangeâmes offensives sur offensives. Personne ne voulait perdre. La véhémence du combat était, telle qu’on entendait nos coups des kilomètres à la ronde. C’était d’ailleurs ce qui profita à quelques-uns de mes hommes pour me retrouver. Lesdits hommes furent stupéfaits de l’environnement autour de nous. Entre les grandes crevasses, la terre retournée et les gigantesques arbres abattus, il y avait de quoi avoir peur. A nous deux, nous avions formés une clairière dans la forêt, et dans laquelle notre combat se déroulait intensément. De plus, les soldats du Léviathan avaient du mal à suivre nos mouvements tant nous étions rapides et redoutables. C’était bien la première fois qu’ils voyaient un combat de ce genre. Devant une telle réalité, mes chers marines commencèrent à m’encourager en hurlant à mon encontre. Si mon air était ferme depuis la reprise du combat, un sourire illumina soudain mon visage. Le genre de sourire humain, confiant. Et je repris l’ascendant dans le combat ; puisque si je réussissais à esquiver sa lame, il n’en était pas de même pour Morvak qui se mangeait malencontreusement la pointe du Kashuu… L’issu du combat penchait en ma faveur, surtout avec la présence de mes subordonnés ; mais lesdits subordonnées gênaient une personne…

              - FERMEEEEEZ-LAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!

              Irrité par tous ces cris d’encouragements, Morvak se retourna brusquement vers mes soldats et leur décocha une gigantesque onde tranchante, ressemblant de très près à un charognard géant. La terreur put se lire sur le visage des marines, mis j’fis rapidement mon apparition devant eux, avant de contenir l’attaque dévastatrice qui menaçait leur vie. L’oiseau d’air me fit reculer sur une bonne distance. Il déchiqueta mon pantalon plus qu’il ne l’était déjà, arrivant même à provoquer quelques coupures sur tout mon corps ; mais je réussis au bout d’un moment et d’un grand effort à le détruire complètement. Mes hommes qui s’étaient plaqués au sol, relèvent leur tête, complètement crispés. Ils avaient eu chauds. Morvak quant à lui, affichait un air pantois. Sur le moment, il n’en revenait pas. Mais à peine voulait-il se ressaisir que j’avais fait une autre apparition, et devant lui cette fois. Trop rapide… J’avais été bien trop rapide pour lui. Si bien qu’il n’eut que ses yeux pour constater l’inévitable : Mon meitou fonçait droit vers l’une de ses bras. Et l’instant d’après, ledit bras vola loin du corps de son propriétaire, qui n’ouvrit sa bouche que pour… « GAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!! » … Hurler… Et pas qu’un peu. Sa voix couvrit même la nouvelle éruption du volcan qui surplombait l’île, preuve qu’il souffrait d’un grand mal. Le borgne tomba à genoux, et finit par se coucher au sol en roulant sur lui-même. C’était pas pour dire, mais il était pathétique. Très pathétique : « Tu gueules rien que pour un bras perdu ? Ma foi, t’es pas très résistant… » Ces mots provocateurs eurent l’effet escompté. Car sitôt dit, Morvak se releva et se précipita vers moi…

              Mais il fut tellement aveuglé par la douleur que je n’eus aucun mal à éviter son attaque… Et à lui cisailler une nouvelle fois la poitrine…
                Morvak avait gueulé fort… Très fort, pour peu qu’on aurait dit qu’il s’agissait d’une bête gravement blessée. Une grosse croix barrait maintenant son torse. Elle était profonde… Très profonde… Si bien qu’il perdait du sang en abondance. Son bras en moins n’arrangeait en rien la donne… Le capitaine pirate était lui aussi au bord du gouffre qui menait au monde de l’empereur Hadès. Il était arrivé à un point de non-retour. C’était la fin pour lui. Il se retourna vers moi, le faciès déformé par la douleur aussi bien physique que psychologique. Comment avait-il pu en arriver là, lui le plus grand, le plus fort de tous les pirates ?! Lorsqu’il me regardait plus ou moins attentivement, l’homme ne pouvait s’empêcher de grogner, de pester. Il revoyait l’image du grand Keegan qui lui avait flanqué la raclée de sa vie. Raclée qui semblait se répéter avec l’arrivée de son bâtard de fils ! Agrippant sa rapière en faisant abstraction du mal qui le rongeait, Morvak se remit à me lancer des invectives : « TON BÂTARD DE PÈRE M’A BATTU UNE FOIS PAR LE PASSÉ, MAIS CROIS BIEN QUE CA N'SE RÉPÈTERA PAS AVEC LE CONNARD QUE TU ES ! TU M’ENTENDS, FENYANG ?! » Sur le coup, j’étais sûr d’une chose : Morvak avait complètement perdu la tête. Il frôlait de peu la folie, et il était plus que temps de mettre un terme à cette image désolante qu’il donnait de lui-même. Lorsqu’il prit de l’élan et courut vers moi, je ne bougeai pas d’un pouce, me contentant de l’observer. Il brandit sa rapière vers moi et l’agita dans tous les sens ; mais malheureusement pour lui, sa lame se brisa au moment même où il voulut me porter le coup fatal…

                - Noon… Impossible… Mon arme… MON AAAAAAARRRMEEEEE !!!!

                Confus et dégouté à la fois, Morvak regardait impuissamment son arme, ou plutôt, ce qui en restait, soit la manche. Il n’y croyait pas… Il ne voulait pas y croire ! Non… Cela ne pouvait pas être possible… « Héhéhéhé… C’est un cauchemar… Je suis sûr que c’est un cauchemar… Il faut que je me réveille ! Oui, c’est ça ! Me réveiller… » Le malheureux avait fini par lâcher la manche de ce qui était autrefois sa rapière. Il se mit à rigoler bêtement, avant de lever les yeux vers moi. Yeux globuleux remplis de terreur et de désillusions… Autant dire qu’il me faisait pitié, et pas qu’un peu… Est-ce que mon père avait vécu cette expérience par le passé ? Était-ce par compassion qu’il avait épargné Morvak… ? Des questions pertinentes qui portaient à réflexion. Le borgne se mit à trembler sur lui-même, au point qu’il tomba sur ses fesses, non sans me lâcher du regard. Un regard qui avait perdu de sa superbe… Un regard perdu… Un regard vide. Essayant de faire abstraction de toute affectivité possible, je me mis à marcher sereinement vers lui pour lui porter le coup de grâce. A la vue de mon avancée, l’homme prit peur et se mit à reculer comme il put, et ce malgré sa position assise. Il ressemblait plus à un ver de terre qu’à autre chose. Ses larmes commencèrent à couler sans qu’il ne s’en rende compte. Il sentait sa fin approcher inexorablement. Puis j’eus un sourire. Rassurant. Qui fit son petit effet puisque Morvak s’arrêta de fuir. Finissant par m’accroupir vers lui, l’homme voulut m’adresser des mots, mais bégaya, avant de hoqueter violemment. Un gamin… Voilà ce qu’il était devant la mort…

                - C’est fini… Tu n’auras plus à souffrir maintenant. Dis-je légèrement…

                Et à la seconde qui suivit, j’avais planté mon meitou pile dans sa poitrine. Morvak écarquilla grandement les yeux, hoqueta une énième fois, et rendit son dernier soupir dans mes bras. Je restais immobile pendant un long moment, tandis que mes hommes tapis dans l’ombre de la végétation luxuriante, m’appelaient avec insistance. Malgré les exactions de l’homme que je venais de tuer à l’instant, une once de pitié m’envahit. Humilié par le père et tué par le fils… Le pauvre aura eu une vie bien sombre. Au bout d’un certain moment, je me relevai et retirai mon arme de sa poitrine. Son corps tomba, inerte, sans vie. La bataille de Little Garden venait de se terminer pour de bon. Les marines qui étaient dans les environs, avaient fini par hurler de joie, pendant que je rangeais mon meitou d’un air absent. Tuer n’était vraiment pas mon fort. Je soupirai, avant de m’éloigner du cadavre de mon adversaire, et l’instant d’après, j’étais entouré de plusieurs éléments qui avaient le sourire aux lèvres et les larmes aux yeux ! Je leur rendais leur sourire avec bon cœur, avant de jeter un coup d’œil sur l’un d’entre eux qui portait Oswald sur son dos. Tout était fini… Tout. Alors qu’ils se mirent à tarir d’éloges à mon égard, ma vue se brouilla, et ma migraine revint de plus belle. J’avais dépassé mes limites et j’étais même parti au-delà de ces dernières. Il aura fallu un bon moment d’inertie pour que les effets se fassent ressentir. La galère, j’vous jure. Titubant sous le regard inquiet de mes hommes, je voulus ouvrir la bouche, mais finit par tomber au sol… Avant de tout simplement perdre connaissance. Le Fenyang était à bout de forces…

                - CAPITAINE !!!

                - TENEZ BON, CAPITAINEEEEEE !!!