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Garnison en détresse

    A bord de la caravelle de l’escadron bleu, l’humeur était au beau fixe. Les hommes s’entrainaient tranquillement sur le pont et déjà l’on pouvaient sentir le repas de midi qui s’apprêtait à être servi. La petite troupe était en attente de nouveaux ordres que justement un goéland venait d’apporter. Franck s’en était vite emparé et s’était directement dirigé vers la cabine de son chef, Charles Higan. Il entra après s’être annoncé et il trouva l’officier installé derrière un petit bureau de bois. A l’entrée de Franck le borgne releva la tête et l’invita à s’avancer. Sans attendre le marine d’élite approcha et déposa la missive sur le bureau. L’excitation le taraudait et déjà il s’imaginait sa nouvelle mission. Charles contempla avec intérêt la cigarette de son subordonné qui gigoter en tous sens, signe d’une mâchoire à l’activité importante et par voie de conséquence signe d’un officier impatient.

    Le lieutenant d’élite entreprit donc d’ouvrir la lettre qui lui était destinée afin de rasséréner le jeune tireur d’élite qui lui faisait face. L’œil valide de Charles virevoltait sur le papier et son visage semblait s’assombrir à mesure que sa lecture s’avançait. La lettre était assez équivoque ; la marine d’élite avait décidé d’intervenir sur Las Camp en envoyant l’escadron bleu. En effet, l’état major de la marine d’élite expliquait en détail comment la garnison de l’île avait complètement perdue pied et comment les criminels avaient fait de l’endroit un foyer doux et confortable. L’escadron devait donc se rendre sur place pour rétablir l’ordre.

    Charles accueillit cette nouvelle mission avec désarroi. Son effectif n’était pas adéquat pour reprendre une île entière et de surcroit peuplée de criminels. Il allait être nécessaire de compter sur la garnison de l’île et cette perspective n’enchantait guère Higan qui savait à quel point des rivalités tenaces pouvaient exister entre Marine et Marine d’élite. Par conséquent il décida d’écrire à la garnison pour la prévenir de son arrivée et pour tenter de remettre d’ores et déjà la marine locale d’aplomb. Il prit donc un document et commença à écrire sous les yeux toujours attentifs de Franck.

    La missive était rédigée de la sorte.

    A l’officier en charge de la garnison de Las Camp,
    Salut et Paix !

    Suite à un ordre de mission reçu de l’état major, l’escadron bleu est envoyé vers votre île pour tenter de résoudre le problème de la criminalité. Attendu que notre effectif est réduit nous ne pourrons et surtout nous ne désirerons pas résoudre ce problème seul. En conséquence je vous invite à remobiliser vos troupes et à vous préparer à notre venue. Je souhaite avant toutes choses mener la mission à bien et ne tolérerai aucunement une absence de coopération de votre part. Soyez assuré que la marine d’élite se fera un plaisir et un devoir de vous venir en aide.

    Je vous invite à déjà préparer quelques documents qui nous serons fort utiles. A savoir un recensement précis de vos effectifs, armes et munitions. De même qu’un plan détaillé de la ville et des éventuels groupuscules en place serait plus que bienvenu. Ne disposant pas de Den-Den Mushi je vous invite à me recontacter par le biais d’un courrier ou à simplement attendre mon arrivée.

    Avec mes remerciements.
    Garnison en détresse Sceauescadron

    Après s’être relu Charles scella la missive et la donna à Franck.

    -«Mets le cap sur Las Camp sur West Blue. Préviens l’escadron de la situation à savoir que nous allons vers cette île où la garnison n’arrive plus à endiguer l’importante criminalité. En d’autres termes nous allons en terrain ennemi et pour une mission de nettoyage. On aura du mal à passer inaperçu et ce ne sera donc pas un travail aisé et plaisant. En conséquence que les hommes soient tous prêts le moment venu. Améliore les rations pour le reste de la traversée et fait revérifier armes, munitions et vivres. Et je veux que cette lettre soit envoyée à Las Camp avant notre arrivée.»

    Franck acquiesçait de la tête en officier qui avait l’habitude du ton ferme et rapide d’Higan. Il y alla néanmoins de sa petite question.

    -«Est ce qu’on va être bien reçu par la garnison selon vous ?»

    Charles afficha une moue dubitative avant de répondre d’une voix lasse.

    -«Honnêtement, j’en doute…»