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Mon ami Joe [1624]

Y s’en est passé des trucs. Taule, puis échafaud, puis re-taule. Normalement à c’te heure-ci j’devrais déjà être en train d’dire bonjour aux anges démoniaques qui rôdent un peu partout en enfer. Mais non, j’ai tiré la carte chance, retour illico à la case départ.

D’abord j’suis seul. J’peux réfléchir du coup. Que vient donc foutre Tahy ici ? Le hasard ? Sans doute. Le destin ? Haha Hortense, faut arrêter d’cultiver ton propre petit jardin. J’ai juste eu un peu d’veine dans c’monde vicié. Enfin j’dis ça j’suis toujours pas sorti d’la taverne. Toujours pas d’armes, personne à l’horizon, un garde un peu mollasson, j’m’attends au pire.
En faisant un rapide topo, j’me dis qu’si j’suis pas mort pendu mon vieux pote doit y être pour quelque chose. Faudra que j’essaye d’le retrouver pour causer un brin du passé.
En rejoignant un peu les bouts j’comprends qu’le capitaine dont parlait Walty... bah c’est Tahar. Mais qu’est-ce qu’y fout chez les écumeurs c’con ? C’était une brave mouette avant. Un peu givré à tendance psychotique c’est vrai. Mais d’là à penser qu’y fait régner la loi sur Grand Line, j’ai presque envie d’me marrer tout seul. Et j’le fais. Willy le garde arrête sa lecture stupide quelques instants pour admirer l’spectacle. Sacré Willy.

Quand Scotty m’avait dit qu’il perdait parfois la tête, j’m’attendais pas à c’qu’y s’l’enlève carrément. C’était pas très joli à voir. Mais ça rajoute d’la sympathie au bonhomme, même si j’sais pas c’que c’est.


« Dis Willy, j’attends quoi là ? »



Que j’demande à mon brave geôlier. Qui m’réponds par une indifférence teintée d’ennui absolument magistrale. Brave Willy.

N’empêche c’est pas qu’j’ai les chocottes mais en y réfléchissant la clique de Joe doit pas être loin. Apparemment les types ont un minimum d’influence ici-bas, et lui a un minimum de rancune envers moi. Ça remonte à quelques années. Les deux tarlouzes, enfin je crois bien vu qu’ils s’lâchaient jamais. De bons chasseurs, rapides, précis, leur seul souci c’était d’avoir un goût douteux pour la grandiloquence et la débauche. De vrais décadents façon Monsieur de Phocas, avec acide, alcool et compagnie. Mis sur l’même coup, m’ont combattu en même temps qu’ma victime, j’ai gagné. Enfin à moitié, j’les ai laissé pour morts avec une belle balle logée dans mon torse au passage. Ben Glen est mort. J’croyais qu’Joe l’avait rejoint. Il m’a rejoint. Merde.

Au bout d’un moment long comme ma b..., j’la refais, y’a des mioches dans la salle.
Au bout d’un moment long comme mon bras, trois comanches viennent m’chercher. Apparemment leur chef voudrait m’voir. Pour m’libérer ou autre j’en sais trop rien. Pour l’coup j’suis content d’me dégourdir les gambettes alors j’me tais et j’reste bien docile. On sort du coin prison pour finalement s’faire tomber dessus par une armée d’moscovites. Pourquoi moscovites ? Ça sonnait pas mal. Et puis z’ont pas d’pitié. Ma triste escorte s’transforme en mexicanos fatigué, façon couché par terre sans bouger. Avec du rouge un peu partout. Les voilà qui m’embarquent jusqu’à un bâtiment voisin. En même temps y’a qu’une grande allée dans c’coin paumé alors faut s’arracher pour trouver un repaire isolé.

On m’assoit sur une chaise, façon « tu vas ramasser c’est qu’le début garçon ». Puis plus un bruit. Juste un cliquetis qui retentit à intervalles réguliers.

CLING...CLING


Le son d’sacrées bottes qui s’rapprochent lentement. Un classique, j’me demande si c’est Johnny Wouaïne qui va débarquer en mâchant sa chique.


CLING...CLING


Le suspens est tellement soutenu que j’ai à peine l’temps d’me faire chier. Je sais et tout l’monde sait qui va s’retrouver en face de moi voyons.


CLING...CLING


Il approche, il est là. Le voici. Devant mes mirettes pas encore nettes, j’vois un grand gaillard qui m’dépasse puis s’retourne pour m’faire face.


« Surprise ! »
Spoiler:


Le con. Joe a toujours été un Mariole. Son aspect sévère tranche avec ses manières...maniérées. J’m’attends au grand speech sur sa vie qu’est plus la même depuis la mort de Glen, qu’il va me trucider et blablabola.


« Tu crois que je vais te faire un speech sur ma vie qu’est plus la même depuis la mort de Glen et que je vais te trucider et blablabola hein ? Et ben non. »


Là y m’troue l’cul. Y l’est devenu moins prévisible l’animal.


« Parce que j’ai des ordres garçon. Z est formel là dessus. T’as rien à savoir, t’as juste à croupir en prison. Et pas n’importe laquelle. »


Z ? C’est qui Z ? Me sort les mêmes rengaines qu’les autres. Encore un type acheté par mon paternel ? Ça devient redondant, comment il arrive à m’suivre partout ?


« Mais ce sale gosse m’enlèvera pas ma vengeance et mes projets. Tu vas pas crever de suite Layr, mais dis toi bien que j’laisserai pas Z repartir avec toi héhé. »


Alors ce Z est jeune. Ça doit être lui qui m’suit. Mais pourquoi y s’occupe pas d’moi directement ? Oula, j’ai pas tous les éléments en place là. Y faut qu’je me barre fissa. Fissa papa.
Les cinq mecs derrière moi sont armés. Y m’ont attaché à la chaise avec des liens, faudrait qu’je trouve un objet coupant.
Joe se barre. Il maugrée une dernière fois et va apparemment préparer la phase finale du plan. Il a pas récupéré mes armes, doivent encore être auprès des cadavres.
Deux types restent avec moi. J’repère un vieux fer à cheval rouillé dans un coin. On doit être dans une ancienne écurie. J’me rapproche centimètre par centimètre. La sueur commence à luire sur mon front, elle glisse sur mes bras avant de rejoindre l’sol terreux en une pluie fine.

J’me laisse tomber sans faire trop d’bruit... c’est bon ils sont tout au fond du couloir.
Et je scie tant bien qu’mal. Allez, allez. Les bras sont libres. Les pieds maintenant. Voilà. Pas d’bruit, c’est pas l’moment j’vais pas avoir trente-six chances. J’me lève péniblement. Et j’attrape mon objet pointu qui m’a presque entaillé la chair. Y sont pas loin.
Le premier s’le prend dans l’dos. L’autre tente de m’plomber, j’me protège avec son copain. Droite gauche, désarmé le deuxième, assommé au sol, j’ai eu du bol. Le premier va sans doute choper l’tétanos. J’lui fais une fleur et j’lui évite une semaine d’souffrance. Le premier coup m’avait déjà sans doute fait repérer d’toute façon. Quoique, c’est une habitude ici.

J’cours en direction des macchabés. Pour la première fois j’suis libre sur cette île. Ça va chier sévère.


Dernière édition par Rimbau D. Layr le Sam 27 Oct 2012 - 15:07, édité 1 fois
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Il était resté derrière. De toute manière le patron allait revenir et il en avait eu assez de la grande conversation avec le boss du coin. Il avait d'un coup eu l'envie d'être au calme et une excuse le frappa d'un coup lorsque sa tête fut revenue sur ses épaules. Il lui manquait un truc, un machin qui le suvait partout d'ordinaire. Un truc lourd et qui fait bobo quand on l'applique avec force sur le coin du pied. Un truc du genre, une masse. Sa masse, LA masse.
Bref, Walters était parti à la recherche de sa masse.
Truc logique pour sa pomme, il s'était démerdé pour monter sur un toit, histoire de prendre de la hauteur et avoir un plus grand champs de vision. Après plusieurs minutes de scrutation, il ne remarqua rien qui ressemble de près ou de loin à son arme de prédilection. Il alors décida de se promener sur les tuiles. Parce que bon, maintenant qu'il y était, autant en profiter pour déambuler au dessus de la plèbe. Et c'est vrai qu'on y voit des choses plutôt intéressantes. Exemple ? Une bande de gros bras à tendances gauchistes se déglinguent l'escorte d'un ex-taulard. Et j'vous l'donne en milles, l'ex-taulard en question c'est le pote de l'autre soir, quand Walt' avait fait ses premiers pas dans la profession de derrière les barraux.

La masse attendra, c'est un ami fidèle le bosco.

Le pirate voit Rimbau se faire pousser dans une grange. Le genre d'endroit propice à un bon petit passage à tabac. Pas de chance, ça se trouve de l'autre côté de la rue, et Walt' est plutôt bien sur son toit. Il hésite, le gus est pas un manche non plus, il devrait bien trouver un moyen de se sortir de là où il est. C'est pas pour dire que ça s'passe comme ça chez les Saigneurs, mais c'est un peu tout comme. Pas capable de te sortir de tes propres emmerdes ? Pas capable d'être un Saigneur qu'il dirait le patron. Hinhin.
Pour la peine, il reste où il est. Il se pose là, sur les tuiles, en tailleurs. Il pose et attend, puis entend un bruit de botte. Visiblement, c'est pas le seul à attendre. Un moscovite est posé en terasse. Il a troqué sa cosaque pour un truc plus léger, un ensemble poncho-sombrero qui lui donne un aspect de beau mexicain des îles, le bronsage et les moustaches en moins. Par contre, il a gardé son boum-boum. Un canon long qui est taillé pour la précision. Un truc pour cueillir le type qui sort de la grange alors qu'il devrait pas. Un truc pour cueillir le poète quoi.

Et quand la porte du repaire à malfrat s'ouvre, le coup détonne. Et le temps que l'écho revienne, y'a les sons typique d'un gars qui se fait démonter avec une crosse de fusil qui se répètent. Ensuite, Walt' regarde Rimbau, lui tire son pouce façon héhé t'as du bol mon gars puis déchante. Derrière le poète, y'a une sorte de rase-motte bodybuildé qui soulève un truc qu'il devrait pas pouvoir soulever vu sa taille.
Un truc du genre une masse.
Un truc du genre LA masse.
Un truc du genre SA masse.
    Bon Dieu, voilà qu’le borgne d’la dernière fois m’donne un coup de main. J’en demandais pas tant. Faut dire aussi que le gonze est pas franchement désagréable. Bon bien sûr j’irai pas passer mes vacances chez mamie avec lui, on irait pas bronzer ensemble sur les plages d’sable fin en matant des gonzesses en petite tenue. Mais bon, c’est l’genre d’mec qui pourrait m’offrir une bière sans qu’j’lui crache mes glaires tièdes à la gueule. C’est déjà ça.

    Et non content d’m’aider, j’vois son visage qui passe du sourire façon pub pour un yaourt à une mine façon film à suspens même qu’ya un type pas commode derrière toi mon pote. À peine le temps d’me retourner qu’je vois l’ombre d’une massue filer pour s’écraser sur mes chicots apeurés. Et j’me baisse pour l’esquiver in extremis. Et j’envoie la crosse du pas si joli fusil qu’je viens d’récupérer pour l’envoyer en plein dans l’tarin du bulgare honteux qu’a voulu m’hachir menu. Scotty rigole, moi un peu moins. J’l’ai pas encore compris mais d’ici quelques secondes mon coupain d’fortune et moi on va remettre la main sur nos joujoux respectifs.

    Marisa et Simon. Enfin. J’récupère aussi les six Bolas (mes p’tites billes) qu’on m’avait confisqué pour la récré et ma fiole de nitro qu’même si t’as soif faut pas céder à la tentation d’en prendre une lampée. J’suis plus en position d’fuyard, j’reprends mes habitudes, j’redeviens l’chasseur qu’j’ai été pendant une décade.


    « J’ai un type à buter. Après j’irai dire deux mots à ton chef. Tu t’casses ? »



    Un « merci » aurait été plus cool mais c’est pas trop mon style. J’lui en dois une quand même au hérisson. Y l’a pas l’air de s’barrer de suite. J’ai pas l’habitude d’la jouer duo, dans un premier temps j’me casse vers mes nouvelles aventures. Sans regarder s’y m’suit. Y m’suit ? Nan, j’vois pas pourquoi y m’aiderait. Pas besoin de toute façon.

    Quelques minutes plus tard me v’là accroupi dans une ruelle sympa, une sale gueule en sang de mariachi en face d’mes yeux gris, un joli flingue pointé sur ses couilles. Où qu’il est Joe ?



    « Le bar. Le bar au bout de la rue. Il s’appelle « Mon ami Joe ». »



    Ok Corral. Y s’cache même pas en plus l’fumier. J’ai besoin d’un p’tit remontant. J’vais offrir au patron un super cocktail. J’me roule une clope avant d’assommer mon précieux camarade. À côté d’moi, une masse s’balade avec à son bout un morceau de chair. On dirait qu’y m’avait suivi l’salopard. Très bien mon grand, j’t’embarque.


    « Ça t’dit un p’tit verre ? Offert par la maison. »


    Qu’je dis en tirant une taffe et en délestant mon pote endormi d’un p’tit rouleau d’billets tout meugnon.

    Mon ami Joe. L’rassemblement d’une bonne partie des crevures du coin. Ambiance jambières bon marché, mouches voraces et fronts huileux. Des jolies minettes tentent d’extorquer les plus saouls en mode « J’te laisse le choix dans la date ». Sacrée contrepèterie.
    Alors qu’j’ai adopté l’look du coin avec mon nouveau sombrero et qu’j’me la joue avide d’une poignée d’dollars, on approche du comptoir. L’plan est simple, trouver l’bureau d’Joe. Pas dur. Y pénétrer. Plus dur.

    C’qui est plutôt cool, c’est qu’on sent qu’si une baston démarre, y’aura sans doute pas qu’deux camps tellement l’atmosphère pèse. J’sais pas si certains ont pas été payés c’mois-ci mais y’a un paquet d’mercenaires qui seraient ravis d’refaire la garde robe du voisin.


    « Deux bières. »


    Un mec à ma droite m’fixe intensément. J’le mire quelques secondes, il veut jouer au jeu du regard l’gosse. Avec un plomb dans l’bide pour l’perdant. Haha, j’aime vraiment c’coin. Lui m’aime un peu moins.


    « Y’a un souci ? J’reconnais vos gueules, vous étiez sur l’échafaud tout à l’heure. »


    Le p’tit tilt qui manquait. Tous les sbires de Joe s’retournent vers moi, comme si la chasse au gibier venait d’ouvrir pour quelques secondes.


    « Scotty, j’crois qu’ça commence. »


    J’bois d’abord une longue gorgée d’la pisse qu’on m’a servi puis j’dégaine plus vite qu’l’animal en m’disant qu’ses derniers mots auront été affreusement insignifiants. Sans attendre j’me jette de l’autre côté du comptoir. L’mec au piano devrait commencer à jouer, la fête va pas tarder à battre son plein.
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    Si y'a bien un truc qui énerve le bosco d'un certain équipage pirate quand il a soif, c'est bien qu'on l'empêche de prendre une lampée de liquide. Et devinez quoi ? Y'a un type qu'a rien trouvé de mieux à faire que renverser la bouteille dudit bosco d'un certain équipage pirate. Devinez la réaction ? Non le type ne s'excuse pas, simplement parce qu'il vient de prendre un plomb de l'ami Rimbau qui vient de passer en mode "vas-y-que-j'me-couvre-derrière-le-bar-et-dézingue-tout-ce-qui-a-deux-yeux". D'ailleurs, la réaction des moskovites se fait vite sentir. Deux tables se renversent et se font affublées d'une bonne vingtaine de canons qui tirent à l'aveuglette. Autant dire que le tenancier devra remplacer son miroir, parce que là...

    Enfin bref, laissons de côté les détails d'ameublement de l'établissement et revenons au bosco d'un certain équipage pirate. Enfin, bon, c'est pas que j'suis pas très amateur de fournitures de bar, j'suis plus du genre n'affout' on passe à Ikea voir ce qu'il y a de sympa donc bon... Le bosco.

    Il se retourne, avec un visage qui ne présage rien de bon. La plupart des balles lui passent à côté parce qu'en plus de pas être doués à la gachette, les gus tirent en cachette et ça ne les aide pas. De sa main droite, le borgne tâte le manche de sa masse, plutôt content de sentir la présence de son arme de prédilection. Il la plante un coup dans le sol. Il se prend quelques projectiles mais s'en fiche pas mal: il a finallement enregistré le fait que du plomb ne suffirait pas pour en finir avec lui. Il crache dans ses mimines histoire d'avoir un peu plus d'adhérence, rattrape sa masse, se baisse sur ses appuis et fonce.

    - Famine Shot -


    Certes que voilà une utilisation peu commune d'une attaque censé être dirigée vers une seule victime, vu que tous les types derrière la table visée se retrouvent à terre. Mais bon, veuillez tolérer ce léger écart en raison de la cible unique, en bois et avec quatre pieds qui fut prise par Walters Scott.

    Et paf, ça le frappe d'un coup. Petit instant nostalgique: il n'a pas eu de nombreuses bastons de bar dans sa vie notre borgne. Une seule en dehors de celle prenant actuellement cours. C'était d'ailleurs à cette occasion qu'il avait rejoint Tahar et la clique. Rhaa... Souvenirs...

    Les mercenaires au sol profitent de cet égarrement pour se relever et attraper ce qu'il leur tombe sous la main pour attaquer le pirate. En gros, des morceau de bois éparpillés un peu partout. Et vas-y que ça démarre joyeusement. L'autre tablée, sentant la menace borgne grandir, opère un quart de tour pour mieux la cibler. Le tout sans se rendre compte qu'ils sont désormais à la merci des tirs de l'accolyte derrière son bar. Pas de chance.

    De son côté, Walters lance une série impressionnante de mises en orbite. La masse tourne dans tout les sens et ceuille les mentons à la pelle. La pelle, elle, reste accroché au dos, comme à son habitude. Il faut peu de temps pour que les pequenauds du bouge se retrouvent à terre... Enfin, au balcon et sur le lustre plutôt. Mais bon, c'était rien que la mise en bouche tout ça. Y'a du mouvement qui se fait entendre d'haut dessus. Les deux assaillants de "Mon Ami Joe" peuvent lever les yeux vers des types plus sérieux.

    Spoiler:

    Calmant le jeu vu que le nombre de joueurs c'est soudainement restreint à un nombre nul, Walters se tourne vers le nouveau. Il désigne la bande des Willies, mercenaires. Constituée pour qui les connait de Grey Willy, White Willy, Black Willy et de Mitch, le plus grand de la bande.

    "C'est après la peau duquel que t'en as ?"

    Un léger sourire s'étend sur le visage du fossoyeur. Il est chaud, il est lancé, ça va être dur de l'arrêter.

    "J'prends les autres."
      Le sumac vénéneux des abats putrides d’tous ces guérilleros emplit subitement mes naseaux. Faut dire qu’avec mes Lay(r)s j’troue un peu tout c’qui daigne jouer au tape taupe en face de moi.
      Alors qu’voici une bande de quatre sacrés lascars qui s’invitent à la fiesta. Même pas d’invit. Les sacripants. Et Scottish s’demande si mon confrère de l’ombre se trouve parmi eux. Du coup y m’demande. Que nenni vil faquin, l’grand méchant loup est resté chez la mère grand pour s’la faire. Connaissant l’bonhomme la mère grand doit avoir du poil au torse et la voix plus rauque qu’un dinosaure qu’a une mauvais bronchite.


      « Pas là, mais l’escalier derrière eux, l’est pour moi. »


      Que j’lance en suggérant à peine une diversion. Ouais les quatre gugusses j’en ai rien à foutre, j’les laisse volontiers taper dans l’œil d’mon compagnon d’fortune. Y l’en a qu’un, ça tombe plutôt bien.
      Mes shoot-them-up font s’disperser les larrons du saloon. Ma cible est en haut, si j’veux pas qu’elle cherche à m’retrouver plus tard, faut qu’je m’active maintenant. Et puis mon semblant de curiosité maladive entend bien en apprendre un poco mas sur l’dénommé Z.
      Là, mes p’tites Pearl vont faire merveille. Des billes gorgées d’un liquide qu’y faut pas confondre avec l’savon ultra doux des publicités mensongères.

      Elles pètent, vacarme à l’appui. La fumée commence à cacher la scène, ma gorge se dessèche au fur et à mesure qu’je réfléchis à la suite des opérations. L’escalier est plus qu’a deux mètres. J’aperçois soudain un membre des Whatfor, le blondinet mal peigné, qui dégaine un colt gros comme ça sur ma gueule d’amour. J’le renverse en avant. Commence un échange de bons procédés, ou comme on dit dans l’milieu une bonne castagne gratinée. Miam. Y sort un poignard pas gentil du tout, j’retiens son bras comme je peux. Après quelques secondes d’effort, j’donne le coup de coude tant attendu qui secoue la conscience du monsieur. Et son p’tit joujou s’transforme en artisan d’son propre enterrement. Goodbye Lenin, j’te regretterai même pô. Et l’brave Walter Texas Ranger en aura un de moins. J’suis vraiment un gars généreux.

      Les marches défilent sous mes pieds, j’entends des bruits d’os brisés et d’mâchoires fracturées un peu plus bas. Cette douce mélopée fantasque m’accompagne jusqu’à la porte qui suit, la seule de l’étage. J’pense à sauvegarder ma partie avant d’entrer dans la salle du boss et j’respire un bon coup en manquant d’cracher mes poumons suite à la fumée sympathique qui s’est pas encore dissipée.

      Grand coup dans la porte avec mon pied, j’entre avec fracas, la marque des grands. Pour m’retrouver nez à nez avec un fusil plus gros qu’le plus imposant des zébulons qu’j’ai pu voir ces dernières années dans les douches publiques.


      BAM


      J’connais pas l’mécanisme, mais le mini-boulet qu’a explosé à mes pieds m’propulse sur une bonne dizaine d’mètres. Joe a pas toujours été du style patient, mais s’est démené aujourd’hui.
      Et j’ai même pas l’temps d’essayer d’sortir des décombres qu’le p’tit frère de Lord Bullet suit tranquillement les pas de son aîné.



      Un beau matin j’ai oublié de te dire que je t’aimais
      Alors d’une simple gifle tu m’as envoyé voler.
      Ce sale matin j’ai pas toqué avant d’entrer
      Alors on m’a rappelé ce qu’était l’humilité.

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      One down, three to go.

      Gars généreux, gars généreux... Gars qu'écoute pas ouais... Enfin bon, une sâle langue pourrait dire que Walters n'avait qu'à assumer ses paroles, mais voilà quoi, y'a des fois où il peut pas assurer sur toute la ligne. Enfin, y'a des fois où on le laisse pas le temps d'assurer non plus.
      Mais bref, ils étaient quatre, ils étaient forts, ils étaient beaux, et ils sentaient bon le sable chaud.
      Maintenant ils sont plus que trois, ils ont les foies, et ils vont faire leur possible pour le faire savoir.

      Black Willy, celui avec les cheveux noirs, veux se lancer à la poursuite de Layr pour se venger. Pas de chance, c'est pas dans les plans du borgne. Déjà qu'on lui en a bouffé un, pas question que les autres s'en tirent à si bon compte. Le premier objet à lui sauter dans la main, une godasse qui a perdu son pied, vole droit dans la tronche du leader de la bande. Bien visé sh-sh-sh. Il s'arrête pour comprendre le pourquoi du comment, et c'est là que retenti le coup de canon. Un regard entendu avec ses collègues et ils prennent leur décision. Ils vont laisser le tueur de coupaing à l'ami patronyme du bar et se charger de l'acolyte. Ils ne se soucient pas de l'air satisfait du pirate et l'entourent de manière cordiale.
      Et c'est le grand Mitch qui ouvre la danse. Parce qu'il est le plus balèze tout simplement, et parce qu'il tire comme un cornichon manchot aussi, mais ça faut pas l'dire. Il fonce sur le bosco par derrière et le ceinture. But de la maneuvre ? Le faire sortir de l'etablissement qu'est déjà assez detruit comme ça. Les deux hommes traversent une fenêtre qui se brise sous l'élan du buffle qui en perd son chapeau (ça en fait des détails dans une seule phrase hein ?). Et vl'à qu'ils sont dans la rue, avec plein de nouveaux objets à démonter. Joie.
      Et bam, coup de carabine du Grey Willy, le plus vieux. Il loupe mais ça empêche Walt' de prendre le temps de se remettre sur ses appuis. Et visiblement, c'était le but. Les trois gus sont bien organisés: Mitch fait voler ses poings, l'ancien le couvre à la carabine, et le dernier ? Il se place derrière et attend le bon moment pour mettre la touche finale.
      Cette fois-ci, il a envie de jouer des poings, histoire de faire durer le plaisir. Le pirate parvient à sortir de la zone couverte par les poings de Mitch, il fait un pas de côté histoire d'éviter la balle du patriarche, se retourne et se mange une droite dans les dents. Qu'est-ce qu'on s'amuse dans la castagne !
      On s'amuse mais bon, il est gentiment temps de faire tourner la balance, de faire pencher le sens du vent, de... de... enfin m'voyez l'genre ou bien ?
      Depuis le temps, vous commencez de connaitre le bosco des Saigneurs ou bien ? Et quand il se prend une droite dans les dents, v'savez ce qu'il fait ou bien ? Oui ? Une proposition ? Vous là au fond ? ... Voilà, c'est à peu près ça. À la différence qu'il en profite pour mettre un coup de boule au mastodonte derrière. Sacré coup du sort hein ? À la place de coucher ton adversaire mon Black Willy, t'as juste fait voler sa tête sur ton copain. Mais arrêtes de regarder les épaules vide qui sont devant toi comme un deumeuré, t'as autre chose à faire. Quoi ? Te manger un coup de masse balancé au hasard dans quoi... Allez, dans ta cuisse tiens, mange Willy, mange. Si tu mange, tu d'viendras pas malade. T'auras pas le temps.
        Ah que c’te plage de sable fin est agréable. Avec ces cocotiers qui nous surplombent, ces vaguelettes qui s’échouent inlassablement avant de retenter leur ascension. Y’a même un canard qui lit les news du matin pas très loin. Même qu’je le salue d’un « couââc » des grands jours. Et qui m’sort une blague avant d’se replonger dans sa lecture. Haha, si seulement.

        Non là j’suis plutôt affalé sous plusieurs kilos de poutres et plusieurs tonnes de poussière. Groggy, ko, en mode déchet, dis c’qui te chante le plus. Mais là j’sens qu’ma migraine habituelle du matin s’transforme en assommoir mastoc, et pas celui d’Zola. Alors qu’je me dégage péniblement des décombres, j’essaye d’retrouver une vue suffisamment claire pour analyser la situation. J’entends plus trop d’bruit au RDC, soit Walty les a enterrés à même la boue, soit se sont barrés sans coup férir. Ou soit j’suis encore plus dans la merde, mais j’préfère pas trop y penser.

        Alors j’me remets sur les genoux au moins, et dans l’encadrure d’la porte d’où mon précédent cauchemar est venu j’aperçois deux silhouettes. Une avec la carrure bien ubuesque d’mon copain tarlouze, et une autre plus menue, basique, normale, tout le tralala. Putain qui ça peut être ? Z ? Allez mon p’tit corps chéri, montre que t’as pas encore les os brisés par la vie, montre que c’est toujours toi qui s’ferait la chèvre si fallait en passer par là pour repeupler la surface de notre planète.

        Mes cannes grincent, mon dos craque. J’essaye d’pas faire de bruit mais on m’a repéré avant même qu’je vienne au monde, c’est pas facile. Les deux inconnus dans la brume ont l’air de s’en foutre. J’me rapproche. La voix du deuxième mec, calme, tranquille, m’paraît pourtant bien juvénile.


        « [...] Et vous me le remettrez à la sortie de l’île. Pas de coup fourré, sinon dites adieu à votre jolie petite commission. »



        J’vais arriver dans l’bureau, mes yeux piquent un peu moins, j’redresse ma voûte pour m’préparer à l’éventuelle discussion et à la plus éventuelle castagne. J’vais pas la jouer aux flingues de suite, j’veux une explication moi.



        « Je partirai pour Impel Down. Vous aurez également...toute notre gratitude. »




        Joe rigole. Alors que j’laisse un œil dépasser pour admirer l’spectacle, j’vois juste un jeune type de dos qui sort par la grande fenêtre, direction les toits d’la principauté.


        « HEY !!! »


        C’cri rauque a pas l’effet escompté et mon télé Z prend tout d’même la clé des champs. Et Joe a dans l’regard cette lueur d’désobéissance qui s’couple admirablement avec son désir d’vengeance. Y’aura qu’un seul rescapé, voilà c’que ça veut dire. Vilain Joe.
        Et son poing s’écrase sur mes joues déjà douloureuses. Et ça commence. La baston, la vraie. Comme dit l’autre, au départ j’étais tranquille j’étais peinard. Même que j’étais accoudé au comptoir.
        Lui non plus veut pas la jouer direct. J’sais pas si les marteaux qu’il a à la place des mains l’rassurent, mais nos guns restent tranquillement dans nos ceinturons.
        Alors qu’il embraye j’lui éclate une bonne bouteille de whisky sur la gueule. Entailles et compagnie, un vrai gâchis.
        On est pas du genre à faire dans la dentelle. Enfin lui les soirs de fête ça m’étonnerait pas mais en c’moment on dirait plutôt deux buffles qui s’départagent pour la puffle (devinez l’association) du quartier. Et qu’on s’fout sur la table, sur la chaise, sur la gueule.
        Mes bras vrombissent sur son foie. Va bien finir par craquer que j’me dis tandis qu’y m’broie les omoplates.
        Alors qu’le quatrième round est entrain d’se terminer, c’qui se dirige vers un match de boxe au points prend une autre tournure. Mon uppercut passe enfin, j’soulève gentiment mon collègue du sol, ses dents craquent sous mes poings puis sur le parquet.

        J’suis debout, lui pas encore. J’suis en sang, lui aussi. Il est temps d’rejoindre Glennus en enfer mon copain.
        C’est l’moment qu’choisit le Mariole pour tricher. Un vrai moscovite ce charlot. Il peut pas perdre dans un semblant d’dignité, faut qu’il en rajoute toujours un peu. Et vas-y qu’il dégaine son Kremlin avec la ferme intention d’balancer ses missiles en passant par mon Cuba. Leçon d’histoire. Et mes Twin Towers sont encore bien droites dans ma Maison Blanche, j’vais à coup sûr m’faire prendre de vitesse.

        Alors j’la joue Apollo 11, j’bondis sur Gagarine et ensemble on traverse l’atmosphère vitrifiée qui nous sépare de l’espace. Le retour sur Terre va faire un p’tit peu mal.

        En bas j’crois distinguer Walty qui en finit avec ses loustics. Moi j’en ai définitivement fini avec mes lombaires. Et encore une fois, j’dois pourtant me relever, c’est un coriace Joe.
        On est là, face à face, les gueules défoncées d’ceux qui ont pas fait semblant, les couilles gonflées d’ceux qui vont jusqu’au bout.
        On a sans doute plus la force d’en revenir aux mains, et là on a plus trop l’temps. La cavalerie va arriver, faut mettre un terme à tout ça.
        Un silence pesant plane soudain dans l’voisinage. Face à face, y’a la brute et la brute qui vont jouer ça à la roulette. J’dis pas russe, l’autre con jouerait à domicile.

        Dans ses pupilles j’sais qu’je vois pour la dernière fois cette colère sourde qui embrase tout un être. J’fais pas souvent l’effort de me concentrer mais ce genre de moments l’mérite. Dans même pas un souffle d’air, l’un d’nous deux ira s’jeter dans les flammes pour se laver avec.



        BANG BANG
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        Pas l'temps d'comprendre que c'est bien la tête du type que tu voulais tabasser que tu tiens dans tes mains mon gros Mitch. Tu le regarde, lui te souris, et te lâche un vieux glairon dans l'oeil. T'as eu le temps de le voir venir celui là ? Non hein, bonnap'.

        Par contre y'a pas l'temps de réfléchir qu'il sait déjà qu'il ferait mieux de réupérer sa tête fissa. Réfléchir ça parmet pas d'agir. L'instinct par contre, ça marche mieux. Des fois.
        La masse a touché, il l'a senti. Et le crachat a bien eut l'effet voulu. Du coup, les deux zigotos sont dans les cordes pour le moment, reste à voir ce que l'autre va faire. Histoire de voir si y'a moyen de se remettre le crâne en place, ou si le vieux n'va pas laisser l'temps pour ça.

        -clic-

        Plus ou moins le bruit que fait un fusil à deux coups quand il a fini d'être recherché. J'fais pas des études en audiodesign moi. Va falloir vous en contenter.
        En tout, c'est le bruit qui dit qu'il va falloir se bouger vite fait. Et c'est donc en aveugle que le corps de Walt' se jette à toute berzingue en arrière. Qu'il court en mode moonwalk et va se heurter contre le grand gugus qui s'essuie les yeux et qu'à pas encore laché le chef de son adversaire. Et ça fait bim, et bam aussi, et bang quand le gris tire mais qu'il loupe. Le bosco voit le ciel, en tournant les yeux un peu il se voit en train de se relever. Se fait prendre d'un coup de nausée mais se retient parce que le temps presse. Toujours à l'instinct, il se figure dans l'espace où les deux parties de son corps se trouvent, se gourre, se corrige et rattrape ce qu'il a perdu. Juste à temps.
        Juste à temps pour quoi ? Pour voir Black Willy sortir ses guns et les pointer sur l'ami Walty. C'est des six coups, ça va plus vite à recharger que la carabine du vieux. Et y'en a deux. Que du bonheur.

        - Famine Shot -

        Se propulsant en ligne droite, légérement décentrée par rapport au flingueur, le bosco évite de justesse le défouraillage en règle. Il s'arrête, net, juste à côté du gus, les pieds parallèle, le centre de gravité bien abaissé, la masse en position. T'as deux millième de seconde pour prendre une photo avant que le coup parte coco. C'est bon ? Ok. D'un seul coup, les hanches du borgne se tournent à nonante degrés et la masse va masser les côtes de Black Willy. Cette fois-ci, il va pas se relever.
        Et Mitch le sent, et Mitch s'énerve. Mitch passe en mode troisième personne et Mitch coure pour venger son pote. Non ses potes. Mitchpocotan fait encore voler ses poings, c'est tout ce qu'il sait faire, mais il touche pas. Il fort, mais lent. Et prend son élan pour frapper. Du coup pour éviter c'est facile. Et c'est facile pour trouver une faille où placer un coup, et un bon. Il suffit d'attendre le bon moment, de trouver le rythme et de placer une note juste avant le temps.
        Et du coup, le Mitch il se prend une pointe de barre à mine dans la cuisse. Mitch a bobo. Mitch crie. Mitch se prend encore un pied dans les parties et de la fonte dans les dents. Tiens, bonnap. Encore une fois.

        Three down, one to go.

        Et le dernier il sent qu'il va pas tenir longtemps. Il stress à fond en voyant Walters Scott s'approcher de lui comme la machine à tuer inaretable qu'il est. Il arrive juste à recharger son arme, en laissant tomber ses munitions mais bon, il se met en joue. Tire. Trop tard, le manche de la masse est assez long pour venir lui casser les doigts et dévier la balle. T'es fini gus. Tu le sais, on le sait, Walt' le sent. Il te colle un baffe pour la forme, parce qu'il a compris que t'es qu'un lâche qui se cache derrière son flingue. Tu gicles au sol et te retrouve à quatre pattes. Tu va déguster. Walt' te chope le crâne et te relève. Tu mouille ton froc comme tu sent que tu va voir l'horizon tourner à 180 degrès...

        "Arrêtes-toi"

        C'est Black Willy. Il s'est relevé le con. Il a attrapé son flingue et vise le pirate. Ce dernier sait que ça sert à rien mais la vue de l'arme le stoppe quand même. L'arrêt d'un instant avant de se rendre compte que c'est inutile. Juste le temps pour que le bon moment arrive. L'arrêt d'un instant pour que la vitre du dessus éclate. Juste le temps pour que le couple de défenestrés s'écrasent sur le chef de la bande. C'est pas des minus faut dire. C'est un bon poids que tu te prend dans la tronche. C'est bon, t'as assez dégusté ? J'espère parce que c'est pas pour ta dernière phrase qu'on se souviendra de toi mon p'tit Willy.
        Le bosco reste encore figé un instant. Avec son pote le gris ils regardent les deux Icares se relever, se faire face. Le patriarche voit pas la suite parce que Walt' c'est souvenu de sa présence et a terminé le boulot. Un sursis qu'a duré assez longtemps. C'est donc un oeil unique qui regarde le duel de flinguaze qui se déroule dans la rue.


        BANG BANG
          L’air est assez doux. Malgré le soleil cuisant qui s’amuse à embraser l’épiderme, le moment qui vient de passer parait onctueux. Le vent n’a jamais semblé si agréable, le sol un peu moins aride qu’à l’accoutumée. Dans une allée dévastée, deux hommes restent immobiles, conscients de leurs actes, esclaves de leurs destins. Le sang coule, le métal fume, le dernier chapitre d’une histoire cocasse vient de se terminer.


          J’regarde mon torse et j’avise le trou fait dans ma tunique. La balle est passée, a raflé, a raté. L’estafilade de sang qui dévale mes côtes me prévient : j’suis encore en vie, c’était pas mon heure.
          Le Mariole m’observe, de ce regard vibrant d’homme brisé victime d’une défaite inattendue et cinglante, avec cette expression pré-mortuaire qui déforme ses traits.
          L’a un trou lui aussi. En plein milieu d’la poitrine. Son sens de réflexion s’échappe par cet orifice, aussi rapidement que son fluide vital qui nappe l’sol d’une mare écarlate.
          Le blondinet fantasque s’effondre, il aura été un adversaire de valeur, même si personne se souviendra d’lui d’ici quelques mois.
          Adieu Joe, on aura bien tué le temps ensemble. Alors que je m’en retourne vers Walty en boitillant, le son mat d’un corps qui s’effondre parvient à mes oreilles. La foudre est tombée, le cœur ne bat plus, il est temps d’baisser le rideau.


          Et bien entendu les joyeuses retrouvailles sont gâchées par des pistoleros qui sortent d’un peu partout pour s’amuser un brin. Faut pas trainer ici, direction la plage, j’sais pas trop c’que je vais y faire mais ça sera toujours mieux qu’la potence.
          Alors on court. Ça fait un mal d’chien galeux et Scottish a apparemment bien envie d’repartir dans la mêlée, mais faut savoir arrêter le flipper quand on reprend les cours.


          « J’te suis. Me demande pas pourquoi. »


          Les fourrés, la forêt, des furets effarés, on a droit à toute la smala pendant notre escapade.
          Et alors qu’on est sur l’point d’arriver à la prétendue destination on a droit a du rab. Des mecs que j’connais pas et avec qui j’ai pas l’intention d’faire un speed-dating.
          Les plombs fusent, les os s’entrechoquent, la tête du borgne roule, que du bonheur.
          Et voilà que j’revois Tahar, sans doute pas très loin d’son navire à lui. Ou des siens j’vois double. Et sa fine équipe qui observe un ours inconnu latter du méchant pas copain.

          Dialogue super énorme avec le capichef, on ressemble à des gosses de sixième, y parle pour rien dire, j’grogne pour rien répondre.
          J’ai pas des masses envies d’tester l’ermitage sur ce bout d’terre. Et un p’tit verre avec mon vieux pote me ferait pas tant chier qu’ça. Une bonne gorgée avec deux mecs qu’y z’en ont des coucougnettes, ça claque.
          J’fais dans la nostalgie, j’me souviens de l’équipage des Sith, où j’étais pas si mal. Mais j’croyais avoir tracé un trait sur ce pan de ma vie. Y’a des habitudes qu’on perd pas, des choses qu’on peut pas oublier, même en s’tailladant la chair pour les faire sortir.

          Ma belle serait sans doute contente, celui qu’je viens de rejoindre est assez brave pour supporter ma non présence. Et tandis qu’on se comprend d’un simple mouvement d’tête, je franchis la palissade qui me guide vers un monde meilleur. Je pensais faire le tour du monde en solo, mais va peut être falloir que j’revois mes exigences à la baisse.
          Le bois craque sous mes pieds, je regarde ma nouvelle demeure.
          Bienvenue à la maison Layr.
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