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A Clash of Kings [Gamof Town]


"SI JE TE DIS D'ALLER TOUT DROIT, TU VAS TOUT DROIT !"
"Raaah, mais laisse-moi diriger comme je veux ! Pourquoi tu veux aller tout droit d'abord? A gauche, c'est mieux."
"PARCE QUE JE SUIS TON CAPITAINE MON GAILLARD. DONC C'EST MOI QUI DIT OU ON VA !"


Il y avait deux choses que Rockfor Egry n'aimait pas. Qu'on le contredise, surtout lorsque c’est juste par esprit de contradiction, et qu'on lui donne des ordres.

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La royauté est un concept relativement crétin. Mais la stupidité du peuple n'est plus à démontrer. N'importe quel quidam peut se proclamer roi. Ceux qui le sont vraiment sont nettement moins nombreux. C'est étonnant d'ailleurs. Rares sont les petites gens qui souhaitent devenir Seigneur ou Empereur. Encore moins nombreux sont ceux qui ne veulent rien, satisfaits de ce qu'ils sont. Rockfor Egry ne voulait pas s'autoproclamer suzerain d'un quelconque patelin. Non, lui, désirait l'être, tout simplement. Que tout le monde le reconnaisse comme tel. Que personne sur son chemin ne puisse le contester. Il souhaitait ardemment faire partie de ces gens qui sont rois parce que le monde en a décidé ainsi. Mais pas que le roi d'un simple pays et de son simple peuple. Mais d'un monde. Se dresser au-dessus de tout. Dans une monarchie, on dit que le roi est désigné selon Dieu. Rockfor s'était désigné tout seul, comme un grand. Et un jour prochain, il comptait bien désigner lui-même qui méritait d'être juste en dessous de lui. Hélas pour sa propre poire, le bonhomme n'était, au stade actuel, qu'un simple pécore vaquant à des rêves de puissance. Il était n'importe quel quidam. Et il le savait très bien. Le monde ne se gagne pas d'un coup, d'un seul. Il marche par étapes. Il ne serait pas roi du monde sans être roi des Blues. Il ne serait pas roi des Blues sans être roi des îles sur lesquelles il passe. Et cætera. L'avantage de notre héros résidait en un simple point. Il ne partait pas de rien. Car même s'il avait de la sérieuse concurrence avec les bonhommes qui l'accompagneraient plus tard dans ses aventures, Rockfor Egry était, est et restera roi des cons.

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Théodore Fraputt portait une paire de lunettes et était bien coiffé. Deux choses récurrentes sur une grande partie des gens cultivés. Depuis peu, je me dirige naturellement vers ces gens-là lorsque j'accoste quelque part au fur et à mesure de mes voyages. Sinon, c'est le bordel. Et on ne comprend rien. Y a qu'à voir comment c'était à Panaris. Vous savez, cette grande tour mouvante où j'ai rencontré le grand bougre qui devint mon capitaine, quelques temps seulement après le séjour que je m'apprêtais à passer dans la ville sur laquelle j’avais depuis peu posé le pied. Enfin bref, dans cette tour, tout l'monde s'était accordé à dire que c'était un bordel complet. Et quand je dis tout le monde, je compte évidemment les organisateurs, les quelques rares participants et surtout une certaine rousse, bien que personne ne sache d'où elle sort. Aussi, cette expérience m'avait appris à me renseigner AVANT de me mêler aux affaires qui ne me regardent pas. Et quelle autre personne consulter pour savoir ce qui se passe dans tel ou tel lieu qu'un quidam bien coiffé à lunettes? Personne messieurs. Et c'est bien pour ça que le premier individu à qui j'ai adressé la parole en posant le pied à Gamof Town était Théodore. Bien m'en a pris car j'obtins rapidement la confirmation qu'il y avait quelque chose d'intéressant à savoir sur cette ville. Mais le bonhomme, curieux, avait voulu entendre mon histoire d'abord. Mais j'sais pas raconter des histoires. Alors nous nous sommes installé dans un bar et j'ai parlé de cake aux olives. Mais faites fi de la conversation, allons directement à la partie intéressante.

"ET EN FAIT LE SOUS-MARIN ETAIT VIDE !"
"BRAVO ! Superbe histoire, vraiment. J'ai rarement vu ça."
"Merci, merci. Je savais que ça plairait. Enfin bref, maintenant que j'ai raconté mon histoire, à toi de me raconter celle que tu m'as promise, jeune Théodore."


Il soupira.

"Vraiment... ce n'est pas le genre de choses que j'aime à raconter. Mais comme nous l'avions convenu, je suppose que je dois vous expliquer exactement ce qui se passe à Gamof Town."
"Ouais."
"Vous savez... Avant, il y avait un roi. Le roi Dad D. Dou, qu'il s'appelait. On le surnommait "King DDD.". Une sorte de gros pingouin avec un marteau et un fort accent du Sud, là où ils aiment faire des pâtes et des pizzas. Et bien ce roi-là, il est parti y a un sacré paquet d'année maintenant. On ne savait pas trop pourquoi au début. D'après ce qu'on a tous comprit, il s'était fait enrôler dans un équipage pirate un peu tordu. Et pas forcément de son propre gré. Vous avez peut-être entendu parler d'eux par le passé, mais aujourd'hui, il y a bien peu de monde qui puisse dire où se situe ne serait-ce que le moins éminent membre des Pirat's. Et encore moins leur capitaine. Il était beau ce Nora Niji. Et pas physiquement, j'entends. Il était... grand. C'était un simple humain pourtant. Si par hasard vous avez entendu parler de lui, alors on vous aura également parlé de son plus fidèle compagnon, un bucheron géant dont le niveau intellectuel était inversement proportionnel à sa grande taille, ainsi que de sa sœur réputée pour être une sacrée salope qui fait cuire des pâtes. Aaaah, ils étaient beau les Pirat’s, dommage qu'il y a quelques années, ils..."
"Holà, je t'arrête mon bonhomme. Je me fous bien de savoir avec qui est parti ton Dad D. Dou , ni qui est ce bonhomme. Ce que je veux savoir, c'est ce qu'il s'est passé après son départ. Rien à foutre de tes Pirat's moi, c'sont surement des tarlouzes."
"Je euh... Bien. Pour en revenir au King DDD... il était un roi très contesté, et ce par l'ensemble de la population. Mais il était balèze. Et c'est la plus grande raison qui l'aida à garder le trône de Gamof Town durant les années où il y a siégé. Car nombreux étaient les habitants qui voulaient prendre possession du pouvoir. Ca a toujours été dans la logique de la ville. Des émeutes, des rébellions... On en a vu partout et par tout temps. Aussi loin que remonte l'histoire de notre patelin, jamais le pouvoir n'avait été serein, excepté sous les années de règne du King. Aussi, quand il partit sans désigner de successeur... la ville devint le théâtre de la plus grande guerre civile qu'elle ait jamais connue. Les lois du royaume sont claires pourtant : pour devenir roi, il faut soit être désigné par le précédent, soit prendre le pouvoir par la force au dirigeant actuel. Dad D. Dou a bafoué cette règle en ne désignant personne et en ne tombant jamais face à quiconque."
"Quel est le roi actuel alors?"
"C'est justement le problème, mon garçon. Quand le King prit le large, la ville comptait 12447 habitants. Et parmi eux tous, 931 bonhommes se sont autoproclamés nouveau roi. Et chaque rencontre entre deux rois au coin d'une rue fut sujette à duel. Et chaque duel fut sujet à batailles entre partisans de l'un et de l'autre. Et chaque bataille fut sujette à guerre. Vous savez parfaitement à quoi les guerres mènent. Morts et blessés parsemèrent les routes pendant des années, l'intensité des affrontements ne diminuant jamais, ou presque. Gamof Town était une terre de feu et de sang. Et jusqu'à une douzaine d'années encore, la guerre civile fit rage."
"Qu'est-ce qui a changé?"
"Le retour de Kold Windz. Un pirate primé à quelques 12 millions de berrys qui a échoué sur Grand Line, mais qui a eu vent de la situation dans son pays natal. Il s'autoproclama candidat au trône à son tour et calma les ardeurs d'une bonne partie des rois survivants, la plupart se retirant alors de la course au siège suprême. A juste raison car il ne manqua pas d'écraser un à un chaque ennemi qu'il croisait sur sa route. En face de lui se dressa alors une alliance entre la bonne dizaine des candidats restants, bien décidés à se débarrasser du gonze avant de se remettre sur la tronche. C'était sans compter sur la fourberie de certains des membres de l'alliance et le talent de Kold à tuer ses adversaires. Seulement aujourd'hui, la situation a tendance à stagner."
"Laisse-moi deviner. Kold et l'alliance continuent toujours à s'opposer seulement le pirate ne parvient plus à trouver ses adversaires qui eux, ont arrêté de se trahir mutuellement et préparent un plan pour se débarrasser de leur grand ennemi?"
"Pas tout à fait. Disons simplement que Kold se heurta rapidement à Tatch Kavinsky. Le leader officieux de l'alliance. C'est le seul ennemi que Kold ne parvint pas à défaire. Au contraire, le combat qui l'opposa à lui laissa clairement des marques au pirate. Depuis, celui-ci se cache de tous les regards pour ne plus éliminer ses adversaires que par affrontements indirects. Il en a déjà éliminé deux comme ça. Il sait que ceux qui lui survivent aujourd'hui sont incontestablement les plus forts et les plus malins. Et ces derniers n'osent plus vraiment sortir seuls."
"Je vois. L'un se cache, les autres ne s'affrontent pas et préservent leur sécurité... Que reste-t-il finalement?"


"Sur les 12447 habitants qu'il restait au moment du départ du King DDD, il ne reste plus que 9600 bonhommes et des poussières. Et sur les 931 rois... Il n'y en a plus que quatre."
"Cinq."
"Hein? Mais..."


Rien ne put camoufler le petit sourire qui se dressa sur mon visage alors que je relevai le regard, surement brillant d'excitation, pour les planter dans ceux de Théodore.

"Il reste cinq rois. Pas quatre."

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"Ssa fait neuf mois et quinze zours que Kold a b-b-buté Lord Hipssster !"
"Pster."
"C'est con, je l'aimais bien ce bougre-là."
"Pourtant tu disais que tu ne l'aime pfas du tout !"
"Bah c'est le cas. JE DECONNAIS ! JETAIHUHUHUHU !"
"... ze vois. En attendant, plus rien ne bouze. Faut trouver Kold mes zamis, zinon ni Tatch, ni toi, ni moi n'allons devenir rois... Vous zouhaitez vraiment rien ffaire? Parze qu'il serait temps de se bouzer, bordel de dieu !"
"Eu."
"Bah en fait... Si c'est vrai, nous devrions t'écouter, mon bon Gontran. Parle, je te suivrais."
"Ah bah ssa, z'est gentil dis-donc ! Je pensssais qu'on pouvait sse dire que..."
"JE DECONNAIS ! JETAIHUHUHUHU !"
"Haha, ce bon vieux Sacray D. Koneur, c'est bien toi qui m'donne le sourire tous les jours. Cela dit, Gontran a pas tout à fait tort. J'en ai marre de garder mon cul sur ce trône moisi s'il n'appartient pas qu'à moi. Faut se débarrasser de Kold, et presto. On sait tous les trois très bien que si le moindre des quatre derniers rois tombe, le dénouement de cette trop longue guerre suivra."
"Bah zoui ! M'enfin bon, vous ne sssavez rien de Kold sinon qu'il est allerzique à la peinture acrylique."
"LYQUE !"
"Tu sais Gontran? J't'aime pas en fait."
"Hahaha, zette fois c'est drôle !"
"Ah non, mais, ce n’était pas une blague, hein."
"Essspèce d'enfoiré ! Chez toi, le sssérieux ou la déconne, ze ne sssais pas les difffférensssier !"
"Férancier."
"Je te concède que si Kold n'était pas là, cela dit, Tatch et moi serions surement déjà morts."
"Mersssi. C'est déza ça de pris."
"JE DECONNAIS ! JETAIHUHUHU !"
"Haha, ce Sacray D. Koneur."
"MESSANT ! ET C'EST FAUX EN PLUSSS !"
"MAIS T'ES CON OU QUOI ? FALLAIT REPONDRE "Koneur." ! TU COMPRENDS RIEN A RIEN TOI !"
"Mais euuuh !"
"En attendant, Sacray dans un sens, relève un point important. C'est que des quatre rois encore en vie, tu es celui qui a le moins de chance d'être le dernier, j'espère que tu t'en rends compte. Si tu es toujours là, c'est parce que t'es le seul à connaître un minimum Kold et à nous empêcher de nous faire avoir. On a besoin de toi, c'est pour ça que tu es là."
"Esstimez-vous ssanceux de ne pas m'avoir contre vous !"
"Ne te leurre pas, Gontran. Quand bien même tu arriverais à nous éliminer, tu ne serais pas assez fort pour attraper Kold seul. Et si jamais nous dénichions Kold, tu seras bien incapable de te débrouiller contre nous. En vérité, ta seule chance serait de t'allier à celui que nous traquons depuis quelques semaines déjà. Et je sais que tu vas le faire."
"Bah puisssque c'est comme ssa, ze vais le faire oui !"
"Nan tu vas pas le faire. Et tu sais pourquoi? PARCE QUE JE DECONNAIS ! JETAIHUHUHU !"
"Et pourquoi ze le ferais pas?"
"Parce que tu as un égo bien trop surdimensionné pour ça."
"Mensionné pour ça."
"Tu pensses me faire peur? Z'ai peut-être la plus petite ssance de gagner, mais aussi la plus petite ssance de perdre !"
"Effectivement. On ne te touchera pas parce que nous avons besoin de toi et tu es assez intelligent pour savoir que si tu nous dis ce qu'on veut savoir, tu ne vaux plus rien. Et Kold ne te touchera pas parce que tu le connais trop bien, tu sais comment il marche. Alors oui, tu as la plus petite chance parmi tous de te faire éliminer le premier. Mais tu ne seras pas le dernier. Et dès que tu seras tombé, on pourra être certain que tout se terminera très vite. Et tu sais pourquoi? Parce que ça voudra dire que soit Kold, soit Sacray et moi auront disparu. Peu importe qui reste... une fois que tu seras tombé, on pourra dire quelques courtes heures après que la guerre des rois est terminée."
"Ze sais. Ze sais, tout ssa. Bande di connards."
"Connard."
"M'INSULTE PAS, JE SUIS VEXE !"
"Tu déconnes non?"
"Petit salaud, tu me connais trop !"
"Ze voulais pas dire "di" ! Ma langue a rippé !"
"Péhéhéhéhé"
"Oh, tu innoves?"
"Ouais, je trouvais l'idée sympathique."
"Vous me faites zenre VRAIMENT ssier. Ze me casse."


Alors Gontran Poiscaille se cassa. Tatch Kavinsky, du haut de son trône, jeta un œil -pas littéralement hein, ce serait sale- en direction de Sacray D. Koneur, assis sur un siège confortable, un peu plus bas. De tous les rois, il n'aimait bien que celui-ci. Mais si jamais Kold et Gontran venaient à tomber, Sacray se battra. Tatch le savait.

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Théodore me fixait d'un air qui mêlait amusement et intérêt. Quant à moi, j'ajustais doucement mon chapeau. Et me levai de la table sur laquelle nous étions installés depuis un certain temps déjà. En rajustant mon costume blanc, je m'interrogeai sur la manière de procéder pour débusquer et vaincre chacun des quatre bonhommes que je devais écraser pour parvenir à mon objectif. J'ai voulu me mêler à cette guerre et j'étais bien décidé à ne pas partir avant de gagner. Mais de toute évidence, et parce que j'étais bien incapable ne serait-ce que de reconnaître un des ennemis dans la rue, j'aurais besoin d'aide. Et cette aide s'appelait Théodore. J'invectivai à celui-ci de se lever à nouveau et de me suivre. Il hésita quelques secondes avant de se dresser à mes côtés. Et nous sommes sortis du bar. Nous marchâmes jusqu'à l'entrée la rue principale qui traversait presque de bout en bout le patelin, reliant le port, autour duquel j'étais principalement resté depuis mon arrivée, au grand château dans les hauteurs de la ville. Une longue, très longue route grimpante, qui symbolisait finalement le chemin que j'avais à parcourir pour me dresser au sommet de Gamof Town.

"Okay Théodore. A partir de maintenant, tu es mon tout premier sujet. Et arrivé là-haut, toute la ville te suivra. La seule utilité d'un sujet, c'est de servir son maître, tu sais? Aussi, arrange-moi un peu. Dis-moi ce que j'dois savoir."

Théodore émit un sourire amusé avant de bailler un coup. Puis il se posta debout, face à moi, au beau milieu de la rue et désigna le peuple qui l’entourait, attirant là l'attention de quelques manants. L'un d'entre eux s'approcha un peu très près au gout de Théodore qui l'envoya paître un peu plus loin avec une agressivité que je ne lui connaissais pas encore. Puis il rajusta ses lunettes et se racla la gorge.

"C'que tu dois savoir, c'est premièrement, et surtout, que la ville ne va pas t'accepter en tant que prétendant au trône simplement parce que tu as décidé de te mêler à la lutte. Dad D. Dou est parti y a précisément 42 ans, et cette guerre dure depuis presque autant de temps. Et ces quatre-là sont dans la course depuis au moins 10 ans. A moins de faire quelque chose de purement exceptionnel, tu ne seras pas un roi reconnu du jour au lendemain. La première chose que tu aies à faire, c'est convaincre le peuple."
"Facile ! Admire. Hey les filles ! Oui, la blonde à gros seins et la brune qu'a plus de cheveux sur la gueule que de peau ! Venez par-là !"
"Ouaich, vas-y Vaness', qu'est-ce qu'il nous veut c'mec trop con, là ! Genre il est habillé en blanc en plus, trop con le mec lol, T'ES TROP PAS IN, quoi!"
"J'sais pas Kevina, mais s'il croit avoir la classe il est TROP MOCHE quoi, hihihi, j'préfère trop le look de Gontran Poiscaille, lui, c'est une star, hiiiiiiiiiiiii !"
"Hiiiiiiiii !"
"Je suis votre nouveau roi, femmes ! Considérez-moi comme tel."
"LOOOOOOOOOOL, LE MEC QUOI, TROP UN BOLOSSE !"
"Hihihihi, allez viens Vaness', on ne traîne pas avec des LOOOOOSEEEEERS !"


Le blanc qui suivit dura facilement cinq minutes. Une pour comprendre que j'avais été pris pour un con, quatre pour réaliser que j'avais été pris pour un con PAR des connes. Chaud. Et bien sûr, Théodore pouffait derrière, tout comme les quelques témoins qui avaient discrètement écouté le début de la conversation entre lui et moi. Je réajustai alors mon chapeau, puis me tournai de nouveau vers mon allié, comme si de rien était. Ce dernier reprit calmement son souffle et me fit signe de la tête qu'il était apte à continuer la conversation.

"Hm. Convaincre le peuple par un coup d'éclat donc. Parce que je n’ai pas envie de me traîner ici quarante ans. Je dois savoir autre chose?"
"Ahem... Disons simplement que convaincre le peuple risque d'être la partie facile. Un coup d'éclat est une valeur sure pour convaincre le peuple, mais comment le faire? Il est important de noter qu'une population est composée de 90% d'abrutis, et ce sont eux qu'il faut convaincre. Dis-toi bien que le meilleur moyen d'être reconnu comme un candidat potentiel au trône, c'est d'être reconnu par les quatre autres, et quel que soit leur caractère, ils écoutent le peuple, car ils savent bien que sans l'appui de celui-ci, un roi est bien vite renversé. Si le peuple leur parle unanimement de Rockfor Egry, alors ils seront bien obligés de s'intéresser à ton cas. Bien d'autres que toi se sont essayé à se mêler à la guerre des quatre rois jusqu'à aujourd'hui, mais quoiqu'ils firent, personne ne les prirent jamais au sérieux, leur coup d'éclat étant trop peu éclatant ou beaucoup trop suicidaires pour fonctionner. En bref, si tu veux être roi de Gamof Town un jour, ce n'est pas moi qu'il faut convaincre, mais les deux demoiselles qui t'ont foutu un vent tout à l'heure et tout le reste de la ville."
"Bordel, ça risque d'être compliqué. J'aime pas réfléchir, donc tu le feras à ma place. Si tu pouvais le faire presto ça m'arrangerait. Ce sera ton nouveau titre : "Préposé au coup d'éclat". Ça te va?"
"Haha, si tu veux, mais ne te leurre pas, même si j'y réfléchis pour toi, ça prendra un certain temps. Aussi, ça nous permet de réfléchir en parallèle à comment aborder la suite. Et autant t'expliquer celle-ci dès maintenant si tu ne veux pas te faire surprendre."
"La suite? Je suppose que tu parles de Tatch, Kold et des deux autres?"
"Je dirais même plus, PRECISEMENT des deux autres, Sacray et Gontran, mais je vais te parler des quatre. Cela dit, si j'insiste sur les deux premiers, c'est parce qu'ils sont les plus faibles du lot, sur le papier. Or, si tu veux dresser un semblant d'égalité entre Tatch, Kold et toi, il faut d'abord se débarrasser des deux alliés du premier."
"Je vois."
"Vraiment?"
"Non. Il suffit que je me débarrasse des quatre pour devenir roi. Pour moi, ça va pas plus loin que ça. Peu importe l'ordre."
"Hahaha, tu es un sacré bougre, bonhomme. La raison voudrait que je te pousse à abandonner plutôt qu'à t'expliquer. T'as ni le physique d'un gagnant, ni l'air bien malin. Mais j'sais pas pourquoi, tu m'donnes envie de parier sur toi. Au moins pour rigoler."
"Y a pas à rigoler. Quand t'arrives quelque part et que t'as le choix, tu ne décides pas d'être un trouffion quand tu peux être un seigneur. Tu ne décides pas de manger du jambon quand t'as du canard. Tu ne vas pas prendre une clio quand tu peux choper une mustang ! TU VAS PAS PRENDRE UNE PUTAIN DE PLUME QUAND T'AS TOUTE UNE AUTRUCHE A COTE !"
"Je vois pas trop le rapport, mais ça s'tient."
"N'est-ce pas? Donc continue. Dis-moi qui sont mes adversaires."
"Banco. Commençons par tes adversaires principaux alors. Tatch Kavinsky et Kold Windz. Le premier est un vieux sexagénaire aujourd'hui. Depuis ses quinze ans, il veut le trône. C'est probablement le bonhomme que le King a du remballer le plus quand il était au pouvoir. C'est un féru de jeux de mots foireux, et très surement le plus crétin de tous les candidats au trône qui restent. Mais c'est sans conteste le plus fort. Si l'âge ne lui réussit pas particulièrement, il reste le meilleur lanceur de couteaux que Gamof Town ait connu. Pour la simple et bonne raison que depuis sa tendre enfance passée dans un cirque jusqu'à aujourd'hui, il n'a cessé de s'amuser avec ceux-ci. Il est rapide, précis, instinctif, à tel point que personne n'est jamais parvenu à parvenir assez près de lui pour atteindre à ses jours, ou à viser assez vite pour se débarrasser de lui de loin. S'il est toujours en course pour le trône, c'est parce qu'il est invaincu, et n'importe lequel de ses concurrents a désormais peur de l'affronter. Il a, seul, débarrassé Gamof Town d'un bon tiers des candidats au trône qu'elle ait connue. En vérité, Kold et lui sont de très loin les deux meilleurs combattants de cette ville. Sauf qu'à la différence de Kold, Tatch ne sait pas réfléchir, et c'est pour ça qu'il a tant besoin des deux autres bonhommes à ses côtés. Heureusement pour lui, le peuple sot ne sait pas que c'est un abruti, vu que devant lui, il répète presque mot pour mot ce que ses alliés lui disent."
"Kold et les deux autres sont donc incapables de le vaincre loyalement, en vérité. Cela dit sa débilité camouflée est un point crucial pour ces trois-là non?"
"Exactement. Si Tatch n'a pas encore gagné, c'est parce qu'il a besoin de ses alliés pour trouver son principal rival. Mais les autres n'ont pas besoin de lui. Ils attendent juste le moment où ils pourront profiter de sa stupidité pour l'avoir. Kold, lui, attend une ouverture dans la garde de Tatch pour l'attaquer par surprise. D'ailleurs, s'il est si difficile à surprendre, c'est parce qu'il est lui-même la reine des putes et n'hésite pas à attaquer par derrière. M'enfin ne te leurre pas, pour toi, Tatch reste le principal ennemi. Je ne te servirais pas toujours de cerveau, et étrangement, je ne te sens pas assez fourbe pour l'attaquer autrement que frontalement."
"Ca veut dire quoi frontalement? Fin non, dis pas, ça va m'donner mal au crâne. Moi, j'leur pète la gueule et puis c'est tout. M'enfin, j'ai compris pour Tatch. Con, mais fort, mais con. Ça m'suffit. Parle de Kold maintenant. Il a l'air plus rigolo."


Théodore soupira.

"Je sais nettement moins de choses sur Kold. A part ce que tous savent, en réalité. A savoir que lui et Sacray sont nés à quelques jours seulement d'intervalle, il y a de cela 36 ans, et que ces deux-là s'entendaient comme cul et chemise à une époque. Seulement Kold a choisit de devenir pirate et s'est embarqué dans un galion de passage. Quelques mois plus tard, il en avait prit le commandement on ne sait vraiment comment et une jolie prime de quelques 12 millions de berry venait d'être posée sur sa tête. Mais l'équipage dont il avait visiblement pris la tête de force n'a visiblement pas voulu que le dangereux personnage reste sur le bateau et l'ont jeté après avoir passé Reverse Mountain. Kold comprit alors que les traditions de sa ville ne s'exportaient pas en dehors de celle-ci et que finalement, les coups d'états c'était pas très apprécié. Il mit quelques années à revenir sur Gamof Town. Il est revenu ici 12 ans et quelques semaines avant aujourd'hui avec les conséquences que l'on sait. Mis à part ça, on sait peu de choses de lui. On sait qu'il est un formidable combattant, mais on ne sait rien de sa façon de se battre, vu qu'il a toujours mit un point d'honneur à affronter ses adversaires sans témoins, ou en les assassinant froidement à l'improviste. C'est Gontran qui connait le plus ses méthodes, car en vérité, celui-ci a passé quelques semaines à ses côtés, croyant que Kold, qui se présentait sous une fausse identité, n'était qu'un simple admirateur de sa cause. Seulement, lorsque certaines victoires contre des rois auxquelles Gontran n'avait nullement prit parti lui furent attribué, ce dernier comprit que le bonhomme qui l'accompagnait n'était pas net. Du coup, il commença à se méfier de son serviteur le plus fidèle comme de la peste, et bien lui en a prit car, lorsque Kold jugea que le bonhomme ne lui était plus utile, il manqua de l'assassiner lui aussi. Un réflexe hors pair de Gontran lui permit de n'avoir qu'une partie de la langue sectionnée, avant qu'il ne prenne les jambes à son cou à la vitesse la plus élevée à laquelle il ait jamais couru. Kold doit s'en vouloir terriblement de l'avoir laissé filé celui-là, car Tatch et Sacray comptent bien profiter de ce que sait Gontran de ses méthodes pour dénicher l'ex-pirate, tandis que ce dernier est bien incapable d'attaquer le  roi à la langue en vrac, vu que celui-ci ne prend plus jamais le risque de se déplacer seul. Gontran a de la chance d'être intelligent et d'avoir rencontré Kold, sinon sa prétention et sa confiance surestimée en lui l'auraient déjà tué. Et plusieurs fois."
"En gros, Kold, c'est aussi la reine de putes quoi. Et apparemment, Gontran est un beau lâche prétentieux. Y en a pas un qui a de l'honneur, ou un truc comme ça?"
"Y a bien Sacray."


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"Alors, ce feu?"
"Sacray-pite."
"En fait, j'en ai rien à foutre de ce feu ! JE DECONNAIS ! JETAIHUHUHU !"
"Pour en revenir à la discussion de tout à l'heure, tu devrais engager des espions pour suivre Gontran pas moi. Sacray-rait des emplois."
"Dis plutôt que t'as la flemme pécore. Je pense déjà à ta place, j'vais aussi aller faire les besognes à la con tant que j'y suis."
"Bah oui, Sacray-pant."
"Bon, je déconnais, mais t'es pas drôle."
"Ohlala, c'est rare qu'entre nous, Sacray-pe le chignon."
"JE DECONNAIS, T'ES DROLE ! JETAIHUHUHU !"
"Haha, j'me suis fait avoir alors que Sacray-vait les yeux. Bien joué !"
"Fin, plus sérieusement Tatch, faudrait vraiment que t'y ailles. J'ai définitivement pas confiance en ce type. Qu'on ne le surveille pas et on aura du cyanure dans le verre. ET DIEU SAIT QU'ON AIME PAS LE CYANURE PAR CHEZ NOUS !"
"AH CA ! LE CYANURE, SACRAY-TINISE !"
"OUAIS !"
"Et oui, on n’est pas des cons nous, Sacray-vindiou !"
"Le cyanure, ça crétinise pas hein, ça tue. Quand j'ai dit "Ouais", JE DECONNAIS ! JETAIHUHUHU !"
"En attendant, qu'il nous tue et Sacray-débiliserait son envie d'être roi et pas simple sous-fifre."
"Bah ouais. Je te le répète souvent Tatch, méfies toi de cette mauvaise poiscaille. Elle est la clé qui peut te perdre, toi comme moi. Et j'ai une promesse à tenir, même si elle ne me plaît pas trop. Alors ça m'ferait chier de mourir."
"Haha, quel déconneur. Toi, une promesse? Laisse-moi rire, va ! Enfin bref, j'y vais, avant que tu me sortes encore ta devise à la con. "Pour éviter la putréfaction d'envahir le bois de ce trône, créosote les plaies avant qu'elle ne s'y infiltre" hein? T'inquiète pas va, Sacray-osote."
"Bordel, t'es allée la chercher loin celle-là."
"Nan, c'est le narrateur. C'était ça ou Sacray-me, mais il voyait pas trop comment l'placer. Enfin bref, je file ! Et déconne pas trop avec MON trône. Où je te plante ce couteau dans le dard."
"Haha non, merci, j'en ai pas la moindre envie."


Sacray D. Koneur regarda Tatch filer à la vitesse de l'éclair à travers la salle du trône pour passer à son tour la grande porte. Ca faisait bien longtemps qu’il ne se s'était pas retrouvé seul dans ce grand bâtiment. Il ne savait pas trop si ça devait lui plaire ou non. Il se leva de son fauteuil pour gravir les marches qui le séparaient du trône qu'occupait habituellement le vieillard. Il s'avachit sur le siège qu'il trouvait particulièrement dur pour son fessier. Il soupira un long coup et posa la tête contre son poing en fixant la grande porte, quelques vingt mètres devant lui. Il n'avait qu'une envie, c'était de la franchir lui aussi. Mais il se l'interdisait. Il repensa à ce que lui disait Tatch quelques secondes plus tôt seulement. Et un sourire triste envahit son visage.

"Je déconnais pas, ducon."

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Gontran Poiscaille grommelait sans discrétion au beau milieu de la grande rue de Gamof Town. Plus que jamais, il haïssait ses deux compères de l'alliance, tout en sachant qu'ils avaient pertinemment raison. Il leva rapidement les yeux pour vérifier que ses fidèles étaient toujours là, sur un cercle de deux mètres de rayon autour de lui, pour le protéger de toute attaque de Kold. Ses gardes faisaient bien leur boulot, et ce depuis plusieurs mois. Kold n'avait jamais osé l'approcher avec tant d'ennemis à défaire. C'était presque une fierté pour lui d'être un intouchable. Il se savait être la clé de la situation. Le point central, le manipulateur... Il détenait le pouvoir sans être roi, en vérité. Et le peuple le savait, car c'était bien Gontran Poiscaille qui détenait le nombre le plus important de fidèles. Certes, une grosse majorité de ces dits fidèles était le peuple féminin de Gamof Town qui avait trouvé en lui une icône de mode, une sorte de star immunisé contre la justice, riche et puissant à l'échelle de la ville. Et malgré sa langue en mauvais état, Gontran avait la chance d'être plutôt beau gosse. Il n'en fallait pas plus pour séduire le petit peuple, il le savait. D'autant que ça faisait déjà quelques années qu'il était dans la course au trône sans, comme Tatch, n'avoir jamais craint personne, si on excepte la mésaventure Kold. "Tout homme ayant du pouvoir est tenté d'en abuser". Gontran en représentait l'exemple parfait et de ses trois rivaux, il était le seul à le faire. Seulement, il le faisait de manière exécrable. Le peuple adorait son apparence, mais personne n'aimait le personnage. Il était l'image que tous voulaient attendre, pas l'homme qu'on voulait être. Mais ça, Gontran n'en était pas conscient. Aussi, il était tous les jours plus désagréable. Et depuis déjà deux semaines, sa nouvelle manie consistait à voir les gens s'agenouiller sur son passage, comme ils s'agenouillent sur le passage des tenryuubitos, ces célèbres nobles dont il voulait tant devenir le simili. Aussi, lorsque Gontran vit cet homme en blanc, debout, devant lui, il s'empressa d'augmenter l'allure afin de se rapprocher de cet individu à l'air niais qui commettait le seul affront qu'il ait connu depuis longtemps. Et lorsqu'il fut arrivé assez près, ses gardes toujours autour de lui, tous touts proches du bonhomme qui insultait leur maître en étant simplement levé, il hurla.

"TOI ! QUI ES-TU POUR OSER AINSSSSSI INSSSSULTER TON MAITRE, PETITE SSSOUS-MERDE DE PAYZAN ?"
"Moi? C'est Rockfor Egry. Pourquoi?"




"AZENOUILLE-TOI, MAINTENANT ! SSINON JE M'EMPRESSSSSE DE TE TUER MOI-MEME !"
"Je ne m'agenouille que devant Dieu."


Le bonhomme regarda à droite, à gauche, devant, derrière... Et même sous son chapeau. Puis il haussa les épaules et esquissa un sourire amusé.

"Je n'le vois pas ici."

Le visage de Gontran vira de la haine à l'incompréhension. Pour la première fois depuis qu'il était roi, un simple pécore du peuple le ridiculisait en public. Pour la première fois depuis qu'il était roi, il se sentait furieusement con. Pour la première fois depuis qu'il était roi, il venait de retomber au niveau de monsieur tout le monde l'espace d'un court instant. Cette cruelle impression d'avoir quelqu'un qui vaut mieux que soi en face. Il était complètement désemparé. Une sorte de peur panique l'envahit. Que faire? Comment faire? Comment laver cette crasse que ce bonhomme aux habits immaculés venait de lui faire subir? Comment réaffirmer au monde sa domination? Il ne savait pas. Il ne savait pas du tout. Alors la logique du faible s'appliqua dans son esprit. Le roi a raison, le reste a tort. Toute personne qui s'oppose au roi mérite la mort. Il fit signe à l'un de ses gardes d'approcher et prit le revolver qui se tenait à sa ceinture. Et le pointa vers Rockfor Egry.

"Apprends ssa, manant. On ne sse moque pas de sson roi. Zamais."
"T'es pas mon roi, bonhomme. J'ai pas de roi. Et tu sais pourquoi?"


Gontran secoua la tête, curieux d'entendre ce qu'il croyait être les derniers mots de son interlocuteur. Rockfor Egry poussa un léger rire, comme si la réponse était évidente.

"Parce que C'EST MOI, le roi."

Et Gontran éclata de rire. Un rire nerveux, qui plus est. Il se posait les mains sur les genoux pour ne pas tomber, pris de spasmes comme il l'était, envahi par cette bonne tranche de rigolade. Il fallait le comprendre. Qu'un quidam, certes bien habillé, se tenait là et se prétendait roi d'un autre alors que personne ne le connaissait, qu'il n'avait aucun droit... Il était qui, lui, à s'autoproclamer roi? Il se prenait pour quoi? Les larmes coulaient sur les joues de Gontran lorsqu'il releva la tête en direction du dandy en blanc. Et qu'il se rendit soudain compte que ses gardes étaient partis en douce, pour la plupart. Soudain prit de panique, il chercha un allié dans la foule et posa les yeux sur l'un de ses fidèles qui ne s'étaient pas enfuis. A ses côtés, un homme d'une trentaine d'année, à lunettes, bien coiffé. Celui-ci avait la main posée sur l'épaule du dernier garde du corps que Gontran voyait. Et ce dernier écarquilla les yeux. Pas maintenant, pas ici. Le roi ne riait plus. Il était seul..

"Non... non ! Z'EST IMPOSSSSIBLE !"
"Au lieu de me regarder, regarde plutôt le nouveau roi, crétin."

Gontran ne comprit pas tout de suite. Mais lorsqu'il reposa les yeux sur Rockfor Egry, il n'eut pas non plus le temps de se défendre que la bouteille de rhum vide s'enfonçait déjà son crâne. Qu'un premier morceau de verre vint pénétrer sa chair tandis qu'un autre lui transperçait l'œil droit. Un grand morceau tranchant rentra dans sa bouche et vint sectionner encore un peu la langue du roi poiscaille. Il tenta de la recracher, mais il s'étala par terre avant. Et d'un seul coup, il sentit le sang lui monter à la tête et couler en dehors de celle-ci. Il ne parvint plus à respirer, suffoqua. Sa vision du monde devint floue. Il tendit l'oreille pour la dernière fois...

"Hiiiiiiiii Kevina, regarde-le comment il est TROP BEAU quoi ! Vas-y Rocky chéri, tu es mon roi, tu es ma star tu es mon êeeeetre hiiiiiii, j'suis amoureuuuuuuuse !"
"Lol t'as trop raison Vaness', Gontran Poiscaille c'est trop moisi comme nom, ouais, ça puait le poisson looool, maintenant on a, hiiiiii, un nouveau trop booooo ! Sois mon homme pour cette nuit, hiiiii, je vivrais mon rêve ! hiiiiii"


Pour n'entendre qu'un peuple conquis.

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Dernière édition par Rockfor Egry le Ven 16 Aoû 2013 - 5:49, édité 3 fois
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"Et donc, me voilà. Roi. Roi de tooouuut un royaume. Qui aurait pu penser ça, hein? Huh, pas moi. Vous savez sans doute qui sont tous vos ennemis maintenant, parce que moi oui.  Je ne voulais pas les connaître. Et oui, je suis peut-être roi, j'ai tout l'argent de la ville... et tout le royaume... et tous ces trucs."

Sacray désigna les rideaux, les sièges, les tapis et toutes les richesses dont recelait la salle du trône de Gamof. Il poussa un long soupir.

"Mais vous savez... je ne pense pas que je veux ça. Je veux juste rentrer à la maison, avec Berri et... j'sais pas... une bouteille de bière. Hmmm Ça ne va pas arriver. C'est vrai ce qu'on dit.  L'herbe est toujours plus verte ailleurs. Et on ne se rend jamais compte de ce qu'on a avant que tout se mette à partir... partir..."

Sacray releva les yeux pour les poser droits dans les miens. Il y brûlait une détermination que peu de personnes pouvaient se vanter d'avoir connu.

"Partir."
"Oh bah, si tu veux partir, la porte est juste l..."
"JE DECONNAIS ! JETAIHUHUHU !"
"AH ! Petit salaud, tu m'as l'air d'être un sacré bougre."
"C't'un "Sacray" tout court, en fait."
"Cela dit, vous serez gentil, vous, de partir à ma place. Ça m'arrangerait."
"Ah bah non, j'veux être roi, moi !"
"Tant pis alors. J'vais être obligé de venir vous trancher le cou."
"Rooooh, quelle violence !"
"JE DECONNAIS ! JETAIHUHUHU !"
"AH ! Petit salaud ! Tu m'as l'air d'êt..."


J'eu juste le temps de me baisser que la lame passa exactement entre ma tête et mon chapeau. Je rattrapais rapidement ce dernier pour le recaler sur ma tête avant de bondir en arrière, au cas où une nouvelle attaque suivrait. Sacray se tenait là, debout, une longue dague en main, avec un sourire provocant.

"Ou pas."

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[Quelques minutes plus tôt]

Tatch s'approcha du cadavre de Gontran Poiscaille qui se tenait là. Il était devenu si pathétique. Il l'était déjà un peu avant certes, mais là, on battait de records. Il avait la tête repeinte presque entièrement en rouge, tout comme une grande partie des cheveux qui lui restaient. Les autres étaient dispersés sur le sol, séparés du crâne de l'ancien roi par les morceaux de bouteilles plantées dans ce dernier. Le verre lui avait écorché la totalité du visage. Un de ses deux yeux pour commencer. A côté de ça, les nombreuses coupures sur ses joues et son front faisaient bien pâle figure, même si pâle est nullement approprié dans le cas qui se présentait là. Tatch fit pivoter la tête de son ancien allié pour observer l'arrière du crâne. Si ce dernier n'était endommagé que comme n'importe quel crâne victime d'une chute en arrière, il eut la surprise de voir sortir de la bouche du bonhomme un joli flot de sang accompagné du reste de langue. Le vieux roi fut pris d'un élan de dégoût et préféra finalement se reculer. Finalement, le roi Poiscaille n'était mort que d'un seul coup bien placé, d'une constitution pas terrible et de sa malchance. Aux yeux de Tatch, Gontran ne méritait que ça. Mais pas maintenant. Et pas comme ça. Tatch attrapa par le col le premier bonhomme qu'il vit.

"Comment? Par qui? C'est tout ce que je veux savoir, poils au dard."
"Je... euh... Mais..."
"Tu étais là ou pas, poils aux bras?"
"O... Oui..."
"Alors PARLE, Crétin, poils aux mains !"
"C'était un type en b... blanc... Il est roi lui... lui aussi et... et Gon... le roi Poiscaille... Il lui a dit de se coucher mais... le type a pas voulu et...  il lui a écrasé une bouteille sur la tête... c'est un vrai roi monsieur Tatch... pas un usurpateur comme... comme d'autres avant lui... Il fait partie de la guerre maintenant... Le roi Rockfor qu'il a dit... Rockfor Egry."
"Et que foutaient les putains de gardes de Gontran? Il sort jamais sans eux, poils aux cheveux !"
"Bah... ils étaient là au début... Mais... mais Rockfor avait un ami à lui qui est venu... et il les a fait fuir... juste en leur tapant sur l'épaule... C'était bizarre... comme s'il les persuadait de faire quelque chose sans avoir besoin de leur dire..."
"A quoi il ressemblait, poil au nez?"
"Je... je vous l'ai dit, c'était un type en blanc et..."
"Pas lui, l'autre, bordel, poil aux ailes !"
"Ah euh... il était de taille normale... avec des cheveux bien coiffés et des lunettes... et il avait un foulard autour du cou... et... et je n’ai pas fait attention à lui beaucoup... le visage fin... Il ressemblait un peu à quelqu'un de connu en ville... mais je saurais pas dire qui."

Tatch balança le citoyen par terre et se mit à courir pour remonter la rue principale de Gamof Town. Même à cette allure, il en avait au moins pour vingt minutes, or Gontran était raide depuis largement une bonne demi-heure selon les passants. Tatch avait surement croisé ses ennemis sur le chemin sans le savoir, et ça l'énervait plus que tout. Il avait perdu l'avantage d'avoir l'homme Poiscaille à ses côtés alors que rien ne laissait le présager. Ce nouveau roi venait de débarquer en ville et présentait un nouveau danger... mais ce n'est pas ce qui inquiétait Tatch Kavinsky. Non, ce qui inquiétait le vieux roi, c'était que Rockfor Egry, en tuant Gontran, avait remis tous les compteurs à zéro. Et que le trois contre un qui tenait depuis plusieurs mois déjà venait de se transformer en deux contre deux. Et son unique allié était actuellement tout seul. Tatch, dans sa course, attrapa le mini-escargophone qui le reliait à Sacray.

"Sacray? Réponds, poils au con !"
"Oui-da?"
"Fais gaffe à ton putain de cul, poils au cul."
"Oh, y a redondance là. M'enfin, qu'est-ce qui me vaut l'honneur de ton inquiétude?"
"Gontran s'est fait descendre ! Nos ennemis vont passer à l'attaque ! Fais gaffe à toi, poils aux doigts."
"Nos?"
"Un type en blanc qui s'appelle Rockfor s'est ajouté à l'équation. C'est lui qu'a étalé la poiscaille, poils à la taille."
"Ah, je vois. Bon bah, si ça peut te rassurer, pour l'instant j'suis bien tout seul dans la salle du trône, donc panique pas."


Tatch poussa un long soupir de soulagement. Son allié était toujours en bonne santé et en sécurité pour l'instant. Il avait besoin de Sacray. Il était trop bête pour avoir les autres sans lui, il le savait.

"C'est bien. Dans c'cas, file te cacher, le temps que j'arrive. Faudrait pas que..."
"JE DECONNAIS ! JETAIHUHUHU !"


Et pour la première fois, Tatch maudit l'humour de Sacray. Et les deux bonhommes qui lui faisaient face par la même occasion.

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Une esquive, puis une autre. Sacray D. Konneur n'était pas en grand épéiste, on pouvait clairement le déceler. Cela dit, il était agile le fourbe. Assez pour m'empêcher de riposter de manière régulière. A croire qu'il n'attaquait pas assez bien pour gagner, mais d'assez bonne manière pour ne pas perdre. La bataille s'étendait dans toute la salle du trône, et elle n'était pas petite. J'étais persuadé de toute façon qu'à la longue, ce serait lui qui fatiguerait le premier. Théodore, lui, avait bougé. Il s'était approché du trône alors que nous nous battions et caressait d'un air soulagé le cuir de celui-ci. Mon regard migra vers lui quelques secondes, ce qui faillit me coûter cher, tant la dague de Sacray passa près de mon bras. Je chutai volontairement en arrière pour esquiver la volée de coup qui suivit, puis fauchai mon adversaire au moment précis où celui-ci abaissait sa lame vers ma tête au sol. Je me relevai sur une pirouette rapide et planta mon pied sur le poignet droit de mon ennemi, empêchant ainsi celui-ci de reprendre sa lame. Haletant, je plantai mon regard successivement dans ses yeux avant de revenir sur ceux de Théodore qui affichaient une mine méfiante.

"On n’a pas été présenté, sinon. Tu dois être Rockfor Egry, j'me trompe?"
"Hm? Oui oui, c'est moi."
"T'es plutôt doué. Je suppose qu'en m'ayant dominé, tu as gagné le droit de m'achever."
"Tu supposes bien."
"JE DECONNAIS ! JETAIHUHUHU !"
"Hein?"
"T'es loin d'être le premier à m'avoir foutu à terre. Loin également d'être le premier à me vaincre. Tu sais, y a pas trente-six raisons pour lesquelles je suis encore en vie dans cette guerre qui nous oppose tous. Y en a deux en fait. La première, parce que je suis plus malin que les autres. La seconde, parce que j'ai installé des explosifs dans tout le château et que seul mon bon état garanti le fait qu'ils n'explosent pas."


De sa main gauche, Sacray détacha sa veste laissant apparaître un joli clignotant rouge au niveau de sa poitrine. Son visage s'illumina d'un sourire amusé. Le mien reflétait la douce impression de m'être fait avoir.

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"En gros, Kold, c'est aussi la reine de putes quoi. Et apparemment, Gontran est un beau lâche prétentieux. Y en a pas un qui a de l'honneur, ou un truc comme ça?"
"Y a bien Sacray."
"Le dernier du lot je suppose?"
"Le dernier, le premier... je ne sais pas trop. A vrai dire, personne ne sait trop ce qu'il fabrique là. Ce n’est pas l'genre de mec à devenir roi, ni même à le vouloir. Pourtant, il a sa place. Ce qui m'étonne, c'est qu'il n'ait pas été tué. Tatch doit être attaché à lui, ou quelque chose, car je ne vois pas trop comment il aurait pu faire pour lui résister sans cela."
"Si Tatch ne l'a pas vaincu, Gontran non plus, c'est ça? Et Kold, dans l'affaire? Pourquoi il ne s'est pas attaqué à lui?"
"Kold et Sacray furent amis à une époque. Je suppose que c'est pour ça. Ah et, certainement que le fait que Sacray reste cloîtré dans le château n'est pas pour lui plaire, vu qu'il devient difficile à atteindre à cause de ça."
"Il est lâche donc. C'est pas un manque d'honneur, mais dans son genre, il vaut pas beaucoup mieux."
"Je t'interdis de dire ça. Si Sacray joue au jeu des trônes avec les trois autres aujourd'hui, c'est pour une seule et unique raison. C'est qu'on lui a demandé. Il a fait une promesse et c'est peut-être l'un des rares bonhommes de ce pays capable de tout faire pour arriver au bout de celle-ci."
"Une promesse? A qui?"
"Une certaine Berri. Ce n’était même pas sa dame, ni rien pour lui. Elle servait de pied à la table d'un certain Lord Hipster, qui fut candidat au trône presque aussi longtemps que Tatch avant que Kold ne lui tombe dessus il y a quelques mois. Un jour, elle a décidé de lâcher la table. Et de devenir reine. Personne ne l’a prise au sérieux. Y avait que Sacray, qui n'était alors qu'un simple quidam de la rue. On ne sait pas trop pourquoi d'ailleurs. Il est du genre terre à terre comme type. J'pense qu'il ne supportait pas de la voir triste à cause du fait que le royaume la rejetait. C'est un type très altruiste le Sacray. Il supporte pas que quelqu'un fasse la gueule près de lui."
"Il l'a aidé?"
"Bien sûr qu'il l'a aidé. Il l'a tellement aidé qu'elle est devenue l'un des personnages principaux de la ville, la Berri. Mais Tatch est passé par là. Et Berri s'est éteinte sous les yeux de Sacray. Elle lui a demandé d’être roi à son tour. Parce que c'était l'seul bonhomme parmi tous les prétendants au trône à se soucier un peu du sourire des gens."
"En plus d'être un peu con, il a l'air sacrément niais ton Sacray, là."
"Il est niais. Très. Et à cause de sa niaiserie, il a promis à Berri d'être roi. Et est embarqué dans une guerre dans laquelle il n'a rien à faire."
"Il n'en veut pas à Tatch?"
"Aucune idée. Mais probablement que si, car la première chose qu'il a eu l'idée de faire après avoir laissé Berri sur son lit de mort, c'est d'aller attaquer le vieux roi de plein front. Et il est le seul  à avoir survécu, avec Kold, à un affrontement direct avec lui. Et je dois t'avouer que je suis bien curieux de savoir comment il a fait."
"Il est vraiment très con et très niais ton Sacray, non?"
"Complètement."
"Je l'aime bien."


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"Toi, j't'aime pas."

Sacray partit dans un éclat de rire bruyant et communicatif. Je pouvais difficilement réprimer un sourire de mon côté malgré le coup de fille de petite vertu qu'il venait de me faire. C'était donc comme ça qu'il avait survécu. C'est complètement suicidaire, mais c'est génial. Ça ne disait pas comment il avait réussi à survivre face à Tatch, mais peu m'importait. Le type qui se tenait là, mon pied sur son bras, n'était pas un petit concurrent. Au contraire, pour se dresser dans une guerre civile sans équivalent dans laquelle cadors n'ont cessés de s'affronter avec un piètre niveau de combattant, il fallait avoir un sacré paquet. Je réajustai mon chapeau, dégageai d'un coup de pied la dague de sa main, puis lui laissai enfin la possibilité de se relever. Il n'y manqua pas. Il se frotta calmement la tenue, m'adressa un sourire moqueur avant de se tourner vers le trône où il pensait trouver Théodore. Son visage se referma brusquement quand il ne le vit pas. Et un sourire triste naquit sur ses lèvres quand il sentit la main de mon compagnon du jour sur son épaule. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais rien. La seule chose que j'ai compris, c'est que Sacray détacha l'étrange machine qui entourait sa poitrine pour la poser délicatement un peu plus loin. Qu'il venait de poser la seule et unique chose qui lui avait permis de rester en vie toutes ces années. Qu'il abandonnait là toutes ses chances d'être roi. Et sans raison apparente. Sacray posa l'index contre le torse de Théodore.

"Tu ne mérites pas que je me batte sans garantie de rester en vie."
"Je sais."
"Nan tu ne sais pas. PARCE QUE JE DECONNAIS ! JETAIHUHUHU !"

Théodore enleva ses lunettes en rigolant tout bas. A la réflexion, c'était surement le premier rire que j'entendais venant de la bouche de mon pseudo compagnon. Sacray alla chercher sa dague. L'espace d'un instant, j'eu l'envie de l'en empêcher. Mais à quoi bon? Il n'avait plus de protection. Et je me savais meilleur que lui. Je me préparai à, pour la seconde fois, me battre contre l'homme qui se tenait là. Mais à ma grande surprise, il ne fonça pas sur moi. Théodore esquiva une première fois avec une agilité que je ne lui connaissais pas. Sacray tira alors rapidement un bâton de dynamite d'une de ses poches, ce qui me laissa quelques courts instants dans un instant de panique. Ce fut court pour la simple et bonne raison que lorsque Sacray le jeta sur mon allié, celui-ci l'attrapa au vol et la flamme qui consumait la tige se stoppa net. Le roi afficha une moue perplexe avant de lancer un nouveau bâton vers Théodore et se jeter à sa suite dans l'espoir de trancher son adversaire au cas où il arrêterait à nouveau la première attaque. Mais mon compagnon trouva mieux à faire car il se jeta sur le côté tout en laissant là le précédent bâton. Celui qui était en l'air heurta alors le second, provoquant une explosion dans toute la pièce qui souffla successivement Théodore qui finit sa course contre un mur, Sacray qui, en pleine course, ne parvint pas à éviter que la flamme de l'explosion ne lui dévore un peu le visage et lâcha sa dague, puis moi, pour finir, m'envoyant du coup au pied du trône. Pourtant le plus touché, ce fut le roi déconneur, haletant, qui se releva en premier pour foncer vers Théodore qui, contre le mur, semblait avoir le souffle coupé. Largement en état, je bondissais à sa suite, attrapant la dague au passage afin d’envoyer cette dernière droit vers le dos de Sacray. Il parvint dans une pirouette plutôt improbable à sauter par-dessus la dague avant qu'elle n'arrive sur lui, le tout pour finalement s'écraser au sol de tout son long. Il se releva difficilement en se tenant les côtes, une bonne partie du visage brûlée par l'explosion de tout à l'heure et me fit face.



"Laisse-moi... ETRE ROI... Bordel... Laisse-moi être... ce que j'ai toujours voulu..."
"C'est pas ce que tu veux."
"Haha... merde... Je vois qu'on t'a spoilé ma super blague..."
"Abandonne. Tu tiens plus debout. Et t'as même pas envie de te battre."
"Hors de question. Si tu veux me voir hors course... Il faudra me tuer, que tu le veuilles... ou non. Tant que je vis, je sais que je pourrais être roi. Je l'ai promis, putain. Et si tu n'oses pas me tuer, alors toi, tu ne le seras jamais. Et... Et moi je n'hésiterais à t'éjecter de la course à mon trône... Je ne... Ah? Haha... Finalement... c'est pas toi qui m'auras porté le coup fatal, Rockfor Egry."

La dague qui traversait sa poitrine ne semblait pas l'émouvoir plus que ça. Au contraire, Sacray D. Konneur affichait une mine soulagée. Comme si on lui donnait enfin ce qu'il avait attendu tout le long de sa vie. Il n'était attaché au monde que par sa promesse et répugnait à l'idée de bafouer celle-ci. Théodore retira la lame qu'il venait de planter dans le roi et la jeta au sol. Je lançai un regard curieux dans sa direction pour ne voir que la tristesse qui l'habitait. Il attrapa Sacray avant que celui-ci ne s'effondre à terre. Il l'allongea doucement avant de recouvrir le corps ensanglanté du roi mourant par la veste qu'il avait enlevé tout à l'heure. Puis ce dernier attrapa la main de mon compagnon du jour.

"T'es définitivement une petite pute."
"Haha, c'est vrai."
"Ne laisse pas Tatch gagner. Surtout pas."
"Hors de question. Mais dis-moi, tu parles plutôt bien pour un mourant !"
"Haha, c’est juste que je ne veux pas... que mes derniers mots soient faibles."
"T'es pas faible. T'as toujours attaqué par devant toi."
"Oooh, pas que. Mes bombes, tu t'en souviens? C'est... lâche ça."
"On sait tous les deux que tes bombes, c'est du flan. T'es un bon menteur, Sacray. Mais avec moi, ça n'a jamais pris. Je te connais."
"Ha... C'est pas faux... Promets-moi... Promets-moi que Tatch ne gagnera pas."
"Je peux pas faire ça, tu le sais."
"Je peux moi. Et je te le promets. Cette ville ne sera jamais la sienne."
"C'est une promesse, Rockfor Egry. Tiens là."
"Mieux que tu as tenu la tienne."
"Bien. Et... j'ai des derniers mots pour le peuple."
"Je peux les transmettre. Et je le ferais. C'est petit comme promesse et c'est pas celle que tu voulais mais... celle-là, je peux la faire."
"Alors dis-leur bien... Que quand je disais vouloir être roi... Je déconnais. Jelesaihuhu...hu..."


Et Sacray D. Konneur mourut sur un dernier éclat de rire.

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"Pourquoi ici?"
"Parce que la ville l'adorait. Même toi, tu as pu t'en rendre compte. Sacray était un sacré bonhomme. Alors il fallait que le peuple le voie. Qu'ils voient qu'il a eu une mort digne de lui. Et à Gamof Town, il n'y a pas d'endroit plus digne que ce toit."
"Je vois."

Le toit du château était un peu le toit de Gamof Town. On y voyait tout. Il n'était pas très compliqué d'accéder à cet endroit, il y avait des escaliers un peu partout dans la résidence des rois. L'endroit était relativement plat, particulièrement large et très dégagé. On ne pouvait pas se cacher sur ce toit. En ce lieu, on pouvait distinguer assez clairement que le château est bien l'extrémité de la ville. A droite, à gauche ou en arrière, la vue restait la même : de particulièrement longue chute rocheuse jusqu'à la mer, tout en contrebas. Il n'y avait qu'un endroit qui ne donnait pas sur les chutes, et c'était le côté Sud du château donnant sur la rue principale. On la voyait de tout son long. Et toute la rue principale pouvait voir ceux qui se tenaient sur le toit du château. C'est à cet endroit que mon compagnon du jour et moi, accompagnés des plus fidèles de Sacray D. Konneur,  venions de brûler le corps de ce dernier. Et que toute la ville l'avait applaudit.

"J'aurais voulu que ce soit lui, si j'étais mort. Il fut un temps où il était un peu comme mon frère."
"Ah, tu ne cherches même plus à cacher. Tu l'avoues enfin?"
"A quoi bon me dissimuler encore? Tu aurais été le roi des cons si tu n’avais pas encore compris."
"Bah oui. Toi aussi tu veux être roi ! Mais non, mais non, j'ai pas signé pour me débarrasser de CINQ types, et pas les quatre dont tu m'as parlé tout à l'heure ! Donc moi, j'suis pas d'accord mon p'tit Théo, d'abord, t'attends que j'sois roi, et après, si tu veux, tu pourras essayer de me détrôner, mais pour l'instant, j'ai d'autres chats à fouetter, alors hein, commence pas !"
"... je suis dans la course depuis beaucoup plus longtemps que toi, tu le sais ça?"
"Mais bien sûr. Dis que t'es MONSIEUR Kold Windz aussi, qu'on rigole."
"Bah oui."
"Haha, et moi je suis Tatch Kavinsky oui, on y croit, va."
"Nan, mais vraiment."
"Vraiment... vraiment?"
"Ouais."
"Oh bah merde."
"..."
"..."
"T'es réellement le roi des cons en fait."
"Et donc... faut qu'on se batte, non?"
"Cette guerre est entre Tatch et moi, maintenant. Pars et t'auras aucun problème."
"Hors de question. J'ai un royaume qui m'attend et..."




"Une promesse à tenir."

Le Théodore que je connaissais n'avait jamais existé. A sa place, c'était Kold Windz qui m’adressait un sourire mêlant amusement et excitation. Et qui me bondit dessus. Les fidèles de Sacray qui se tenaient à quelques mètres de là ne comprirent pas tout de suite que devant eux s’engageaient l’un des derniers combats de la guerre qui régnait dans les rues de Gamof Town depuis désormais plus de 40 ans. Tous n’avaient pas vécu le début de la guerre. Même si j’avais voulu, je ne l’aurais pas vécu non plus. C’est long 40 ans. Pour moi, cette guerre n’aura duré qu’une journée, mais je comptais bien en ressortir vainqueur. Tout comme Kold. Tout comme Tatch. Des trois rois encore en vie, il n’y en avait qu’un qui manquait à l’appel, mais mon adversaire tout comme moi savions qu’il allait arriver très vite. Il ne manquerait pas le rendez-vous avec son rêve. Puis Kold ne manqua pas de toucher mon épaule assez vite pour que je puisse pas réagir. Et soudain, une sensation bizarre me parcourut rapidement le corps. Et j’eu la soudaine envie de tout arrêter. Comme si l’envie d’être roi n’avait été que passagère. Comme si… il m’enlevait un peu de ma détermination. Kold se recula peu à peu et m’adressa un sourire amusé. Les fidèles de Sacray qui se tenaient là affichèrent une mine horrifiée et lasse. Déçue. Pourquoi ?

"C'est entre Tatch et moi, désormais. Tu m'as bien servi Rockfor Egry. Je t'en suis reconnaissant."
"Qu'est-ce que tu m'as fais?"
"Hm... Ce n'est pas très compliqué à comprendre. J'ai mangé un fruit du démon, il y a longtemps. Le fruit de la persuasion, qu'il s'appelle. Son pouvoir est simple. A partir du moment où je touche quelqu'un, je peux à ma guise le convaincre de faire quelque chose, ou de croire quelque chose. Sans ça, les gardes de Gontran ne l'auraient pas abandonné. Sans ça, Sacray n'aurait pas déposé ses explosifs. Et bien d'autres choses. Comment crois-tu que j'ai pris le commandement de mon navire à mes débuts en tant que pirate? En convaincant tous mes compagnons d'aventure qu'il ne pouvait y avoir que moi pour les diriger. C'est aussi simple que ça. Seulement, mon pouvoir ne fonctionne qu'une fois par individu. C'est pour ça que mon équipage m'a jeté : je ne pouvais plus les convaincre que j'étais toujours le meilleur à ma place après mon échec sur Grand Line. C'est un pouvoir à utiliser avec parcimonie. Ma victoire repose sur lui. Je n'ai encore jamais touché Tatch. Je n'ai pas réussi à l'approcher d'assez près. Je ne suis qu'à quelques pas de gagner... qu'à quelques courts mètres."


Kold afficha une mine déterminée et serra le poing tandis que je comprenais le sentiment étrange qui m'habitait. Quel enfoiré. Je ne voulais plus être roi. Quoique je dise, quoique je fasse... la détermination qui m'animait à l'idée d'enfin prendre la tête d'un royaume m'avait quitté. Parce que Kold venait de me persuader que je ne le voulais pas. J'avais beau luter de toutes mes forces contre cette idée, rien ne m'en séparait désormais. Je voulais être roi, oui, mais pas de Gamof Town. De partout, sauf de Gamof Town. Et ça m'horripilait.

"Alors ! Tu comprends maintenant pourquoi tu ne fais plus partie de la course?"
"Hm. Effectivement, je n'ai plus la moindre envie d'être roi. Bien joué."
"Bien. Très bien. Aussi, tu m'excuses... Mais j'ai un adversaire à affronter."
"Cependant..."
"Hm?"
"Se battre pour quelque chose sans avoir envie de l'obtenir, c'est quelque chose de fréquent par ici."
"Hein?"
"Tu as gâché ton pouvoir sur moi, bonhomme. Certes, je n'ai plus envie d'être roi de Gamof Town. Mais..."


Mon regard en colère vint se placer droit dans les yeux du vicieux qui se tenait là.

"J'ai une putain de promesse à tenir."
"..."
"Peu importe ce que mon envie m'en dit... je ne laisserais pas cette ville à Tatch. Et comme tu es bien incapable de le vaincre seul, alors je me sens obligé de rester dans la partie."
"Laisse-moi rire. Tu es incapable de me vaincre, alors vaincre Tatch, AH ! Des paroles en l'air."
"Dans ce cas, prouve-moi que t'es capable de vaincre Tatch. Et seulement alors, je pourrais me retirer d'la bataille. Mais jusqu'ici, la lâcheté n'a pas fait de roi. Du moins, pas chez moi. Aussi... pardonne-moi mais je ne prendrais pas le risque de manquer à ma parole à cause de toi."

Kold bouillait. Il avait tout prévu. Sauf cette fameuse promesse. La promesse qu'il n'avait lui-même pas osé faire. C'était sa punition après tout. Kold avait été incapable d'assez se faire confiance pour respecter les dernières demandes de son ancien ami. Et finalement, c'est bien l'homme qui se tenait devant lui, à savoir moi, qui avait hérité de toute la détermination de Sacray à devenir roi. Ni lui, ni moi n'avions envie d'accéder au trône de Gamof. Pourtant, on le devait. Et il y a une raison simple à ça. On tient nos promesses. CAR C'EST COMME ÇA QU'ON CONÇOIT NOTRE NINDO !


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"Merde, merde Roger ! Y a le narrateur qui s'est planté d'manga !""
"Mec, on s'en tape tellement que ce dernier prend même pas la peine de changer notre couleur de police."
"Ca s'tient."
" CMB LOLOLOL !"


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[Quelques années plus tôt]

Paulus Monanus n'était pas romain. Pour la simple raison qu'il était Paulus. C'est ce qu'il se tuait à répéter à longueur de journée aux gens qu'il croisait. Il l'avait d'abord dit à Obatien Sa-alor, son plus jeune voisin d'enfance alors qu'il apprenait juste à parler. Puis il l'a expliqué à Mr Flichouille, le gentil clown, mais celui-ci ne l'écoutait pas vu qu'il préférait continuer sa petite affaire dans l'arrière-train de Paulus. Il l'a expliqué tant bien que mal à Jonathan Rien, le garçon sourd qui lui collait au train à longueur de journée. Mais rien n'y fit. Il restait pour tous Romain. C'est la raison pour laquelle Paulus voulu devenir roi. Il était bien piètre combattant pourtant, mais savait se servir d'un revolver. Il n'eut jamais l'occasion d'abattre le moindre de ses rivaux et ce, essentiellement parce que ces derniers se trouvaient plus facilement entre eux qu'avec Paulus. Aussi, un beau matin, il marcha droit vers le château, tout en haut de cette grande avenue. Il savait qu'il y avait un roi là-haut. Il ne le louperait pas celui-là, c'est ce qu'il se disait. C'est ce jour-là que, débarquant dans la salle du trône, canon du revolver droit pointé vers le front de Sacray D. Konneur, il rencontra pour la première celui qui allait devenir son idole. Sa raison de vivre.

"JE TE PREVIENS, SACRAY D. KONNEUR, JE VAIS TE..."
"Oh tiens, salut Paulus."


[Aujourd'hui]

Parmi tous les fidèles de Sacray, Paulus Monanus fut le premier à lancer des encouragements envers Rockfor Egry. Les autres ne tardèrent pas à suivre. S'il ne savait pas exactement en quoi consistait la promesse que l'homme en blanc avait faite au seul roi pour laquelle Paulus aimait à se battre, il sentait en lui la même chose qu'en celui dont le corps avait brûlé quelques minutes plus tôt seulement. Il ne savait pas ce que c'était. Peut-être un truc con. Surement un truc con. En fait, c'était même carrément con puisque le seul point commun que Paulus trouvait entre Sacray D. Konneur et Rockfor Egry, c'était leur gueule. Parce que oui, les deux se ressemblaient un peu. Alors certes, ils ne s’habillaient nullement de la même façon, ils n’avaient pas la même coupe ni finalement un gabarit très semblable. C'était plutôt que l'un comme l'autre, leurs visages rayonnaient d'une même... Bon en fait, non, ce n’était pas non plus la gueule. Mais finalement la ressemblance entre les deux personnages importait peu à Paulus. Il sentait juste, au fond de lui, que maintenant que Sacray était tombé, c'était Rockfor Egry qu'il fallait soutenir. Aussi lorsque ce dernier fit grimacer Kold lorsqu'il lui annonçait que sa technique de persuasion avait royalement -et c'était le cas de le dire- échoué, Paulus fut parcouru d'une sorte de frisson qui le poussa à hurler le nom de l'homme en blanc. Et d'un pas rapide, il s'élança en hurlant en direction de l'ennemi de son nouveau roi. Tout comme Manfred Goliath et Dimitri Vankraften. Tout comme tous les autres fidèles de Sacray D. Konneur.

Kold ne se laissa pas surprendre par la vague qui l'assaillait brutalement. Dimitri fut le premier à tomber, littéralement puisque fatalement éjecté du toit sur une prise assez burlesque -mais efficace- du roi primé. Deux autres le suivirent sous le regard horrifié des passants, en bas, qui ne perdaient plus une miette de ce qui passait sur le toit. Quand Kold voulu attraper la manche de Paulus, celui-ci se recula dans un réflexe avec une vitesse de mouvement qu'il ne se connaissait pas. Déstabilisé, l'ex-pirate chuta pour éviter le poing puissant de Manfred qui le manqua d'un cheveu. Si l'assemblée se mit à crier victoire, Paulus ne se joignit pas à la fête. Rockfor non plus. Et encore moins Goliath qui déchanta rapidement de son exploit quand il vit la main de Kold accrochée à sa cheville et le sourire narquois qui habitait le visage de ce dernier. Si Manfred Goliath s'appelait ainsi, ce n'était pas pour rien. C'était un colosse. Probablement le seul vrai combattant de la clique de Sacray et un bien meilleur prétendant au trône qu'une majorité de ceux qui s'y étaient présenté si il avait voulu se mêler à la lutte. Par conséquent, l'avoir à ses côtés, c'était poser une forte option sur la victoire. Aussi, en le persuadant à l'aide de son pouvoir de démolir tous ses actuels frères de combat, Kold Windz venait d'acquérir cette fameuse option. Même si Goliath ne le voulait pas, il se mit pourtant à affronter ses plus proches amis, les assommant, les écrasant, les éjectant les uns après les autres. On pouvait lire la détresse du colosse dans ses yeux, mais malgré toute l'énergie qu'il mettait à combattre l'ordre qu'avait dicté le roi primé à son corps, rien n'y fit. La clique, pourtant composée d'une bonne quinzaine de bonhommes au moment du bûcher de Sacray fut écrasée petit à petit.

Sans surprise, Kold avait laissé Goliath faire tout le sale boulot. Les deux rois s'affrontaient tous deux à grands coups de coup de pieds, de jambes flottantes et de fauchage à seulement quelques mètres du bord du toit. Un étrange combat auquel Paulus assistait alors qu'il tentait tant bien que mal de résister aux assauts du colosse. Les deux hommes étaient presque similaires dans leur façon de se battre. Deux grands agiles, pas spécialement musclés, désarmés... A se demander comment l'un et l'autre avaient déjà gagnés plusieurs affrontements. La seule différence véritable entre les deux hommes se situait dans un fait simple. L'un souriait, l'autre était crispé. Car oui, Paulus constata ce simple fait alors qu'il se jetait une nouvelle fois à terre pour éviter Goliath : Rockfor Egry s'amusait.  Or le dernier fidèle de Sacray à ne pas encore avoir croulé sous les coups du colosse devenu larbin du roi primé ne comprenait pas ça. Ce n'était pas qu'un jeu pour lui pourtant. Il ne chercha cela dit pas vraiment à le comprendre étant donné qu'il se trouvait face à un choix assez cornélien. Goliath était depuis plusieurs années déjà un grand ami à lui. Tous deux était proches de Sacray depuis les débuts de ce dernier sur le trône. Pourtant, ils se retrouvaient là, ennemis, contre leur gré et l'un des deux devait terminer sa vie ici. Paulus ne voulait pas mourir. Mais appuyer sur la détente du revolver qu'il pointait droit vers le crâne de Goliath s'avérait plus difficile qu'il ne l'avait pensé au premier abord. La situation ne bougea pas pendant quelques secondes. La détresse dans les yeux de Goliath qui s'apprêtait à frapper était parfaitement visible pour Paulus tandis qu'un tas de questions se formait dans sa tête. Rockfor Egry en valait-il vraiment le coup? Et Tatch? Qui l'affronterait?

Ce ne fut pas lui qui décida de tirer. Plutôt les lois du corps humain. Ce réflexe con, d'auto-défense, que toute personne se doit d'avoir. Lorsque le colosse abattit son poing sur lui, Paulus ne put s'empêcher de presser la détente. Et vit tomber là son fier ami. Il eut envie d'hurler. Il eut envie de tirer partout où il le pouvait. Il eut envie de se donner la mort à son tour. Mais ce n'était pas ce que son destin attendait de lui. Non, le destin voulait que Paulus se relève pour la dernière fois de la journée. Qu'il s'approche de Kold animé par la vengeance. Que son bras tremble alors qu'il vise le roi ennemi. Trop. Et que la balle passe à côté. Que les deux rois le regardent presque simultanément. Et que Paulus sache que la dernière action d'homme libre qu'il avait faite était ratée.

Les deux hommes se jetèrent sur le dernier fidèle de Sacray, mais Kold fut le plus rapide. Il attrapa le revolver avant de poser furtivement sa main sur l'épaule de Paulus. Qui n'avait plus d'autre choix que d'attaquer celui qu'on lui avait persuadé de tuer. Rockfor évitait une fois, puis deux, les assauts du fidèle. Il n'était pas bien rapide vis à vis de Kold. Suffisamment cela dit pour empêcher l'homme en blanc d'apercevoir le roi primé toucher tous les débris au sol. Paulus fut éjecté dans les secondes qui suivirent à son tour. Un réflexe fabuleux lui permit de s'accrocher au bord du château. Il savait qu'il n'aurait pas la force de tenir longtemps pendu là, mais malgré tout, il tenta de se hisser afin de voir la scène devant lui. De voir tous les débris que Kold avait touchés commencer à flotter, laissant Rockfor stupéfaits, pour filer violemment vers ce dernier. Le roi blanc ne put les éviter. C'était comme une petite pluie de météorite qui lui arrivait dessus. L'un des débris lui arriva dans la joue et il cracha du sang. Un autre vint se planter dans son ventre et il se cambra de douleur. Un troisième attaqua l'arrière de son genou et le fit tomber en avant. Il posa les mains au sol, haletant, résistant comme il pouvait à l'assaut donné par les pierres qui lui fonçaient dessus. Puis quand enfin, la pluie qui s'abattait sur lui s'arrêta, il releva la tête, le corps ensanglanté et marqué par les coups. Son regard plus déterminé que jamais s'enfonçait dans celui de Kold, troublant par la même l'assurance du roi primé.

"Alors? Convaincu? Tu ne savais pas que je pouvais persuader les objets d'agir aussi, peut-être? C'est assez ironique n'est-ce pas, Rockfor Egry? Tu disais tout à l'heure que tu ne t'agenouillais que devant Dieu... Suis-je assez divin pour mériter ton allégeance?"
"Non."


Paulus vit le dandy en costard changer tant bien que mal de position afin de s'asseoir en tailleur. Sans pour autant quitter des yeux ceux de Kold Windz. Ce dernier, en colère, pointa l'arme qu'il venait de voler au fidèle de Sacray vers le roi blanc (qui avait tendance à changer de couleur en c'moment) qui sourit en le voyant faire.

"Es-tu si pressé de mourir?"
"Pourquoi tu te bats Kold, hein? Pourquoi tu veux devenir roi?"
"Je bah... beuh, c'est quoi cette question? Pour régner !"
"Hahaha, mauvaise réponse bonhomme. On a tous des raisons de se battre. Elles ne sont jamais les mêmes, mais personne ne devient roi pour devenir roi. Sacray a fait la promesse de l'être, et c'est pour ça qu'il s'est battu. J'ai fait la promesse à Sacray de ne pas laisser Tatch gagner et c'est pour ça que je joue le trône moi aussi. Gontran voulait la reconnaissance du peuple, Tatch veut obtenir ce qu'il estime être son bien de droit. Mais toi, tu veux quoi? Etre roi? Laisse-moi rire. Tu veux que je te dise Kold? Je crois qu'avant, tu avais une bonne raison. Mais tu l'as totalement oubliée. Et c'est pour ça que tu ne peux pas vaincre Tatch. Ni que tu peux me vaincre moi."
"Si tu crois que... J'ai une raison bordel ! J'ai une raison et... ET JE LE PROUVE !"


La dernière image qu'emporta Paulus de ce combat fut la main particulièrement tremblante de Kold Windz qui serrait de toutes ses forces le revolver qu'il tenait face au sourire provocateur de Rockfor Egry. Puis Paulus lâcha le bord du château. Dans sa chute, il entendit le vent siffler à une vitesse folle. Et la dernière chose qu'il emporta dans sa tombe alors qu'il touchait le sol fut le bruit intense d'un coup de feu.

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Dernière édition par Rockfor Egry le Ven 16 Aoû 2013 - 6:24, édité 2 fois
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"Et... c'est une bonne situation ça, Roi?"
"Mais vous savez, moi je ne crois pas qu'il y ait de bonne ou de mauvaise situation. Moi si je devais résumer ma vie, aujourd'hui avec vous, je dirais que c'est d´abord des rencontres, des gens qui m'ont tendu la main peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j'étais seul chez moi. Et c'est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée. Parce que quand on a le goût de la chose, quand on a le goût de la chose bien faite, le beau geste, parfois on ne trouve pas l'interlocuteur en face, je dirais le miroir qui vous aide à avancer. Alors ce n'est pas mon cas, comme je disais là, puisque moi au contraire j'ai pu, et je dis merci à la vie, je lui dis merci, je chante la vie, je danse la vie, je ne suis qu'amour. Et finalement quand beaucoup de gens me disent aujourd'hui "Mais comment fais-tu pour avoir cette humanité ? " et bien je leur réponds très simplement, je leur dit : "C'est ce goût de l´amour", ce goût donc, qui m'a poussé aujourd'hui à entreprendre une construction mécanique, mais demain qui sait ? Peut-être simplement à me mettre au service de la communauté, à faire le don, le don de soi."


Kold Windz regarda l'ivrogne qui se prétendait roi se tenant là. La réplique le fit d'abord sourire. Et il finit son verre. Puis lorsqu'il sortit du bar, l'homme qui était encore capitaine une courte semaine plus tôt se posa la question doucement. Faire le don de soi. C'est peut-être ça qu'il lui avait manqué en tant que capitaine. Il s'essuya doucement le visage avec de l'eau. Parce qu'il aimait les gens et qu'il ne désirait que leur apporter du bonheur, Kold Windz décida de faire le don de soi. Et pour ça, il n'y avait apparemment qu'un seul moyen. Alors il marcha en direction du port. Pour revenir chez lui. A Gamof Town. En tant que roi.

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Kold leva difficilement les yeux pour regarder l'homme qui se tenait un peu plus loin, tout proche du ravin, sur le côté est du château. La douleur à ses jambes était telle qu'il n'arrivait même pas à en hurler. Il se tenait juste là, impuissant, forcé d'être témoin d'une situation qui lui déplaisait au plus haut point. Dans son esprit, seule l'impression d'avoir tout foiré demeurait encore. Et ça, ça lui faisait nettement plus mal que la demi-douzaine de couteaux qui clouaient chacune de ses jambes au sol.

"Tu veux que je te dise Kold? Que la balle que tu aies tirée soit arrivée dans son crâne plutôt que dans son épaule gauche, ça n'aurait finalement pas changé grand-chose. Il serait juste mort plus vite-frite-bite-mite-shit."

Kold serra le poing et baissa le visage vers le sol de manière à ce que Tatch ne le voie pas. La colère lui faisait monter les larmes aux yeux. Il était reconnaissant envers Rockfor pour lui avoir rappelé pourquoi il s'était engagé dans la guerre. Les années lui avait fait oublier qu'il ne se battait que pour pouvoir donner un peu de lui aux gens. Pour faire plaisir à un peuple qu'il aime. C'était ça que Kold voulait en s'engageant dans la guerre, mais il a tout oublié. Pour ne devenir que l'une des deux machines sans foi ni loi qui dominaient la bataille. Pour n'être qu'un monstre. Des quatre rois présents en début de journée, seul Sacray avait conservé tout ce qu'il était. Gontran n'avait jamais été qu'une loque, mais la royauté en a fait un être prétentieux. Tatch lui... il était probablement le seul à pouvoir le dire. Mais dans son passé, il avait été quelqu'un de bien, nombreux sont ceux qui en avaient témoigné. Kold ne l'avait jamais vraiment remarqué, trop occupé à penser à comment gagner la guerre. Mais les propos de Rockfor l'ont amené à réfléchir et maintenant qu'il avait retrouvé son esprit, le roi primé le voyait bien. Tatch était tombé bien bas. Si bas qu'il ne possédait plus la moindre notion d'honneur. Comme un drogué véritable qui ne cherche que sa came.

Si peu d'honneur pour attaquer son dernier adversaire de dos. Car oui, Tatch Kavinsky venait tout juste de rejoindre la bataille qui se déroulait, et de belle manière, je vous prie, puisqu'un de ses nombreux couteaux de lancer s'était planté droit dans le bas du dos de Kold. Le roi primé qui s'apprêtait à tirer sur Rockfor pour prouver sa détermination, appuya sur la détente à peu près quelques dixièmes de secondes seulement après s'être pris le couteau. Le tir manqua du coup le crâne de l'homme en blanc pour atterrir dans l'épaule de ce dernier, qui -un peu crétin- ne trouva rien d'autre à faire pour sortir de cette situation encombrante que de sauter du toit par le bord le plus proche -le fameux côté est- menant sur un ravin pas franchement accueillant. Par la suite, Kold chuta, la douleur au dos le clouant au sol, avant de littéralement l'être (cloué) quand Tatch décida de planter une bonne partie de ses armes dans les jambes du roi primé. Devenu incapable ne serait-ce que de ramper, il fallait se rendre à l'évidence : le roi primé était définitivement hors course. Et si Tatch s'était approché du bord du château, c'était pour vérifier que le dernier de ses adversaires l'était lui aussi. Et apparemment, le vieux roi n'avait pas vraiment de doutes sur le sujet.

"C'est assez ironique tout de même. Ce type est venu pour prendre le trône que nous convoitions tous, a débloqué la situation qui stagnait depuis presque un an... pour finalement se suicider. Peut-être est-il encore plus crétin que moi-roi-doigt-trois-quoi?"
"Je... refuse de croire qu'il est mort. Et moi non plus... Je n’ai pas encore perdu. J'AI PAS PERDU PUTAIN !"


Tatch esquissa un sourire amusé pour venir s'accroupir juste hors de portée de main de Kold. Il lui cracha dessus avant d'être prit d'un rire narquois.

"Si t'étais vraiment dans la course, Kold... Si tu pouvais encore te permettre de te prétendre roi, crois-tu vraiment que tu te laisserais cracher dessus-cul-nu-pus-perdu?"
"Je... Bordel... Je ne peux pas te laisser gagner Tatch... Je ne peux pas... Je peux encore te vaincre... Je le sais..."

Kold attrapa le couteau planté dans le bas de son dos avec toute la douleur du monde et l'arracha sans parvenir à retenir un gémissement exprimant toute sa peine. Il jeta un œil rapidement vers Tatch qui se relevait pour le dominer de toute sa hauteur. Le roi primé, malgré la douleur, se tordait, encore et encore en arrière avant d'essayer de ne serait-ce que toucher l'un des couteaux de ses jambes. Il n'était à rien de pouvoir les "persuader" de s'enlever de son corps. A rien. Mais Tatch ne le laisserait pas faire. Il dégaina pour Kold un dernier couteau qu'il pointa vers l'homme à terre qui se débattait tant bien que mal.

"Je ne crois pas non. Meurs maintenant. Je gagne. Tu perds-cher-père-glaires-nerfs."

Kold releva les yeux vers Tatch pour lui jeter un regard transi de haine et de douleur qui fit frissonner le vieux roi, mais qui ne le perturba pas davantage. L'homme leva le couteau. Kold le savait, dans quelques secondes, ce serait fini. Alors il ferma les yeux. Peu importe ce qu'il en pensait de la victoire de son pire ennemi. C'est la fatalité.

"Adieu-lieu-pieu-essieu-di..."


" OBJECTION ! "



Kold crut d'abord mal entendre. Mais c'était bien sa voix. Il rouvrit les yeux, surpris comme jamais, et regarda droit vers l'homme qui venait d'objecter. Il était là, juste à côté du bord Sud du toit, tenant son chapeau, veste blanche -parsemée de sang- balancée par le vent. Il avait arraché le bras gauche de cette dernière pour le nouer on ne sait trop comment autour de la plaie de son épaule. Il était en sale état, mais c'était bien lui.

Rockfor Egry.

"RaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaAAAAAAAAAAAAH-TAS-ULTRA-RAT-POURQWAAAAA ?!"

Le roi blanc s'avança doucement vers le centre de l'arène qu'était devenu le toit, armé d'un sourire victorieux et de son chapeau blanc. Tatch en croyait encore moins ses yeux que Kold. D'après le roi primé, il devait même penser à un rêve éveillé. Aucun des deux rois ne sauraient expliquer comment Rockfor avait survécu à son saut dans le vide mais une chose était sure : il se tenait là, quelques mètres seulement en face de Tatch Kavinsky avec un visage n'affichant que sa détermination. Alors Kold malgré sa douleur sourit à son tour. Parce que la bataille finale venait juste de commencer. Et dans un effort particulièrement cruel pour son corps, Kold se tordit vers l'arrière. Mais cette fois sans le moindre gémissement.

"Bah alors Tatch? Surpris? Peur de me combattre en face? Je croyais voir un roi, pas un pleutre. Dis-moi, comment comptes-tu faire pour m'attaquer par derrière hein? COMMENT COMPTES-TU M'EMPÊCHER DE DEVENIR ROI A TA PLACE ?"

Tatch posa ses deux mains sur son visage et se recroquevilla sur lui-même, tremblant de rage, puis cria sa haine à l'intérieur de ses paumes pendant une dizaine de secondes. Kold aperçut Rockfor prendre son chapeau en main et afficher une mine combative et déterminée tout en découvrant les dents face à son dernier adversaire du jour. Tatch se releva de toute sa hauteur après avoir crié, dégaina deux couteaux de lancer dans ses mains puis héla le roi blanc.

"HA, Rockfor Egry ! Tu crois avoir gagné parce que tu es en vie, LAISSE MOI RIRE ! Ce n'est pas la surprise qui te fera me vaincre, je ne peux PAS perdre contre toi, roi de pacotille-chenille-quille-lentille-bille !"
"Crois-tu? J'en connais un qui pense le contraire."
"Bien sûr que tu penses le contraire ! Mais si tu penses que ça suffit pour pouvoir me..."
"Il ne parlait pas de lui, crétin."


Kold eut la satisfaction de voir les yeux de Tatch s'ouvrir en grand en sentant la main ensanglantée autour de sa cheville. De voir à l'intérieur de ceux-ci l'étrange lueur de ceux qui viennent d'être persuadé de quelque chose. Et après s'être arraché un à un les couteaux des jambes et avoir rampé jusqu'à celles du vieux roi, Kold se sentit enfin libre de s'évanouir en paix. Car Tatch Kavinsky était désormais convaincu au fond de lui qu'il ne pouvait vaincre Rockfor Egry.

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"Je t'ai déjà vu toi, non?"
"Non."
"Bah merde alors. j'suis pourtant persuadé d'avoir vu ta tronche de cake quelque part."
"C'est normal. Parce que JE DECONNAIS ! JETAIHUHUHUHU !"
"..."
"DROLE ! RIGOLE BORDEL ! De l'humour, mec !"
"Et donc, où t'ai-je déjà vu?"
"Tsch. T'es blasant comme bonhomme. M'enfin bon, la première fois que tu m'as vu, c'est surement chez Monique du bar à putes."
"Aaaaah oui, t'es Roger !"
"... euh non, en fait, JE DECONNAIS ! JETAIHUHUHU ! ... m'enfin du coup, j'apprends quelque chose. Sacré Roger."
"..."
"Berri, ça te dit quelque chose?"
"La fille qui se disait reine? Celle à qui j'ai doucement planté une lame dans la gorge? Une sacrée demoiselle, oui. Morte. Comme tous ceux qui voudront mon trône."
"Tu te rappelles du mec à côté d'elle? Celui à qui tu as rigolé à la gueule et à qui tu as demandé de ramener ton couteau?"
"Ah oui tiens. C'était qui?"
"Bah, c'était Roger."
"Aaaaah d'accord !"
"Mais non crétin, JE DECONNAIS ! JETAIHUHUHU !"
"..."
"C'était moi. Et voici ton couteau."


L'arme vola en direction de Tatch, assis sur son trône. Il l'attrapa au vol avant de regarder l'homme qui se dressait là avec curiosité.

"Tu veux quoi? Mon trône? Toi aussi, tu veux mourir, comme ta dulcinée et tous les autres?"
"Pas vraiment en fait. Disons que je ne veux pas le trône. J'en ai besoin."
"Je vois. Dans ce cas, désolé pour toi jeune homme mais..."
"Hop hop hop là. Je n'ai pas pour autant l'intention de te sortir du tien. Tu peux le garder pour toi seul si tu veux."
"Je ne comprends pas."
"Normal puisque JE DECONNAIS ! JETAIHUHUHU !"
"..."
"De l'humour BORDEL !"
"..."
"Rahlala... Je ne te demande pas de quitter ton trône. Je te demande juste de le partager... un peu. Avec moi en tout cas. Et faire croire que tu le fais avec les autres aussi. Dans le lot des rois qui s'opposent à toi, y en a des bien plus malins. Une fourberie et tu es fait. Sauf si t'as un cerveau à côté pour t'aider dans ton histoire. A savoir moi. Considère que je suis un roi comme tous les autres... mais que nous sommes alliés jusqu'à la fin. Tu ne peux pas avoir ce que tu veux sans moi et vice versa."
"C'est... tentant. Mais qu'est-ce que tu y gagnes toi? Tu sais très bien qu'à la fin, quand il ne restera que nous deux, ce sera moi qui gagnerai contre toi. Qu'est-ce que tu veux, exactement?"
"Je veux ta peau. Mais je veux que tu perdes précisément le jour où tu auras tout. Parce que je te hais, c'est aussi simple que ça. Alors je t'aiderais à atteindre les sommets."
"Hahaha, tu me plais bien. Tu ne me battras pas, tu le sais ça? Et pourquoi tu me hais?"
"Je te hais pour Berri. C'était elle qui devait être reine. C'est tout. Quant au fait de gagner... j'ai juste la conviction qu'un jour viendra, où tu te penseras heureux et en sécurité et soudainement ta joie tournera en cendres dans ta bouche. Et tu sauras que la dette est payée."
"En d'autres termes?"
"Ce n'est pas moi qui te tuerais. Mais au moment de ta mort, quand la personne qui portera la volonté de ne pas te voir roi à son tour, comme Berri l'a porté, comme je la porte aujourd'hui... C'est à moi que tu penseras en dernier. Car c'est à ce moment précis que tu sauras que j'avais raison."
"Raison à propos de quoi?"
"Tes rêves ne deviendront jamais réalité."
"..."
"Alors? Qu'en dis-tu? C'est un bon plan pour toi, non?"
"Pas vraiment, non."
"Evidemment, JE DECONNAIS ! JETAIHUHUHU !"
"... et tu veux que j'accepte malgré ça?"
"Bien sûr. Et pour te le prouver une première leçon qui fera de toi un roi aimé du peuple, ce qui est indispensable si tu ne veux pas être renversé."
"Dis toujours."
"De l'humour bonhomme. De l'humour."


Et ce jour-là, Tatch Kavinsky tenta son premier mauvais jeu de mot sous l'œil amusé de Sacray D. Konneur.

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A côté, encore. Tatch transpirait plus qu'à l'accoutumée et paniquait presque de manquer sa cible de manière si régulière. Saloperie de Kold, qu'il se disait. Cet enfoiré s'était évanoui quelques secondes après avoir touché la cheville du vieux roi mais ça lui avait suffi pour utiliser son pouvoir, Tatch le savait. Il n'était pas encore mort, cela dit, encore heureux. Il ne perdrait rien pour attendre. Même si, présentement, le plus ancien des candidats ne croyait plus vraiment à ses chances de gagner. Il savait au plus profond de lui qu'il se sentait incapable de vaincre Rockfor Egry et il maudissait Kold pour cette pensée. Et ce manque de confiance en lui commençait à se sentir fortement au combat. Jamais Tatch n'avait tant manqué sa cible que face au roi blanc. Ce dernier mêlait agilité, rapidité et réflexe insoupçonnés. Par la même, sa façon de virevolter dans tous les sens faisait du dandy l'adversaire le plus désagréable pour le vieux roi. Il ne comprenait pas pourtant. Plusieurs années plus tôt, Tatch avait affronté Kold ici même, sur le toit du château... Le roi primé et Rockfor se déplaçaient presque exactement de la même façon, pourtant l'un avait été facile à vaincre et celui-ci était un obstacle infranchissable. Pourquoi?

Tatch lança une nouvelle lame en direction du roi blanc mais celui-ci n'eut aucune difficulté à l'éjecter d'un coup de pied sur le sol dans lequel il se planta joliment. Le vieux roi réitéra l'action, mais la réaction de Rockfor fut une fois de plus la même. Pire encore, les deux couteaux plantés étaient alignés de belle manière. La disposition intrigua le vieillard mais ne l'inquiéta pas. Ça aurait dû pourtant. Sur une nouvelle esquive, le roi blanc se plaqua au sol, mais au lieu de se relever comme il l'avait fait jusque-là dans pareille situation, il appuya chacun de ses pieds sur les couteaux plantés et se propulsa en avant, droit vers Tatch qui, surpris par l'attaque frontale, ne trouva rien d'autre à faire que balancer une nouvelle salve de ses armes favorites vers le bonhomme qui arrivait. Peine perdue évidemment. Des erreurs pareilles, le vieux roi n'en faisait jamais d'habitude. Personne ne rentrait aussi facilement dans son cercle de sureté. Pourtant Rockfor Egry venait de le faire, et Tatch paniqua. Il ne sut quoi faire. Et fatalement, la première riposte de son adversaire fit mouche. Le coup de pied qui atteignit le vieillard en pleine figure l'éjecta tout proche de la façade nord du château, provoquant un "Oooooh" général du public dans la rue qui voyait enfin l'action de plus près.


C'est cette réaction du peuple qui fit retrouver ses esprits à Tatch. Certes il se sentait incapable de gagner face au roi blanc, mais il ne pouvait pas abandonner maintenant le pouvoir qui lui revenait de droit. Il ne pouvait laisser les quidams dans la rue avec un autre roi que lui parce que c'étaient ses quidams. Aussi, il se releva, manquant de confiance certes, mais déterminé cette fois à au moins se donner à fond. Il attrapa l'une de ses armes fétiches et la lança droit vers l'homme en blanc, qui esquiva, une fois de plus. Mais il n'esquiva pas la salve suivante qui, envoyée en cercle par Tatch, couvrait à peu près toutes les échappatoires possibles au premier lancer. L''une des armes vint ainsi se planter dans son bras gauche, déjà inutilisable à cause du coup de feu dans l'épaule, ce qui fit chuter Rockfor, surpris par la douleur. Tatch esquissa un sourire satisfait avant de commencer à jongler avec ses couteaux, le temps que Rockfor se relève.

"Enfin je te touche ! Même si Kold m'a convaincu du contraire, il n'est pas impossible que je puisse te vaincre ! J'ai juste à réussir ce que je me sens incapable de réaliser-miser-griser-risée-dramatiser !"
"Tu... me fais rire Tatch Kavinsky. Tu crois vraiment que si Kold avait voulu te persuader de quelque chose, il n'aurait pas plutôt tenté de te convaincre de sauter dans le ravin ou d'abandonner toute envie d'être roi, comme il l'a fait avec moi?"
"Que... Que veux-tu dire? Et... tu n'as pas envie d'être roi? Alors pourquoi? Et comment tu es sorti de ce ravin-pain-nain-rein-crétin?"
"Et ouais. Kold a utilisé son pouvoir pour me convaincre que je n'avais aucune envie d'être roi. Il a réussi le bougre. Je me bats pour être roi, mais absolument pas par envie. Si je me bats, là, maintenant... C'est parce que j'ai promis à Sacray de ne pas te laisser gagner. Je lui ai promis. Et je tiendrais parole. Alors je ne te laisserais pas être roi, même si ça doit impliquer que je suis forcé de l'être à ta place."
"Tu veux dire que... Kold n'a pas utilisé son pouvoir sur moi? Alors comment se fait-il que j'ai peur de ne pas pouvoir te vaincre? Pourquoi j'ai l'impression folle que je suis bien incapable de pouvoir te battre-théâtre-quatre-nullâtre-bellâtre?"
"Parce que tu le penses vraiment, pardi."

Alors Tatch Kavinsky éclata de rage. Il dégaina aussi brutalement que possible un couteau qu'il lança en direction de son ennemi. Puis un autre, puis encore un. Rockfor esquiva le premier, le second et tous ceux qui vinrent après. Il prit son chapeau dans la main droite. Tatch ne sut pas pourquoi il faisait cela et il ne chercha pas à la savoir. Peu importait ce que faisait son adversaire présentement, tout ce que voulait le vieux roi, c'était l'abattre. Lancer sur lancer, couteau sur couteau, les esquives de l'ennemi blanc ne cessèrent jamais. Au contraire, ce dernier se rapprochait à une vitesse folle. Puis Rockfor Egry leva son chapeau en direction de Tatch, comme s'il voulait l'étouffer avec. Mais ce dernier ne se laissa pas faire. Il lança une nouvelle fois l'une de ses armes en direction de son ennemi, cette fois en direction de son arme de fortune. Et la lame traversa le chapeau et transperça la main du roi blanc. Alors Tatch sauta de joie.

"HA ! Je t'ai eu, Rockfor Egry-rabougri-droguerie-mistigri-dinguerie !"
"Non. Tu n'as eu que ma main."

Alors le chapeau attrapa la tête de Tatch en son sein. Le manche du couteau qui dépassait à l'intérieur étourdit le bonhomme qui se sentit partir en arrière, emporté par l'élan du roi blanc et par le coup qu'il venait de recevoir. Il se rappelait qu'il était au bord du toit, juste au-dessus de la rue principale. Il voulut se décaler pour tomber ailleurs mais Rockfor l'en empêcha. Il passa ses jambes autour du corps de Tatch qui n'eut d'autre choix que de chuter en arrière, le dandy au-dessus de lui. Alors il réalisa qu'effectivement, il ne pouvait vaincre ce roi blanc. Car sa volonté de gagner était bien supérieure à la sienne. Il se demanda pourquoi quelques secondes. Puis il comprit. Il avait passé une promesse. Pas à n'importe qui. Tatch sourit bêtement au beau milieu de sa chute. Il se souvint de ce que le King D.D.D. lui avait dit quand il n'était encore qu'un adolescent ambitieux. Il se rappela des débuts de la guerre, de ses premières victoires. Il se remémora comment, rongé par l'orgueil et l'ambition, il avait perdu tout honneur pour ne devenir qu'une petite pute. Perdre ici, finalement, ce n'était peut-être pas plus mal, se dit-il. Alors il pensa à Sacray. Et comme ce dernier l'avait prévu bien longtemps auparavant... ce fut sa dernière pensée.

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"Donc... vous partez vraiment avec eux?"
"Maaa Si ! Jé pars por ouné grande aventura !"
"Mais... pourquoi vous voulez partir?"
"Maaaa jé né peux pas dile none aux paaasta !"
"Aux pasta?"
"C'est ma soeur ! Elle fait cuire des pâtes !"
"... Mais King... Vous n'avez jamais été vaincu... Vous devez nommer quelqu'un pour vous remplacer en tant que roi !"

Le gros pingouin remua la tête calmement puis lorgna du côté des nouveaux compagnons qui l'attendaient. Le capitaine Nora Niji se tenait juste là, un air niais sur les lèvres, tandis que les autres semblaient s'impatienter. La jeune demoiselle tenta même de faire partir l'étrange bateau-tronc en laissant là le capitaine, mais le géant à chemise moche la balança à la flotte avant qu'elle n'y parvienne. M'enfin, peu importe ce qui se passait du côté du fameux équipage des Pirat's, Tatch, du haut de ses dix-sept années, voyait partir là le roi Dad D. Dou qu'il a si longtemps tenté de renverser. Et mine de rien, bah ça lui faisait comme une boule au ventre. Le King DDD avait été comme un mentor pour lui toutes ces années. Une étoile à atteindre. Le voir partir, c'est un peu comme si c'était voir partir le rêve d'être roi un jour. C'est pour ça que Tatch avait couru jusqu'au port pour rattraper le roi pingouin. Pour le voir une dernière fois.

"Maaaa, t'as qu'à l'ètle toi, petite hommé !"
"Vr... Vraiment? Allez l'annoncer à la ville alors !"
"Maaaa porqué? T'as qu'à leur dile toi ! Allez, salute !"
"M-Mais ! Hey ! Revenez !"

Tatch Kavinsky ne put rien faire. Dad D. Dou venait de quitter Gamof Town sans aucun scrupule en compagnie des fieffés Pirat's, des mecs qu'ils sont bien. Tant pis pour le jeune homme, il devrait prouver seul à la ville que c'était lui, désormais, le roi légitime. Il regarda partir le navire au loin. Avant de se retourner vers le royaume qui était le sien.

Sans se douter qu'en balançant à tous "Je suis le roi !", il déclencherait la plus grand guerre civile de l'histoire.

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Lorsque son corps toucha le sol, je le sentis se décomposer entre ce dernier et mon poids. J'avais subit le contrecoup de la chute également, mais il avait amorti tout le choc à ma place. En bref, avec une sacrée douleur aux articulations, je m'en sortais plutôt bien. Son corps me servit de luge sur une bonne vingtaine de mètres, là, sur la route principale. Nul doute que Tatch était mort sur le coup. Je... n'en revenais pas vraiment. Je ne devais ma survie qu'à un sacré coup de bol. Au moment de sauter vers le ravin tout à l'heure, ma manche gauche a accroché la fenêtre. J'ai été rapidement aidé par un fidèle de Sacray qui s'était enfui dans la salle correspondante lors de mon duel contre Kold. Se servant de ma manche gauche mal en point, il m'avait fait un garrot pour bloquer l'écoulement du sang du à la balle qui avait entièrement traversé mon épaule. Après, je suis simplement remonté par l'escalier, et faut croire que Kold et Tatch ne s'en sont pas rendu compte puisqu'ils ont eu l'air de penser que j'avais remonté le long de la paroi sud. Un peu cons ces deux-là. Je ne sais pas non plus si Kold a vraiment utilisé son pouvoir sur le vieil homme lorsqu'il lui a attrapé la cheville. Et foutre heureusement que ce dernier n'ait pas bougé du rebord du toit, sinon m'est avis que je ne l'aurais jamais emporté vers sa mort comme je venais de le faire. Puis soudain, alors que j'étais perdu dans mes pensées, le corps de Tatch arrêta de glisser dans la rue principale. Et je tombais dans les vapes.

Je ne me suis réveillé que quelques heures plus tard, dans un lit luxueux comme je n'en avais jamais vu un. En toute logique, on m'avait foutu dans la chambre à coucher du château. Je ressentais un sentiment étrange. Une satisfaction tout d'abord, d'être roi légitime de quelque chose et d'avoir accompli une promesse, mais également le sentiment étrange d'être partout sauf à ma place. Je me redressai en position assise pour constater avec surprise qu'on m'avait trouvé un nouveau costard et qu'on avait recousu mon chapeau. En regardant mes bras, je découvrais également mes plaies soignées et recouvertes de bandages divers. Un vrai médecin était passé par là. Je poussai un soupire soulagé, comme si tout était enfin réglé. Mais je n'avais nullement l'intention de rester là. Je me levai de mon lit de seigneur, m'habillait de mes habits neufs et sortait de la pièce. Une nouvelle fois à mon grand étonnement, je découvrais devant mon lieu de repos un groupe d'une dizaine d'hommes armés. L'un vint me proposer son aide à peine après que j'eusse posé le pied en dehors de la pièce qui m'était dédiée.

"Monsieur ! Ne forcez pas trop monsieur ! Ne..."
"Pas la peine de vous inquiéter, merci. Dites-moi plutôt... ce qui s'est passé après que..."
"Après que Tatch Kavinsky soit tombé? Eh bien... Le peuple vous a proclamé roi. Le roi Egry premier. Il vous attend."
"Qui?"
"Bah... le peuple. Il est là, rassemblé dans la rue principale. En attendant que vous parliez."
"Mais... Il accepte ça? Que je sois roi?"
"Qu'il accepte ou non, c'est la loi du pays. Un roi ne peut subir le moindre assaut à son encontre ni la moindre tentative de renversement tant qu'il ne s'est pas prononcé face au peuple. Par conséquent... jusqu'à ce que vous leur parliez, ils sont forcés de vous accepter."
"Je... vois."
"Mais vous avez tenu la parole adressée à Sacray. Tout comme Kold Windz leur a remis ses derniers mots. Parce que vous, vous avez vaincu Tatch et que Kold a retrouvé l'esprit qui faisait de lui le meilleur ami de Sacray en son temps, le peuple a décidé de vous aimer tous les deux. Et de toute manière, personne n'a envie de replonger dans la moindre guerre."
"Je vois..."


Je ne pus réprimer le sourire qui se formait sur mes lèvres. Un sourire heureux. Je n'en exprimais que trop rarement à mon gout. Celui-ci n'avait rien de théâtral. Ça faisait un bien fou. Puis une pensée me traversa l'esprit et je regardais, curieux, le garde à qui je parlais depuis tout à l'heure.

"Vous... dites que Kold a retrouvé ses esprits? Il va bien?"
"Lorsqu'il s'est réveillé, monsieur Kold vous a reconnu comme roi légitime. Puis il s'est adressé au peuple pour lui adresser les derniers mots de son ancien ami, le tout avant de s'excuser de n'avoir été qu'un poids pour eux au lieu d'être le roi altruiste qu'il a toujours voulu être et que Sacray a toujours été. Puis... il a annoncé qu'il douterait remarcher un jour. Tatch a été sans pitié avec ses jambes."
"Où est-il?"
"Sur le balcon. Il attend votre allocution. C'est un homme du peuple maintenant, après tout."

Je hochais la tête en guise de remerciements pour le garde avant de me diriger vers le fameux balcon que mon escorte eut vite fait de m'indiquer. A peine y posais-je le pied que le peuple m'acclama. C'était... une sensation étrange. Ce n'était pas ce que je voulais. Et quelque part... je ne suis pas sûr que c'était ce que le peuple voulait également. Je n'étais pas le roi qu'ils attendaient. Il y a une raison simple à cela. Celui qu'ils attendaient est mort. Je n'étais qu'un cheveu arrivé sur la soupe et qui avait épongé tout le potage. J'aperçu Kold, dans un fauteuil, juste à côté. Il m'adressa un sourire joyeux et encourageant. Je lui en rendais un triste. Il fut d'abord surpris. Puis me fit signe de parler à la foule. Je m'approchai du bord du balcon. Posai les mains sur le rebord de celui-ci et commença à parler. Et toute la foule se tut.

"Je... Je suis votre nouveau roi."

La foule applaudit tandis que je poussai un soupire angoissé. Sans savoir quoi dire.

"Et donc, me voilà. Roi. Roi de tooouuut un royaume. Qui aurait pu penser ça, hein? Huh, pas moi. Vous savez sans doute qui ont été tous mes ennemis maintenant, parce que moi oui. Je ne voulais pas les connaître. Et oui, je suis peut-être roi, j'ai tout l'argent de la ville... et tout le royaume... et tous ces trucs. Mais vous savez... je ne pense pas que je veux ça."

Les paroles de Sacray m'étaient revenues comme si je venais tout juste de les entendre. Kold s'en aperçut rapidement et me lança un regard curieux.

"Gamof Town ne doit pas être à moi. Je ne veux pas être roi. Je ne veux pas que vous m'acclamiez. Je ne veux pas que vous me traitiez avec plus de considération qu'un autre. J'm'en fous moi. Je sais que je suis au-dessus de vous. Je sais que je vaux mieux. Mais... Je ne veux pas bénéficier d'une position qui ne me revient pas de droit pour que vous le sachiez aussi. Cette île..."

Je pris une longue inspiration, tandis que l'ensemble du peuple retenait son souffle.

"... m'appartient. C'est tout ce que j'ai gagné aujourd'hui. J'en définis seul les règles. Je décide qui la dirige et comment elle doit fonctionner. Mais je n'en suis que le propriétaire. Les locataires, ce seront juste vous. Vous tous. Je crois que c'est ça que je veux."

Brouhaha dans l'auditoire. C'était bien normal après tout. Je jetai un œil vers Kold qui me dévisageait d'un air contrit. Visiblement, personne ne semblait vouloir vivre sans roi à Gamof Town. Ca bouleverserait tous leurs codes. Je levai les mains pour les plaquer brutalement contre le rebord du balcon.

"Mais écoutez bien ce qui va suivre. Car ce sont mes règles. Les uniques règles que je donnerais jamais pour Gamof Town."

Je prenais ma respiration une dernière fois.

"JE choisis le roi. Plus de coups d'état. A quiconque pénètrera cette île avec l'intention de renverser celui qui dirigera cette ville, vous direz ceci "Gamof Town est à Rockfor Egry.". Qu'il parte ou qu'il reste, je vous fais confiance pour vous en occuper. Voici ma règle. Plus de guerre. Plus de morts inutiles. C'est tout ce que je vous ordonne de faire. C'est la seule et unique chose que je vous demanderais jamais. Souvenez tous que Gamof Town est à moi. Et celui qui oublie ça..."

Sur mon visage apparut l'air déterminé que ce peuple connaissait bien. Il l'avait vu dans à peu près tous les rois qu'a connu la ville. Il l'avait vu dans les yeux de Tatch quand il disait, quarante années plus tôt, que quiconque nierait le fait que Dad D. Dou l'avait nommé roi à sa suite devait être châtié. Il l'avait vu dans les yeux de Gontran lorsqu'il disait vouloir devenir quelqu'un. Il l'avait vu dans les yeux de Berri lorsque tout le monde s'était moqué d'elle à l'idée qu'elle devienne reine. Dans ceux de Kold lorsqu'il a présenté ses excuses. Dans ceux de Sacray D. Konneur... tout le long de sa vie. Ils connaissaient bien cette détermination. Celle de celui qui ira toujours au bout de ce qu'il dit.

"Je vous promets que je reviendrais personnellement pour lui expliquer à nouveau mes règles."

Alors le peuple applaudit.

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Bruto la brute entra dans la grande salle du château. Dans son énorme main, un garde assommé. Kold, assis sur son trône, soupira de tout son long. Bruto lâcha un "GLAGWALARGH !". La traduction la plus proche de notre langue est un truc du genre "Mon trône ça être ! Toi laisser moi !". Bien évidemment, le roi ne comprit pas. Il se leva, s'appuyant de tout son poids sur sa canne. La dizaine de gardes du corps autour de lui s'approcha pour l'aider, mais il leur fit signe de se reculer. Il vint jusqu'aux pieds de Bruto. Celui le fixa d'un air mêlant débilité et méchanceté. Kold leva les yeux vers lui, avec un regard qui affichait toute la persuasion dont il savait faire preuve.

"Cette île appartient à Rockfor Egry."

Puis Kold se détourna pour repartir s'asseoir dans le trône que l'homme en blanc lui avait offert quelques mois plus tôt désormais. Il ne daigna même pas reposer le regard sur Bruto. Kold n'avait plus besoin de toucher les gens pour les persuader de faire quelque chose. C'était ce qu'il avait créé comme lien avec son peuple. Sa décision était celle de tous. Ses mots, ceux de tous. C'est pourquoi Bruto recula. Avant de tourner le dos et de partir en direction d'un trône plus facile à prendre. Car même s'il ne comprenait pas ce que Kold lui avait dit, il avait senti dans ses mots la force des milliers d'habitants qui composaient Gamof Town. Plus la force d'un roi. Et plus encore, la force de Rockfor Egry.

Et aucun prétendu roi ou contestataire ne parvint jamais à passer au-dessus de ces forces-là.


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"SI JE TE DIS D'ALLER TOUT DROIT, TU VAS TOUT DROIT !"
"Raaah, mais laisse-moi diriger comme je veux ! Pourquoi tu veux aller tout droit d'abord? A gauche, c'est mieux."
"PARCE QUE JE SUIS TON CAPITAINE MON GAILLARD. DONC C'EST MOI QUI DIT OU ON VA !"
"D'accord. Mais souviens-toi toujours d'un truc Ging "BAM" Dong. Souviens-toi toujours que je suis ton putain de roi. T'avises pas de l'oublier."
"J'PEUX QUAND MÊME ETRE TON CAPITAINE ?!"
"Bah euh... oui."
"BAH ALORS C'EST QUOI LE PROBLÈME ? T'ES MON ROI SI TU VEUX, C'EST PAS GRAVE ! TANT QUE C'EST MOI LE CAPITAINE ÇA ME VA, BWAHAHAHAHAHA !"


Il y avait deux choses que Rockfor Egry n'aimait pas. Qu'on le contredise, surtout lorsque c’est juste par esprit de contradiction, et qu'on lui donne des ordres. Mais il y avait une chose que Rockfor Egry aimait bien. Et c'était Ging "BAM" Dong.

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