"Qui es au courant ?"
"Seulement notre contact, Maestro."
"Mettez fin à la liaison, que personne ne fasse de fuites, on a déjà assez avec un collabo'."
"À vos ordres, qu'en sera-t-il du traître ?"
"Je m'en occupe personnellement, je ne suis pas loin du lieu, mobilisez les troupes sur les autres points chauds pour que de tels incidents ne se reproduisent pas, Assassino."
"Bien, Maestro. Tout de suite, Maestro."
La nuit, tous les chats sont gris. Une affirmation qui tenait du mythe, pour les assassins. La nuit était pavée du sang rouge de leurs victimes. À chaque aube son lot de souffrance nécessaire et de morts indispensables. À chaque nouvelle journée, la loi du peuple reprenait ses droits et le monde se rapprochait de plus en plus de l'idéal de perfection tel que les hommes en blancs espéraient le voir venir. Que la vérité éclate, et que le monde cesse de s'agenouiller devant la force implacable de ce Gouvernement félon. Et pour cela, il devait endiguer le flot de leurs vilenies, quand bien même cela signifiait se livrer à la sale besogne. Et comme de coutume, cela signifiait sacrifier ses propres pions sur l'échiquier du monde. C'était cruel, certes, mais nécessaire. Ainsi, l'imbécile qui s'était cru assez grand pour duper la Révolution avait proposé au plus offrant des plans de technologie avancée, récupérée sur une série d'expérience sans queue ni tête, aux yeux de l'assassin, mais pourtant d'une importance cruciale : soit disant une avancée dans le monde de la cybernétique. Bref, un truc de scientifique. D'un geste impatient, l'assassin rangea l'obscur escargot noir qui s'excitait dans sa main, puis le contraint au silence d'une claque agacée. Lorsqu'on cherchait le plus offrant en doublant son employeur, mieux valait crypter ses communications, pauvre imbécile. Rafael inspira profondément, alors que le mince croissant de Lune jetait une lumière diaphane sur les toits de Tequila Wolf. Il était loin le temps où il réduisait les caserne en cendres avec l'appui de son frère. Se laissant glisser du haut de son promontoire, l'assassin gagna les toits en contrebas, cherchant des yeux le point de rendez-vous donné par le scélérat. Il s'agissait bien entendu d'un point remarquable, situé aux abords du port.
Première erreur, ne pas faire le transfert dans un lieu public. Une chose qui ne faisait que confirmer son mépris pour la gent des savants. Chacun possédait son art, il fallait dire, mais là, c'était quand même un peu trop. Se retrouver à l'heure du crime sous l'auvent d'un ancien parc à bateau c'était comme crier au loup, défroqué au milieu d'un bordel. Mais peu importait. Se glissant parmi les ombres comme un funambule l'aurait fait sur son fil, il trouva rapidement le lieu susnommé et en profita pour faire un rapide repérage. Pas grand monde aux alentours, pas de regards en coin, c'était parfait. Il gagna la terre ferme en laissant fumer ses pieds, ne faisant aucun bruit à l'impact, puis s'avança discrètement sur l'imbécile en blouse blanche. Le type tenait contre lui une mallette, la serrant à tel point qu'il était étonnant que le motif de l'attache ne lui soit pas encore imprimée sur le torse. Etait-il stupide au point de se balader en tenue de travail ? Assurément. D'un coup d'oeil, l'assassin analysa la cible, la description était conforme, aucun doute. Ce fut donc avec un malin plaisir qu'il se désagrégea dans le silence le plus total en une légère chape de fumée avant de passer sous l'abri rudimentaire de tôles. En une seconde à peine, il reprit forme humaine, ténébreuse silhouette derrière le traître. Et alors qu'il appliquait sa main sur sa bouche, il lui enfonçait une dague entre deux vertèbres, le paralysant quelques secondes avant de l'achever.
"Ton avarice a entraîné ton châtiment, pauvre homme. Trahir la Révolution, c'est trahir le peuple. Et trahir le peuple, c'est s'exposer au courroux des hommes. Que tu trouves le repos dans la mort, et que tes duperies te soient pardonnées : personne ne mourra par ta faute en cette triste soirée. Repose en paix." termina-t-il, en le déposant à terre, et voyant la lumière quitter peu à peu ses yeux sans qu'il ne profère un mot : seulement une lueur de surprise.
Tel était pris qui croyait prendre. Doucement, l'assassin retira la mallette des mains de sa victime et d'un geste professionnel, il essuya la lame de sa dague, maculée de sang, sur la blouse du cadavre, avant de la lui poser sur le torse. Dès demain, la nouvelle de la présence d'Il Assassino se répandrait comme trainée de poudre dans la cité, et à nouveau la Révolution saurait que la justice n'était pas morte. Leu Justice. Rapidement, Rafael farfouilla dans la mallette, histoire d'en vérifier le contenu, puis la referma. Tous sauraient que son glaive restait pendu au dessus de leur tête. Quel dommage que de maintenir ces hommes par la peur, il se sentait honteux d'user des mêmes méthodes que ses adversaires. Mais il était nécessaire que des hommes comme lui sacrifient leur âme pour le bien commun. Il se releva, prenant appui sur son genou, il était temps de retrouver le chemin de Shell Town à présent. Il était temps que son voyage commence.
"Seulement notre contact, Maestro."
"Mettez fin à la liaison, que personne ne fasse de fuites, on a déjà assez avec un collabo'."
"À vos ordres, qu'en sera-t-il du traître ?"
"Je m'en occupe personnellement, je ne suis pas loin du lieu, mobilisez les troupes sur les autres points chauds pour que de tels incidents ne se reproduisent pas, Assassino."
"Bien, Maestro. Tout de suite, Maestro."
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La nuit, tous les chats sont gris. Une affirmation qui tenait du mythe, pour les assassins. La nuit était pavée du sang rouge de leurs victimes. À chaque aube son lot de souffrance nécessaire et de morts indispensables. À chaque nouvelle journée, la loi du peuple reprenait ses droits et le monde se rapprochait de plus en plus de l'idéal de perfection tel que les hommes en blancs espéraient le voir venir. Que la vérité éclate, et que le monde cesse de s'agenouiller devant la force implacable de ce Gouvernement félon. Et pour cela, il devait endiguer le flot de leurs vilenies, quand bien même cela signifiait se livrer à la sale besogne. Et comme de coutume, cela signifiait sacrifier ses propres pions sur l'échiquier du monde. C'était cruel, certes, mais nécessaire. Ainsi, l'imbécile qui s'était cru assez grand pour duper la Révolution avait proposé au plus offrant des plans de technologie avancée, récupérée sur une série d'expérience sans queue ni tête, aux yeux de l'assassin, mais pourtant d'une importance cruciale : soit disant une avancée dans le monde de la cybernétique. Bref, un truc de scientifique. D'un geste impatient, l'assassin rangea l'obscur escargot noir qui s'excitait dans sa main, puis le contraint au silence d'une claque agacée. Lorsqu'on cherchait le plus offrant en doublant son employeur, mieux valait crypter ses communications, pauvre imbécile. Rafael inspira profondément, alors que le mince croissant de Lune jetait une lumière diaphane sur les toits de Tequila Wolf. Il était loin le temps où il réduisait les caserne en cendres avec l'appui de son frère. Se laissant glisser du haut de son promontoire, l'assassin gagna les toits en contrebas, cherchant des yeux le point de rendez-vous donné par le scélérat. Il s'agissait bien entendu d'un point remarquable, situé aux abords du port.
Première erreur, ne pas faire le transfert dans un lieu public. Une chose qui ne faisait que confirmer son mépris pour la gent des savants. Chacun possédait son art, il fallait dire, mais là, c'était quand même un peu trop. Se retrouver à l'heure du crime sous l'auvent d'un ancien parc à bateau c'était comme crier au loup, défroqué au milieu d'un bordel. Mais peu importait. Se glissant parmi les ombres comme un funambule l'aurait fait sur son fil, il trouva rapidement le lieu susnommé et en profita pour faire un rapide repérage. Pas grand monde aux alentours, pas de regards en coin, c'était parfait. Il gagna la terre ferme en laissant fumer ses pieds, ne faisant aucun bruit à l'impact, puis s'avança discrètement sur l'imbécile en blouse blanche. Le type tenait contre lui une mallette, la serrant à tel point qu'il était étonnant que le motif de l'attache ne lui soit pas encore imprimée sur le torse. Etait-il stupide au point de se balader en tenue de travail ? Assurément. D'un coup d'oeil, l'assassin analysa la cible, la description était conforme, aucun doute. Ce fut donc avec un malin plaisir qu'il se désagrégea dans le silence le plus total en une légère chape de fumée avant de passer sous l'abri rudimentaire de tôles. En une seconde à peine, il reprit forme humaine, ténébreuse silhouette derrière le traître. Et alors qu'il appliquait sa main sur sa bouche, il lui enfonçait une dague entre deux vertèbres, le paralysant quelques secondes avant de l'achever.
"Ton avarice a entraîné ton châtiment, pauvre homme. Trahir la Révolution, c'est trahir le peuple. Et trahir le peuple, c'est s'exposer au courroux des hommes. Que tu trouves le repos dans la mort, et que tes duperies te soient pardonnées : personne ne mourra par ta faute en cette triste soirée. Repose en paix." termina-t-il, en le déposant à terre, et voyant la lumière quitter peu à peu ses yeux sans qu'il ne profère un mot : seulement une lueur de surprise.
Tel était pris qui croyait prendre. Doucement, l'assassin retira la mallette des mains de sa victime et d'un geste professionnel, il essuya la lame de sa dague, maculée de sang, sur la blouse du cadavre, avant de la lui poser sur le torse. Dès demain, la nouvelle de la présence d'Il Assassino se répandrait comme trainée de poudre dans la cité, et à nouveau la Révolution saurait que la justice n'était pas morte. Leu Justice. Rapidement, Rafael farfouilla dans la mallette, histoire d'en vérifier le contenu, puis la referma. Tous sauraient que son glaive restait pendu au dessus de leur tête. Quel dommage que de maintenir ces hommes par la peur, il se sentait honteux d'user des mêmes méthodes que ses adversaires. Mais il était nécessaire que des hommes comme lui sacrifient leur âme pour le bien commun. Il se releva, prenant appui sur son genou, il était temps de retrouver le chemin de Shell Town à présent. Il était temps que son voyage commence.