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A thief is stolen [1623]

Précédemment

Des cris d'alerte. Des pas saccadés. Un fantôme rouge, traqué à travers le royaume, bondissait au dessus des civils, de rires et de claques. Son grand chapeau à plumes frémissantes, c'tait encore une fois Old Crow. Pourtant, il lui manquait toujours de quoi : son énorme gourde, perdue dans une bagarre violente dans un bar miteux — comme elle les aimait. Rien à dire à sa partenaire de course, Soeur Marie-Thérèse. Ni à sa fille, nichée sur ses épaules, qui serrait fortement de ses petits poings le manteau de Maman. De grandes enjambées. Ses getas souffraient chaque fois qu'elles touchaient sol. La pipe au bec. Une traînée grise, fumée odorante du meilleur tabac de South Blue : le sien.
Elles bifurquèrent. Un peu en arrière, Adrienne tourna le coin après sa capitaine. Au même moment, une main puissante l'aida à aller plus loin dans la ruelle. Puis la plaqua au mur. Crow sortit de l'ombre, un doigt sur une bouche souriante. Ses yeux pétillaient de malice.

Leurs poursuivants passèrent s'en tourner eux aussi. Ils trottèrent plus loin, criant des ordres maintenant inaudibles. Crow poussa un grand cri de victoire, les mains sur les côtes, la bouche ouverte. En nage. Puis elle aspira fortement jusqu'à pleine intoxication, suffocation complète, et recracha le nuage de fumée. Elle monta au nez de Rosianne qui toussota un peu. Old Crow haletait toujours.
Pas un mot à sa complice. Elle lui tourna dos et continua dans la ruelle. Elle ne connaissait aucunement le coin, improvisait à chaque rue. Cependant, ses infos étaient claires : aux docks sud, elles trouveraient un vieil entrepôt de briques rouges. À l'intérieur, les Walkyries trouveraient un beau magot. Old Crow en salivait déjà. Un beau nid d'or pour se coucher, cela ferait du bien ! Un peu de repos quoi...
Alors, avec toute sa logique de brute, Crow se dirigeait vers le sud.

Les Walkyries s'enfoncèrent un pas de plus dans la pénombre.

~W~


Vraiment, elles devaient se rendre à l'évidence : aucune des trois ne connaissaient le coin. Ce fut pour cette raison que, par quelques courses improvisées, une rencontre fortuite, des mots échangés rapidement, qu'elles engagèrent une nouvelle complice. Un navigateur, selon ses dires. Navigatrice, corrigea Old Crow.
Cette dernière en connaissait deux autres, qui, suite à un rapide engagement chez les Walkyries — et la compréhension que de toutes trahisons naîtrait une Meneuse de fauves furibonde — déterminèrent un rapide plan d'action pour intercepter leur dû. Sous leur nez aux trois originelles, les nouvelles recrues venaient de trouver le moyen de devenir riches. Non sans contentement, Old Crow se frotta les mains et ne gaspilla pas plus de temps pour attaquer le plat principal...

Spoiler:

~W~


« On y va ! »


Bong !

« On y va ! »


BONG !

« ON Y VA ! »


BONG !!!

« Ok, on y va pas. »


La tête encore fumante de Maman, Rosianne relevait les poings, légèrement enflés par ses frappes unies. Elles avaient trouvé ledit entrepôt. Hors, il était plutôt bien gardé. En uniforme, des gardes patrouillaient autour de la bâtisse plutôt grande. Tous les carreaux étaient occultés et l'entrée était gardé par des malabars. Et aux dires des nouvelles soeurs, Maman aurait du mal à trouver une autre porte...
Forcer le passage avait été la solution première de Maman, mais pour une fois, Rosianne ne l'écouta pas. L'une des trois nouvelles — la plus étrange — avait dit non. Si elle avait dit non, ce n'était pas pour rien. Si elle disait non, alors Rosianne ferait non. Rosianne avait convaincue Maman de faire aussi non. Elles n'y allaient pas... tout de suite.

« Qu'est-ce qu'on fout alors... »


Bonne question. L'énervement était visible dans tout le corps d'Old Crow. Voilà qui ressemblait guère à la matrone d'attendre le moment opportun pour avancer. Du type char d'assaut, elle ne s'en laissait pas imposer. Un obstacle, deux obstacles... Plusieurs obstacles. Elle passait au travers, voilà tout.
Quitte à mourir.

« Z'êtes nulles les rigolotes... On fout quoi Adri' ? »
    Sérieux ? T'aurais pu y aller mollo tout à l'heure ? J'ai failli me casser la figure contre le mur. J'ai failli aussi me tordre la cheville. T'aurais été sacrément emmerdé si t'avais dû m'aider à marcher. T'as fait que sourire et continuer à courir. Merci de te soucier de moi ? Ça va bien ? C'est Cool ? Pas un mot ? Pf. J'sais bien que t'es pas médecin, mais tu pourrais dire quelque chose. Pas gentille va. Les nouvelles ont l'air plus sympathique. Je les regarde du coin de l'oeil alors qu'on s'approche de l'entrepôt. Jeune, fraiche et motivée. Rien de mieux pour les Walkyries. Elles semblent pas foncièrement mauvaises. C'était du tout bon. L'une était navigatrice. C'est bien. Ça fait toujours du monde qui peut faire pression sur Crow si elle tente de faire une grosse bêtise. La navigatrice qui est contre la capitaine, ça pèse son pesant de doutes. Quand on en aura fini avec ce soir, il faudra que je discute avec la fille. Histoire de vérifier qu'elle est bien aussi gentille qu'elle semble vouloir le paraître. Pour l'instant, leur motivation, c'est l'argent, mais j'les ai prévenus tout de suite ; on rend l'argent ! Voler de l'argent volé, c'est du vol ! Crow a souri quand j'ai dit ça. Enfin, si on trouve pas à qui ça appartient... on pourrait le garder... voilà. C'est pas un crime, non ? Il vaut mieux que cet argent serve votre cause plutôt qu'il soit détourné par de viles personnes malhonnêtes. J'ai toujours voulu avoir un collier en or... Non ! Ne pas penser à ça ! Je ne suis pas cupide ! Je ne suis pas cupide !

    Toute façon, on a pas encore vu ce qu'il y avait vraiment dans cet entrepôt. Peut-être qu'il y a que des rats. Ça serait bien notre veine.

    On arrive en bordure de l'entrepôt. En tout cas, Crow a l'air sûr que c'est là. Les trois autres disent pas le contraire. Tant mieux. De là où on se trouvait, on pouvait apercevoir plusieurs gardes patrouillant. Deux devant une double porte de bois. Deux sur une passerelle au premier étage. Un groupe de trois qui faisait le tour du propriétaire. Armement. Fusil et épée. Ceux de l'entrer étaient plutôt mastoc, comme s'il fallait beaucoup de forces pour ouvrir les portes. Les hommes semblaient plutôt décontractés ; ils ne devaient pas se faire attaquer tout les jours. Les rumeurs de blagues échangées entre les hommes viennent jusqu'à mes oreilles. C'est le bon moment pour frapper. Pris au dépourvu, ils ne résisteront pas longtemps. Il suffira alors de récolter le fruit défendu... Sauf que c'est pas aussi grave que la pomme, hein ? C'pas la tentation ! Sauf que les nouvelles étaient pas pour. Bizarre. Elles disent non, mais elles disent pas pourquoi. L'une garde le sourire. On se fait tester ? Ah bah ma bougresse ! Va pour le test ! Tu passeras sur le grille de mon prêche ensuite !

    Old se tourne vers moi. Je me tourne vers elle. Je le vois dans son regard. C'est pas l'envie qui lui manque de foncer dans le tas. J'suis même surprise qu'elle soit pas déjà partie. Les deux baraques de l'entrée, elle a envie de les cogner. Fierté de la brute. Tout ce qui semble être brutal doit se plier à sa volonté. Ainsi, je déroge à la règle. Je suis fragile et gentille, moi ! C'est comme s’ils la mettaient au défi d'attaquer. Le genre de défi que la Capichef règle sans subtilité. Je crains pour les deux gusses. Il est préférable que quelqu'un qui se contrôle et qui est gentil s'occupe des gardes.

    J'vais charger.
    Et j'vais les attirer loin d'ici. Ils devraient pas rester grand monde. Vous aurez le temps pour entrer, trouver ce qu'on est venu chercher et sortir. S'il y a pas de problème. Je reviendrais si j'en finis rapidement. Ok ? Prends soin de ma hache.


    Elle aime pas. Ça se voit. Elle veut s'occuper des deux loustics. J'sens qu'elle va dire quelque chose. J'hésite pas. Je laisse ma hache à l'une des filles. Pourquoi l'abandonner ? Si je fonce là dedans, armée, ils vont plutôt me canarder. Pas un regard d'adieu pour elle, je vais bientôt la retrouver ; je saute en avant et je charge. Je traverse la moitié de la distance quand les gardes s'aperçoivent de ma présence. Un type me hurle de m'arrêter. Les deux gros s'avancent vers moi, lentement, un de chaque côté. Ils voient que je suis une femme. Leur visage crispé se détend. Je suis plus qu'à deux mètres. Ils voient la taille de mes bras. Ils arrêtent de sourire. L'un écarquille les yeux et prononce un truc incompréhensible.

    C'est le choc. Je me suis abaissée et mon épaule vient rencontrer le torse du premier. Je le soulève littéralement. Je m'arrête d'avancer et le voilà parti faire un vol plané de deux mètres. Il s'écrase sur le sol. Son pote a suivi sa trajectoire, ahuri. Dès qu'il touche le sol, son regard revient vers moi. Juste à temps pour voir mon poing en gros. Je lui pète l'arcade sourcilière sur le coup et il recule sous l'impact. Un pas. Deux pas. Je balance le plat du pied dans son bide. Cinq pas. Sol. C'est fini.
    En fait, non, mais ils sont à terre. J'éclate de rire. Rire faux, évidemment, j'suis pas ravi comme Crow de taper des types. Ils ont juste fait la bêtise de protéger les trésors de voleurs. 'sont un peu complice. Voir leur deux tanks à terre, ça fait de l'effet aux autres. L'un me tire dessus. Comme ça, reflète ? Je me mets à détaler dans une direction opposée à Crow et cie. Que vont-ils faire ? J'entends un type ordonner aux autres de m'attraper. Je jette un rapide coup d'oeil derrière moi. Je vois six têtes. Six fusils. Je vois d'autres têtes derrière. Ils sont plus nombreux ? Arf. J'vais quand même pas vider la garnison. Faut en laisser un peu à Crow, sinon, elle va vraiment faire la gueule. Ou me refaire la gueule. Au choix.


    Dernière édition par Adrienne Ramba le Sam 16 Juin 2012 - 13:02, édité 1 fois
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    Adrienne partait, dégageait, poursuivie par de vilains garnements. Maman avait les poings sur les hanches, une mine affreuse, mordillant à faire craquer, briser, sa pipe. Son pas lourd traversa les arbuste où elle et sa joyeuse bande s'était réunie. Alors que l'une des trois étranges filles lui demandait d'une main nerveuse d'attendre, elle lui jeta un regard à en faire pâlir plus d'une. Ici, c'était Old Crow la Meneuse, pas question que l'on lui prenne sa place ! Bordel, sans capitaine, mais où allait l'équipage ? Déjà que le brute n'était pas rapide-rapide, fallait lui en laisser un peu quand même. Adri' n'était plus là et les malabars se relevaient, seuls obstacles vers l'entrepôt. Les portes étaient solides, semblaient-elles, mais sûrement que notre femme au foyer l'était encore plus. Les défoncer, voilà le rôle que lui avait laissée Adrienne ? Parfait, elle s'en acquitterait ! Rapidement, Old Crow pivota, donnant ses ordres à ses fauvettes !

    « Vous deux, vous donn'rez un coup d'main à Adri' ! Vite, apportez-lui sa hache, qu'ça saute ! Pis toi, tu vas m'dégoter un bateau ! D'mande moi pas comment, tu t'arranges ! Tiens toi prête à m'voir arriver 'vec le magot fillette ! Allez, ouste les filles ! »


    Les trois ombres se dispercèrent. Alors que deux tentaient tant bien que mal de porter l'énorme hache d'Adri', l'autre semblait plus encline à accepter son rôle qui, comprenez bien, ne serait pas du gâteau. Cependant, chacune d'elles se devait de réussir, sinon, ce serait peut-être la fin des Walkyries : sans son butin, Old Crow noierait sa peine dans l'alcool... qu'elle n'avait pas encore sur elle mais qui viendrait, pour sûr.
    D'un bond, la Déesse des Walkyries immergea des feuilles, roulant à peine. L'un des colosses s'étonna une nouvelle fois de voir un femme poindre à l'horizon. Or, rapidement, sous sa main en visière, ses yeux s'étirèrent. Une venait à peine de le foutre au sol, alors l'autre n'envisageait rien de bon ! Pressé, apeuré, il releva son frère d'arme : ils se mirent en garde, maintenant prêts à recevoir le choc de plein fouet. Haha, ils ne tomberaient plus si facilement, ces lascars !

    Vous connaissez le lancé de la sirène ? Art maternel transmise de génération en génération consistant à sonner ton adversaire en projetant l'hybride à sa figure. Alors, lorsque gros bras Un vit son congénère gros bras Deux recevoir la petite Rosianne en pleine tronche, il fit le saut. Old Crow avait tourné, puis, lorsqu'elle avait remonté, avait balancé sa fille par dessus son épaule. Ce fut dans un cri suraiguë que la sirène avait attrapé les bajoues de GB2 pour lui balancer de violentes petites frappes rapides sur le bout de son nez. GB1 ne comprenant plus, il tenta de débarrasser son frère de cette furie, , confrère qui reculait vers les grandes portes plus sous l'effet de la surprise que la véritable violence de l'enfant. Puis, alors qu'ils parvenait enfin à décoller l'hybride du visage de GB2, ce fut à Old Crow d'agir. Avec assez d'élan, la belle décolla du sol pour projeter ses getas vers l'avant et ascéner de puissants coups de pieds dans les estomacs des deux durs. Les corps tombèrent contre les portes, fracassèrent leurs crânes contre le bois solide et mis une fois pour toute les costauds gardiens au tapis. S'époussetant les mains, la reine de la bagarre contourna les corps, récupéra sa fille et cogna tout bonnement à la porte. Puis elle attendit de mettre son poing à la première tronche qu'elle verrait.

    Trop longue l'attente, Old Crow défonça plutôt les portes. Entrant rapidement dans l'entrepôt, elle tomba sur des mallettes ouvertes ou mi-closes, remplies de liasses de billets. Elle en bavait. Une voix rauque l'empêcha de faire un pas de plus, lui demandant de bien vouloir cesser ses actes de violence. Old Crow ne s'interrogea pas plus longtemps.

    « 'Fin, d'bons molosses et pas les p'tits chiens... Ghuhuhu, hâte d'voir c'que tu vaux, Baka! »


    Si il était là, c'est qu'il n'avait pas peur de la force de Old Crow. Profondément idiot ou profondément compétent ? À savoir...


    Spoiler:
      Quand j'y pense, j'ai bien l'impression que ça fait des siècles que je suis pas revenue à Bliss. La dernière fois était quand même assez compliquée ! J'y pense seulement maintenant, car la situation ressemble à ce que j'avais vécu l'année dernière. Courir dans les ruelles sombres avec des branquignols aux trousses. Là, heureusement, j'ai pas de blessures. C'quand même vachement plus sympa. Tant que je tombe pas sur un Tahar Taghel, ça ne peut pas dégénérer. Toute l'histoire d'il y a un an avait commencé avec lui ! J'aurais pas eu à croiser la route de c'te zen de marine ! Et Elsa n'aurait pas eu à me sauver les miches. La honte quand même. Le sermon qu'elle m'avait fait. Et la rouste qui a suivi. Ouaip. J'espère qu'elle est pas encore là. Bon, ne pas se faire trucider, on sait jamais, elle pourrait se cacher dans un coin, attendant que je me fasse charcuter pour sortir de nulle part et m'humilier une nouvelle fois. La garce.

      Je continue de courir, évidemment, en jetant des coups d'oeil par dessus l'épaule. Il y a bien cinq gusses qui me suivent. D'autres ont abandonné la poursuite. Sarah était entrée en jeu ? Il y a des chances. Elle a pas fait dans la dentelle, surement. C'est Sarah quoi. Les pauvres, ils vont douiller sévère. J'essaie de les semer. Autant éviter les dommages collatéraux. Ils ont bon protéger des trucs pas bien, ils sont pas forcément méchant, au contraire, c'est juste un boulot pour eux. Le mien est de faire les biens. Faire des veuves et des orphelins, c'pas dans mes attributions. Et puis, tu seras vraiment pas content. Moi aussi. On est pareil ! Logique. Tiens, une ruelle étroite, je m'y engouffre rapidement et j'attends. Je cours, je cours, mais il faudrait pas non plus que je m'éloigne. J'vais perdre du temps à revenir après. Je sais pas ce qui se passe avec Crow ; elle pourrait avoir besoin de moi. J'attends en silence. Les bruits se rapprochent, puis je vois passer par quatre types, armes au poing, braillant des ordres. Tiens, ils disent des trucs intéressants. Ils parlent d'un certain Alca Telucent qui va les découper s'ils me retrouvent pas. Bah, vous me retrouverez pas. Tant pis. Par contre, si je peux croiser ce Telucent, j'peux m'arranger pour qu'ils vous tuent pas. J'suis sympa. Faut protéger son prochain. C'pas moi qui le dit. Enfin, tu l'as fait dire. T'es comme ça ; t'aimes les portes-paroles.

      Les pas s'éloignent. Je me rapproche du passage. Coup d'oeil à gauche, coup d'oeil à droite. Personne. Ça fait ça de moins à faire. Les gusses vont surement se perdre dans les ruelles et quand ils reviendront à leur entrepôt, les Walkyries en auront fini. Vite fait bien fait, j'aime ça. J'me mets à courir en sens inverse sur une grosse centaine de mètres avant de capter le problème. J'ai pas franchement noté par quelle ruelle je suis passée. Du coup, l'entrepôt, c'est où ? Merde ! Quelle connerie ! Moi aussi j'suis perdue ! Bon. Seigneur, tu peux faire un truc ? Genre poper des miettes de pain pour me guider ? Ou des cailloux ? Enfin, un truc que je peux reconnaître. Oui ? J'attends. Toujours pas. Bon. C'est déjà fait peut-être. Je m'avance un peu, histoire de voir si rien n’a échappé à mon attention.

      C'est vous, les mecs ?

      Hein. Je lève la tête sur ma gauche. Il y a là un type. Un garde. De ceux qui sont passés. Qu'est ce qu'il fout là ? Il était en train de remonter son pantalon ! Hein … ah, ok. Je vois. Burk. Il a son fusil dans sa main. Il sait qui je suis ? Je sais pas. Il me regarde bizarre. Indécis.

      Salut.
      … Salut.
      Il faut beau hein ?
      Euh … Ouai …
      C'est par où l'entrepôt ?
      Euh. Vous suivez cette ruelle et c'est tout droit.
      Merci !
      Pourquoi … mais comment vous savez que je parle bien du même entrepôt ?
      Ah … Euh, j'sais pas. Comme ça !

      Il sait. Je le vois. Il a cette petite lumière dans les yeux. On se décide ? On se décide. Il soulève son fusil tandis que m'approche brusquement. Je m'abaisse, il tire ; la balle passe au-dessus de ma tête. Je chope son fusil que je pointe vers le bas. Pas fou, il le lâche et dégaine son sabre et s'apprête à me couper verticalement. Je mets le fusil fraichement acquis en opposition. L'épée arrive au contact et tranche net. Je regarde le fusil ; c'pas solide c'machin ! Je le regarde. Un rictus malsain déchire son visage. Je fais un pas en arrière. Il veut s'avancer, mais c'est compliqué le pantalon baissé. Alors, il sautille vers moi. J'pourrais facilement me casser. En fait non. Je dois passer par la ruelle devant moi, mais il bloque le passage. Pas question de prendre un autre chemin, je serais capable de me perdre. J'essaie de voir une ouverture pour lui filer un pain ; il l'aura bien cherché. Sauf que c'est pas un manchot, et même le pantalon baissé, il est solide comme combattant. Ça sent le roussi !

      Adrieeeeennnne !

      Je tourne la tête. Lui aussi. Kirna et Calas. Là. Avec ma hache ! Je prends pas racine et je bondis vers eux et je leur prends ma hache d'amour des mains. Ma chérie, t'm'as manquée ! L'autre a pas bougé. C'est un peu l'attente ; que faire ?

      Merci les filles ! Attendez un instant, j'ai un compte à régler !

      Hache en main, je m'avance franchement vers le mec. Il bondit en avant et tente un coup d'estoc. J'esquive et je lève ma hache bien haute. Il sent le coup venir et met son épée en opposition comme j'ai pu le faire avec le fusil. Sauf que ma hache, c'pas d'la merde, pas comme son équipement. J'abats mon arme et qui casse en deux l'épée. Camelote. Emportée par l'élan, ma hache fend l'air et vient se planter dans le pantalon du gusse, toujours baisser, pile entre les jambes. Il regarde vers le bas sans se soucier que son épée a vachement raccourci. Je remonte d'un coup l'arme et je pivote pour faire levier. L'arme se bloque à l'entrejambe et je mets à le soulever, puis je remonte ma hache vers l'avant. Le type est propulsé dans mon sens et vient se ramasser durement sur le sol. Kaputt. J'pense qu'il a compris qu'il fallait pas m'emmerder.

      Voilààà. Bon, c'par là. Vous me suivez ?

      Pas besoin de réponses. Tout le monde est là pour ça. Elles vont pas se casser maintenant. En chemin, elles me disent ce que Sarah à grossièrement fait. Du Crow, tout simplement. Merci pour la hache, ça fait plaisir. Elle pense à moi, elle est sympa. Je lui en toucherais un mot quand je la reverrais. Justement, on arrive à l'entrepôt. Pas la même porte en fait. C'plus un truc tout petit à l'arrière du bâtiment, une entrée de service. Je zieute Kirna et Calas. Pas d'objection. Il y a l'air d'avoir personne ; on fonce ! On pourrait tomber sur l'arrière des gardes, ça serait sympa. Arriver contre la porte, je vous un gros coup d'épaule, mais la porte est solide. C'est alors que Kirna a la bonne idée d'utiliser la poignée. Ça s'ouvre facilement. Mouai, pas con. On s'y engouffre, les deux Walkyries à ma suite. Il fait sombre là-dedans. On y voit rien. Enfin, façon de parler. J'arrive à deviner des caisses. Des trucs dans le genre. C'est un entrepôt quoi. Bon. Les filles. Faut se mettre au boulot.

      D'un coup, les lumières s'allument. Je me protège les yeux de ma main. Merde ! S'passe quoi ?! J'entends alors un truc. Une voie. Plutôt jeune, le ton trainant et méprisant.


      Tiens tiens... nous avons ici des rats ...


      Dernière édition par Adrienne Ramba le Mar 26 Juin 2012 - 21:18, édité 1 fois
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      D'où ils viennent ~ W~
      Il y avait de ces hommes, dans ce monde, qui ne savaient pas encore comment accomplir leur idéal de paix. Tilts Wolf était l'un d'eux. Ancien chasseur de prime qui n'avait été ni trop bon ni trop mauvais, il n'avait pas réussi pas dans le métier. Reconvertissant alors son choix de carrière dans la sécurité mercenaire, il avait maintenant sa petite compagnie de sécurité pour protéger des marchandises de patrons généreux niveau salaire. Gagnant bien sa croûte, ses hommes se plaisaient. Or, Tilts ne se plaisait pas beaucoup, ne sachant pas vraiment pourquoi. Cependant, l'homme accomplissait toujours sa tâche d'une façon exemplaire. Aujourd'hui ne ferait pas exception à la règle.
      Sachant que ses deux gorilles — vieux amis de l'ancien métier — étaient tombés, ceux-mêmes qui gardaient l'entrée de l'entrepôt du nouveau contrat, Tilts avait vite su que l'intrus serait plus puissant que prévu. Ne comprenant cependant pas pourquoi sa réputation n'avait pas réfréné les envies de pillage de l'imposteur dans l'entrepôt, il avait vite envoyé son meilleur agent surveiller la porte de derrière tandis qu'il prenait celle de devant, là où il y avait les mallettes appartenant à Arty Bennelton, son patron de l'heure. Déboulant alors dans la salle, il vit non pas un bleu mais bel et bien Old Crow, une femme idiote connue pour ses côtés extrêmes mais dîtes femme au coeur tendre. Bien sûr, il ne se formalisa pas d'elle et de sa manie à venir tout foutre en l'air et s'en réjouit même. En défaisant un tel adversaire, sa compagnie prendrait un peu plus de renom et serait sûrement mieux côté dans le milieu. Tilts Wolf trouverait alors peut-être une façon d'atteindre son idéal.


      Voyant à qui il avait affaire — soit un grand dadet qui portait une longue carabine dans son dos et qui semblait vouloir mordre la belle — Old Crow se releva, jetant un dernier coup d'oeil aux billets tout près. Bientôt, elle les prendrait et les humerait victorieuse. Alors qu'elle faisait craquer plusieurs de ses articulations de la façon la moins charmante possible et qu'elle évacuait la tension de rots sonores, Tilts chargeait sa carabine, posant le canon sur son avant relevé, son oeil aiguisé visant sa cible. Le moment cocasse où chacun des protagonistes se préparaient pour le combat fut plutôt long, au vu de la situation.
      Glissant un pas sur le côté, la capitaine des Walkyries s'élança, son grand manteau rouge volant derrière et les grandes plumes de son chapeau frémissant. Ne comprenant pas, Tilts Wolf fit feu dans le vide, ajusta son arme à la nouvelle position de la belle et fit de nouveau feu. Or, plus rapide, Old Crow avait d'un seul coup de poing relevé l'arme vers les airs, évitant ainsi que sa si grosse poitrine soit trouée. Tilts Wolf serra les dents et d'un réflexe chanceux, évita le poing d'amour de la belle. L'air que déplaça le coup fouetta le bout du nez du boss, celui-ci comprenant qu'un seul coup et il pouvait être K.O.. De bonds agiles, Tilts Wolf se replaça à distance convenable et réajusta sa carabine.

      De son côté, Old Crow, comprenant que son adversaire aimait au contraire d'elle la distance, profita de la réflexion de son adversaire pour plonger derrière la table où se trouvaient les mallettes. Posant sa main sous cette première, d'un sourire dirigé vers l'homme, elle envoya d'une simple contraction du bras la table vers Wolf. Les mallettes laissant échappé leurs précieux contenus, elle espérait que son adversaire s'inquiète d'avantage d'eux que d'elle, qui en profitait déjà pour contourner la trajectoire de son projectile improvisé et venir rencontrer de nouveau Tilts. Une balle siffla à ses oreilles, puis le coup provint à celles-ci. D'instinct, Old Crow tournoya sur elle-même pour se jeter au sol et changer rapidement de trajectoire. Tilts avait comprit Crow. Il avait un bon esprit, quoique faible. À la longue, la belle finirait par l'avoir.


      Tilts Wolf reçu la table en pleine gueule, mais d'un coup de crosse, parvint à limiter les dommages et se poster à nouveau à bonne distance. Il vida rapidement son chargeur sur l'importun qui grouillait en zigzaguant vers lui puis balança sa longue arme sur la belle — qui l'évita d'un saut. Sa cible maintenant dans les airs, il comptait bien l'abattre en vol, dévoilant deux revolvers de sa ceinture. Tout sourire, il allait gagner.


      Old Crow tournoya dans les airs et son talon vint frapper le bras de Tilts. Une nouvelle balle siffla à ses oreilles, lui arrachant une ligne de joue, blessure peu profonde. Son biguhiru arrachant un cri de douleur sinistre au patron, la belle continua dans son élan et s'écrasa sur celui-ci, de tout son poids. Vraiment, Wolf n'avait pas été à la hauteur, quoique qu'il fut le plus long à résister. Maintenant sur lui, les genoux des deux côtés de son bassin, son poing ramenant la figure de l'ex-chasseur à quelques centimètres du sien, la belle agrippa violemment le bras de l'homme, qui était cassé par le coup précédant. Un nouveau cri de douleur empli l'entrepôt. Un sourire carnassier sur les lèvres, la belle en avait maintenant fini du combat et voulait tout simplement repartir avec les billets. Wolf allait l'y aider.

      Après avoir désarmé Tilts Wolf au grand complet, l'avoir durement attaché et assommé — elle savait faire des noeuds digne d'un marin, souvenir de son île —, et qu'elle ramassait les billets et les comptait, la brute pensa un instant à Adrienne. Tout comme elle, la nonne devait s'en sortir non ?
      Il eut comme un bruit, un petit cri. Rosianne. Que voulait-elle encore ? Que cherchait-elle ? Maman était occupée là et... Se retournant, Crow déglutit, serrant les miches.

      Putain, quelle gaffe.
        Je me mets immédiatement sur la défensive. Le duo de filles se met en retrait de chaque côté, prêt à me couvrir les flancs. La lumière va aveugler, chier ! Faut que je fasse attention. J'arrive à discerner des formes malgré mes yeux toujours pas habituer à la lumière. Il y a un grand gus au milieu des caisses, debout ; le chef, on dirait. Il ya six hommes avec lui. Leurs armes ? Aucune idée. Rah ! Chié ! Je murmure pour les deux filles quelques mots.

        J'vais essayer d'attirer les plus gros, éviter de vous faire charcuter.

        Deux ok derrière moi. Le message est bien passé. Je relève bien ma hache, prête à réagir au moindre mouvement. Il s'agira d'être efficace et d'être précis. Je sais pas à qui j'ai affaire, je sais pas s'ils sont forts, je dois protéger les deux autres. Ça va être chaud. Tu vas m'aider ? Hein ? Non ? Tsss. Steup quoi ! Bon. Toujours compter par soi même. Je zieute aux alentours pour me faire une idée de l'espace. Des rangées de caisse de chaque côté. Je suis un peu au milieu. Trois mètres de chaque côté. Plusieurs passages de différentes tailles permettent surement d'accéder à des allées transverses. Certaines piles de caisses sont plutôt hautes. On peut facilement se cacher dans tout ce fatras. Bon point pour moi. Pas le temps de regarder plus longtemps. Le chef semble tirer deux lames. J'vois le reflet du métal ; j'arrive même à mieux voir. Le chef est un jeune homme, bond, le visage déformé par plusieurs bout de métal ; quel mauvais goût. Son visage est défiguré par une grimace de mépris. Je suis qu'un rat pour lui, mais un rat qui peut l'amuser. J'vois ça dans son regard. Moi aussi, j'vais jouer avec le chaton.

        Allez-y ! Découpez-moi ça !


        Indice ; pas d'armes à feu. Ou c'est juste du baratin et je vais me faire plomber façon assez sale. Pas le temps de réfléchir. Ils attaquent tous en même temps, chef compris. Celui-ci me saute dessus les deux sabres à la verticale. Parade à la hache, puis balayette de la jambe. Il bondit en arrière. Je fais tournoyer ma hache et je frappe un de ses larbins qui pare, résiste ; j'lâche de la main droite et pain dans sa gueule. Un regard derrière moi. Trois types s'attaquent aux filles. Pas le temps de m'attarder plus longtemps, le chef et un de ses types me rattaquent. Trois sabres dans ma direction pour un coup d'estoc ravageur. Je bondis en l'air, passant au-dessus des types. Boom ! Merde ! Je me fais chopper dans les airs par un autre qui vient de sauter. On s'écroule sur une caisse qui cède sous notre poids. Plutôt grande, elle a l'avantage d'être vide. Je roule sur moi même en ne me gênant pas pour envoyer mon coude dans la figure de mon adversaire. Une fois relevé, je sens que double-lame monte les caisses pour me suivre par le trou. J'envoie un gros coup de pied dans la paroi de bois devant moi et je finis de la défoncer en passant entièrement dedans, épaule devant ; ils venaient juste d'entrer par en haut.

        J'peux rejeter un coup d'oeil aux deux filles. Elles sont encerclées. L'une est à terre. Quatre adversaires. Pas d'hésitation, je fonce ! Le plus proche m'accueille dans son bide, le souffle couper. Je lui envoie ma paluche dans sa face via un uppercut. Une dent saute. Il s'écroule plus loin. Calas en profite, sort une dague et vient la planter dans la cuisse d'un type qui hurle sous le coup et qui lâche son sabre. Elle le récupère. Pendant ce temps, je pousse les deux derniers avec ma hache à l'horizontale devant moi. Je les pousse jusqu'au mur ; ils se prennent le manche dans le torse. Souffle coupé. Pas le temps de me reposer sur les lauriers. Le boss est de retour, j'ai à peine le temps de voir sa première lame faire un arc de cercle. Je pare. Mal. La chair tranche mon bras gauche. Je réprime un cri de douleur. Mais putain ça fait mal ! Un sourire sadique se dessine sur ses lèvres. Coup de genou dans les côtes. Il l'a pas vu venir. C'bien fait pour ta gueule !

        Kirna ! Calas ! Cassez-vous !

        Elles n'hésitent pas une seule seconde.

        Les laissez pas se barrer ! Rattrapez les et éliminez les, bande de crétins ! Ou j'vous égorge moi-même !

        Pas cool le boss. Deux types essaient d'y aller. Je tends ma hache au dernier moment et j'arrive à passer ma lame devant le pied d'un des gus qui s'écroule la tête la première, une grosse entaille au pied. Pas cool. Check un peu la situation. L'boss qui se relève. Un type parti. Un type à gauche avec la jambe viandée. Un peu kapput lui. Un autre type qui se relève à côté de son boss. Un avec une dague dans la cuisse qui hurle au sol. Un qui sort de la caisse, un peu sonné. L'autre qui le soutient. Ça fait trois larbins et un boss en état. Le problème, c'est que je suis dos au mur. Faut réfléchir ! Merde ! Pas le temps ! Ils passent à l'action ! Le boss et le moins K.O de tous. Je pare encore. Puis pas sur le côté. Une lame vient frapper le mur. Le boss me suit. J'vais pas résister ! Il sourit toujours, sûr de sa victoire. Crevard ! Tant pis, je frappe un coup à mi-hauteur. Il saute et en profite pour donner un coup de pointe dans l'épaule. Une blessure de chaque côté. Pas top ! Je fais volte-face et je cours vers les caisses. En deux bonds je suis de l'autre côté. Ils me suivent. Évidemment. Dos à une caisse. Je les sens venir de par en haut. Au diable de la subtilité, c'est une question de vie ou de mort ! J'exécute un mouvement de montée à ma hache, me passant par dessus la tête. Je sens la lame rencontrer la chair.J'la retire, entrainant un des types vers l'avant, le torse tranché. Aïe. C'pas bien ça. Il risque de crever.

        Si j'ai le temps, j'irais vous soigner !


        Connaaaaassse ! Grbll !


        J'ai dû planter jusqu'au poumon. Il va crever. C'pas top. Merde ! 'fin, pas le temps de m'apitoyer. Le boss arrive par en haut, sabre en avant. J'esquive par une roulade dans le chemin transverse. Je tourne à gauche, revenant à l'aller principal là ou deux types ne peuvent pas bouger à cause de leur blessure. Le boss et les deux derniers me suivent de près. À équidistance des deux rangées de caisse, je me retourne et j'effectue un coup circulaire. Le chef bondit. Un esquive. L'autre saute à terre pour éviter.

        Mais ! Mais !! Mais attraper là !

        J'sens le boss énerver. C'pas le combat qui l'enivre, c'est faire souffrir. Surement. Il est énervé de ne pas pouvoir le planter correctement. Bon, c'pas comme si je gérais. J'ai mes deux blessures qui me font souffrir. Je me sens éreinté de courir partout. Mais je continue ! Je bondis sur les caisses en face de moi. Ils me suivent. J'esquive le premier trou que j'ai fait. Quel con. J'en entends un tomber dedans. M'étonnerait pas que c'est celui qui m'a envoyé valser là-dedans. Bien fait ! Arriver dans une nouvelle allée. Je cours vers l'intérieur du bâtiment. Je tombe sur un corps et je manque de me viander par terre. Les filles se sont occupées du type. Je zieute le sabre qu'il avait. D'une main, je le saisis et je l'envoie tourbillonner en direction de mes poursuivants. Un des larbins est sur la trajectoire. Par pur réflexe il pousse son chef qui se retrouve sur sa trajectoire. Celui-ci tente de parer, mais la lame vient trancher à l'aine.

        Putain, mais j'vais te tuer !

        Ah. Bon. D'accord. Le chef s'en prend vraiment à son larbin. L'autre se précipite vers moi dans le but de pas aussi passer à la casserole. Je repique vers l'allée centrale ; histoire de m'éloigner le plus possible du boss. Sauf qu'il y a une couille. Un des types à terre ; celui qui avait la dague dans la cuisse ; s'est relevé. Il est en face ! Merde. Défense d'urgence et subtile. Chaaaaarge ! Tête la première. Je balance tout ce que j'ai. Le type décolle et atterrit cinq mètres plus, faisant du petit bois de quelques caisses. Sauf qu'il a laissé tomber sa lame. Mon pied s'avance. Trop. La pointe transperce la chair. Merde ! La loose ! Je m'écroule par terre. Faut que je relève ! Je souffre, mais je risque de plus souffrir après ! Le larbin s'approche, prêt à m'éliminer. Je peux pas tenir !

        Une ombre apparaît. Une lame est sortie. Parade ! J'en crois pas mes yeux. Saya ?! Mais qu'est ce qu'elle fout ici ? Elle ne nous avait pas abandonnés ? Elle me glisse un désolé presser. J'en profite pour me relever. Pile à ce moment-là, le boss revient à l'aller central. Ses sabres sont tachés de sang et un rictus de satisfaction mêlé à la rage déforme encore plus son visage. Pauvre type. J'parle de celui qu'il a dû éliminer. Il faut que je fasse une pause. Mais il va pas me laisser la faire. Il charge, les bras écartés, les pointes repiquant vers l'intérieur ! Pas le temps pour les plans intelligent. Je rapproche ma hache près de moi et je fonce à mon tour.

        C'est le contact. Les deux sabres s'approchent de ma tête. Je m'abaisse un peu, suffisamment pour pas me faire trancher la tête ; les deux lames me tailladent les épaules à quelques millimètres du coude. Je vois ses yeux s'écarquiller. Tu l'as vu ? Tu l'as vu, ma hache ? Je gueule comme une forcenée et je plante ma chérie dans le côté gauche du type. J'avance en le poussant sur cinq mètres avant de finir par une brutale ruade en avant. Il lâche ses armes. Le sang gicle de son énorme blessure qui balafre son corps des aisselles jusqu'au milieu du ventre. C'pas fait dans la dentelle. Il est bien kapput, cette fois. J'suis pas trop bien non plus, mais c'mieux que lui. J'vois Saya se débarrasser de son type avant de venir s'occuper de moi. Je la remercie d'un hochement de tête.

        Il s'agit de trouver Crow et les filles après ça.
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        J'échange quelques mots avec Saya pour avoir les dernières infos sur la situation. Les autres Walkyries sont dehors. Elles ont emprunté une charrette. J'fronce les sourcils quand j'entends ça, parce qu’à mes oreilles, ça résonne comme voler. Mais parait qu'on en a besoin pour transporter les trucs. Du coup, j'note pour moi-même qu'il faudra redonner la charrette. Qui vole un oeuf vole un boeuf. Qui vole une charrette vole une... corvette. Et c'est un gros. Alors, on redonne. Du coup, j'demande à Saya de s'occuper de la récupération du matériel. Les trucs de valeurs, donc. Qu'elle gère les autres et moi, j'm'occupe de voir comment ça se passe du côté de Sarah. Elle a de la ressource, mais faut pas la laisser seul. C't'une grande irresponsable même si c'est la capitaine. J'laisse donc Saya et je me précipite vers l'autre bout de l'entrepôt. Je prends un couloir serpentant entre les monticules de caisses. T'as même des objets abandonnés sur les caisses et même par terre. Ça semble pas super bien rangé. Je manque de me casser la figure en me prenant les pieds sur une hampe d'un drapeau bouffé par les mites. À part ça, je croise rien de spécial. Je fais gaffe de pas tomber dans une embuscade. Niet de ce côté là. J'finis par arriver au bout du hangar, c'est là que j'entends que des propos sont échangés. J'entends un cri de Rosianne ; elle est surement en danger. J'entends aussi Crow. Elle a pas l'air en danger, mais elle semble être impuissante face à un adversaire qui menace sa fille. À l'oreille, je vois un peu où doit se trouver le groupe. Derrière un gros tas de caisses qui me bouchent la vue. Je grimpe rapidement sur plusieurs. Sur la dernière, je saute en avant en prenant une grosse impulsion, histoire d'arriver en puissance et en rapidité. La surprise, ça fait toujours son petit effet.

        J'ai pas trop foiré sur l'audition. Crow est debout près de l'entrée, livide. Juste devant moi, j'ai deux types du service de sécurité qui retiennent en otage la fille de Crow. Le premier a son flingue sur la tempe de la gamine. L'autre a un pistolet braqué vers Crow. La petite sirène se trouve toute à droite et est solidement maintenue par le grand gaillard. Derrière Sarah, il y a un cadavre, aussi. C'est trop rapide, mais j'dirais qu'il a bien été amoché. Qui est-ce ? Aucune idée. Le principal, là, c'est de les mettre hors d'état de nuire. En une seconde, j'suis sur eux. L'un deux sent un truc dans son dos et n'a que le temps de se retourner pour voir mes deux poings s'abattre dans leur face. On part tous s'écraser dans ce qui est un tas de caisses contenant des pièces de métal. On sombre quasiment sous les débris. D'instinct, j'ai poussé Rosianne sur le côté pour éviter qu'elle soit mêlée à un éventuel affrontement qui peut suivre. J'sais pas si j'ai réussi ; j'suis au milieu de bout de planches et de trucs en métaux de formes bizarroïdes. Une fois que la chute s'est terminée, je m'extrais difficilement de la masse et je saute en avant pour m'en libérer définitivement. Je roule sur le sol. Libre. Yeah !

        D'un coup, c'est le silence. Total. Comme le calme avant la tempête. J'fais un rapide check de moi perso. Nickel à pas mal de blessures près. Les séquelles de ce que j'ai fait avec l'autre bande ont cessé d'occuper mon esprit. J'ai bien un paquet de coupures en plus après être passée au milieu de tout ce que contenaient ces caisses, mais ce n’est pas non plus l'horreur. J'ai vu pire. On dira ça. Je zieute à gauche. J'vois Sarah qui court. J'vois sa grimace qui déforme ces traits, le genre de grimace que les mères font quand leur progéniture est en danger. Elle a l'air sauve. Je suis sauve. Tout le monde est sauf. Sauf ? Y'a sa fille à Sarah ! Elle est pas réapparue. Sarah plonge dans les débris, là où elle a dû voir Rosianne tomber, et fait voltiger pas mal de bouts de bois en tout sens. J'tends l'oreille et j'entends ce qui semble être une petite voix émergée de la petite colline de débris. J'crois qu'on sait où elle est maintenant. Je me relève et j'm'approche de ce qui semble être le chef, maintenant défait. Il est toujours vivant, mais insconcient. En même temps, Crow n'y a pas été de main morte avec lui. J'sais pas les détails, mais elle aurait pu éviter de trop faire souffrir. J'lui passerais un savon. Au grand blessé, J'lui fais quelques premiers secours pour éviter qu'il crève. C'pas forcément un mauvais homme, hein. J'veux pas avoir sa mort sur la conscience. Et puis, j'ai du temps. Je retends l'oreille d'un coup. Rosianne est de nouveau dans les bras de sa mère ; elle a l'air d'aller bien. Mais c'pas ça qui éveille mon appréhension. Des gens s'approchent. Je me prépare à bondir, me cachant derrière une caisse volumineuse. Une ombre passe. Je prépare à attaquer, mais je me retiens rapidement. C'est Saya. Elle est surprise, mais elle comprend vite que je suis un peu à cran. Crow est plutôt contente de voir Saya. J'me détends pendant qu'elle fait son rapport. Elle et les autres, elles ont récupéré les trucs de valeurs. Elles ont réussi à dégoter un listing répertoriant le contenu de l'entrepôt. T'as de tout. Des trucs sans valeurs ou avec. Des armes aussi. Des munitions. De la poudre. Le genre d'équipement pour armer des malfrats à l'abri du regard de la marine. Comme c'était plutôt bien rangé, elles sont récupérées l'important. Elles ont l'air excitées, mais je jette un regard lourd de signification à Crow. Les trucs volés, c'est retour aux vrais propriétaires. Grimace de sa part. On verra. Je pose ma main sur l'épaule de Saya et j'fais gaffe que Crow m'entende pas.

        Saya, tu pourrais aller fouiller les bureaux ? Si c'est possible d'avoir des informations sur la provenance de tout ce que contient cet entrepôt ? C'est important.

        Elle comprend. Ça tombe bien, les bureaux sont de l'autre côté, près de là où j'suis entrée. Elle se met en route une fois qu'elle nous a dit le lieu de rendez-vous. Il y a un chariot dehors pour transporter le plus gros. Les autres filles y sont et le protègent. J'hoche la tête pour lui signaler que j'ai compris. Pendant qu'elle s'en va, je m'approche de Crow et je vérifie qu'elle a rien. C'est le cas. Enfin, pas plus que d'habitude. Pas plus que des blessures légères : J'pense pas l'avoir déjà vu sans une blessure visible. J'vérifie aussi pour Rosianne. C'est le cas. Pas une égratignure à part une vilaine bosse. Elle ne pleure pas, mais ça fait mal. C'est mignon comment elle essaie de faire la fière. Elle tient ça de sa mère. On se regarde entre Crow et moi. Dans nos regards, il y a un message. Celui de savoir que tout s'est bien passé et qu'elles sont toujours en vie. Elle se met à rire et à boire au goulot de sa gnôle. Je me fends d'un sourire, parce que j'suis quand même réjouie. Mais ça, c'est sans compter la suite. Parce que là, j'entends du bruit. Les problèmes, parce qu'il y en a deux. Déjà, j'entends du bruit. C'est le truc de base. Le premier souci, c'est que ça vient pas du côté de Saya, ça vient du côté de la porte d'entrée. Le deuxième truc pas cool, c'est que le bruit est fort. Suffisamment fort pour être provoqué par plusieurs personnes. Même voir beaucoup. Je m'approche de l'entrée et j'tends l'oreille. C'est là que j'entends distinctement des phrases. Le genre de phrase disant "encercler le bâtiment", "première escouade à droite" ou "je le veux vivants". Des phrases qui se disent bien dans les rangs de la marine. Et c'est là que je me dis qu'un contingent de marines dans le coin, c'pas forcément idiot comme idée. On a attaqué un entrepôt et ça ne s’est pas fait dans la douceur. Il y a dû avoir des échos du combat dans le coin. Et suffit d'un témoin pour avertir les gens. Ou même un type de la sécurité qui a prévenu la marine. Tout est possible. Quoi qu'il en soit, c'est plus le moment de se réjouir.

        Des marines !
        Sarah ! Emmène Rosianne, j'vais les retenir ! Ils vont peut-être aussi s'attaquer aux autres !


        Crow comprend. Évidemment. C'est un peu de notre devoir de protéger tout le monde. J'la vois se barrer avant de s'arrêter. Elle s'approche des mallettes de billets que j'avais pas trop vues et s'en saisit sans que je puisse lui interdire. Elle pense qu'à ça ! La vile ! Elle vole ! Mais on est ici pour voler. Raaah. Quelle situation compliqué. J'y repenserais à tête reposée. Elle repart après m'avoir souhaité bonne chance. Son sourire en dit long ; il semble que sa journée se soit bien passée finalement. Et ta gaffe avec Rosianne, c'était bien ? Tss. Moi, je finis par regarder le meilleur endroit pour empêcher la progression des marines ; ils vont bientôt entrer dans le bâtiment. Je zieute en hauteur. Il y a deux endroits où les caisses montent haut. De là, j'ai masse de projectiles volumineux pour foutre le chaos aux premières lignes. Et puis, j'zieute une passerelle pour fuir jusqu'à l'autre bout du bâtiment sans problème. J'me dépêche de monter. À peine arrivées à la moitié, les marines entrent. L'entrée principale et une porte plus loin. Une escouade chacune. J'attrape la première caisse que j'ai à porter et j'la balance sur les premiers. Ils m'avaient pas vue et ils se la prennent en pleine poire. Je profite du répit pour monter tout en haut. Enfin arriver, j'suis à une place de choix pour faire ce que j'ai à faire. En bas, on m'a repérée. Ça s'avance pendant que d'autres les couvrent à coup de fusil. Les balles volent, mais l'obscurité régnante en haut m'aide pas mal. Moi, je n’hésite pas à mitrailler. J'envoie tout ce qui passe à portée de main. Tous les projectiles, c'est pour leur gueule. Bam. Une caisse assomme un tireur. Une autre stoppe net un marine qui voulait monter me rejoindre. Nan, désolé, j'aime être seule. Ils commencent à me localiser franchement et les tireurs sont d'un coup plus précis. La guigne. Et là, j'balance un tonneau sur un groupe de fusilier qui vient d'entrer. Premier réflexe, c'est de tirer. Logique. Les balles perforent le bois. Et là, c'est l'explosion. Le souffle fait valdinguer tout ce qu'il a autour de la déflagration : hommes, matériels et débris. Moi-même, j'sens le sol se dérober sous moi, mais j'arrive à me maintenir. Quelle merde ! Quelle idée de prendre un baril de poudre ! Quelle idée de stocker des armes ici ! Mais c'est pas le pire truc, en fait. Je repère enfin ce que contiennent les caisses que j'ai envoyées. Et pas seulement : c'est tout ce qu'il y a dans ce coin d'entrepôt. Les armes et munitions. J'suis debout au milieu d'une vraie poudrière et j'ai allumé les premières flammes. J'vois ces dernières léchées d'autres caisses contenant certainement de la poudre des munitions. Ça risque de tout faire péter, ça va être terrible ! Merde ! Oups ! Pardon ! M'enfin, c'est pas la joie, tu me le pardonneras, non ?

        On fera comme si tu me pardonneras. Avec le feu qui s'étend et les réserves de poudres qui menacent tout le coin, mes projectiles sont dérisoires pour foutre le bordel. En plus, balancer des caisses de poudres pour que ça fasse empirer la situation, j'suis moyen fan. Alors, je pense me tirer. Et là, je privilégie la fuite par la passerelle. Je monte sur la plus haute caisse avant de sauter vers ma cible. J'agrippe la rambarde de métal et je me hisse dessus. La structure grince comme si pour dire que j'étais grosse. La blague. J'tiens une ligne d'enfer, moi ! Une autre explosion secoue toute la structure et fait vibrer la passerelle. Trois caisses viennent de péter faisant un gros trou dans la porte d'entrée et faisant jarreter un paquet de marines qui se tenaient à l'extérieur. Ceux encore debout aident les blessés à partir. J'vois celui que j'ai soigné être transporté aussi. Il va pas mourir, c'est déjà pas mal. Mais avant de penser aux autres, j'pourrais aussi penser à moi ! La passerelle mène à une porte qui s'ouvre à la volée. Trois hommes en sortent. Leurs visages sévères en disent long sur leur expérience. C'est pas des marines ordinaires. Je zieute rapidement leurs uniformes et je capte un truc. J'crois avoir déjà vu les insignes. C'est la marine d'Élite ! Le genre de gus qui ne passent jamais leur vie dans une base et qui font de la traque leur vocation ! Bah des blaireaux comme les marines de bases. Les gars d'en bas doivent être des marines normaux. Le premier élite s'avance avec une rapidité déconcertante pour un marine aussi peu gradé, mais il semble que c'est un sergent ; je contre instinctivement et je lui envoie mon poing dans sa face qu'il esquive adroitement malgré la faible largeur de la passerelle. Ouais. Sergent. C'est ce que dit le gars d'en bas. Un grand baraqué avec un uniforme d'officier. Son regard sans pitié passe au travers des flammes et des déflagrations pour me transpercer littéralement. 'tain, si ce type pouvait me massacrer, il le ferait !

        Capturez là, Sergent ! Je la veux morte ou vif !
        Bien lieutenant !

        Lieutenant. Genre lieutenant d'Élite du coup ? Je connais pas la puissance de ce genre de gus, mais ça doit pas être du gâteau. Un regard vers le sergent, et j'vois déjà plus le lieutenant. Ça me fout un peu les pétoches de savoir qu'une brute se cache dans la pénombre pour me fendre la poire en deux. Mort ou vif ? J'parie qu'il préfère mort. Vu la gueule du sergent en face de moi, il le voudrait aussi. Je recule tout doucement tout en me préparant à me défendre. Le marine n'approche pas. Il me jauge. Me dévisage. Et il sourit. Pourquoi ? Parce qu'un marine a toujours une arme à feu et que j'aime pas ça. Sans se presser et avec une lenteur presque horrible, le sergent d'élite prend son arme et vise. Je choisis. Balle dans le dos ou dans le ventre.

        Le lieutenant a bien dit mort ?
        Oui.
        Héhé.

        Ouai, balle dans la tête, ça, non ? Pour le challenge. Bon, il arrive quand le miracle ?

        Partez d'ici !!!! Tout va pêter !!

        Le marine qui vient de dire ça se barre en courant du rez-de-chaussée. Heu. J'aurais pensé à un truc plus soft pour le miracle, c'pas possible.

        Et ça ne sera pas possible. Il y a comme un boom. Un petit. C'est l'arme du marine qui tire. Mais tout devient rougeoyant autour de nous. Et un instant après, c'est un gros BOOM qui se produit. Je jette un regard vers le bas pile au moment ou quart d'entrepôt s'embrase dans une explosion infernale. Les flammes montent tellement haut qu'elle me crame les bras. L'explosion est trop forte pour la structure du bâtiment qui plie sous la force de la déflagration. Les suspensions de la passerelle se rompent une par une.Je tombe au sol, évitant de peu une balle perdue. J'ai de la chance. En face, c'est la passerelle qui fait une rotation sur elle même de quatre-vingt-dix degrés puisque toutes les suspensions gauches pètent au même moment. Pas préparer à ça, les marines sont propulsés dans les airs, directement dans les flammes se propageant partout. Leurs cris résonnent longtemps. Pouah. Pauvres types. Mais pas le moment de s'apitoyer sur mon sort. J'ai eu la chance d'être sur une partie de la passerelle qui est toujours un poil fixé au plafond. J'sais pas pourquoi, mais j'sens venir l'explosion. Une autre. Alors faut se barrer rapidement. Je cours vers la suite de la passerelle. Celle-ci penche dangereusement sur le côté. À chaque pas, la structure grince. J'ai fait la moitié que d'autres suspensions pètent sous l'effet d'une nouvelle déflagration. La passerelle se met à tomber, seulement maintenue par les supports du bout. Je suis bientôt à la verticale à ce rythme, mais heureusement, les derniers supports sautent. Heureusement ? Qu'est-ce que je pense comme connerie ! Je saute dans les airs dans l'ultime espoir de chopper la suite de la passerelle. Et c'est ce que je fais. Le précédent morceau s'écrase sur le sol dans un tonnerre de métal. Je monte rapidement et je constate que c'est devenu l'enfer incarné en bas. Pas vraiment envie de le visiter, je fonce. Heureusement, il y a moins de flamme ici. C'est surtout qu'il y a moins de poudre pour aider l'incendie à se transformer en brasier. Mais bon, les explosions ont balancé du combustible enflammé dans tous les recoins de l'entrepôt. Dans quelques minutes, plus aucun mètre carré de cet endroit ne sera viable.

        Tout ça à cause d'un pauvre tonneau. Moi et mes idées connes. J'arrive au bout de la passerelle. Je passe sur une autre via un escalier que je descends en sautant. Plus facile, même si l'atterrissage fait grincer la structure ; pas la première fois. Désormais sur une passerelle intermédiaire, je cours vers l'endroit où je suis entrée. Mouvement sur le côté. Une ombre surgit de l'enfer non loin. Une ombre qui prend la forme d'un lieutenant d'Élite particulièrement motiver pour prendre ma vie. D'un coup de poing, il me fait voler dans les airs. Atterrissage trois mètres plus bas et dix mètres plus loin. J'suis près de la sortie, c'est bien ça. Mais ça fait mal à l'arrivée. Et le lieutenant enchaine. Il s'approche de moi avec une rapidité hallucinante. Et j'ai même pas le temps de me relever, il m'enchaine. Ces poings sont d'acier. Il frappe sans discontinuité, sans rien dire, avec une précision draconienne. J'sens que mes cotes prennent cher. J'suis résistante, mais pas au point de résister à cela rapidement. J'essaie de me protéger avec mes bras et mes jambes. Il voit pas le truc venir. Bim. Je détends mes jambes et je le propulse en arrière, mais c'est comme si je lui avais rien fait ; il ralentit le mouvement du plat de ses pieds. Campé sur ses jambes, c'est comme si on lui avait rien fait. Son visage sans pitié se fend d'une grimace.

        Pitoyable.

        Dans un éclat de métal, il sort un poignard de l'étui à sa ceinture et il fonce. J'ai juste assez de temps pour me relever et attraper ses bras avant qu'il ne me poignarde. Une lutte de force s'engage. Plus fort, il l'est. Mais je suis plus motivée. J'veux pas crever ici. La lame de son couteau pénètre un petit peu dans la peau de mon bras droit alors que ma main essaie de retenir son poignet. La douleur me donne un coup de boost. Je gagne la force de le pousser un peu et m'éloigner du danger, mais c'pas ça qui va me faire gagner le combat. Je le regarde. Ou plutôt, je regarde à côté. Oh ! Pas le temps de réfléchir, de toutes mes forces, je le pousse vers l'arrière. Sentant mon coup, le lieutenant se laisse faire. Pourquoi, parce que du coup, je pars en avant et j'en suis presque à sa merci. Mais ça, c'est sans compter le sabre qui vient lui transpercer le bide. Il s'empale jusqu'à la garde. Surpris, il crache du sang avant de se retourner et de découvrir un blondinet couvert de sang dans le rôle de l'assassin de l'ombre. Le coup de hache que j'ai mis au gus ne l'a pas achevé. Il m'en voulait. Probablement. Il voulait profiter de mon combat avec le lieutenant pour m'empaler. Mais j'ai mis ce même marine sur sa trajectoire. Gros coup de bol. Enfin un peu de chance, quoi. Le marine, dans un accès de détermination, se tourne et plante son poignard dans la jugulaire de mon ex-adversaire. Ouille. Il tombe par terre sans aucune résistance. M'étonnerait qu'il ait survécu. L'autre marine profite de ses derniers instants pour retirer la lame de son corps. Malgré la douleur, il fait face sans crier même si son visage voudrait le faire. La lame finit par tomber au sol, rapidement suivi par le marine, trop blessé pour pouvoir se relever.

        Je regarde cette scène et je me dis que c'est franchement l'enfer. Le reste de l'entrepôt crame. J'ai des cadavres devant moi et le sang coule à flot. Monde de merde. J'm'approche des deux types. J'vérifie que le blondinet est bien mort. Dommage. Pour le marine, j'sens son regard fier dans mon dos. Il s'attend à ce que je l'achève. Ça serait normal. Pas pour moi. Des vies ont été enlevées aujourd'hui, j'vais pas en laisser une disparaitre encore. Malgré ses protestations, je l'embarque dans mes bras. J'ai beau être blessé, il est davantage et c'est moi qui finit par gagner au jeu du "je te porte et toi tu veux pas". Saloperie de fierté masculine. Et de la marine en plus. C'est comme ça que je finis par sortir de l'entrepôt embrasé. Dehors, je capte rapidement Crow, Saya, Rosianne et les autres près d'une charrette chargée à ras bord de coffre et de caisses. Plusieurs marines gisent à terre, convenablement assommées et hors de danger. Elles viennent m'aider. C'est tout juste si je leur laisse l'opportunité de me débarrasse du marine. Crow voudrait se casser rapidement. La marine peut débouler à n'importe quelle moment. Et avec l'incendie qui doit être visible de toute la ville, ça va grouiller sévère de monde. Mais j'prends quelques minutes pour soigner le lieutenant. Pas grand-chose. Je désinfecte et je bande sa blessure. Comme il me regarde avec une haine sauvage, je l'assomme. Ça me permet d'anesthésier et de travailler en paix. Une fois sûr qu'il va pas clamser avant l'arrivée des secours, je le laisse là, sur le sol. Il est assez loin de l'entrepôt, il ne risque pas de cramer. Sarah me presse. Tout le monde me presse en fait. Alors je m'en vais alors qu'elles s'en vont déjà. C'te histoire est fini. Enfin, c'est ce que je pense. J'espère.

        Pas de dernière surprise pour la route, non ?
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        Calas en tête, on progresse à un rythme soutenu, mais prudent. Saya est derrière en arrière garde. J'suis avec Crow à côté du cheval qui tire la charrette. Les deux filles dernières filles sont entre nous et Saya. Calas connait le secteur. Elle sait les routes empruntées et celle qui ne le sont pas. Le tumulte principal, elle est du côté de l'entrepôt qu'est parti en fumée depuis un bout de temps, mais t'as toujours quelques patrouilles dans le coin. On en a évité deux et une troisième s'est pris des poings gentils dans la figure. On s'est bientôt échappé de la zone encore dangereuse. Je pense perso qu'on aura plus de problèmes aujourd'hui. Et c'est tant mieux. J'ai bien envie de me reposer un coup. De soigner mes blessures et de faire le point avec Crow. Ouai. J'aime faire le point. Faut dire qu'avec un pareil butin, il faudra se décider de quoi faire. J'sais qu'elle veut le garder. J'sais que c'est pas bien. J'suis un peu tiraillé entre le fait de rendre ça à leur propriétaire et garder ça pour nous. Pour la cause. J'ai demandé à Saya si elles avaient trouvé un listing des possessions. C'est Kirna qui avait trouvé un truc dans le genre. J'ai un peu zieuté la liasse de feuilles ; c'est un peu compliqué à lire, mais la provenance du matériel semble provenir de plusieurs grandes familles du Royaume. Autre information suspecte. L'entrepôt ne semblait pas avoir de réel propriétaire. Kirna disait que c'était probablement la cache d'une quelconque organisation illicite de Bliss qui se serait servi de cet entrepôt pour conserver leurs prises et leurs armes. Les premiers venant d'être volés et les seconds étant partis en cendre, ce groupe n'allait pas être très heureux. J'pense aux objets pris. Même si on envisage de vendre ça et de garder l'argent, ou pas, hein, bah comment on les vend ? Ça tombe, on va être surveillé à tous les endroits où on peut trouver vendeur. Chaud ça. La dernière chose qui m'inquiète, c'est que ceux contrôlant cet entrepôt se devait d'être discrets. Comment la bande à Billy-bi a été mis au courant de la cache ? Ah. J'me souviens que Crow a parlé avec un inconnu au bar avant qu'on rouste Billy-Bi et sa bande. Ils n’étaient pas si forts que ça et vus comment on en a bavé nous, ils se seraient fait massacrer. J'le sens vraiment pas.

        Calas fait un signe de la main. Il y a un problème. Je m'approche d'elle en compagnie de Crow. Des ombres près des murs. Ils nous fixent. Je les zieute davantage. C'est des gaillards bien baraqués et assez bien habillés. Le genre de garde du corps pour gens exigeant. En parlant de ce genre de type, il y en a un, plus loin, sur une petite place. Bien habillé, presque noblement, il est jeune. Il nous fixe avec une curiosité manifeste. À ses côtés, il y a probablement le chef de la bande de gorilles. Un homme plutôt âgé, mais tout aussi bien bâti que les autres. On s'avance avec tout le monde. S'ils nous avaient voulu du mal, ils nous auraient attaqués par surprise. On est resté sur nos gardes. Les gorilles sont au nombre d'une douzaine. Six sont autour du jeune en costume. Les autres nous encerclent. Main dans les poches, j'les sens toutefois prêts à bondir. Une fois arrivé à cinq mètres du jeune, on s'arrête. Celui-ci nous dévisage une par une sans cacher un léger dégout. On est pas les plus jolis aujourd'hui. On est salement amoché. Ou c'est autre chose ? Va pas me dire que t'aimes pas ma divine musculature. Le gosse s'approche d'un pas. Son garde du corps fait un mouvement pour de la main pour l'arrêter. Le nobliau souffle et lève les yeux aux ciels.

        Domovoi, voyons...
        Ainsi, c'est donc vous qui avez pris la place de la bande à Billy-Bi... Impressionnant.

        Là, t'as Crow qui s'avance. Et qui s'exprime dans son jargon à elle pour tout le monde. Normal, c'est la capitaine et elle en impose. J'suis d'accord avec elle, qu'est-ce qu'ils nous veulent ces pecnots ? En quoi ils sont liés à Billy-Bi.

        Ahah. Vous êtes plutôt lente à comprendre.
        Tu peux parler, blanc-bec !

        Ouais. Il me saoule là. Un des gorilles s'approche de moi dans le genre de dire qu'il n’aime pas qu'on parle aussi mal de son maitre. Le chien en laisse veut mordre, mais c'est moi la louve ici. Il veut me saisir, mais je le chope par le col avant de l'envoyer au tapis en le faisant passer par dessus mon épaule. Les autres réagissent, mais le dénommé Domovoi les arrête d'un mot. J'ai Crow et les autres filles qui apprécient mon geste.

        Il semblerait que vous n'ayez pas échappé à cet entrepôt que par chance... Et que malgré vos blessures, vous êtes toujours en forme suffisante pour être d'un souci certain.

        Et sinon, vous nous expliquez ou je casse un autre de vos jouets ?

        Et ouai, ça tique de s'appeler le jouer. L'un serre les poings. J'sens que le boss se sent obliger de parler pour éviter de continuer les provocations et de perdre le contrôle sur ses larbins. Il veut parler, mais c'est le jeune qui lui coupe la parole sans une once de respect.

        Je suis le commanditaire de cette opération. Arty Benelton. Ma famille est assez puissante à Bliss.

        Domovoi cherche à capter son regard. Il veut pas qu'il en dise trop, mais le jeune est lancé. Il fait son chef alors il veut montrer comment il est génial.

        Voyez-vous, ce que vous avez volé m'appartient. Ce sont des objets qui appartenaient à ma famille lorsque celle-ci a rencontré des difficultés suite à une opération scandaleuse de nos concurrents et … adversaires. Ils nous ont volés. Tout simplement. Je voulais juste que cela me revienne. Évidemment, je ne pouvais les avoir de manières légales. Ainsi, j'ai engagé la bande à Billy-Bi qui s'est enorgueilli de pouvoir réaliser cette opération.

        Il semble qu'il n'était pas à la hauteur de vous opposer résistance.

        Il y a des choses qui commencent à s'arranger dans ma tête. Même chose pour Crow. Pour les autres, c'est un peu compliqué, puisqu'ils ont pas les détails.

        Domovoi a parlé avec une membre de votre groupe. Vous, je suppose.

        Il pointe Sarah du doigt. C'pas bien de montrer du doigt. Domovoi approuve ; il a dû la reconnaître à la voix.

        Ainsi, nous vous avons laissé faire et il semble que vous ayez réussi. Ainsi, je suis prête à respecter la part du contrat que j'avais faite avec Billy-Bi. Une très bonne récompense en Berrys. Puisque c'est vous et que le travail est satisfait, cette somme vous revient. Heureuse fin, non ?

        J'espère que vous n'allez opposer aucune résistance à ce que l'on récupère ce qui me revient de droit ?

        Domovoi sort deux valises de la sorte de la voiture d'Arty Benelton. Les deux chevaux à l'avant semblent prêts à partir. On dirait qu'il croit vraiment que j'vais pas me laisser faire. Hein les filles ?! On va pas se laisser faire. Oh. J'viens de voir que Crow a quasiment des berrys dans les yeux. Ça plus ce qu'elle a choppé en billet dans l'entrepôt, ça doit faire une sacrée somme. Même chose pour les autres. J'me sens un peu en infériorité là. J'ferme ma gueule ? Nan. J'vais pas me laisser faire.

        Deux minutes ! Qu'est-ce qui nous prouve que c'est à vous ? C'est peut être que des paroles en l'air. J'veux une preuve.

        Arty sourit. Domovoï se tend. J'le sens convaincu que ça va dégénérer. Les autres gardes du corps font de même. J'crois que Sarah me regarde comme si j'avais fait une grosse connerie. Elle est vraiment trop cupide sur ce coup.

        Avez-vous trouvé un pendentif en or parmi tout cela ?

        J'zieute les filles. Il y a Kirna qui a trouvé un truc dans le genre dans un petit coffret à bijou qu'était pas super rempli à son plus grand regret. On montre le pendentif à Arty. Il le veut. On lui balance ; c'pas ça qui va changer grandement le magot. Il l'ouvre. Et là, c'est comme si son regard s'attendrissait. J'verrais presque une larme couler le long de ses joues.

        C'est ma mère. Je n'ai que très peu d'images d'elle. Merci.

        Oh, merde. Ça, ça suffit à me faire braire. J'trouve rien à y redire. J'suis pas super physionomiste, mais vu la gueule qu'il tire, c'est que ça doit être vrai. Okey. C'est à lui. Je baisse les mains et j'accepte l'offre. D'un coup, Domovoi et les autres se détendent. J'capte un regard admiratif entre le garde du coup et Arty. Surprenant. Mais j'ai pas le temps d'en redire, t'as déjà les filles qui s'écartent du chariot tandis que les hommes déchargent chaque pièce. Crow a pris les valises et les cache dans l'ombre pour pas qu'on veuille les lui piquer, mais les gus semblent s'en foutre. Rapidement, ils vident le chariot. En échange, Domovoi me redonne deux valises un poil lourdes. Aucun mot n’est échangé et Arty continue de sourire près de sa voiture. En une minute, l'échange est fait. On a de l'argent gagné légalement et le gosse a retrouvé ce qui lui revient de droit. Ah. J'ai oublié que c'est du vol à la base. M'enfin, les gus de l'entrepôt ne devaient pas être méga clean. Surtout avec la quantité de poudre qu'ils avaient en stock. Trop suspect. Les voler, c'est pas grave que ça, finalement. Voler aux riches pour donner aux pauvres, c'est bien. Alors, c'est bien aussi pour mon cas, Seigneur ? Ouai. T'es surement d'accord.

        Bon. Et bien. Bonne continuation, mesdames.

        Et Arty monte dans sa voiture suivie de Domovoi. Les larbins montent dans d'autres qui sont de moins bonne qualité. Et quelques coups de fouets, ils partent au loin. Chez les Walky, on est heureux. On a pas compté, mais il y a beaucoup. Le rendez-vous est pris. On va à l'auberge ! Sans moi pour l'heure. Faut que je ramène la charrette à son propriétaire. J'lui filerais un petit dédommagement aussi. Ça risque d'être un poil chaud pour être au lieu exact, mais je me débrouillerais. Au pire, il la retrouvera rapidement et il aura son dédommagement à la hauteur de sa peur. Et après, vivement un bon repas et un bon bain !
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