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[FB ~ 1623] Sincères condoléances.

Mort. Mon paternel est mort.

L’gars s’en est allé après quelques mois d’agonies dans son putain de lit. Une mort conne pour un guerrier de sa trempe. N’allez pas croire que je m’en balance. Après tout, c’était celui qui m’avait élevé. C’était le mec qui m’avait botté le cul jusqu’à ce que je porte son sabre avec un minimum de classe, parce que, pour lui, le style ça comptait. C’était le mec que j’pouvais pas blairer parce qu’il m’emplafonnait à chaque fois qu’on s’battait, mais c’était aussi le mec auquel je voulais ressembler. Il était grand, fort, musclé, et il est mort comme une vieille dans son plumard. Ce que j’peux le détester pour ça.

Comment tu réagirais toi si ton idole clamsait comme ça en toussant entre deux draps ? Ce matin encore, il m’emmerdait et m’disait d’manger ces foutus légumes. Et maintenant il est entre quatre planches. Le con. Moi, j’regarde le cercueil avancer. Ceux qu’ont bien voulus venir soutiennent ma génitrice. Les autres viennent me faire chier avec leurs petits mots soit disant gentils. Mais qu’est-ce que j’en ai à foutre moi de leurs condoléances ? D’façon j’ai jamais su ce que ça voulait dire. On avance, on avance, on avance, c’est une évidence, il n’aura pas eu d’chance. L’aura navigué toute sa p’tite vie et y s’retrouve six pieds sous terre dans une bourgade dont le nom même est à coucher dehors. Encore un pas, on pose le boite dans l’trou, une p’tite parole, un p’tit jet de terre et hop, l’voilà recouvert. Les gens m’regardent, j’les regarde. Les gens me lancent des sourires compatissants, j’leur montre mes chicots pointus et ça les calme.

J’reste pas jusqu’à la fin. J’ai autre chose à faire. Je dois partir, courir, frapper sur quelque chose. Tiens, toi là l’marmot ! Oups un poing dans ta face. Toi le type qui m’regarde un peu d’travers ? Paf mon front sur ton front. Pis là j’arrive à la maison avec un mal de crâne terrible. J’retiens pour la prochaine fois que le front sur le front c’est une idée à la con. J’entre dans la maisonnette. Elle est pas moche ma bicoque. Elle est petite, coquette, agréable, une maison d’gonzesse quoi. Là, j’ai besoin d’autre chose. J’ai besoin de m’sentir vivant, j’ai besoin d’sentir que j’suis en vie, j’ai besoin de.. J’ai b’soin de boire un coup. Normalement je tourne à l’eau. C’est mon p’tit plaisir. Mais là, j’vais faire honneur à mon paternel !

« Quand j’passerai l’arme à gauche, lève ton verre pour moi avec des amis et une bonne bouffe ! »

T’inquiètes pas p’pa, j’lève mon verre pour toi. Ta bouteille de rhum ? Elle est terminée, elle ne fera plus jamais chier personne. J’parcoure la maison en tachant d’garder l’équilibre. Y restait pas grand-chose dans ta bouteille p’pa. Mais bon dieu c’que c’était bon. J’suis pas bourré. J’suis joyeux. Pas simple de passer de l’eau au rhum. Du coup, je tangue dans la maison et je tombe sur le sabre. J’le regarde, il me regarde, j’trouve ça bizarre qu’un sabre me regarde mais j’lui rends son regard, puis j’l’empoigne. La lame est lourde. Lourde comme la mort. J’ai envie de partager ce poids. J’ai envie que d’autre le connaissent.

Alors je sangle Kubikiribosho dans mon dos. Mes gourdes bien pleines à ma ceinture, je m’élance en direction des montagnes. Je m’éloigne de la mer qu’il aimait tant pour faire un peu d’grimpette. C’est bon la grimpette. Ça entretien, ça dérouille et ça permet d’avoir le temps de penser à la dérouillée que vont prendre ceux qui vont me croiser. J’tombe sur un chemin. Mais dans quel sens le suivre ? Dans quel sens ai-je le plus de chance de tomber sur un ou deux coupe-jarrets ? Pour moi, le plan est clair. J’dois me défouler et c’est sur ces putains d’enfoirés de couillus des montagnes qu’ça va tomber. Pourquoi eux ? Parce que, petit 1, le fait d’habiter une bourgade ne me laisse pas beaucoup de choix. Petit 2, l’autre choix est aurait été le village, mais ma mère pourrait plus acheter le pain et elle aime le pain. Petit 3, c’est les seuls dans le coin à savoir agiter un bâton assez bien pour pouvoir jouer les adversaires sans que j’m’ennuie.

Du coup, je cours. Enfin, pas longtemps. J’suis vite essoufflé, ça me fait chier, alors j’arrête de courir et je marche en buvant un peu d’eau. J'suis plus sous l'emprise de l'alcool, j'suis frais comme un gardon. Pis j’tombe sur eux. Enfin, y’m’tombent dessus. Quatre types. Avec des bâtons. J’vous avais dit qu’ils aimaient agiter des bâtons ces sodomites. Alors j’sors mon sabre et là, ils hésitent. Ils hésitent entre s’foutre de ma gueule ou m’casser la tronche tout de suite. Les secondes s’écoulent, le sourire leur monte au visage. Un maigrichon qui s’trimballe avec un sabre plus grand que lui ça les fait rire. Qui a dit qu’c’était intelligent ces machins-là ? Le plus gros s’avance. Les autres font les malins et arrivent sur les côtés. En principe, là, tu fonce sur le gros, tu t’bats comme tu peux, et t’as des minus qu’arrive en juif et qui t’plante dans l’dos. Sauf que ça m’plait pas comme plan.

Alors mon sabre s’abat. Il tombe sur le plus p’tit, à ma droite. Touché entre l’épaule et le cou, il s’affaisse quasi immédiatement. Pas assez fort pour le trancher en deux. Suffisant pour le mettre hors service en un coup. Plus que trois. Le gros comprend pas tout, il a pas l’air d’être super bien équipé. Alors j’en profite et j’fais tourner ma lame pour faucher les deux autres aux jambes. Ça coupe ? ça casse ? Ha ben ça casse. Nan nan ne pleure pas mec, ça s’ressoudera un jour. Plus que deux. Le gros m’balance son bâton et vise la tête. A tiens, j’avais pas vu la lame sur le bâton. Ça ressemble plus à une hache du coup. Merde. Y’a du carmin sur le sol. Un peu du mec qu’à pris la trancheuse sur l’genou. Un peu plus du type qu’j’ai tenté de fendre. Et pas mal du mien. Faut dire que le torse, même si c’est pas beaucoup ouvert, ça pisse. Et ça fait mal nom d’un chien.

J’recule, je dévie la hache du plat de ma lame. Le petit s’est éloigné, il ne veut pas finir comme les deux autres. Tant mieux, ça m’fait des vacances. Enfin on a vu mieux quand même. Le mammouth tout poilu, tout barbu, tout couillu, bah il commence à m’titiller d’un peu trop près. Généralement, je n’suis autant intime qu’à partir du deuxième rendez-vous. Alors je prends l’initiative. Mon sabre file, de gauche à droite, de droite à gauche. Il rencontre la hache, il a l’air de kiffer. Autant ne pas le priver. Je cogne une bonne fois et nos armes s’entrechoquent. On a les mains qui tremblent, alors on recule d’un pas. On se jauge et là j’me dis que j’suis dans la merde.

Pis j’ai une idée. Une idée de génie. J’suis en colère, j’ai l’adrénaline au max, j’peux p’t’être réussir un bon coup ! Donc j’attrape ma gourde et je coise les bras. D’un coup sec, j’balance mon sabre et je presse ma gourde. L’eau coule sur la lame et.. Et tombe lamentablement par terre. J’y arriverai jamais.. Les autres me regardent sans trop comprendre c’que j’viens de magouiller. Mais j’me laisse pas démonter ! Je profite de la diversion pour attaquer. Diversion ? Vous avez dit diversion ? ça me donne un putain d’idée ça ! Je saute sur le gros type et je frappe une fois. Il bloque, le sourire aux lèvres. C’est ça, sourit. T’as pas idée de ce qui arrive.

Mizu No Kata ~ Version improvisée : Le canon à eau overcheatéofzedead

La gourde, toujours dans ma main gauche, balance son jus en plein sur le visage du bouffon qui me sert d’adversaire. Il ferme les yeux. Un instant. Un instant de trop. La trancheuse fait son chemin une première fois. Elle trace un joli sillon dans le bide du gros et termine sa course gentiment.

Mizu No Kata ~ Technique au sabre : Tsunami

Mon bras gauche forme une garde haute, et vient réceptionner mon bras droit. Je souris au kéké qui commence à réaliser qu’ça sent le sapin pour lui, puis je balance à nouveau mon sabre. Cette fois, mon bras gauche sert d’appui et donne une poussée supplémentaire au bras armé. La lame fuse une seconde fois et trace un second sillon, beaucoup plus profond, dans le ventre du mec. Bon, vu qu’il est pas très rapide à la comprenette, il capte pas de suite qu’il a les boyaux à l’air. Pourtant ça s’remarque bien hein ! Là regarde, il en fout partout ! Quel cochon.

Finalement, le type s’effondre, les mains sur la panse pour tenter d’garder le max à l’intérieur. L’autre se dit qu’il préfère rester indemne. Alors il commence à s’éclipser discretos. Ça s’comprend, j’aurai fait pareil. Sauf que j’suis pas à sa place et que j’suis en rogne. Alors j’le rattrape d’un mouvement ample et précis du bras, j’fais passer sa tête dans le cercle percé dans la lame de la trancheuse. Je tire un coup sec vers moi et paf, il se prend un bord bien dur dans la pomme d’Adam. T’as mal ? J’ai rien senti moi. Enfin presque. Parce que cet enfoiré me prouve que j’suis pas le seul à faire des coups de pute en frappant mes valseuses avec son bout de bois. Il détale, une main sur la gorge, suffocant, haletant, tandis que je viens envelopper mes petits chéris entre mes mains.

Douleur quand tu nous tiens.

Une fois qu’c’est passé, j’nettoie un coup la vilaine coupure que l’autre enfoiré m’a fait, puis j’m’approche des deux gus que j’ai mis à terre. Ils respirent encore. Mais un bon adversaire est un adversaire mort. Alors j’y plante mon sabre entre les côtes et j’les achève en bon type sympa que je suis. Après ça, j’m’assoie. Je réfléchis, ça m’arrive parfois. Je pense à mon père et je ris. Je ris parce que ce con est mort. Je ris parce que ce con est mort comme un faiblard alors que moi je botte des culs. Faut maintenant que j'me rentre, avec une bonne douleur au torse et aux baloches. Sensation délicieuse.

Le monde n’en a pas fini avec les Samehada.