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Rappel du premier message :

Royaume de Bliss. Ce n'est un endroit tout à faire lisse. Civils, marines, pirates ; Tous côtoient cette ville dirigée par les aristocrates. Toutefois, la paix règne souvent en ces lieux. Tout le monde semble jouer le jeu. Celui de se tenir à carreau, pour au moins ne pas finir cageot. Hélas, les frictions existent toujours. Mais certaines âmes volent parfois à leur secours. Par exemple, une sœur un poil trop ample.

Lààààà ! J'essuie encore un peu sous l'arcade sourcilière et il n'y aura plus de sang et ça sera désinfecté. Il faudrait que je regarde aussi sa jambe, elle est peut-être cassée. Ou une entorse. À voir. Pour les deux autres, je fais confiance en mon intestin, ils sont plus mal qu'ils sont en danger. Rah ! Franchement, c'est vraiment des poules mouillées ! Ils se prennent quelques mandales et ils appellent leur maman en se tenant la face contre terre. Ils ont de la chance d'avoir des amis comme eux. Je jette un regard vers les hommes en question. Le chef de la bande est un colosse qui me dépasse d'une bonne tête. Ses muscles sont à peine cachés par son marcel blanc marqué par de nombreuses taches de vin. Son bourru est dissimulé derrière une barbe épaisse et des cheveux longs et sales. Derrière lui, cinq hommes un peu plus normaux physiquement surveillent les alentours. Deux ont des épées, deux autres ont des pistolets. Le cinquième a une hache. Plus petite que la mienne. Moins solide aussi. Évidemment ! Les haches d'Endaur sont les meilleures ! Derrière moi, je sais qu'ils sont quatre armées de la même manière. Au sol, trois hommes légèrement blessés. La marque sur leur avant-bras ne laisse aucun doute sur leur nature. Des pirates ! L'emblème de leur équipage avait été tatoué sur chacun comme sont marqués les animaux. Tous uni derrière leur chef. Un pirate de piètre envergure, certes, mais qui avait déjà une prime ! Les plus grands commencent toujours petits, il ne faut pas que j'oublie !

J'ai de la chance quand même ! J'vais pouvoir les convaincre d'arrêter la piraterie ! Heureusement que des chasseurs de primes les ont attaqués, j'aurais jamais su qu'ils étaient pirates. Ils n’ont pas l'air net, mais, de là être pirate, il y a de la marge ! Faut dire aussi, je connais pas les têtes recherchées dans le coin. Il faudrait que je m'associe avec un chasseur de primes à l'occasion. Histoire de pouvoir savoir qui je peux convaincre. Parce que bon, l'autre jour, j'ai quand même fait la moral à deux types qui n'avaient rien à voir avec des pirates ! Même pas des brigands ! Perdre une journée entière pour ça, c'est risible ! Les chasseurs de primes n’étaient vraiment pas de taille contre eux. La force de mes convictions va surement les atteindre plus que la force de leurs armes ! Du coup, comme je passais par là, je me suis proposée pour les soigner. Ça va les mettre en confiance. On peut convaincre mieux quand on n'est pas vu comme suspect. Tiens ! Le capitaine s'approche. Je peux lire la surprise, l'étonnement et la suspicion dans ses yeux. Il trouve ça trop étrange d'aider les gens ?

… J'sais pas 'quoi t'as aidé mes gars … mais … merci … Si t'as b'soin de 'chose, dit le.


Je saute sur l'occasion. C'est ce moment ou jamais !
Je sais ce qu'il faudrait que vous fassiez ! Arrêter d'être pirate ! La piraterie, c'est pas bien. On blesse des gens et ça n'apporte rien d'bon. Devenez d'honorables gens qui ne blessent pas ! Il y a tellement de choses merveilleuses à faire ! Vous pourriez être des pécheurs gentils ! Vous continuerez à naviguer tranquillement sans combattre ! C'est pas beau, ça ?

Il me fixe, interloqué.J'ai réussi ?! Il a été touché par mes mots ?! Je lui ai ouvert les yeux, dévoilé à son esprit les secrets de la vie ? La paix et la fraternité vont-elles vaincre la souffrance et le chaos ?
Il éclate de rire. Ceux m'ayant été écoutés discrètement font pareil. J'affiche une mine surprise. Bah quoi ?

Ah ah ! 'bien bonne ! La blague ! T'es folle ! On stop pas. Je s'rais la peur sur Grande Line, plus tard; c'pas toi qui va m'stopper. Tas soigner mes gars. J'te tue pas. Fait gaffe à toi.


Des hommes à lui remettent sur pieds les blessés et commencent à partir. Le capitaine me tourne le dos sans même ajouter un mot. Je ne vais pas abandonner comme ça ! Il ne me fait pas peur ! Ça serait pas bien d'abandonner comme ça. En plus, tu me soutiens, Seigneur, n'est-ce pas ?! Aller, faut pas se décourager ! Je me relève et je range rapidement la trousse de premier secours. J'prends ma hache sur l'épaule et je me précipite à la suite des pirates. Attendez ! Écouter encore ce que j'ai à dire !

Ainsi, Adrienne continua à prêcher la bonne parole en territoire barbare, mais les pirates ne sont guère patients. En explications, Adrienne n'est pas avare et les hommes ne sont guères accommodants. Toutefois, dans l'ombre, on les observe. Espérons pour elle que le sort la préserve !


Dernière édition par Adrienne Ramba le Sam 15 Déc 2012 - 14:56, édité 1 fois
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Sören avait encore fait une erreur de trop. Penser à prouver sa bonne foi à lui, qui n'aurait eu aucun mal à se sortir de l'embrouille, alors même qu'Adrienne avait tout qui parlait contre elle ! L'aventure du matin avait déjà foutu ses nerfs à vif. Et les chairs de son poing, aussi. Elle pouvait se contenir une fois, pas deux. Et elle frappait, écrasait, massacrait du bleu. Sören serait compromis en tant que chasseur s'il ne se rangeait pas du côté de la marine. Expliquer ? Trop tard. On ne justifie pas l'arrivée inopinée d'une légion d'os cassés et d'articulations luxées par la mise en lumière d'un quiproquo. Et d'un autre côté, il était impensable qu'il abandonne ce qui s'apparentait de plus en plus à une bonne âme à son sort. Surtout après ce qui s'était passé.

Alors, prenant une grande inspiration, le barde s'approcha du gradé. Pour l'occasion, il adopta un rictus qu'il voulait méprisant, presque cruel. Il allait reprendre du service dans le dernier rôle qui lui avait été imposé, ironie du sort, lorsque sa route avait croisé une première fois celle de Shimeru.


-Mec, t'veux qu'j'te dise. Ta raclée, t'l'as pas volée. Me r'tirer mon permis ? Vas-y mon couillon, l'est pas à moi. Volé à un connard qu'a perdu face à mézigues. Rien d'grave, une rixe de comptoir. Mais moi, r'tiens le bien : mon nom, c'est Catsan Poulos, l'anar' autodidacte de South Blue. Et j'reçois d'ordres de personne. Et surtout pas d'un souillon qui prend une grive pour un merle. Elle, c'est pas Gigine, et c'est pas une révolutionnaire. T'as pigé, dans ta caboche de salope ? T'as insulté une religieuse, bonhomme. Et tu oses encore chialer ? Ah ! Ta mère serait là qu'elle te ficherait la branlée de ta vie !
Et encore, j'parle pas de c'qu'est d'tomber dans l'piège de Morpas. 'Faut vraiment être le dernier des derniers abrutis sur terre. Hey ! Z'êtes pas d'accord, vous autres, tas de merde ? Hein ?


Les quelques soldats qui n'étaient pas partis achever Morpas étaient devenu blancs. La plupart étaient de jeunes recrues sans expérience, pour lesquelles leur chef avait toujours été symbole d'autorité et de force. Tous étaient ébranlés de le voir en position de faiblesse. D'autant qu'il devenait clair à certains que leurs compagnons d'armes s'étaient fait ramasser non seulement par sa faut, mais encore, pour rien. Le plus gradé, un sergent au visage mangé par les marques de la petite vérole s'avança, le visage fermé.

-Notre colonel avait déjà eu droit à plusieurs rappels à l'ordre pour provocation, grossièreté et violences injustifiées. Aujourd'hui, ce sera la dernière. En tant que plus haut gradé présent sur les lieux du litige, j'en témoignerais à mon supérieur dès aujourd'hui. Et nous trouverons un remplaçant plus digne de porter l'insigne de la justice sur sa veste.
Vu les circonstances, vous pouvez partir. J'en prends l'entière responsabilité. Mais gardez à l'esprit qu'à la prochaine entourloupe, il n'y aura pas d'excuse ni de pardon.

-C'est ça. Viens, Adri', on s'arrache.

C'est ainsi qu'un Sören un peu contrarié prit le large avec une Adrienne tout juste calmée. Désireux de ne pas renouveler le malentendu, le barde lui fit la conversation à voix basse, de manière à ce que nul ne puisse l'entendre.

-Bon, mon nom, c'est ben Sören, hein. Catsan Poulos, c'est l'nom qu'm'avait inventé un gars à cause duquel j'ai d'jà eu des emmerdes sur c'te mer. Heureus'ment que j'suis du nord, hein ? Ah. Et j'suis musicien, aussi. J'ai laissé mon bouzouki dans une taverne où j'ai joué hier soir. Faudra qu'on y passe avant d'partir. Et j'aim'rais ben qu'on parte vite, en fait. J'peux pas prendre le risque d'être classé « forban ». J'le mérite pas, franch'ment. Tu viens 'vec moi ? J'ai peur qu'on t'fasse des ennuis si tu restes là...

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J'le vois arriver, doucement. Minutieusement, son visage change. Ses traits deviennent plus rustres. Depuis que j'ai croisé, il a pas mal changé de visage. À mes yeux en fait. Il était cet amant. Il fut ce criminel. Il est devenu une victime. Enfin, il est maintenant un ami. Et c'est dans ces moments-là qu'on reconnaît les vrais amis, même ceux qu'on vient de se faire il y a deux minutes après leur avoir couru après avec la ferme intention de détacher leur tête de leur tronc. Au bas mot. Ce changement de visage, il le veut, cette fois. Il se veut quelqu'un d'autre. Il veut se changer pour me sauver ? Oui, il me sauve. Aux premiers mots, je sais tout de suite que c'est pas lui. C'est totalement différent de quand il était précédemment. Trop familier. Trop vulgaire. C'est pas naturel. Ou alors, il n’était pas naturel avant ? Non. J'y crois pas. Je veux plus y penser en fait. Ça fait trop longtemps que je doute quand je ne me conforte pas dans des théories fallacieuses. Sören est un ami. Sören est gentil avec moi. Sören ne veut pas me tromper. Il faut que je fixe cette idée dans ma tête. Et pendant qu'il expose son identité d'emprunt, je l'admire. Parce qu'il choisit pas la solution de facilité. Parce qu'il prend un risque en faisant ça. Il est chasseur de primes. Il peut perdre sa licence. Pire, il peut être considéré comme un pirate ; ça serait le comble pour un chasseur de primes. Sa vie de chasseur, il l'a voulu. Et comme je commence à le percevoir, il doit être honnête avec cette vie. La gâcher pour moi, alors qu'on se connait à peine, c'est bien la preuve qu'il me veut du bien et que c'est pas juste des mensonges. C'est quand même beau d'être protégé. Un sourire se glisse sur mes lèvres. L'un de ces sourires de remerciements silencieux quand quelqu'un fait quelque chose pour vous alors que la raison l'aurait poussé à faire l'inverse. Il aurait pu m'attraper. Mais non.

Alors qu'il en termine avec sa prestation ; on sent un peu l'artiste dans le personnage qu'il incarne ; j'en viens à m'apprêter à fuir. Ou non. Il ne faut pas fuir. Il faut juste trouver un moyen pour que Sören puisse garder sa licence après ce qu'il vient de faire. Il m'a défendu, mais je ne risquerais pas à le voir détourner de son choix de vie par ma faute. La meilleure solution ? Le frapper ? Ça, j'aimerais pas, mais ça reste un bon choix. Ça prouverait qu'on est pas ensemble. On en oublierait ses frasques pour se concentrer sur moi, le personnage dangereux. J'observe les alentours pour trouver un moyen de fuir rapidement. Ou pas. Même pas besoin en fait. Le sergent s'avance et s'excuse. Sören a réussi ? Il a réussi. D'un signe de tête maladroit, je remercie le sous-officier et j'accepte ses excuses, rapidement, car il faut partir. Accompagné du chasseur de prime, on finit par échapper à la vue des marines qui emportent leur officier. À voix basse, il me raconte les détails que j'ai réussi à percevoir. Quelle franchise. Toujours le sourire aux lèvres, je ne peux m'empêcher de le stopper dans sa marche. Timidement, je le lui prends les mains dans les miennes. Mon regard plonge dans le sien ; quelle bonté d'âme, tout de même. Ce sens du sacrifice. C'est un saint homme. Je peux pas le laisser partir comme ça sans exprimer ma reconnaissance. Ça a du mal à sortir, comme si c'est bien trop peu pour ce qu'il vient de faire, mais ça finit par le faire.

Merci.


Je détourne le regard rapidement tandis que je lâche ses mains. Je sens comme une gouttelette de larme s'écouler de mon œil et voler au vent : il est tellement gentil pour ce qu'il a fait que j'en ai les larmes aux yeux. Rapidement, je me frotte les yeux avec mon bras pour qu'il n'en paraisse plus rien. Rapidement, parce qu'il faut revenir aux affaires. Il vaut mieux se faire discret ; on est jamais trop prudent. Sören parle de son instrument ; j'ai tout de suite envie de l'entendre en jouer. Parce qu'un type si gentil, ça doit forcément bien jouer ! Bredouillant au début, je finis par lui présenter un plan.

On peut ...aller.... récupérer ça tout de suite. J'ai un lieu de planque sur le port où personne ne viendra nous chercher. J'y loge actuellement et la patronne est très gentille. Il lui reste encore des chambres et c'est pas très cher. De toute façon, je te paye la nuit. Je te dois bien ça...

Ça semble un bon plan, non ? Aussitôt dit, aussitôt fait. Il faut pas trop de temps pour récupérer les affaires du musicien et retrouver l'adresse de la petite auberge. C'est le genre d'endroit où les gens qui souhaitent la tranquillité peuvent s'installer le temps d'une nuit. Il n'y a pas beaucoup de chambres et elles sont assez spartiates. Il n'y a pas non plus de restauration, à peine un endroit ou quelques personnes peuvent discuter assis sur des chaises de bois. Une adresse parfaite pour moi pour être tranquille. Et une adresse parfaite pour notre situation. Dès l'entrée, Marjorie me salue de la main. Marjorie, c'est la gérante de l'établissement. Marjorie Sterlum.

Spoiler:

Elle cache vite fait un papier sous un dossier, mais j'ai déjà deviné ce que c'était : encore un dessin d'une commode un peu particulière. Le petit plaisir de Marjorie, c'est de dessiner des pièces de mobilier un peu spéciales. Elle est très créative, mais elle a pas trop l'occasion de le mettre en pratique. J'suis sûre qu'elle pourra aller loin. Comme à son habitude, elle n’interroge pas le nouveau venu sur sa présence. Elle sait rester discrète ; si les gens veulent parler, ils iront lui parler. Une chambre de libre et c'est pour lui. Comme promis, je paye à sa place. Et pas besoin de me dire que non ! L'installation se fait rapidement et j'laisse un peu de temps à Sören de se sentir à son aise. On va rester un moment ici, j'pense, pour éviter les problèmes et que la marine nous oublie. Alors, j'veux écouter sa musique. J'ai lorgné son instrument de musique pendant tout le trajet jusqu'ici. Ça s'est peut-être vu. Tant pis. Du coup, quand il sort de sa chambre, j'suis là à l'attendre. Ça doit se lire sur mon visage, ce que j'attends. Un concert ? Un concert. Je souris en voyant sa tête lorsqu'il comprend.
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Enfin seul dans une chambre aussi spartiate que propre, Sören se laissa tomber sur un matelas posé à même le sol. Son épaule lui faisait mal. Peut-être pas luxée, finalement. Il pouvait bouger le bras. Cependant, il n'irait pas faire de folies jusqu'à ce qu'il soit bien certain que ça n'empirerait pas. Un jeune chasseur manchot avait déjà sa place à l'article de la mort.

Il soupira, en observant l'hématome qui grossissait sous son estomac. Des coups, des coups et encore des coups. Même un lutteur professionnel n'en attrapait pas autant. Et au moins pas pour des raisons aussi minables qu'un vaste quiproquo, et une traque avortée. Un bain ? Pourquoi pas. Il y avait une bassine dans un coin de la pièce, déjà remplie d'une eau fumante. Délicate attention d'une Adrienne un peu plus sensible aux odeurs qu'il ne l'aurait pensé ? Peut-être.

Un parfum d'égouts monta dans la pièce tandis qu'il s'enfonçait dans l'eau. Vrai qu'il ne s'était plus lavé depuis la fois où il avait du dormir sous un porche. Plutôt bien entretenu, le porche d'ailleurs. Dommage qu'il ait été réveillé par une coulure de pot de chambre, dont il avait du ramasser un demi litre sur le sommet du crâne.

Quoi qu'il en fût, l'eau chaude lui fit du bien. Il remit ses vêtements lavés et essorés. La saison était belle, et il faisait chaud dans l'auberge. Et puis, il était si rare pour lui de profiter d'un tel confort, même précaire, qu'il se sentait presque pousser des ailes.

Ce fût donc un Sören particulièrement dispos et rieur qui revint à Adrienne, son instrument au dos. Elle attendait patiemment son concert privé. Lui, trouvait très drôle son attitude concentrée et sereine. De manière ironique, pour une part. Les tempéraments les plus calmes avaient souvent tendance à être ceux qui étaient capables des colères les plus terrifiantes, des violences les plus extrêmes. Malgré tout, il lui rendit son sourire s'assit pour accorder son instrument. La salle était vide. Auberge discrète pour gens discrets ? Une première, pour sa musique de troubadour gagne-petit. Il ferait avec. Pour une fois qu'il n'avait pas à lutter pour gagner l'attention, l'estime, et l'adhésion d'un auditoire...




-En m'en allant braver les océans
J'ai rencontré le roi des mers et des abysses
Géant furieux, Dieu des marins prudents
Qui brise les rochers et use les hélices

« Si d'aventure tu croises un goéland
Qui vole à vents contraires et fait face à la brise
Envoie lui mon salut le plus ardent
Car j'aime ceux qui font que la vie est permise

Que tes vagues deviennent des déferlantes
Que ton cœur ait toujours souv'nir de ma matrice
Un refuge à la douceur apparente
Mais à l'âme guerrière qui se complait au vice »

Je lui dis : « je suis foudre et feu et rage,
Je n'ai pas peur du grand typhon qui hurle en moi
J'irais porter ton écume sauvage
La bave aux lèvres dans les terres qui sont en toi ! »

Laï, laï leï, la la leï ! La la heï, la la la la la leï !


Le rythme vagabond du bouzouki se fit soudain haché, puis chaloupé. Le chant, que Sören tenait d'un ami d'enfance qui avait bien roulé sa bosse, prit une nouvelle dimension. D'hymne à la création et à la liberté, il devint la liberté même. Car son interprète venait de bondir sur une table, et d'entamer un nouveau couplet. Improvisé, celui-ci. Des images se succédaient dans son esprit, aussitôt traduites en mots qui les atteignaient rarement, mais les dépassaient souvent.

Les choses auraient pu durer jusqu'au soir si un client de l'auberge n'avait pas débarqué dans la salle commune en promettant le scandale si la musique ne s'arrêtait pas immédiatement.


-Car chaque élan glorieux
Comporte son entrave
Car chaque moment heureux
Peut devenir épave.

Sérieus'ment, gars, tu veux pas nous laisser un peu ? On est bien, on a passé une journée pas facile, on fait d'mal à personne... On chante même pas fort.

-Suffisamment fort pour ramener du monde ici, et je veux voir personne !
-T'as qu'à rester dans ta chambre...
-J'suis pas dans ma chambre. Et ta prose me fous la gerbe.
-Hein ?
-Et ce truc aussi, d'ailleurs.

Mal rasé, boiteux, le verbe acerbe, l'homme pointait du doigt une Adrienne un peu décontenancée par tant d'agressivité soudaine et injustifiée. De peur que ça ne dégénère, Sören avait posé son bouzouki contre une table, pour mieux calmer les ardeurs misanthropes qui se dégageaient de son vis-à-vis. Mais lorsqu'il vit cela, celui-ci renonça tout à fait au dialogue pour s'élancer, et fracasser l'instrument d'un seul coup de pied bien placé. Comme ça, gratuitement. Peut-être aussi un peu par plaisir de faire du mal.

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Il s'est fait beau ; il est tout propre. Beau pour moi ? Ahah. Faut pas s'emballer. Ce n'est rien d'autre qu'un peu d'hygiène indispensable. J'me balance sur ma chaise et j'attends. L'artiste se prépare, passant ses doigts habiles sur les cordes de son instrument, en tirant un son légèrement désagréable. Bizarre. Un musicien, c'est censé faire de la belle musique ? Le son de la corde est spécial. Il me fait comme vibrer mon oreille et ma tête à sa suite. Elle s'insinue en moi, presque discordante. Je jette un regard interrogateur à Sören, histoire de voir si c'est normal. Mais ça semble normal. Arf. J'pense que je vais pas aimer sa musique. Je fais quoi du coup ? Je dis stop et on arrête ? Si une note suffit à me donner mal à la tête, je veux pas entendre la suite pour me choper une migraine d'enfer qui va m'empêcher de dormir. On tente le coup ? On tente de résister. Faut rester poli et ça se fait pas de dire non alors qu'on demande à avoir un petit concert privé. Je serre les poings et je sers les dents. Encaissons le choc. Et la musique commence. Les notes s'enchainent. Brièvement, la perturbation sonique me donne mal à la tête et je fronce les sourcils. Puis, aussi rapidement que c'est venu, la douleur s'estompe et je me surprends à écouter avec attention, admirant l'agilité du ménestrel usant de son instrument, dansant sur les cordes pour en tirer une mélodie plutôt agréable, finalement. J'dirais que c'est pas à la portée de tout le monde et que les gens ne sont pas forcément réceptifs à cette musique. Ou à cet instrument plutôt. Il est perturbant. Enfin, j'aime bien. Et puis, il y a le chant. J'en oublie d'écouter les premiers mots, mais je me concentre rapidement.

J'finis par partir dans une rêverie chaleureuse. La tête posée contre le mur, j'ai mes paupières qui se ferment à moitié tandis que ma bouche s'entrouvre. Une chaleur m'envahit. Au travers de mes yeux mi-clos, je vois toujours le monde, mais des souvenirs s'y superposent. Endaur. Ma maison. Ma mère. Celle-ci me coiffe les cheveux alors que j'étais encore trop jeune pour partir en forêt. Elle chantait. Sa voix était douce et son chant était simple. Mais je l'aimais. Je l'appréciais et j'en goutais chaque instant comme un nectar précieux. Le chant était synonyme d'instant privilégié avec ma mère ; nous étions assis près du feu et nous nous percions dans sa chaleur alors que mon père et mes frères s'affairaient à d'autres tâches nécessitant davantage de rudesse que de douceur. Nous étions seules et nous étions bien. Quand elle cessait de me coiffer, elle passait ses longs doigts dans mes cheveux, me caressant la tête jusqu'à m'en décoiffer totalement. Et elle reprenait alors le peigne pour me recoiffer. Je riais à chaque fois. Et elle riait aussi. Je ne l'empêchais pas de me décoiffer et elle ne s'arrêtait jamais de le faire, comme s'il lui suffisait d'un prétexte pour câliner sa fille. Ces sentiments, ces souvenirs et cette douceur ; je la revis au son de ce chant plus que de la musique. Ce n'est pas la même chose. Ce n'est pas les mêmes récits, mais cela fait tant d'années que je ne me suis pas posée ainsi pour écouter chant et musique. Le sourire aux lèvres, je baigne dans le plus doucereux des contentements et je ne m'aperçois même pas de l'envolée de Sören, bondissant avec une énergie en synergie avec sa musique, comme si c'est cette dernière qui donne au musicien la force de jouer et de se mouvoir. J'reste encore plonger dans mes songes quand la musique s'arrête et qu'un individu s'en mêle. J'écoute pas. Je rêve éveiller. Mais le réveil finit par arriver. Brutal. L'instrument est fracassé, renvoyé contre le mur comme s'il n'était rien. Juste un assemblage de bout de bois grossier.

J'ouvris les yeux ; ils sont écarquillés, même. D'un coup, mes rêves, ma mère et mon enfance ont disparu de mes yeux, fuyant au travers des fentes des murs tels des fantômes en haillons. Mon regard va de l'inconnu à Sören, puis de Sôren à l'instrument. Je m'accroupis à ses côtés et, fébrile, je frotte du doigt l'une des cordes. Le son est horrible, comme le cri d'un animal mourant. Il me fait mal. Il n'est pas juste désagréable comme les premières notes de la musique de Sören, il est sans vie, sans aspérité, sans qualité. Il n'est que bruit. Ainsi donc, un instrument qui m'a tant fait rêver git là, à l'agonie. Un meurtre ? Ce n'est pas un être vivant, mais c'est tout comme. Cet instrument a créé et aurait créé davantage que toute l'oeuvre de son assassin. Je lève mes yeux vers l'individu en question. Un regard plein de reproches. Un regard dansant dans les flammes des lumières d'une colère contenue. J'me perds pas. Pas encore une fois. La journée m'a appris mes limites. Je me lève et je m'approche de l'homme. Sören est sur le chemin et je le pousse sur le côté, gentiment, mais fermement. Il me fixe, indécis. Derrière lui, les gens sont sortis de leur chambre. Probablement à cause des cris. Ils me voient. Ils me voient surplombant l'homme. Ils ont probablement peur. Cette auberge est là pour la tranquillité de ces habitants d'une nuit. Et cette tranquillité, elle a été bafouée. Par ma faute, en quelque sorte. La musique, même si elle est belle, perturbe la tranquillité. C'est un fait. Et parce que je l'ai demandé, je suis responsable. Il n'y a rien d'autre à dire. Je baisse les yeux tout en levant le poing. L'homme recule d'un pas. Mon poing vient frapper mon cœur et je baisse la tête.

Pardonnez-moi. Tout est ma faute. Je n'aurais pas dû perturber ce lieu.

Pardonne ton prochain. C'est c'que t'aurais dit ? Je l'ai fait. J'ai pardonné et j'ai pris mes responsabilités. Car le vrai meurtrier de l'instrument, c'est moi. Je recule un peu, laissant un peu d'espace à tout le monde. L'homme, conscient de sa victoire, continue dans sa lancée pour m'enfoncer davantage. Je baisse encore plus la tête. Je le mérite. Je culpabilise. Mais c'est sans compter Marjorie. J'la vois derrière l'homme au fond du couloir, un enfant lui explique quelque chose à l'oreille. Son fils, en l'occurrence. Son visage change d'expression, passant de l'interrogation à l'indignation. Il ne lui faut pas deux secondes pour se relever et flanquer son pied dans les fesses de l'homme qui tombe devant lui.

C'est quoi ces histoires ?! Non seulement on vient semer la loi dans MON établissement, mais en plus, on se permet de casser les instruments de ceux qui donnent un peu de baume au cœur par leurs arts et leur talent ? T'es jaloux, c'est ça ? Parce que t'as pas de talent, tu te permets de rabaisser les autres et d'être cruel ? Dégage de chez moi, j'veux plus te voir !

L'homme se relève et semble vouloir rappliquer ; en venir même aux mains. Je m'avance, parce que j'veux protéger Marjorie, mais elle me jette un de ces regards, le genre de regard à me dire qu'elle va me planter elle-même si je bouge. Elle a gagné de toute façon, parce que derrière elle, c'est tout les clients qui fixent l'homme avec un mépris affiché. Les quelques enfants lui tirent la langue. L'établissement entier est hostile. Lâche, il préfère prendre ses affaires sans dire un mot et s'en aller en maudissant Marjorie et tous les autres. Bien rapidement, les gens rentrent dans leur chambre. Marjorie, Sören et moi, nous allons au chevet de l'instrument brisé. La gérante indique qu'il existe quelques luthiers et artisans qui pourraient le réparer. Je ne sais pas si Sören le juge repérable. Du coup, j'essaie de le réconforter. Demain on trouvera quelqu'un pour le réparer. On ratissera la ville s'il le faut, mais on trouvera un médecin du bois, un guérisseur des instruments. Je me sens obligée de l'accompagner. C'est normal, car tout est de ma faute. Je suis la responsable et je me dois de réparer mes erreurs. Quittant Sören pour la nuit, je m'écroule sur mon lit sans même me changer. Un sommeil sans rêve et avec des remords. Mais un sommeil qui finit par me prendre.
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La silhouette de Morgan se dessinait devant la fenêtre entrouverte de la chambre. Le clair de lune projetait l'ombre féline sur le parquet. Elle s'étirait et s'étirait, pour le plus grand plaisir du chat qui avait l'air de s'en amuser.
Mais de son côté, Sören cultivait une humeur inhabituellement sombre. Quelque chose lui avait clairement échappé, dans les raisons d'agir d'Adrienne. Il pensait connaître un peu la psychologie humaine, à force de traîner dans les bas-fonds et de devoir compter autant sur les autres que sur lui-même. Mais pour la première fois, la logique lui paraissait vraiment rompue.

Pourquoi elle avait voulu le tuer, ça, il le savait.
Pourquoi elle s'était arrêtée, il le devinait. Le regard des autres, la culpabilité de s'en prendre à plus faible (et il n'y avait pas de mal) que soi.
Pourquoi elle avait massacré les marines insolents plutôt que de s'expliquer, il pouvait à peu près le comprendre. Trop d'émotions d'un coup, ça avait sans doute fini par déborder.
Et ce soir, pourquoi s'être excusée vis-à-vis d'un pareil connard ?

La question lui paraissait si étrange que le barde en avait oublié sa propre peine d'avoir vu son instrument se faire casser en deux. Il ne doutait pas que l'on aurait tôt fait de trouver un artisan capable de le réparer, de toutes façons. Lui n'en n'avait pas les moyens, mais Adrienne l'aiderait à payer.

… Ouais, drôle de pensée pour un indépendant. Mais Sören n'avait jamais eu honte de profiter des opportunités. En bon adepte des mœurs félines qu'il était.

Elle avait dit qu'elle faisait partie d'une église. La Juste Violence. Est-ce que c'était ça ? Est-ce qu'elle avait réussi à maîtriser ses instincts grâce à ses principes ? Ou autre chose ?
Vrai qu'elle s'était arrêtée dans sa course, alors qu'elle cherchait à le fuir. En y repensant, le barde avait presque cru voir l'action d'une main invisible, tant le geste avait l'air contraint et forcé. Qui était-elle vraiment, et qu'est-ce qui l'habitait exactement, pour la pousser à aller contre ses instincts les plus primaires ?

Lui-même n'était pas un modèle en ce qui concernait l'exercice de la violence et l'absence de self-contrôle. Mais il admettait que sans Adrienne, il aurait fait ravaler au bouzoukicide sa mauvaise humeur à grands renforts de coups de poing dans les pommettes.

Mais après tout, ça n'aurait pas réglé grand chose. Là, au moins, l'humiliation avait brisé l'homme aussi surement qu'un coup de masse. Peut-être réfléchirait-il à deux fois avant d'entreprendre quelque chose d'aussi vil. S'il y avait une prochaine fois.

Sören s'enfouit sous sa couverture, non sans lancer un dernier regard à son instrument qui gisait à ses pieds, démantibulé. Dans le pire des cas, il pourrait bosser un peu plus dur du côté des primes pour s'en offrir un autre. Mais il ne se faisait pas d'illusions. Il n'était pas très bon chasseur, et les frais de traque étaient souvent plus élevés que la récompense finale, à son niveau. Il n'avait jamais fait partie des chanceux qui tombent miraculeusement sur leur proie au détour d'une ruelle ou d'un comptoir.


* * *

-Bonjour, déjà levé ?

Elle était déjà au comptoir, et le jour peinait à se dessiner à-travers les carreaux. Le barde avait toujours eu tendance à conserver son rythme sans sommeil de baroudeur nocturne, et de paysan diurne. Bien que physiquement brisé par les échauffourées de la veille, il se sentait en bonne forme.

En tous les cas, en assez bonne forme pour remarquer le désordre épouvantable qui régnait dans la salle, en parfaite opposition avec l'harmonie discrète qui faisait la fierté de la patronne.


-Vindieu, y'a un troupeau d'buffles qu'est passé ?
-Je l'ignore. Je n'ai rien entendu.
-Moi non plus. C'quand même pas c'ui d'hier qu'est rev'nu porter l'feu pour son plaisir ?
-J'ai du mal à imaginer quelqu'un d'autre. Il a pris la caisse, par contre, c'est ce qui m'étonne.
-Pourquoi donc ?
-L'argent lui brûle les doigts. Il est plutôt fortuné, mais il n'aime ni le reconnaître, ni être en rapport avec la monnaie. Vous avez remarqué qu'il portait des gants en plein été ? C'est pour ça.
-Bon. En attendant, j'vous aide à ranger ?
-Non, non, les autres dorment encore. Vous déjeunez ?
-Ah, ça, c'est pas d'refus.


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À peine levée et déjà, les emmerdes s'annoncent. On a cherché des noises à Marjorie. J'l'aime bien Marjorie, alors j'ai bien envie de chopper celui qui a fait ça pour lui faire entendre raison façon Juste remise au poing. Point plutôt. Bref, une fois le délit constater, j'ai interrogé Marjorie, mais elle m'a rien dit. Franchement, elle y met pas du sien. On lui pille sa caisse et on abime ses locaux, mais elle bronche pas. J'sais bien qu'elle en a vécu des pas top dans la vie, mais c'est pas une raison pour se laisser marcher sur les pieds. Elle a voulu me rassurer, genre c'est pas grave. Finalement, j'ai fait mine de lacher l'affaire. On va se ballader en ville pour réparer l'instrument à Sören. J'garderais mes oreilles en alerte au cas où je peux choper une info quant à un cambrioleur. Après le bref interrogatoire, j'suis allée grailler et retrouver Sören. Malgré les dégâts, pas grand monde s'en est inquiété. Chacun ses problèmes ? Mouai, pas pour moi. Pendant qu'on mange un morceau, je reparle à Marjorie, mais pour parler luthier. Elle dit qu'elle en connait deux. L'un est pas loin, sur la grande artère. L'autre est beaucoup moins connu, dans les quartiers un peu chauds. Drôle d'endroit pour un luthier ? Pas forcément. Même les brutes peuvent aimer la bonne musique. Et va pas dire que j'suis une grosse brute.

Une demi-heure plus tard, c'est le départ. J'laisse mes affaires dans ma chambre. On va revenir. J'laisse aussi ma hache parce qu'on n’aura pas besoin d'arme pour aller chez le luthier. Et puis, avec ma chance, j'vais tout casser en entrant dans leur boutique. M'étonnerait que ça soit gratos, les destructions. Pour Sören, c'est aussi léger. Il me semble que de toute façon, ça doit toujours être très léger pour lui. Évidemment, il prend son bouzouki. Quel nom bizarre tout de même. Il y a un peu de marche jusqu'au premier luthier, mais la balade est plutôt agréable. Il fait plutôt bon en cette matinée et le soleil frappe pas trop fort. T'as quelques nuages qui réduisent ces rayonnements. Niveau de la ville, c'est plutôt animé. Il y a un marché en périphérie d'où on va. Beaucoup de gens vont et viennent à ce marché en plus des boutiques permanentes. À plusieurs moments, c'est même difficile de traverser la foule tellement elle est dense. Heureusement, j'en impose avec ma masse et j'fais le brise-glace pour Sören. J'bouscule même un type et quand j'veux m'excuser, il se barre en courant comme si j'étais un monstre. Ça obscurcit un instant ma journée. Ouai. Souvenir d'hier. Je dérange ? Pourtant, je veux pas déranger. Heureusement, j'ai le soutien de Sören. Hé ? T'as pas peur que je le prenne mal et que je remette à tout casser ?

Bien sûr que non. On est ami. La confiance. Tout ça.

Finalement, on arrive à la première des boutiques. Et c'est l'échec ; il est fermé. En même temps, quand on voit sa devanture, on pourrait se dire qu'il s'est carrément barré. La vitre principale est brisée et la porte pend sur ses gonds. Au travers de deux panneaux de bois cachant bien difficilement l'intérieur, on voit que ce dernier est plutôt saccagé. Des instruments éventrés. Des outils dispersés. Du mobilier en pièce détachée. Y a pas à dire, c'est pas la joie. Et c'est pas à lui qu'on va donner un Bouzouki à faire réparer. Il a d'autres trucs à faire. On se concerte un instant avec Sören. Qu'est-ce qui s’est passé ? On se le demande. Alors on interroge les gars d'à côté. D'mon côté, on me dit juste que le truc a été saccagé il y a quelques jours, la nuit, mais qu'on sait pas pourquoi. Genre des mecs font ça, gratos. Fichue ville. Comme quoi, il y en a des timbrés. Ils parlent même d'un mec habillé tout en rouge qui se faufile dans les coins louches. En matière de type louche, un mec en tenue moulante rouge, ça se pose. Niveau problème, le luthier est pas connu pour ça. Ces quelques clients en sont très satisfaits. L'argent alors ? Il gagne bien sa vie. Ouai ça doit être ça. Le motif pécuniaire est toujours un bon motif.

Du coup, avec l'ami Sören, on se bouge chez l'autre luthier. C'est pas non plus très loin, mais faut traverser des coins pas très recommandables. Ça me fait pas peur. Et j'crois pas que ça le fait pour Sören. On y va sans hésiter. Dans les petites ruelles obscures et humides, on croise des types pas net. On cherche pas les problèmes. Ils cherchent pas les problèmes. J'tends l'oreille pour chercher mon cambrioleur, mais y a rien d'utile. T'façon, les gens parlent généralement suffisamment bas pour qu'on les entende pas. Normal. Finalement, après s'être perdu une fois ; la faute à quelqu'un qui n'a pas le sens de l'orientation, on finit par trouver la boutique. C'est tout de suite moins classe que l'autre boutique. En fait, en état, l'autre aurait eu plus de prestance. Là, ça fait un peu minable. On se regarde avec Sören. Moi, j'suis pas forcément motivée pour entrer. Après, si c'est le seul capable de réparer le bouzouki, faut bien le faire.

Finalement, on entre. Sören en premier, moi juste derrière. L'intérieur est un poil mieux que l'extérieur. Ça semble propre, un peu bordélique. T'as une odeur rance qui me titille les narines, c'est assez désagréable. Sören avance dans la boutique quand, d'un coup, un mec entre par l'autre porte que celle de l'entrée. Le propriétaire ? Mon avis que, vu sa gueule, ça doit être ça, mais il inspire encore moins confiance que sa boutique.
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Le type avait la gueule de celui que l'on venait d'arracher à sa bouteille. Sous sa polaire sans âge ni couleur définie, on devinait par relents la crasse qui s'y dissimulait. Il s'était assis derrière un établi qui lui servait de bureau sans saluer ni accorder le moindre regard à ses clients. En lissant une barbe en buisson de ronces, et en soufflant comme un buffle asthmatique.

-Euh. Ben l'bonjour, m'sieur !
-Mrrmh.

 « Mrrmh », c'était tout ce qu'il semblait y avoir à tirer du bonhomme. Jusqu'à ce qu'il ait bu trois tasses d'un liquide noir et épais qu'il allongeait d'une bonne dose de whisky. Ce ne fut qu'à la troisième qu'il se mit à tousser et à expectorer bruyamment, en haletant :

-Putain de sacrénom de bordel de merde ! J'ai encore oublié d'flitrer l'café !
-Y'a pas mort d'homme, m'sieur. Dites...
-Quoi, gamin ?
-Beh... z'êtes ben l'luthier d'la boutique ?
-Tu cherches l'embrouille, toi. Tu veux que je sois qui ? Le concierge ? Con, va. Bon, raconte ton affaire, avant que j'perde patience.
-J'pensais qu'vous en aviez guère.
-Tu ranges tes petites blagues à deux berrys dans ta poche, ou tu dégages de mon atelier.
-Bon, bon. Voilà. J'ai b'soin d'vos services pour une répara...
-Saperlotte de nom de nom !

Redressant sa masse puant l'éthanol et le souffre, l'artisan avait figé ses deux yeux d'un vert douteux sur l'instrument supplicié. Les deux iris tremblaient, comme si cette simple vue leurs avaient donné l'envie de s'extraire de leurs globes pour aller vivre une vie innocente loin de la folie des hommes qui venait de bousiller le genre d'œuvres sur lesquels ils s'étaient usés des milliers d'heures durant, à la simple lueur d'une lampe à pétrole.

Parce qu'en plus, leur légitime propriétaire était radin.


-Tu devrais avoir honte.
-Mais j'y suis pour rein ! C't'un con qu'est v'nu l'péter à grands coups d'grolles !
-Oh, vraiment ? C'est vrai que c'est tellement plus facile de dire que c'est de la faute du voisin ! Putain.
-Bon. Vous m'la réparez, oui, ou...
-Viens pas m'dire ce que j'ai à faire. Je connais mon métier, et je le ferais. Mais toi, par contre, je veux plus te voir de la journée. Non, attend. Je veux plus te voir jusqu'à ce que j'ai terminé. Si tu r'viens entre-temps, je garde le bouzouki. De toutes façons, t'en es pas digne.
-Non mais c'pas vrai ! Et comment que j'saurais qu'vous aurez fini ? En plus, vous l'feriez pas exprès de prendre du r'tard pour que j'revienne trop tôt ?
-Pas mon problème. Et si t'es pas content, t'as qu'à aller chercher un autre luthier sur l'île. Bon courage, Berthom s'est flingué y'a deux mois à cause de mecs de ton style qui prenaient tellement pas soin de leurs instruments que ça le rendait malade.

Très peu désireux de se fâcher sans raison, Sören tourna le regard vers une Adrienne qui avait l'air toute affairée à bien tenir sa carrure en place pour éviter une catastrophe. Le boutiquier l'avait complètement ignorée. Une première, de ce que le garçon avait déjà pu constater par lui-même.

-Adrienne ? T'voudrais pas lui dire c'qui s'est passé ? Moi, y m'crois pas, et faut que j'fasse avec...
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J'laisse Sören parler, parce qu'il est plus capable de gérer l'affaire et parce que j'ai aucun talent en musique ; j'risque de paraître pour un total amateur et de décrédibiliser la demande. Surtout que vu la tête du machin qui sert de luthier, faudra un paquet d'arguments solides pour tirer un truc de la chose. Enfin, de l'être humain quoi. Du coup, j'm'esquive pour laisser parler Sören sans avoir ma trogne au-dessus de son épaule et faire peur à l'autre gus. J'm'éloigne un peu, aussi, parce que c'est bien de visiter un peu l'endroit. Je regarde les instruments. Certains ont l'air plutôt exotiques, mais ça semble être de la bonne qualité malgré la crasse, la poussière et la saleté qui semble régner dans la boutique. Et puis, c'est le foutoir dans la boutique et j'manque de faire valdinguer un truc qui pourrait valoir toutes mes économies. Et la seconde d'après, je te fais valdinguer un autre truc sans faire exprès, forcément, mais qui vole. J'te le rattrape et je le repose aussi sec. Regard vers le vieux. Il est toujours avec Sören. Ou avec sa gnôle. Entre les deux. Vas y Sören. Occupe-le. Comme ça, si je fais une connerie, il le verra peut être pas. En même temps, faire une connerie, c'pas forcément bien. Sauf qu'avec ma masse toute féminine ; et j'déconne pas là ; je te pousse un truc. J'bouge. C'est un autre qui se met à tomber. Je me penche et j'l'attrape d'une main, mais je me cogne dans un autre instrument qui part en tournicotant dans les airs. Dès que je rattrape une bêtise, une autre arrive.

Et pendant ces instants, je prie le Seigneur et tous les autres machins du Ciel pour que le luthier ne s'aperçoive de rien et qu'il reste totalement fixé sur Sören. Ça semble mal se passer pour lui ; ça se passerait encore moins bien s'ils me voyaient. Fort heureusement, les gags ont toujours une fin et j'parviens à calmer la danse des instruments. J'ai la sueur au front et le souffle rapide comme si j'avais couru. C'est que c'est athlétique comme activité. J'ai fini le truc avec un instrument dans les pattes et tandis que je me repose, je l’examine. Et c'est là qu'il y a un truc qui me chiffonne. Je le fais tourner dans mes mains. Je le regarde sous toutes les coutures. J'ose pas en jouer parce qu'il faut pas que je me fasse remarquer. Bizarre. Très Bizarre. Mais je suis pas experte alors je sais pas quoi dire. C'est peut-être moi et que c'est pas bizarre. Sauf que Sören m'appelle et que j'm'avance par réflexe, l'instrument dans les mains. Comme par hasard, je fais rien tomber alors que je fais même pas attention à ce qui m'entoure. Je frôle juste les trucs.

Hé ! Mais qu'est c'que tu fous à toucher mes créations avec tes sales pattes qui comprennent rien à la musique ?! Pose-moi ça !
Euh… justement, j'avais une question à propos de cet… instrument.
Des questions ? J't'ai dit de le poser, t'es sourde en plus d'être bête ?

Je relève pas. Je lève haut l'instrument de sorte que le vieux et Sören puissent le voir.

C'est un instrument… ça ?

« Ca », c'est le truc que je porte. Une espèce de croisement incestueux et pas du tout naturel entre une guitare, une flute et un tambourin. J'suis pas experte comme je l'ai déjà dit, mais l'idée générale du machin devrait être un instrument à vent. Sauf que c'est rapiécé à coup de disques de métal et des cordes semblent tenir certaines pièces. Sans ça, le machin devrait partir en une dizaine de morceaux sans qu'on ait beaucoup d'effort à fournir. En un mot, c'pas un instrument. Pour illustrer mon propos, je souffle dans le machin. Doucement. Le son est horrible comme si on faisait grincer des ongles sur un tableau. De plus, t'as un truc qui se décroche et qui se met à pendouiller lamentablement. En face, le vioc est rouge. De honte ? De haine ? Probablement les deux.

Crévindjeu ! Tu vas me poser ça tout de suite ! C't'une œuvre unique, le fruit de mon talent ! Tu la abimais ! T'as intérêt à payer ou j'te jure que tu vas m'entendre !

Il gueule comme un putois. Je jette un regard vers Sören pour avoir son avis sur la question. C'lui l'autre expert en musique et j'doute dans son regard qu'il croie un traitre mot de ce que raconte le luthier. J'me retourne pour en remettre une couche quand la porte de l'arrière-boutique s'ouvre pour laisser passer un mec.

Hé vieux ! Qu'est ce que t'as à crier comme ça ?

Tiens, ce mec, il me semble le connaître. Lui aussi semble nous reconnaître. La lumière me vient à moitié et j'me tourne à nouveau vers Sören pour lui faire part de mon sentiment intime.

Hé, Sören ? C'pas lui qui a cassé ton bozoumachin ?
BOZOUKI !
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-Si, c'est lui.

Le nouveau venu amorça un pas en arrière, comme s'il craignait quelque chose de pas bon pour lui venant d'Adrienne. Sören se contenta de l'observer, en prenant le luthier à témoin.

-C'est lui qu'à fait ça à mon bouzouki, m'sieur. Y pourra ben vous l'dire lui même, maint'nant qu'il est là !
-Est-ce que c'est vrai, Bertrand ?

L'ours avait soudainement pris un air plus docile, mais il était clair que sous les apparences se cachait une colère qui ne demandait qu'à s'exprimer. Son vis-à-vis ne se laissa pas démonter pour autant.

-Bien sûr que non, qu'est-ce que tu vas croire... eh. C'est clair que ce sont des mensonges, pour justifier un manque de soin ou un moment d'inattention.
-Menteur !
-Vos gueules !

Bouillant de rage sous sa barbe d'une semaine et son pull d'avant la guerre de Marinford, l'artisan serra les poings, peu impressionné par la menace pourtant évidente que représentait la masse musculaire d'Adrienne. Il fouilla du regard ceux qui l'entouraient, désireux de trouver le coupable sur lequel il pourrait épuiser sa rage. En vain. Ni Sören, ni Bertrand n'avaient l'air décidés à avouer leur crime.

-Bon, vous voulez jouer à ça, hein ? Eh ben on va régler ça à l'ancienne mode !
-Putain, mais tu me crois pas ? Moi, ton vieux pote, et ton frère dans la l...
-La ferme ! Je l'avais bien dit en vous rejoignant : okay, mais on touche pas à la musique, sinon, je réponds plus de rien. Et là, j'réponds plus de rien, c'est pigé ?

Le luthier s'empara de deux grands cierges montés sur des bougeoirs en fer forgé, qu'il posa au centre de son atelier avant de porter la flamme d'un briquet aux deux mèches. Une lueur blafarde illumina la cire jaune, tandis que l'homme reculait.

-Vous l'aurez cherchée, l'ordalie ! Maintenant, vous approchez vos pognes, et vous les calez sur la flamme. Et vous racontez votre version des faits. Celui qui craque le premier, ou celui qui vire sa paluche avant d'avoir terminé, il jarte d'ici avec la trace de ma botte gravée sur son sale petit cul de destructeur. Aller !
-Non mais ça va pas, c'est ridicule !
-T'as peur, connard ?
-Moi j'suis prêt à l'faire.
-Avec les mains que tu as, c'est normal ! Tu les as passées à la forge et à la meuleuse ou quoi ? Voyons, Batta, tu ne sais plus ce que tu dis... la gnôle, ça ne t'a jamais...
-Oh, mais monsieur a peur ! Monsieur joue les écrevisses, à se tortiller comme ça pour éviter le jugement, hein ? Eh ben monsieur, il a gagné son passe-droit pour la rue.
-Mais enfin... la ligue... qu'est-ce que...

Mais l'ours avait déjà attrapé le fauteur de troubles par le col, de manière à mieux pouvoir ajuster son coup de pied. Qui fit mouche. Une porte claquée plus tard et il soufflait les bougies en grognant.

-Bon, fais voir ton instrument, petit...
-Oui. Dites, m'sieur, il parlait d'quoi ?
-Comment ?
-La ligue, tout ça...
-Une belle connerie qui continuera sans moi ! Détruire des instruments sous prétexte d'emmerder le monde, non mais... aucun panache, aucunes manières. Enfin. Vas-t-en te promener avec ton... amie, d'accord ? D'ici deux jours, je d'vrais avoir terminé.
-Ouais, merci. Mais leur but, à la ligue, c'est d'faire chier l'plus de monde poss...
-Oh, oh ! Sois pas trop curieux, tu veux ? C'est pas bon pour la santé. Aller, laisse-moi bosser, gamin.
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J'ai observé notre zigoto. Pas de doute, c'est bien lui. Et Sören a confirmé. Le petit manège du vieux luthier est assez surprenant et j'ai laissé faire, un peu en retrait, et immobile de surcroit, pour éviter de casser quelque chose. Une fois que le vieux a pris sa décision, le vandale s'est éclipsé. Sören a l'air de s'en foutre. Moi pas. Ce type a fait une saloperie à Sören. J'ai rien fait la première fois. Le destin me l'a remis sur mon chemin, c'est qu'il y a quelque chose à gratter. Et je compte bien creuser profondément le sol pour savoir ce que c'est. Alors que mon ami reste concentré sur le vieillard, je sors de la boutique sans trop faire de bruit. Une fois dehors, je fais rapidement le tour en passant par une ruelle parallèle à la boutique. Subitement, je me colle au mur : j'ai entendu du bruit. Dans l'obscurité, je vois le mec sortir d'une rue perpendiculaire et filer tout droit. Il a l'air énervé et préoccuper. Je capte un mot dans ce qu'il baragouine : « La ligue ». Il en déjà parlé. Qu'est ce que c'est ? J'sais pas. Vu le peu de manières de gus, ça doit pas être un truc très sympathique. C'est ça mon truc à gratter ? J'ai déjà touché le gros lot. Je compte prendre l'homme en filature, mais j'hésite. Comment va faire Sören pour me retrouver. Je reviens sur mes pas avant de m'arrêter devant un mur. Faudrait que je dessine un signe que Sören reconnaitra. Sauf que j'ai pas de crayon. Rien pour dessiner. Nada. Faut faire avec ce qu'on a. J'ai quoi ? De la force. Des poings. Je les regarde. Soit.

Quelques coups suffisent pour me rendre compte que mon dessin de bouzouki est pas forcément très reconnaissable au milieu des impacts. En plus, ça fait assez mal de frapper sur le mur qui paraît plus solide qu'il n'en a l'air. Et je perds du temps, je risque de perdre l'autre type. J'pense partir sans prévenir quand tu me mets ce dont j'ai besoin entre les mains. Le proprio de la barraque d'à côté vient me voir ce qui provoque tout le raffut chez lui. J'souris. Il sourit moins quand il me voit. Il souriait pas beaucoup de base. J'le chope par le bras et j'lui demande avec la plus grande gentillesse du monde.

Hey ! M'sieur ! Quand tu verras un type un peu voyageur avec de la barbe blonde, tu lui diras que j'ai pris cette ruelle et que je suis partie à droite suivre notre gredin !
Hein ?! Et pourquoi je ferais ça ?

J'lui montre le mur. Puis j'lui pointe du doigt.

Tu veux que je te fasse un dessin ?

C'est mal les menaces. Mais là, j'ai fait un peu d'humour. J'ai ri un instant. Pas lui, mais il a compris. J'l'ai laissé là. Avant de tourner au coin, je vois qu'il regarde le mur. Il apprécie mon art moderne ? Je m'attarde pas. L'autre a déjà disparu. Je trace tout droit en jetant parfois quelques regards sur les côtés pour savoir s'il a bifurqué. Je vois rien. Et puis le coin est assez labyrinthe. J'pense pas que mon homme se sente suivi et qu'il ait envie de me perdre dedans. J'espère que j'ai raison. Une fois arrivée au bout de la rue, j'avise un type faisant des graffitis sur un mur. Son art à lui est moche, mais je lui dis pas. J'lui demande s'il a vu le type. Il l'a vu, mais il veut pas me répondre. Je balance quelques pièces. Il apprécie. À droite. J'le vois sourire. Quelques pièces de plus. À droite, puis la deuxième à gauche.

Y a quelqu'un qui viendra prochainement à ma suite. Un blond un peu miteux. Tu lui diras la même chose, il … il te rétribuera.

J'espère. Je pars directe dans la direction indiquée. Alors que j'arrive au bout de celui-ci, je finis par capter le type dans une ruelle transverse. Pas de gus pour prévenir du changement de direction, je fais de l'art sur un mur à la va-vite avant de le suivre doucement. Il se méfie pas et il continue tout droit. Deux cents mètres plus loin, le v'là devant une bâtisse en mauvais état. Sans même frapper, il entre. J'attends un instant avant de m'approcher de la porte. Je vais entrer, évidemment, mais je sais pas comment je vais faire pour l'indiquer à Sören. Frapper le mur ? Ils vont m'entendre. J'avise le sol et je ramasse quelques cailloux trainant au sol. Je forme une grosse flèche vers la porte en espérant qu'il la voit. Sinon, bah, c'est mort. Je me prépare à entrer quand soudainement, il me vient une pensée : si je tombe en plein milieu des gens, ça le fout mal. C'est là que je pense à la porte qui se trouve juste à côté. Je la fais coulisser dans un grincement qui me tire une grimace. J'regarde : personne. C'est un arrière cour. Je rentre et je zieute un escalier en colimaçon d'aspect dégradé. J'hésite pas. Je monte en posant les pieds sur les bords des marches pour éviter que le bois se rompe. Une fois en haut, j'ouvre la porte le plus discrètement que possible. Ça passe. J'arrive sur une sorte de balcon surplombant une salle plus grande en bas. J'avais raison, la première porte menait directement dans la pièce à vivre. Discrètement, je vois quatre hommes qui discutent en comptant celui que j'ai suivi. Je remarque aussi un truc, c'est que c'est pas le seul que je connais. Il y en a un que j'ai déjà vu. C'était récent et c'était pas du tout agréable.

Si Sören rentre là-dedans, ça va être encore moins agréable. Oh ? Merde. Les cailloux.
La porte s'ouvre.
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-Oh, attend une minute.
-Oui ?
-Tu penses quand même pas que j'vais laisser un de mes clients sortir comme ça...
-Comment ça ?
-Ça fait combien de temps que t'as pas vu un rasoir et un tailleur ? T'as l'air d'un clodo, et moi, je veux pas avoir l'air de celui qui fait la charité ! Pas bon pour l'image !
-Euh... vous vous êtes ben r'gardé ?
-Pas la peine de marmonner dans ta barbe. Et file la raser, j'ai de quoi dans l'arrière boutique.
-C'est un coup à c'qu'Adrienne me r'connaisse pas, ça !
-J'en ai rien à foutre. Tu fais ce que je dis où je répare rien du tout !
-Ça commence à bien faire, le chantage !
-Moi, tant que j'gagne, je joue connard ! Et profites-en pour laver tes fringues. Prends de quoi te changer dans l'armoire, tu récupèreras le tout quand j'aurais fini.

Sören ne tenta pas de discuter davantage. Le luthier avait son bouzouki en mains et à-partir de là, il avait déjà gagné. Il s'en alla donc raser sa barbe encore soyeuse et irrégulière, trempa rapidement ses frusques dans l'eau avec un peu de savon pour parfumer, fit même l'effort suprême de discipliner ses cheveux en trois coups de peigne et de remettre son vieux chapeau de cuir bien droit.

En s'observant dans la glace, il soupira. Le pantalon bordeaux, et la chemise blanche à manches courtes le faisait ressembler à l'épouvantail auquel il avait, de longues années auparavant, volé son chapeau. Le charisme rural en moins, la touche dandy en plus. Mais il ne traîna pas, et adressa à peine un salut à l'artisan avant de sortir. Il était retombé dans son café-whisky, et leva à peine un sourcil. Histoire de vérifier que sa volonté avait été faite, sur la terre plus qu'au ciel.


-Adrienne ?

Elle était partie. Merde, ça avait pourtant pas l'air d'être son genre de disparaître sans laisser de tr... okay, au temps pour lui. Sören venait de tomber sur un mur martelé par des poings si énormes que l'identité de leur propriétaire ne laissait guère de doutes. Heureusement, parce que de là à deviner ce que c'était supposé représenter... une flèche ? Mais pourquoi est-ce qu'elle pointait vers le bas ?

-Euh, je peux vous aider ?
-Ah, ouais. J'cherche celle qu'a fait ça. Vous l'avez vue ?

Le regard de l'homme se drapa de soupçon. Il croisa les bras, lissa sa moustache. Voyageur, barbe blonde... non, ce n'était pas lui. Mais il avait l'air de la connaître, pourtant... que faire ? Peut-être qu'il s'agissait de l'un de ses ennemis... et s'il l'envoyait sur sa trace, ça pourrait se retourner contre lui. Mais si jamais il se trompait...

-Vous êtes... le voyageur à barbe blonde ?
-Ah, j'vois. Ouais, c'est moi. J'ai été obligé d'me raser et d'me changer pour pouvoir... bref, l'est passée par où ?
-Mh. Par là.

Et aussitôt après avoir indiqué la mauvaise direction, l'homme se barricada chez lui sans ajouter un mot. Obligé de se raser, à cette heure de la journée, et alors que l'on cherchait quelqu'un ? Non, non, il ne fallait pas pousser non plus...

Mais Sören fut bien obligé de le croire, et il perdit un temps fou à tourner dans les rues de Bliss, même en courant. Et ce ne fut qu'au terme d'une bonne demie heure remplie de passants bousculés, de questions posées à la va-vite et d'étals malmenés par un virage un peu trop serré que le garçon parvint à retrouver l'artiste qui taguait son mur en marmonnant.

Aussitôt, celui-ci l'identifia de ses petits yeux fouineurs. Non pas comme étant le blond miteux dont on lui avait parlé tantôt, mais plutôt comme celui qui avait le style et l'allure du parfait pigeon.


-Wesh, mec. Où c'est qu'tu cours comme ça ? Pose toi un peu, j'ai d'la marchandise...
-Marchandise ?
-Susu, marchandise !
-Ouais, bon. Dis, t'aurais pas vu une bonne femme assez... bweuh... carrée ? 'Vec des battoirs en guise de mains et des abdos à faire peur à un boxeur ?
-Oh, eh, t'es l'blond miteux ! Pas très frais d'sa part, j'aurais pas aimé...
-... elle est où ?
-Le cash d'abord, mec !

Resquilleur de base, il fallait s'y attendre. Sören fouilla ses poches avant de se rendre compte qu'il n'en avait pas. Et que sa bourse était restée avec le reste de ses affaires chez le luthier. Peut-être même qu'il l'avait lavée avec son pantalon, en bon étourdi qu'il était... de toutes façons, il était à sec. Ça n'aurait pas changé grand chose.

-J'ai rein à t'donner.  
-Alors dégage, pélo.
-Tu m'dis où elle est, où j'te r'fais une trogne ?
-T'es même pas armé ! Et c'est pas un p'tit blond avec un chat sur l'épaule qui va m'faire peur.
-Ah, ouais c'est vrai. J'vois pas où est l'problème, connard. T'aimes pas les chats ?

Mais tandis que l'aventure allait mal tourner, des éclats de voix et des bruits de verre brisé se firent entendre. Adrienne ? Peut-être, ça se tentait.

Sören se remit donc à courir, passant sur les toits quand il le pouvait pour éviter de se perdre encore dans le dédale des ruelles. Jusqu'à reconnaître enfin le port d'épaules caractéristique de la bonne sœur. Bonne sœur qui avait l'air très occupée à donner la confession de la manière qui lui allait le mieux. Les confessés, sans jeu de mot, n'appréciaient pas. Dans leurs rangs, le chasseur reconnut bien vite celui qui avait tout déclenché. Encore que, ses amis étaient du même acabit : mal rasés, l'œil rempli de dédain et d'intelligence mal tournée, vêtus du même costume froissé. Tous étaient enseignants à la retraite, aussi, mais ça, ça ne se dit pas. Et le narrateur est pas supposé être des masses omniscient.

Là, Sören aurait pu essayer de comprendre, ou de calmer le jeu. Mais au lieu de cela, son sang ne fit qu'un tour et il se jeta dans la bataille en méprisant la menace de ceux qui avaient des couteaux ou des pistolets. De toutes façons, l'instigateur de la ligue était primé. Même si pour l'heure, personne n'était sensé le savoir...
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Nan, c'est pas Sören. Ou alors, il s'est bien changé. Beaucoup plus massif, il cache son visage sous un large chapeau. De haut, je capte rien. Du bas, les mecs du coin semblent le reconnaître. L'un se lève et vient le saluer d'une frappe dans le dos. Le nouveau venu lui répond un peu trop fort et sa victime manque de tomber. Ça rigole. Et puis tout le monde s'assoit. Ça commence à parler. D'abord, t'as celui que j'ai filé, qui fait son topo sur la situation. L'autre vieux luthier semblait faire partie de ce petit groupe dont je perçois mal les objectifs, mais ça viendra avec le temps. Comme les récents événements semblent prouver qu'il veut plus faire partie de leur petit cercle, le petit groupe semble bien décider à lui faire payer sa trahison. Et le nouveau venu semble volontaire pour lui faire passer un sale quart d'heure. Justement, il enlève son chapeau, révélant un visage couvert de cicatrices et pas vraiment accueillant. J'écoute encore un peu et je parviens à capter la nature de ce type. Le genre de gus à qui on a fini par mettre une prime pour ses dégradations et ses agressions. Ça doit être la brute de service. Combien ? Deux millions. Quand même.

Surprenant. Vraiment. Parce que celui que je connais, c'est ni plus ni moins que l'officier qui a mis en doute ma mature de femme hier. L'enfoiré de colonel de la marine a toujours la gueule recouverte de bandage. Il a pas apprécié ce qu'on lui a fait et il parle toujours en zozotant. Je manque de pouffer de rire tellement c'est ridicule. Je redeviens rapidement sérieuse, parce que l'association de la crapule et d'un officier de la marine ne me dit rien qui vaille. Ça sent le complot à plein nez. Corruption ? Aussi. Le marine est un pourri et j'aime vraiment pas ça. Je le laisserais pas faire. Par contre, j'vais éviter de trop aller dans le tas. S'il a d'autres complices chez les bleus, ça peut m'attirer pas mal d'ennui et ma Mère Supérieur Isilda aura bien du mal à couvrir ce genre d'ânerie.

Ça parle encore. Il y'en a d'autres. Quand ils parlent des autres, j'pourrais croire qu'ils sont des dizaines. Peut-être bien cinquante. C'est énorme. Ça en fait du monde. C'est pas un petit cercle. Mais déjà, les chaises raclent le sol et l'officier s'éclipse. De l'autre côté, la brute va voir le vieux. C'est quoi déjà le programme ? Le séquestrer quelques jours, défoncer son magasin et le faire lapider par les membres du cercle ? Fantastique dites donc ! Et tu crois que je vais te laisser faire ? Il sait pas que je suis là en même temps. Je le laisse pas dans l'ignorance plutôt. Je saute au-dessus de la balustrade et j'atterris sur la table qui se brise à moitié alors qu'un bout vole, frappant la mâchoire du gus que j'ai suivi. Les autres sont surpris. Ça doit pas être courant de voir une femme comme moi atterrir en plein milieu d'une de leur séance méga secrète. Arrête d'ouvrir la bouche bêtement. Baf. Dans les dents.

J'pense qu'avec le mec à deux millions en moins, c'est plus simple. Parce qu'ils sont cons ou juste fous, les autres m'attaquent à coup de chaises et d'autres instruments qui sont pas vraiment faits pour se battre, mais que ça peut être dangereux si j'y fais pas gaffe. Dommage. Je fais gaffe. J'évite. Je cogne. J'étale. Et je me fais étaler. Pfiou. Monsieur à deux millions à plus de valeur que je le croyais. Il m'enchaine au sol, mais cette fois, c'est moi qui use de la chaise. J'reste avec un pied uniquement que j'envoie cogner dans un type qui pensait se lever. C'moi qui me relève et je te pogne le Bertrand. Reste là mon gaillard. Ou alors, ouvre la porte, ça fera un un petit courant d'air pour vous donner des idées. Lesquels ? Abandonne.

Des flingues ? Des couteaux ? Z'êtes marrants... J'enchaine la brute et j'lui plie le poignet pour lui faire lâcher son cran d'arrêt. J'entends un tir derrière moi et je capte qu'il y a une personne de plus dans la pièce. Il me voit. Un blond. Un instant, je pense à Sören.

Mais non, c'est pas Sören. Sören est quand un peu moins classe et beau gosse que ça. Il s'approche. Un pas de trop. J'agrippe la dernière chaise encore entière et je la fracasse dans sa tête. Il vole. Il aura pas tenu longtemps. Il avait pas l'air très futé, il a même pas vu le coup arriver. Ces mecs du cercle sont vraiment pas des lumières. Et j'enchaine sur les deux derniers en un instant alors qu'ils ont sortis des pétoires tout droit sorties du siècle dernier. Vol de musées, en plus. J'mire autour de moi et j'm'assure que tout le monde comate un peu. Nan, il y'en a un qui se relève et qui galope. Bertrand, voyons ! Pas une seconde à perdre, je le poursuis. Il court vite, mais il a peur et moi, j'ai confiance. À trois rues de là, je l'attrape, mais il esquive en passant de justesse dans une ruelle. Je me cogne contre le mur d'en face. Sympa.

Je regarde sur le côté, et je le vois par terre. Lui aussi s'est viandé. Nan. Une masse sort de l'ombre. Oh … Oh ! Oh putain ! Mais c'est mon jumeau ! Même taille ! Même corpulence ! Mêmes muscles ! Mais pas même code vestimentaire. Paye tes bas résilles et ton rouge à lèvres, ça fait vulgaire. Mais en plus, c'est un mec ! J'ai pas la berlue !

J'pense à un truc. C'était quoi déjà … ? Non, pas possible. Je tente au pire.

Gigine ?

L'okama se tend, sur ses gardes.

Ouai … On se connait ?

Euh …

Quoi répondre ? On t'a pris pour moi ? Non. Ne pas répondre.
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Pas le temps de dire un mot ou d'esquisser un geste : elle n'avait pas vu qu'il se battait contre les mêmes adversaires. Et maintenant, il était à terre, deux survivants lui lattaient les côtes avec la mesquinerie des vaincus, et une véritable petite rigole pourpre s'était formé sous son nez. Il tentait de se protéger comme il le pouvait, les coudes resserrés contre la poitrine, en maudissant en silence celui qui l'avait forcé au rasage et au changement d'apparence.

S'il s'en sortait, jamais plus il n'accepterait de se laver plus de deux fois par mois. Même en été. Même sous la menace. Ou alors, tout seul sur une île parfaitement déserte sans un traître cannibale pour se gourer sur son identité. Pas sûr que ça ait de l'importance pour un mangeur de chair ? N'importe. Chat échaudé craint l'eau froide.

En attendant, les deux aigris avaient cessé de cogner. Adrienne n'était pas loin, et ils craignaient les représailles si jamais elle venait à se rendre compte de son erreur. Bon an mal an, Sören put donc se relever avec la grâce de celui qui avait l'impression de sortir d'un jogging au milieu d'un troupeau de buffles en rut. Il était moulu, et son visage n'était plus qu'une bouillie sanglante. La douleur lui troublait la vue. Sonné, il tenta tout de même de s'orienter dans le sillage d'Adrienne, non sans se heurter au premier mur venu.

Encore une journée à la con qui faisait plus que s'augurer, il aurait mieux fait de retourner chasser le pirate sans prendre de pincettes pour pouvoir se racheter un instrument sans avoir à passer par des commerces douteux et des ruelles louches.

Il se frotta le visage et les yeux, se moucha, esquiva une balle perdue par bonheur, et  se rendit compte qu'il n'avait pas heurté un mur, mais une masse humaine.


-Qu'est-c'que c'est encore qu'ce bord... attend ! Attend, c'est moi, Sören ! L'autre m'a forcé à m'raser et à m'faire bien ! Je l'jure !
-Euh... on se connait ?
-... C'est Sören, je te dis, Adrienne !
-J'connais pas de Sören. Et puis, j'm'appelle pas Adrienne (même si c'est gentil de dire ça, mon chou ♥).
-Hein ?
-Non, rien. Qu'est-ce que c'est que ce bordel, ici ? C'est sensé être un local de la ré... oups.
-La réoups ?
-Un local réservé aux militants pour la réforme des locaux de l'infirmerie de Bliss !
-Ah.

Comme il voyait flou à cause de tout ce qu'il avati encaissé, Sören se frotta les yeux. Mais rien à faire, il ne distinguait pas plus clairement l'origine de la grosse voix caverneuse qui continuait de s'adresser à lui.

-Bah, j'crois qu'y'a des gens pas très recommandables qu'ont pris vos locaux. Et y cognent dur, les salauds.
-Je vous dérange pas trop ?

Ah. Ce coup-ci, pas de doute possible, c'était bel et bien elle.

-Adrienne ! C'est moi, Sören !
-Quoi ? Tu m'as confondue avec cette... ce... mastodonte ?
-Hein ? Euh...

Comme la vue lui revenait petit à petit, Sören eut tout juste le temps de voir son vis-à-vis tourner au rouge pivoine avant de lui asséner un coup de poing qui l'aurait enfoncé dans le sol pavé jusqu'au nombril s'il n'avait pas fait un pas de côté pour l'esquiver.

-Bon sang, c'est Gigine ! La révolutionnaire de South Blue !
-Mon nom, c'est Eugénie ! ♥

Et Sören se réfugia dans l'ombre d'Adrienne, tandis que les deux blocs (à savoir, les aigris d'un côté, et Gigine de l'autre) se jetaient sur eux.
Le sort en avait décidé ainsi : c'était la guerre.
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Gigine a beau être un okama, elle tape dur. Le premier qui lui passe à porter encaisse difficilement sa mandale au point de préférer m'attaquer au deuxième round. Je réponds comme j'ai l'habitude de répondre. Pas suffisamment, il revient encore vers moi. Ça doit être la conviction révolutionnaire qui donne cette force à Gigine. De son côté, elle ; si je puis dire; se bat avec une virulence rare. On voit qu'elle tient à son local. De mon côté, deux soucis me viennent à l'esprit. Est-ce que c'est bien que je m'associe aux révolutionnaires ? Pas cool normalement. En même temps, je sais plus où me mettre, c'est devenu compliqué cette histoire. L'autre souci, c'est Sören. Enfin, ce qu'il est devenu. C'est celui que j'ai castagné il y a pas si longtemps. Ça me fait un peu mal de me le dire. J'ai frappé un ami. Alors, dès qu'il y a une accalmie dans l'échange d'amabilité, j'en profite pour lui dire.

J'suis désolée Sören ! Je t'ai tapé !

De leur côté, les squatteurs soufflent un coup et comptent les os cassés. Ils n'ont pas assez de doigts. Au milieu, Gigine trône, fièrement.

Je vous comprends pas les mecs ! Pourquoi vous faites ça ? On est dans le même camp normalement ?!
Arrête Gigine … C'est pas pour nous. On y arrivera pas ! C'est une cause perdue d'avance.
Mais il faut se battre ! Il faut lutter contre cette tyrannie ! Si on le fait pas, personne ne le fera !
C'est facile pour toi, t'as rien à perdre, même ta vie ! Nous, on a déjà tout perdu ! Et on veut garder la vie !
Et vous préférez foutre le bordel, c'est ça ? Tout saboter ?!
On nous a cassé les couilles ! On compte bien leur retourner la monnaie de leur pièce !
Ah mais moi, j'en ai plus aussi ! Hihi.


J'profite pour intervenir, parce que ça me semble opportun.

Je suis un peu étrangère à tout ça, mais est-ce pertinent de se déchirer autant pour la réforme des locaux de l'infirmerie de Bliss ? Je veux dire, je suis infirmière et on peut tout à fait travailler dans des conditions pas totalement au top. Le but, c'est de soigner, pas que ça ressemble à un restaurant tiré à quatre épingles, hein. Pas la peine d'en venir aux mains pour si peu, vous savez...


Bah quoi ? Pourquoi ils me fixent comme ça ? Un ange passe même si je pique l'expression à un autre.

Euh … on en était où ?
Je sais plus.
Enfin … Et puis vous vous associez à un truand de la sorte ?!

Gigine soulève le type à deux millions de Berrys. Ça va être chiant pour l'identification avec ce qu'il s'est pris dans la gueule. Même pas moyen de grappiller des sous.

Héhé … Si tu savais Gigine … Ce n'est que le sommet de l'iceberg. Tu ne peux nous arrêter ! À la rigueur, tu peux t'associer à nous !

Jamais !

Alors dou ziniras au zrou, gomme tout zeux de ton espèze !

Se dévoilant aux yeux de tous, le colonel de la marine est de retour. Son regard haineux est fixé sur Gigine au travers de ses bandages. De son manteau, il sort un denden qu'il porte à sa bouche.

À touzes ges troupes ! Izi vot'e golonel ! Zenez à l'angle de la rue du zapardeur et de l'imgasse du cul-de-zatte ! Gouzlez le guartier ! La révoluzionnaire Zizine est faze à moi ainsi que zes partizans ! Zuz à l'ennemi !

Puis il raccroche, un sourire mauvais s'étire sur son visage.

Tou vas payer Zizine. Gour ze gue tou m'as fait !
Mais t'es malade??! Tu veux tous nous faire chopper ! Et t'as pensé aux autres ? On devait tous se réunir ! Tu vas tout casser parce qu'elle t'a cassé la gueule !
Gas mon zroblème !


En face, Gigine ne semble pas décontenancé. Elle sourit même. Puis elle finit par éclater de rire.

Alors, c'est la guerre ?

Elle sort un denden de sa poche et l'actionne.

À toutes les troupes révolutionnaires ! Ici Gigine ! C'est la guerre ! Répondez présent ! Et n'oubliez pas notre toute nouvelle … arme secrète !

Elle raccroche puis elle s'élance en avant dans la bataille. Les squatteurs et le colonel l'attendent de pied ferme. Ça se bat. Et nous, on reste un peu comme des cons. Dans pas longtemps, ça va être la guerre ici. La grosse.

Sören ?
On se casse ?
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-J'crois ben qu'ce s'rait d'bon ton.

La sueur lui collait aux tempes. Depuis qu'il voyageait, les révolutionnaires n'avaient jamais rien représenté d'autre pour lui que des ennuis, des intrigues à ne plus pouvoir en sortir et des blessures. Dans le genre sales. Il y avait eu la balle dans l'épaule, sur Patland à cause des révolutionnaires de Nina Reyson... une autre balle, dans la cuisse cette fois-ci, à cause de l'affaire Marvin. A ce rythme là, il y avait fort à parier pour que le prochain pruneau aille se loger dans des zones moins propices à la guérison ou à la survie. Et cela, en toute honnêteté, Sören préférait l'éviter. De toutes manières, il y avait quelque chose dans l'air qui devait avoir décrété depuis bien longtemps déjà que rien ne se passerait comme prévu tant que toute cette histoire ne trouverait pas son point final. Ou son poing, celui qu'il mettrait bien volontiers entre les deux yeux de Morpas, sans qui rien de tout ça ne serait sans doute jamais advenu. Preuve définitive selon laquelle le pirate constituait une nuisance, le chasseur en était à présent plus que convaincu.

Seulement voilà, ça avait beau s'engueuler de tous les côtés, Sören et Adrienne (surtout elle, en fait) ne passaient pas inaperçus. Et vu la configuration du quartier, le peu d'issues à boucher pour leur couper toute possibilité de retraite et le tempérament d'une bonne partie des belligérants, c'était évident qu'ils allaient tout mettre en œuvre pour, une fois encore, faire chier leur monde le plus possible.


-Aller, quoi les gars...
-Quoi, quoi ? Hors de question pour que vous quittiez le navire ! Vous seriez pas venu nous chercher des crosses que rien de tout ça ne serait arrivé ! C'est la guerre, et c'est de votre...

Double impact. Un poing gros comme un bord de masse et un coup de pied fouetté dans les valseuses, et le duo s'engouffrait dans la ruelle. Pas franchement fièrement, la tête plus rentrée dans les épaules que conquérante et en clopinant salement en ce qui concernait Sören, mais enfin, ils étaient sur le point d'en sortir enfin, de tous ces quiproquos qui leur ferait haïr le genre pour les cinq prochaines années. Ils couraient, bousculèrent un possible révolutionnaire pressé, brouillèrent les pistes en changeant plusieurs fois de chemin pour le cas où l'on prendrait la peine de les suivre malgré l'ambiance électrique qui s'installait de toutes part. Et enfin, ils parvinrent, essoufflés et le goût du sang à la bouche, devant la porte de l'auberge qu'ils n'auraient jamais du quitter, le matin.

Sauf qu'elle était mystérieusement fermée. Peut-être le fait de la tenancière qui aurait pris peur en entendant les échos de pas précipités qui battaient le pavé, déclic des chiens sur les pistolets et le crissement métallique des lames que l'on tirait du fourreau. Pas d'abri, pas d'échappatoire. Le duo était livré à lui-même, au milieu des violences qui n'allaient pas tarder à se déchaîner en plein cœur du royaume de Bliss. Restait à prier pour qu'il n'y ait pas trop de victimes à déplorer, et surtout, pour que personne ne songe à leur faire porter le chapeau.

Sören se gratta la barbe qu'il n'avait plus, et qui lui manquait cruellement. Il se sentait manquer terriblement de présence et de contenance, sans les oripeaux et l'instrument qui incarnaient le personnage qu'il aimait promener devant les foules. En l'état, il se sentait autre, sans légitimité.


-On appelle la marine ?

Parce que c'était l'époque où Sören croyait encore un peu au pouvoir d'agir des hommes en blanc et bleu. Et qu'il aurait fait n'importe quoi pour pouvoir reprendre sa route en ayant sauvé son intégrité et construit une ébauche d'amitié.

-T'vas m'prendre pour un lâche, mais ça fait presque deux jours que j'sais plus où j'en suis et pourquoi j'me fais cogner d'ssus. Et j'en ai marre, j'te l'dis comme ça vient.

Mais Adrienne n'eut pas le temps de répliquer quoi que ce soit qu'un grand bonhomme se faufila dans une ruelle, suivi par un comparse qui ridiculisait sa taille, pourtant imposante.

Morpas et Shimeru, qui se dirigeaient vers le cœur des évènements.


-Vindieu, mais qu'est-ce qu'ils vont branler là-bas ces deux...

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Des marines ?

Je fais face à Sören pour le regarder droit dans les yeux, histoire de voir s'il déconne pas. Mais il déconne pas. Pas une question de lacheté, pas une question d'en avoir marre : moi aussi, j'en ai un peu marre. C'est long cette histoire et c'est compliqué, mais il a oublié un truc. Un truc vachement important.

La marine ? Et l'officier de la marine qu'on a rencontré tout à l'heure, celui qui … qui … m'a … hier … qui … honteux … Bref. Cet officier, c'est la marine. Tu veux l'appeler ?
Tu veux vraiment appeler la marine ?!


Za marine est zà !

J'me retourne comme Sören. Malgré tous nos efforts, ils nous ont suivis comme des chiens suivent les emmerdes. Il y a là le colonel dont je parle. Les cheveux en bataille et la gueule en sang, il fait un peu moins le fier. Il balance une patate derrière lui en direction de Gigine qui ne semble pas non plus être au meilleur de sa forme. Elle se tient le bras droit qui semble la faire souffrir, une arcade sourcilière est pétée et il lui manque trois dents. Derrière eux, c'est relativement l'anarchie. Leurs alliés s'avancent tout en se foutant sur la gueule. On trouve là des membres du club des amis du colonel, mais aussi des travelos en tout genre, visiblement subordonnées de Gigine. Et enfin, il y a des hommes de Morpas. Son équipage. Je tilte. Ils ont dû être embrigadé par les adversaires de Gigine comme l'autre mec qu'était primé. Comme quoi, ça ratisse large. Enfin, il y a une cinquantaine de civils armés de chaises et de bâtons qui poussent tout ce beau monde en gueulant d'aller se battre ailleurs. Civilisé, tout le monde obéit. Ça crie beaucoup. De douleur. De surprise. Ça s'empoigne et ça se lâche.

Mais ou est notre arme secrète ?!
Mais que font nos troupes ?!
Et où z'est Morzas ?!
V'là notre arme secrète !

Je tourne la tête. Et comme Sören, je les vois. Shimeru et Morpas venant par ici d'un pas tranquille. Tout le monde arrête plus ou moins de se battre. Et les encouragements arrivent rapidement.

Allez Shishi ! Casse-lui la gueule !
Morpas ! Dans sa face !


Et puis une tête apparaît derrière les deux grands gaillards. Petit et le visage vieilli, le luthier porte la guitare à Sören, réparée. Mais c'est pas là le problème. Il semble vraiment énervé et il commence à gueuler plus fort que tout le monde avant même d'arriver à notre hauteur.

VOUS ALLEZ LA BOUCLER !


Le colonel le regarde, ahuri.

Papy ?! Mais qu'est ze que tu fous zà ?!
J'venais ramener son instrument à l'autre corniaud quand j'ai vu l'une des folles emmerder ces deux bons gars. J'ai tout de suite su que vous foutiez encore la merde dans c'te ville !
Rentre zez toi Papy, z'est danzereux !
Nan, c'est toi qui va m'écouter ! Si t'as grand-mère te voyait, elle serait bien triste ! Regarde-moi le grand con que tu fais ! Rentre chez toi et ne viens plus casser mes pieds !
Mais …
Pas de mais ! Tu rentres ! Et t'amènes tes abrutis de la ligue avec toi ! Y'en a marre de vous voir jouer aux chieurs avec tout le monde ! Continuez et vous aurez à faire à moi !

Le colonel et ses potes baissent la tête, honteux, et commencent à faire demi-tour, trainant des pieds. Dans leur camp, seuls subsistent les pirates de Morpas.

Captain ? Qu'est c'qui t'arrive ?

Morpas les regarde. Puis il regarde Shimeru, la bouche en cœur.

Vous. Vous allez pas emmerder ces deux tourtereaux ! Laissez leur vivre leur vie ! C'est quand même beau d'voir qu'il y a des gens qui s'aiment malgré vos pitreries !

Les hommes de Morpas semblent assez décontenancés. De son côté, Gigine tente de se justifier.

Nan ! Tais-toi aussi ! T'es bien gentille, Gigine, mais ça suffit avec ta connerie de révolution. Tu vas laisser ces deux amoureux vivre leur amour, non ?! T'es tellement sans cœur, c'est ça ?! Ramène tes folles dans ton repère et ne vient plus non plus emmerder les honnêtes gens ! Regarde derrière toi ! Vous faites du bruit ! C'est honteux de faire du bruit un dimanche ! Pensez aux enfants, quoi !

À leur tour, les révolutionnaires travelos font grise mine et semblent décider à s'en aller. La tête basse. Toujours aussi énervé, il se tourne vers Sören et moi. On est resté particulièrement stoïque durant l'avalanche de gueulantes. Il lui donne l'instrument.

Tiens. C'est réparé. Casse-le pas la prochaine fois, ou t'auras à faire à moi. Marre de ces conneries.

Puis il se tourne vers les deux amoureux et leur fait signe de la main.

Allez vous deux. Je connais quelqu'un qui vous fournira une chambre. Devez avoir des tas de trucs à vous montrer.

Et puis, ils s'en vont. Tranquillement, main dans la main. Nous laissant seul, moi et Sören. La rue vidée, tout semble mort. Silencieux. Je cligne des yeux. Je me pince pour savoir si j''ai pas rêvé ce qui s'est passé. Mais non, c'est la réalité. La vraie fin.

C'est fini.
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La bière coulait en un flot mousseux dans la grande choppe en bois. Sören jeta un coup d'œil à ses dernières pièces de monnaie, et les déposa sur le comptoir. Tant pis pour les jours maigres qui s'auguraient, avec l'abandon de la prime de Morpas, ses quelques blessures à soigner, et sa prochaine traque à organiser avant de finir tout à fait dans le caniveau. La patronne le servit, repoussa les berrys avec un sourire. Il avait joué la veille, la moindre des choses qu'elle disait. Et puis, l'on racontait depuis quelques heures déjà que la marine avait fini par séparer les combattants du local désaffecté, que certains avaient été gentiment mis au frais. Bliss respirait, l'ordre se redessinait sur le chaos.

Et Sören savourait non sans une certaine complaisance le goût de la mousse fraiche contre ses lèvres boursouflées. Le bonheur de l'homme du commun. Il s'en accoutumait fort bien pour le moment, tant il avait attendu cette sortie du surréalisme pour revenir habiter le plancher des vaches.

Là où les choses avaient un semblant de cohérence.


-A la fin des emmerdes ! Qu'on profite un peu d'être en bonne compagnie, et d'marcher sur ses jambes plutôt qu'sur la tête, vindieu !

Le juron eut l'air de laisser la religieuse quelque peu sceptique, mais elle demeura détendue. On n'allait pas se fâcher pour une vague allusion polythéiste, alors même que l'on avait failli se tuer cent fois pour d'autres malentendus du même genre. Sourire échangé. A la table derrière eux, Morpas et Shimeru partageaient une grande gamelle de spaghettis bolognaises. Marjorie avait remis de l'ordre dans son établissement en l'espace d'une journée seulement, et la salle principale embaumait la sérénité retrouvée et les odeurs de cuisine.

Et lové sur le comptoir, Morgan ronronnait paisiblement, du sommeil des justes.
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