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A deux doigts du boulon

Il venait de sortir de passer la porte de la base, fuyant les scientifiques et les soldats, fuyant l'emprisonnement et les expériences, chérissant la liberté. Il courait comme si le diable était à ses trousses, la ville était proche et avec un moyen de perdre ses poursuivant. Des balles commencèrent à fuser sur lui, ils étaient prêt à le démolir pour ne pas perdre leur produit industriel, pour ne pas perdre leur propriété. Heureusement, et c'était la seule chose d'heureuse avec ces types, des assistants s'étaient mélés au groupes de recherche et donnèrent des ordres à propos de la poursuite :

-Non il nous le faut en bonne état !

Il put atteindre la ville sain et sauf, mais ce n'était que le prélude à la véritable course. Soudain son coeur se mit à palpiter anormalement, une voix dans sa tête commençait à s'affoler en lui débalant tous les problèmes de son organisme. Pour pouvoir se concentrer et reprendre son souffle il se dirigea vers un amas de tonneaux et s'y cacha.

*Analyse corporelle...problème cardiaque, vasculaire, membranes extérieures, oculaires, nasales...défficience générale, demande de mise en veille.*

-Venez ! Je l'ai vu il est là-bas dans les tonneaux !

Il souffla, il eut du mal à respirer, il cracha de l'huile et souffrait à chacun de ses mouvements comme si ses articulations étaient transpercées de centaines de clous. Expirant et inspirant toujours plus vite il n'eut pas le temps de rester sur place car les soldats arrivaient, il fallait vite changer d'endroit. Shimeru traversa la rue comme un malade mental, se foutant royalement du fait que s'il était repéré il risquait de retourner au laboratoire, tout ce qu'il voulait c'était de la protection et un abri même si faire peur aux gens n'était pas la meilleure manière de s'attirer leurs faveurs. Alors qu'il créa un nuage de poussière derrière lui il sentit les regards se poser sur lui. Entendant une voix dans sa tête qui ne s'arrêtait jamais de parler il décida de suivre ses instructions rien que pour savoir dans quel camp elle était, la situation ne pouvant pas s'aggraver.

*Alerte fuite...recherche d'une zone à danger réduit...coordonnées transmises...activation des systèmes moteurs.*

La voix était continuelle est ne s'arrétait jamais, comme une malédiction. Des informations lui arrivèrent dans la partie du cerveau qui lui restait. Instinctivement il sut où tourner pour prendre le meilleur raccourci, où sauter pour atteindre le lieu salvateur. Après plusieurs centaines de mètres et quelques murs il atteignit un cul-de-sac bouché par une petite armurerie miteuse, il s'y précipita quand il entendit le bruit d'un groupe d'homme se dirigeant vers lui, les soldats couraient plus vite que prévu. Il traversa la cloison d'entrée, emportant le linteau par la même occasion à cause de sa taille, en appelant à l'aide du mieux qu'il pouvait en continuant de suffoquer pour une raison inconnue.

-De l'euhar ... euharhède... de l'euhède ... de l'aide kof kof.

L'homme du comptoir était paralysé et recula pour essayer d'atteindre une arme pour se défendre, un autre homme se retourna et avait sorti celle à sa ceinture, pointant d'abord Shimeru, puis pointant la rue après que ce-dernier ait terminé sa phrase. Venait-il de se trouver son premier alliée ? Ne pouvant plus tenir debout il s'écroula au sol, faisant vibrer le plancher, puis se mit en veille prolonger. Il était comme un bébé qui prenait sa première bouffée d'air, mais là le bébé venait de se faire poursuivre par une trentaine d'homme dans toute la ville après s'être fait trafiquoter de l'intérieur et de l'extérieur. Il voulait dormir rien que quelques secondes...minutes.
    Le 3 juillet 1622.

    -L'grand problème du voyage, quand on n'a pas d'navire, c'est qu'on est obligé de négocier une place avec des marins ou des marchands. L'gros problème, avec les marins et les marchands, c'est qu'ça aime faire des escales. Et l'problème majeur des escales, c'est qu'elles ont tendance à avoir lieu dans des endroits d'merde. Pardonne moi, mon gars, ça v'nait du cœur...

    Le seul accès au QG de South Blue n'avait rien d'un petit port de plaisance. Bordé de navires de guerre, on sentait au sein de la ville une ambiance tendue, rendue oppressante par un climat très chaud. Habitué aux rigueurs de North Blue, Sören avait peine à supporter la chaleur de son chat, qui refusait de se décoller de son épaule malgré la sueur qui commençait à lui coller les poils.
    En ébullition, le jeune homme n'avait même pas essayé de faire le spectacle... Il ne s'en sentait pas capable. Et puis, l'idée de jouer les saltimbanques devant une emblème de la justice lui coupait toute inspiration. En l'espace de quatre ans, il avait pris l'habitude de trainer dans les bas-fonds de la société. La proximité des uniformes l'angoissait. D'autant plus qu'il n'avait franchement jamais pris la peine de se renseigner sur les règles du spectacle de rue. Pas question de s'attirer les foudres d'un justicier intégriste ! L'idée de demeurer ne serait-ce qu'une heure en plus des deux jours convenus sur l'île lui donnait envie de hurler. Hurler, au moins, c'était amusant. Et puis, c'était presque un peu de la musique... Presque un peu du spectacle !

    Enfin, il y avait tout de même là une petite ville, avec ses artisans... Grâce à quelques renseignements donnés de bonne grâce par des marines en permission qui profitaient de la terrasse d'un café, Sören put trouver l'adresse d'un petit marchand d'armes. Faute de grives, on mange des merles. Ses serpes avaient besoin de la main experte d'un armurier, et le fait de s'en occuper lui rendrait le temps moins long.
    Peu accoutumé à s'occuper de tels outils, l'homme s'était proposé de leur redonner un coup de jeune pour une bouchée de pain. Tout en graissant les serpes, celui-ci riait de bonne grâce.
    Il n'y avait qu'un seul autre client dans la boutique, et celui-ci se contentait d'observer les sabres avec l'œil d'un amateur consciencieux.


    -Bah ! Je te comprends, garçon ! Mais tu sais, tu devrais profiter d'être dans le coin pour récolter des infos. T'avais pas dit que tu étais chasseur ? C't'important d'avoir de bons tuyaux, dans le métier.
    -Ouai, sauf qu'avec une ambiance pareille, on peut pas dire qu'les gens soient...

    WRRRAAAC ! Un bruit de ferraille arrachée, suivi d'une série de pas précipités. Alerte, l'artisan quitta son ouvrage, pour bondir sur un sabre pendu sur sa gauche. De son côté, Sören récupéra d'un geste vif ses deux serpes. L'huile dont elles étaient enduites perlait sur les lames, qu'il tendit devant lui, en direction de ce qui s'était avéré être un géant hagard. Sans doute, le choc contre le montant de la porte avait-il du l'assommer...
    Prenant vite conscience que le bonhomme n'était pas rempli d'intentions belliqueuses, le barde baissa son arme. Comme obéissant à son geste, l'inconnu s'écroula, après avoir bafouillé avec difficulté le mot « aide ». Aide ?


    -Un gars poursuivi par des voleurs ?
    -Des bandits sur le QG de la marine ? Un évadé poursuivi par des militaires, oui !
    -Euh ?

    Peu attentif à l'huile qui dégoulinait de ses armes, Sören venait d'en balancer quelques gouttes sur le visage du fugitif, par inadvertance. Comme ressuscité, celui-ci s'était mis à se lécher les joues frénétiquement, comme si une force étrangère le contraignait à remuer. Pourtant, il ne paraissait pas vraiment blessé. Tout au plus, très fatigué...
    Mais soudain, un détachement complet de marines armés pénétra dans la ruelle. Visibles depuis la boutique, ceux-ci faisaient un tapage de tous les diables. Fouillant les moindres coins d'ombre, bouclant tous les accès, ils paraissaient bel et bien rechercher quelqu'un.


    -Tu crois que c't'un pirate ? T'as d'jà vu un pirate demander d'l'aide comme ça ?
    -En tous les cas, dehors, ce sont des marines ! Tu veux qu'ils cherchent quoi ? Une vendeuse de pâquerettes ?

    Ouai... L'argument était lourd. De toutes façons, il n'y avait pas de raisons pour Sören de se mêler de ce qui ne le regardait pas. Ceci dit, voir un grand machin comme ça s'étaler sur le sol en demandant de l'aide ne le laissait pas de marbre. Faute de mieux, le chasseur attendit l'arrivée des marines, les bras ballants, ses deux serpes formant peu à peu sur le sol deux petites flaques d'huile...

    [Hrp : non pas que je manquais d'inspiration, mais je voyais mal Sören faire autre chose. Pas son truc, les coups d'éclat, en général... Surtout qu'il est lent à prendre des décisions. Lund', j'ai essayé de te caler dans mon Rp, mais rien ne t'oblige à incarner le deuxième client de l'armurerie ;) ]


    Dernière édition par Sören Hurlevent le Ven 3 Fév 2012 - 16:06, édité 1 fois
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    Trop cher... Mauvaise qualité... Même pas aiguisée !

    L'épéiste qui farfouillait parmi les armes écoutait également la discussion entre cet autre client et le propriétaire de la boutique. Il s'était rendu dans l'armurerie plus par flânerie que par intérêt par curiosité et ne pouvait s'empêcher de constater l'état misérable des produits proposés. Au final, c'était la présence de cet homme étrange dont le chat ne voulait pas quitter l'épaule qui l'avait fait rester. Les voyageurs dans son genre faisaient partie des plus grandes sources d'inspiration du conteur, et qui sait quelles aventures l'avaient amené dans ce misérable établissement.

    Quand soudain...

    Thorn sursauta au bruit de l'entrée fracassante d'un très grand personnage qui s'écrasa directement au sol. L’épéiste dégaina l'arme qu'il tenait à ce moment précis et la pointa vers le nouveau venu. Entendant la demande d'aide, il rapporta son attention sur les bruits provenant de la ruelle. Le doux son des bottes de marine, impossible de s'y méprendre. Il se trouvait sur une île totalement sous le contrôle des hommes en blanc, que pouvait donc faire un fugitif ici ? Quelle qu'elle puisse être, la réponse à cette question serait à coup sûr une bonne trame pour une nouvelle histoire. C'est qu'il faut savoir se renouveler dans la vie de saltimbanque, sans cela le régime devient drastiquement peuplé de tomates, qui ne sont d'ailleurs pas fournies avec des masses de délicatesse.
    Le jongleur rangea le sabre à l'endroit où il l'avait pris et referma rapidement la porte, tournant le petit carton afin que le côté sur lequel était écrit "fermé" soit visible de l'extérieur et fermant le volet qui empêcheraient de nouveaux "clients" de voir ce qu'il se passait à l'intérieur. Puis il se tourna vers les deux autres occupants de la pièce et leur sourit.

    "Bonjour ! Ceci n'est pas un hold-up, donc pas besoin de se faire du soucis ! Si vous voulez bien me donner un coup de main pour tirer ce pauvre individu dans la chambre de derrière, vous seriez des amours !"

    Le propriétaire, trop étonné par la situation pour réfléchir convenablement, ouvrit la porte menant à la réserve pour laisser passer son client tirer, avec grande peine, l'intrus qui venait de fracasser le haut de sa porte d'entrée. Il balbutia quelques mots pour se plaindre, que ce n'était pas des manières et tout et tout, mais il ne reçu pour réponse qu'un sourire et les indications suivantes:

    "Ne vous en faites pas, si cet homme est dangereux nous le livrons au autorités compétentes, mais n'êtes-vous pas curieux de savoir qui il est ? Moi en tout cas, si. Et si des hommes en uniformes entrent, dites leurs que vous n'avez rien vu et que vous êtes fermé pour réparation. Et vous là, avec vos serpes, vous seriez aimable de bien vouloir me suivre, sinon vous ne feriez que de gâcher un très jolie couverture."

    Des paroles enjouées dans une situation désastreuse, voilà ce qu'est le lot commun de se retrouver avec Thorn Lundqvist. Un fois dans la salle arrière, il referma la porte et releva quelque peu la tête de l'évanoui, tentant tant bien que mal de lui faire reprendre des couleurs. Il vit alors la langue du géant s'activer pour lécher les quelques gouttes se trouvant sur son visage. Après avoir gouté au liquide, il tendit le bras vers une outre à huile et tenta de faire boire cet inconscient, histoire de voir quels effets cela aurait.

    Dans sa tête, les idées fusaient déjà. L'histoire d'un être se nourrissant d'huile et de bois, poursuivi par les hautes huiles de la marine afin de découvrir on ne sait quels secrets renfermés dans son corps. Fabuleux, fantastique, fantasmagorique !
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    *Détection d'une matière manquant à l'unité...activation du système de récupération local*

    Sa langue se mit à bouger mécaniquement et à lappa les gouttes d'huiles qui était tombée sur son visage, rien que ces quelques gouttes de matière grasse lui firent rouvrir les yeux. Voyant un court instant une outre d'huile se dirigeant vers sa bouche il se laissa faire quelques secondes, mais dès la première gorgée il se sentit redevenir lucide et ne put retenir sa gourmandise. Il releva le haut de son corps d'un coup, renversant un peu d'huile sur ses vêtements, attrapa l'outre de la main de son nourricier et la dévora littéralement pour ne rien en perdre. Le personnage qui venait de le réveiller avait reculer d'un bond par réflexe de sécurité, mais voyant le spectacle qui se déroulait devant ses yeux il hésitait entre l'admiration de la lutte pour la vie, ou l'abomination d'un gros porc qui mange le contenu et le contenant. Terminant son maigre festin Shimeru aperçu la grosse tache d'huile sur sa manche et en dévora le tissu, donnant une vision affligeante de sa personne aux spectateurs qui l'encerclaient, mais son esprit s'arréta de divaguer et la situation lui revint.

    *Analyse contextuelle...soldats animés de mauvaises intentions proches...besoin de sécurité.*

    -Que ? Où suis-je ? Dans quel état j'erre ? AHH il sont derrière moi !! Fuyez tant que vous le pouvez !!

    *Disfonctionnement de la direction...alerte fuite maximale*


    Ce n'était pas ces quelques minutes de répit qui l'aurait miraculeusement réparé, mais l'huile qu'il venait de boire venait de réactiver ses mécanismes de déplacement. Dommage que ce soit la seule qu'elle pouvait faire, le cyborg était devenu une machine à courir et c'est ce qu'il fit : ses jambes s'agitèrent si violemment que même un exorciste n'aurait pu rien faire. Il se releva très vite, personne autour de lui ne se sentait rassuré, et fonça...dans le mur. Heureusement la bâtisse était solide car le cyborg s'écrasa sur le pan qui n'aurait laissé qu'une trace d'impact ... si le pilon sur patte n'avait pas insisté. Reprenant du recul à chaque fois qu'il affronter la paroi il agrandissait l'impact et les fissures se ralongèrent de plus en plus, le gérant de la boutique venait déjà de sortir par l'autre porte car s'en était trop pour lui et les soldats étaient son seul renfort. Excepté les deux clients qui tentèrent de calmer Den'pa en attrapant chacun une manche de ce-dernier qui se mit à donner des coups de pieds, ou plutôt dans son cas des coups de piliers.

    -Allons calmez-vous, s'énerver n'arrangera rien et ne fera qu'emp...humpf !
    - Hé mon gars calm'toi ! Faut qu'tu t'poses et que tu nous explique ton prob...arf !

    BROUAFFF CHBLING

    Le mur venait de céder après plusieurs minutes d'acharnement, Shimeru n'hésita pas et traversa le trou béant en emportant avec lui les deux personnages qui s'agripper toujours à ses bras pour le ralentir. Ils arrivèrent ainsi tous les trois au milieu de l'allée dans laquelle traversait quelques patrouilles de marines qui venait sécuriser l'endroit, le système du cyborg se réactiva à la vue de ce changement d'espace.

    *Mise à jour de la situation, vision du lieu échapatoire...ALERTE MARINE !!*

    -Hé toi le grand type en noir ! Tu es en état d'arrestation ! Et vous aussi pour complicité avec un évadé et destruction de biens privés !

    AHHHH
      Ah, ah ! Quel pouvait être la pire issue possible d'une situation mettant en scène un géant inconscient poursuivi par des marines, un armurier, un barde et un grand curieux ? Que le géant se réveille et mette tout ce beau monde en pièces ? Que les marines récupèrent leur cible et s'en retournent gentiment dans leurs pénates ? Que l'armurier se gave de stéroïdes et fasse imploser le QG de South Blue ? Non, non, rien de tout cela...
      La pire des situations, c'était bien celle-ci : le géant qui se révèle être un mangeur d'huile et d'outres métalliques... Et même de tissu (c'est bon, le tissu, riche en fibre, et tout ça...). Et puis, d'un coup, ledit géant qui se lève, et fonce dans le mur... Et encore... Et encore... Et encore ! Et le tout sans même s'écorcher ! Bien entendu, au milieu de toute cette gesticulation insensée, nos deux samaritains, le grand curieux et le barde, qui essaient de le retenir... Sans parvenir à l'empêcher de traverser littéralement le mur, et de se retrouver dans la rue... Face aux marines !
      C'était trop bête ! C'était un coup à se faire ficher par la marine, ce qui pouvait se révéler fatal, pour un chasseur de primes !
      Se pliant à ce que la peur lui dictait, Sören dissimula son visage dans son manteau, et se mit à courir de toutes ses forces. Sa démarche féline lui permettait de rester à hauteur du géant et du grand brun, qui semblait très heureux de payer le prix fort de sa curiosité. Sans ironie.

      Les rues avaient été entièrement bouclées par la marine. Visiblement, le lipophage (parce que ce mot existe, et qu'il aurait été triste de se sentir laissé de côté en pareille circonstance) était loin d'être n'importe qui... Et il s'acharnait à courir maladroitement, enfilant rues sur rues comme un aveugle guidé par un son inconstant résonnant au fond d'une caverne obscure ! Et le plus drôle, c'est qu'il fallait reconnaître qu'il était chanceux. Avec une cinquantaine de marines aux trousses, il était parvenu à éviter toutes les embuscades, et tous les barrages. A croire qu'il détectait la présence ennemie à l'avance...
      Mais il ne disait rien. Pas un mot. Sauf quelque chose à propos d'une étagère, lorsqu'il s'était réveillé...

      De sa voix puissante d'ancien contre-maître viticole, Sören couvrit les bruits de la course, pour s'adresser au grand brun, qui tenait le rythme sans grande difficulté apparente.


      -On fait quoi, maint'nant ? Pff.... fff... On va finir par s'faire prendre, fff... si on réagit pas !

      Bien que dur au mal, le barde était contraint de courir bien plus vite que ses deux congénères, pour se maintenir à leur hauteur. La faute à sa petite taille. A ce rythme, il allait bientôt devoir abandonner. Resterait alors la possibilité de se rendre (inenvisageable. Comment expliquer qu'il s'était retrouvé à suivre un fugitif non primé dans sa fuite, sans montrer d'intentions hostiles ? Le mensonge risquait d'être périlleux), ou de faire face (il devrait alors impérativement gagner, tout en gardant son visage caché, et en se présentant sous une fausse identité devant les témoins potentiels. Après quoi, il faudrait aussi voler un bateau pour fuir. Impossible de demeurer caché sur une île qui servait de base à la marine !).

      Cependant, d'un coup et sans prévenir, le géant se figea comme un poteau. Sören, qui courait juste derrière lui, le percuta de plein fouet et s'étala sur le pavé. Surpris, Morgan feula, en sortant sa tête du capuchon du chasseur, qui ne manqua pas de le cacher de nouveau. Rares étaient ceux qui se promenaient avec des chats sur l'épaule, et il n'était pas question de laisser le moindre indice à la marine en ce qui concernait son identité.
      Se relevant prestement, le souffle court, le barde sortit ses serpes encore huileuses de ses poches, et les ouvrit d'un geste ferme en prenant soin de mettre le cran d'arrêt.
      Le géant ne bougeait toujours pas, et un curieux silence s'installait. Au loin, les pas des militaires résonnaient toujours... Sans doute avaient-ils reçu l'ordre de bloquer de port, afin de pouvoir passer l'île au peigne fin, en resserrant peu à peu le filet...


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      "Messieurs, voyons, vous faites erreur !"

      Toujours savoir rebondir en cas de situation délicate, voilà la première maxime que Thorn avait acquis durant ses pérégrinations. Dans le cas présent, un peu de bagou allait certainement faire l'affaire. Aucun gradé n'était présent, et les petites frappes de la marine jetées sur les traces de fugitifs reçoivent bien souvent qu'un portrait sans autres explications. Aussi simple que d'ouvrir une boite de conserve et de taper dedans avec une fourchette en gros.

      "Nous sommes une petite troupe d'artistes ambulants, et allez savoir pourquoi, il n'y a pas une semaine sans qu'on tente de nous arrêter. La dernière fois, c'était il y a deux jours, on me prit alors pour je ne sais quel truand... Un certain Ta-arr ou quelque chose comme ça, alors que je venais de prendre un bain. Vraiment déconcertant."

      De son ton le plus convainquant, le saltimbanque posait une à une les briques de son récit, menant par le bout du nez les marins captivés sans pour autant faire attention aux deux autres énergumènes derrière lui. Il valait mieux qu'ils tiennent leur langue pour le moment. C'était toujours bien sympathique de faire quelques pas de course avec des étrangers, mais Thorn n'avait pas envie de se retrouver derrière les verrous. Ainsi, au moment où le leader du petit groupe de soldat allait l'interrompre, il le contra d'un index sous le nez et d'une tirade bien choisie.

      "Mais voyons, mes manières, je ne nous ai pas présenté ! Voici Catsan Poulos, dompteur de félins reconnu, toujours accompagné de son fidèle Mephisto. Je l'appelle moustache mais il n'aime pas beaucoup ça. Évitez de le fixer trop longtemps, il pourrait mal le prendre et vous arracher un œil..."

      Dit-il en désignant Sören. Il prit à part un soldat au hasard, parlant à voix basse comme pour éviter d'être entendu par sont supposé compagnon. Petit stratagème simple pour attirer l'attention d'un public sur soi-même.

      "Le grand bonhomme là, certainement celui dont vous pensez être à la recherche... ça me rassure, ça veut très certainement dire que le révolutionnaire avec qui il avait été confondu il y a de cela quelques semaines a été arrêté, dommage s'il est à nouveau liberté cela dit... Je disait donc qu'on appèle généralement ce grand type Fritz Nom-Nom. Il est très peu bavard et mange absolument n'importe quoi. Je me demande d'ailleurs comment il arrive à digérer tout ce qui lui passe par la bouche. Mais mieux vaut peut-être ne pas savoir.
      Quant à moi, Je suis Luis Roht, jongleur de mon état et également loyal serviteur de mon audience. Je suis ravi d'avoir pu faire votre connaissance, mais, oh diantre ! Nous étions déjà en retard, voilà que si on ne presse pas le pas nous allons rater notre embarcation ! Fritz, Moustache, dépêchons nous !"


      Thorn fit signe aux deux autres de continuer leur chemin, espérant qu'ils ne vendent pas la mèche d'une manière ou d'une autre. Il valait mieux ne pas trainer sur place et s'effacer avant que les soldats ne se souviennent de la raison du discours. Peut-être n'avaient-ils pas cru le charabia qui leur avait été tenu, mais au moins leur esprit avait été embrouillé, ça ce voyait sur leur visage. Mais le temps qui avait été perdu durant cet entracte avait duré un moment, et d'autres bruits de bottes se faisaient entendre derrière le petit attroupement. Jetant un coup d'oeil par dessus son épaule, l'artiste vit un marin portant la veste des officiers sur ses épaules arriver à la tête de ses subordonnés. Il ne semblait pas encore avoir remarqué l'arrestation, mais nul doute qu'une fois arrivé, le subterfuge allait tomber et ne pourrait pas être remis en place. Il ne restait qu'à espérer que le géant se remette en marche...
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      (Allez mais qu'est-ce qui a ?! Tu pétez la forme il y a peine quelques heures et t'es déjà encore en train de me faire des caprices saleté de machinerie ! Une minute ... pourquoi cet homme dit que je fait partie de sa troupe d'artistes, je suis pas un artiste je suis médecin...mais, j'ai l'impression que les soldats le croient, c'est bizarre mais ça marche)

      *Réinitialisation terminée...temps d'immobilisation restant : 30 secondes...*


      A la fin de l'embobinement du conteur il restait encore beaucoup trop de temps avant que Shimeru puisse bouger ne serait-ce que le petit doigt ou un minuscule boulon, il n'avait même pas les moyens de signaler le problème aux deux hommes. Mais il n'eut pas besoin d'en trouver, déjà au bout de 3 secondes après "dépêchons-nous" l'homme au chat et celui à la langue pendue eurent un jeu de regard qui indiqué bien la détresse de la situation, il fallait gagner du temps et pour ça les deux compères eurent une bonne idée ...

      *****

      *Activité motrice recouvrée à 100%...unité opérationnelle*

      Enfin il put remuer de tout son corps, mais sur le moment ce n'était pas tout le corps mais plutôt des gestes simples comme se retourner, prouver qu'on peut avaler n'importe quoi en avalant n'importe quoi, ici il avala deux tuiles cassées qui étaient par terre, et suivre les deux artistes. Pour rester crédible il fallait se diriger vers le port où un bateau qui n'existe pas nous attendez bien sagement, mais entre ici et le port il y a de la distance ce qui laisse beaucoup de marge pour toute tentative de fuite. Commençant à marcher vers le port n'ayant l'air de rien en supposant que ses deux acolytes d'un court instant allaient faire la même chose, l'officier de la patrouille des marines ne l'entendait pas de cette oreilles :

      -Attendez ! Comment savoir si vous êtes réellement qui vous prétendez être ? Montrez-nous ces tours que vous faites d'habitude et nous vous laisserons partir.

      Aïe réaction prévisible, la situation se simplifie mais devient plus difficile : si la démonstration réussissait ils seraient libres de partir, sinon direction les geôles. Pour Shimeru d'après ce qu'il avait entendu du compagnon conteur il fallait qu'il prouve qu'il peut avaler n'importe quoi...relativement assez facile puisque qu'apparemment c'est justement de n'importe quoi par définition qu'il se nourrit, même s'il avait du mal avec tout les minéraux (les tuiles lui pesait un peu sur l'estomac). Il se retourna et regarda les deux autres victimes, ils n'avaient pas le choix.

      -J'accède à votre requête, permettez ? ...

      En terminant sa phrase il tendit les deux mains aux marines pour leur indiquer qu'il mangerait tout ce qu'ils lui demanderaient de manger, et même si l'officier et ses subordonnées se regardèrent quelques instants de manière interrogative ils se prêtèrent tout de même au jeu et commencèrent à lui poser dans les mains diverses objets qu'ils portaient : un sabre, un fusil, une casquette d'uniforme, une gourde et deux ou trois breloques. Le cyborg ramena ses mains vers lui, fit un tas des objets dans une seule et souffla quelques secondes le temps que son estomac soit prêt.

      *Cavité digestive prête à une réception massive*

      Il enfourna les objets un à un comme s'ils étaient des bonbons, machant pour éviter de se faire mal à l'intérieur et avalant en faisant des grimaces lorsque ça passait mal. En même temps qu'il avalait ses objets des passants s'arrétèrent pour regarder le phénomène qui se produisait, certains enfants pointant le doigt sur le "grand monsieur bizarre qui mange le fusil", il n'y avait que peu de personnes d'abord mais le nombre augmenté.
      Quand il eut fini le tas d'objet il souffla encore une fois quelques seconde et regarda l'officier pour montrer qu'il ne mentait pas, mais étant une troupe il fallait aussi que ses deux pseudo-compagnons prouvent leurs arts respectifs sinon le spectacle se terminerait plus tôt que prévu.
        La situation prenait un drôle de tour. C'était presque prévisible, compte tenu de ce à quoi ressemblaient les deux comparses de Sören. Le premier s'avérait être un satané conteur de sornettes, et le second, un foutu suiveur prêt à accomplir n'importe quoi pour sauver sa peau.
        Grands dieux ! Il venait quand même d'avaler un fusil ! Et une casquette ! Sans parler du reste !

        Le costaud avait l'air ravi. Sa fuite anticipée tombait à l'eau pour le moment, mais le fugitif s'était décrispé, et tenait son rôle à merveille.
        Le barde n'avait pas le choix. Il allait falloir qu'il joue le... Catsan Poulos, dresseur de chats reconnu, et personnage plutôt taciturne et agressif, comme il avait dit. Bon. Tout allait bien, il n'était pas tombé très loin. Et fort heureusement, Sören n'avait guère de réputation sur cette Blue. Personne ne devait connaître la véritable nature de son tempérament. Ni ses habitudes, lors de ses spectacles.
        Seul un petit détail allait clocher : il n'y avait pas de chat qui avait eu le courage de le suivre dans sa fuite. D'ordinaire, il se faisait très rapidement des compagnons de spectacles du côté des gouttières. Mais avec tout ce tumulte... Il ne pourrait compter que sur Morgan, qui demeurait caché dans sa capuche, vexé. Il fallait dire que le félin n'était guère habitué à recevoir des ordres contradictoires de la part de son maître et ami. La sueur au front, le chasseur l'appela doucement, une fois, puis deux. Pas un geste de la part du félin.
        Il allait falloir le mettre en condition, et faire preuve d'un peu d'éloquence, en attendant.
        Se saisissant brusquement de son instrument, pendu dans son dos, Sören toussa, et cracha au sol.


        -Pfouah ! M'appelle encore une fois Moustache, et j'te fracasse la cruche, Luis. Jongleur du dimanche, troubadour de mes deux, conteur de balivernes ! Pfah !

        Jouant son rôle de grand rustre non sans un certain panache, le barde transperça du regard l'un des soldats qui lui faisait face. Effrayé par les avertissements du costaud, celui-ci baissa les yeux, et recula d'un pas. Les épaules rentrées, le front dissimulé dans l'ombre de son chapeau et les muscles tendus, Sören réussissait à paraître dangereux malgré sa courte taille et son air brave.
        Marquant un temps d'arrêt, il accorda son instrument, tout en continuant de faire étalage d'une mauvaise humeur simulée.


        -Toujours pareil ! Des incapables, dire qu'y'a des bandits qui violent des bonnes femmes pendant c'temps ! Et on s'retrouve à faire l'spectacle devant une bande d'marines abrutis... Ah ! L'est belle, la justice, té ! Et l'aut' débile qui bouffe n'importe quoi ! Et l'aut' crétin qu'arrête pas d'sourire ! Qu'est-ce qu'y a d'si drôle, on risque d'louper not' bateau ! Tcch !

        Sans cesser de grommeler, pas assez fort pour se faire clairement entendre des soldats, Sören commença à jouer. Malgré la situation, il y mettait du cœur et de l'application. Il ne s'agissait pas de tout faire louper, alors que le géant s'était déjà si bien acquitté de sa tâche.

        -J'entends des pas d'velours,
        Quequ'part, là, dans mon dos,
        Je sens un cri d'amour,
        Pas fou, j'suis pas maraud !


        Soudain, comprenant que la situation l'exigeait, Morgan bondit hors de la capuche du barde comme un diable sorti de sa boite. Il atterrit sur son épaule, et poussa un long miaulement, avant de se frotter contre sa joue en ronronnant. Cri de surprise dans l'assistance.

        -Ah, ah ! Te v'là, petit vaurien,
        Mangeur de rats, tueur de mouches,
        Va donc, attrape' un peu ma main,
        Histoire d'montrer que j'suis pas louche !


        Aussitôt, le chat bondit sur la main droite de Sören, qu'il avait pris soin de lever après un dernier accord.

        -J'espère qu'ça vous suffira pour témoigner d'mon honnêteté. J'ai pas l'cœur d'faire un truc bien pour du vent.

        Sans dire un mot de plus, le barde rangea son instrument dans son dos, et croisa les bras, s'enfermant dans un silence faussement borné.
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        Hochant de la tête, visiblement satisfait des prouesses accomplies par ses compagnons de fortune. Les marines restaient là, bouche bée, devant les talents démontrés par la bande de saltimbanques improvisée. L'un d'entre eux se tourna vers Thorn, visiblement curieux de voir ce dont le jongleur était capable. Un coup d’œil par dessus son épaule indiqua à ce dernier que l'étau se resserrait, il allait falloir faire vite. Il s'avança d'un pas et, avec un sourire d'ange, posa les mains sur les sabres pendant aux ceintures des deux soldats les plus proche. Avant qu'ils ne puissent bouger le moindre muscle, les armes tournoyaient en l'air et celles de leurs collègues les rejoignaient une à une. Enfin, celles qui n'avaient pas été dégustée par le géant.

        "Veuillez excuser mon impétuosité, mais notre situation me pousse à prendre les avants. Une démonstration de nos talents ? Voici les miens, jongleur d'épée, je joue mes doigts à chaque instant en jouant avec ces lames dont seul mon verbe égale le tranchant."

        Les spectateurs avaient rapidement digéré la perte de leurs armes, après tout, il ne s'agissait que d'un troubadour doué qui se trouvait devant eux. Autant dire que la menace n'était pas sérieuse et qu'autant passer un peu de bon temps à l'occasion. Lundqvist Thorn entama une danse au milieu de l'acier, qu'il faisait voltiger comme s'il s'agissait d'avions en papier. Mais très vite, il allait devoir les faire déchanter.

        "Nous voilà au terme de notre spectacle messieurs, nous vous saluons et allons reprendre notre chemin vers le port."

        L'une après l'autre, les armes des marines s'envolèrent vers les toits des maisons environnantes. L'une après l'autre, plusieurs centimètres de leurs pointes se figèrent dans le bois des constructions. L'un après l'autre, les soldats arrêtèrent de rire en constatant qu'il venait d'être désarmé sous son nez, qui, planté vers les plafonds détenant dorénavant les épées, n'était pas dirigé vers les trois individus disparaissant dans la première ruelle s'offrant à leur fuite, et encore moins vers le capitaine qui s'approchait dangereusement et qui présentait qu'une de ses équipes de recherche venait de se faire salement rouler.

        "Eh bien messieurs, quelle est la prochaine étape ?"

        Son large sourire toujours aux lèvres, Lundqvist Thorn se retrouvait une fois de plus dans une petite et palpitante aventure. Encore une belle histoire qu'il pourrait raconter à sa prochaine veillée. En espérant que celle-ci se déroule dans une taverne plutôt qu'en prison.
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        La poursuite était repartie de plus belle mais cette fois avec un corps entièrement retapé et prêt à l'usage, le petit bug de tout à l'heure avait permis un redémarrage en grande pompe de l'attirail mais maintenant tout est activé. L'un des camarades de poursuite de Shimeru venait de posé un problème assez pertinent compte tenu de la situation dans laquelle ils se trouvaient : et maintenant ? Avec une patrouille de marines derrière et des renforts probables dans peu de temps il fallait vite s'inquiéter de la situation. Toussant un petit peu à cause de morceaux en travers de la gorge il activa ses nouveaux systèmes de survie.

        *Demande de solution, fuite en cours...analyse des données...différents choix possibles :
        1==> Affrontement direct avantagé par le désarmement des unités hostiles.
        2==> Fuite urbaine avec risque de désorientation réciproque.
        3==> Recherche d'un moyens de transport avantageant la fuite.
        4==> Prise d'otage avec précipitations d'arrivées de renforts.
        5==> Reddition.*


        La reddition et la prise d'otages étaient par principes des options négligeables, et puis fuir à travers la ville ils faisaient ça depuis tout à l'heure et ça ne portait guère ses fruits, il ne restait donc plus que trouver un meilleur moyens de transports ou s'attaquer aux malheureux marines qui les suivaient. Mais ils pouvaient retarder cette dernière options pour se laisser du temps afin de trouver un meilleur engin pour s'échapper, mais lequel ? Peu importe quel transports il emprunterait vu que toute l'île est prise par la marine, ils leurs faudrait donc quitter cette île, cela semblait le meilleur plan.

        -Chères amis après une dure réflexion ,je pense et j'espère que cela vous conviendra, nous devons atteindre le port. De là nous pourrons nous emparer d'un navire et quitter cette île sur laquelle vous êtes fugitifs par ma faute, veuillez m'en excuser. Cela vous convient ?

        L'acquiescement se manifesta pour les deux compagnons, le prochain objectif serait donc le port. Mais, parce qu'il y avait un mais et un gros, le programme de Shimeru lui souffla la position de l'objectif et là arrivé le "mais" ... que Shimeru essaya de faire passer avec un sourire niais.

        -Encore une dernière petite chose ... le port se trouve à l'opposé de notre position, et entre lui et nous se trouve les marines qui nous pourchassent.

        La nouvelle plomba rapidement l'entrain des compagnons mais cela fit rapidement place à une poussée de volonté brûlante ! Pas besoin de faire passer d'instruction pour comprendre la suite : il fallait passer coûte que coûte à travers la vague belligérante. Ils firent alors demi-tour et retraversèrent la ruelle en sens contraire, laissant apparaître dans le champ de vision la patrouille de soldats qui semblaient surpris du changement de trajectoire de leur évadés mais qui n'en démordirent pas pour autant, au contraire ils s'attendaient probablement à une reddition de la part des trois acolytes. Le duel était donc engagé et le choc allait se produirent dans une dizaines de secondes ... Den n'était pas aussi souple qu'un chat ni aussi rusé ou futé que le meilleur combattant, à ce moment il ne voulait pas connaître la puissance cérébrale qu'il possédait mais plutôt ses capacités physiques et l'occasion était bien choisie ... plus que quelques secondes ... il prit son chapeau d'une main et pencha la tête, de son autre main il fit une protection pour son torse puis jetta un dernier coup d'oeil avant le choc à ses camarades de fuite : ils ne s'inquiéta pas pour leur cas en les voyant ... choc.

        BLAM

        -Allez relevez-vous feignasse ! Les criminels s'échappent ! Ils faut appeler les renforts !

        Une difficulté venez d'être passée, la voie semblée libre vers le port ...
          Bon, et bien, comme ça au moins la question ne se posait même plus. Il fallait faire face et, une fois n'est pas coutume, molester du marin. Cette perspective ne réjouissait pas Sören, mais il était rassuré de savoir que, pour les témoins, il était Catsan Poulos. Dans le doute, il rabattit tout de même la capuche de son manteau sur son visage, et remonta son écharpe en lambeaux. De toutes manières, il n'était que de passage. Il fallait simplement éviter que ses actes ne prennent trop d'ampleur, et soient diffusés jusqu'aux avant-postes de North Blue. C'est pourquoi le barde se jeta dans la bataille à mains nues, après avoir rangé ses armes dans ses poches.
          En gardant le silence, il s'employa à utiliser le style du lèche-bottes dans toute sa pureté, sans armes. Souple comme un chat, il plongea dans la masse des soldats en présence, esquivant une balle perdue, deux sabres qui s'entrecroisèrent au-dessus de sa tête, et les mille et une autres attaques qui lui étaient destinées. Sans avoir fait le moindre blessé, il parvint à sortir du bataillon à peu près en même temps que le géant, qui jetait sans cesse des regards en arrière. Décidément, c'était peut-être un criminel, mais primé ou pas, Sören ne lui aurait jamais fait de mal. Tout à fait le genre de proies qui ruinaient ses fins de mois. L'on traque quelqu'un pendant parfois des semaines, et au final, l'on se rend compte qu'il ne méritait pas sa prime... Souvent, des concours de circonstance poussent l'homme au crime. Le grand avantage, lorsque l'on est chasseur, et non marine, c'est que l'on peut choisir ses cibles. Nul besoin de se conformer à un ordre impersonnel venu d'en haut.
          En ce qui concernait le géant, quelqu'un d'aussi honnête et attentif que lui méritait assurément de vivre libre... Il lui aurait été si facile, de fuir en abandonnant ses compagnons ! Il faisait presque deux fois leur taille, et courait bien plus vite.


          -Faudra qu'tu nous explique le pourquoi du comment, quand on s'ra tirés d'affaire ! Hein, buveur d'huile !

          Chacun se fiant au sens de l'orientation du géant, qui tournait à chaque angle de rue avec automatisme, comme s'il suivait un plan pré-digéré, le groupe fut bientôt rendu au port... Mais comme il fallait s'y attendre, la cavalerie était déjà arrivée, et avait bouché les accès. Et quelle cavalerie ! Un hommes se détachait, derrière une vingtaine de soldats armés jusqu'aux dents. Les galons de sergent-chef brillaient sur l'uniforme de dix d'entre eux. Sans compter ceux qui couraient toujours à leur suite. Une clameur se fit bien vite entendre dans leurs rangs, lorsqu'ils aperçurent leurs collègues du port.

          -Lieu... lieu... Lieutenant AaaCé !!

          Visiblement furieux, le gradé brandissait un large marteau de guerre. Criant plus que de raison, il s'avança, l'air menaçant.

          -TOI !! Tu croyais pouvoir t'enfuir ? Du bol que l'commandant et Décey soient occupés à calmer les crétins d'pacifistes de l'ouest ! Sinon, y t'aurait d'jà r'trouvé et broyé les os, un par un ! Mais c'très bien ! Trois criminels pour le prix d'un ! ATTAQUEZ LES !! Et faites d'pas d'prisonniers ! Invention ou pas, science ou pas, on rattrape pas un gars qui foire !

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          Une situation catastrophique pour un jeune chasseur de primes désireux de rester dans les petits papiers de la marine... le nouveau venu n'avait pas l'air d'être un tendre. Pourtant, le géant souriait toujours, chose qui commençait à agacer un Sören qui n'aspirait qu'à s'échapper de cette histoire. Il allait rechercher un peu de réconfort et d'appui du côté du jongleur, mais celui-ci ne se trouvait plus à ses côtés. Le lâche ! Il avait du profiter d'un moment d'inattention pour se glisser dans l'ombre d'une ruelle, une cave à charbon, ou n'importe quoi lui permettant d'attendre que la tempête passe.

          Le sourire aux lèvres, le dernier compagnon qui lui restait fidèle dans la tourmente semblait prendre en compte les nouvelles données qui se présentaient à lui. Étrange, de plus en plus étrange. A bien y réfléchir, il devait s'agir du même type de créature que Marvin, le cyborg rouge. Sauf que l'individu en présence n'avait rien du robot, et tout de l'être humain. Mis à part la taille. Et le goût pour l'huile. Et sa capacité d'inaction alors même que le Lieutenant Aaacé allait le trancher en deux...


          Schling !

          La hache avait ripé contre le géant, qui contre-attaqua aussitôt d'un coup de chapeau. Un choc terrible en résulta, faisant reculer le gradé jusque dans les rangs de ses hommes, qui le rattrapèrent non sans mal. Il jura, jeta son poing sur ses receveurs, et lança, furibond :

          -Tas de merdes ! Qui vous a appris à rester planqués alors que votre supérieur risque sa vie ? Au combat ! Sinon, c'est pas des semaines que vous prendrez, c'est le peloton ! Pour trahison !

          Désireux d'éviter la bataille à tout prix, Sören profita de l'instant pour faire comprendre à son comparse qu'enfoncer un peu les rangs ne ferait pas de mal. Celui-ci hocha la tête comme s'il s'agissait de la chose la plus logique qui lui ait été donnée d'entendre. Il attrapa le barde et le jucha sur ses épaules sans effort, et se mit à courir.

          Le tumulte qui en résultat couvrit complètement les ordres de plus en plus menaçants d'Aaacé. Celui-ci ne tarda pas à recevoir une véritable grêle constituée des corps des ses hommes, que le géant projetait sans cérémonie tandis qu'il avançait à toute vitesse, aidé par ses grandes jambes. Sur son dos, Sören le guidait vers le navire marchand par lequel il était venu, tout en dissimulant son visage au mieux et en priant pour qu'ils aient terminé de livrer leur marchandise...

          Sauf que le bateau n'était plus au port. Plus du tout. Un point noir flottait à l'horizon. On ne l'avait pas attendu.

          Alors, le géant eut une réaction surprenante. Il se jeta à la mer, et se mit à nager avec une puissance de hors-bord, Sören et Morgan sur son dos. A ce rythme, le QG ne fut bientôt plus qu'un souvenir, et les deux fuyards purent monter à bord.


          -Mmh ? Eh, v'la notre protecteur ! T'étais pas au rendez vous, et la marine s'apprêtait à verrouiller les lieux. Une affaire de prisonnier en fuite, ou quelque chose comme ça. Alors tu comprends, on a des délais à respecter, on a pas trop hésité...
          -C'est pas grave, capitaine. Dites, j'ai ram'né un pote. Il est costaud, il vous donnera la main au prochain déchargement. Si ça vous ennuie pas de l'prendre à bord.
          -Eh bien...

          Le marchand hésita. C'était la première fois qu'il voyait un homme de plus de trois mètres. Sans compter que celui-ci venait de rattraper son bateau à la nage...

          -C'est un ancien champion de natation de North Blue. J'vous cache pas qu'il a eu un soucis 'vec ceux du QG. Une ressemblance 'vec un évadé... Mais j'me porte garant de lui. C'est un honnête homme.
          -Bon, soit. Mais il descendra à la prochaine escale, c'est à dire, ce soir. Je ne tiens pas à avoir d'ennuis avec les autorités. A chacun son sort.

          Sören approuva, et jeta un coup d'œil au QG. Aucun bateau n'avait encore appareillé. Sans doute le lieutenant Aaacé était-il trop occupé à engueuler ses hommes pour penser à lancer une poursuite... Toujours était-il que le géant risquait fort de devoir courir encore par la suite. Et le chasseur n'était pas mécontent de devoir s'en défaire rapidement. Il n'avait pas vraiment choisi de s'enrôler dans cette affaire. Peut-être que les soldats trouveraient le jongleur, et se rabattraient sur lui ? Au fond, il n'était pas toujours bon d'être trop curieux...
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