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Quand Tahar rencontre Toji [FB 1623]

Manatannes-Kabool, en voituuure ! Allons allons m’sieurs-dames, déépêêchez !

Qu’siffle le contrôleur. Un vieux gars avec une tête de contrôleur, plus de dents qu’la normale, et moins d’tifs. Sur son badge, y a marqué Harry Burns. Gageons qu’c’est son intitulé. Ca doit pas être évident d’s’appeler « brûlures » n’empêche. Bref. Les derniers voyageurs à la bourre s’bourrent les côtes de coups sournois pour monter dans les trois wagons centraux à ciel ouvert. Forcément, y fait beau. Z’en veulent pour leur argent, veulent mater l’panorama. Faut dire qu’l’endroit est chouette pour attraper les couillons. Les touristes. Des gorges à t’arracher la voix si t’es claustro, des ponts à t’faire vomir jusqu’à tes fils si t’es vertigeux. Mais au moins tu t’régales la rétine. Notamment l’passage sur la mer, quand les rails quittent l’île de départ. Vingt lieues au ras d’la flotte dans un truc trop lourd pour faire aut’chose qu’couler si la structure dessous s’fout en vrac, ça fait des sensations.

Et si t’es mondain ça pète dans un dîner en ville : « Ouii, alors moi n’est-ce paas j’ai fait l’Manatannes-Kabool, et j’en suis r’venuu vivant, tout çaaa, tiens, voilà les tickeets si tu m’crois paas, youplaboum qu’est-ce que tu fais ce soir chérie ? Chez toi ou chez moi ? » Faut dire qu’avec ses cinq pourcents d’pertes moyennes à chaque voyage pour des motifs que la brochure détaille pas, la compagnie ferroviaire annonce la couleur. Train touristique perdu dans West Blue, okay, mais train touristique pour ceux qu’en ont dans l’futal, ou dans c’ui du mari à côté. Décharge de responsabilité avant embarquement, marmots interdits sauf autorisation d’l’assurance et tout l’toutim. On rigole pas ici.

A propos d’mari, sais pas où s’trouve c’ui d’la Sally que j’saille juste maint’nant, mais doit pas être frais pour l’avoir laissée agonisante de désir comme ça sur sa banquette. L’affaire est tell’ment rond’ment m’née qu’on en finit au dernier coup d’sifflet. Jte raconte ma vie ? Ouais, mais elle est palpitante.

Pas l’temps pour le s’cond round, jdois aller r’pérer les lieux. Rengainé, jlaisse donc la donzelle r’mettre sa mise et quitte la voiture d’queue pour me fader la travée centrale jusqu’à la loco. Neuf plateaux, à peu près autant d’centaines de pigeons, pas d’arrêts, pas d’renforts possibles, une affaire facile pour un chien qu’veut s’faire les dents comme moi. Ouais, jdois dire qu’ma rencontre avec la fée tarée Clochette à Zartacla aura eu ça d’bien qu’elle m’a r’donné des vélléités. Sais pas combien ça pourra durer c’te motiv’ de ouf, mais dans l’doute jprofite. Affaire facile sauf pour les gardes, un par voiture. Chacun armé d’un escargophone et d’un coupe-ongles, c’est des durs dont vaut mieux s’débarrasser avant toute chose. Si on exclut Villa, l’mec en poncho d’la numéro 6, qu’m’a rencardé sur le job pour deux BNs et un pin’s, m’en reste donc sept. Plus Harry qu’a une tronche à faire son récalcitrant pour faire genre, plus les gars d’la motrice à convaincre qu’une étape à mi-parcours s’impose. Easy-Peasy.

Voiture 9, donc, keud. Une duchesse et son chtiot couverts d’au moins deux diams qu’mes yeux convertissent illico en tout ça d’bouteilles pleines. Des nobliaux ? Youpi, j’aime les nobliaux. J’m’en fais trois à chaque ptit-déj. L’garde fume sur la plat’forme arrière. Mauvaise idée, un d’moins qu’personne aura entendu beugler dans sa chute. Voiture 8, nul. L’roux qui fait semblant de rien, jdevrai m’en méfier. J’m’en méfie. Voiture 7, mon complice à moustaches pointues m’indique une nonne qu’a un missel un peu précieux. J’hausse les épaules, j’la lui laisse. Y m’accompagne pour les trois ouvertes, j’le laisse pour endormir la vigilance des trois glands qui jouent aux cartes au lieu d’me demander c’que je fous avec un sabre presqu’ au clair en rentrant dans la 3. Y s’endorment en silence, les passagers et l’brûlé à casquette ont rien vu. A leur décharge, y sont occupés comme jamais : on est en train d’passer les orgues d’de Deal sur Tête, un nom bizarre pour une curiosité bizarre. La roche jaune a été taillée de haut en bas par les alluvions, et ça r’ssemble à des tuyaux d’orgues géants. C’que l’prospectus dit pas c’est qu’de temps en temps ça s’casse la gueule et qu’un train disparaît des registres comme ça hop.

Voiture 3, voiture 2, pas d’problème. J’avise des colliers, des costards assez peu élimés pour avoir des poches pleines d’larfeuilles bien épais. Jnote et j’surine en discret dans les lieux d’aisance. Voiture 1, ça aurait pu s’gâter, ’reus’ment qu’jsuis bon. Sont deux pour la voiture d’tête, Villa s’était planté. J’lui f’rai les pieds pour lui apprendre. Ca fait un peu d’bruit cette fois du coup. Les risques du métier. Mais si on s’retourne sur les sièges, on dit rien. Vu qu’jreste calme et qu’quand on roule en première on interroge pas un étranger qui reste calme pour lui d’mander c’que c’était qu’ce gargouillis bizarre. Des fois qu’on ait mal entendu. Les cons. Et maint’nant, stopper l’train.

Sitôt d’mandé, sitôt fait. L’cheminot survivant tire la manette comme y faut, réduit la vapeur, réduit tout, s’tasse dans un coin et dit rien quand j’l’assomme. Sais pas s’y m’sra pas utile par la suite. Dans l’doute, un dommage collatéral de moins est pas une honte. Dixit le manuel officiel des brigands par J’ai Six-Gemmes, huitième édition. Un tissu d’conneries qui s’est bien vendu à l’époque. Et maint’nant, c’est l’heure d’la quête.

Pour les pauvres et les nécessiteux, doonnez braves gens, les dieux vous l’rendront. Doonnez.


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Dernière édition par Tahar Tahgel le Mer 1 Fév 2012 - 13:02, édité 1 fois
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Manatannes-Kabool, en voituuure ! Allons allons m’sieurs-dames, déépêêchez !

Qu'il siffle le contrôleur... Tin j'vous jure, pourquoi pas "bienvenue dans le monde merveilleux des fées et des lutins" tant qu'il y est ? Rien qu'à entendre son p'tit sifflet en argent j'en ai des nausées ! Faut avouer que comparé à la flopéede touristes béas, tout ce petit manège me fout une sacrée gerbe. J'fais tâche dans l'décor comme pas permis. Et pour cause ! D'habitude j'ai pas une gueule d'amour - j'suis l'premier à le r'connaitre - mais là ça fait carrément contraste... Pourtant c'est pas faute d'essayer j'vous jure. Pour mieux comprendre faut reprendre le truc à la base : J'viens juste de sauver le Léviathan du "terrible" Satoshi, ce qui m'a valu le titre de Commodore et tout le tralala qui va avec. Jusque là c'est plutôt chouette. Sauf qu'au moment où mon équipage de Sea Wolf est pret à prendre la mer, voilà qu'on me refile en plus du grade un putain de we de perm', juste au moment où j'allais enfin me tirer sur Grand Line. Raaah j'vous dis pas la haine ! Comme si des vacances tous frais payés dans une putain d'île pouvaient m'intéresser ?! Pour moi de vraie vacances c'est surfer sur la crête d'une vague, un pavillon noir dans l'collimateur et une jolie bande de sanguinaire à dépiauter ! Rien à voir avec un tchou-tchou, aussi pittoresque soit-il ! Du coup, ni les tongs, ni le bermuda, ni même la chemise à fleur n'arriveront à nuancer mon humeur crasseuse.


Enfin bref, me voilà à bord du promène-couillon, me faisant une place aussi confortable que possible contre une balustrade, un chapeau de paille sur le caillou et un cocktail dans la main... J'essaye au mieux de faire contre mauvaise fortune bon cœur, mais c'foutu cœur jl'ai rangé quelque part et pas moyen d'remettre la palmure dessus. Alors pour l'principe et comme j'vais pas bouder toute la journée j'fais des efforts, j'mène ma petite guerre perso contre l'ennui. Au début j'ai voulu taper dans la drague de vieille veuve. Vous savez, le genre miro qui vous donnerait son héritage sans même se rendre compte que vous sentez l'embrun. J'aurais mieux fait de m'manger une couille tiens ! La vioque est peut être aveugle, mais j'peux vous jurer quelle m'aurait dépouiller d'ma solde et d'ma retraite avant la fin du jour... tins les vieux c'est plus c'que c'était... n'empêche les deux grosses boucles qui brillent à ses oreilles seraient tout aussi bien dans ma poche... à voir. Alors du coup je file vers les autres bourg', mais mes allures de merlan n'aident pas. Putain d'fachos !

Comme j'ai mis un point d'honneur à m'dire que l'panorama vaut pas un clou, il ne m'reste plus que la sieste. Vlan, le chapeau sur l'pif je m''enfonce illico dans des songes de grandeurs, bercé par les cahots des wagons sur les rails. Sauf qu'au milieu d'un beau rêve où je nage dans l'or, y a comme une ombre rouge qui passe... du genre qui vous pourrit un rêve bien comme il faut. J'vous passe la pluie de sang et le raz de maré d'hémoglobine qui m'tire de ma torpeur, vous vous affoleriez pour un rien. J'ouvre donc un œil mal luné, bien mécontent de m'faire sortir de mes fantasmes... une ombre passe devant moi. Une silhouette. Du genre mec gaulé comme un buffle mais qui a dû tout mettre dans une taille humaine par soucis d'économie. J'sais pas si j'rêve encore mais le gars me fait une drôle d'impression. Le temps d'lever du bout du doigt mon chapeau, il est déjà parti... Du coup j'reste seul avec mes questions métaphysico-existancielles pendant un ptit moment, le temps que mes neurones se reconnectent.

Gniiiiiiiiiiiie !

Bordel ! V'là que ce con d'machiniste m'a fait renverser mon p'tit parasol fantaisie ! Un coktail sans parasol c'est pas un vrai cocktail merde ! Attends deux s'condes tu vas voir mon coco... j'vais t'faire passer l'envie des pauses moi ! Ni une ni deux, je fuse dans l'allée du wagon, remontant tout le train à grandes enjambées. A chaque pas j'me réveille un peu plus, ce qui a aussi vite fait de faire ressortir ma mauvaise humeur. Pourquoi j'me mets dans des états pareils ?... et pourquoi pas ?! J'vous emmerde d'abord, mêlez vous d'vos affaires ! J'pousse donc les portes avec un tact de bulldozer, sans compter les branlos qui décident de se mettre sur mon chemin...


En parlant d'branlos... En voilà un qui semble avoir les idées bien claires et la main sûre. Un drôle de zig' au sourire mauvais comme pas deux, une touche de crasse en plus et l'âme noire des fumiers en puissance. Le gars est au milieu de sa rangée, dégageant un sacré punch autour de lui. Maintenant que j'y repense, j'ai pas vu un des larbins qui protégeaient le train en passant... Ok... mes neurones finissent de s'remettre en branle, et les conclusions affluent de toute part. Loin d'être con, l'histoire s'écrit devant moi et jm'attelle déjà à y chercher les fautes d'orthographes. Toi mon coco t'es mal tombé pour ton casse... Si encore j'étais d'service... mais là c'est le Toji et ses hobbys auquel tu vas avoir droit... pas celui qui doit se fier au protocole, l'autre... celui qui est sale et méchant : le Toji en vacance. Rien d'tel qu'un peu d’exercice pour transformer un we pourri en festival du gnon huhuhu. Avec un brin d’archéologie dans ma mémoire j'me remets son visage, ainsi que sa prime. Facile, bien que ne l'ayant jamais eu direct en face de moi, le brave gars m'avait servi de bouc émissaire lors de l'affaire d'la banque de Goa. J'me demande s'il a capté d'où était venue l'encul'rie... Un cigare allumé calmement au coin du bec, mon verre bien calé dans ma pogne, j'suis fin prêt pour lancer les préliminaires.


Tahar Tagel j'présume ?
Ravi de t'voir ici... vraiment. Huhuhu.



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Ca avait trop bien commencé. Trop facile, trop rapide, trop plein d’trucs pas bons en général. Et puis voilà. Coup sur coup. Dans ma gueule. D’abord c’journal à la con. Aperçu sur les g’noux du gusse qu’voulait pas m’filer son larfeuille vide. Dont la une m’a fait sauter deux piges en avant. Non jsors pas d’Zartacla, non on est pas en 1621. On est en putain d’1623 connard, réveille-toi gros, t’vas grave t’faire piner sinon. J’me suis réveillé. Pis j’ai r’gardé l’monde autour. La vieille que j’braquais a fini sa crise cardiaque. Sa belle-fille ses minauderies. Quand j’l’ai tannée. F’sait trop d’bruit pour ma migraine. Dur le voyage temporel. Sais toujours pas comment j’ai pu m’réveiller avec la gueule aussi en vrac c’matin. Ca change pas grand-chose au bin’z, suis toujours dans un attrape-couillon entre Manatannes et Kabool, suis toujours entre mon quinzième et mon seizième en cas d’la journée, et j’ai toujours des trucs qui brillent dans les poches et une clope à la lippe. Clope qu’va finir par m’brûler si je l’égoutte pas. Ca change pas grand-chose mais ça change vachement d’trucs. Suis plus mort maint’nant. C’plus un coup dans l’eau qu’j’fais là. C’des vraies affaires.

Et à propos d’vraies affaires, just’ment. Ensuite. Après l’journal. C’palbipède tout autant à la con. Homme-poisson, sous race. Sous-race ? T’parles. Pas bien grand pour un malabar. Plus haut qu’moi d’une touffe de tifs. A tout casser. Mais malabar quand même. Carré. Franc. Taureau des mers. Qu’est apparu là, comme ça. Qu’m’a toisé. Qu’j’ai toisé. Pour la forme. Qu’m’a r’connu. Trop vite pour qu’ç’ait été un souv’nir honnête. On s’connaît ? Pourtant jcrois pas, j’aurais mémoire d’ta face d’ange salin. Pis qu’est là, donc. Cocktail dans l’poing. Puissant. L’poing. Tige de 12 aux lèvres. Tige de 12 ? Merde, ma sèche. Aïe. Trop tard, suis cramé. Jgrogne. Crache. Lèche. L’mate encore. Pas bougé. Ravi d’me voir ici tu dis, hein ? Ca sonne sournois. T’es un sournois ? T’as la gueule qui va avec. Et t’es un dur aussi, t’as une tête de guerrier. C’qui m’dit pas c’que tu fous là. T’peux pas faire partie d’la sécu, Villa aurait pas osé rater l’info. T’vas voir de la famille ? Haha. Toi, d’la famille ? L’même genre qu’la mienne, ouais. Des fils d’violées. Des filles à violer.

Hiii !! Commodore, sauvez-nouuus !!

Les s’conds rôles ont ça d’utile qu’on peut s’en passer comme les faire intervenir à volonté. C’ui-là m’sert bien, en l’occurrence. M’fait tilter un truc dans l’neurone. Jmire le gueux qui vient d’jacter à ma gauche. Banal. Informe. Oubliable et oublié dès qu’mon pied l’aura envoyé valser par la f’nêtre fermée. Voiture couverte, mon cul. Mais lui aussi a un pap’lard dans la mano. Une manchette avec un gros titre que j’lis d’là où jsuis, sur un cuirassé géant qu’aurait été sauvé d’peu des assauts de c’couillon d’Satoshi Noriyaki. C’ui-là, si j’le chope… Et gros titre aussi sur un super héros promu pour ses bons services à la grande mouette. L’dessin est moche, mais l’bonhomme aussi faut dire. S’ressemblent tous les deux. L’même air retors qui s’flaire à cinq encablures. Entr’ raclures on s’reconnaît, pas vrai ? Bref, j’ai en face de moi monsieur l’Commodore Toji Arashibourei. Un nom qu’j’ai déjà entendu. Ca crisse dans mes rouages, là-haut. Goa. J’ai déjà miré son blaze dans un torchon pendant qu’villégiatais à Goa avant d’casser la banque. C’de là qu’on s’connaîtrait ? Lui aussi y était ? Bwarf, plus tard, les détails. D’abord, virer l’gueulard. Ptit facial latéral des familles, bim, vitre qui fait zbim en brisant, voisins qui s’taisent en s’faisant d’ssus, et hop, vol plané sans parachute. Au moins l’aura emporté ses richesses avec lui.

Retour à l’armoire. Tête de brachiosaure, le Toji. Jpourrais être urbain, lui dire qu’maint’nant jsais qui il est aussi. Lui d’mander si on s’connaît personnellement. Manière d’mettre des choses au clair l’cas échéant. Mais boarf. Principe d’économie, hein. ’verra bien si par hasard l’en reste un d’vivant à la fin. Manifestement l’est pas là juste pour m’dire que c’que jfais c’pas bien monsieur, soyez plus respectueux de la chose d’autrui et d’autrui tout court. Ca f’rait tache sur son doux visage de bourrin à écailles. Alors autant lui donner c’qu’y veut. Tiens, jvois même ses barbillons qui frétillent à l’idée. Rien qu’à l’idée. D’se mettre sur la gueule. Ca y est, moi aussi ça m’vient. Les poils d’cinq jours qui tremblotent. L’nez qui chatouille.

Hinhin. Tu veux t’battre.

Qu’jfais. Sans trop l’laisser monter dans l’attente d’avant poutrage. J’aurais pu marquer la question. Mais j’reste entr’ les deux. L’déclaratif c’bien aussi. Ca fait genre. Jsais pourquoi t’es là. T’sais pourquoi jsuis là. Après… Après faut décider qui y va d’abord. Au charbon. Et m’semble c’est à moi. J’aime bien commencer. Lancer un truc. Voir en face c’qu’y s’passe. M’prendre une tannée éventuell’ment. Ou pas. Jauger, quoi. Mais là, jme r’tiens. Pas d’commencer. Vais quand même pas faire ma pucelle. Non. D’tester en personne. Une idée comme ça. Une inspiration. Une fantaisie. Du coup j’attrape le gamin et la gamine sur les sièges à… gauche, tiens, encore. Si ça s’trouve c’les gamins d’cui qu’j’ai envoyé valdinguer. Tel père, tels fils… Volez, les ptits loups. Volez. Mais jgarantis pas l’atterrissage en douceur. Faut dire qu’la banquette qui vous suit illico aid’ra pas forcément. Les risques du métier d’projectile humain qu’on va dire…

A toi l’ballon, Commodore.


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- A toi l’ballon, Commodore.


Commodore ? Nan mais t'as vu ma tronche Garygette ? T'as déjà vu un commodore en tongs et chemise hawaïenne toi ? Nan nan, t'es venu m'faire chier en vacance mon gars, et ça, ça va s'payer dans l'sang et la sueur. En p'tite coupure j'dirais même. En même temps, le mec semble pas frais. Genre reste de vieille marée. A croire que l'essoreuse de la vie est pas toujours tendre avec toi mec. Pas d'bol j'vais pas être plus funky qu'elle.

En tout cas, le mec insiste lourdement en lançant une partie de ball-trap aux accords suraigus. Chier... j'ai jamais aimé les morveux. Enfin les gniards. Merde les mômes quoi ! Du coup, lorsque j'ai les deux trombines apeurées qui fusent vers moi, j'calcule. Demain je pars pour Grand Line. Le Fenrir est rapide, très rapide. Le temps que la plainte arrive sur le bureau du patron, puis me tire la bourre... je s'rai déjà loin sur la route de tous les périls. Navré les mouflets, les lois de l'arithmétique sont pas d'votre côté.
Un revers de main, dos plat. Calme, propre. J'les sens à peine caresser ma peau dure, le choc sera trop fugace. Mon pote pirate m'aurait craché d'ssus qu'ça m'aurait fait plus d'effet. Bling, blang ! J'me retourne même pas lorsque la courbe des bambins balistiques se termine par deux ricochets sur le toit puis le couloir du wagon voisin. J'suis trop concentré sur mon bonhomme. J'fais bien d'ailleurs. Le mobilier qui suit aura du coup moins d'chance. Des copeaux qu'j'en fais du bazar ! Mes yeux se font comme des fentes. Les hostilités sont lancées et j'voudrais pas être à la traîne.


Mon verre toujours dans la main, je shoote donc violemment dans une lourde valise à roulette ! VLAN ! Moi aussi j'sais jouer. La voilà qui file droit et vite, mignon petit train miniature. L'accroche de mon pied lui fait décrire une jolie ascendance. Les petite roulettes magiques s'envolent ! Droit vers le tronc du Tahar qu'elle filent de si bon... train. Esquive donc ça si t'es bien réveillé mec ! A moins que tu préfères passer au travers ? Boarf, de toutes façons j'arrive beau gosse, t'impatiente pas ! En tous cas, entre la taille et la vitesse de mon missile, ainsi que les banquettes qui le jouxtent, les marges de manœuvres risquent d'être étroites pour lui.

Et comme j'suis pas du genre à laisser deux fois d'affilés l'initiative à un mec, j'enchaîne et j'me déchaine ! Un mec aussi roublard et teigneux que l'dît-Tahar, faut pas lui laisser l'temps d'faire ses crasses... Il devrait d'jà y en avoir assez en riposte comme ça. Je m'propulse donc peu après la valise vers lui, bien décidé à lui faire manger un ou deux coups dans les ratiches, histoire de faire bon compte et de lui faire passer l'envie de m'bazarder ses saloperies à la gueule. Nan mais oh. Les premiers coups partent déjà presque avec impatience. Du calme mes mignonnes petites pognes... vous allez en manger du pirate, promis. En attendant s’agirait de n'pas renverser mon cocktail.


- T'va voir ta-gueule toi !


Dernière édition par Toji Arashibourei le Sam 17 Mar 2012 - 16:20, édité 1 fois
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Quoi ma gueule, qu’est-ce qu’elle a ma gueule ?

Qu’jbalancerais bien. Mais j’ai pas l’temps d’faire le malin. Sauf à vouloir tomber dans l’ravin. Et j’ai pas envie. Cinq cent pieds jusqu’à la mer de roches au-d’ssus d’où c’qu’on est. Crêpe au Tahar, très peu pour moi. Crêpe au saumon, par contre… Mais pas l’temps j’t’ai dit. J’ai un bolide qui m’arrive dessus vitesse grand V. Avec des roulettes dehors qui tournent tellement ça va va vite. Et des fringues dedans. Des fringues propres, t’imagines ? Sur moi ? Beuh. Pendant une fraction d’rien, jvais pour déchiqueter tranquille le machin avec le Narny que j’ai à la main. Pis j’réalise qu’il est r’tourné à la niche. Putain d’feignasse, c’est l’moment peut-être. L’ressortir ? Pas l’temps bonhomme, toujours pas l’temps. Alors jfais quoi ? Alors jme planque derrière… derrière mon poing.

On me voit, on me voit plus. On me voit, on me voit plus. Comme ça. Easy peasy.

Ca marche. J’ai la puissance d’un bœuf en rut moi. Musqué le bœuf. La valise fait pas un pli, s’déchire en quatre d’façon équitable autour du pogne. Pis ça gicle. Les fringues. Tout plein. D’mousmé. Partout y en a. Ca m’fait voyager. Pas bouger mais voyager. Dans des vertes collines d’insouciance où l’homme et la femme vont main dans la main et zigounette dans le pilou-pil-euh. J’oublie que jme bats. Jvois un visage aguicheur. Aguiché. Pis un poing. Et un autre. Qui dansent. Rêches. Durs. Moches. Poissonneux. Et bim. Y en un qui m’touche. Deux ptet. Trois mais c’est mon dernier mot.

Et j’gicle. Comme les frusques juste avant. Mais plus droit, plus loin, plus longtemps. Jme fais toute la longueur de la travée centrale en mode gymnaste sur poutre. Roulade arrière, rebond, salto, écrasé fessier. Sur la porte du fond. Pis j’m’arrête. Me r’lève. Un peu rageux, un peu coinceux. L’salto surtout est mal passé. J’ai pas bien r’bondi sur le plafond, comme les deux mômes écartés à mon invit’ par retors-man. Qu’s’est dévoilé recta. Hinhin, je l’savais. Qu’c’était un chien. Combat d’fauves, c’est parti.

Même pas mal.

J’aime bien c’te phrase. Pis c’est vrai. Y avait pas tant d’puissance qu’ça dans ses coups. Juste j’ai été surpris. A cause de la zigounette dans le machin. Et déséquilibré. Pis faut prendre les coups avec souplesse, que j’ai entendu. C’est un jaune qui m’a dit ça. J’aime bien les jaunes. On en croise pas souvent mais z’ont des idées chouettes. Des chouettes idées. Et donc, souplesse. S’laisser porter par le courant. Laisser l’énergie s’dissiper sans faire un mur contre elle. J’joue d’l’épaule et du pif et jme dis qu’ce type était un bel enculé. Le jaune. Et ses conneries. Non, non, jcausais pas du Toji. Le Toji c’pas un enculé. Juste un enculeur. Et enculera bien qui enculera le dernier. Partie d’enculette, ouaip, t’as tout compris. Le premier qu’aura fini d’retourner ses cartes s’fera miner. En beauté.

Et à propos d’cartes, j’cherche mon paquet. En r’venant tranquille vers les lieux du crime. Y a d’jà une bosse dans l’plancher. Vers là où j’ai fait ma première figure. Pas loin d’ssous, j’imagine les rails. Et encore d’ssous, le rien. L’grand air. J’imagine la bête en face en train d’voler. D’mal voler, haha. Tu m’lattes sûrement au milieu des tourbillons, mon matou, mais pour l’reste tu finirais pareil que moi. Un gros tas d’chair pas très fraîche… Ah. Ca y est, jsuis re. Mains dans les poches. L’a pas bougé. Cocktail toujours en main. Comment l’a fait pour pas en foutre une goutte à côté ? Classe. Jdevrais apprendre à faire ça. Oh, tiens, son…

Ton cigare s’est éteint, Commodore.

Les courants d’air, sûr’ment. Mais t’inquiète, j’ai un pote qui pourra t’le rallumer. Tu l’connais pas ? Roh, dis pas ça. Ca va l’vexer. S’appelle Poing Droit. Joli nom hein ? Attends jte l’amène. Prépare-toi, l’est timide, y va passer rapid’ment puis r’tourner s’planquer. Bam. T’as vu un peu ?

Oups.

L’a tout cassé ton barreau et ton verre, ce con. Y t’a pas brûlé les babines au passage au moins ? Ah, ça, j’t’avais dit qu’c’était un fugace. Un furtif. Attends, j’ai un anti-douleur dans l’autre poche, jcrois. Au cas où. Si si, faut pas rigoler avec ça. Mais non c’pas du dentifrice, laisse-toi faire, allez. C’pour ton bien. Poing Gauche, qu’c’est, l’nom pharmaceutique. Ca s’met dans les tripes. Ou d’ssus. Pis on laisse pénétrer. Profond. Ah c’est pour les hommes, jte préviens. Ca s’coue un peu. Mais ça fait oublier pas mal de trucs. Ca fait voyager. Un peu comme la morphine. En plus centralisé, quoi. C’est bon, t’es prêt ?

Allez.


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Nan mais quel con ! Ça va pas la tête ?!
Le gars évite ma valise comme on chasserait les mouches. Logique. Il encaisse deux gnons sans trop de soucis. Logique là encore. Verre en pogne, j'étais pas vraiment à 100%; plutôt une forme de présentation entre gentlemen d'la torgnole. Mais vl'à que l'mec se permet de m'foutre son poing en pleine poire ! Ça encore j'ai rien contre, rapport à la politesse tout ça tout ça... Mais au lieu d'un beau cigare, j'me r'trouve avec un choux-fleur écrasé entre les babines, dont une bonne moitié s'est enfoncée dans ma narine droite. La lèvre fendue reste de l'ordre du détail à côté. Mais merde quoi ! Un cigare SW tout neuf! Un d'mes premiers, tout juste sorti de l'usine ! Raaaah et en plus ce con m'a fait renverser mon cocktail... j'ai plus qu'des p'tits morceaux d'verre dans la main et un palmier qui se sent bien sec tout seul. Moi qui m'serait fait un plaisir de l'boire pépère une fois cette affaire réglée. Y a plus d'respect j'vous jure ! Ca m'fout les glandes version revanchardes.

Teignard comme pas deux, le mec me refait ensuite le coup de l'enchaînement, un crochet qui fuse vers l'estomac. Il est gros et a l'air dur... j'parie qu'elles en ont brisé des trucs dans leurs carrières ces phalanges là. Bah, pas d'quoi s'inquiéter, j'vais lui laisser s'faire mal sur mes abdos en bétons... Vas-y gamin fais toi plaiz'.

Vlam ! *Urgl...*

Le con... Il patate bien pour un z'homme. Direct dans la tripaille qu'il fout son bordel, bien enfoncé jusqu'au poignet malgré mes écailles et mon vieux cuir. J'ai la panse qui fait la gueule, les nerfs qui s'affolent... mais encore rien de bien bien grave. En tout cas rien qui n'vaille la peine de l'montrer. J'ai du prendre du bide à trop trainer sur les Blues moi... il était temps que j'me tire. En tout cas, attends un peu mon salaud, v'là l'retour de bâton.



Mes débris de cigare au bec, je les lui crache direct en direction du visage, histoire de lui apprendre à assumer ces conneries. Bon ok y a un peu d'glaire et de haine en prime, mais ça c'est les intérêts qu'il récolte. En même temps, j'contracte brusquement le reste de mes abdos tout en inclinant le buste sur la gauche. Entre la masse de mes muscles et mes côtes qui se rabaissent sur son poing, ça nous fait une jolie p'tite cage. J'vais te montrer ce qui fait la différence entre ta race et la mienne, humain.
Son poing temporairement prisonnier, je poursuit mon inclinaison en me tournant sur la gauche, afin de l'entrainer sur le côté pour le déséquilibrer. Bon ok, avoir une main dans l'bide à de quoi vous retourner les fibres sensibles comme des chaussettes... mais cette douleur là jl'aime. J'ai appris à l'utiliser. J' m'en nourri et j'me l'accapare. La bête gronde d'autant plus fort... elle m'aidera ainsi à régler son cas.
D'un cri rageur je profite donc de c'mouvement et d'la diversion du cigare pour accompagner ma rotation par un puissant crochet descendant du droit ! Directement en direction de l'épaule qui a osé me priver d'mes précieux, la chiennasse. T'as des poings comme des rocs mec, mais on va voir c'que t'en fais sans le moignon pour les faire s'balader. Dans cette patate là, j'y mets d'jà plus de force et de vitesse. Beaucoup plus. Sans compter mon poids et ma rancune. Quatre bonnes raisons, chacune se suffisant à elle-même pour fendre des enclumes en deux.


On fond de son cœur, une conscience s'éveille lentement. Titillée dans son sommeil par la douleur, la Bête roule et se tord sur elle-même. Bientôt elle sera pleinement réveillée... bientôt elle se lèvera... et se dira affamée.

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Une fraction d’instant, juste une fraction d’instant, l’temps s’fige. Y m’regarde, j’le r’garde. Il a mal, ça s’voit. Ben ouais vieux, tu m’prenais pour un môme qu’sait pas s’cogner ? Ma gueule d’enfant d’chœur ptet ? Hinhin. Mais y s’contient. Un pro d’la fight sale. Et moi aussi j’douille un brin. L’a l’bide mou mais d’ce mou qui fait mal. Les écailles. Jsens ma peau des phalanges qui part en râpée un peu. La faute à la puissance que j’y ai mise mais bon. L’encaisse bien au final. Pis c’connard est en fait tellement flasque qu’il arrive jsais pas comment à m’garder l’pogneux au d’dans d’lui-même. Jkiffe moyen. Moyen pas du tout.

Après l’temps r’prend son cours. Normal. Brutal. Vif. D’abord ça beugle, pis après ça mouille. Y pleut des glaires et d’autres trucs bien dég’. Pis après ça tourne. C’con sait y faire avec son corps. L’maîtrise bien. Putain d’rascaille toute souple. ‘dra que j’me méfie. C’mon premier cerveau qu’note ça. L’reptilien. L’animal. C’ui à qui jfais confiance. L’autre bulbe, l’civilisé, comprend pas c’qu’arrive, s’laisse faire. Pendant qu’le premier m’fait avancer la jambe droite pour limiter la casse, l’autre a plus qu’les yeux pour pleurer. Jme sens gueuler quand mon éclanche s’déboîte par l’arrière. S’déboîte bien. M’a pas loupé. Trois morceaux qu’j’ai désormais. L’épaule que jsens même plus. L’bras.

Et l’reste de moi.

Jdevrais rouler en avant. M’étaler au sol comme un sac d’os l’temps d’perdre l’énergie cinétique que j’viens d’absorber. Mais c’srait oublier que jsuis dans un train. Un putain d’train qu’jsens qu’mon butin va s’y faire plus léger qu’prévu. Connard d’huileux. Rah. C’dans une autre banquette que j’finis ma course. Cul par d’ssus tête, normal. Et tête dans l’siège. ’reusement qu’y avait personne d’assis là, hein. Et jtraverse, donc. Mais l’élan m’a tellement plaqué au sol que j’traverse lent’ment. En biais. Pis enfin jtombe. Derrière. Jsuis caché. Un peu. Comme l’est plus humanoïde qu’d’autres de sa race d’hybrides dégénérés, qu’l’a pas les yeux sur l’côté ou derrière, y doit plus m’voir tellement. J’en profite, j’récupère. Avant qu’y finisse de s’tourner.

Un, deux, ça y est, j’récupéré.

Mon sourire aussi. Enfin. Mon rictus plutôt. Charrions pas. C’ui qu’z’avaient mis sur ma tof’ d’identité. Ma prime. A l’époque. Qu’m’faisait une belle gueule de doux dingue. Bref. Jsens plus l’épaule mais j’comme l’impression qu’manque un truc ent’ l’omoplate et l’humérus. Et jle sens bien ça. Gnnnnhf. Membre supérieur gauche hors d’usage sauf pour filer des baffes comme avec un fouet. Mais c’sra pour la dernière extrémité, ça. One down, three to go. Préparez-vous les biches, z’allez être mis à contribution. Jréfléchis. Vite. Toujours mon cerveau primaire qu’a l’dessus. Prédateur-style. Naturel-style. Quoi d’mieux contre une aberration d’la nature que d’rester naturel ?

Et l’zigue m’dit qu’faut garder intact l’bras droit pour quand ça d’viendra sérieux. Manière d’garder une pince en état d’marche. Pour t’nir des trucs. On s’demande quoi. Alors jdis okay. Pis j’y vais avec les gambettes. Et c’pas n’importe quoi mes gambettes. C’des gambettes d’compèt aussi. C’les miennes.

Problème : jsuis pas très à main d’là où jsuis. S’t’as suivi, on est plus ou moins dos à dos, là, vu comment j’ai atterri. Enfin on s’rait dos à dos s’il avait pas pivoté sur lui-même en m’frappant. Et y aurait pas les sièges que jviens d’déchiqu’ter en passant à travers, jpourrais lui péter les roustons en m’retournant, moi. Mais là jvais manquer d’place. Alors jtente quand même. D’le frapper. Mais plus haut. Genre dans l’bras gauche selon la just’ loi du talion. Vu qu’fatal’ment l’aura fini son mouvement d’pivot maint’nant. Et qu’en m’retournant j’lui ferai face. Et donc coup circulaire. Du pied droit. Botte chargée, ch’ville armée. Jtente sans voir vraiment. Mais jvois plus loin. Essayer d’bloquer mon arpion faut qu’il ait des couilles. Des rêves. Mais bête qui gronde ou pas, s’y r’cule pour éviter y va manger.

Et s’il essaie d’encaisser y mang’ra aussi, armoire lestée ou pas.

Ha !


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- Ha !


Humph ! Pas l'temps d'me rejouir que déjà l'gars renchaîne ! J'lui claque l'épaule et même pas le mec prend sa seconde pour s'dire qu'il a mal... ça c'est un dur, un vrai. Ça s'lit sur sa trogne quand j'me r'tourne tell'ment c'est flag'. Y a un peu d'douleur aussi, mais vrai que c'est surtout la revanche qui domine dans les tons. Cela dit j'lai bien calmé niveau pogne... ca lui apprendra à me réorganiser l'transit' tiens !

Du coup c'est sa godasse qu'il m'lance comme une brute ! Fais gaffe Toto, t'as déjà fais l'malin et t'as dégusté avec ses poings, et on dit partout qu'les jambes c'est plus pire que pire... "Méfie-te" qu'il me souffle mon instinct d'conservation. Va t'faire ! D'habitude jl'écoute, mais là j'suis sur une victoire. En confiance pour ainsi dire. Alors comme j'suis pas total'ment con non plus, j'amorce tout d'même un amorti avec le gros du bras et de l'avant-bras pliés, genre bloc de granit bien soudé. Le coup file vers sa cible en déchirant l'air sur son passage. Viens là que jt'amortisse mon coco, tu vas t'faire ma*... "Attention !" Qu'me hurlent mes intestins qui n'ont toujours pas repris leurs places d'origines ! La douleur qui m'tient encore au ventre me sort in-extremis de mon excès d'confiance ! Oh p'tain, j'ai tout juste le temps de plaquer mon deuxième bras pour sout'nir le choc, tout en arquant mon poids en prévision de l'impact !

BLAM !


Durant une fraction d'seconde j'décolle d'un millimètre du sol. Ça peut paraitre rien, mais c'est en fait tout un monde ! Question d’adhérence v'voyez. Le choc est brutal, violent ! Je sens au plus profond de moi mes nerfs qui crient à la vengeance et mes os qui crissent sous les forces en jeux. Bordel, j'en ai p'tetre un qui est fendu même, aaargl. En tout cas, même si j'amortis au mieux, j'ai des fourmis pleins les palmures et des douleurs qui s'réveillent. Puis l'décollage comme j'vous disais... Je suis soufflé. Pas beaucoup, mais assez pour me projeter sur la cloison du wagon qui s'trouve juste sur mon côté ! Le temps de réagir, mon dos perfore le bois comme il traverserait une feuille de papier ! Je sens sur ma peau le verre de la vitre éclater en milles morceaux aux milieux des innombrables copeaux de bois qui volent dans tous les sens !
Par réflexe je lance alors mes deux mains encore endolories avec la vivacité d'un serpent d'eau ! Mes doigts s'enfoncent dans l'bois d'la cloison comme dans du beurre, tandis que mes talons s'accrochent au mieux au rebord. J'ai l'cul dans l'vide... Dans mon dos j'sens aussitôt l'air frais du large... un p'tit vent estival me caresse la nuque... ça en s'rait presque doux... Sauf qu'une mouette passe juste à c'moment-là en criant, histoire de m'remettre en mémoire le fait que j'partage pour le moment les mêmes joies de l'altitude qu'elle. Sauf que moi dame nature m'a pas doté d'ailes... la radine.

Ni une ni deux j'me tracte d'un poussée à l'intérieur du wagon, avant que l'autre abruti ne s'relève et ne vienne me foutre dehors d'une pich'nette. J'ai failli faire le grand saut à cause d'ses conn'ries, et ça m'fout les glandes. Ça plus la douleur 'videmment. Le temps qu'il s'extirpe du merdier ou j'lai envoyé valser j'me jette donc sur lui, afin de profiter du p'tit avantage que j'pourrais en tirer ! Raaaaaah ! Ma premiere salve de coups d'pied sera facilement déviée ou esquivée, ne formant que de jolis p'tit trou dans l'sol ! Pas grave, ça l'pousse à rester allongé ! J'voudrais ainsi lui en foutre plein la gueule, mais l'gary a d'la ressource ! Comme un diable qu'il s'débat et qu'il gesticule ! Attends un peu charogne... Aaargh ! Un bon coup d'latte dans le sternum me repousse un instant, m'obligeant à reprendre mes distances ! Mais tu vas t'laisser crever tranquil' toi ?!


C'est alors que m'viens une idée... une idée sale. Si m'sieur veut la jouer sportif, on va la jouer sportive. Tu connais l'golf ? Moi oui. Un sport de bourg' que j'ai essayé à une occaz... pas concluant, j'cassait les balles... Mais toi et ta sale trombine t'en fera une de bonne taille. Surtout qu'si tu casses y aura personne pour m'faire la morale à la fin du parcours. Ma main part donc en arrière, saisissant un outil adéquat à la discipline sus-nommée. Vu les conditions, un caddy m'aurait conseillé un put... mais moi j'ai une préférence pour les bois. Alors j'arrache d'un mouvement de poignet le banc le plus proche, que je saisis à deux mains avant d'armer un swing dévastateur. Et en hommage à tous les fans de ce sport si paisible, j'hurle un bon coup en frappant comme une mule ! J'vise rien d'particulier, j'frappe dans l'tas... dans c'genre de cas ça suffit en général.

OUUUURIAAAAh !

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L’Commodore en a donc une belle paire. D’rêves. Et il mange. Vole. Plane. Survit. D'peu. Et ça y est. Dans c’moment où il presque sort du wagon pour aller faire son saut d’l’ange déchu, on passe à la phase suivante d’tout bon combat. La phase où on arrête de jouer aux rigolos. Ca m’empêche pas d’me marrer. En d’dans. En d’dans pack’ on est pas des psychos. Ou alors juste un peu. Mais l’adré qui s’rent’nait encore dans ma glande à adré, elle jute. Jsens pas l’cou d’mon pied d’ailleurs. Alors qu’ma botte est loin d’être blindée. Et qu’même cheville armée j’ai senti l’truc passer.

Jsens plus mon épaule non plus. Jpeux pas l’utiliser, jpourrai sûr’ment pas avant pas tout d’suite, mais elle m’emmerde plus. Et l’bonpoisson à pattes s’en charge pour elle. De m’emmerder. J’m’attendais pas à moins. D’sa part. J’nage dans les débris d’trucs et d’choses, forcément j’fais une cible facile. Une fois jme casse la gueule. Deux fois. Pis il est sur moi. Pis il y est plus. Quoi, ç’t’a fait mal, le sternum ? Nan mais reviens, je déconnais. Reviens ! Euh…

Qu’est-ce qu’y fout ? Mais qu’est-ce tu fous ? Non… ? Non, r’viens ptet pas en fait, r’viens pt-

Hmffh.

Eh si. Il a tapé.

Jsuis pas direct’ment touché. Y avait tell’ment d’merdier d’vant moi aussi, faut dire. Tiens, c’bras qu’en dépassait par exemple. Qu’dépassait du merdier. Pas un des miens. J’ai les deux. Enfin à l’éclanche près. Un dommage collatéral ? Ah non, c’t’une poupée. Ou un cadavre. Rigor mortis, on dirait d’la cire. C’est moche, il vole tout seul en tout cas. Le bras. Ou alors c’tait vraiment une poupée. Enfin bref. Jsais pas trop comment mais moi jvole pas. Jglisse juste. Genre jsuis poussé par le bordel qu’a à peine volé. Tsais, y a l’gros du bordel qu’dépassait, qui s’fait embarquer par le banc et qui va s’écraser au plafond ou qui l’traverse, pis y a l’reste, qui bouge juste un peu.

L’reste, dont une autre valise. Sans roulettes. Qu’cette fois j’ai pas les palmes libres pour la ralentir. Et qu’jralentis pas. Sbam ! Difficile d’ajuster un swing bien précis dans un wagon qu’tient désormais plus du parc à thème version « apocalypse » que d’la première classe. Mais jsuis là. Allongé encore, sous et sur des salop’ries d’bagages éventrés, avec l’pif aplati et un machin dans l’bidule. Eh !? Ah. La garde du Narnak qui m’a esquinté l’tronc. Haha, la honte. S’faire abîmer par son propre matos en survivant à un coup d’golf meurtrier. Snurgl. Jrenifle, ça saignote. Ca pisse. Pis ça s’arrête. Quand j’arrive à dégager la mano et qu’j’remets les cartilages en place. Crac. Ca r’prend un peu.

L’premier sang versé est donc pour toi, Toji Gueule d’Ange. T’mérit’rais que j’t’arrache les poils des jambes pour la peine. Ou les écailles. Est-ce qu’t’as des tifs dans c’coin-là, toi ? J’ai pas fait d’zoologie moi, jsais pas. Mais la question est fun. D’vrait être creusée. L’sra ptet bientôt. Bref, dingding, passage au round suivant. La populace ’core vivante entend l’avertiss’ment, finit d’refluer vers les autres wagons. Y a plus qu’nous. Moi et lui. Lui et moi. Et son chapeau qu’a pas bougé. Et mes atouts.

Et Harry Burns qu’pointe son nez en fendant la foule comme y peut.

Quoi quoi quoi ?! Messieurs qu’est-ce que v-

L’tiret à la fin d’la phrase du contrôleur, c’est mon atout numéro 1 qu’a fait son show. Kanny l’sanglant, pour qui dès que jperds un peu d’pourpre c’est licence de sortir du fourreau. J’l’ai pas ret’nu. Faut dire qu’maint’nant qu’on en est à jouer au golf, pourquoi j’aurais pas l’droit d’sortir mon club moi aussi ?

Et donc l’deuxième sang est pour moi. Un peu partout sur les cloisons. L’score est rééquilibré et on s’ra plus interrompu. On peut r’commencer entre hommes. Plus entre rigolos. Comme jdisais. Mais par contre jvais pas t’dévoiler mes bottes secrètes, Commodore, va falloir qu’tu viennes les chercher. T’as mis la gauche en vrac mais ma main droite t’attend. L’truc en acier qu’elle serre aussi, ouais. Tu l’entends ? Ecoute bien, y t’parle : Viens-y donc, Commodore.

L’vent dans les trous du plafond fait un d’ces baroufs. T’as entendu quand même ? Oh oui, jle vois dans ton r’gard, t’as entendu quand même. Haha, ça t’a pas calmé, ton masta swing ? Pourtant c’censé r’laxer c’sport, y paraît. Non ?


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Yosh ! A pu' l'pirate ? Où qu'il est ? L'est encore là ou pas ? Merde... il l'est. Pourtant j'ai avoiné sec. Bon ben au pire j'ai ventilé du décor, marre de c'bordel moi. On savait plus où mettre les pieds, maint'nant c'est plus clair. Y a lui, y a moi, et puis c'est tout. Fini les gêneurs criards, les monticules de valoches et autres saloperies en tout genre. Aller à l'essentiel, ça a du bon par moment. Deux sanguins et poings barres.

Quoi quoi quoi ?! Messieurs qu’est-ce que v-

Tsss... j'ai parlé trop vite. Ou pas. Pas l'temps d'finir son arrivée intempestive qu'une victime de plus tire sa reverence. Jolie murale qu'il nous offre en cadeau d'adieux ceci dit. J't'aimais pas, mais c'est sympa d'avoir essayé. En tout cas, le coupe-choux que Mister Tahar nous déballe semble bien taillé pour la route, et surtout bien tailladant. Mais s'il croit m'foutre les miquettes avec son couteau à saucisson il s'fourre la paluche dans l'trou d'balle jusqu'aux amygdales. Comment ça, on dit pas ça comme ça ? Oui bon ben dans mon pays si, vu ! En tout cas ça m'chauffe bien comme il faut. Rien d'tel qu'un mec vous menace d'une arme pour vous ôter les derniers remords que vous aviez à lui éclater la tronche. Déjà que j'en avais pas bézef... Si tu veux jouer à ça...

Viens-y donc, Commodore.

Tu veux jouer à ça donc. Ok mon gars... finies les conn'ries on passe la s'conde et on accélère la cadence. J'vais m'mettre au niveau t'en fais pas et j'vais ensuite venir t'arracher ce qu'il te reste de ta sale gueule. De mon côté, mes viscères daignent enfin reprendre une place plus jouable dans mon ventre, tandis que mes bras chantent en commun des rythmes macabres à la seule gloire de la vengeance à venir ! J'les entends d'ici. Mon cœur bat le tempo et mes muscles s'activent en rythme. Petit à petit j'me laisse envahir par cette douce sensation où me plonge ainsi l'adrénaline. On va chanter ensemble ça va être sympa tu vas voir. J'fais l'soprano et j'te laisse la place du castra, tu veux ? Oui j'suis sûr qu'tu veux !



D'un geste vif je bazarde donc ce qu'il reste de mon club au hasard sur le côté, avant d'esquisser un sourire de mauvais augure... Le mec m'attend avec une belle allonge. Sabre contre poings, l'avantage n'est pas à la phalange contrairement à c'que pourrait dire un certain Alexandre. Mais j'suis joueur. Trop peut être. En tout cas suffisamment pour avoir envie d'faire durer l'plaisir, même si pour ça j'dois augmenter les risques. Surtout si j'dois augmenter les risques en fait. L'idée n'est pas de s'battre à mains nues contre un grizzli pour s'la péter... Mais de s'battre contre lui avec une main dans l'dos et les yeux bandés ! A trop souvent triompher sans risque on s'lasse. Ou un truc du genre...
Me voilà donc dégainant une de mes plus redoutables armes... Ma tong gauche. Riez pas. 100% pailles tressées de East blue. Calibre 54. Vitesse de pointe : mach 2 en descente. Le genre de truc qui vous fouette les gencives et vous décolle les dents en ayant bien pris la peine de vous arracher la joue au passage. Puis y a rien d'plus humiliant que d'se faire avoiner à coup d'tong huhuhu. J'vais t'tataner la gueule mon mignon, au sens propre du terme !




Brusque impulsion du pied gauche ! Mes doigts griffus se plantent dans l'bois du plancher pour plus de détente. Feinte de regards et d'épaule. J'profite du mouvement d'mon adversaire pour filer sous sa garde ! Rentrer dans son allonge. Au moment où j'suis à mi-chemin ma main gauche attrape le rebords de mon chapeau de paille, qui aussitôt me précède d'une lancée en direction du visage du pirate. Bloquer son champ de vision, servir de diversion, lui faire gaspiller un mouvement... peu importe tant qu'ça m'fait gagner une demi-seconde c'est d'jà ça d'pris. Ça va marcher ? On verra. Au pire mon bras gauche se prépare déjà à repartir dévier la coque du sabre si l'Tahar s'laissait pas prendre de vitesse.
J'pars sur son côté gauche, dans l'angle mort de son épaule en vrac et loin du bout pointu qu'il m'tend. Mais plutôt proche du mec quand même, l'allonge d'une savate n'étant pas bezef, faut bien l'avouer. Dans ma main droite, la tong s'arme en route pour finalement fuser à une vitesse supersonique ! La violente rotation de buste qui me remet alors face à mon adversaire accélérant encore un peu plus ma tatane ! L'oreille gauche que j'vise, histoire d'majorer encore un poil l'effet déstabilisant d'un tel coup.

Mais j'vais pas m’arrêter à ça. Déjà mes sens accumulent les infos et mon corps réagit en circonstance. J'suis prêt à enchainer les défenses et les contres-attaques. Faudra bien m'est avis.



~~ Jouissant d'une belle courbe, le banc numéro 42 file le long du corridor, suivant avec zèle la trajectoire que l'homme-poisson et le hasard ont bien voulu lui donner. Le destin se faisant taquin en cette saison, ce qu'il reste du mobilier traverse ainsi toute la longueur du premier wagon... passe au dessus de la réserve de charbon... et viens cueillir le crâne du pauvre machiniste qui était en train de se relever péniblement en se massant la nuque. A peine sorti du coltard que déjà le voilà qui y replonge. Son corps inconscient s'abat alors comme une masse sur les leviers de commande, desserrant l'ensemble des freins dans la manœuvre. Il n'en faut pas plus pour que la machinerie s'emballe et recommence à accélérer, un faux-plat descendant aidant bien par le jeu de la gravité. Sacré Newton, toujours le mot pour rire. Déjà le train prend de plus en plus de vitesse... les étincelles commencent à jaillir sous ses roues... Les cahots toujours plus forts annoncent un trajet des plus mouvementés. Surtout lorsqu'un virage serré pointe le bout d'ses rails quelques centaines de mètres plus loin... ~~
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Scuze pour le silence, gars. Rage de dents subite et impression d’un maousse boul’versement dans la Force, l’genre de trucs qui préviennent pas. Comme si quelque part très loin d’ici des milliers d’voix avaient soudainement hurlé d’terreur, et puis s’taient éteintes aussitôt. Ambiance hein ? Mais bon voilà. C’passé. Ou alors c’tait les gars du train qu’s’sont mis à beugler pack’ soudain on r’prenait l’mouv’ ? Possible, héhé, pas bien fait gaffe à distinguer la réalité d’mes hallus. Ca d’mande d’la concentrature ça, et ma concentrature elle est toute vissée sur la gueule de sagouin qu’j’ai en face. T’sais, celle avec un air mauvais comme un gâteau d’ta sœur et des ratiches de prédateur comme les miennes mais en plus poiscailleux. Celle qui vient d’lancer une attaque de plagiste manière d’se foutre encore un peu plus d’moi, avec chapeau d’paille dans ma gueule et tong dans la main droite. Vers ma gueule.

Nan mais tu t’crois sur l’sable chaud d’une plage privée pour bobos des rues, là, Commodore !?

Que jpense. Mais j’ai pas l’temps d’vraiment finir mon idée. Avant qu’le mot Commodore ait fini d’tapisser les murailles intérieures d’mon crâne qu’il est dur, jsens un bruit d’air qui m’attaque la joue à genre douze fois la vitesse du son. Douze, comme m’l’a un jour chuchoté un mec qui s’appelait Lou, c’est l’plus gros des chiffres. Après douze, y a rien qu’des infinités. Jdis n’imp ? T’as raison. L’idée c’est qu’c’est une attaque de plagiste bourrin et qu’si j’fais pas un truc très vite j’vais m’prendre dans l’oreille gauche une tatanne qui va m’éclater l’tympan et tout c’qu’y a autour, cervelle comprise. Et qu’j’vais finir hémiplégique. L’côté gauche ailleurs, ouais. Pas confort. Pas cool. Grave pas top. La merde.

L’prob c’est qu’pour faire un truc faudrait qu’jsois en m’sure de l’faire. Et là, avec le chapeau tressé sur les bigleux, tout c’que jpeux faire c’est battre de l’aile droite un peu et limiter les dégâts en cognant un machin.

L’prob c’est que c’machin que jcogne, j’m’en rends compte quand l’galurin s’barre d’ma vue dans un courant d’air, l’attendait. Attendait mon aile droite. Tu m’diras, si y en a qui doit avoir mal de c’contact brutal entre l’métal de la garde au Narnak et la peau du Toji, c’est ptet bien l’Toji. Certes. Mais ça n’empêche qu’l’seul moyen qu’j’ai pour éviter la palme tonguée qui m’menace la feuille gauche, c’est d’jouer du cou comme un pauv’ cygne des basse-cours. Bon, j’ai d’la bonne fortune. Ca marche. J’me chope un mal d’cervicales façon torticolique dans la manœuvre, mais à force de m’déhancher la tête j’arrive à faire en sorte qu’la pompe rate sa cible d’un poil de. D’un poil. Et nous v’là donc, la grolle ouverte qui continue sa cours’ folle vers l’bas et mon épaule gauche déjà baisée dans l’équation.

J’ai d’la bonne fortune mais t’imagines la suite. Jbeugle façon putois pas classe.

Haaa !!

Pute. Pute de salope ! Ha ! Certes jpartais vers l’arrière dans mon esquive mais la physique et la situation étant c’qu’elles sont, j’ai pas été tout à fait épargné et donc, bis repetita placent, une ptite resucée pour les articulations en vrac d’mon membre latéral supérieur gauche. Dans ta gueule le coude, dans ta gueule l’épaule, dans ta gueule l’omoplate. Et dans ma gueule la chute, deuxième. Enfin dans ma nuque, quoi, vu qu’jme tombe sur l’dos. Dans l’foirage, jme permets quand même un ptit moulinet réflexe et simultané des pattes et d’la lame. S’il est encore dans l’coin, et logiquement il d’vrait y être vu l’coup qu’y vient d’porter, y a moyen qui s’prenne un des deux. Y a même moyen qu’ça l’ait fauché si j’ai tapé assez bas avec les bottes. D’ailleurs, histoire d’en profiter et d’arrêter d’jouer au sac de sable pack’ y en a marre, jm’éclaircis les idées en même temps qu’je hurle, jretrouve mon fighting spirit qu’était pas parti mais qu’était pas assez présent, jle force à s’montrer enfin pleinement. Et pof, jretombe sur mon trapèze droit, jrebondis d’ssus d’une contraction bien gérée top classe de la vie, et jme r’dresse illico presto. Tout aux aguets qu’y soit, en face l’poisson doit pas avoir trop eu l’temps d’bouger tell’ment c’est allé vite.

Et j’retourne au turbin estoc en avant. Vers l’plus gros truc que j’ai dans l’champ visuel.

Un éléphant dans un couloir. Inratable. Inputaind’ratable. Mais bon, est-ce que j’l’ai eu ou pas ? Est-ce que j’l’ai planté ou pas ? J’ai pas eu l’temps d’bien m’rendre compte. Faut dire qu’au moment où j’aurais dû sentir un truc dans mon poignet, une résistance au niveau d’l’acier pénétrant les chairs d’en face, tout a changé. J’aurais dû m’douter. Mais bon voilà, des fois on d’vrait pis on peut pas.

D’puis qu’on est r’partis machine-avant-toute, ça tremble d’partout et, si j’ai bien réussi à faire avec jusqu’ici pack’ jsuis un warrior qu’a l’équilibre d’un dieu, jcrois qu’là on vient d’attaquer un virage un peu serré. Jdis ça… jme base sur l’fait qu’toute la gravité s’barre en couille d’vant nos yeux, qu’là jvois l’paysage changer d’angle derrière les vitres cassées ou pas des f’nêtres, comme si on roulait sur les roues qu’d’un seul côté.

Hin.

J’ai que l’temps d’pas réfléchir, jprends une impulsion sur l’premier bitoniau un peu solide qu’trouve mon panard droit et jfonce vers une f'nêtre à traverser du côté gauche du wagon. C’ui qu’est en l’air et qui monte toujours plus haut. Trop haut. Et jfais ça pour, sinon rétablir l’équilibre des poids et des masses, d’moins m’rapprocher du seul truc où espérer pouvoir m’raccrocher pour m’éviter un vol plané d’cinq cent pieds de haut : la voie.

Et là jsuis en l'air. Comme tout l'reste autour d'moi.


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Chier. Jl'ai raté. J'me doutais bien qu'ça s'rait pas si simple, mais j'avoue que l'idée d'sa face imprégnant de pulpe mes semelles, ben ça avait un côté séduisant. Une fois de plus l'pirate et moi n'partageons pas le même avis. Va encore falloir régler la question à la "diplo-mate la rébellion". Tant pis, j'ai des arguments de poids de toutes façons. Quoi qu'lui non plus il est pas en reste le salaud. J'pensais lui comprimer les doigts dans sa coque de métal, mais au final elle a pas un pet d'traviolle la coquille. Vach'de dur son sabre, pas du matos de débutant malgré un look de seconde main. Quoique vu la coupe fraîche du contrôleur, j'aurais dû m'dire que son canif' l'était balèse. Bizarre ça. Enfin bref, on s'en fout. Quoi que non en fait. Esquive de justesse, pirouette et gaufrage au menu, v'là que l'saligaud m'laisse pas enchaîner. Il rue et mouline comme un dément. Bordel ! Y'lâche pas l'affaire le morpion ! Son coup d'lame, j'le dévie relativement facil'ment d'une manchette sur le poignet, mais juste à temps pour m'manger un panard dans la hanche. Ça s'tétanise, ça fait la gueule... Ca bouge encore ? Ouaip, ça bouge. Ça fait un mal de chien mais ça obeit à son maître, et c'est tout ce que j'demande à une jambe digne de c'nom. Aller mes chéries, on lâche pas l'affaire !

Surtout que dans l'regard du flibustier, j'lis une pointe d'énervement. On passe au cran au d'ssus c'est ça ? Pas b'soin d'poser la question, j'ai ma réponse qui file déjà droit vers l'plexus solaire. Ch'uis pas anatomiste mais j'me doute qu'y a pas mal de truc vitaux à cet endroit... Du genre : coeur-poumon-artères ? P'tet pas les poumons remarquez. Quoi qu'j'ai pas l'temps d'penser à ça en fait. Une lame qui tente de m'embrocher, rien que pour l'principe j'laisse pas faire. Question d'amour propre plus que d'santé. Là l'score est serré, mais il est temps d'montrer qui c'est l'taulier ici. Une jolie attaque d'estoc comme ça moi j'trouve qu'ça a des allures de cadeau d'noël. Il est vif le rougeaud pour sûr, mais là c'est du escargo-téléphoné de première classe. Pas d'feinte, ça s'lit dans ses yeux. Alors du coup j'calcul en une fraction d'seconde l'angle du trou où j'ai failli tomber, ainsi que l'mouvement qu'il m'faudra pour utiliser sa fente en avant pour le proj'ter direct dedans. Un aller simple vers l'océan pour le pirate rouge, un ! Vif, j'me décale juste à temps, laissant la pointe du sabre me déboutonner un pan d'ma chemise à fleur, afin de rentrer profondément dans sa garde ! Ma main se dirige déjà vers son poignet, afin de le lui torde violemment ; tandis que mon coude opposé partira direct' dans son foie. Un joli cumul qui lui promet une vrille triple-salto-piqué-vomi en direction du vide. Son attaque fuse, ma défense réagit aussi sec !




*Roue karmiq...* Gniiiiiiiii !

Hum ?! Niveau timing c'était parfait, mais pour une fois l'diable change de champion et m'refuse sa chance. Changement d'horizontalité. Newton qui dit qu'il en a rien à foutre. Et la force centrifuge qui s'invite à la fête. Tous des connards et l'cornu l'premier ! Forcement l'sens du virage me fait culbuter direct contre la lame que je v'nais juste d'éviter habilement, ce qui la fait glisser le long d'mon flanc sur pas moins d'une quarantaine de centimètres. Aaaarh... Heureusement qu'y avait pas d'force dedans, car sinon y aurait d'la côt'lette de poisson au wagon resto' ! Pute borgne, l'est aiguisé son canif ! Sans même y jeter un oeil j'sens mon flanc qui s'est ouvert tout en diagonal, avec les côtes qui ont eu tout juste assez de résistance pour bloquer la lame. Rien d'vital, mais un sacré lot de points d'suture en percpective. 'Culé. Et ça c'est que l'début encore, car vu la position de ma technique et la douleur de l'entaille, j'ai pas les moyens de m'rétablir. Blim blam bloum ! Cul-par-dessus-tête que j'me ramasse la trogne sur un banc bien dur. Et une arcade une ! 'Culé-bis. Le pire c'est que j'me dis qu'les emmerdes ne font qu'commencer. Là c'était l'intro seulement, le reste arrive par pack de douze. Par exemple : pourquoi que j'mire les vagues par la fenêtre et non pas l'horizon ? *L'angle 'spec' de blair'* que m'souffle mon esprit. Le train s'retourne et forcement moi et mes 300 kilos d'viande ch'uis calé dans l'angle du bas. Du côté où y faudrait pas être pour rétablir l'équilibre évidemment.

Alors ni une ni deux j'me relève comme je peux et... je glisse. Faut dire que tout ça s'passe en quelques s'condes hein. Mon corps réagit par réflexe et moi j'commente à côté un peu après coup, alors forcement y a des dératés. Du coup, je glisse direct par une fenetre, avant de me rattraper in extremis à une jolie rambarde de fer forgée. 300 kilos de plus du mauvais côté d'la balance... et ce putain d'virage qui n'en fini pas ! Chier. Que l'train joue les kits en contrebas ne m'fait ni chaud ni froid, mais ça m'saoulerait de partager son sort. Même pas encore retourné sur Grand Line moi ! Alors d'une traction je m'projette vers le ciel, avant de retomber sur le toit à 45 degré du wagon. Dans l'affaire j'ai perdu une de mes tongs... chier. Mais c'est pas l'plus important, faut que j'aille fissa de l'autre côté ! J'bats des pattes version super-sprint, mais en vain. J'pédale dans la s'moule, j'ai les pieds qui glissent sur le toit lustré comme sur un carrelage de prison ciré ! J'accélère ! J'ai les gibolles qui font la roue ! Et d'la fumée qui commence à monter par les frottement d'mes pieds sur la peinture. J'use la laque à force, puis j'trouve enfin une adhérence. Bam ! Je fuse alors comme un ressort qu'on relâche d'un coup ! Yaaaaahaa !

J'ai tout juste le temps de m'accrocher à une rambarde de l'autre côté du wagon pour ne pas m'envoler comme un oiseau d'malheur. Sous le choc la barre cède alors que ma poigne un brin réactive broie à moitié la seule chose qui m’empêche alors de faire l'grand saut. Du coup, la rambarde à laquelle j'me tiens se tord méchamment sous mon poids, tandis que un à un les boulons sautent sous la tension. Il en reste plus qu'une paire qui maintiennent le tout au wagon. Mais bon, faut voir l'bon côté des choses, avec un joli bras d'levier comme ces trois mètres de barre qui pendent sur le côté telle une canne à pêche de mauvais goût, j'fais un super contre poids. Crissement de métal et étincelles qui volent dans tous les sens... on serre des dents... Puis on arrive enfin à remettre le bazar sur les rails en serrant aussi juste assez du cul. Fiouuuuu... j'prendrais même le temps de m'éponger l'front d'une main tandis que l'autre ne lâchera pas l'affaire pour un sous.


Bon, le mauvais côté des choses maintenant, c'est que la dernière insertion valable de la barre à laquelle j'suis pendu, ben elle est juste à côté du Tahar. Putain... Et ce virage qui s'fini pile au mauvais moment... "Contre poids inutile" ressemble bizarrement à "poids mort" dans c'genre de situation non ? En tout cas j'sens que j'vais l'regretter c'coup-là...

- Euuuh... Pourparlers ?



Dernière édition par Toji Arashibourei le Sam 17 Mar 2012 - 16:33, édité 1 fois
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En l’air, j’le s’rai pas resté longtemps. C’avait bien débuté pourtant. J’étais parti, j’traversais la f’nêtre du côté l’plus haut d’la voiture. J’allais atterrir sur la voie… ’reusement qu’dans un dernier instinct m’suis dit qu’y valait mieux attendre que l’train s’soit envolé complet pour faire l’dernier saut. Broyé qu’j’aurais été sinon. Ouais, broyé. D’ssous. Sous l’train. Jpensais la rascaille foutue. Partie avec l’millier d’tonnes de ferrailles et d’gens. Ben non. Tenaces les bestioles. Coriaces même. Alors qu’jme tiens au cadre de la f’nêtre comme jpeux, avec ma seule main pas en vrac et la poignée du Narny ent’ les crocs, j’entends puis j’vois l’Commodore qui s’est r’converti en acrobate aérien. Sur l’toit du wagon. Qu’atterit sur l’côté comme moi en s’tenant à un machin. Pis qui en bon l’vier d’trois quintaux multipliés par la vitesse de sa chute r’met l’train sur les rails quand l’machin en question cède ptit à ptit sous son poids. Putain, la brute. La brute épaisse.

Moi pendant c’temps j’ai sauvé mes pattes qui m’naçaient d’être bouffées sous les roues pendant qu’on r’venait à l’horizontale. Mais d’justesse. En r’montant sur l’toit d’deux tractions bien énergiques. Du bras droit. L’seul que j’aie. T’as d’jà tenté la traction sur un bras avec un truc d’une d’mi-toise coincé dans la gueule ? Tu d’vrais, ça forge. Et à quinze lieues à l’heure c’est encore plus rigolo. Parole.

Han !

Jme r’dresse. D’bout sur la carlingue. Ma sueur sèche en deux fractions d’moment. Jsuis l’maître du monde. D’la voie. Du train. D’l’instant. Au niveau inférieur, des deux côtés, jvois des têtes hagardes qu’émergent des f’nêtres des autr’ voitures. Jme r’tourne pour mater les trois ouvertes, derrière. Vide total, z’ont tous dû faire l’grand saut. Pas d’bol, fallait pas payer d’mi-tarif. Toujours un coup à s’choper une saloperie avec les courants d’air. J’rengaine le Kan avant d’me couper ou d’me l’faire embarquer par un alizé un peu trop viril. Pis lui. Tiens. Pis lui il a continué à s’casser la gueule on dirait. Haha, un problème Commodore, ptet ? J’m’approche cont’ le vent. Cont’ la vitesse. R’monter un train fou j’avais jamais tenté. C’est fun.

S’pencher pour négocier avec un poisson en détresse aussi. J’hésite à lui balancer un ham’çon. Pas qu’j’aie des scrupules. Pas qu’j’aie pitié. Nah. Mais pour finir un combat y a quand même ’ach’ment moins frustrant qu’de laisser l’castagneur d’en face s’écraser sur les falaises qui. Ah tiens, y a plus d’falaises vertigineuses en bas. Pas r’marqué mais d’puis après l’virage on est au-d’ssus d’rien. Un rien bleu foncé.

C’par contraste sur c’bleu qu’jvois l’rouge qui commence à teindre la ch’mise à fleurs du taureau marin. L’rouge noir. L’rouge qui tache et qui goutte. J’me r’passe vite fait les instants qui précèdent et j’me rends compte qu’j’ai dû l’estafiler, final’ment, avec mon estoc. Pas qu’un peu. Et les acrobaties ont pas dû aider. Bref, ni une ni deux. Jdécide. J’aime pas les trucs pas finis. Mais lui m’semble l’être. Et jsuis un crasseux, terminus pour toi Toji Arashibourei. Jgard’rai ton bon souv’nir dans mon épaule défoncée. Jusqu’à c’qu’elle se r’mette. Cinq cents pieds, j’jauge. Cinq cents pieds et l’est chez lui. Dans la baille. Alors j’y dis.

Cinq cents. T’es d’acc’ Commodore ?

J’r’garde ses yeux. Manière d’voir si y comprend. Comprend qu’jme fous d’sa gueule. Comprend qu’c’tait pas une offre d’pourparler en fait. Pis jdonne un coup d’talon dans l’chose qui t’nait l’machin. L’machin auquel l’Commodore s’tient. J’entends des cris qui m’viennent de dextre, emmenés par le mouvement. Mon public horrifié. L’spectacle vous plaît, braves gens ? Garanti sans filet. Sous ma botte jsens l’truc qui cède. Héhé.

Mais jvois pas c’qu’arrive. Encore. Rapport à c’qu’ça vient d’freiner.

Put-

Putaiiin ! D’freiner brutal. Et moi qu’étais accroupi sur l’toit pour être confort en f’sant ma pute, jvole.

Put-

Jvole jusqu’au wagon d’devant. Et quand j’atterris sur l’wagon d’après, jsurfe. Jsurfe jusqu’à la loco. Et là jvois un connard en costume qu’a trouvé intelligent d’stopper. J’le r’connais pas, c’est un anonyme. Mais j’ai dû l’croiser dans les wagons. Piller son larfeuille ptet même. Et comme un anonyme, y meurt sans bruit. L’temps d’finir ça, jme penche en r’gardant vers l’extérieur. En haut, en bas. Vers l’wagon où on était. Vers l’arrière. Mais jvois rien. Ni au bord. Ni sur l’toit. Ni sous la voie. Ni en bas. Pas d’point noir. Pas d’point blanc d’écume qu’explose sous la plongée d’un poids lourd. Nib nulle part. Truffe au vent, jpasse aux aguets.

Putain.

Jpense aussi à comment envoyer c’train par d’ssus bord. Tant pis si j’rentre à pattes. Tout seul sur la voie. Tout l’temps pour bayer aux corneilles. Profiter d’la vie. Et faire du stop. R’prendre avec la prochaine rame.


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- Cinq cents. T’es d’acc’ Commodore ?

Tsss... même pas j'y crois une fraction d'seconde. Même pas j'ai cru dans mes propres paroles c'est pour dire. Pourparlers... genre j'pourparle moi. C'te p'tit charogne m'aurait tendu la main que jm'en serais servit pour l'balancer direct vers le zénith. Pas d'bol, le mec n'est pas un niaizu. Il fait s'que tout connard digne de c'nom aurait fait quand il voit un type dans la merde jusqu'au cou : il appui sur la tête avec son pied. Perso j'aurais ricané en bonus, mais bon, chacun son style.

Du coup, je chus. Ouais c'est moche "je chus". Pas l'genre de déclinaison que j'emploie d'habitude. Tiens, ça m'irrite les neurones rien qu'de l'dire. Alors de l'vivre j'vous raconte pas. Chiérie d'bordel d'mes trois couilles ! Voilà, ça c'est plus dans l'style du moment.

- Nom de...


La barre lâche d'un coup sous l'talon dl'a flibuste, et moi j'ai Newton qui m'tire vers le bas en m'tenant par le calbut. Sur l'moment y a comme un arrêt sur image, tout s'fige. Tahar, sa botte, la rambarde, moi, le vide... Puis ces putain d'rivets qui sautent et qui coupent les ponts entre une certaine assurance et un destin tragique sous forme d'une flaque étalée sur 20 mètres. J'ai jamais aimé mettre les pieds dans les flaques, alors en faire partie... bof quoi. Moment d'immobilité donc, puis l'temps reprend son due et j'disparais vers le bas avec toute la vitesse que m'donne le poids d'mon karma. Lourd quoi. Très lourd j'dirais même.
Bordel ! Pas moyen que j'crève comme ça ! Pas sans lui en tout cas ! Alors quand j'vois qu'la mort m'attend en bas, j'ai la pompe à rouge qui accélère comme jamais. L'cerveau en ébullition et l'adrénaline qui bat tous les records de vitesse dans mes artères ! Le cortex reptilien qui prend l'pas sur celui plus aquatique. J'réagis d'instinct, vu qu'une demi-seconde de perdue à réfléchir c'est déjà 10 mètres de vide de trop entre moi et une éventuelle branche où m'rattraper. Alors j'me convulse, j'me tords et j'fais jouer une souplesse que j'ai jamais vraiment pris l'temps d'entrainer. Rapide le Toji, fort le Toji, mais souple... pas vraiment. Alors tandis que la dernière attache prend la tangente, j'tire sur mes bras pour essayer de me proj'ter à temps vers le wagon ! Et c'est l'échec...




Mes doigts largement écartés rat'rons d'une bonne trentaine de centimètres le rebord salutaire d'une fenêtre. Ma p'tite courbe se réduit bien vite à un début de chute de mauvais augure, et puis c'est l'déclin. Mes bras battent devant moi dans un ultime espoir guidé par un manque total de motivation à crever, mais en vain. Grands yeux écarquillés, bouche grande ouverte... et ma vie qui défile d'vant mes yeux. Tin' y en a du rouge ! Et des cadavres aussi... Mais tandis qu'mes anciennes victimes font la queue pour se rappeler à mon bon souv'nir avant qu'on n'se revoit bien en face, j'ai la sensation d'une caresse dans l'creux d'la paume. La bête ne pense pas, elle agit ! Instantanément ma main se referme comme un étau ! Sauf que j'continue à tomber... chier, c'était trop beau pour être vrai !
Mon regard se porte alors sur la paire de collants taille XXL pour grand mère à laquelle je m'agrippe. J'en ai chopé un bout, et visiblement l'autre est resté coincé dans un des rebords déchiquetés du wagon. Un vestige des valises explosées sans doute. Sous mon poids le truc s'étire et se tord à vitesse grand V... Jamais il arriv'ra à supporter mes 300 kilos associés à une sacrée vitesse. Si c'est une blague du destin j'la trouve pas jouasse ! Une dernière boutade avant l'dernier voyage qu'il me fait ! Connard !
Sauf que non. J'sens les collants au supplice sous la traction, mais pas l'moindre signe de craqu'ment. Doivent bien faire dans les vingt mètres maint'nant ! Super marque qu'on a là. Du genre bas de contention pour grand-mère snobinarde qui peut s'payer d'la qualité. Du genre qu'elle pourra légué intacte à sa p'tite fille. Dommage que Tahar l'ai balancé par la f''nêtre. En tout cas ma vie ne tient qu'à une poignée d'fil, et j'dois dire qu'à défaut d'confiance j'ai espoir. Et c'est pas l'av'nir qui va m'démentir. Tendu à son max, le textile élastique se décide à reprendre sa forme initiale, quitte à m'entrainer avec lui. Ca donne au final un lance-pierre version élastique de slip ! Yaaaaaaaah ! Comme une flèche j'suis propulsé vers le train !


Blang-Craaaaack !!
Sous l'effet du vent et d'la courbe des rails, la trajectoire a pris des allures hasardeuses, et c'est tout naturell'ment que le haut d'mon crâne percute à pleine vitesse le dessous d'un wagon avec la puissance d'un trait d'baliste ! En plein dans la loco tiens. J'ai dl'a machin'rie plein les cheveux et des copeaux d'plancher dans la bouche. Chienlit d'bordel de m*... Sans compter que malgré la puissance de l'impact, y a que la tête et les épaules qui sont passées. Mes bras ? Bien sag'mment en dessous du plancher qu'ils sont.

Et là, juste devant moi, une paire de botte. Au pirate qu'elles sont, j'reconnais direct l'odeur d'hémoglobine. Pas moyen d'me planter qu'il me dit mon instinct. Et comme j'ai encore des étoiles pleins la tête, la bête prend l'relais sans m'demander mon avis. Du coup j'ai la trogne du mec furax, style babines retroussées et yeux injectés de sang. Ma tronche des mauvais jours. J'réagis donc un court moment après la perforation du sol, à l'instant même où mes yeux s'posent sur leur cible. Moi vois = moi tape. Raaaaah ! Pas d'bras ? Et alors ?! Coup d'boule dans la rotule qui est à portée ! Bam !
Vous connaissez le "coup d'boule ascensionnel" ? Non ? C'est une technique que m'a apprise "Néné la Nabote". Une pouliche d'un bordel de Logue town. Pas plus d'1m02 qu'elle fait. Naine, d'où le surnom. Enfin, personne de p'tite taille qu'on doit dire... conn'rie, c'est une naine. Et quand on sert de pitance à c'qui s'fait d'plus crade comme pirate et qu'on est rach'toque, ben c'est dur de pas s'faire marcher sur les pieds. Faut une sacré force de caractère. Sauf qu'la Néné elle en a à revendre. Ça et un beau répertoire de coups salaces dont elle a partagé certains secrets avec moi. Le "coup d'boule ascensionnel" c'est de elle par exemple. Quand l'mec en face est trop grand, un bon coup d'tête dans l'genou pour l'faire descendre. Un deuxième dans l'aine ou dans l'sternum pour l'aider encore un peu à s'mettre au bon niveau, et on remonte comme ça jusqu'à pouvoir lui éclater l'nez comme il se doit. Simple et efficace.

Bam donc. Rotule contre crâne, l'choc est terrible ! Sauf que l'mec plie pas. L'a vu mon coup partir ? Manque de chance ? Pas idée mais l'fait est là. J'pourrais essayer une deuxième fois, mais j'le sens moyen. Alors aussi sec j'adapte la technique. Mes deux avant-bras toujours sous le wagon perforent le plancher pour venir saisir comme deux étaux les chevilles du Tahar. J'sens les tendons et les os qui crissent sous mes doigts. Agréable. Excitant même ! Ça m'booste encore une peu plus en tout cas. Du coup j'tire un grand coup vers le bas ! J'ai dis qu'tu descendras à mon niveau gary, et j'aime pas qu'on m'fasse mentir. Han ! Le mec traverse à son tour le sol, même si ça bloque un moment au passage des roubigniolles. Pas grave, j'me permets d'insister lourdement ! T'as déjà lancer ta progéniture mec ? Bah, dans tous les cas j'aurais noyé la portée.
Au final ma traction à raison du métal et l'pirate s'retrouve à mon niveau.

- Raaaaah !
Vlan !
Le premier coup d'boule hargneux se lance aussitôt dans la partie. Et déjà plusieurs de ses p'tits copains se pressent pour suivre à un train d'enfer ! Le haut libre de mon torse et ma tête oscillent d'arrière en avant telle la lanière d'un fouet. Quoiqu'en fait, le fouet c'est pas vraiment la bonne image... Un fléau d'arme. Ouais, ça colle déjà plus. Un gros fléau d'arme bien dur et bien teigneux. Qui t'insulte quand il t'beigne en plus !




~~~ Avance. Stop. Avance ! Stop ! Quand l'destin change de main à tout bout d'champ, y en a toujours un qui paye les pots cassés. Dans notre histoire c'est le train qui trinque depuis le début. Un coup on l’arrête... pour juste après lui dire qu'il faut qu'il reparte... A croire que ça fait marrer les omniscients... Sauf que là un cap viens d'être franchi sous la forme d'un homme poisson volant qui en traversant le dessous de la locomotive, vient de dévaster tout le mécanisme hydraulique de freinage. Légère pente, comme toujours, poids de la masse... Le voilà donc reparti avec lenteur sur ses rails. Sauf que là en plus y a deux paires de jambes qui dépassent. Pas de bol, elles sont sur le chemin des traverses de bois qui relient les rails. Inexorablement les épaisses barres de pin se rapprochent des lombaires du pirate qui a la malchance d'être le premier sur leur chemin. Ça ne sera pas forcement rapide, mais ça promet d'être douloureux s'il n'y fait pas gaffe. ~~~



Dernière édition par Toji Arashibourei le Ven 9 Mar 2012 - 12:14, édité 1 fois
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Gneuhu ?!

J’ai dit coriace, j’aurais dû dire tique. C’que j’affronte est pas une poiscaille un peu collante comme celle qu’tu pêches dans un peu tous les océans du globe. Même les rois des mers sont un peu collants au toucher. Mais l’Toji c’est une espèce de ventouse à part. Tant qu’tu lui as pas tranché les deux bras et les deux jambes et la face, c’satané bestial t’lâche pas, s’agrippe et s’accroche, d’toutes la force d’ses griffes racornies par les années passées à taper sur d’pauv’ gusses qu’avaient plus ou moins d’histoire. Mais moi j’en ai une d’histoire. Une grosse. Une qui m’donne des réflexes, une qui m’fait ignorer la peur et l’danger et la mauvais’té des choses d’la vie. Une qui m’permet d’éviter l’coup d’tifs que l’gars poisson cherche à m’filer quand y s’encastre en mode otarie dans l’plancher d’la loco où c’que jsuis. Sans les bras. Mais exit le coup d’tête, donc, c’t’à peine s’il effleure mon futal d’sa frange.

Hein ? Humpf ! Rah ! Hanmfg !

Ca c’est l’bruit d’mon histoire qui m’rendait trop fort et réactif ofzedèd qui s’prend une mandale dans les couilles alors qu’ce connard d’racluré parvient à m’choper par les guiboles à travers l’plancher miteux d’la motrice et m’tire à sa hauteur comme tu défroques une nonne. En deux coups d’poignets bien orientés. Plancher miteux qui au demeurant réussit quand même à bien m’latter les castagnettes, donc, plus efficace qu’un coup dans l’groin ou dans la trachée, plus efficace qu’tous les coups combinés qu’a pu m’porter jusqu’là l’enflure que j’ai en face…

Tu t’es d’jà fait toucher les noix autrement qu’part la main douce et délicate d’une catin, mon mignon ? Ouais ? Tu t’les es déjà fait effleurer par un coup d’genou perdu dans une baston d’ville ? Bon, alors t’as une vague. Et j’dis bien une vague pack’ t’as pas la tête à t’battre avec d’autres gens qu’tes potes qu’ont dû s’excuser et tout. T’as une vague idée c’que ça donne en combat réel. Tu t’souviens d’cette impression d’avoir les entrailles qui s’retournent tellement la douleur fulgure d’là à là ? C’t’impression d’dev’nir tout blanc, qu’la salive t’monte au bec plus vite qu’le foutre dans l’cigare dans les moments agréables d’la vie, et qu’la tête t’tourne pire qu’dans un very bad trip ? Ouais tu t’souviens, hein. Ben multiplie ça par dix ou cent et t’as ma version d’sur l’moment. J’ai perdu un mètre de hauteur en un claqu’ment d’reins d’ce connard, et la surprise combinée à la douleur, ça donne…

Beuargh !

Ca donne que j’lui gerbe dessus pendant qu’y cherche à m’latter la gueule maint’nant qu’elle est à sa hauteur. Les estomacs qui s’retournent, c’était pas une métaphore, gars. C’tait d’la réaction en chaîne, chaîne que t’as tissée toi-même, alors t’en assumes la réalité. Prends-toi ma bile d’pouceux crevard qu’a pas damé aut’chose que du tafia d’puis l’avant-veille, fais-toi bouffer les écailles d’ton visage surlaid par l’acidité des fluides en question, et matraque-moi s’tu veux avec ta caboche une ou deux fois, t’façon jsens nib. Et tu sais pourquoi j’sens rien ? J’sens rien packe, de un, j’ai les cajous qui s’recollent dans l’entr’jambes, packe, de deux, dans un réflexe que jvais qualifier d’salvateur –tu vas voir pourquoi plus tard– j’me suis servi d’mes deux bras pour m’amortir la descente, et packe, de trois, jsuis au final un gars qu’tu pourras démonter autant qu’tu veux, c’était pas un bon choix d’ta part. Ouaich.

Y a des fois tu tombes sur un mec, faut pas l’faire chier pendant qu’y malfait. Ce mec, aujourd’hui, dans c’train, c’est moi.

Et c’sous-hybride de malheur est l’empaffé qui aujourd’hui va servir d’piqûre de rappel à mon public qu’existe pas puisqu’on est tous seuls dans la loco. R’garde bien. Cracher mes entrailles sur ta face d’poulp’ poilu et marron m’les a r’mises en place. Bien sûr j’ai encore une chiée d’messages électriques qui m’bouffent le cortex pour m’dire qu’attention mes gesticules sont en voie d’garage. Merci connard, j’avais vu. Bien sûr ça m’vrille la perception. Mais, de un, tant mieux, de deux, tant mieux. Perception vrillée égale jpeux faire c’que jveux j’sentirai rien. Là en l’occurrence, jpeux m’servir d’mon épaule gauche qui s’est r’mise dans l’bon sens suite à ma descente forcée, c’est c’que jte laissais entendre juste plus haut. Et avec deux épaules en à peu près ordre de marche, jpeux t’dire que tu peux m’noyer sous un torrent d’coups d’bouteille, j’me lass’rai après toi.

Plutôt qu’de m’protéger la face avec les palmes et m’les faire broyer par cette enclume de Commodore, j’les lève au ciel dans un mouv’ment qu’annonce sans l’annoncer qu’jvais faire l’saut d’l’ange. J’le fais pas vraiment, ça tombe bien. Mais, et après coup jme dis qu’c’est une putain d’bonne idée pack’ juste à c’moment où j’m’éclipse j’frôle une traverse d’chemin d’fer qu’m’aurait volontiers pété une vertèbre ou deux si j’lui en avais laissé l’temps en restant comme j’étais, mais, donc, j’en fais une esquisse. D’saut d’l’ange. En fait, jme laisse finir d’couler à travers l’plancher en m’dandidant comme une pucelle. Ouais. C’est une technique qui marche, et quand ça marche on s’en fout d’ce dont on a l’air. Loi numéro un d’la survie petit, viens pas m’donner des l’çons là-d’ssus.

Et j’me r’trouve sous la loco. Sous l’plancher. Accroché à quoi ? A la seule chose qu’jpeux accrocher si jveux pas faire l’saut complet, gros. L’Toji. La ch’ville du Toji pour être exact. ’croché des deux paluches ouais. Dont une qu’est plus fraîche mais j’t’ai dit qu’jpouvais la maltraiter encore plus que j’sentirais rien. J’ai d’la suie dans l’sang, j’me suis fait noyer l’système nerveux aux électrochocs, jpourrais m’bouffer l’bras au coude avec les dents que j’sentirais rien. Alors j’le fais. J’la maltraite. Mon épaule. Et sa ch’ville. A l’autre con. Jtourne d’un mouv’ment sec d’balancier. Cent-soixante livres d’chairs et d’os qui t’tournent l’articulation copain, t’en dis quoi ? Gueule plus fort si tu gueules, j’ois rien pack’ jsuis en mode frenzy et pack’ jvois pas ta face, elle est en train d’rentrer dans la traverse qu’j’ai skippée. Jvois qu’la tache d’sang qu’s’est arrêtée d’couler sous ton aisselle. Qu’a séché. C’est pas bon, ça, pas bon du tout. Faut rétablir la circulation, hein ? Pas vrai ? A mon tour d’jouer les teignes, les tiques, les trucs qui collent et qui t’bouffent jusqu’à la moelle.

Jregrimpe sur la jambe du père poisson. S’coue mon pote, s’coue donc, t’arriv’ras pas à m’virer. Moi aussi j’ai des ongles, moi aussi j’ai des griffes. T’en veux la preuve ? Tiens ! Mange-les toi dans tes flancs huileux. Et un, et deux, et c’t’avec trois coups d’pogne droite qu’j’ai l’temps d’lui piler l’latéral blessé. Mange, et mange encore, rah. Tu t’es mis en mode furax ? T’voulais m’voir en mode furax ? Ca y est, on y est, héhé. Et jvais pour faire encore plus des saloperies avec mon surin ou avec Pully, mais l’temps qu’jchoisisse ent’ les deux la situation est d’venue trop instable. J’ai plus qu’la ch’mise caillée du brachiosaure pour m’ret’nir, et mes cent-soixante livres d’chairs et d’os commencent à faire trop pour elle. Ca lâche fil par fil, c’pas un bas d’contention indéchirable c’truc. J’lâche. Pas l’fil, l’affaire. J’lâche et j’vais d’un saut périlleux –pas périlleux comme la figure officielle mais périlleux pack’ au-d’ssus d’cinq cents pieds d’rien, si t’as suivi– m’accrocher à la traverse la plus proche. Pas celle qu’j’ai manquée d’peu, pas celle qu’y doit s’être mangée qu’c’tait la même… Une qu’est plus tôt sur la ligne, dans l’sens où on était.

KYAaaargh

J’ai soufflé un peu pendant qu’l’reste du train s’ébranlait au-d’ssus d’ma trombine en lambeaux alors qu’jvois plus les jambes du poto là où elles étaient, pis d’un coup d’rein qui m’a fait hurler ma mère comme jamais encore j’l’avais hurlée jme suis rétablis sur la voie vide de tout. Ou presque. D’vant moi la rame continue sa route sans qu’jvois à nouveau trace du sale marin d’sa race. Continue et continue. La pente s’raidit encore et alors qu’j’ai l’mauvais réflexe de chercher à m’masser les gesticules pour voir si ça fait plus ou moins –essaie pas si ça t’arrive : ça fait plus– mal qu’avant, jvois la rame qui s’arrête d’un coup pis qui s’gondole au loin. Jsais pas si c’est l’taureau des mers qui à force de latter d’la traverse en pin sans réussir à s’dégager a niqué la stabilité d’la voie, ou s’il a pu s’tirer mais pas empêcher l’nez proéminent d’la loco d’pas aimer l’bas d’c’te pente. Mais, d’hab, quand y z’ont des freins, les machinistes doivent la prendre au ralenti, ladite pente. Et là manifestement on était sur un des cinq pourcents d’trains destinés à entrer dans les pertes et profits. Plutôt les pertes.

Pas l’temps d’mater l’reste du spectacle ou d’rester aux aguets pour guetter un éventuel retour de flamme de c’t’increvure finie. Jme mets à courir, avec peine pack’ les endorphines font la gueule aussi. Donc lent’ment. A courir vers l’arrière.

Les rails aussi s’gondolent.


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Tin' que j'aime sa sale gueule qui s'plie sous la douleur ! J'pourrais presque lui gober les yeux s'ils sortaient ne serait-ce qu'un peu plus. Joie malsaine. Sadisme en pleine transcendance. J'ai en gros plan l'visage de la souffrance, et j'peux dire que dans l'immédiat y a rien qui m'fait plus plaisir. La bête s'en régale, elle en raffole même. Alors tout en me r'lancant en arrière pour un énième coup d'boule, j'ai les globuleux grands ouverts pour profiter à fond du spectacle, et les ratiches qui s'exhibent en un grand sourire pour en jouir elles aussi. J'relance la tête, attention à l'effet d'masse mon gars !

- Beuargh !

Boaeuuuurk ! D'la bile plein les carreaux qu'j'ai ! Le con m'a gerbé d'ssus ! Raaaah ça brûle bordel d'chienlit de foutre roux ! Coupé en pleine action, j'me stoppe net pour bien réaliser c'qui m'arrive : Ce con m'a vraiment dégobillé sur la tronche ?! Tin' mais quel enflure ! Méthode de pirate ça ! Et pirate scato en plus ! La lie d'la lie ! Et j'peux même pas m'essuyer les sucs qui m'irritent les rétines faute de mains dispo'. Raaaaah ! La p'tite étincelle fraiche de joie s'éteint aussi sec, laissant place de nouveau à la haine et à la douleur. Il m'a gerbé d'ssus ! Ça va s'payer dans l'sang et la tripaaaaaaille ! Raaaaaaaah !!

Mais pas l'temps. Chier ! Où qu'il est l'asticot ? J'mire pas bezef' mais l'est plus là. L'a glissé comme une anguille l'Tahar. Qui l’eut cru, il était là puis d'un coup, pfiiiut.. . A pu'. Et sans toucher les bords m'sieurs-dames, attention ! A croire que l'plus gros chez lui s'était les couilles. Mais pas l'temps dm'émerveiller, j'sens un passager clandestin qui s'fixe à ma botte avec plus de ténacité qu'une merde de clebs bien fraiche. J'secoue, histoire d'lui éclater l'dos sur le d'ssous des rails, mais ça n'y f'ra keud'. Pire qu'une arapède initiée par les témoins d'Avogé ! Et hacht' de plus lourd aussi. Ça s'tortille et ça torsade. 'Culé ! Si tu crois qu'j'vais m'dévisser comme un meuble en kit, tu t'fous ton sabre dans l'oeil mon gars ! Des ch'villes comme des poteaux, à même de supporter les contraintes de mes quintaux en plein effort, ça forge des tendons et des ligaments en acier trempés. J'pourrais amarrer des cuirassés avec des ligaments comme ça. Alors un asticot d'zomme...
Sauf que pour un humain il s'démmerde. J'sens qu'ça fait la gueule là aussi. Enfin... je sens... c'est vite dit. J'déduis plutôt. Voir j'devine en fait. J'entends qu'une seule voie, celle de la vengeance là. Pour le reste la maison fait crédit, repassez dans une heure. J'fais donc abstraction de l'ardoise qui s'remplit à toute blinde, et j'me concentre sur la riposte. Un Tsunami fist à bout portant dans les dents avec ma cheville libre, ça t'plairait ? J'en doute. Surtout avec le plongeon qu'ça t'promet. Adieu Connard, on s'reverra en enfer. Y a des fois tu tombes sur un mec, faut pas l’faire chier pendant qu’y vancancise. Ce mec, aujourd’hui, dans c’train, c’était moi.
Tsunami F*...

Keuuuh ! Pas l'temps d'finir, j'sens un truc lourd et bien dur qui m'comprime le bide avec la force et le poids d'un train tout entier. Aaaargl... deux fois qu'on m'fait l'coup d'me couper en pleine technique, j'commence à tiquer méchant. En plus, là j'me contente pas d'une estafilade un peu profonde et d'une arcade en moins. Non non... Lentement mais sur'ment le train s'fait un plaisir de s'venger à son tour en m'broyant les viscères et les côtes les plus basses, quitte à prendre son temps. Le train ralentit ainsi sous l'effet de la résistance de mon corps, mais sans pour autant s'arrêter. Aaaarh... Pas moyen ! J'comprime les abdo à fond. En béton qu'ils sont. Pour dire : on m'a avoiné avec des battes en fer à l'entrain'ment, et c'est elles qui ont eu mal en première. On pourra toujours critiquer les exercices d'la marine, mais ça a son utilité. A force de marathons quotidiens et de séries de 6000 abdo tous les matins, vous finissez par devenir un vrai dur. Pas un qui s'y croit juste. Un qui l'impose au monde. Par exemple, les traces d'ongles que notre chev'lu du dimanche s'acharne à m'faire dans la plaie. Ben entre mes contractions, ma folie et la douleur d'la poutre, j'vous dis pas à quel point ça m'passe au-d'ssus. Ou au d'ssous... Genre c'est avec ses p'tits doigts crochus qu'il va m'obliger à m'rendre. Presque marrants ces humains. Les axes ferroviaires par contre, moins.
Alors quand vous avez tout le poids d'un train qui pousse, ça pose du challenge. J'ai du sang qui m'remonte au nez, les muscles qui sont sur l'point d'rompre dans un geyser d'sang, et les fibres neuronales qui s'mettent en grève sous le poids du travail. Marre de trop bosser qu'elles disent, surtout si c'est pour qu'le cortex les envoie chier. Il a raison l'cortex, on les emmerde dans l'immédiat. S'ra toujours temps de s'excuser avec des fleurs le lend'main.

Crack... Ça c'est l'bruit d'une coté qui saute. Vous croyez qu'ca allait être la poutre ? Ben non, pas tout d'suite. Crack ! Non plus. Ça c'était une deuxième côte. Keuf... ça c'est moi. CRAAAAck ! Voilà ! Ça c'est cette putain d'barre de soutain'ment qui déclare forfait !

Aahahah* Humph ! Salopr*... la suivante prend le relais, le train ayant repris son avancé tandis que j'avais juste le temps d'reprendre ma respiration. Belote et rebelote ! Sans les côtes qui cassent cette fois par contre. J'ai la sangle abdo qui est prête a recevoir le choc, alors j'le vis un peu mieux. Re-CRaaaack ! Puis une troisième ! Raaah, j'commence à les enchainer d'plus en plus vite, vu qu'elles m'résistent de moins en moins sous l'effet du train qui prend d'la vitesse, faute de résistance à m'opposer. Un cercle vicelard quoi. Crack ! Humph. Crack ! Humph.. Crack !
C'est maintenant une pluie de copeaux de bois qui jaillit de chaque côtés d'la loco, vite suivis par des étincelles tandis qu'on amorce une descente qui va s'avérer finale. Et comme les meilleurs choses on une fin, j'me lasse vite de c'jeu à la con et j'profite d'un instant d'répis pour projeter mes deux genoux vers le haut, crevant l'sol afin de m'permettre d'me hisser à l'abris par une simple roulade arrière. Humph Crack ! Crack ! Bon ok, encore quelques unes pour la route. Crack ! Voilà merci. Keuf keuf... Indigeste le pin, je l'saurai.




Mais à peine j'suis peinard affalé sur le dos pour reprendre mes esprits et r'lacher mon ventre saturé d'douleur, que l'part-buffle de la loco se plante dans les rails et culbute tout son p'tit monte derrière. Le train s'écrase sur lui-même tandis que les rails explosent à moitié. Les wagons sautent ! Retombent miraculeusement de trois-quarts sur les rails, dans un concert de hurlements et de bois qui s'fend ! Perso, j'me r'trouve dehors, où plutôt sur le toit à peine stabilisé du bazard. Comment ? J'sais pas. J'ai pas réfléchis et j'crois qu' j'ai bien fais. Si jm'arrête deux s'condes pour introspecter, j'crois que j'vais plus me rel'ver. Alors du coup, jm'économise pas et j'fais fonctionner la pompe à adrénaline comme jamais. J'avais la haine, et elle est pas r'tombé. Au contraire. Du Tahar, nulle trace. Pas en bas, j'imagine même pas qu'ça puisse s'finir comme ça. Les accidents j'aime pas, sauf si c'est moi qui ai saboté les freins d'la calèche. De mes mains qu'il crèvera l'enflure ! Et il crèv'ra ! Mes pt'tits yeux haineux scrutent donc les alentours à toute vitesse, à la recherche de leur cible. Les grincements inquiétant du train en équilibre ? Même pas j'les entends. Focalisé sur ma vindicte que j'suis.

Puis j'le vois... loin. De l'autre côté du train. Justement en train d'se faire la belle ! Comme une tant' qu'il s'sauve loin d'mon courroux ! Sauf que faute de traverse pour les maintenir ensembles, les deux rails suspendus décident à l'unisson du divorce, s'écartant de plus en plus. Sa s'gondole entre le pirate et moi puis c'est carrément la séparation pure et simple. Tout fout l'camp et j'me retrouve séparé d'ma proie ! Raaaaah ! J'ai horreur de ça ! J'essuie la bile que j'ai dans les yeux, puis j'cherche, je zieute, mais pas moyen d'faire le grand saut pour l'rejoindre ! Foutre roux et Putes borgnes ! Mes mains se spasment en rythme sous l'effets d'la colère... mon cou se gonfle à en exploser... j'ai mes plaies qui sanguinolent de partout et mes hématomes qui s'réveillent. Raaaah ! Et moi j'suis là comme un con. Impuissant. Impuissant ? Impuissant ?!Raaaaaaah !!


D'un bond je saute du train pour atterrir sur la partie des rails encore stable. Sauf que par mon impulsion l'jeu des contre-poids est chamboulé, et l'train commence alors à glisser lent'ment vers le néant. Ça hurle. On crie mon grade. On implore à l'aide... Et mes mains jaillissent pour saisir un wagon et le bloquer vers moi. On m'remercie ! On m'acclame ! Puis d'une simple poigne je désarticule les attaches du-dit wagon comme on plierait du carton mouillé. Le métal cède presque immédiatement, aussitôt suivie par la chute de tout le train qui se précipite dans le vide, emportant tous ses passagers incrédules. Quand j'vous disais que j'les entendais même pas... J'vois que l'Tahar là. Y a moi, lui, puis rien d'autre. Enfin si... Reste le wagon que j'ai sauvé dl'a chute, quitte à sacrifier tous les autres. Ses passagers se sentent privilégiés un moment. Erreur.

- Hourrrrriah !

Emplis de haine et de fureur, je bande mes muscles au maximum tandis que j'arme de mes deux mains le wagon sur mon épaule, avant de l'lancer de toutes mes forces en direction du pirate ! Dix tonnes de métal et d'humains terrifiés engagent alors une jolie courbe... La masse de fer et d'métal plonge ensuite avec une certaine lenteur en direction du pirate, avant de l'dépasser de vingt bons mètres. Tin' j'fais des miracle quand j'suis un minimum motivé. J'souris. Mettez jamais un homme-poisson en colère les gars, jamais. Hur hur hur...

Craaaaaack ! Bling blang !
Arraché par l'imposant projectile, le pilier de soutènement des rails précédant la fuite du Tahar éclate dans une pluie de moellons de pierre, avant d'être emporté à son tour vers le vide. Aussi sec les rails suivent ! Et c'est donc avec une vitesse affolante qu'ils se gondolent tels deux serpents décapités avant d'être emportés docilement avec lui dans sa chute. Et de l'autre côté du pirate ça continue de s'faire la malle aussi, le bloc que faisait le train en moins il ne reste plus rien pour empêcher le couple de rails de séparer leurs biens. Piégé petit pirate, piégé. Ça fais de bien d'sentir sa vengeance arriver.Niark niark niark...


Crrrrrr...Hum ?!
Oh chienlit... Tout à jouir du spectacle de destruction que j'organise, j'ai pas bien réalisé que d'mon côté aussi ça chie grave. Pas autant qu'du côté rougeaud, mais pas bézef moins. Logique, si ça s'sépare de son côté, ça s'répercute forcement aussi du miens. Par tous les enfers d'Impel down... Même si pour ma part j'ai au moins une voie d'sortie, c'est pas dit que j'cavale assez vite pour en profiter plein'ment. Ça sent pas bon c'te merdier. Pas bon du tout...

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PutaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNN

Tu m’as jamais entendu beugler autant, aussi loin, aussi longtemps, hein ? Jamais jamais. C’normal, j’ai jamais vécu un truc pareil. M’faire piler les figues, okay. Jamais bien kiffé mais okay. Courir comme un connard pour échapper à un clamsage assuré par transformation en crêpe démembrée sur la surface plus très lisse d’un océan situé un d’mi-millier d’pieds en d’ssous, à la rigueur. Rar’ment mais à la rigueur. Mais les deux en même temps… Nan, j’ai beau cherché, là, pendant qu’jsuis en l’air, mais j’ai aucun souv’nir d’avoir jamais ’xpérimenté les deux en même temps. La chance est une pute, et aujourd’hui c’est pas l’amour fou ent’ elle et moi. J’souffre d’en bas là où tu sais, j’souffre d’en haut avec ma tronche burinée par les écailles de cette salope de Toji qu’est d’l’autre côté, jsouffre d’mes éclanches qu’ont décidé qu’c’tait l’moment pour dire merde aux endorphines. Bref, jsouffre.

Ouais, t’as bien lu, jsuis d’nouveau en l’air. Jsuis en l’air ent’ les deux côtés d’la voie pendant qu’tout s’casse la gueule partout. Les rails. Les traverses. Les moellons. Tout l’putain d’ensemble. Et moi pas loin du milieu trois-quarts droit. Pas vraiment secure, de fait, tout juste. Ca tangue, ça balance, ça sautille. T’as d’jà transformé deux lieues d’rails d’acier en un serpent qui s’barre en nawak ? Non ? Bah tu d’vrais, c’est fun. Ca a un effet d’ressort assez impressionnant, faudrait proposer ça pour un parc d’attraction d’Suna, jsuis sûr ça f’rait un carton. Bref. J’me r’trouve éjecté au septième ciel par une contraction-décontraction un peu plus musclée qu’les autres du fil d’métal chauffé à blanc par la déformation et l’freinage de la loco qui vient d’se rétamer dans la baille.

L’septième ciel, ça jconnais.

Seul’ment d’hab c’est ’ach’ment plus marrant. Genre plus éthéré, quoi. Là en plus avec la douleur ça rend un effet bœuf que jsuis pas sûr d’vraiment apprécier. Yup, peux pas dire qu’jprends mon pied, là.

J’retombe.

La chute libre, y pas à dire, c’est putain d’violent. Et, surtout, jsuis encore au-d’ssus d’la zone troublée. Celle où y a presqu’ plus qu’du néant pour m’accueillir. Pas b’soin d’être devin pour voir qu’si jfais pas un truc viteuf, jvais faire plouf. Enfin avec les grumeaux d’train dans la flotte, plouf, c’pas garanti. Ca va faire crac. Jfais l’seul truc que jsais faire dans les situations d’urgence. En bon héros, jmeurs pas, jrecharge. Jressaute. Bon, jme baise un poil la ch’ville gauche en tombant pied d’vant sur un rail, mais au moins jpeux y prendre appui et en bon gymnaste, jrepars en haut. Pas en bas. Et ça c’est cool.

Dzoing, dzoing, j’joue au kang’ourou. C’est marrant un temps, mais vite fait ça m’soule. Ca tombe bien, ça coïncide avec l’moment où jme viande une dernière fois. Viander, c’est l’mot. J’m’étale d’tout mon long sur un bout d’voie qui tient encore. Et jfreine des quat’ ratiches, ça fait un barouf qu’j’aime pas, genre craie sur tableau noire, t’vois. J’y laisse pas une once d’ivoire mais pas mal d’gencive et d’longs morceaux d’ma peau douce d’gars sensible. Et j’galère à m’rel’ver. Mais j’y arrive, suis fort à c’point. Jregarde alentour. Y a ptet trois encablures d’vide derrière moi. J’ai l’œil mauvais mais plus des masses d’jus. Jsouffle. Un, deux. Voilà, j’ai r’trouvé l’mojo. Héhé.

Au loin d’vant jvois la silhouette du poisson-chat qui m’file ent’ les pattes sans qu’jpuisse le finir. Ca a pas l’air d’tout r’pos d’son côté aussi mais jsens qu’y va s’en tirer. Ca tombe bien. Pas moyen qu’ça s’finisse autr’ment qu’en r’vanche, cette rencontre. Tahar Tahgel vs Toji Arashibourei. Toji Arashibourei vs Tahar Tahgel. Pas l’choix, mon mignon, faudra s’organiser ça. Tu m’entends ? Jsais pas s’y m’entend. Jsais pas si j’ai gueulé. J’ai la gueule en friche et l’rouquin qui m’sort avé la bave. On l’sent pas trop là pack’ l’adré m’chute rapid’ dans l’système, mais jsuis pas top jouasse. La faute à c’qu’on a pas bien pu finir. Manquait quelqu’ plats à la dégustation.

J’ai l’sabre qui m’démange dans sa gaine, mais c’bien l’seul qu’a toujours la foi. J’aime pas les lattes à distance, on s’emmerde toujours un peu, les esquives sont plus faciles, blah blah. Y a qu’à voir c’wagon qu’l’autre couillon m’a envoyé. Jregarde un coup en bas, impossible d’voir si y a du miraculé. Jregarde un coup en haut. Impossible d’voir si y a du volontaire là-bas. Jpourrais lui balancer Pully pour la forme. Mais j’la récupér’rais pas. Alors jfais pas. Et jtourne encore les talons. Les mouettes qui viennent charcuter les corps beugl’ la fin du match, c’est signe qu’faut que jme tire.

A la prochaine Commodore.

Jcrache. Pas b’soin d’m’époumonner. Pas envie. Et jpense. A la prochaine.


A la nuit, jsuis à l’arrêt d’train. La gare. J’en ai pas croisé d’autre sur l’trajet. D’trains. La guigne, même pas pu m’refaire une santé en blé. Putain d’journée d’merde. On m’laisse approcher, j’ai la dégaine qu’on contrarie pas. Les esgourdes bien ouvertes, j’capte c’qu’y s’dit en sous-main en passant. Ca cause d’rame manquante et d’choses pas nettes. D’mon blase. Ca m’fait sourire, on r’met ma trogne. Sourire crispé, j’ai l’mâcheur dolent. J’alpague un des zigues sur la route.

Hep toi. T’barre pas, jvais pas t’buter. Des news du Commodore Arashibourei ?
L-Le Commodore Arashibourei ? A-Ah, oui, il était à bord c’est vrai ! I-Il est vivant ?
Un peu qu’il est vivant, tu crois qu’j’l’ai foutu en l’air tout seul, l’train ? ’tain, cette raclure assume pas en plus, hein…

Mais on s’cache en plus ? Tu cries pas tes exploits sur les toits Commodore ? Jte croyais pas timide pourtant. Hinhin.


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Humph... humph... humph...
J’ai le souffle court et les guibolles qui s’activent en cadence. C’est bien beau mes p’tites envies d’vengeances, mais va falloir que j’apprenne à calmer l’jeux par moment. Sinon forcement y’aura un jour où j’vais finir par l’regretter. Enfin bon... j’dis un jour... mais ça pourrait bien être aujourd’hui.

Humph humph humph...
Bordel ! J’confirme j’suis con. Avant ça m’sautait pas aux yeux, rapport au voile rouge d’la vengeance qui m’couvrait les globes ; mais là tout d’suite c’est plus clair. A première vue, jeter un wagon sur un mec, c’est du genre défoulant. Si en plus vous mettez toute votre hargne dans l’geste, ça a tendance en général à vous mettre un bon coup d’froid après coup. Notamment par la destruction totale du train, de ses occupant et d’un bonne partie de la voie par votre faute. Jusqu’à là c’est presque une bonne chose. J’étais furax, je l’suis moins. Pas idée si l’Tahar de mes trois est raide, mais au fond d’moi j’sens qu’non... Au moins j’aurais pu le faire chier jusqu’au bout comme il m’a fait chier. Chier du sang probablement.
Sauf que maintenant que j’vois plus clair et que j’ai l’ordre des priorité qui est redev’nu cohérent, j’me rends compte de deux trucs. De un j’ai pas les burnes sorties des ronces pour autant. De deux... Tin’ qu’j’ai mal non d’une bite d’amarrage en mousse ! Et j’vous dis pas comme le cumul des deux daube du cul !

Humph Humph Humph !
Essayez d’courir avec deux côtes pétées, en plus d’avoir mangé des gnons et des poutres par packs de douze. On a beau encaisser comme une porte blindée, y a un moment où on s’use. Border line qu’il m’a donc mit l’sanglant. J’ai beau cavaler comme un dingue, j’ai mes abdos qui hurlent de toutes leurs fibres et mes poumons qui s’mettent en grèvent. Sans compter mes foutus cartilages costaux qui s’effritent à chaque pas. V’voyez l’tableau ? Moi je l’vis. Du coup je peine comme jamais à tracer ma route avant que l’vide ne m’appelle, ce qui semble être au goût des rails qui s’font la malle et qui voudraient m’emporter en souv’nir avec eux. Saloperies d’rails ! Jamais pu’ les blairer ceux-là. Alors j’crache du sang à chaque expiration que j’force au max, tout juste suffisant pour m’obliger à inspirer ensuite malgré la douleur qui me vrille les viscères. Et cette foutue cheville qui me rappelle à l’ordre... Capable d’amarrer un cuirassés j’avais dit... Mon cul ouais ! J’aurais dû garder ma niak intacte pute borgne ! Sans elle j’vais pas tenir la route longtemps ! Et ces foutus serpents métalliques qui chutent juste derrière moi. Ça s’rapproche. Han ! Il faut que j’accélère ! Bouges toi Toji ! Han !

Humph Humph Humph !
Raaaah... Mes appuis cèdent soudain’ment lorsque la voie ferrée s’affaisse sous mes pas, m’emportant avec elle dans sa jolie chute ! Vu l’bruit qu’ses copines ont faites en s’écrasant un peu plus tôt, j’me donne pas une chance à l’atterrissage. Le plus dur c’est pas la chute qu’on dit... ouais ben j’balancerai bien le mec qui a pondu cette conn’rie du haut d’une falaise pour qu’il m’donne un deuxième avis ! J’ai les globes qui sortent des yeux, mes mains qui se tendent... et dix doigts crochus et tous rageusement accrochés à la vie qui se plantent dans l’métal d’un des rails ! J’m’agrippe à c’que j’peux, même si dans c’cas là ça tombe aussi. Sauf que du coup me v’là entraîné dans une jolie courbe, dictée par les lois du balancier. Une jolie liane digne des plus beaux escargo-films d’aventure. Un instant, tandis que tout mon poids tire sur mes épaules qui s’accrochent à c’bout d’métal, j’refreine une furieuse envie de lancer un cri... du genre barrissement d’éléphant... mais à l’envers ch’ais pas si vous voyez. Puis j’me dis qu’j’aurais l’air d’un gland, et qu’dans la mort j’voudrais pas donner cette image là au monde. Si j’dois crever ça s’ra en serrant des dents. Sauf qu’au fond d’moi j’commence en plus à croire que j’suis sauvé... ma courbe remonte... j’m’en tire pas si m*...

SBLAF !

Aaaaargl.... j’ai douillé. Quel est le con qui a mit un pylône juste là ? Connard... Version carpette, j’ai imprégné chaque aspérité d’la pierre avec mon corps, genre chewing gum qu’on aurait bien étalé sur du crépis. Sauf qu’un chewing gum de plus de 3 quintaux, forcement ça aspire à voir plus bas s’il peut y être... Je glisse alors avec un sale bruit de vitre humide...
Non ! Pas moyen ! J’sens que l’autre rougeaud foule encore l’monde des vivants, et c’est juste impossible de n’pas m’donner les moyens de réparer cette erreur de scénar’ à la première occaz’. Lui vivant, moi condamné ?! Impossible !

J’remonte donc en plantant dents ongles et jurons dans la roche, escaladant péniblement le pylône qui a survécu à la confrontation. Solide, le truc a stoppé net la cavalcade des rails... Les pylône ont regagné un point dans mon estime... j’arrêt’rai d’les maltraiter, promis. Han ! C’est donc après quelques minutes aussi longues que pénibles que j’me hisse de nouveau sur un appui ferme, avant de reprendre mon souffle et de cracher une molaire supplémentaire. Chier... En tout cas Mister Tagel ne l’emportera pas au paradis... J’additionne le tout sur son ardoise, en n’oubliant pas d’y rajouter officiellement la destruction du train et des rails. Salauds d’pirates. Mais juré, au nom d’la justice, d’la paix dans l’monde et surtout d’une vengeance aussi sanglante que personnelle : la prochaine fois que j’retombe dessus j’finis d’lui faire ça fête. En attendant, j’vais marcher et j’ruminer ma non-victoire.


- On s’retrouv’ra l’chev’lu.
que j’grogne entre mes dents.

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