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The Return of the Okama

La foule se fait monstre. Le grand échafaud monté, les centaines de visio-escargots-phone, ainsi que ceux de la famille des micro. La grande renommée. La grande classe. D'abord un discours par un marine un peu trop pointilleux. Il se range rapidement selon son rang de cornichon, de détritu sans cervelle, avec quelques-uns pas plus fins que lui. Je m'avance. Je roule. Miss Rose est là, à mes côtés. Son regard occulté par ses verres fumés reflètent parfaitement ma gloire. Ils sont là pour moi.



La Gazette a écrit:
Édition du 30 décembre 1623
Marine Ford, base déchue de la Marine
Présentation des nouveaux Prototypes
Par Jo-Jones Jonathan Jack, envoyé spécial


Il fait froid en ce matin pluvieux. Marine Ford, autrefois l'une des principales grandes bases de la Marine, accueille en ce jour spécial des milliers de marins, de reporters mais aussi de civils. Il y a longtemps qu'elle n'a pas autant été agitée par une telle cohue. Mais l'annonce est prenante, mordante. On y croit. Et on veut y assister.
J'ai beau essayer de me lever sur la pointe de mes orteils, de sauter ou encore de monter sur mes valises, je ne vois rien de plus qu'une mer de têtes, principalement tachée d'innombrables casquettes blanches. Les rares cheveux font bande à part, telle un banc de sardines. C'est magnifique à voir. L'agitation est soudaine mais historique. Rarement vu autant de gens espérer en chuchotant, rire nerveusement. On est transporté. Et on attend tous un homme, un seul. À la renommé impressionnante. Sengoku.

Le discours commence enfin, mais les gens chipotent et tanguent d'un pied à l'autre. Les mots de bienvenue sont gobés, complètement massacrés par les souffles rauques de mes voisins. « On s'en fiche ! », dit un homme à mes côtés. « Laissez nous voir Vegapunk », scande un second. Les mots sont repris par plusieurs autres, et la montée est impressionnante. Le Marine se replit, intimidé. Sa voix ne porte plus. Tous se taisent.
Le parcours de Sengoku Jr fut l'un des plus controversés. La rumeur raconte qu'il aurait, après une importante mission, échoué sur l'île des Travestis et s'y serait converti, à cette religion des changements de sexe. Bel homme dit-on, mais plus toute sa tête, disent d'autres. Pourtant, je suis persuadé que pour être l'élite des savants, il ne faut pas être fou. Sengoku n'était cependant pas prédestiné à être renommé sous le glorieux titre de Vegapunk. Petit fils de feu le grandissime Sengoku le Boudha, on avait beaucoup d'attentes à son égard. Amiral en chef que l'on visait pour le garçon. Mais après un vulgaire accident — qui fit la manchette de plusieurs journaux mondiaux — ses jambes détruites, broyées, brûlées — qu'ils racontent — n'étaient plus en état pour le servir dans sa montée vers la chefferie.
Sengoku Jr, contrairement à son prédécesseur, n'a jamais eu peur des apparitions en public. Et il nous en fait encore hommage.


Ils disent : c'est pas prudent, Sengoku, ils te voient et tu es à porté de tires. Je réplique : « Qui t'as donné le droit de me nommer par mon nom, Cornichon ? Pour toi, ce sera Dr Vegapunk ! Sinon, je te tors dans mon compresseur à cornichons, Cornichon ! C'clair ?! » Et ils jappent : très clair, monsieur, nous recommencerons plus.
Ah ! ces vermines de sous-officiers supposés me protéger. Une petite médaille et ils se croient bien supérieurs aux illustres mentions que nous sommes, nous, la vraie Élite ! Qui sont-ils, sérieusement, outre que de vulgaires déchets de l'intelligence primate des premières esquisses de l'homme ? L'évolution encéphalique n'a rien donné sur ces binômes du genre humain version 1.2345. De vulgaires crottes chimiques intra-parois, pas mieux que les difformités de la peau du cornichon... Et encore, les petites bosses du légume sont bonnes sous la dent, pas eux ! Bande de poltrons ionisés.
Je relève lentement la tête, une moue de fatigue teintant mes traits. Mon maquillage a coulé, ma barbe est quelque peu mauve. Je m'ennuie, ici, à Marine Ford. Rien à voir avec mon labo, ce qu'ils m'offrent pour patienter. Pas mieux qu'une cage à rats expérimentaux. Et il fait chaud, bon Dieu ! Je préfère de loin le paradis froid de Bulgemore, ce vestige de la bio-mécanique de mon cher et aimé prédécesseur. Nombre de ses armes sont perdus, et nombreuses sont inconcevables, même par moi, l'Ultime génie de mon ère.
Petit pouce vers le bas. Dislike.

Au moins, elle est là. Ma foule. Je souris en les voyant. Ils sont nombreux. Plus que je ne l'aurais cru. Miss Rose pousse encore mon fauteuil jusqu'au micro-escargot. Je sors le mien portatif. Pas question de toucher à ce truc immonde ! Les géants haut-parleurs grincent, claquent. La connexion est mauvaise... MWOUAHAHAHAHA ! Ils sont fait comme des rats, leur tympans vont éclater !
Heureusement, j'ai mes petits bouchons. V™ déposé.

« ALORS MES AGNEAUX ? Prêts pour la fête de votre vie ? On va danser, Cornichons ! On va danser nos vies ! MWOUAHAHAHAHA !! »

J'ouvre grand les bras. Un Maestro ne ferait pas mieux. Et les canons rotatifs entourant la place se tournent vers eux. J'éclate de rire, renverse la tête. Un sous-officier s'énerve, il s'approche. « Mais vous avez perdu la tête, Vegapunk ? »
Miss Rose bloque son chemin, les bras en croix. Le baril qu'elle porte sur son dos s'illumine de quelques couleurs, puis le côté droit s'ouvre en un petit échappement de fumée. Un canon en glisse et se pointe vers le sous-officier. « Mais Docteur ? Nous... Que... Que faîtes-vous ? »
Les énormes canons rotatifs ajustent leur angle de tir vers la foule, et la panique prend. D'abord un murmure. Puis un vent de contestations. Et finalement des cris ! Les nombreuses casquettes n'arrivent même pas à se contenir eux-mêmes. Un Marine sur l'échafaud à mes côtés se lève à son tour, portant la main sur son sabre. Je tourne l'oeil vers lui. Un regard de fou.
Lentement, je porte mon escargot-microphone à mes lèvres. Je chuchote doucement, telle une mélodie : « v-e-g-a-p-u-n-k... what did i say ? »

Je me tourne vers mon public !

« VEGAPUNK ! YAH, THAT'S RIGHT BABY ! »


Les canons tirent, sauf celui de Miss Rose. Ça pètent de partout, le bruit est assourdissant ! YIHAA !
C'est la fin...

Des confettis !!!


Un important nuage rose tombe sur la populace, au même moment que des projecteurs illuminent l'estrade. Des têtes larmoyantes se tournent, surprises. Qu'est-ce que ?
Puis toutes les lumières se braquent sur lui. Sa silhouette. Celle du génie. Mais que dis-je ? La mienne !
Le silence est tombé. Le temps passe. Un, deux, trois... Ils me fixent et je les fixe.
Mes lèvres s'étirent d'un sourire.
Je ris ?

« WELCOME TO THE BIGGEST SHOW EVER ! Ce qui suivra aura pour but de vous informez sur les prochaines avancées technologiques que tiendront nos scientifiques ! LA MARINE VAINCRA ! »

Ils prennent un moment pour réagir. Puis des rires. Puis des acclamations. Puis l'extase.

« Je m'excuse mes agneaux, je n'avais pas l'intention de vous effrayer. ME PARDONNEZ-VOUS ? »

Je lève le poing, telle une vedette rock. Ils scandent YES! de la même façon.

« Laissez-moi vous présenter mes premières créations. Terreur des bandits, plans conçus par le premier Vegapunk : IN THE RED COOORNER.... PAAAAAAACIFISTA !!!! (une lumière tangue, derrière nous, bien plus haut. On distingue à peine une silhouette.)
Ami des marins, aide première de la populace : IN THE BLUE COOORNER.... BEEEEELICISTA !!!! (et une autre lumière, toujours avec une silhouette que très vague.)

Mes deux dernières créations, rien que pour vous. L'un est fait pour calmer les méchants, l'autre, pour les écraser ! Ensemble, nous vaincrons ! Je vous fais une démo' de suite, car VOUS le valez bien. Miss Rose, je vous pris. »

Elle s'avance, soulevant une sorte de poutre de métal. J'appuies sur un bouton et le bout se détache, projeté à vive allure. Aussitôt, le Red Corner resplendit et se propulse vers le projectile. Trop rapide pour qu'on ne remarque que ce n'est même pas humanoïde. Il passe et tranche en deux le projectile. Puis le pseudo-pacifista disparaît, bien loin, derrière. En fait, il ira se décomposer dans la mer ; moi, récupérerai quelques pièces importantes
Le Blue Corner tire un coup de rayon jaune, qui explose les deux morceaux. Le rayon est réel, mais la silhouette qui le tire n'est qu'un vulgaire canon. Rien à voir avec les vrais Pacifista de l'ex-Vegapunk. Ceux-là, ils sont réellement terrés dans mon labo. Je les ai renommé : Belicista.

Mais cette petite mascarade suffit à mon auditoire, et c'est une frise générale qui porte mon nom jusqu'à mes oreilles. J'aime. Petite pouce vers le haut. MWOUAHAHAHAHA !!

Dr Vegapunk : « Êtes-vous satisfaits ? »
Populace Cornichons : « Yes! »
« Vous en voulez plus ? »
« YES! »
« WHO AM I? »
« VEGAPUNK ! VEGAPUNK ! VEGAPUNK ! »
« ET LA MARINE SERA LA MEILLEURE ?? »
« YES! SHE WILL!! »


Je m'écrase confortablement dans mon fauteuil. Je souris. Les jeux sont fait. Les gens nous suivent.
Mon rôle est terminé, en ces lieux. Pleine confiance en mon métier.



Le lendemain, La Gazette a écrit:
Ce fut dans une incroyable frénésie que les démonstrations du grandissime Dr Vegapunk prirent fin. La confiance jusqu'alors tombée, suite à la mort de White Basara, est remonté en bloc. Le gouvernement mondial peut s'escompter heureux d'avoir en leur rang l'important Sengoku Jr.
Son retour fera un tabac d'enfer dans le monde entier !

On dit qu'après, lorsque le Docteur tenta de remonter dans son sous-marin, on l'arrêta pour son début quelque peu choquant, mais la pression sociale fut telle qu'on le relâcha dès lors que la nouvelle de son incarcération fut connue. Et il aurait dit, avant de submerger : « Bande de Cornichons ! Comme si vous pouviez m'arrêter, moi, le grandiose Vegapunk ! Attendez que mes supérieurs le sachent, vous ferez pas long feu dans vos culottes de bambins estropiés de l'ADN de votre mère, Cornichons ! »
Tout un personnage, ce Vegapunk.

La Gazette, Marine Ford


Mais jamais que La Gazette ne parla du fait que les prototypes bioniques ne furent que de pâlottes imitations des réelles armes que produisaient V™. Ou encore que la flemmardise de mon génie en était la cause. Ou encore : « Je veux pas. Non ! Je veux pas d'avocat. C'est pas bon dans un sandwich mayo-corni ! »