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Même à 72 printemps, parfois on change

Les journées comme aujourd’hui -où le ciel est tout azuré et les nuages invisibles, ce sont sûrement les plus dangereuses sur Grand Line. Au moment où tu t’y attendras le moins, où ton esprit sera le plus endormis, alors c’est à c’moment là que l’couvercle bleu décid’ra de se recouvrir de cotons grisonnants et la légère brise fera place à une tempête inimaginablement puissante. Mais pour le moment, tu profites d’une chimère de calme.

Parfois, t’as l’impression de retourner 50 printemps plus tôt. Tu n’te rappelle même plus à quand remonte ta dernière lecture. Assis sur le pont, tu t’es installé en hermite, seul avec une dizaine de gazettes. L’a fallut un moment pour réussir à t’remettre à la lecture, mais t’es maintenant plongé dedans. Tu t’laisses bercer par les vagues s’entrechoquant contre la coque et tentes de rattraper tes pauvres connaissances sur Grand Line.  Ce monde si inquiétant, t’as décidé de le connaître, parce que tu sais qu’outre les poings, c’est ta substance grise qui te permettra de survivre ici. Alors tu t’cultives. T’emmagasines dans ton pauvre petit cerveau, plus habitué à la violence qu’à l’intellect. Tu retiens tout c’que tu peux, les grosses têtes imbattables qui peuplent à la pelle les îles de Grand Line, les terres où il n’vaut mieux pas mettre les pieds, les marines les plus célèbres, …


_He l’vioc, arrête de jouer  ton intellectuel, ça ne te réussit pas. Viens plutôt nous montrer comment tu peux encore te battre, à ton âge.

Celui qui a parlé, c’est Mike, connu comme le luron du bateau, toujours à raconter mille boutades, le sourire aux lèvres. C’est l’seul qui ose te parler sans tirer une trogne d’enterrement. T’as l’impression que rien n’lui fait peur, dès qu’une tâche semble trop dur et qu’personne ne veut la faire, z’êtes toujours les deux à vous proposer. Tu l’aimes bien le p’tiot.

Tu n’as pas le temps de répondre qu’un bâton t’est lancé. Emmêlé dans tes feuilles, tu l’attrapes de justesse en manquant de t’éborgner. C’est d’un grognement que tu réponds à l’invitation, en te levant tout de même, histoire de faire taire ces jeunots se croyant si forts. Le bâton tenu en main est léger, fait de bois, il ne résisterait pas à un coup d’épée, mais permet de s’entrainer en ne risquant pas grand-chose d’autre que de vilains bleus. L’autre, s’en sert comme s’il avait une lame à deux mains, prenant la position d’un épéiste, en tenant le bâton à son extrémité. Tu n’as jamais utilisé autre chose que tes poings, alors tu n’sais comment tenir l’outil, tu tentes maladroitement plusieurs prises sans trop de convictions, regardant le bâton comme un objet très étrange. Il te faut quand même vite sortir de ton étonnement, le jeune pirate tente déjà une première attaque. Saisissant l’arme avec tes deux mains, tu pars le coup d’instinct, sans trop savoir comment.

_Bah alors papi, c’est que t’es rapide, pour ton âge ! Tu caches bien ton jeu ! Ahahah

Le jeunot s’esclaffe de rire, surpris que t’ais réussis à parer son coup. Il t’prend vraiment pour le dernier des empotés, va falloir que tu montres qu’en 72 ans de vie, t’en connais bien plus sur l’art du combat qu’un bambin à peine pubère. Ne te posant plus de question, tu saisis maint’nant le bâton à pleine main et commences les choses sérieuses. Tu tentes plusieurs coups de toute part, sans réelle harmonie avant de t’familiariser un peu avec l’outil. Ça ne t'empêche pas de te prends quelques coups ça et là, et tu finis vite par ne plus pouvoir riposter aux attaques du jeunot.

_Ahahah ! J’aime bien comment tu t’sers de ton arme, attends, j’vais te montrer deux trois trucs. Non mais sérieusement, t'as vu comment tu tiens ton manche ? On a l'impression que t'as l'objet le plus précieux de ta vie entre tes mains !!! Mouhaha ! J'comprends pourquoi t'as failli t'faire écraser tes doigts par le ponton la dernière fois Mouhaha ! Décrispe tes doigts, faut laisser un peu de mous, tes mouvements ne seront pas assez fluides autrement. Et puis, bon ok t'as pas envie de t'en servir comme un épée, mais si tu veux garder une prise au milieu, faut être vraiment souple. Tu dois réussir à changer de prise le plus rapidement possible, le faire jongler entre tes doigts, rouler sur ta paume.

Ta moue dubitative le fait encore rire. Et étrangement, ça ne t'énerve pas, parce que ce gars là a la faculté de communiquer sa joie de vivre, et même pour une grosse bourrique comme toi, ça fait du bien de s'esclaffer de temps en temps. Alors tu l'écoutes et profites d'un moment de répit pour t’entraîner à manier l'outil. Tu le fais disgracieusement passer d'une main à l'autre, le faisant tomber bon nombre de fois par terre. Au bout d'un moment, le luron te voit trop concentré et n'ose plus te déranger, te laissant seul. Tu continues à t'eintrainer, pris au jeu d'apprendre à te servir de tes mains d'une manière différente, et répètes le geste maintes et maintes fois.