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C'pas qu'ça me gène... Mais ouais. [Walters]



    Lia,Une lettre de plus qui t’es adressé et que tu ne liras peut être pas ; c’est bien là un triste constat de cette existence : ne pas t’avoir auprès de moi t’empêche de voir de tes yeux ce que j’ai la chance d’admirer. J’ose espérer que ces lettres te feront partager ce que je ne suis pas encore capable de te montrer moi-même. Je fais tout pour que ce soit un jour le cas. A défaut de réussir pour l’instant, j’y crois. Même si je ne peux m’empêcher de penser qu’il est possible, bien que douloureux, que ce rêve ne devienne jamais une réalité. Cette réalité blesse toujours autant les gens qui l’affrontent. Malheureusement, je me bats constamment contre elle pour qu’elle se modèle selon mes envies : t’avoir auprès de moi. Je me contente pour l’instant d’ébaucher sur cette vie que je mène pour te la faire partager. Loin d’être la vie que tout le monde aimerait mener, je la pense idéale et épanouissante pour moi. Dans mon malheur, je crois avoir eu beaucoup de chance. Par où commencer ? T’expliquer le pourquoi du comment serait bien trop long et dérisoire, peut-être qu’en venir simplement au fait simplifierait largement les choses.Le capitaine Tahar Tahgel, ou « Bichon » (surnom qui aurait pu me tuer, soit dit en passant), est un homme plutôt bien malgré les apparences. Loin d’être un modèle pour notre société, il est pourtant une personne qui m’est sympathique et qui a une certaine « intelligence ». Je dis « intelligence » pour ne pas dire « un sacré culot couplé d’un cul bordé de nouille » (et tu m’excuseras ma vulgarité). J’aimerai que tu le rencontres, pour voir par toi-même ce qu’est un véritable joueur, un véritable chanceux. Un capitaine qui vaut le détour. Enfin, le capitaine Tahar est mon capitaine, l’homme que je suis et qui doit me conduire jusqu’à son rêve en faisant un petit détour par toi…Je ne saurais t’expliquer comment fait ce capitaine, mais il a un don certain pour s’entourer des gens qui, d’un premier abord, valent la peine d’être connu. Au moins par leurs caractères, leurs excentricités, leurs agissements. Tous sortent de l’ordinaire, tous dépassent largement leurs limites, dans tous les domaines (et surtout la violence). Dans les faits, Tahar a su s’entourer (par chance, il me semble bien) d’hommes qui pourraient bien le mener loin. (Je ne me vanterais pas de valoir autant la peine qu’eux tous, et bien que je ne les connaisse que peu, je suis bien partie pour faire un petit bout de chemin en leurs compagnies : je peux donc t’en parler un minimum)…Outre Tahar, son second à son charme. Jack, qu’il se nomme, et Jack est plutôt un gars cool. On pourrait même dire qu’il a un talent pour cogner plus vite que son ombre. Je ne me permettrai pas de remettre son job de navigateur en question, mais sérieusement : je ne sais toujours pas comment est-ce qu’il s’en sort pour nous mener à bon port. Il y aussi, parmi nous Alex, un médecin plutôt étrange, que je préfèrerai éviter de te présenter, histoire d’esquiver les cauchemars qu’il engendre… Pour poursuivre : Noah est un gars un peu rustre mais sympathique, qui a un langage qui reste discutable, mais pas foncièrement désagréable. Ensuite, Walters,… Ah Walt. En parlant de lui, j’ai une petite anecdote à te raconter…



C’qu’on pouvait dire de l’ambiance sur les navires des Saigneurs, c’était qu’elle était « festive », pour n’pas dire « carrément trop explosive ». Et encore, j’pesais mes mots. Je n’avais jamais vécu une vie sur un navire aussi mouvementée : c’était à coup de pause longue, interminable, à se tourner les pouces pendant des heures et des heures, pour passer qu’un coup à l’affolement l’plus totale, l’temps d’un coup d’sang du navigateur ou du capitaine. Ma foi, quand la folie sur l’bateau montait d’un coup, elle retombait aussi tôt quelques minutes après et n’revenait plus pour de longues heures. J’m’étais habituée à c’train de vie en peu de temps, principalement parce que j’savais qu’j’étais là pour un bout d’temps. Et pour ne rien gâcher, ça m’plaisait bien d’être là. Les gens changeaient de ceux qu’j’avais rencontré jusqu’ici : c’n’était pas des gentlemen, c’clair, mais ils étaient plutôt cools. J’dirais même : digne du power de l’afro, s’vous voyez c’que j’veux dire. En bref, j’les aimais bien.

Pas prise de tête, pas casse pied, qui respectaient bien les règles du frigo, qui appréciaient la bonne bouffe et qui s’contentaient bien. Bah, c’était des hommes. Et en plus d’être des hommes, c’était des guerriers : fallait les nourrir, les loulous. Mais ç’m’dérangeait pas d’me casser la tête pendant des heures pour trouver quelque chose de bien à faire pour eux. J’étais au p’tit soin, ça m’bottait.

En bref, ce soir-là, après le repas, j’étais comme à mon habitude dans la cuisine que j’gardais. A la plonge, parce qu’je n’avais pas l’cœur de déléguer ce sale boulot et d’voir ma vaisselle s’ruiner à force de la laisser entre d’mauvaises mains.

« C’qui était dans la cuisine reste à la cuisinière » ou encore « Chacun sa place, et les moutons seront bien gardés ». Ça convenait à tout le monde et surtout à moi.

Les mains dans la flotte à faire briller la vaisselle du repas qui venait de passer, j’envoyais la jeune fille qui m’assister à la cuisine s’pieuter, maintenant qu’il commençait à s’faire tard. J’assurai la suite, la relève, enfin tout ça, parce que j’n’étais pas du genre à trop dormir (ça déformait trop la coupe, voyez. Passer deux heures à s’coiffer tous les matins, ça vous enlève toute envie de dormir, c’moi qu’vous l’dit). En bref, mes lunettes sur l’nez et m’attelant à essuyer c’que nous venions de laver, j’m’empressai d’ranger le tout avant d’retourner à ma p’tite lettre qu’j’écrivais tous les soirs pour parler d’mes journées à ma fille.
C’était mon rituel du soir. J’en profitai toujours pour réfléchir au p’tit dej’ du matin qu’j’préparai pour les garnements. Il me fallut un bon quart d’heure pour en finir avec ces machins avant d’retourner à la table de cuisine (situé en face des fourneaux et sur laquelle j’préparais les repas avant de les servir sur la grande table en bois massif juste en face) pour griffonner sur mon papier à lettre. J’étais debout, accoudée à celle-ci et partie bien rapidement dans mes pensées ; quelques mots, quelques phrases, des songes qui divaguaient. J’me prenais même à écrire sur le côté les quelques idées d’plats pour l’lendemain, qu’j’effaçai bien vite pour n’pas salir les lettres de Lia ; J’y mis ma rencontre avec l’capitaine Tahar et la journée d’mon embauche, puis l’point final qui…

BRAAAC.


… Qui dérapa sauvagement sous la surprise d’ce bruit à la con. Voilà, une heure à trimer sur une lettre gâchée par un abruti qui devait faire trop d’bruit sur l’pont du navire. Si j’le choppais c’lui là, j’allai lui faire comprendre c’que c’était qu’la colère d’l’afro girl ! Il allait en pâtir, c’moi qu’vous l’dit. N’ayant pas l’cœur d’me lever tout de suite pour aller botter l’cul à l’autre couillon qui m’avait pourri ma lettre, j’tentai d’rattraper le coup en faisant un petit dessin (raté) et fini tout bonnement par jeter l’éponge, fourrant l’papier froissé au fond d’mon calepin.
Un bruit suspect attira mon attention et mon instinct affuté m’prévint alors que quelqu’un, ou quelque chose, s’était infiltré dans la cuisine. Plissant les yeux derrière mes grosses lunettes de soleil, j’ouvris l’premier placard sur ma droite et en sortie une grosse poêle à frire. Ni une ni deux, j’bondis telle une tigresse derrière la table ou les convives mangeaient, renversa une chaise sur laquelle j’pris appuie et envoya l’instrument d’cuisine (reconverti en arme de destruction massive) s’écrasait sur la tête du zigoto.
Un BANG sonore retentit dans la pièce, suivit d’un :

« Walt ??! »

Bwarf, c’était bien la peine d’le reconnaitre maintenant. J’affichai une grimace significative : mi-désolée, mi-frustrée, mi-qu’est-ce-qu’il-fout-là-c’couillon-? (jvous laisse imaginer). Allez savoir lequel des trois allaient triompher dans la prochaine phrase qu’j’allai sortir…

« Qu’est-ce que tu fiche ici ?! »

Ah bah… Ouais logique, me connaissant.
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Bon, il n'y a pas grand chose à dire du côté de Walters à ce moment précis, en dehors du fait que ça fait mal. Que ça fait mal et que ça choque aussi. Que ça choque tellement qu'il a le cerveau déconnecté pendant quelques instants. Le temps d'expliquer ce qu'il fait là, et autant dire que ce n'était pas très compliqué. Le borgne s'était introduit discrètement dans la cuisine simplement pour pouvoir observer sa douce, tendre, belle, toussa toussa, Hope. Mais cela, il ne l'avouera jamais, même si ce n'est pas très difficile à comprendre.
Bon, ça c'est fait, et ça tombe bien, les synapses se reconnectent. Juste assez vite pour que la question de la cuisinière se fraie un chemin jusqu'au centre décisionnel du cortex ou je ne sais quoi d'autre(je suis pas tellement dans ce genre de choses, donnez moi un électroencéphalogramme et dites moi que ça fait des chocapics, j'risque de vous demander par où ils sortent). Dès que l'information arrive, ça part à tout berzingue pour qu'un choix d'action soit pris. Répondre franchement ? Non, on en a déjà parlé. Essayer d'éluder la question ou de trouver une excuse bidon ? La bouche s'ouvre... Et rien, juste un peu de sang qui coule le long de la mâchoire. La vapeur chauffe dans la boite crânienne jusqu'à ce qu'une petite lumière finisse par s'allumer. Encore un idée à deux berry, c'est clair, une chance sur un million que ça marche, mais ça pourrait tout juste passer comme le disent si bien le grand roux et ses comparses grassouillets (comprendrons ceux qui voudront).
Sans prévenir, Walters s'effondre violemment sur le sol. Autant dire que ça fait trembler les fourchettes dans leurs tiroirs. Nouvelle douleur derrière le crâne et encore une petite déconnexion neuronale plus loin, le grand con (j'ai beau dire, vu ce qui se passe dans sa cervelle, c'est la meilleure appellation possible) commence de mettre la suite de son plan à exécution. Parce que oui, il ne lâche jamais prise, tel l'aigle acharné sur sa proie, son objectif n'est jamais perdu des yeux du borgne (paradoxal hein). La première consistait en une chute arrière magistrale servant à soulever les instincts féminins de la dénommée Michaela Hope ici présente. Dans un sens, c'était assez futé comme tactique, la suite, par contre...
Allongé de tout son long dans la cuisine de l'Écume des Jours, les lèvres de Walters Scott se tendent en avant, certaines de recevoir un doux baiser de la belle responsable du lieu. De leurs côté, les poils des jambes rigolent bien, simplement parce qu'ils sont certainement la partie la plus intelligente du corps de Walt'. Et eux, ils savent clairement que c'est pas la récompense attendue qui va s'abattre sur leur maitre qui reste là les yeux fermés (ils ont beau le prendre pour un con, et à juste titre, ils restent tout de même loyaux, après tout il n'a jamais eu recours à l’épilation).
      … Il m’avait jeté un regard désemparé, sans doute plus surpris par le fait de s’être fait remarqué plutôt que de s’être pris un coup de poêle sur la tête. C’était pourtant le châtiment promis à tous les membres de l’équipage en cas de désobéissance à la règle principale de la cuisine du navire : ne pas approcher des placards, frigo, fourneaux, sans mon accord... Le coup avait été vraiment bien porté, c’était le but de l’attaque. Est-ce qu’il eut vraiment mal ? Je ne saurais dire. Je l’ai senti, vraiment, beaucoup plus surpris par mon assaut. Je crois bien que c’est ça le principal de l’histoire.
      Pour la suite, le garçon tomba simplement en arrière, s’étalant sur le sol de ma cuisine, pour dire : j’étais réellement affolée pour lui, j’imaginai déjà la tête du capitaine si je venais à lui annoncer que j’avais plongé de le coma, voir tuer, un des membres de son équipage fraichement recruté. Surtout que tuer, ce n’est pas vraiment ce que j’aime faire. Tu sais Lia, si je suis amenée à le faire, d’une façon ou d’une autre, je ne suis pas du genre à faire grand cas de cela. Mais je préfère ne pas avoir recours à cette pratique, pourtant courante parmi les membres de mon équipage.
      La vie est trop précieuse, et la mort n’y a pas sa place. Coller des beignes, frapper un bon coup, ce n’était pas plus dérangeant que cela. C’était même une sorte d’habitude, un fait propre à tout l’équipage des Saigneurs. Enfin, pour en revenir à notre histoire, Walt était allongé sur le sol de ma cuisine, complètement étendu. Je me précipitai vers lui avec l’air soucieuse, relevant mes lunettes, la mine inquiète, prête à sortir pour appeler de l’aide au cas où il faudrait le réanimer, voir l’opérer ou lui sortir le crâne que je venais de lui enfoncer…


    « Hé, la belle au bois dormant... Qu’est-ce que tu veux ? »

    Le regard que j’lui lançai en disait long sur ma pensée pour l’coup. En même temps, qu’est-ce que j’aurais pu dire d’autre ? L’gus était allongé par terre, étalé après cette chute, un filet d’sang le long du menton résultant du coup qu’j’lui avais mis. L’mieux, c’était certainement ses lèvres tendues, comme pour recevoir un baiser. De ma part ? Boarf, il avait d’l’espoir l’zigoto. J’avais retiré mes lunettes pour le regarder, pour être sûr qu’il aille bien, une lueur d’inquiétude dans l’regard à la base. Mais maintenant qu’j’voyais sa réaction, j’me demandais simplement s’il était sérieux. J’remis mes lunettes sur l’nez avec un air frustré (moi qui avais horreur qu’on voit mes yeux, l’gus avait eu un coup d’bol).

    J’plaçai mes mains sur mes hanches en me relevant, marquant ma mauvaise humeur soudaine. Il voulait quoi c’gus ? J’savais bien que les Saigneurs n’étaient pas des enfants mignon-mignon, ni des romantiques, et qu’y’avait parmi eux des vrais psychopathes (ça s’lisait sur la tête des membres, hein… déjà, rien que notre rencontre et mon embauche en disaient bien long sur la mentalité des guerriers). Autant me mettre aux abris tout d’suite, d’mettre le « hola » aussi.

    « Relève-toi. »

    J’tournais les talons et m’avançai vers les fourneaux. J’lui avais mis un coup sur la tête, violent et tout, alors il méritait bien ce pourquoi il était v’nu (c’fou c’que j’pouvais être naïve, quand même).

    « La prochaine fois, au lieu d’faire la souris, viens simplement d’mander c’que tu veux. Sucré ou salé ? »
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    Pas de baiser ? Étrange... Pourtant ça marchait tout le temps dans les contes que sa mère lui racontait quand il était petit avant de dormir. Walters ouvre juste un oeil afin de voir si quelque chose se passe... Pas de lumière. Il se serait bien foutu une baffe sur ce coup là, mais il aurait aussi flingué sa comédie en passant. Bref, Walters ouvre son oeil valide cette fois, et aperçoit Michaela penchée au dessus de lui et relevant ses lunettes. Quelle belle paire d'yeux elle avait, la première fois que notre comédien amateur les voyait d'ailleurs. Puis elle se redressa...

    Pas de baiser...

    Quelle daube ces contes pour enfant, vraiment que du vent ! Et la princesse n'a pas l'air d'être très contente non plus. Elle surplombe le borgne de toute sa hauteur, ses lèvres se tordant presque dans une expression de dégoût. Les poils des jambes frissonnent, ils sentent venir la castagne... Et rien, y'aura visiblement de la déception pour tout le corps ce soir là. Mais bon, pas de problème, on se relève, no soucis et on se redresse. Tout n'es pas perdu, ce sera le cas quand le Don Juan esquivera les couteaux assérés de la cuisinière. Il ne reste qu'à trouver une idée pour la suite, un truc pour continuer, quelq...

    "La prochaine fois, au lieu d’faire la souris, viens simplement d’mander c’que tu veux. Sucré ou salé ?"

    Walters se fige. C'est le moment ou jamais de montrer de quoi il est capable. Un femme qui pose ce genre de questions à toujours une idée derrière la tête, il faut bien le savoir. Sucré ou salé, certainement le dilemne le plus cornélien qui se soit présenté dans le vie du Bosco. On ne lui pas souvent laisser choisir entre A et B il faut dire. Et il a pas non plus des masses de temps à disposition à moins qu'il ne veuille passer pour un idiot. Bon, parce que y'a pas plus idiot qu'un type qui ne sait pas s'il veut manger sucré ou salé, on est bien d'accord.

    "Ben... Les deux."

    Voilà ce qu'on appèle de la réponse ! Et il est fier le Waltou en plus ! Sans même comprendre tout le sens de la question à laquelle il a répondu, il prend une chaise s'assied dessus et s'appuie sur le dossier. Il sourit bêtement à la cuisinière, semblant être aux anges. Dans sa tête, il se dit que c'est le jackpot, elle ne devait pas s'attendre à cela de sa part après tout. Une telle finesse d'esprit venant d'un borgne se promenant avec une énorme masse (à noté qu'un borgne avec une énorme pelle passerait inaperçu environ partout selon Walters), qui s'y serait attendu après tout ?
    Et il reste là, sur sa chaise, à admirer Miss Hope s'évertuer aux fourneaux avec l'air suffisant d'un clown à qui on lasserait les chaussures.
      Une chose était sûre, Lia : Ce gars n’était vraiment pas net. Il y avait quelque chose de louche, sur lequel je n’arrivai à mettre un mot. Je ne le sentais pas. Vraiment pas. Probablement parce qu’à ce moment-là, je ne pouvais sentir aucun des hommes qui pouvaient exister sur terre. Mais que veux-tu ? J’avais été vacciné. Il y a des mauvais coups qu’on ne fait qu’une fois.


      J’le fixai de toute ma hauteur. J’comprenais pas tout, l’essentiel étant qu’j’avais probablement à faire à un sacré numéro. Mais ma foi, soit. J’haussai les épaules et filai vers les fourneaux, pas question de perdre plus de temps avec lui. Plus vite c’était fait, plus vite il se tirait d’la cuisine, et plus vite j’pouvais me remettre à ma lettre pour Lia. Parce que dans tout ça, bah il m’avait pas aidé à terminer. J’devais la réécrire à cause d’un fichu point qu’avait dérapé. Hé, mais attends, l’bruit d’tout à l’heure, c’était pas Walt ? Boarf, il avait eu sa trempe, de toute façon. J’lui avais fait perdre les quelques neurones qu’il lui restait, j’allai pas en plus en rajouter une couche.
      J’allumai l’four et sorti un plat plutôt petit. Direction l’frigo, ou j’en sortis un pavé d’saumon qu’on avait acheté – volé – péché (rayez la mention inutile), pour l’couper habilement. J’attrapai un pot qu’renfermer mes arômes de vanille, ainsi que l’huile. J’fis la préparation, la mis dans un papier spécial pour la cuisson (toujours présent dans mon matériel d’cuisinière) et fourrai l’tout dans l’four qu’avait préchauffé en attendant. Je jetai un regard de temps en temps à Walt, qu’avait l’air fier comme tout d’la réponse qu’il m’avait donné. Naïvement, j’pensais qu’c’était l’fait d’pouvoir se remplir la panse qu’le rendait si content.
      De toute, avec les membres de c’t’équipage, on pouvait être sûr de rien. Fallait que j’protège mes arrières, dans l’coin, surtout avec des gus comme ça. Bref, pas longtemps pour qu’ça ressemble à quelque chose de bon, et d’présentable. Fourrant ça dans une assiette que j’avais lavé un peu plus tôt, plantant une fourchette dans le saumon qui fumait et qui avait pris le gout de la vanille, j’revins vers lui avec le met, posant l’tout devant ses yeux sèchement. J’remis les mains sur mes hanches et lâchai fermement :

      « Dépêche-toi de finir ça, et déguerpie vite. »

      Le ton était donné. Pas question de trainer trop longtemps. Déjà, parce que j’avais mieux à faire. Ensuite, parce que je ne me sentais pas plus en sécurité qu’ça. Me farcir un idiot n’avait jamais été mon trip, encore moins quand le dit idiot avait l’air aussi fier qu’un paon à l’idée qu’on lui prépare quelque chose. T’être bien une petite pensée d’la féministe confirmée que j’suis, mais j’avais bien l’impression qu’le gars se sentait trop à l’aise dans la p’tite cuisine. J’eu un rictus de mépris. Non pas qu’j’aimais pas spécialement Walt, qu’on s’entende bien. C’est juste le fait qu’il soit un homme, qui m’insupportait, voyez. Genre, c’tout bête.

      « Et la prochaine fois, j’te jette par-dessus bord. Compris ? »

      Menace en l’air ? Certainement pas. J’lui en foutrai du sucré-salé, moi. Ça m’enchantait pas des masses d’devoir m’taper un gars dans son genre. Déjà parce que je ne le connaissais pas, qu’il me semblait en tout point imprévisible. Ensuite parce qu’on était seul, et qu’s’il lui venait l’idée de péter un câble, j’ne pourrais compter que sur le pouvoir légendaire de la coupe afro. Je n’étais pas en reste lorsqu’il s’agissait d’me défendre, mais pas sûr qu’le bichon soit très content qu’j’me débarrasse de son bosco en le découpant en p’tit morceau. Vouais, j’allai me faire remonter les bretelles si ça arrivait. Donc, rester calme et attendre qu’le borgne s'tire au plus vite.

      Patience, Micha. Patience. Y’a pire dans la vie.
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      Ce que Walters Scott a toujours eut de particulier est son incroyable capacité à comprendre les gens sans jamais avoir la moindre idée de ce qu'ils veulent, même s'ils sont en train de le lui épeler clairement avec un mégaphone.

      Il fut néanmoins très heureux de se voir offrir un assiette perso à lui tout seul de la part de la belle cuisinière. Pas de doute là dessus, il sait très bien profiter des bonnes choses le père Walt'. Si bien qu'il attaque goulument le plat qu'il avait vu être préparé par Michaela. Que du bonheur pour ce bourreau autoproclamé des cœurs. Il fit d'ailleurs à peine attention à ce qu'elle lui disait à tel point il était aux anges.
      Il voulut d'ailleurs dire à quel point ses papilles touchaient au paradis quand son regard fut attiré par la feuille de papier sur laquelle la coq écrivait lorsqu'il s'était introduit dans la cuisine. Il avait bien tenté de voir ce qu'elle écrivait, non pas qu'il fut en mesure de lire le texte, mais juste au cas elle s'adonnerait au dessin. Il aborda le sujet tout naturellement, comme un cheveu irrémédiablement attiré par une assiette de soupe.

      "Hm, c'est 'achement bon dit voir... J'connais pas pas grand chose à la popotte, mais j'te met huit étoiles direct sur ce coup. Au fait, tu faisais quoi là, c'est les m'nus pour la suite ou bien quequ'chose de plus perso ?"

      À la tête que faisait Hope, ça n'avait rien à voir avec la bouffe ce qui avait là. C'est le genre de chose qu'il capte, le Walt'. Il avait tout de suite compris que son pied était posé sur une mine, et que celle-ci n'allait pas attendre qu'il le lève pour balancer la sauce. Il allait devoir le jouer rapide s'il voulait garder son deuxième œil ou ne se retrouver avec de la ciguë dans sa purée. Il reprit une bouchée de saumon avant de continuer.

      "Bon, j'vais pas te forcer à répondre s'tu veux pas. T'as raison de met' ce que tu veux sur le papier si c'pour que'qu'un à qui tu tiens. J'pense pas qu'y'ait grand monde qui puisse en faire autant sur s'rafiot..."

      À comprendre bien sûr que ce n'était pas son cas. Après tout, toutes les personnes qu'il aimait étaient sous terre, pour sûr vu que c'est lui qui les y a mis. Toutes sauf une, mais c'était pas le bon moment pour lui tordre le cou à la belle Hope. La mer c'est pas une bonne tombe, ça non. Trop de poissons, pas assez de vers on va dire. On sait pas où les cadavres vont finir, alors que dans la terre, pas de soucis, on y plante quelqu'un et il n'en bouge pas, même s'il se décompose. C'est bien ça, la terre...
      Walters termina son plat tranquillement, écoutant ce que la cuisinière avait à lui dire. C'était pas dit que ça lui reste longtemps dans la caboche cependant. Une fois son assiette terminée, il la ramassa et l'apporta à l'évier où il la nettoya. Quand il était gosse, la famille mettait un point d'honneur à ce que le cuistot ne fasse pas la vaisselle du moment qu'il se donne la peine de bien faire ses plats. Bon, c'est pas dit que ce soit toujours très profitable pour lui, c'est pas les sales boulots qui manquent dans une ferme, c'est certain. Il lava donc tout l'attirail que Hope avait tiré en avant et attrapa un linge pour l'essuyer. Une fois qu'il en avait terminé, il se tourna une dernière fois vers la bienfaitrice de son estomac, à défaut de son système cardiaque.

      "J'vais te laisser ranger, j'ai pas tant envie de mettre le dawa dans tes tiroirs. J'vais remonter maintenant, j'serai sur le pont au cas où y'aurait quelqu'un qui m'chercherait."

      Le grand borgne fit un petit geste amical de la main avant de prendre la direction de la porte. La mer c'est pas bien, la terre c'est mieux, voilà ce qu'il pensait. Il se disait aussi que ça servait à rien d'aimer quelqu'un qui n'le fait pas en retour, et c'était aussi le genre de chose qu'il sentait, le Walt'. Il ne s'était jusque là jamais trompé, il les avait enterrées après tout, toutes les personnes qui l'aimaient.
        Huit étoiles ? Ahah, il est drole.
        Et puis, l’attention se porte sur mes lettres. Directement, je fronce le nez et le regarde avec dédain. Hola mec, tu vas sur un terrain glissant. C’est risqué.
        Il le remarque et se rattrape. Moi, j’ai regroupé les lettres en essayant de les cacher à Walt. C’est nul, mais je n’ai pas envie qu’il voit ça : manquerait plus qu’il pense que je suis une personne gentille. Non, je suis une maman, c’est différent. Et puis, il s’excuse, fait la vaisselle et me signale qu’il sera sur le pont si jamais quelqu’un souhaite le voir. Je suppose qu’il parle de moi. Je suppose que je suis une idiote aussi. Une main sur la hanche, l’autre sur les feuilles griffonnées, je ne peux m’empêcher de lâcher un :

        « Hé merde, quelle conne. »

        Je me pince l’arête du nez et regarde la porte qu’il vient de passer. Avec mes bêtises, j’ai dû le vexer. Ou le frustrer. Je suis vraiment trop bête. Avoir passé tout ce temps seule, à survivre (puisqu’il ne s’agissait plus de vivre, tant la traque durait) pour retrouver ma fille, ça m’avait rendu aigri. Un peu bête, aussi. Je plis les lettres et les range dans un tiroir, les posant précieusement dans celui-ci. Je referme le tiroir, range les derniers ustensiles sortis pour préparer le repas et tourne les talons. Le temps d’éteindre et de fermer tous derrière moi, je me rends sur le pont ou il est sensé m’attendre. Et en effet, il est là, fidèle à sa parole. Je m’approche doucement, arrivant à son niveau sans pour autant le regarder en face.
        Je dois m’excuser. Un peu. J’ai honte. Mais c’est le minimum à faire pour l’instant. Me raclant la gorge avant de prendre la parole, je m’estime chanceuse qu’il ne voit pas mes yeux à cet instant, je les sens qui pétillent.

        « Excuse-moi, Walt. Je ne suis pas franchement très douée en relation humaine, et j’avoue être souvent trop farouche avec les autres. Je ne tenais pas à te mettre dehors non plus, ou à te gêner tout à l’heure. C’est juste que… »

        Je marque une pause. Je suis piteuse. Arf, c’est nul. Mais j’essaye d’avoir les mots pour me faire comprendre, et puis, pas dit non plus qu’il ait été vraiment vexé par mon comportement. On verra bien, pour l’instant, il faut que j’en vienne ou je veux en venir :

        « J’oublie trop souvent qu’on n’a pas tous la chance d’avoir quelqu’un à qui parler, ou qui nous attend quelque part. Et j’imagine être à peu près la seule dans cet équipage qui ait une véritable attache ailleurs. »

        De quoi remettre les points sur les i. Oui, j’étais probablement la seule. Je n’en avais pas honte. Ça me donnait même l’occasion de penser qu’il fallait que j’en parle au capitaine : Un détour par Lia ne serait pas de refus. Et puis, en parlant de cette attache, autant aller jusqu’au bout des choses avec Walt : je ne pouvais décemment pas lui parler de ces gens qui m’attendent quelque part sans lui dire ce qu’il en était vraiment. Je n’avais qu’un port, qu’un point d’ancrage :

        « Ces lettres sont pour ma fille. »

        Je lui parle franchement, je n’hésite pas. D’ailleurs, il n’y a pas à faire d’autres détours dans cette histoire. Je suis sérieuse, passant un doigt sur mon nez pour remonter mes lunettes. Et maintenant que c’est dit, qu’il en sait un peu plus, à son tour. Car c’est d’usage dans une conversation, avec des gens que l’on est sensé côtoyer dans les jours, voir les années à venir. Parler, histoire de savoir à quoi est-ce que l’on s’en tient.

        « On ne peut pas rester éternellement à se regarder dans les yeux en se demandant ce qu’on fiche avec ces gens-là. Autant nous connaitre un peu… Alors, une simple question : qu’est-ce que tu attends de cet équipage, Walt ? »
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        Walters resta accoudé au bastingage tout le temps où Michaela parlait. Il l'avait écouté attentivement et n'avait détourner son regard qu'à la mention de la fille de la cook. La simple mention d'une famille lui rappela la sienne, enterrée, sur sa terre natale. C'est assez dingue comme la simple mention, même très détournée, d'un sujet sensible peut faire basculer quelqu'un dans une réflexion profonde. Comment les vers se repaissaient-ils de sa mère ? Son père était-il déjà complétement décomposé ? Et quelles fleurs poussaient sur la tombe de son frère ? Tant de question à se poser...

        Puis le retour à la réalité, ce n'est pas parce que son esprit s'égare que ses oreilles cessent de fonctionner normalement. Elle veut connaitre un peu mieux le borgne de service ? Bonne chance très chère. Lui-même n'a pas vraiment une idée claire de qui il est. Et ce qu'il attend de ces gens ? Walters haussa les épaules.

        "J'sais pas trop. J'ai rien à attendre du monde alors pourquoi j'en attendrais plus de ces pirates."

        Aussi étonnant que cela puisse paraitre pour ce qui est en apparence un flibustier farouche, ces derniers mots avaient été avec une pointe de dégoût. Des pirates avaient causé le chaos dans sa vie après tout. C'était de leur faute, alors peut-être que la piraterie pourrait remettre un ordre dans sa vie. Ironie.
        Walters souri.

        "Enfin, p'tet que c'est moi qui doit leur apporter quelque chose non ? Si j'ai rien à perdre, peut-être que j'ai quelque chose à donner..."

        Et toute la conversation qui avait précédé se mélangea dans l'esprit du borgne. Les lettres. Sa fille. Son attache. Tilt.

        "Tu dois vouloir r'trouver ta fille nan ? S't'y arrives, t'pense qu'elle aura envie de vivre comme 'ça' ?"

        Encore une teinte de mépris. À ce demander vraiment ce qu'il fout là ce con. Mais le philosophie c'est pas son truc de toute manière. C'est la terre son rayon, tout ce qui se trouve sous la surface ou bien qui doit s'y retrouver. Alors pourquoi il se trouve sur ce bateau ? La réponse la plus simple, c'est que c'est peut-être le seul endroit où il peut vivre. En pratique.

        "Bref... T'as pas b'soin d'répondre. Mais t'attaches pas trop, j'crois pas qu'ce soit l'genre de maternelle qui forme les gentils poupons"

        Walters détacha enfin son regard de l'horizon. Il était toujours appuyé contre le bastingage et affichait cette fois un très large sourire. Il allait visiblement lâcher une vanne à deux balles dont il pourrait être fier. Ce con.

        "On en f'rait des sacrées terreurs j'parie !"

          Et qu'est-ce qu'on fera après, Lia ?

          Clairement.

          Clairement qu'Lia pourra jamais mettre les pieds sur ce navire. Clairement que j'pourrais jamais la ramener ici et espérer qu'elle y vive bien. Clairement qu'ça sera jamais possible. C'était des choses que j'savais mieux que lui. Et c'pourquoi j'savais aussi qu'à partir du moment ou j'la retrouverais, c'en serait fini des Saigneurs et autres conneries de pirates. J'me trouverais un coin tranquille ou continuer ma vie avec elle, sans qu'on puisse venir m'emmerder, en espérant qu'une vie simple lui convienne. Mais ça, j'pouvais juste pas le dire. Parce que le capitaine était plus du genre "on quitte pas. On crève, ou on reste". Mais ça, c'était une autre affaire.

          Mais s'ils peuvent m'amener plus loin, assez pour que j'rejoigne ma fille, j'crois que j'peux composer avec. L'après, on y est pas encore. On sait même pas si cette coque de noix va nous mener bien loin, on est encore qu'des petits poissons dans une marre immense. Et y'aura bien des revers a nos conneries à essuyer avant d'penser à la fin.

          Autant dire qu'c'était que le début d'une cohabitations probablement longues, pleine des crises de nerfs, de coups dans taghel et d'couteaux dans l'dos. Suffisait d'voir la gueule patibulaire de tous les membres présents pour comprendre que j'dormais dans la tanière de l'ours.

          C'est ça qu'ça fait. Quand une vingtaine de types paumés, sans but et sans rêves, s'retrouve dans le même bateau.

          Un bateau ou l'gouvernail est cassé et qu'avance comme il peut. Un bateau ou des âmes creuses errent sans savoir pourquoi. Des zombies en attente de quelque chose de pas trop mal, ou tout du moins, de moins pire.

          Un concentré de chaos sur une barque à la dérive.

          Une manière de dire qu'personne avait envie d'être l'île sur laquelle on allait accoster.
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