Le deuil révolutionnaire

Posté Ven 12 Avr 2024 - 14:50 par America

Une pluie battante tombait sur le crâne de l’animal au pelage déjà mouillé. America sentait une tristesse ambiante se lever de l'assemblée regroupée autour d’un très grand trou. Il ne savait pas pourquoi, mais lui aussi avait la mine abattue. À côté de lui, Cassandre était droite, le regard bas. Elle resserrait ses doigts autour du manche du parapluie noir alors que de son autre main, elle remettait sa veste en place. America relevait la tête pour voir la mine larmoyante de la révolutionnaire. Et il n’avait pas besoin d’observer tous les autres membres de l’AR pour savoir que l’ensemble des visages étaient dans le même état d’esprit. Aujourd’hui, la révolution enterrée une sommité : Daryl Machin-chouette.

La famille Machin-chouette était dans la révolution depuis si longtemps qu’on racontait qu’elle était une descendante directe de Sabo, le frère de Luffy. Des agents actifs de la cause, progressant avec sérieux et implication au sein de l’Armée révolutionnaire depuis des générations. Cependant, les années de conflit avec la marine et le Cipher Pol avaient arraché beaucoup de membres de la famille Machin-chouette et Daryl, dernier représentant de sa lignée, venait de s’éteindre plusieurs jours auparavant.

Tout semblait s’être passé si vite. Instructeur pour les jeunes recrus passant Cavalier, il avait accompagné une vingtaine d’entre eux à un séminaire sur l’île maléfique dans le but de converser avec un certain Peter et d’apprendre aux révolutionnaires à bien se faire écouter des marchands véreux. Pourtant, des agents du gouvernement, ou de vils pirates assoiffés de sang les avaient interrompu et Daryl avait été exécuté, ne laissant derrière lui que sa collection de tables, son poulet Bernard et sa prime de 60 millions de Berries.

Encadrant le trou devenu boueux sous la pluie, les plus beaux meubles de sa collection devaient être enterrés avec lui. Une table en marbre, que ses amis révolutionnaires avaient eu du mal à déplacer, était sa pièce préférée. On racontait même qu’une caresse sur sa surface donnait aux hommes le même courage que la légendaire famille Machin-Chouette. Une terrible perte pour la révolution.

- “Avant tout, je vous remercie d’être tous venus pour l’enterrement de notre ami.” Dit une homme en noir, Roger, droit derrière la table en marbre et tenant dans ses bras le poulet Bernard du défunt. “J’aimerai maintenant, si vous le voulez bien, vous laisser, pour qui le souhaite, venir dire quelques mots sur notre ami à tous : Daryl.”

Posté Mer 17 Avr 2024 - 1:23 par Kant

En apprenant le décès de Daryl, la première réaction de Midona fut de s’abandonner à de longs sanglots. Cette nouvelle l’affectait particulièrement, et pour cause : vingt ans plus tôt, elle entretenait une relation amoureuse et passionnelle avec le défunt. L’eau avait certes coulé sous de nombreux ponts, il n’en demeurait pas moins qu’en apprenant la nouvelle, Midona Andersen ressentit un vide colossal se creuser dans ses entrailles. Après une longue journée d’hésitation, la septuagénaire se décida tout de même à se rendre à l’enterrement de son amour d’antan.

Midona Andersen:

Forte de ses liens passés avec l’Armée Révolutionnaire et de la sympathie suscitée par son grand-âge, Midona se fit escorter jusqu’au cimetière par les camarades du défunt. Sur place, la sirène ne put s’empêcher de fixer la veuve qui pleurait à chaudes larmes, son ancienne rivale, l’épouse Machin-chouette. Elle et Daryl n’avaient jamais eu d’enfants, pour la simple et bonne raison que le Cavalier révolutionnaire préférait consacrer son temps à l’acquisition de meubles, plutôt qu’à toute activité charnelle. Rumeurs qui se répandirent justement peu après sa rupture avec Midona…

Quand Roger se manifesta, Midona fut soudain portée par un élan de courage et s’élança devant l’assemblée pour prendre la parole. Des larmes coulaient par flots entiers sur ses joues ridées, tandis qu’elle luttait pour recouvrer son souffle…

« Daryl était… Daryl était la plus grosse enflure de tout les temps. Immonde, infâme, grotesque, il était convaincu que le monde tournait autour de sa grosse tête de chauve. Dans la seule fin de me séduire et d’ajouter une sirène à son " tableau de chasse ", il s’est servi du précieux héritage de la famille Machin-chouette pour m’amadouer avec de grands discours, de belles paroles, me couvrant et me recouvrant de toujours plus de bijoux et de présents… Pourquoi croyez-vous qu’il se soit si vite marié après m’avoir rencontré !? Il était à sec, ce vieux tiroir ! »

L’assemblée se figea, et les membres de l’Armée Révolutionnaire se tinrent immobiles, prostrés. Certains d’entre eux échaient des regards perplexes.

« Et ce n’est pas tout ! Je tiens de source sûre qu’il utilisait aussi vos fonds pour m’offrir des tables basses, des lampes à pied et des putains de statuettes en céramiques ! Il achetait ma compagnie, et celle de bien d’autres femmes… Il avait un faible pour les non-humaines…. Vous z’autres, dit Midona en s’adressant directement à la veuve qui ne cessait de pleurer, il vous trouvait fades. »

Puis, d’un coup d’un seul, Midona s’empara d’une chaise somptueusement ornée, drapée de velours cramoisi et brodée de motifs dorés, puis la balança dans le trou, sur le cercueil du pauvre Daryl endormi à jamais.

Posté Jeu 18 Avr 2024 - 22:23 par Trisha Campbell

Un coup de tonnerre rugit en fond de cette stupéfaction.

“Comment ose tu salir la mémoire de l’un des piliers de notre cause? Penses-tu que vos histoires sont bonnes à partager, ici et maintenant?”

La Cavalière Trisha Campbell surgit au devant de l’assemblée. Tirant du bout du bras la chaise que cette vieille sirène vient de jeter, l’irrespect a été trop important pour qu’elle garde son calme. Les points serrés, les sourcils froncés, son regard perce les yeux de cette dame tout en reposant le siège sur le sol. Droite, la météorologue rescapé d’Aeden s’adresse à ses camarades.

“Je vais vous dire ce qui fait vraiment l’homme. Sa contribution pour la Révolution n’a pas d’égale. Écoutant aussi bien les orphelins, les veuves, les réticents, les dévoués, les refroidis, il a ouvert les yeux de bons nombres d’esprits à travers le monde. Je n’ai jamais connu d’être humain plus inspirant que le Cavalier Daryl. Lorsqu’il passe son chemin, tout le monde a déjà ressenti cette étrange envie de suivre sur ses pas.”

Des souvenirs resurgissent lui rappelant une époque plus glorieuse perdue à jamais. Sa colère s’affaisse pour une douce mélancolie.

“Inépuisable malgré les drames, les sacrifices et les échecs, il est un modèle pour nous tous et le restera. Lors de son séjour à Aeden… cité perdu, j’ai été une de ses disciples. Son abnégation devant les multiples tragédies qui traversent notre Armée est sans pareil. Les horreurs de ce monde cruel n’ont jamais ébranlé la lueur dans ses yeux. Une lueur en chacun de nous, que j’ai failli perdre. Celle de l’espoir d’un avenir où l’injustice mourra avec le Gouvernement Mondiale et ses vices !”

Brandissant son bras, de la détermination se retrouve sur son visage. Daryl réussit à l’inspirer dans la vie comme dans la mort. C’est ce qu’il fait de lui, un révolutionnaire de renom, qui ne fait absolument pas honte à la grande figure qu’est le Grand Sabo.

“Il y a un grand vide à combler, à présent. Le deuil de la Révolution est déjà assez lourd, alors je ne laisserais pas une vieille bique saillir la mémoire de celui qui a formé toute la nouvelle génération portant le poids de nos valeurs.”

La foudre tombe soudainement sur Trisha. Fumante, une aura électrique surgit autour d’elle, le corps intact malgré la puissance de l'éclair. Fixant la vieille sirène, le ton grave donne l’allure d’un avertissement.

“Un mort ne peut répondre à un affront. Pour lui rendre tout ce qu’il m’a inculqué, je n’hésiterais pas à défendre son honneur bafoué.”

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