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A la poursuite de l'horrible bête


A la poursuite de l'horrible bête


1623
Tronçon nord-est de la Muraille de Ming
Péninsule des Tigres
Fortin du Fauve d’Onyx


De nombreux feux éclairaient la salle de réunion dans laquelle se trouvaient les sergents d’armes et soldats de faction chargés de surveiller le tronçon nord-est de la Grande Muraille. Malgré le début de saison printanière qui arrivait sur l’île, le froid était encore bien présent dans la province et on pouvait sans mal voir les plus novices des gardes en présence claquer des dents discrètement, le corps adossé aux rares braseros présents dans la pièce. Malgré l’échange apparemment cordial entre les quelques sous-officiers, on sentait une tension et un malaise palpable dans la pièce. Comme si tous attendaient quelque chose. Une sorte de salut ou d’exorcisme pour les apaiser de ce qu’ils venaient de voir. Ils n’en eurent pas le temps.

Feng Han venait d’arriver en poussant sèchement les deux grandes portes de la salle, suivi de quelques de ses gardes triés sur le volet, arborant eux-mêmes une mine condescendante et l’air patibulaire des molosses impériaux. Emmitouflé dans une armure hivernale toute de fourrure et d’acier, il ressemblait à ces seigneurs de guerre qui jadis avaient mené de violents pillages dans la région. Ses mains se posèrent près d’un des braseros, repoussant comme par magie les quelques jeunes gardes qui se reposaient là un instant avant. En charge de la supervision de plusieurs fortins sur la côte pour le compte de son Sifu, il ne se rendait que rarement sur place pour écouter le rapport des observateurs mais le dernier message qu’il avait reçu lui paraissait trop gros pour être vrai. A peine entré dans la pièce, il sût d’instinct que quelque chose n’allait pas. S’imposant au milieu des officiers sans prendre la peine de les interrompre, il écouta les uns et les autres, troublé par un chatouillement néfaste qui venait de le prendre aux narines.

« Un lion des neiges ? De cette taille-là sergent Hui ? Vous n’y croyez tout de même pas ?
- Je l’ai vu de mes propres yeux. Le vent sifflait comme lors des pires tempêtes. J’ai d’abord cru à une hallucination, déclara le sergent d’un air affirmé.
- Oui moi aussi. Mais il y a eu le cri, renchérit un autre subalterne.
- Un cri ? Quel cri ?
»

Feng en profita pour saluer le commandant Yao qui venait de poser cette question. Vétéran de plusieurs guerres, le cinquantenaire était un guerrier du nord endurci. Les mains autour d’une tasse de thé fumante, il avait pourtant un air tout à fait sérieux.

« Le cri d’une bête mon commandant. Comme si on égorgeait un troupeau entier d’éléphants. Puis plus rien. Et la neige a craqué. Une corniche longue d’une cinquantaine de mètres s’est effrondrée dans un craquement de tous les diables. Et là, au milieu de tout ce bordel, on a vu la chose jaillir du muret d’où se tenait la corniche. Et pis même avec nos torches, on n’y voyait goutte mais je vous jure que la chose a sauté de l’autre côté de la muraille en direction de la Forêt Jaune.
- Et ça ? ajouta Yao d’un air dégouté.
- On l’a trouvé une fois que le temps s’est calmé. Je suis certain que c’est sa crotte. Ca empeste depuis qu’on l’a ramené.
»

Sous un bout de tissu, l’un des hommes découvrit une masse mi-rigide mi-coulante à l’odeur immonde. La couleur ambrée de la gangue solide sur l’extérieur jurait avec le liquide chaud et coulant jaunâtre, terriblement gluant mais surtout odorant de l’intérieur. Les hommes n’avaient pas pu rêver. Si cette chose était bien là devant eux, une bête immonde devait donc être à l’oeuvre quelque part sur Kanokuni. Et il était du devoir de Feng de la mettre au pli. Sans demi-mesure, il donna donc un ordre clair.

« Commandant Yao, rassemblez un détachement de trente hommes au pied du rempart. Nous allons traquer cette chose. »



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Par trois fois Robb Lochon chercha à entrer en Kanokuni.
Ses raisons ? Les spécialités locales aux propriétés médicinales, les épices et les fruits inconnus ; les paysages uniques, les villes aussi anciennes que grandioses et surtout, les praticiens du Hasshoken.
Ces techniques de combat qui pouvaient toucher quelqu’un avec des vibrations et dont il discernait tant de potentiel pour la médecine : il n’aurait plus besoin de système de rayon x, pourrait sentir les fêlures des os ou les déchirures des muscles, peut être même pourrait-il détruire des problèmes dans les veines, les muscles et les nerfs ; les muscles endoloris seraient attendris, les problèmes de dos ou de hanches solutionnés.
Leurs plus éminents spécialistes, les pirates de la famille Chinjao, avaient su s’attirer les grâces de leur pays natal pour en devenir les corsaires attitrés.
Et tandis que sa barque arrivait en vue de l’île pour la troisième fois, le montagnard de rêver les siens obtenant un statut similaire à Drum, libres d’aller sur les mers en jouissant à nouveau des batailles tout en ayant un royaume où revenir.
Un foyer.
Pour cela, par trois fois, le Pirate tenta d’entrer illégalement dans le pays.

Durant la première tentative, le pirate essaya d’être civil. Il arriva sur les côtes vers ce que les locaux appelaient la Baie de Jing. En contrebas du rempart le plus titanesque qu’il ait jamais vu, la baie accueillait les silhouettes compactes ou élancées de bateaux innombrables dont les lances des mâts semblaient couper la vue de la muraille comme pour en tester l’invincibilité.
Les jonques autochtones avec leurs voiles striées et rouges ressemblaient à ces lanternes qu’on lançait en l’air dans les souvenirs racontés par sa mère ; d’autres navires gigantesques clapotaient doucement en se faisant bercer par les flots.
Entre eux, coupant la file, la petite silhouette de la barque du Pirate avança.
Sans pagaies, l’homme allongé de tout son long la dirigeait en battant ses pieds nus dans l’eau et soulevait des gouttelettes qui se brisant et se faisant emporter par le vent rafraîchissait son corps couvert de vêtements en lambeaux.
Certains marins sur leurs ponts pouffèrent ou restèrent bouche bées en le voyant passer.
Robb ricana en reconnaissant l’onomatopée caractéristique de quelqu’un qui crache de surprise et accéléra pour arriver près de la ville portuaire.
Disparaissant dans la mer, le surplomba soudainement de longs poteaux reliés à un ponton en bois. Robb, ses affaires sur l’épaule, sauta de son navire pour saisir le côté d’une planche et d’un coup sec du poignet s’élança dans l’air sous les cris de mouettes affolées qui s’échappèrent vers la cité. Il vit des maisons aux toits triangulaires ou rondes aux toits ronds ; un animal gris au long nez qui laissait monter sur lui un groupe et juste derrière la tête massive, le conducteur armé d’une tige en bois qui tapotait le flanc pour que la créature s’ébranle ; des édifices pluriséculaires où se pressaient des gens aux crânes rasés tous habillés de la même façon ; et partout des couleurs, sur tous les bâtiments décorés d’animaux comme des poissons et sur les vêtements traditionnels si particuliers des habitants.
Les étoiles pleins les yeux, l’étranger se dirigea tout guilleret jusqu’à une grande porte bardé de gardes.
Spoiler:


«Halte, étranger ! Déclinez votre identité !
— Salut mes bons ! Ça bibiche ? Moi j’suis Robb Lochon, un papa bien sous tout rapport. J’viens visiter votre pays parce que j’avais envie, ce qui est une raison valable pour tout selon moi.
— Raub’loshon ? Ils ont vraiment des noms bizarres ces étrangers, Sichuan. Vous auriez un passeport décerné par le gouvernement mondial ?
— Un passeport ? Bah j’suis passé et je suis au port. C’pas suffisant ? Pis mon nom il est très bien, y a plus ridicule...
— Bah... non ? Bizarre et ignorant, en plus, Sanxian. Restez là, on doit vérifier quelque chose.

Le Pirate sentit couler quelques gouttes du sueur dans son cou. Son sixième sens de forban sentait quand les autorités locales faisaient leur job correctement. Aussi, il fit quelques pas en arrière sous la mine circonspecte et les yeux se réduisant en deux fentes du dénommé Sanxian.

— On vous a dit de rester là. Ne bougez plus.
— Des interactions normales avec des autorités locales ? Jamais ! JE REFUSE VOTRE ADMINISTRATION DE MEEEEEERDE ! Talc Attack ! »

Et Robb de joindre le nom de sa technique à l’action, de mettre sa main derrière son dos, la plonger dans son sac personnel, de saisir une bonne poignée de talc et de la jeter dans la gueule des gardes pour créer un nuage ninja de disparation super feutré avant de se barrer en quatrième vitesse.

Spoiler:
La seconde tentative fut une plus courte interaction encore : le Montagnard, sans quitter l’île, tenta d’en faire le tour pour voir où il pouvait passer et constata que la fameuse Muraille de Ming enserrait l’île, à part un seul endroit couronné, lui, par une forteresse.
Il apprit à force de glander dans les rues et d’emmerder les passants que l’endroit s’appeler Fort Levant et que c’était là que tous les types louches se rendaient pour pouvoir entrer dans l’île moyennant finance.

Payer pour ce que je peux avoir moins cher que gratuit ? Jamais ! Le monde moderne de 1623 est horrible ! Payer partout, des passe-partout et des passe-port et bientôt des passe-airs et puis quoi encore, de l’argent intangible ; déjà que l’argent, hein, c’est limite-limite con de prendre des bons métaux pour en faire des machins ronds et pas des épées ou des fers de lance, m’enfin, grands dieux, on va avoir quoi après, des trucs électroniques pour t’obliger à faire comme les citadins bien riches i’ veulent et tout ?

Il retourna dans les rues pour tenter sa chance avec d’autres Kanokuniens capable de l’aiguiller et quelques heures plus tard...

La troisième fois était la bonne, pensa Robb vêtu du merveilleux costume traditionnel qu’il avait piqué.

Quelques dizaines de minutes auparavant, un sac imperméable avait émergé sous les étoiles.

Le sac fendit la mer avant de laisser émerger la tête sur laquelle elle trônait, un cou de taureau, des épaules qui séparèrent l’eau pour que deux bras musculeux commencent un crawl. La forme émergea dans un mince rayon de lune qui éclaira la lune de l’étrange énergumène. Totalement nu dans la semi-clarté des astres, le nudiste disparut vers la ville portuaire, profitant de l’obscurité pour cacher en partie ses parties. Les rues étaient éclairées par les flammes de lampions rouges et le brouhaha des conversations atténuait le passage de pieds trempés qui sauta de murs en murs, puis de toits en toits. Des hommes plus alcoolisés que les autres clignèrent bien des yeux de temps en temps face à ce qu’il pensait être une ombre ou un étrange nuage, mais déjà la silhouette avait disparu derrière les angles obscurs des habitations. Le Pirate trouva enfin au fond d’une ruelle ce qu’il cherchait : des types habillés de vêtements colorées entrain de papoter tout en fumant des clopes. La tête et le col d’un grand animal était posé entre eux sur les marches où deux des types s’étant posés, tandis que deux autres, debout, semblaient discuter de manœuvres qu’ils auraient à exécuter plus tard avec force gestes.
Robb s’habilla en silence et s’approcha de la troupe bariolée.
Ils s’arrêtèrent de parler quand l’étranger apparut, mais se détendirent quand l’individu offrit gaillardement des clopes et son briquet aux quatre hommes.
Les deux fumeurs ayant fini les leurs les acceptèrent aussitôt et Robb s’avança pour les allumer. Les deux autres observèrent le regard du nouveau-venu s’attarder sur la tête de costume de chien-lion.
Le Montagnard saisit leur regard et leur demandèrent ce que c’était.
Ses yeux s’illuminèrent face à la description de la danse liée au costume.
Robb Lochon tenta de négocier, puis Robb Lochon se souvint qu’il était un pirate et qu’il n’avait rien à perdre à part sa vie... et qu’il pouvait donc prendre ce qu’il voulait... et comme il était inconscient…
Les quatre Kanokuniens le regardèrent, il les regarda, il s’empressa de saisir la tête d’une main et le costume de l’autre, et ses deux jambes se plièrent. Avant que les locaux puissent réagir, le Montagnard décolla de la ruelle, rebondit sur un pan de mur en le fissurant et disparut dans la nuit comme il était venu.
Là où il n’y avait qu’un homme quelques minutes plus tôt émergea une bête de légende sur les toits.

Spoiler:

La silhouette monstrueuse se fraya un chemin rapidement vers la muraille et sans ralentir bifurqua face à la gravité pour courir sur le rempart comme si ce n’était qu’une route comme les autres.
Ses pieds avalèrent des dizaines de mètres de la protection millénaire jusqu’à en déloger quelques briques et ses mains sortirent de sous le costume pour saisir des prises. D’un coup sec, l’étrange bête se propulsa dans les airs avant de rattraper d’autres rainures et, aidé de la puissance de ses doigts, se propulsa à nouveau vers le sommet de la muraille qu’il agrippa aussitôt qu’elle se présenta.
Le vent sifflait avec lui et l’air frais d’un hiver autre que celui de Drum fit sourire le Montagnard sous son costume.
Une tête étrange de lion émergea des remparts et tomba… museau à nez avec un garde.
Il cria, Robb cria, ils crièrent presque à l’unisson.
Robb se hissa de la main posée et tenta de se jeter sur l’individu d’un coup puissant de l’autre. Les deux personnes roulèrent et le cri fut stoppé, mais trop tard : déjà des bruits de pas se rapprochaient.
Un homme plus vieux assista à un roulé-boulé d’uniforme et de fourrure sur le chemin de ronde. Deux coups secs lui dire tout ce qu’il fallait savoir sur le mystère qui se levait au-dessus du garde inconscient : il pointa sa lance sur la bête dangereuse.
Le vent et la neige ne montraient qu’une silhouette velue et les formes globuleuses d’yeux immenses, d’un museau difforme et d’une bouche bardée de crocs.
Dans la tempête, plusieurs hommes se couvrirent le nez alors que la créature se rapprochait d’eux en tendant quelque chose. Une odeur infecte émanait de cet être contre-nature. Le vieux soldat brandit sa lance en se rapprochant doucement comme à l’entrainement. Sans peur, la bête et son odeur se rapprochèrent.

Le Montagnard ne comprenait pas l’attitude en face de lui : il essayait par moult gestes de leur offrir un cadeau d’apaisement comme son oncle Rikkard lui avait appris face à une situation sous tension. Ce lait fromage très artisanal était pourtant délicieusement puant. Est-ce que ces gens étaient comme sa mère wanokunienne et détestait tous les produits laitiers ? Naaaaaan, impossible !
C’eut été une coïncidence fâcheuse et Robb était trop heureux de porter le costume pour laisser la mauvaise humeur l’emporter.
Il insista et insista jusqu’à ce que mystérieusement les hommes s’effondrent en se couvrant le visage, à demi-conscients.
En dédommagement de son intrusion, en remerciement de leur hospitalité, il déposa dans la neige le fromage si frais qu’il semblait pourri, jaune et suintant.

BêteRobb beugla pour faire éclater son triomphe et signifier qu’il entrait sur l’île, mais la tempête rendit inintelligible ce qu’il disait.
Il courut sur le rempart et accéléra pour sauter et basculer dans le vide. Descendant à grande vitesse en parallèle d’une partie de la Muraille, il atterit sur une corniche en contrebas où il plia les jambes pour attendre le bon moment et, une fois arrivé, les détendit pour leur faire frapper le grand rempart, y laissant deux empreintes qui fissurèrent derrière lui le vieil édifice.
Il transperça le ciel sous les regards médusés de soldats tel un météore pour se fracasser dans une série de branches.
La Forêt Jaune s’étalait devant lui alors qu’il se redressait. La bête artificielle sentait autour de lui avec son odorat surdéveloppé d’autres bêtes tapies entre les racines et rôdant sur les branches, et veillant entre les feuilles.

Loin dans la forêt, une présence massive arqua son dos, l'horrible bête écoutant ses futures proies :
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