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Le Choc des Couches culottes

Le Choc des Couches culottes
Grimm, Kant et Aleg formaient à eux seuls un trio redoutable. En pitrerie malheureusement. Ce chamaillant tout au long de notre traversée jusqu'à notre première île sur GrandLine. Le passage de Reverse Mountain ne fut pas sans mal d'ailleurs. À cause de leur rivalité ridicule pour le " cœur " de plus stupide des Chasseurs de Primes, la Bandelette et le Lutin avaient bien failli nous mener à notre perte.

Voulant à tout prix prendre chacun la barre afin de se vanter d'être le meilleur, il avait failli ordonner au poisson de s'échouer contre un mur. Par chance et surtout à grâce à des gifles dans le nez, j'avais réussi à les calmer et à reprendre les reines. Je n'étais certes pas habilitée à diriger un navire et encore moins un qui était vivant, mais au moins, j'avais su empêcher la catastrophe.

- " Vous touchez plus à rien bande d'abrutis !! " M'emportais-je contre eux tout en les fusillant du regard. " Le prochain à faire l'idiot, je le jette moi-même par-dessus bord ! "

Se massant la joue d'une main, ils me regardèrent avec une petite moue désolée. Malheureusement, même si cette petite correction allait les calmer pendant un temps, je savais pertinemment que ça ne durerait pas. Et puis, il ne fallait pas oublier que parmi eux, au niveau des bêtises, ils n'étaient pas les plus à craindre.

Par chance, ce dernier était en train de roupiller tranquillement dans un coin. Il faut dire que la nuit précédente, ce maudit Alegsis, s'était donné pour objectif de me pourrir la vie. Dès la première nuit de notre départ, ce grand couillon avait tenté à plusieurs reprises de se faufiler dans ma chambre. Usant de plusieurs stratagèmes les plus abracadabrants.

Cependant, chacune de ses tentatives, furent contrecarré. Heureusement pour moi d'ailleurs. Car le supporter la journée était déjà bien suffisant en soit. Mon idée de pièges à loups avait plutôt bien fonctionné les premières fois d'ailleurs. Kant avait eu la gentillesse de m'en prêter quelques-uns sans savoir que c'était destiné aux petits curieux qui auraient dans l'intention de me déranger.

Néanmoins, cet être pourtant sans cervelle semblait être un véritable maître dans cet art. Peut-être pas aussi doué qu'un agent du Cipher Pol, mais il y avait de l'idée. Si ce dernier ne pouvait pas passer par la porte, il tentait de passer par la fenêtre de ma chambre. S'il n'arrivait pas à forcer la porte de la salle de bain, il tentait en vain de s'y camoufler. Oui pour lui, mettre une serviette sur sa tête et se faire passer pour un séchoir semble être l'idée du siècle.

Bref, du grand Alegsis à son paroxysme de la connerie.

Une fois sorti de cette montagne qui reliait les quatre mers des Blues, il fut bien difficile de se diriger. Sans un bon navigateur et les nombreux Éternel pose qu'on me confiait durant mes missions pour que je ne puisse pas me perdre, cela était une vraie galère. Je n'aurai jamais cru qu'il était aussi ardu de trouver son chemin sur la Route de tous les Périples.

- " Je vous dis que c'est par-là qu'il faut aller ! " Tenta de s'affirmer Grimmjack en pointant vers le Sud de notre position.

- " Mais n'importe quoi ! " Intervint Kant en faisant face à son rival qui le surplombait de plusieurs têtes. " Comme si une Échalote pouvait savoir où on se trouve ! Moi, je dis que c'est par-là ! "

Reprenant leur chamaillerie habituelle, les deux hommes commencèrent à se mettre joyeusement sur la figure. Chose qui devenait monnaie courante et dont je ne faisais même plus attention aujourd'hui. Tant qu'ils ne venaient pas se disputer sous mon nez, je n'en avais cure. De toute façon, à force de les frapper sans arrêt. ils savaient maintenant ce qui les attendait sinon.

Aleg qui s'était réveillé entre temps, y alla également de sa petite déduction. Prenant un air se voulant des plus sérieux. Ce qui était assez difficile pour ne pas dire impossible. Ce dernier pointa une direction au hasard.

- " Croyez en mon expérience, c'est par-là que se trouve notre prochaine destination. " Nous assura celui-ci en pointant vers les montagnes que l'on venait de franchir.

En voyant qu'il faisait totalement fausse route. Comme très souvent. Personne ne releva ses dires, le laissant divaguer tout seul dans son coin. Ne s'en formalisant pas le moins du monde, le Chasseur de Prime me regarda manœuvrer la barre.

- " Hé, dis... " M'interpella-t-il dans mon dos. " Tu es sourde ou juste idiote la gourgandine ? Je viens de te dire que c'était dans l'autre sens. "

Ne prêtant aucunement attention à lui, je continuais de voguer au gré du vent. Seulement, réalisant que je ne l'écoutais pas. Alegsis essaya de me pousser pour diriger notre moyen de transport sur la bonne voie à suivre. Bien évidemment, je ne me laissais pas faire et une petite lutte entre nous se déclencha. Comme des enfants, nous nous disputions pour savoir qui aurait le dernier mot.

- " Mais tu vas arrêter ! " Lui stipulais-je en lui donnant des coups de coude dans les côtes. " Retourne donc dormir et laisse les grandes personnes s'occuper du reste ! "

Oubliant brusquement leur querelle, nos deux autres nakamas nous regardèrent sans rien dire. Quant au poisson, ce pauvre animal ne devait plus rien comprendre de ce qui se passait. Un coup, on lui demandait d'aller à gauche et de l'autre à droite.

Cette petite prise de pouvoir dura plusieurs minutes. Au bout desquelles je parvins enfin à faire entendre raison Alegsis. À grand coup de pied dans les parties intimes. Cela devenait une véritable botte secrète vis à vis de lui. A force, j'allais peut-être déposer un brevet. Vous avez un importun qui ne cesse de vous casser les pieds, utiliser brises noisettes. Ça sonnerait vachement bien, je trouve.

Légèrement boudeur, l'idiot du village me regardait. Assis en tailleur, les bras croisés sur le torse, il ne cessait de jacter la même rengaine.

- " Maintenant, c'est mon tour. " Répéta le Chasseur pour la dixième fois en seulement dix petites minutes. " C'est mon tour de conduire le poisson ! C'est moi qui l'ai dressé en plus. "

À bout de nerfs, je prenais de grandes inspirations pour ne pas me laisser aller à plus de violence. Pas que de le frapper était en soit un problème pour moi. Mais à force, je risquais de me faire une tendinite. Pas très folichon comme programme.

- " Vivement qu'on arrive... " Soufflais-je entre mes dents de façon inaudible. " Sinon, je crois que je vais le tuer. "

Par chance, ma supplication sembla avoir été entendue par une force supérieure. Car soudain, alors que je désespérais, la voix de Kant se fit entendre.

- " Terre en vue ! "

En entendant ces mots, je me mis à chercher ce petit coin de paradis qui me délivrerait de cet insupportable crétin. Au moment où je la repérais enfin, je mis le capte vers elle. En direction d'une nouvelle aventure qui n'attendait que nous.


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 10:54, édité 2 fois
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Il avait fallu que le Fish n’ Ship, curieux vaisseau s’il en était, ait atteint les abords de cette île d’abord trouvée au loin, pour qu’Alegsis ait une épiphanie soudaine. Ça lui prenait parfois, et toujours à contretemps. Les bottes à peine enfoncées dans le sable dru que ça lui prenait alors : le débitoire à insanités ouvrit en grand ses vannes.

- Oh je vous ai pas dit, il ne leur avait effectivement pas dit, y’a pas besoin de la barre pour manœuvrer.

Alors, Hayase décéda un instant. Un court instant seulement. Cela, avant de revenir du royaume des morts afin d’analyser au mieux la situation présente. Il fallait en effet être calme pour ne pas céder à l’homicide. Des heures durant, elle avait manqué de se rompre ses poignets à manœuvrer depuis Reverse Mountain, quand elle découvrit, devant ses yeux soudains rendus vides et glacés, qu’Alegsis pouvait commander le poisson sur lequel était logé leur embarcation rien qu’à la voix. Ainsi en allait-il est des vertus du Colors Trap. Ainsi en alla-t-il de la patience d’Hayase, oblitérée par une indolence telle qu’elle y vit presque la marque d’un acharnement. Peut-être comptait-elle disposer d'Alegs, mais elle n’en eut en tout cas pas le temps. Car à bord, l’équipage nouvellement fondé comptait parmi ses effectifs de véritables gosses. Aussi n’eut-elle pas même le temps souffler une ébauche de gueulante qu’Alegsis et Kant sautillaient comme deux marmots gavés de sucre.

- Regardez là-haut ! Y’a une grande roue.

S’il n’avait pas de cervelle celui-ci, il avait au moins l’œil. Quand les seuls éléments consciencieux et innervés à bord, Hayase et Grimmjack de leur prénom, s’étonnèrent de ne trouver personne sur ce recoin de plage qu'ils avaient abordés, le duo infernal KantAlegs, pareil à une bête incontrôlable, s’engouffra déjà dans l’île avant même d’en inspecter les abords. La grande roue avait en effet amplement justifié qu’ils baissèrent si bien leur garde.

- Y’a même… y’a même un parc d’attractions.

C’était souvent de coutume autour des grandes roues. Ils avaient détallé si vite et si bien, ces deux-là, qu’ils avaient trouvé le cœur de l’île en un instant, se trouvant déjà logé sous la grande roue aperçue au loin. Dans leur course folle et intrépide, ils avaient ainsi largement distancé leurs deux autres camarades.

- Kant ! Réagit Alegsis, rendu soudain raide et autoritaire dans sa posture. Trouve-nous de la barbe-à-papa. Alegsis ! Ordonna-t-il ensuite à sa propre intention. Trouve par quelle manège on commence.

Et les deux, rendus ainsi parfaitement synchrones, se mirent au garde-à-vous dans l’instant avant de trottiner comme deux dératés jetés chacun en roues libres. Ce qu’ils étaient, au demeurant.
Tout, aux alentours, sembla cependant rouillé et vétuste ; sinistre même. Sans qu’il ne se trouva ici non plus un soupçon d’âme pour leur indiquer une présence humaine, l’air ambiant se trouva bien lugubre. La moindre attraction, bariolée de couleurs délavées par les intempéries et le temps qui passe, demeurait ici comme le vestige tragique de temps heureux et révolus. Outre des toiles d’araignées et de la poussière, Kant ne trouverait guère matière à se sustenter de sucreries dans quelconque stand que ce soit.

Puis, alors qu’il fouilla par acquis de conscience dans une caisse enregistreuse qui traîna là, une masse, jetée avec une célérité confondante, s’écrasa brutalement contre le nécessaire à barbe-à-papa, atterrissant ainsi lourdement sous les marmites et autres cuivres qui traînaient là. Le Tanukien fureteur n’eut pas le temps d’apercevoir ce qui lui était parvenu qu’un deuxième projectile au moins aussi épais s’écrasa non loin de lui, celui-ci en précédant un troisième. Ils étaient gros les grêlons. Les intempéries sur Grand Line étaient en effet réputées comme proverbiales, mais cette averse-ci n’incomba nullement aux nuages gris et chargés planant au-dessus d’eux. Car à bien y voir ce qui avait manqué de lui tomber dessus à trois reprises successives, le petit bonhomme leur trouva des bras et des jambes à ces masses-ci.

Quelqu’un, au loin, lui avait balancé des enfants dessus.

Kant n’eut alors pas le temps de s’interroger sur l’horreur de la chose, pas même de se demander quel genre d’individu horrible, quel despote local, pouvait œuvrer ainsi sans le moindre état d'âme, qu’un quatrième mouflet tombé du ciel s'écrasa devant lui. Non loin de là, il aperçut son copain Alegsis, assailli de toutes parts par une troupe de marmots ayant surgi de partout.

C’était donc ça, Grand Line ? Des machines à barbe-à-papa laissées à l’abandon et des troupes d’enfants hostiles ? Une première impression savait toujours marquer son monde. Celle-ci ne fut guère enthousiasmante au regard de la présente altercation.
Assez peu soigneux, et moins scrupuleux encore, Alegsis avait balancé la marmaille comme il aurait jeté des cailloux ou des chatons. Car il jetait aussi les chatons, Alegsis.

Le fait est qu’ils étaient tombés dans une embuscade ; une grotesque, mais une embuscade toutefois. Apparemment tenus pour indésirables en ces lieux, la faune infantile qui les accueillît, armés pour certains de poignards et d’autres de barres de fer, ne chercha pas à les raccompagner poliment jusqu’à leur embarcation. Combien d’autres explorateurs inconscients, avant que Le Cyan n’aborda les côtes de cette île, avaient succombé à l’assaut de bambins hostiles ?
Cette première aventure commise par-delà les récifs de Reverse Mountain donnait à présent les tons de ce qu’on trouvait , sur la si bien nommée Route de Tous les Périls.

Étant parvenus à leur tour jusqu’au parc d’attractions – et quelles attractions ils y trouvèrent alors – Grimmjack et Hayase, présentés devant le fait accompli, découvrirent à leur tour avec quelle prestesse leurs camarades s’étaient enlisés dans une merde noire. Pour autant que la situation fut incongrue, sinon perturbante, trouver Alegsis là, en train de jeter et frapper des enfants, ne les étonna finalement que bien peu.

- Y’en a partout, vociféra-t-il d’ailleurs tandis que les mioches lui déferlaient dessus par dizaines, faut les massacrer, vite. Sinon ils vont prendre toutes les places de la grande roue !

Qu’ils l’attaquèrent en masse, armés pour tuer, ne l’indisposa guère. Mais la perspective de se faire rafler le passage au moindre manège qui fut par un ramassis de mouflets, justifia en tout cas son présent bellicisme. Brutal par ailleurs.
Les enfants ne l’auraient pas attaqué qu’Alegsis, de  toute manière, n’aurait pas agi autrement à compter de l’instant où il les remarqua dans les alentours.

C’est à cet homme-là que le Gouvernement Mondial, résolument absent de ces terres, avait accordé une licence de chasseur de primes pour qu’il répandit la Justice. Cela, seulement, en disait bien assez long sur le degré d’éthique gouvernemental qui avait cours en ces temps troublés.

À en juger la présente situation, fâcheuse celle-ci, ce serait donc en violentant des enfants que s'initierait leur découverte de Grand Line. C'était une manière comme une autre de commencer. Une qui augurait en tout cas quelques sinistres présages pour peu qu'on fut superstitieux.


Technique mentionnée:


Dernière édition par Alegsis Jubtion le Dim 9 Juil 2023 - 18:23, édité 1 fois
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    Spectaculaire épopée jalonnée de dangers mortels, d’effrayantes rencontres avec des pirates cruels, des dragons cracheurs de feu et autres créatures sorties tout droit de l’imaginaire le plus fou : voilà ce à quoi Kant s’attendait en naviguant sur Grand Line. Aussi, il fut surpris de constater que le premier obstacle à se dresser devant lui sur la route de tous les périls n’était guère plus haut que trois pommes. Le premier enfant qu’Alegsis venait de balancer dans sa direction tel un vulgaire projectile se releva péniblement.

« Oulah, ça va p’tit bonhomme ? » dit Kant, soucieux.

Il ne reçut aucune réponse. Animé d’une étrange rage, le jeune enfant saisit un bâton et tenta d’asséner de violents coups au visiteur fraîchement débarqué sur Innocent Island. Kant esquiva aisément et posa sa main sur le manche de ses ciseaux à bois, avant de se raviser. Il ne pouvait se résoudre à blesser un enfant. Soudain, il sentit quelque chose le heurter violemment. C’était une petite fille, âgée d’une dizaine d’année tout au plus, qu’Alegsis venait d’envoyer valdinguer.

« Non mais, Jubtion !!! » s’exclama Kant, prêt à pousser une gueulante à l’encontre de son meilleur copain.

C’est alors qu’il l’aperçut, étouffant sous le poids écrasant d’une horde de bambins déterminés à l’occire. Le pauvre chasseur de primes s’était retrouvé submergé par ses trop nombreux assaillants. Prenant conscience du danger, aussi absurde soit-il, Kant saisit une flèche et l’encocha. Il s’agissait d’une munition spéciale, dont la pointe était constituée d’une capsule de verre translucide contenant de la poudre. Kant laissa glisser ses doigts sur la tige jusqu’à l’empennage, puis décocha, sûr de sa visée. Au même instant, trois des enfants tombés à ses pieds se jetèrent sur lui et le poussèrent au sol. La flèche qui s’envolait fut alors déviée de sa trajectoire initiale et s’écrasa sur la surface la plus dure et la plus vide du monticule humain, c’est-à-dire la tête d’Alegsis.

En un instant, un épais nuage de poudre violacée se répandit, enveloppant les enfants empilés les uns sur les autres et le chasseur de primes étouffant sous leur poids. L’Ōto Geri, une poudre composée d’extraits de plantes émétiques et laxatives, ne tarda pas à provoquer des quintes de toux chez ceux qui l’inhalèrent. Kant esquissa un léger sourire teinté de gêne, puis reporta rapidement son attention sur les trois mômes qui lui faisaient face.

« SUS AUX ADULTES ! »
« SUS AUX ADULTES ! »
« SUS AUX ADULTES ! »

Tout d’un coup, de nombreux autres enfants surgirent de part et d’autre, armés de seaux de goudrons, de sacs de plumes, de bâton et de frondes. Kant, qui n’eut pas le temps de se relever, s’exclama :

« ATTENDEZ ! Attendez, j’suis pas un adulte, moi ! J’suis à peine plus grand que vous ! »

Constatant que leur cible était, en effet, relativement courte sur pattes pour un adulte, les enfants hésitèrent un instant.

« Voyez là-bas ! dit Kant en pointant du doigt Grimmjack qui se tenait un peu plus loin. Lui, c’est un géant, un géant adulte ! Il est énorme, puis c’est notre chef ! Sus au chef des adultes ! »

Les enfants parurent indécis, mais la crédulité de leur jeune âge vint en aide à Kant qui, grâce à sa petite diversion, sembla échapper de justesse à un terrible goudronnage. Telle une nuée d’insectes enragés, les enfants se ruèrent alors sur Grimmjack pour lui faire goûter à leur courroux enfantin. Kant se releva tranquillement et s’épousseta. Repérant une jeune fille armée d’une fronde, il l’arrêta dans sa course.

« Tiens, dit-il en lui donnant une fiole remplie de Mahi, une poudre dorée. Balance-lui ça en pleine poire, c’est du poison anti-échalote… euh, anti-adulte ! »

La jeune enfant esquissa un sourire avant de suivre ses camarades qui menaient l’assaut contre le chasseur de primes. Une fois hors de danger, Kant se retourna alors vers Alegsis pour lui venir en aide. C’est alors qu’il fut témoin d’une scène terriblement répugnante : une symphonie de sons peu ragoûtants, d’expressions faciales horrifiées et d’odeurs nauséabondes se dégageaient de la cohue humaine, tous en proie à d’incontrôlables diarrhées et des vomissements explosifs. Même aux yeux de Kant, la scène était trop grotesque pour qu’il daigne intervenir.

« SUS AU CHEF DES ADULTES ! » s’exclama une nouvelle cohorte d’enfants surgissant de nulle part, se joignant à ceux qui se déchaînaient déjà sur Grimmjack.

C’est alors qu’une voix puissante, bien qu’enfantine, retentit.

« Aucun adulte sur cette île ne porte le titre de chef ! »

Au son de cette voix retentissante, les enfants s’immobilisèrent tous et leur regard convergèrent vers l’entrée d’une immense attraction tombée en désuétude. Une petite silhouette s’avança dans la pénombre et en sortie, se révélant à la vue de tous.


Le Choc des Couches culottes 6cj6
Marcelle "Mini Shoma" Pancho
Le dernier des Red Spectre


Derrière lui se tenaient de nombreux enfants vêtus d’uniformes rapiécés, évoquant ceux des soldats, et sur lesquels étaient maladroitement tricotées de grotesques insignes. Un silence pesant s’installa et tous les enfants du parc semblèrent attentifs, prêt à agir au moindre de ses commandements.

Kant, qui s’était depuis réfugiée dans les jupons d’Hayase, susurra timidement :

« C’ui-là… Il m’a tout l’air d’être leur chef ! »

Techniques utilisées:
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Couche pleine

Grandline, la route des tous les périls. C'était une nouvelle aventure qui s'annonçait pour Grimmjack entouré de ses copains. Une aventure trépidente, remplie de dangers et de mystères. Enfin, ça, c'est ce qu'il pensait ... Alors quand il vit le parc d'attraction lors de leur première escale, le grand brûlé se sentait excité comme un gosse ... Comme un gosse, parmi toute cette bande de joyeux marmots venus les accueillir.


Des marmots, partout ! Tout plein de mioches ! Des petits, des plus grands, des rondouillards, des maigrichons, des fillettes ... Vraiment tout plein de marmots ! Ca semblait d'ailleurs choquer mes équipiers tous ces gosses qui chahutaient ici et la et nous accueillaient dynamiquement. Ma foi, je n'y trouvais rien d'étrange ... Après tout, on était bien dans un parc d'attractions, c'était sans doute normal que ce lieu soit rempli de gamins !

Par contre ... Je ne savais pas si j'avais le droit de dire que ces enfants étaient tout de même sacrément mal éduqués ... Fallait avouer qu'en terme de manières, il y avait pas mal de choses à revoir ... Déjà crier "SUS AUX ADULTES" dans les oreilles des grandes personnes, c'était niet. J'essayais tant bien que mal des les gronder... Sans succès. Je n'étais surement pas une figure d'autorité a leurs yeux ...

- Doucement les enfants ! Toi le rondouillard, on ne court pas en se curant le nez ! Jeune fille, il faut se laver les mains avant de jouer avec cette fronde ... Aie ! N'embêtez pas les grandes personnes ! Ouie ! Doucem.. Aie ! Non, pas les testicules ! Mais ils sont ou vos parents ?!!!

Alors que ces chenapans me grimpaient dessus, me tiraient les joues et me frappaient avec des batons, je restais stoïque. Stoïque car totalement dépassé par la situation ... Je n'avais jamais eu à gérer un mioche, alors toute une horde ... Mes pensées les plus sincères allaient à toutes ces mères au foyer de famille nombreuse. Ces braves dames étaient les vrais héros du peuple.

N'empêche qu'autant de bambins sans surveillance, à tous les coups c'était un animateur de colonie de vacances qui les avait perdu ! Vraiment, aucune responsabilité ces gens la !
Je balayais les environs du regard. Hayase était elle aussi débordée, Alegsis s'amusait à les jeter en l'air ... Kant, lui, semblait plutôt bien s'en tirer ... Mais comment faisait-il ? La fibre parentale ? Ainé d'une grande famille ?
Et la, bim. J'avais trouvé. LA solution.

Si ces gamins étaient ingérables, il était évident qu'ils avaient un gros stock d'énergie en réserve ... Il m'était naturellement venu à l'esprit de les épuiser pour les calmer. Après, c'était douche, manger, doudou et dodo !

- Bon ok les enfants, vous avez gagnez ... On va jouer ensemble ...

Les quelques mioches qui m'harcelaient s'arrêtèrent tous. Bizarre. On aurait dit qu'ils avaient vu la mort. Ou bien ... S'ils étaient devenus tous si sages, c'était surement pour pouvoir bel et bien jouer avec moi !

Maintenant qu'ils étaient bien plus calmes, des bandelettes formèrent des tentacules à la base de mon dos. Chacune d'elles saisirent un gamin et puis ...

- Attention les enfants .. 3 ... 2 ... 1 ... Décollage ! Tournicoti-tournicota !

Les bandages tournèrent tout autour de moi, de plus en plus vite. Les gamins avaient l'air d'adorer ! Ils hurlaient de toutes leurs tripes ! Tête en haut ! Tête en bas ! ... Et on change de sens ! Pourquoi aller au parc d'attraction quand il y a Grimmjackland ?!

Sûrement interpellés par les cris de joie de leurs petits camarades, c'était une nouvelle vague de mioches surexcités qui s'empressa sur moi.

- Attendez les enfants ! Chacun son tour ! ... Oula, je me sens patraque tout d'un coup ...

Bizarre. J'avais un gros coup de moue tout d'un coup. Et il avait trop d'enfants, beaucoup trop. Tanguant de gauche à droite, je relâcha les gamins que j'avais saisis. Tous montèrent sur moi. Bientôt, on ne pouvait voir qu'une main momifiée désespérée s'enfoncer dans un tas de marmots enragés.

- Aucun adulte sur cette île ne porte le titre de chef !

La horde de garnements - qui à mes yeux paraissait plutôt comme une attaque zombie - s'arrêta net. Je pus sortir ma tête du mikado géant et voir ce charmant petit bonhomme s'approcher de nous.

- Ici, les enfants sont rois. Et le roi des enfants, c'est moi !

J'étais un peu jaloux... Ce moutard avait plus d'autorité sur ces mômes que moi ...

- Les adultes n'ont aucune auto...
- Chut.

Alegsis, sortit de nul part, venait de gifler sans aucune pression le roi des enfants. Cette scène était si choquante que nous étions restés bouche-bée.

- Pour qui te prends-tu misèr..
- Chut.
- .........
- .........
- .........

Ce qu'Alegsis ne savait pas encore, c'était qu'après chaque gifle - accompagné d'un "chut" - qu'il raclait au gosse, il pétait en même temps et laissait apparaitre une trace d'excrément de plus en plus grosse sur son pantalon ...
C'était surtout ça qui nous outrait plus que tout, enfants comme adultes ...

- Dois-je te rappeler que je suis le ro...
- Chut.
- Les adultes ne sont que ...
- Chut.
- Arrêtes de me frap..
- Chut.
- Mais je ...
- Chut.
- Je ...
- Chut.
- ...
- Bon garçon.

J'avais je n'avais vu telle humiliation. Ce jeune gamin venait de se prendre une taulée par un mec qui avait littéralement le slibard dégueulant de caca. C'était ... Horrible ... Je ... Je n'en trouvais plus les mots ...

Après avoir tapoté le crâne du Mini-Shoma comme un bon toutou, Alegsis se retourna vers nous et vit son public sidéré.

- Bah quoi ... ? J'ai un truc coincé entre les dents ?

Techniques utilisées:
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  • https://www.onepiece-requiem.net/t25574-grimmjack-le-chasseur-solitaire
Le précédent incident aussitôt oblitéré, lavé et corrigé, les affaires courantes, quant à elles expédiées au milieu des larmes d’enfants, se trouvèrent finalement derrière eux. De là, l’invasion fut comme ratifiée. Alegsis, sa victoire ainsi consacrée, avait sommé un ramassis d’enfants de le reconnaître comme chef ; chose aisée une fois qu’il les eut si remarquablement soumis par le glaive et le pinceau. Peu lui importa le mécontentement formulé de vive voix par le reste de son équipage ; il réduirait ces enfants en esclavage.

L’œil attentif et oppressant du Gouvernement Mondial, quand il n’était pas posé sur lui, encourageait alors Alegsis à donner libre cours à son imagination. Entreprise dramatique s’il en était à considérer son absence d’éthique caractérisée. Si le Gouvernement Mondial n’avait été bon qu’à une chose, c’était encore d’avoir su, par la seule exhibition de sa force latente, maintenir en respect bon nombre d’abrutis de la trempe d’Alegs. Or, celui-ci s’était émancipé pour l'heure de la tutelle gouvernementale. Aussi, à présent qu’il se trouva si bien logé dans l’angle mort de l’État-Major, Alegsis renoua-t-il avec ses racines. Celles qu'il puisait depuis le fond des carcasses du Cimetière d'Épaves.
L'Alegs que ses compères avaient connu jusqu’à présent, bien qu’infernal au quotidien, avait pourtant jusque là réfréné son plein potentiel créatif. Hors de l’escarcelle du Gouvernement Mondiale, il cavalait désormais à bride abattue sous les yeux atterrés de ses camarades.

- Bien sûr que si, j’ai le droit !

Le ton – comme cela était de coutume quand il s’abandonnait à ses toquades improbables – était évidemment monté de quelques décibels. Même à trois contre un, alors qu’on lui soutînt – et  âprement – qu’il n’y avait rien de décemment convenable à exercer son autorité sur des enfants au prétexte qu’on leur avait tapé dessus, il n’en démordit pas ; ses chicots profondément enfoncés dans ses lubies insanes.

- Même que c’est la loi qui m’y autorise.

Les instances gouvernementales, nébuleuses quant à ce qui tenait à la question de l’esclavage, n’aidaient pas tout particulièrement à y voir plus clair. Déjà qu’Alegsis fut illettré au dernier degré, ce dernier, comme toute la plèbe qui fut une jour établie sous le joug de la Marine, avait entendu dès sa naissance que l’esclavage était réprouvé par le Gouvernement Mondial… bien que toutefois largement toléré en certains espaces géographiques définis. En dépit de la complexité juridique de cette épineuse question – d’autant qu’elle barbotait en plein paradoxe  – Alegsis, usant sans peine de sa haute autorité intellectuelle et morale dont il était pourtant foncièrement déficitaire, se crut apparemment habilité à trancher la question. L’esclavage ? Il y avait droit tant que ceux qui y furent en proie ne venaient pas d’une île « protégée » par la Marine.

Et le plus dramatique, après que ce raisonnement spécieux parvint à son terme, tînt au fait qu’il visait juste.

Kant eut beau faire du chantage à l’amitié, Hayase crier très fort et s’abaisser à la violence quand, Grimmjack, lui, chercha à en placer une au milieu du vacarme ambiant, leur camarade ne leur céda en rien. Il serait le chef des enfants., un point c'est tout. Ses sujets n’y trouvèrent d’ailleurs trop à redire. D’abord car ils étaient encore bosselés et esquintés de leur précédente altercation avec leur nouveau chef, mais aussi parce que celui-ci, en dépit de ses vingt-six années bien tassées, avait l’esprit d’un môme. Les limites de son raisonnement sur le bien-fondé de l’esclavage en attestait par ailleurs.

- Mini-Shoma est mort ! Vive le chef Alegs ! Scanda-t-on à titre de soutien.

- Vive le chef Alegs ! Reprit-on aussitôt en cœur dans l’assemblée de morveux écorchés qui se trouva aux alentours.

À la plus grande stupéfaction – et consternation – des trois autres adultes en présence, la tutelle d’Alegsis fut apparemment accueillie dans l’alacrité la plus effrénée. Pour eux qui avaient vécu à la dure depuis leur naissance, ne reconnaissant que la loi du plus fort pour n’avoir eu que l’ordre naturel comme unique cadre juridique, on fut bien heureux, parmi les enfants du parc d'attraction, de se trouver un chef aussi puissant. Mini-Shoma, enseveli sous les décombres – mais bien vivant – avait été, depuis longtemps déjà, un chef de tribu capricieux et mal embouché. Le changement de régime s’accepta dès lors comme une bouffée d’air frais.

- Un discours ! Un discours !

Pareil à un ramassis de chiards excités et idiots – ce qu’ils étaient par ailleurs – la joyeuse bande du parc d’attraction vécut admirablement bien le couronnement récent de son nouveau roi. La démonstration si ostensible d’une telle aliénation déchira sans doute le cœur de Kant. Celui-ci, après tout, était un homme dont les aspirations humanistes s’avéraient décidément trop sincères pour qu’il ne souffrit pas de voir ce désolant spectacle de servitude volontaire. Lui, comme ses deux autres coéquipiers n’était alors pas au bout de ses surprises.
Juché debout sur le dos d’un des enfants qu’il utilisa comme une estrade, Alegsis donna à son peuple ce qu’il réclamait.

- Va y avoir du changement ici, moi je vous le dis. D’abord… on va appeler cette île les Allods d’Alegsis !

Il fallait bien marquer le coup, après tout.

- Mais, objectait-on déjà parmi ses ouailles nouvellement converties au Jubtionisme, elle a déjà un nom l’île. Même qu’elle s’appelle Innocent Island.

- Eh puis un Allod, ça a pas franchement de rapport avec l’île.

- En plus Izya l’a déjà fait.

Mais Alegsis était un souverain impérieux qui ne supportait guère qu’on le contredise. D’un regard aussi grotesque qu'il parut sévère, il intima la petite foule à la révérence due à son suzerain.

- Va pour les Allods d’Alegsis !

- Hourra !

- N’empêche qu’Izya l’a déjà fait.

Sur ce préliminaire si désinvoltement expédié, Alegsis, en tribun prolixe mais dégénéré, discourut une heure durant. Il argua, quand on lui apprît que bien d’autres tribus d’enfants séjournaient sur ses Allods, qu’il faudrait à présent conquérir l’île d’un arpent à l’autre. Sa harangue fut telle qu’elle mérita qu’on la consigna dans l’Histoire même. Hélas, ses sectateurs étaient peut-être aussi analphabète que lui pour s'essayer à rédiger quelconque chronique que ce fut. Et il ne faudrait pas en attendre davantage de l’équipage, chacun de ses trois compères assis, qui sur un cheval de manège, qui dans le chariot de la grande roue, quand ce ne fut pas tout simplement en tailleur à même le sol. Ils attendaient que ça passe.

- Partisans ! Il s’y croyait. Je sais que la guerre que nous mènerons sera rude, qu’elle sera impitoyable et que certains se noieront dans le sang. Seulement voilà… faut bien la faire.

Il s’adressait alors à un auditoire dont la moyenne d’âge avoisinait neuf ans et demi.

- Beaucoup d’entre vous ne verrons pas à quoi ressembleront les Allods d’Alegsis unifiés. Mais soyez sans crainte. Déjà parce que huit ans, c’est un âge très respectable pour mourir si on y réfléchit. Moi par exemple… j’avais une sardine, déjà, il dérivait vers ses histoires à dormir debout qui, le plus naturellement du monde, lui venaient aux babines quand il s’égosillait trop longtemps, elle a vécu sept ans ! Je l’avais sauvée d’une pêche – parce que je suis comme ça, je peux pas m’empêcher de faire de l’héroïsme – et je lui ai appris des tas de tours. Comme nager et respirer dans l’eau,  ce genre de trucs. Donc voilà ! On va pas laisser les autres nous écraser, ça fait trop longtemps qu’on subit leur tyrannie.

Alegsis se trouvait sur l’île depuis deux heures à peine et ignorait qui étaient ces « autres » dont il les entretenait. Ce n’était pas pour autant qu’il irait en trépignant sur le sentier de la guerre. Après tout, il y tenait à ses Allods.
Sanctionné par un plébiscite d’applaudissements extatiques commis par ses zélateurs inconscients, il établissait à présent sa politique.

- Les Allods d’Alegsis, ce sera un paradis. Et comme au paradis, les filles devront obéir aux garçons. normal, quoi.

Ses immondices, il les assénait systématiquement avec bonhommie et fraîcheur. Ce qui, du reste, ne les rendait que plus déroutantes. Un peu comme si ses propos – pourtant toujours malsonnants – se voulaient innocents et incontestable. De sa dernière réplique énoncée, il sembla que seule une moitié de son auditoire en ressortit positivement réceptive. Et c’est de là que les perturbations commencèrent.

- Mais enfin Alegsis, t’es complètement zinzin ?!

La question que lui avait adressé Hayase était, bien évidemment, strictement rhétorique. Ce grand chef de guerre, qui discourait depuis plus d’une heure, debout sur le dos d’un enfant de dix ans, prit peur, soudain, cramponné à son pinceau de combat, davantage prêt à recevoir une sévère correction qu’il ne l’était à en découdre.

- Jamais les filles n’auront à obéir aux garçons. C’est quoi encore de ces histoires ?

Elle n’avait pas réagi quand Alegsis clama qu’il réduisait les enfants en esclavages. Elle n’avait rien dit tout du long de sa diatribe belliciste où il admettait qu’il enverrait des enfants mourir à la guerre. Mais les projets politiques du chef Jubtion, ainsi proférés le plus insolemment du monde, ne purent cette fois pas la laisser de marbre. Déjà Kant et Grimmjack, en coéquipiers avertis se précipitèrent auprès d’elle afin qu’elle tempéra son potentiel destructeur. Elle était irritable, Hayase. D’autant plus quand un imbécile de sa connaissance persistait dans ses outrances.
Car, jamais Alegs ne s’excusait de ses actes ou de ses propos. C’était un homme de principes, persuadé d’avoir toujours raison même lorsqu’il se savait en tort : un abruti de la plus stricte obédience. Aussi cette complainte ne l'intima qu'à la surenchère.

- Silence galopine, se hasarda-t-il en la pointant de son pinceau, apparemment trop galvanisé par l’ivresse de ses propres discours, ou je te fais exécuter par mes hommes !

Donnez le pouvoir à un homme, même une bribe à peine, et alors vous ne le changerez pas ; vous le révélerez pour ce qu’il est vraiment. Alegsis, lui, même en position de despote, ne changea pas fondamentalement. Il resta le même incorrigible crétin expansif qu’il avait toujours été. Ce qui, dans la situation présente, ne plaida cependant pas dans sa faveur. Le rouge qui irradiait alors Hayase aux joues comme au front, laissa en tout cas entendre qu’elle se sentit quelques aspirations révolutionnaires maintenant qu’elle fut présentée à cette tyrannie petit bras.
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Le Choc des Couches culottes
L'heure était grave. Je ne me considérais pas comme une féministe, mais il y avait des propos que je ne pouvais malgré tout pas laisser passer. Les dires de ce sale macho avaient fait mouche. Une fois de plus, ma colère contre lui gronda. Une fois de plus, les coups tomberaient. Seulement cette fois-ci, je ne serai pas la seule à lui porter. Ce ne sera pas à une seule femme qu'il aura à faire. Mais plusieurs.

En l'occurrence, il s'agissait plutôt de petite fille à peine plus âgées que moi quand je pris la mer pour partir à l'aventure avec Capulina. Mais qu'importe l'âge d'une demoiselle. Il ne fallait pas nous sous-estimer. Si Alegsis voulait la guerre. Celle-ci viendra frapper à sa porte.

- " Les filles !! " Scandais-je en regardant toutes ces petites frimousses. " Vous n'allez quand même pas laisser cet abruti dire ce genre de chose ?! " Leur demandais-je en pointant l'ignare qu'était le soi-disant nouveau chef de cette bande de bambins. " De quel droit se prétendent-ils supérieurs à nous ?! De quel droit devrions-nous obéir aux moindres de leurs ordres sans broncher ?! Moi, je dis qu'il en est hors de question !! " M'exclamais-je avec ferveur en serrant les poings.

Toutes ses petites filles me regardèrent avec de grands yeux ouverts. Émerveillée par les propos que je tenais et surtout avec quelle prestance je me tenais devant elle. Comme me sentant investie d'une mission, je ne comptais pas en rester là. Pour toutes les femmes opprimaient par l'homme qui se croit au-dessus de nous.

Et surtout, pour empêcher ce vulgaire Chasseur de mettre ainsi en tête à ces enfants que la femme doit s'agenouiller devant qui que ce soit.

- " Vous êtes bien plus fortes qu'il ne veut vous faire croire ! " Continuais-je dans ma lancée en regardant chacune d'entre elle avec détermination. " Les garçons sont crasseux et puants ! Ils sont aussi très bêtes au point d'en manger des cailloux ! " Stipulais-je avant de faire une petite pause pour regarder avec dédain tous les petits garçons qui étaient du côté d'Alegsis. " Tandis que nous !! " Repris-je en reportant mon attention sur elles. " Nous sommes belles. " Affirmais-je en passant une main dans mes cheveux pour les faire flotter au vent. " Gracieuses, courageuse et de loin bien plus intelligentes qu'eux ! "

À ces mots, nombreux de ces petits anges acquiescèrent avec énergie alors que d'autres regardèrent les sales mômes avec dégoûts.

- " Sans nous ! Ils seraient incapables de survivre ! " Faisant les cent pas devant mon auditoire, plus rien ne pouvait m'arrêter. " Dès qu'un homme se fait mal, il va se mettre à chouiner ! Une simple écharde dans le doigt, c'est comme si on venait de lui planter un katana dans le ventre ! Et quand ils sont malades... Ils pensent tout de suite qu'ils vont mourir ! " Déclarais-je en secouant la tête tout en soupirant de lassitude tandis que les fillettes ricanaient à cette pensée qui leur était déjà familière.

De leur côté, les garnements regarèrent leur chef qui réalisait qu'une partie de ses troupes étaient en train de lui tourner le dos. Quant à moi, je le voyais creuser sa petite cervelle atrophiée pour trouver une solution afin de retourner la situation. Malheureusement pour lui, je ne comptais pas lui en laisser le temps.

- " Alors les filles, je vous le demande ! " M'écriais-je pour couvrir le brouhaha qui commençait à s'élever dans les rangs. " Allons nous les laisser nous diriger ?! Ou allons-nous leur montrer que ce sont nous les plus fortes ?! " Finis-je par dire en levant le bras au ciel suivi de prêt par toutes ses petites mains qui se levèrent pour m'acclamer et faire entendre leur mécontentement.

Fière de mon petit discours, je jetais un regard de défi à mon nouvel ennemi qui grimaçait de colère. Réalisant que je ne vais de diviser sa petite armée en deux, ce dernier descendit de son petit perchoir qui n'était autre qu'un enfant avant de s'essayer de calmer l'ardeur de mes troupes. Cependant, rien n'y fit. Les petites demoiselles ne l'écoutèrent plus du tout. Au contraire même, elles commencèrent à lui jeter des cailloux au visage.

Rapidement, les minis soldats du tyran répliquèrent pour défendre leur chef. Souhaitant à tout prix défendre mes petites amazones, je pris une décision qui allait nous faire remporter cette bataille aisément.

Frappant le sol du talon à vive allure, je disparus comme par enchantement avant de réapparaître derrière le roi des Allods. Attrapant ensuite l'un de ses bras, je lui tordis dans son dos avant de placer mon index au niveau de sa gorge.

- " ÇA SUFFIT !! " Hurlais-je à l'encontre de tous les enfants. " Rendez-vous sinon je tue votre chef !! "

À cette menace, la bataille prit fin et tous regardèrent dans notre direction. Même Kant et Grimmjack retinrent leur souffle en voyant ce qui se passait. Légèrement perplexes, les partisans du roi fou me fixèrent la tête penchée sur le côté. Bien qu'étant des enfants un peu naïfs, ils ne comprenaient pas comment je pouvais faire du mal à leur chef avec juste un doigt. Ce qui n'était pas le cas de tout le monde.

- " Stop ! Stop !! " S'exclama Alegsis d'une voix paniquée et suant à grosse goutte. " C'est le Shigoumi... " Déclara ce dernier en déglutissant.

En effet, malgré la mauvaise prononciation de celle-ci, Alegsis avait reconnu la technique que je m'apprêtais à user contre lui. L'une des six capacités du Rokushiki. Le Shigan. Mais ce qu'il ne savait pas, c'est que je ne savais pas encore la maîtriser. Ce n'était en effet que du bluff.

- " Exact ! A la vitesse de l'éclair, je peux transpercer son coup à l'aide de ce simple doigt ! " Leur expliquais-je le plus sérieusement possible en balayant la foule du regard. " Aucun de vous ne sera assez rapide pour lui venir en... " Je fis une petite pause le temps de reprendre ma respiration à cause de l'odeur immonde qui se dégageait de son pantalon. " ...aide ! Et votre roi mourra si vous ne vous rendez pas ! Sérieux, tu pus Aleg... " Lui chuchotais-je en me retenant de vomir tellement, c'était insupportable.

Sous le choc de cette annonce, les troupes de mon adversaire lâchèrent leurs armes en guise de soumission. La bataille et peut-être même la guerre était déjà terminée. Enfin, c'est ce que je crus. Malheureusement, parmi les personnes présentes, l'une d'elles vint contrecarrer mes plans. Se jetant sur moi, une ombre immense me plaqua au sol.

- " Ne fais pas ça ! " Vociféra la petite bandelette qui me maintenait par terre en me tenant les poignés. " Il est peut-être complètement idiot, mais c'est quand même notre ami... "

Avec des yeux de chien battu, Grimm me suppliait de reconsidérer la question. Cet idiot était également tombé dans le panneau. Croyant que je comptais vraiment tuer notre camarde.

- " Mais lâche moi sombre idiot ! " Lui ordonnais-je en me débattant comme je pouvais.

Cependant, à cause de sa force et de son poids bien plus important que le mien, je ne parvins pas à le repousser. Soit, s'il voulait qu'on en arrive jusque-là, tant pis pour lui.

- " C'est un allié de roi tyran ! À moi !! " M'écriais-je à l'encontre de mes petites guerrières

Écarquillant les yeux de surprise, la momie n'eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait. En un rien de temps, il fut submergé par une horde de petite filles qui se mirent à le frapper et à le mordre.  

Enfin libre de mes mouvements, je me relevais rapidement. Et tandis que je frottais ma robe pour la dépoussiérer, je fixais Alegsis qui me faisait face à quelques mètres de moi. Pinceau en main, il me défiait de son regard porcin, prêt à en découdre.

Plissant les yeux, je le défiais également tout en me saisissant de mes yo-yos. Ce n'était pas la première fois que nous allions nous affronter. Et malheureusement, à l'époque, nous n'avions pas pu aller jusqu'au bout. Cette fois-ci, rien ne nous arrêterait. Et enfin, nous saurons qui est le plus fort de nous deux.

Mais une fois encore, tout ne se déroula pas comme je l'entendais. Alors que je m'apprêtais à lui fondre dessus pour le prendre de vitesse, un bruit se fit entendre. Suivit par d'autres qui firent trembler l'air. Des petits estomacs qui criaient famine.

- " J'ai faim... " Déclara une petite fille qui cessa de se battre pour se masser le ventre

- " Oui, moi aussi... " Intervint également un petit garçon qui se tapotait le sien.

S'en suivirent plusieurs complaintes du même style. Toutes ses petites têtes blondes ressentaient le besoin de se nourrir. Une envie qui prit le dessus sur celle de continuer à jouer à la bagarre. Battant plusieurs fois des cils, je regardais interloquée ma petite troupe. Alegsis confus à son tour, les observa également.

- " Bon bah, c'est l'heure de manger ! " Dit le plus simplement du monde le Chasseur de Primes avec toujours autant de détachement.

- " Oui faut croire... " Lui répondis-je en ne sachant trop quoi en penser. " Mais on n'en restera pas là ! "

À ces mots, je fis signe aux petites filles de me suivre. Il était hors de question qu'on partage notre repas avec eux. Alors qu'on s'éloignait loin des garçons, la voix de Kant m'interpella.


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 10:55, édité 2 fois
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    Les tirades despotiques d’Alegsis déchiraient le cœur de Kant, qui ne parvenait plus à discerner les traits de l’idiot magique qu’il chérissait tant. Elles raisonnaient comme autant de claquements de fouets, assénés sans vergogne à l’idée même de liberté. C’en était trop pour Kant. En lieu et place de son meilleur ami, il ne vit plus qu’un porc ; un cochon bouffit d’orgueil, juché sur le dos courbé de pauvres enfants, et qui ne méritait pas plus qu’un aller-simple pour l’abattoir. L’insoutenable colère qui consumait Kant fut toutefois tempérée par Hayase, dont la beauté n’avait d’égal que son courage, puisqu’elle se montra assez téméraire pour oser s’opposer au tyran autoproclamé. Cependant, la délivrance fut brève, car la belle se mua à son tour en matriarche souveraine et absolue.

Les attractions du parc avaient beau ne plus fonctionner, les émotions de Kant empruntaient de réelles montagnes russes.

Bientôt, la nécessité de faire un choix s’imposa à lui telle une inévitable gueule de bois pour tout amoureux du goulot. À la tyrannie d’un pourceau écervelé, Kant préféra l’écrasante oppression féminine d’une gynécocratie. Les yeux rivés sur la croupe de l’élue de son cœur, il s’exclama :

« Haya ! Est-ce que… Il s’empourpra tandis que le regard foudroyant d’Hayase daignait se poser sur lui. Est-ce que je peux venir avec vous ? »

Tous ses vœux, tous ses espoirs de ne pas être réduit à la fonction d’esclavagiste sous les ordres de son meilleur ami, mué en ignominieux dictateur, étaient suspendus à sa seule réponse, qui fut :

« Non. »

Alors, voyant Alegsis et Grimmjack s’éloigner avec leur horde d’enfants-soldats d’un côté, et de l’autre, Hayase s’envoler avec son escouade de fillettes, Kant, profondément meurtri, fit le choix de se rendre auprès de son seul ami qui ne se souciait guère des manœuvres politiques et guerrières : le Fish’n Ship.

    Le soleil se couchait. Kant faisait les cent pas sur le quai, trébuchant parfois sur les cadavres de bouteilles grâce auxquelles il venait de noyer son désespoir. Il était désormais tourmenté par plusieurs questions existentielles et trouvait, auprès du poisson-rouge, un interlocuteur à même de l’aider à les trancher.

« Pas question ! *buuuurp* Déjà, les ‘Allods d’Alegsis’, non mais l’est fou … ! Puis sa folie guerrière ? On en parle de sa folie *buuurp* guerrière ? En plus ! En plus ! Le suivre signifierait m’allier à l’échalote, et ça, c’est hors de question ! »

Kant marqua une pause, puis tituba jusqu’au bord de l’eau, où il plongea son regard dans l’œil vitreux du Fish’n Ship. Il y aperçut son propre reflet.

« Ben oui … J’sais bien qu’elle peut être aussi inflexible qu’une grosse poutre ! Plus têtue qu’un pied d’chaise ! J’pourrais pondre des œufs d’or à m’en écorcher l’cul qu’elle m’répondrait toujours ‘Non.’… La réflexion cheminant, le jeune ivrogne se frotta le menton, puis suggéra pour lui-même : Peut-être… Mais oui ! J’vais ruser ! »

*


    Le lendemain, Kant se réveilla avec un léger mal de crâne, mais les idées claires. Après avoir longuement hésité à entrer dans la chambre d’Hayase afin d’y trouver de quoi réaliser son plan, il s’y refusa. Les risques étaient bien trop importants. Plongeant dans son sac, il en sortit quelques pigments qu’il sélectionna avec soin et commença sa séance de maquillage. Un peu de rouge pour les lèvres, une légère teinte rosée sur les joues, beaucoup de bleu sur les paupières, l’illusion était… médiocre. Après s’être débarrassé de son bonnet et avoir réarrangé ses cheveux, Kant prit de nombreux morceaux tissus qu’il assembla de manière désordonnée, pensant -à tort- revêtir une tenue féminine. Enfin, il se para de quelques bijoux, butin de ses anciens larcins.

« Bon ! dit-il en s’adressant au Fish n’Ship. Souhaite-moi bonne chance ! »

Le soleil de midi atteignait déjà son zénith, faisant fondre le grossier maquillage sur le visage de Kant, travesti de la tête aux pieds. Le pauvre bougre ne ressemblait ni à une femme, ni à un homme, ni même à quoi que ce soit. Malgré cela, il gardait espoir.

En arrivant près de la zone délimitée par Hayase et ses troupes, Kant n’hésita pas un seul instant et se présenta à deux fillettes qui montaient la garde. En apercevant l’étrange hurluberlu, elles furent soudain horrifiée et s’en allèrent en hurlant. Très vite, la cheftaine du camp féminin se présenta devant Kant, l’air complètement abasourdi.

« Mais… Qu’est-ce que … »

Convaincu que son pathétique déguisement faisait illusion, Kant prit la parole d’une voix tout à fait aigue et singulière.

« Bonjour ! Je suis… Je suis K… Kelly ! Je viens grossir vos rangs, Ô, Grande Souveraine des filles du parc. »

Qui sait ce qu’il se passa alors dans la tête de l’agent gouvernementale à cet instant précis ? Peut-être était-elle de bonne humeur ce jour-là, touchée par les efforts de Kant pour rejoindre son armée, ou peut-être était-ce simplement pour ne pas décevoir les fillettes qui accueillirent Kelly avec enthousiasme malgré son apparence singulière... Quelle que soit la véritable raison, Hayase fit semblant de n’y voir que du feu, et Kantravesti fut intégré au sein de l'armée des filles.

La journée s’écoula sans qu’aucun signe des garçons ne vienne perturber la préparation des hostilités à venir. Si Kant, l'esprit libre, était réticent à toute velléité belliqueuse, ce n'était pas le cas de Kelly, qui, totalement dévouée à la volonté de sa reine, prit rapidement une position de premier plan dans l'organisation des préparatifs militaires.

DE L’ART DE VARIER LES TACTIQUES

Ainsi, la journée du lendemain fut entièrement dédiée à la préparation des troupes et à l’enseignement de différentes tactiques de combat. ‘La Grande Armée d’Hayase Yorha’, comme on la nommait alors, fut divisée en deux groupes : l’un, composé des filles les plus âgées, se soumit à un entraînement intensif du combat rapproché, sous la supervision de la souveraine elle-même. Le second groupe, constitué des plus jeunes combattantes, reçut l’enseignement de Kelly pour tout ce qui avait trait au combat à distance.

Les jeunes filles du second groupe, malgré leurs complaintes concernant les odeurs incommodantes de leur instructrice et l’aspect de plus en plus inquiétant que lui conférait son maquillage dégoulinant, demeurèrent néanmoins sérieuses et assidues. En une seule journée, chaque combattante fut équipée d'un arc et d'une vingtaine de flèches aux pointes émoussées, ainsi que d'une dizaine de grenades remplies de poils à gratter. Ainsi armé, le groupe de Kelly était fin prêt à seconder les combattantes de la souveraine, qui semblait de plus en plus impatiente d’en découdre.

DE L’ARMÉE EN MARCHE

Le jour fatidique arriva enfin. Le ventre bien rempli après un copieux petit déjeuner, les rangs parfaitement agencés de La Grande Armée d'Hayase Yorha quittèrent leur base pour se lancer dans la bataille, déterminés à étendre leur pouvoir sur l'ensemble du parc. Souveraine, Hayase marchait en tête, suivie de ses combattantes aux visages spécialement peinturlurés pour l’occasion. Quelques mètres derrière marchaient les courageuses fillettes commandées par Kelly, dont l’apparence physique relevait désormais plus de la monstruosité que de tout autres choses. À la lisière de la ligne de front, Hayase leva le poing en signe de halte. D’une voix forte et déterminée, la souveraine s’adressa à ses troupes.

« ENNEMIS EN VUE ! »

La bataille commençait.
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Opération BreakCastle

La tournure de ces derniers jours avait bien changé depuis Logue Town. Voila que le récent équipage du CYAN vivait son plus gros conflit interne. Proche de la scission, Grimmjack, commandant des "Petits mais Braves Guerriers du Généralissime Alegsis", y avait son rôle à jouer.


- Soldats ... Garde à vous !

La petite troupe de marmots exécuta l'ordre - d'une manière disparate - sans broncher. Droit comme un piquet, mains croisés dans le dos, je longea mes troupes en les examinant de haut en bas.

- Savez vous pourquoi êtes vous convoqués ici, jeunes gens ?

Une main se leva parmi la deuxième rangée. D'un signe de la tête, je lui accorda la parole (on avait tout de même prit 4 jours à créer un semblant d'ordre dans nos rangs ...).

- Parce qu'on est des Petits mais Braves Guerriers du Généralissime Alegsis, commandant Grimmzack !
- C'est exact ! Tu es promus "Sergent-Chef" dorénavant !

Le mioche, parce qu'il avait dit une bonne réponse et confortait les idéaux de ses supérieurs, venait tout juste d'être promu. C'était comme ça qu'on filait droit dans l'armée d'Alegsis, à la carotte et au baton. Et puis aussi, car les sergent-chef avaient le droit d'une demi-part en plus de lait fermentée au gouter.

- Maintenant attention ! Celui qui répondra bon deviendra "Adjudant" ! Un adjudant avait droit à une part entière en rab, la tension était à son comble. Savez vous pourquoi, nous les Guerriers du Généralissime Alegsis allons gagner cette guerre ?!
- Moi je sais !
- Moi ze sais !
- Moi je sais !
- Toi ! Pointais-je du doigt le premier qui avait levé la main.
- Par que les garçons c'est les meilleurs et que ... Et que, bah, les filles, c'est trop nul déjà !
- Félicitation Adjudant !

Félicité par ses petits camarades, un nouvel officier de notre glorieuse armée venait de voir le jour.
Mais l'heure n'était pas aux festivités. Les temps étaient graves. Une grande bataille allait commencer le lendemain. Je me devais de préparer mes hommes, cette petite troupe d'une dizaine d'enfants, pour accomplir nos objectifs. Objectifs qui étaient cruciaux pour la pérennité de notre fraiche nation ... Que dis-je, de notre Mère-Patrie ! Le Fort et Fier État des Allods d'Alegsis !

Il était maintenant temps de parler stratégie et de tactiques de guerre. J'invita alors mon escouade d'élite à tourner la tête vers une pancarte. Cette pancarte, c'était le plan du parc d'attraction que j'avais déterré plus tôt et où j'avais grossièrement dessiné ce qui allait devenir notre champs de bataille.

La carte du Parc des Castors:

- Demain sera le début de l'opération "BreakCastle", alors écoutez bien mes jeunes gens", tout va commencer à ...

[...]

JOUR J

Les bruits de rage et de haine de ce qui allait s'annoncer comme la "1ère Grande Bataille des Castors" résonnait dans tout le parc d'attraction.
Alegsis menait ses hommes au front avec brio et les troupes des Petits mais Braves Guerriers du Généralissime Alegsis affrontaient avec courage les forces de la tyrannie d'Hayase.
Mais tout cela se passait loin de moi. Non, une autre tâche avait été confiée à mon escouade.

Alors que la bataille faisait rage entre le petit manège et le tournicoti, nous étions postés au pied du bateau pirate prêts à tout pour réussir notre mission.

Un message lumineux via un morceau de miroir d'une de nos vigies en haut de la grande roue nous donnait le signal de départ. D'un signe de la main, je dirigea mes hommes vers la gloire et la réussite.

Nous nous mîmes à ramper le long de la marre aux canards-lézards comme de véritables mini-commandos. Incognito, nous arrivions enfin à notre destination : les jeux gonflables.

- Début de l'opération "BreakCastle", prêt à tirer !

Deux des garnements me tirèrent les bandelettes des bras. L'entreprise était simple : mon corps allait servir de fronde géante.

- ... En joue ...

Alors que le tissu était bien bandé, un duo d'enfant se mit à le tirer à son maximum tandis que les autres chargeaient mes bandages avec tout ce qu'on avait récolté la veille. Ça allait de visses à des écrous, des épingles à nourrices, bref, tous les petits projectiles métalliques qu'on avait pu trouver.

- ... FEU !

Une pluie s'abattit sur le camps adverse. Bien que l'endroit était vide, il était stratégique de le réduire en poussière. Car une fois les jeux et les chateaux gonflables à terre, nos vigies de la grande roue pouvaient percevoir jusqu'aux limites des boutiques abandonnées. Ce qui faisait perdre un bon bout de terrain à ces fichues chipies surexcitées.

- Sergent-chef, au rapport.
- Oui zhef ! Les bases numéro ... Euh ... Trentre-seize sont touzhés !
- Bien, bon boulot soldats. Préparez une nouvelle salve.

Un petit sourire orgueilleux s'afficha sur mes lèvres que même les bandelettes ne pouvaient cacher. Alors que les petits garnements s'affairaient pour une nouvelle attaque, je restais droit comme un piquet, surveillant la zone. Ce rôle de commandant d'armée me plaisait plutôt bien au final.

- Prêt à tirer ...
- Zhef ! Zhef ! C'est les filles ! Elles z'arrivent ! En plus y'en a une elle est pas belle du tout !

Que neni ? Comment avaient-elles pu réagir aussi vite ? Après une simple observation, la figue dévisagée par le maquillage de notre cher me paraissait en être la cause. Je ne pus m'empêcher de grommeler dans mes bandelettes. Ce maudit Kant avait le don pour me pourrir la vie !

Malheureusement pour lui, j'avais déjà développer une stratégie pour contrer les effets Kanpo Kenpo ...

- Soldats, formation numéro sept d'auto-défense en cas d'attaque biochimique !

Les gamins coururent dans tous les sens pendant que d'autres me regardaient ébahis en tentant de se rappeler quelle était la formation numéro sept. Mon dieu, il semblait que mon escouade d'élite n'était peut-être pas encore au point ...

- Mais non les enfants, pas la tortue ! Les masques à gaz, sortez les masques à gaz !

Voila, il fallait leur parler simplement à leur âge, un peu comme on parlerait à un Alegsis Jubtion.
Toute la troupe s'exécuta sur le champs et sortit le matérielle nécéssaire à cette formation : un slip (propre cette fois-ci). Ils se le mirent autour du visage, et après un noeud grossier mais ferme, s'était transformer en vraie filtre à air. Bon, il fallait avouer que cela n'allait pas durer longtemps comme protection, mais il fallait faire avec les moyens du bord ...

- C'est trop tard Kant, tes espiègleries ne marcheront pas sur mes hommes. Disais-je en accueillant mon redoutable adversaire avant de rire frénétiquement comme les vilains le feraient.
- Ça tombe bien l'échalote, ce n'est pas eux que je vise. Kanpo Kenpō Ōto Geri !

Gloups. J'avais pas pensé à ça moi ! Je fouillais rapidement mes poches pour me sortir un de ces fameux "masque à gaz" mais ... Je n'avais pas penser de m'en équiper !
La flèche s'explosa sur mon front et j'inhala contre mon gré la poudre qui s'en était libéré.

Mon ventre commença à gargouiller. Les souvenirs douloureux d'un Alegsis ayant subit le même sort quelques jours plus tôt remontèrent à la surface ... Arg ! Et pour couronner le tout, les fillettes qui accompagnaient mon rival étaient de véritables mini-tyrans à l'image d'Hayase ... Et poutraient violemment les mômes sous ma charge !

Crotte ! Malgré le succès de l'opération "BreakCastle", c'était une défaite cuisante !

Un gong retentit dans tout le parc d'attraction. Celui qui me sauvait la face.

- Il est 16 heure zhef !
- Kelly, c'est l'heure du goûter !

Selon la convention d'Innocent Island signé en 1629, tous les jours de batailles prenaient fin à 16 heure pile pour que les troupes se ravitaillent du célèbre et immanquable "goûter" quotidien.
C'était les règles, il fallait les respecter !

Alors que nous tournions les talons, un regard furtif s'échappa vers mon ennemi de toujours.

- Je t'aurai un jour, je t'aurai !

Kant me répondit par une grimace. Gloups, un nouveau gargouillement me pressa le pas ! Un jour certes, j'aurai ma victoire, mais tout de suite, je sentais le cow-boy s'approcher dangereusement du canyon ! Il fallait faire vite !

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Le Choc des Couches culottes
Cela faisait déjà plusieurs jours que cette guerre entre les forces d'Alegsis et les miennes avait commencée. À l'aube de la cinquième journée, je réfléchissais à comment prendre le dessus dans cette bataille. Nos adversaires étaient redoutables, mais ils ne valaient rien contre mes farouches petites guerrières.

Ces dernières avaient reçue un entraînement des plus complets. Avec l'aide de Kant dont le déguisement se faisait plus hideux avec le temps qui passait. Nous leur avions appris tous les rudiments de la guerre. Que ça aille du combat au corps-à-corps à celui se faisant à distance. Mais plus particulièrement, je leur avais enseignée où se trouvait le point faible de nos ennemis.

Une technique infaillible pour les maîtriser. Je leur appris qu'il s'agissait d'un art ancestral que toute petite fille se devait de connaître. Un pouvoir tel qu'il pouvait paralyser ceux y assistant. Et que ce dernier m'avait à de nombreuses reprises servi pour punir le Tyran. Le Brise-Noix.

Les yeux grands ouverts d'émerveillement, les petites demoiselles ne demandaient qu'à l'apprendre. A l'aide d'un mannequin en bois que le Lutin confectionna, les fillettes s'exercèrent donc à frapper dans l'entre-jambe de celui-ci.  

J'étais extrêmement fière de mes troupes. Mais la bataille était rude et je voyais chaque jour certaines d'entre elles tomber au combat. Cela me brisait le cœur. Néanmoins, nous n'avions pas le temps de pleurer nos pertes. Il nous fallait garder la tête haute et continuer cette lutte en leur honneur.

Seulement, plus le temps passé, moins je me sentais d'en voir ne serait-ce qu'une chutée et s'écorcher les genoux. Il fallait frapper une bonne fois pour toutes. Afin que nos assaillants ne s'en relèvent plus jamais. Cela faisait déjà plusieurs heures que je réfléchissais. La nuit avait été courte pour moi. Il me fallait trouver un plan.

- " Ma Reine ? " M'interpella la voix d'une petite fille tandis que je réfléchissais en regardant le plan du parc d'attraction afin d'y trouver un plan d'attaque.

- " Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler ainsi. " Rétorquais-je d'une voix douce sans même prendre la peine de poser mes yeux sur la petite Erica qui se tenait au garde-à-vous à quelques centimètres de moi. " Et puis tu devrais être encore en train de dormir. Une grande bataille nous attend. " Lui stipulais-je avant d'enfin la regarder droit dans les yeux. " Allez ouste.. Je veux que ma plus grande guerrière soit en forme. "

Ne bougeant pas d'un pouce, cette dernière secoua tout simplement la tête pour me faire comprendre qu'elle n'en avait pas envie.

- " Je n'ai plus sommeil. " M'expliqua l'ancienne leader des filles. " Je ne suis pas une marmotte comme les garçons... " Soupira-t-elle en affaissant les épaules avant de reprendre avec ferveur. " Je suis prête à me battre tout de suite, s'il le faut ! "

Quelques secondes s'écoulèrent sans qu'aucun autre mot ne fût prononcé. Bouche bée, je regardais cette jeune combattante très douée. Un atout important dans mon armée. Mais ce n'était pas à ça que je pensais actuellement. Mais à cette information cruciale qu'elle venait de me fournir.

- " Les garçons sont des marmottes... " Répétais-je sans la quitter du regard pendant que mon cerveau traitait cette donnée.

- " Bah oui ! " Intervint de nouveau la petite peste en croisant les bras. " Ils passent leur temps à dormir ! Certains d'entre eux se réveillent parfois qu'entre neuf et dix heures... " Soupira une fois de plus celle a qui me secondait en plus de Kant. " Franchement, c'est trop nul un garçon... En plus après ça, va chouiner parce qu'ils auront faim... "

Je n'écoutais plus vraiment ce qu'elle déblatérait. Mes pensées étaient tournées vers mes adversaires qui au vu de l'heure, dormaient peut-être encore à poings fermés. Peut-être tenions nous enfin la solution pour mettre fin au règne du roi fou et de ses hommes.

- " Réveille tout de suite Kan... Kelly " Me repris-je à temps en voyant Erica hausser un sourcil interrogateur. " Ainsi que toutes nos troupes. " Lui ordonnais-je en roulant la carte de la zone de combat. " Que tout le monde soit prêt à partir dans une heure. "

Sur ces mots, la commandante de mon armée s'exécuta sans demander son reste. Pendant ce temps, je souriais en pensant à ce qui attendait Alegsis et les siens. Ils ne devaient sûrement pas s'attendre à se faire surprendre au saut du lit. Il s'agissait là d'une opportunité à ne pas rater.

- " Tu vas voir sale macho de bas étage ! Je vais te faire regretter tes paroles ! " Dis-je en regardant dans la direction où se trouvait le camp de base. " Et surtout, tu vas payer pour toutes tes tentatives de gros pervers ! "

Serrant un poing vengeur, je partis me préparer à mon tour. L'heure de la bataille avait sonné. Il était grand temps d'y mettre fin et de faire tomber la couronne de cet abruti.

Une heure plus tard, nous étions prêtes. Déjà aux frontières de notre ennemi qui dormait toujours. Comme je m'en doutais, Alegsis n'avait pas pensé à mettre des hommes en position pour sonner l'alerte. Ou bien ces derniers avaient sombré dans le sommeil. Il ne s'agissait que du petit garçon après tout.

Mais peu importe. Divisé en trois groupes. Avec Kant, Erica et moi-même à leur tête. Les troupes attendaient mon signal pour attaquer. Ce que je ne tardais pas à donner d'un simple geste de la main.

Furtivement, les amazones pénétrèrent dans le camp, commençant à s'en prendre aux petits garnements endormis. Malheureusement, alors que tout se passer pour le mieux. L'un d'eux se réveilla pour aller soulager sa petite vessie.

Quand soudain, il se rendit compte de la supercherie.

- " ON NOUS ATTAQUUUUUUUUUUUUUUUUUUE !!!!!!!!!!!!!! " Hurla ce dernier avant même qu'on puisse le maîtriser.

Comme un seul homme, les troupes du Tyran se réveillèrent. Tout comme leurs grands chefs qui furent tout aussi surpris par ce cri. À peine réveillé, son pinceau en main ainsi que son chapeau et un caleçon pour seuls vêtements, Alegsis sorti de sous un chapiteau. Cherchant à comprendre ce qui se passait au départ, il réalisa rapidement en apercevant ses troupes combattre les miennes.

Même si la discrétion n'avait pas duré longtemps, nous avions quand même l'avantage. Et je ne comptais pas la laisser filer.

- " ALEGSIIIIIIIIIIIIIIIIIS !! " M'écriais-je avant de surgir sur son flanc et de le frapper de toute ma force.

Recevant un puissant coup de pied dans les côtes, ce dernier vola à plusieurs mètres avant que sa vilaine face ne s'écrase au sol. Cependant, toujours aussi résistant, il se releva sans difficulté.

- " Tu es venue te rendre, Galopine ? " Me demanda le Chasseur de Primes tout en réajustant son caleçon qui avait un peu glissé.

- " Dans tes rêves ! " Lui répondis-je en fondant sur lui.

Un terrible combat débuta entre nous deux. Usant de sa force prodigieuse et de sa résistance à toute épreuve, il me tenait tête avec aisance. Quant à moi, j'utilisais ma vitesse pour qu'il que ne parvienne pas à me toucher.

Tout se passait pour le mieux. Mais je savais qu'il me fallait me méfier de lui. Alegsis n'avait toujours pas utilisé son Color trap. Son art le plus dangereux que je redoutais le plus. D'un simple coup de pinceau, il pouvait me faire passer par toute sorte d'émotions. Et si ça venait à me toucher, je savais pertinemment que je perdais face à lui.

Heureusement, avec Kant nous avions prévu cette éventualité. Et celui-ci trouva une idée pour le contrecarrer. Un plan simple mais efficace.

Continuant à le contenir comme je le pouvais, j'attendais que mes troupes se mettent en place. Un petit groupe d'archères que le Lutin avait personnellement entraînées pour ce moment.

- " FEU !! " Ordonnais-je en apercevant le signe de l'une d'entre elle pour m'indiquer que tout était prêt.

D'un bon en arrière, je m'éloignais de mon adversaire quand des carreaux furent tirer dans sa direction. Il ne s'agissait pas de simples flèches. À vrai dire, elles n'avaient pas pour but de le blesser. Aucune pointe s'y trouvait. Mais des petites poches de peinture fraiches qui laissèrent se propager leur contenu au contact du sol et du Tyran.

Surpris par cette avalanche de peinture, ce dernier ne réalisa pas tout de suite que nous venions de court-circuiter son art. La pointe de son pinceau était imbibée de plusieurs couleurs différentes. Ce qui l'empêchait d'utiliser ses techniques... Du moins, je l'espérais.

Quoi qu'il arrive, je profitais de sa confusion. Passant de l'aspect humain à celui d'une Hybride lapine, j'usais des mes jambes puissantes pour bondir dans le ciel. Une fois assez haut, je levais ma jambe droite à la verticale avant de l'abattre de toutes mes forces dans ma chute.

- " Bunny Smash !!! " Hurlais-je en l'honneur des petites filles qui combattaient pour moi et qui lui avaient donnée ce nom.

Frappant au passage mon ami aujourd'hui ennemi, je brisais le sol avec fracas. Soulevant débris et nuage de poussière. Réalisant ce qui venait de se passer, de nombreux combats aux alentours cessèrent. Certaines petites filles ainsi que Kant attendirent de voir si j'étais parvenue à neutraliser le Tyran. Tandis que Grimm et les sales marmots cherchèrent à voir si leur leader s'en était sorti.




Technique :


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 10:55, édité 2 fois
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Et cela, ce fatras fouillis de castagnes intempestives en escarmouche, à laquelle se succédait chaque fois une prompte retraite, avait duré près de deux semaines. Qu’Hayase, prévisiblement, s’en prit chaque fois au Généralissime, conduisait immanquablement la défense à bondir sur elle par effectifs pléthoriques. Suffisamment en tout cas pour que ses bonds la conduisirent par là même où elle avait fait irruption.
Les batailles du Parc avaient viré en guerre d’attrition, avec son lot d’attentisme et d’assauts hasardeux quand l’heure y prédisposait le moins. Attaquer la nuit, ce n’étaient décidément pas des affaires de gentilshommes. D’autant que les filles, plus habiles – plus « lâches » objectait alors le Tyran – n’avaient quant à elles établi aucune position dans un quelconque camp fortifié. Leur Q.G, resté inconnu des garçons, s’était perdu quelque part dans un terrier de lapin d’où il serait malaisé de débusquer la bête. À bien y regarder, sur ce théâtre d’opération improvisé à Innocent Island, on avait alors mieux appris ici l'Art de la Guerre qu’en cinq ans de service dans la Marine d’élite.


À treize heure, au petit matin, Dieu s’exhibait à ses ouailles. Fraîchement extirpé de sa tente avec, pour seul panorama, quelques agrégats de sacs de sables empilés devant lui, le Généralissime Alegsis – dit « Le Tyran » en d’autres contrées moins bien famées – venait de se lever. L’air rude placardé sur son museau tranchait de beaucoup avec ce faciès si niaiseux qu’il avait pourtant pour habitude d’afficher du scalp au menton. Ce n’était pas Alegsis l’artiste-pitre qui émergeait alors, mais Alegsis le maître de guerre. Un maître très relatif – un « maître cinquante » diraient même les mauvaises langues – qui, de bon matin, après que le soleil eut cependant fini de culminer au zénith, gratifia la journée d’un commentaire digne d'un guerrier au caractère résolument affermi par les batailles. Une cigarette campée au coin de sa bouche sans lèvres, il annonça d’une voix âpre et revêche  :

- Encore une belle journée pour faire fi des filles.

Au dehors de sa tente, étant lui affairé aux préparatifs de bataille du fait qu’il agît comme le seul véritable général en chef de leur faction, Grimmjack, interpelé, fronça légèrement les yeux de sous ses sourcils.

- Mais depuis quand tu fumes, toi ?

- EuuuHEeeuRgh EEUuuRgh, s’époumona alors Alegsis dont la tige à cancer lui tomba aussitôt du bec.

Trop investi dans sa charge de général despotique, Alegs avait en effet pris son rôle plus à cœur que cela ne fut nécessaire. Outre les résidus de tabac qui lui sortirent de la gueule, sa tournure impérieux, elle aussi, partit soudain en fumée. De ses airs de gros dur, il n’en resta rien ou pas grand-chose ; rien, si ce n’est son incorrigible allure de benêt à tête plate et aux mirettes presque ahuries.

Ainsi engagé sur le sentier de la guerre chaque fois qu’il fut extrait de sa tente, Alegsis, qui la veille encore avait été rossé dans son plumard par une énième irruption d’Hayase, rumina sa rancœur sous couvert de doctrine. Grimmjack, pourtant déjà bien occupé à gérer leur armée, dut ainsi le subir en bruit de fond tandis que ce Généralissime, aussi encombrant qu’il était tintamarresque, l’entretînt une fois de plus de l’infériorité des filles. Autour de lui, la jeunesse en auditoire lui sacrifiait son attention, espérant ainsi glaner un contenu tangible vomi de ses harangues. Ils l’écoutaient, ces enfants-là, avec des étoiles dans les yeux lorsqu’il leur établissait en quelles latitudes et longitudes les femelles – à commencer par les plus lapines et galopines d’entre elles – étaient des êtres vils et malsains dont l’existence intimait à leur propre réduction en esclavage. Car l’artiste-pitre, à peine au lever du lit, y allait de ses hypothèses scientifiques sur la question. Il jura même – car il parlait sous l’autorité des experts – qu’il n’était que l’humble relais des travaux du Professeur Xarval, éminent spécialiste du Cimetière d’Épaves.

Jouant beaucoup du sourcil quand Alegsis était au perchoir, Grimmjack haussa l’un d’eux par-dessus ses bandelettes. Il peinait en effet à associer le principe même de l’érudition au contexte…. quelque peu arriéré du Cimetière d’Épaves. Le territoire était, à ses yeux comme aux prunelles de tant d’autres, le fond de cuve de l’humanité. Qu’Alegsis y fut né et « éduqué » ne corroborant que mieux la thèse.
Quand, finalement, le Généralissime rapporta à quel point le Professeur Xarval était un homme accessible, proche du peuple et ce, du fait qu’on le trouva si facilement au comptoir de l’Échouage, célèbre bar s’il en était, alors, Grimmjack se trouva bien rassuré de ne pas avoir fait fausse route quant à ses hypothèses.

Qu’il s’acharna tant sur le sort des demoiselles, le bon Alegs, tînt toutefois du fait nouveau dans son parcours « intellectuel ». La problématique, en effet, ne l’avait travaillé qu’à compter de l’instant où la césure fut entamée entre lui et Hayase. Un mauvais esprit, de ce seul constat, aurait pu malencontreusement en déduire qu’il avait ainsi façonné son idéologie sur le terreau bordélique de ses déboires personnels. Ce qui, dès lors, eut très sérieusement déprécié sa crédibilité. Mais il allait de soi, bien entendu… qu’il croyait à ce qu’il disait. Que tout cela, ces batailles en séries et autres dents de lait laissées sur le champ de Mars, n’avaient en aucun cas été la triste résultante d’un contentieux personnel. Certainement pas. Il était trop intègre pour cela. Indubitablement. Sans aucun doute même. Éventuellement. Peut-être… ou pas du tout.

Si la guerre persistait, c’est qu’Hayase et lui avaient voulu en découdre jusque par-delà leurs égos infatués par une fierté décidément mal placée. Comme lorsqu’un couple en instance de divorce avait à cœur de nuire le plus à l’autre, c’était encore aux enfants de trinquer.

Ses mains dans le dos, excité par ses propres âneries qui lui tombaient de la gorge par séries entières, rendu frénétique à la seule énonciation de sa diatribe, Alegsis faisait les cent pas devant sa tente. Le voir tourner en rond comme un animal furieux – d’autant qu’il ne se taisait jamais – contribuait pour beaucoup à rendre nerveux qui s’exposait à la scène.

- Et puis… et puis…, continuait-il inlassablement, elles n’ont pas de zgeg, Grimmjack. Tu le savais ça ? Reprit-il alors qu’il avait été rendu véhément par la rancœur. Tu le savais qu’elle n’avaient pas de zgeg ces crétines ?!

- Jeeeee… je me le suis laissé dire, oui. Consentit timidement son aide de camp afin de ne pas se risquer à le contrarier.

Il ne faisait jamais bon froisser les fous. Cela, Grimmjack le savait mieux que nul autre pour s’être embarqué sur Grand Line avec l’équipage qui fut le sien. Voilà ce qui arrivait quand on ne soignait pas ses fréquentations ; on débutait une guerre civile avec des enfants pour garnir ses troupes.
D’autant que la momie, décidément bien mal secondée pour mener cette guerre, n’était pas encore au bout de ses surprises. La trappe à stupeur, quand Alegsis était de la partie, s’avérait alors irrémédiablement dépourvue fond.

- En plus… en plus…, s’excitait Alegsis apparemment travaillé par les événements récents, ils ont recruté l’autre mignonne rien que pour me faire baisser ma garde.

Son acolyte n’osa trop lui demander de qui il s’agissait. Car quelle que fut la réponse formulée, celle-ci aurait été pour le moins perturbante. Constatant toutefois que son binôme fut rendu circonspect par sa dernière réplique, le bavard insista dès lor.

- Tu sais bien… celle avec plein de bijoux et la robe originale. Elle a un charme fou. C’est bien simple, ajouta-t-il soudain rendu rêveur, elle me rappelle mademoiselle Elisabeth.

Pour être originale, la robe qu’avait revêtue Kant – car c’était de lui qu’on parlait – tenait même du registre expérimental.

- Mais enfin, Alegsis, le corrigea son partenaire afin de lui éviter quelques déconvenues cuisantes, t’as bien vu que c’était cette andouille de Kant. Ça crève les yeux, voyons.

Jeté sur lui comme un beau diable en moins de temps qu’il n’en fallut pour battre des paupières, c’est un Alegsis furibard qui lui avait bondi dessus pour l’écraser de tout son poids. Les boulets, après tout, étaient réputés pour être particulièrement lourds.

- Comment tu parles de ma future femme, toi ?! C’est à toi que je vais crever les yeux !

Que « Kelly » fut un jour la mère de ses enfants, considérant les impératifs en présence, à commencer par les plus biologiques d’entre eux, tînt de l’hypothèse incertaine, sinon du fantasque.
Déjà disposé à tuer son seul allié – preuve s’il en fallait une que les femmes rendaient fou, quand bien même étaient-elles des hommes – le duovirat en proie à la discorde fut interrompu par un de leurs « hommes ». Le garçonnet, qui ne s’étonnait plus de les voir sans cesse s’enguirlander, venait alors faire son rapport.

- Généralissime Jubtion, Commodomiral Première Classe Grimmjack, la prisonnière est réveillée.

Car de débandade en débandade ; plus souvent sur la défensive que dressée sur le pied de guerre, la faction burnée était néanmoins parvenue, après avoir encore essuyé une escarmouche cinglante la veille, à capturer l’une de leurs assaillante.
On avait alors reporté sa torture au lendemain car il s’était fait tard après sa capture. Les sévices, après tout, n’étaient-ils pas mieux commis lorsque le bourreau se trouva bien reposé ?
Alegsis tînt en tout cas à s’investir personnellement dans l’interrogatoire qui venait. D’un pas cadencé et résolu, en illustre chef de guerre qu’il était, le Généralissime avait ainsi fait irruption avec son second dans cette même tente où se trouva la captive.

- Où est le camp des filles ?! Démarra l’artiste-pitre sans aucun autre préambule à sa requête.

- Je sais paaaaaaaaaaaaas ~ Rétorqua la gamine qui, avec seulement quatre années d’existence au compteur, s’avérait déjà bien pimbêche pour son âge.

Face à pareille résistance, après que telle enfant fut sans doute exercée à résister à la torture – parce qu'elle n'avait pas été entraînée par une tendre – Alegsis prit le parti de se résoudre à la rendre au supplice. Son pinceau de combat toujours campé dans une main, il fit ainsi une singulière démonstration de sa force alors qu’il le pointa sous le nez de la jeune fille.

- Fini de rire, fillette. Allégua le chef de guerre maintenant qu’il la menaça si bien.

Pour autant, la gamine se gaussa aux éclats. Il fallait dire que son tourmenteur, du bout du pinceau à peine, s’était alors employé à la chatouiller avec les poils de son arme afin de tromper sa vigilance.

- Dis-moi où elles se trouvent et tout ceci s’arrêtera !

Mais la petite tenait bon. On put même jurer que ce rire que lui arrachait son bourreau prit quelques tournures machiavéliques alors qu’elle se moqua de son impuissance à lui soutirer l’information. Toutefois, son calvaire n’en était qu’aux aurores de l’horreur qui venait.

- Soldat ! Tempêta finalement Alegsis après qu'il renonça à extraire l'information par ce biais.

Un petit bonhomme entra alors avec une veste bien trop grande pour lui, la morve au nez l’air ahuri.

- Amenez ce dont je vous ai parlé hier…

L’enfant déglutît et, après s’être mis au garde-à-vous puis avoir trébuché sur son pantalon, lui aussi beaucoup trop grand, s’en alla chercher les outils de torture qu'on lui commanda. Grimmjack, qui lui avait au moins un semblant de conscience bien qu’il se plut à faire la guerre à des enfants, attrapa Alegsis au col afin d’espérer de lui qu’il se ressaisisse.

- Tu vas trop loin, Alegs ! Regarde ce que la guerre a fait de nous !

Telle réaction fit écarquiller les yeux de la petite demoiselle qui, légitimement, ne put s’attendre qu’au pire. Le Généralissime repoussa son aide de camp et, d’un regard implacable porté sur une voix qui ne tremblait pas, il lui répliqua, cinglant et percutant.

- Tu préfères leur donner la victoire peut-être ? Leur dire qu’elles ont raison ?

Cette guerre n’avait été qu’un conflit juché sur les strates de quelques égos bien mal placée. Le bandelé, la tête basse, refusa de céder la victoire à ses ennemis. Surtout que ceux-ci comptaient Kant dans leur rang. Et, à ce petit bonhomme bien mal travesti, il ne lui céderait en rien. Aussi se résigna-t-il à l’indicible.
L’émissaire mal fagoté qu’ils avaient quémandé plus tôt leur parvînt de nouveau. Cette fois, avec une boîte large et cylindrique dont la contenance avoisinait peut-être les cinq litres. Alegsis – sans remercier ou saluer son troufion – s’assît sur sa nouvelle acquisition.

- Gamine, dit-il en fixant la suppliciée, tu sais ce qu’on a trouvé pendant qu’on établissait notre campement ?

La jeune fille, attachée à sa chaise, leva les pupilles pour mieux indiquer qu’elle fournissait un effort de réflexion puis, portant ses yeux sur son geôlier lui répondit :

- Bah, déjà, par élimination, je dirais que vous avez pas trouvé des produits de soin pour la peau, parce que vous êtes vraiment moches.

- C’est toi qui es moche ! Répliqua aussitôt Grimmjack dans un sanglot qui lui était venu soudain.

Il fallut alors qu’Alegsis le calma. Le pauvre homme, enroulé dans ses bandages, subissait suffisamment les brimades de son supérieur et ami sur sa mocheté pour ne pas en plus se l’entendre conter par une gamine. Lui qui avait cherché à la défendre l’aurait probablement torturée lui-même si son acolyte n’avait pas tant tenu à avoir la main.

- Pas vraiment. Dit Alegsis en retournant s’asseoir sur la boîte à malice qu’on lui avait apporté. Dans un des stands, on a trouvé des sorbets. Ils était conservés dans une remise par un Breath Dial qui soufflait du froid.

Alors, sachant jusqu’à quelles atrocités pouvait conduire les hommes en temps de guerre, la jeune fille réalisa ce qui l’attendait.

- Vous... vous n’oseriez pas !…

Son bourreau se dressa, saisit la boîte de dessous lui, l’ouvrit puis, utilisant une petite cuillère qui s’était trouvé à l’intérieur, commença à entamer la glace.

- Hmmmmmm…. c’est trop booooon ~ la nargua-t-il tandis qu’il s’enfourna aussitôt une deuxième cuillerée dans le museau. C’est dommage que tu puisses pas en avoiiiiiiir ~

- Olala… je veux pas voir ça. Gémit Grimmjack en se cachant les yeux sous ses bandelettes.

Depuis l’extérieur de la tente, on put alors s’apitoyer sur les cris de douleur de la petite demoiselle. Celle-ci hurlait alors à s’en rompre les cordes vocales, s’agitant vainement sur un siège où on l’avait fermement liée.

- Dis-moi… miam… dis-moi où chont les filles et je te jure… miom… che te jure que t’en auras.

Mais contre toute attente, la gamine résista. Soudain apaisée, comme si elle avait trouvé en elle la force lui permettant de surmonter cette indicible torture psychologique, elle les toisa d’un petit sourire de bêcheuse.

- De toute façon, je m’en moque. Se ressaisît-elle alors. C’est de la glace au chocolat, et le chocolat baaaah… c’est pas bon.

Sa supérieure hiérarchique l’aurait-elle entendue proférer de telles insanités qu’elle l’aurait sans doute assassinée sur le coup. Le fait est qu’Alegsis, à présent barbouillé par son en-cas, ne se trouva pas plus avancé. Ce n’est pas pour autant qu’il fut à court de ressources. La gradation dans l’horreur n’alla ainsi qu’en empirant.

Cette fois, c’est un couteau qu’il sortit du débarras dans lequel on avait installé la suppliciée. Doucement, il s’approcha d’elle, brandît l’ustensile puis…. le fit grincer contre un petit tableau à craie qu’il tenait dans l’autre main. La bruit qui en résultat fut aussi strident et inaudible qu’on put l’attendre.

- T’aimes pas quand je fais ça, hein ? S’amusait le tortionnaire. Jeri-hi-hi-hi-h… ah mais attends, moi non plus... qu’est-ce que c’est que ce bruit ?! AaaAAargh.

Ainsi en proie à ses propres sévices, il lâcha aussitôt ses outils de torture et grinça des dents encore quelques secondes le temps de s’ôter le bruit de la bouche. Ces grincements-ci avaient en effet la fâcheuse manie de vous résonner dans la mâchoire après être passés par les tympans.
Encore une fois, l’entreprise s’avéra peu concluante.

Ivre de rage, un brin contrarié qu’on lui résista si bien en dépit de tous les efforts mis en branle pour l’occasion, Alegs passa un cap dans le registre de l’atrocité. Il voulait à tout pris débusquer les galopines de leur terrier et de ce fait, ne reculerait devant rien.

- Tu me laisses pas le choix ! Grimm. Scanda-t-il alors tandis que la momie osa regarder la scène entre ses bandages. Tourne la tête, je vais devoir l’amputer.

On avait alors sauté quelques paliers de compression entre sa précédente torture et celle qui venait. Avant que son acolyte n’eut le temps d’objecter quoi que ce fut, d’un geste vif, d'un geste seulement, Alegsis avait porté sa main droite au visage de la gamine avant de la retirer aussitôt. D’entre ses doigts, les sourcils froncés sur ses gros yeux grotesques, il présenta ensuite son trophée sous les yeux de sa captive.
Son antagonisme avec Hayase l’avait conduit à l’irréparable.

- Je t’ai pris ton nez.

- Non ! Paniqua la jeune demoiselle. T’as pas le droit !

- C’est la guerre, rétorqua Alegsis qui n’avait alors plus scrupules en réserves, maintenant, t’es aussi moche que mon copain Grimmjack.

- NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON ! Hurla la jeune fille si fort et si bien qu’on l’entendit jusqu’à son repaire, sinon jusqu’à Laugh Tell.

En stratège avisé, le Généralissime entrouvrit cependant une porte de sortie à son adversaire.

- Je peux te le remettre en place, lui promit son tourmenteur, mais il faut me dire où je peux trouver les filles.

La gosse, rendue en sanglots, hoqueta et tempéra son chagrin à cette seule perspective. Avec ses petites mains attachées dans le dos, elle ne put trop se palper le visage pour remarquer que son nez n’avait pourtant pas bougé de sur son visage.

- Je… snif… je sais jamais à l’avance. Hayase elle… elle creuse un nouveau terrier tous les soirs pour pas qu’on se fasse avoir.

C’était encore pour cette raison que jamais les garçons ne leur avaient mis la main dessus.

- Par contre, par contre, se rattrapa la môme, je connais un accès aux souterrains du château depuis le Parc d’Attraction. On… on peut y accéder par une trappe dans le stand du chamboule tout.

Grimmjack, qui n’était pas la moitié d’un con bien qu’il fut le binôme d’un abruti, ne se trouva pas insensible à la nouvelle. Dans les caves d’un château, on y trouvait parfois des trésors. De quoi ainsi mieux agrémenter leur escale aux Allods d’Alegsis qui, jusqu’à lors, leur avait coûté davantage qu’elle leur avait rapporté.
On discuta ainsi par messes basses pour déterminer quoi faire de l’information et de la suite des événements. Les deux seigneurs de guerre, ainsi empêtrés dans leurs plans douteux, furent interrompus par la gamine.

- Vous pouvez me laisser partir s’il vous plaît.

C’était une requête particulièrement osée que la sienne.

- Te laisser partir ? Ricana théâtralement Alegsis pour mieux affirmer son rôle de Tyran. Et pourquoi je ferais ça ?

- Bah, j’ai dit « s’il vous plaît ».

Resté interdit un instant, consultant Grimmjack du regard qui ne sut pas plus où se mettre, l’artiste-pitre se gratta la tête de derrière son chapeau.

- Ah bah oui. Ça se tient Réagit-il ensuite tout penaud, soudain contrit de s’être comporté en pareil malotru.

Sans se faire prier davantage, Alegsis remit son nez à la demoiselle – car c’était un homme de promesse – et la détacha conséquemment.

- Et ma glace, objecta bien assez tôt leur ancienne captive, c’est moi qui vais me la chercher peut-être ? Parfum vanille. Et que ça saute

- Oh pardon ! S'aplatit Alegsis.

Ordre fut instamment donné, à titre de dommage pour les supplices intenté, que leur prisonnière quitta le camp en femme libre et garnie d’une boîte de glace à la vanille. Quelle ne serait alors pas la déception de sa cheffe lorsqu’elle découvrirait qu’elle n’était pas au chocolat.
En partance, la bonne gamine adressa en retour un « coucou » de la main à celui qu’Alegsis lui témoigna depuis le camp. Il la salua alors avec son insupportable air de benêt au beau milieu de la trogne.

- Mais du coup…, lui suggéra son second alors que lui aussi la regardait partir, on a juste à la suivre pour trouver les filles.

Leur évadée faisait en effet un remarquable appât pour cette pêche à laquelle ils aspiraient depuis si longtemps. Un appât qui put permettre aux garçons de mener une offensive possiblement finale sur la vermine œstrogénée. De quoi prendre de cours leurs adversaires en quittant enfin la posture défensive.

- Je… Alegsis prit d’abord un instant d’ici à ce qu’il saisît l’idée qu’on lui souffla puis, enfin, réagit comme on put s’y attendre de sa part. Bien sûr. É… Évidemment. BIEN SÛR GRIMMJACK ! L’engueulait-il presque à présent qu’il fut si bien conseillé. C’était mon plan depuis le début, enfin. Tu.. tu me prends pour un abruti ou quoi ?

- Je peux ne pas répondre « s’il te plaît » ?

Alegsis, heureusement pour lui, s’était déjà délesté de la conversation avant même qu’elle ne prît fin. Cette occasion de les prendre par surprise, ce petit bataillon de damoiselles, il n’en trouverait pas d’autres avant longtemps. Aussi réunît-il toutes ses troupes pour filer leur ancienne captive qui se trouva présentement en vadrouille.
La bataille qui prenait forme, ainsi, s’augurait sous des airs d'une résolution sanglante ; comme un point final sur la copie d’un cancre.
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La paix des Marelles

Par Grimmjack

Nos quatre protagonistes sont toujours embourbés dans une guerre enfantine. Les jours passent, plusieurs assauts sont lancés de part et d'autre, mais rien ne semble vraiment avancer dans cette situation où le Cyan est confronté à sa plus grosse scission interne.

L'ambiance était au plus bas. Le gros des troupes - ou ceux qui étaient encore "aptes" à la bataille - s'était rassemblé au chapiteau qui était devenu leur nouveau QG. Plus grand, plus spacieux, mais aussi beaucoup plus proche du front. Cela forçait les hommes des Braves mais Petits Guerriers du Généralissime Alegsis à toujours être aux aguets. Cela faisait maintenant une bonne dizaine de jours que les hostilités étaient déclarées. On avait bien eu quelques victorieuses batailles, comme la fois ou nous avions suivit une jeune prisonnière pour attaquer par surprise la tanière d'Hayase et ses jeunes bouts de femmes, ou encore la destruction des jeux gonflables dont j'étais le commanditaire. Mais cela n'avait en rien arranger la situation, si ce n'est l'embourber encore plus.
Et puis on avait subit quelques défaites aussi.

La vérité, c'est que cette guerre ne menait plus à rien du tout. Elle était devenu le glas d'égos tremblants et fragiles avec l'usure. Nos troupes étaient fatigués. Nos fiers enfants-soldats ne voulaient plus se battre et la désertion était monnaie courante dans notre armée. De plus les vivres commençaient à manquer et d'après nos informations, la situation était similaire en face. Il fallait s'y résigner et mettre fin à cette petite sauterie.

- Alegsis ... Nous devons demander un cessez le feu. La situation s'empire de jours en jours.
- Vaurien ! Traitre ! Tu es lâche comme tu es moche ! Ce n'est peut dire ! Gardes, arrêtez le Commodomiral Première Classe Grimmjack !!

Les gardes n'en firent rien. Trop usés par les batailles, souvent blessés, affamés, ou fatigués, notre fier QG "Le Chapiteau" s'était transformé en bureau des pleures. Et des plaintes. Et encore des pleures.

- Faut voir la réalité des choses Aleg, dans cette guerre, il n'y a ni vainqueur, ni perdant, seulement un équipage éprouvé et des enfants qui ne veulent plus se battre entre eux.
- Pas besoin d'équipage quant on a une Grande Armée. Et si je suis tout seul, cette grande armée, ça sera moi !
- Tu comptes donc mettre une croix sur ta futur épouse et ton meilleur ami ? Toute cette histoire est partie bien trop loin, reprends raison Alegsis !
Lui criais-je en le saisissant par les épaules avant de le secouer.

Cette petite guerre intestine m'avait bien apprit une chose : il fallait savoir attaquer la ou ça faisait mal. En ce qui concernait Alegsis, Hayase et Kant étaient sans doute un de ses plus gros points faibles (outre sa crétinerie, bien sur).

- Je ... Bah ... Non ... J'avais espoir qu'après avoir gagner, ils me loueraient allégeance ...

- Rien de tout ça ! Ton amour et ton amitié se brisent au fil de cette guerre. Et tu sais ce qu'il faut pour recoller les morceaux ?!
- Euuuhh... De la colle j'imagine ?
- Voila ! De la colle ! Et cette colle, elle s'appelle "Paix" !

Alegsis semblait avoir un regain d'énergie. Je soupira de soulagement avant de le relâcher. À l'instant où il posa le pied au sol, il ordonna aux mioches de trouver une colle du nom de "paix" et jura que cette glue était la plus efficace de toute ! Me tapant le crâne de désespoir, je me suis dis que lui faire comprendre tout ça allait être plus compliqué que prévu.


[...]


Le lendemain, le champs de bataille était étonnamment silencieux. En pleine milieu de la zone de front, le cinéma s'était reconverti en salle de réunion. Les sièges, bien qu'imbibés de poussières et de saletés, allaient en ce jours être les premiers témoins de la réédition totale et sans concessions des deux parties de la Grande Guerre du Parc des Castors. De ce fait, tous les invités étaient conviés en blanc, qu'ils soient Généralissime, Commodomiral, Reine des Filles ou Kelly au maquillage de prostituée. Même les officiers-enfants des armées étaient aussi parés du blanc le plus propre que la situation pouvait leur permettre (car on sait tous qu'un linge d'enfant ne reste jamais blanc longtemps). Cette proposition de couleur avait été proposée par Kelly - allias Kant - qui symbolisait selon lui la pureté et la paix. Elle fut directement accepté quand Alegsis sut qui avait eut l'idée. Et ma foi, bien que je n'avais aucun habit blanchâtre et que j'étais obligé de me trimballer tout nu avec seules mes bandelettes comme vêtements, je préférais prendre sur moi et guider nos troupes vers un avenir plus radieux.

- Tu ... Tu es très belle comme ça, Yayase.

Hayase était effectivement vêtue de la plus belle des manières et sa longue robe blanche lui allait à merveille. On ne pouvait pas en dire autant de Kant, dont le déguisement - avec la férocité des précédentes batailles - s'était plutôt transformé en horreur sur pattes.

- Je ne suis pas la pour recevoir des compliments ! Répondit Hayase un peu gênée. Nous avons un traité de paix sans conditions à signer, alors faisons le !

Les minots des deux camps invitèrent les chefs à s'asseoir autour d'une table apprêtée pour l'occasion. Une fois confortablement installés, Kant leur ramena un papier et moi un stylo. La lapine signa le document en premier, puis le passa à son homologue adverse. Alegsis fit mine de tout lire, mais il ne trompait personne dans la pièce : tout le monde savait qu'il était analphabète. Je lui décrivis le document discrètement avant qu'il le paraphe par une simple croix,
comme il en avait pour habitude.
Puis, une fois l'accord conclus, Kant et moi nous nous sommes mis à le lire devant l'assemblée.

- Ainsi et en ce jour ...
- ... La paix est officiellement déclarée !


Le Choc des Couches culottes Ovig

Bris d'innocence

Par Kant

    Concluant son allocution sous les traits hideux de Kelly, Kant déclara la paix perpétuelle et sans condition entre les filles et les garçons du parc d’Innocent Island. Les querelles de pouvoir semblaient enfin s’apaiser tandis que la guerre perdait une bataille. Soulagé que les velléités s’estompent enfin, Kant considéra qu’il était temps pour lui de révéler la vérité aux yeux de tous. D’un coup de manche, il se débarbouilla du mieux qu’il put et s’avança devant l’assemblée, son cœur battant à la chamade. Il prit une profonde inspiration avant de commencer.

« Votre attention, s’il vous plaît ! Annonça-t-il d’une voix ferme. Les enfants se tournèrent alors vers lui et, timidement, il déposa son regard sur Hayase. Voilà … En vérité, et depuis le début, je suis Kant ! »

Cette tonitruante révélation eut plusieurs effets. Les enfants étaient perplexes, ne connaissant ni Kant ni d’Adam ni d’Eve, mais ils étaient tout de même surpris de constater qu'un garçon s'était subrepticement glissé parmi les rangs des filles. Grimmjack et Hayase ne daignèrent même pas feinter la surprise. Quant à Alegsis, il tomba des nues : toutes les rêveries romantiques dans lesquelles lui et Kelly vivaient le grand Amour se consumèrent. Penaud, il s’approcha doucement de Kant, l’air profondément meurtri.

« Tank… Alors… c’était toi ? Moi qui pensais enfin pouvoir t’annoncer qu’Hayase serait pour toi tout seul ! »
« Ben… dit Kant, gêné. Oui, c’était moi, mais tu sais Jubtion, tu… »

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Profitant de l’hébétude d’Alegsis, Hayase pourfendit le traité de paix en assenant un coup dans le dos au Généralissime chasseur de primes. Contrairement à ses habitudes, l’agent gouvernemental semblait s’être laissé envahir par la colère : le coup qu’elle porta était d’une violence inouïe. Dans un cri de douleur, Alegsis s’effondra sur le sol aux pieds de Kant, le dos ensanglanté. L'air se chargea d'une tension palpable tandis que la stupeur et l'horreur se lisaient sur les visages des enfants rassemblés.

« Mais ! s’exclama Kant, emprunt de surprise et de colère. Haya ! Qu’est-ce que tu… »

Sans daigner répondre, la souveraine des filles se retourna vers ses troupes épuisées et abasourdies.

« FILLES DU PARC ! Voici pour vous le chef ennemi, vaincu. Je vous déclare toutes ici présentes, maîtresses de l’île ! »

La volonté de vaincre était montée à la tête d’Hayase, laissant Kant et Grimmjack pantois. Les deux pauvres diplomates qui s’étaient évertués à mettre fin à la barbarie se trouvèrent démunis face à ces accès de violence. Hésitantes dans un premier temps, les filles du parc ne tardèrent pas à s’enflammer à l’appel de leur cheffe. L’une d’elle, plus sceptique, s’avança tout près d’Hayase.

« Mais… souve… suz… ‘Reine absolue’, est-ce qu’on a vraiment, vraiment gagné ? »

Tandis qu’Hayase confirmait à sa subordonnée qu’elles venaient de remporter la victoire, Kant se précipita au chevet de son meilleur ami toujours étendu sur le sol. Ce dernier grinçait des dents, râlait, sans pour autant parvenir à se relever.

« Haya ! s’exclama Kant, comment as-tu pu… »

Une fois encore, le pauvre Tanukien ne put terminer sa phrase, ni empêcher les évènements de prendre une tournure atroce. S’étant relevé brusquement, Alegsis abattit violemment son poing dans le visage de la petite fille qui s’adressait à sa souveraine. Jusqu’alors, les enfants n’avaient eu à essuyer que les coups de leurs pairs, et aucun membre du Cyan ne s’était autorisé à lever la main sur l’un d’eux.  

La fillette s’effondra. L’atmosphère devint lourde, chargée d’incompréhension. Kant, Hayase et Grimmjack échangèrent un regard paniqué et se tinrent prêts : Alegsis venait de dépasser les bornes et cela ne devait en aucun cas se reproduire.

« Jubtion ! T’es timbré ou quoi ? s’écria Kant, les mains tremblantes de colère. Je t’interdis de lever la main sur les gosses ! »

« As-tu seulement les moyens de m’interdire quoi que ce soit, Tank ? répondit Alegsis, d’un ton froid que l’on ne lui connaissait pas. Son regard benêt n’était plus, il arborait désormais un air particulièrement ombrageux. Puisque la galop… la dévergondée veut continuer de se battre, battons-nous, poursuivit-il. Puis, se tournant vers les garçons abasourdis, il s’écria : GARÇONS ! Massacrez toutes les gamines ! »

« Tu plaisantes, hein ? s’enquerra Grimmjack. Alegsis ! »

« Tant que vous y êtes, occupez-vous de votre supérieur Grimm ! Je le condamne à mort pour haute trahison ! »

La situation s’envenima en un rien de temps. Sans voix, Kant chercha désespérément la conduite à suivre dans les yeux d’Hayase, qui semblait avoir remarqué quelque chose. Le dos dénudé du chasseur de primes devenu impitoyable bourreau laissait entrevoir, sous la plaie ensanglantée, une curieuse inscription d’un blanc immaculé.

Au grand désespoir de tous, Alegsis s’en prit à nouveau à une enfant. Il ne semblait plus s’imposer aucune limite. Avant qu’une tragédie ne fût commise, Grimmjack s’interposa. Ce fut la première fois que les deux chasseurs de primes s’affrontaient avec une telle férocité, comme s’ils ne partageaient plus rien en commun. Les coups fusèrent, et chaque frappe était chargée de l'intensité d'une amitié volant en éclats. Non loin de là, Hayase et Kant assistaient au terrible spectacle, décontenancés par la tournure des événements. Le cœur serré d’inquiétude, Kant réfléchit désespérément un moyen de mettre fin à la violente confrontation.

« La marque blanche dans son dos… c’est du Color Trap, non ? »
« Je… Je crois, oui. Mais le blanc… Jubtion ne l’utilise pas, il est convaincu que c’est une couleur absurde… »
« Pourquoi ? Qu’est-ce qu’elle signifie ? »
« L’innocence… » répondit Kant, songeur.

Hayase comprit tout de suite ce que Kant ne voulut pas considérer. La marque de Color Trap dans le dos d’Alegsis était apposée sur lui depuis toujours, et elle venait disparaître. L’attaque de l’agent gouvernementale venait d’éroder le symbole d’innocence tatoué sur le dos du chasseur de primes, rétablissant du même coup sa nature cruelle éminemment liée à sa stupidité. En somme, Hayase, Kant et Grimmjack venaient de perdre l’Alegsis qu’ils avaient toujours connu.

« Il faut l’arrêter ! s’exclama Hayase. Allons-y ! »

Filles et garçons, apeurés, s’éloignèrent à toute vitesse de la scène dont émanait une violence au-delà de ce que leur esprit enfantin pouvaient tolérer. Malgré son refus de considérer la triste vérité si claire aux yeux de tous, Kant se jeta dans la bataille pour arrêter son meilleur ami. Dénué de l’innocence qui le rendait si attachant, Alegsis n’en restait pas moins un redoutable combattant, et il fallut que ses trois compagnons dépassent leurs propres limites pour espérer le vaincre. La bataille fit rage, et le combat semblait interminable. Ensemble, les membres du Cyan parvinrent finalement à maîtriser leur ami devenu l’ombre de lui-même. Lorsque la poussière retomba, un lourd silence s’installa sur le champ de bataille, brisé uniquement par les souffles haletants des combattants épuisés.


Les trois chemins

    Au terme de quelques heures, Hayase, Kant et Grimmjack se reposèrent enfin. Toutes les tentatives pour raisonner Alegsis avaient échoué, et les trois amis furent contraints de s’acharner sur lui jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Ils prirent alors soin de le désarmer et de le ligoter, soulagés tout de même de ne pas avoir eu à lui ôter la vie.

« Son maître du Cimetière d’Épaves… dit Grimmjack, profondément meurtri. C’est sûrement lui qui avait apposé cette marque indélébile sur son dos… »
« Cet abruti… répondit Hayase. Je ne peux pas me résoudre à ce qu’il demeure aussi cruel ! C’est mon… mon ami, après tout. »

Kant pleurait. Il écoutait ses deux compagnons discuter du sort d’Alegsis, incapable de suggérer quoi que ce soit. Au fond de lui, il sentait que la grande aventure en leur compagnie, dont il avait tant rêvé, arrivait à son terme sans même avoir réellement commencé.

« Je vais m’en occuper, dit Hayase avec détermination. Je vais contacter mes supérieurs, ils viendront me chercher. »
« Tes supérieurs ? » répondit Kant, surpris.
« Euh… Bouleversée par les évènements, l’agent gouvernemental venait de laisser s’échapper un précieux indice sur sa position réelle. Elle reprit, souriante. Des amis ! Des amis, supérieurs à nous en ce qui concerne les soins que l’on pourrait apporter à Alegsis. Quant à toi, Kantounet, tu devrais poursuivre ta route ! »

Kant demeura interloqué. Grimmjack, quant à lui et ce malgré sa naïveté naturelle, sembla saisir le double jeu d’Hayase. Il prit une grande inspiration, et prit la parole à son tour.

« C’est vrai, Kant. Le Fish’n Ship t’amènera jusqu’à la prochaine île. Moi, je resterai ici pour m’occuper des enfants et réparer tout le mal que l’on a semé sur cette île. Ce qui est certain, c’est que nous nous retrouverons sur Grand Line ! »

Kant sécha ses larmes, et rétorqua, souriant : « ‘Pouvez toujours rêver ! Haya, j’viens avec toi, j’abandonnerai pas Jubtion ! »

[...]

     Les choses se déroulèrent pourtant ainsi. Deux jours plus tard, Hayase neutralisa ses deux compagnons, à contre-cœur. Ils demeurèrent inconscients les quelques heures nécessaires à ce que s’échappe l’agent gouvernemental à bord d’un navire du navire du Gouvernement venu la récupérer sur Innocent Island. Lorsqu’ils se réveillèrent, penauds, Kant et Grimmjack découvrirent qu’Hayase s’était envolée, emportant Alegsis avec elle. Après bien des pleurs, ils fêtèrent tout de même leur rencontre autour d’une soirée alcoolisé. Le chasseur de primes fournit même un effort pour tenter de boire autant que son ivrogne d’acolyte. Les rires et les larmes se mêlaient alors qu'ils se remémoraient tous les moments passés ensemble. Enfin, après s’être jurés de se retrouver plus loin sur la route de tous les périls, ils se séparèrent.

Le Cyan, sitôt né, fut dissous.
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