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Introspection en enfer !

Précédemment:

Enchainé dans les geôles de Marine Ford, Olek ne faisait pas le fier. Une pièce noire et humide, seule la lumière d'une torche dans le lointain venait timidement réchauffer son âme et éclairer les alentours. Un courant d'air puissant faisait vaciller les flammes et semblait donner vie aux ombres omniprésentes presque tangibles. Elles dansaient à un rythme effréné et sans aucune structure, hypnotisant l'esprit embrumé du colosse défait. Adossé contre le mur du fond, les jambes ouvertes allongées et les mains enchainées dans les airs de part et d'autre, le condamné attendait son heure.

Sans savoir combien de temps passa, un type deux fois trop large à la mine patibulaire et au sourire sadique finit par lui apporter à manger, ou plutôt, lui jeter avec insolence une écuelle aux pieds. L'odeur de ragout le réveilla autant que le bruit du bol rebondissant et se renversant sur la pierre froide de sa cage. Olek grogna, comme un animal enragé, le geôlier ne put s'empêcher de reculer de quelques mètres avant de ricaner bêtement devant sa propre couardise. Il ne s'attarda cependant pas plus longtemps et vérifia plusieurs fois que la porte était bien fermée avant de remonter en trottinant à la surface et vers le jour.

Le silence reprit son droit, enrobant les ténèbres d'une fine couche de solitude supplémentaire, troublée çà et là par les gargouillis sourds d'un estomac affamé. Olek fixait son ragout étalé sur le sol, hors de portée de ses bras enchainés, il grogna un peu plus fort et se promit de faire payer son tortionnaire. Il se pencha en avant, courbant autant que possible sa colonne et tirant sur les chaines jusqu'à entendre ses articulations craquer, la douleur approchait l'insupportable.

La tronche à quelques millimètres du sol, Olek ouvrit la bouche, tira la langue et se mit à lécher les dalles sans aucune retenue. L'odeur de merde omniprésente se mélangea à celui de son bouillon fade et déjà froid, ce qui ne l'arrêta pas. Le prisonnier ne savait trop ce qu'il ingurgitait, ses propres excréments, ceux d'anciens prisonniers, ou des morceaux de viande avariée et de légumes pourris. Surement un petit mélange des quatre, ce qui n'était pas si mal au final, comme disait feu son père : "La meilleure sauce, c'est la faim !"

Il se rappela la dernière fois qu'il avait été emprisonné, il y'a prêt de trois ans, sur Inari. Enfermé pendant des mois dans les profondeurs d'une cave, sa seule nourriture avait été des champignons hallucinogènes et des sacs remplis de drogues, du bon temps en somme. Même si son cerveau en avait pris un petit coup et qu'il en ressentait encore les séquelles aujourd'hui, ce fut un sourire dévoilant des dents pleines de crasse qui naquit sur son faciès à ce souvenir. Cette prison était une auberge cinq étoiles en comparaison.

Loin d'être repu, mais dangereusement proche de vomir, Olek trouva sage de s'arrêter là. Il s'avachit sur le sol et sombra épuisé dans un sommeil troublé. Dans ses rêves le pirate brulait, encore et toujours dans un cycle sans fin de douleur. Il cramait de l'intérieur, le feu naissant de son âme le consumait entièrement jusqu'à ce que plus rien ne reste. Ni fumée ni cendres, il ne restait rien d'Olek, rien d'autre qu'un brasier incandescent.
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Les tortures commencèrent dès le lendemain, d'après son estimation du temps, sachant qu'il était impossible de tenir une réelle chronologie dans ce genre d'endroit. Le même type revint accompagné de deux collègues moins gros et bien plus costaux, ils l'emmenèrent sans ménagement dans une nouvelle pièce, délicieusement éclairée. Olek crut d'abord y voir un bon signe, il détestait les ténèbres et depuis peu se sentait attirer par les lampes torches, leur chaleur et leurs flammes comme un aimant l'étaient par le fer. C'est alors qu'il vit la chaise étrange cerclée de lanières au milieu de la pièce et les centaines d'ustensiles rangés méticuleusement sur les étagères murales. Olek fronça les sourcils d'inquiétude, mais parvint tout de même à lâcher un trait d'humour, une raillerie d'une voix rendue trop aiguë par la peur qui gâcha l'effet escompté.

- C'est vrai que j'aurais bien besoin d'une nouvelle coupe !
- Oh ne t'inquiètes pas ma jolie, pour te couper, ça on va te couper !

Le colosse ne répondit pas et commença à ériger ses barrières mentales. Il s'était toujours vanté d'être un tantinet sadomasochiste, l'heure de vérité avait sonné et vu la tronche de ses bourreaux il n'y aurait pas de séance d'initiation ni de "safeword". Dommage. Ils l'attachèrent de mains expertes ayant répété le même geste des milliers de fois, ces types étaient autant des professionnels que des passionnés. Olek le vit dans leurs yeux, l'amour de leur travail, l'ivresse de l'instant présent, la jouissance de vivre un rêve éveillé. Une lueur identique brillait dans ses propres yeux lorsqu'il affrontait un adversaire de valeur, autant dire qu'il allait passer un mauvais quart d'heure. Son objectif principal fut de gagner du temps, semblable à une pucelle encore hésitante et sur le point d'être défleurie par l'ignoble mari que ses parents lui ont choisi.

- Et que me vaut cet honneur ? Pourquoi pas juste l'échafaud ?
- Ordres de l'Amiral en personne ! Parait que t'es le fils d'un traitre et que t'as réussi à lui filer entre les doigts dans le passé, il veut savoir comment t'as fait !
- Et si je vous dis tout maintenant, on saute l'étape des couteaux et des tire-bouchons que vous avez entre les mains ?
- À ton avis ?

Son avis que ces gros bâtards n'en avaient pas grand-chose à foutre qu'il parle ou qu'il tienne sa langue. Leur job était de le faire saigner et pas même la vérité ne leur retirerait ce plaisir. Olek ferma donc sa gueule, par principe et rébellion, même s'il n'aurait eu aucun remords à balancer Red. Parce que oui, c'était bien l'empereur Red en personne qu'il l'avait tiré des griffes de l'amiral. À l'époque,  agent du Cipher Pol, Red revenait souvent au bercail et passait toujours faire un coucou à Olek et son père, Druss. Une amitié sacrée, un lien secret d'un passé lointain que le célèbre pirate avait toujours dissimulé en prétextant quelques missions ridicules proches d'Amerzone. Malheureusement, Druss était mort depuis longtemps et Olek tenait Red pour responsable, ils ne s'étaient pas revus depuis ce jour fatidique. Le colosse ne souhaitait qu'une chose aujourd'hui, lui hurler toute sa frustration et lui foutre son poing dans la gueule.

Cependant, l'empereur pouvait encore attendre, Olek avait d'autres chats à fouetter, ou plutôt d'autres chats le fouettaient et s'y donnaient à cœur joie.
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Des bons gros matous qui n'y allèrent pas de main morte. Enchainé de la tête aux pieds par des lanières renforcées de granit marin, le corps d'Olek était tangible et vulnérable. Et même s'il ne contrôlait pas son pouvoir, se l'être vu arraché aussi rapidement qu'il l'avait acquis était une souffrance supplémentaire, un calvaire psychologique qui se mariait parfaitement avec son supplice physique des derniers jours. En nouveau possesseur d'un fruit du démon et ainsi mis aux fers,  il avait l'impression d'avoir été aveugle toute sa vie et qu'à peine la vue trouvée, on lui arrachait subitement les yeux. Cette sensation d'avoir perdu une partie de soi était insoutenable.

Plus que tout, il voulait à nouveau ressentir cette euphorie de se transformer en flamme, de ne faire qu'un avec cet élément destructeur. Plus jouissif que le sexe, plus gouteux que la meilleure des bières et plus addictif que la pire des drogues. Cette magie dont il n'avait fait qu'effleurer la puissance le temps de quelques misérables secondes hantait ses pensées, nuits et jours. Cette langueur fut probablement ce qui lui sauva la vie et lui permit de s'accrocher au travers des interminables séances de tortures.

Jusqu'au jour où ses tortionnaires, voyant que rien ne marchait, décidèrent de changer de stratégie et de faire une petite expérience. Même eux, dont la patience rivalisait en général avec leur enthousiasme, commençaient à se lasser de n'avoir aucune réaction. Rien n'avait fonctionné, les ongles arrachés, l'eau de mer sur une peau tranchée à vif, le rat affamé dans un saut sur le ventre, le supplice du chevalet, ou encore celui du chat à neuf queues. Ses bourreaux commençaient à manquer d'imagination et perdre goût à la vie, oui rien que ça !

C'est le petit gros qui finit par trouver l'idée du siècle, déçu plus que tous les autres de ne pas voir le pirate hurler de douleur et quémander en pleure sa maman, comme toutes leurs victimes précédentes l'avaient si bien fait.

- Il a bouffé le Mera Mera nan ? Et si on le brûlait ?

L'horrible personnage termina sa tirade d'un ricanement galleux, très vite repris par ses comparses. Le principe était d'une perversion diabolique, que se passerait-il ? Le trio trépignait d'impatience de le découvrir et pour le coup, Olek l'était également, sincèrement impressionné par leur sadisme. Le granit marin annulait ses pouvoirs, il devrait donc cramer comme n'importe quel être humain, mais peut-être pas. Préférant ne pas prendre de risque inutile, ils commencèrent doucement, avec une bougie sous chacun de ses immenses pieds. La douleur fut presque salvatrice tant Olek se languissait d'être réuni avec cette chaleur. Même s'il était bien loin de la magie de son fruit, la brulure le fit gémir de plaisir, les flammèches lui chatouillèrent les pieds et il gloussa comme un bienheureux.

- Chef ! On a un problème !

Tous les regards se tournèrent vers le bas-ventre du colosse. Une troisième jambe semblait être dressée vers les cieux et prête à perforer les coutures de son pantalon. Le pirate haussa les épaules et se pinça les lèvres en faisant la moue.

- Yamete Kudasai !

Sa voix aguicheuse, bien trop féminine, était presque effrayante ainsi sortie de sa bouche.
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Il semblerait que les blaireaux de bourreaux venaient de tomber sur quelqu'un de bien plus cinglé qu'eux. Tout l'intérêt de leur travail disparaissait si la victime prenait du plaisir dans la torture. Le gros tira une gueule de déterré, ses compagnons baissèrent les bras, trop cons et pris de court quant à la marche à suivre dans ce genre de situation. Olek en profita, continuant son assaut psychologique. Sa voix, toujours embrasée par l'effet des petites flammes lui titillant la plante des pieds, résonna dans le cachot telle la cloche libératrice d'un dilemme pourtant inexistant.

- Appelez l'Amiral, dites-lui que je suis prêt à parler. Vous pourrez passer à votre prochaine victime.
- Bah, parle ! Dit l'un d'eux en se grattant perplexe le sommet de son crâne dégarni.
- Seulement en présence de Tetsuda. S'il veut connaître la vérité, qu'il vienne en personne.

Les trois petits cochons se replièrent dans un coin et discutèrent à voix basse. Malgré leurs chuchotements ridicules, Olek entendait tout.

- On peut toujours continuer à le torturer.
- Mouais, ça fait des jours qu'on est dessus, la date de l'exécution approche et on n'a toujours rien...
- C'est nos têtes qui vont finir par tomber si ça continue !
- Moi, je dis on transmet le message à l'Amiral et il se démerde avec ce malade !
- C'est toi qui vas le prévenir ?
- Hors de question, il me fout les jetons ce type ! On fait ça au Chi fou Mi !

Sans surprise, ils furent incapables de se mettre d'accord, s'accusant mutuellement de tricheurs. Ils durent s'y reprendre une bonne centaine de fois avant de statuer sur une égalité parfaite, ils iraient tous les trois apporter la nouvelle. Olek sombra dans un sommeil sans rêve et réparateur au milieu de leur partie. Il ne serait réveillé que le surlendemain, la veille de l'exécution, par les gonds rouillés et crissants du cachot qu'on ouvrait brusquement. L'Amiral Tetsuda surplomba le prisonnier de toute sa hauteur et l'engloutit d'un regard aussi impérial que dédaigneux.

-Je suis là, dis moi tout, misérable.

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- Tout !

Olek ricana devant son propre génie, mais la gifle fulgurante de l'Amiral le fit taire instantanément en lui déboîtant la mâchoire. Intelligent, comment allait-il pouvoir parler maintenant ? En réponse, le pirate cracha une gerbe de sang destinée à salir l'uniforme immaculé de l'homme qu'il détestait. Celui-ci esquiva sans peine et le gifla de nouveau, cette fois-ci de l'autre côté, légèrement moins fort et avec une précision chirurgicale qui lui remit la bouche en place. Olek cria, plus par surprise que de douleur. Ce genre de truc était-il vraiment possible ?

- Comment t'as fait ?

Testuda ignora sa question, récupéra un tabouret qu'il plaça en face du prisonnier et s'y assit machinalement. Son regard sembla se perdre dans un souvenir lointain, et Olek crut même y discerner une lueur de regret, très vite remplacée par la colère méprisante qui lui sciait si bien.

- Druss aurait honte de toi et de ta faiblesse, tu n'es que l'ombre de l'homme qu'il était. Rien de plus qu'un pirate insignifiant. Tu ne dois cette mort honorable sur l'échafaud que grâce au sang qui coule dans tes veines. Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais jeté ta dépouille aux requins depuis longtemps.
- Charmant !

La voix provocante et désabusée d'Olek n'était qu'une façade. Les paroles de Tetsuda venaient de lui faire plus de mal que toutes les tortures des jours passés. Au final, il ne put s'empêcher de répondre à sa provocation, se jetant à pieds joints dans le piège psychologique de son tortionnaire.

- Tu ne connais rien de mon père !
- Au contraire, j'en sais bien plus que toi...

Quelque chose dans sa voix empêcha Olek de surenchérir. Peut-être s'agissait-il de l'once de vérité qu'il y discerna. Le colosse ne connaissait rien de son père, et la moindre opportunité d'en apprendre un peu plus sur lui était une tentation à laquelle il ne pouvait résister. Qu'il s'agisse de sa carrière de vice-amiral à sa trahison, le fils avait été gardé expressément dans le flou par son paternel. Druss avait voulu voir son fils grandir sans aucune entrave, absent des manipulations et des complots, loin des règles et des lois qui régissaient un monde tenu en laisse.

- Ton père était un héros, il faisait partie des hommes que j'admirais, une des rares légendes qui m'a poussé à revêtir l'uniforme. Intransigeant et intrépide, un modèle pour toute la bleusaille de l'époque ! Qui aurait pu croire que dans son sang coulait le cancer de la trahison ?

Une question rhétorique. Tetsuda était animé d'une ferveur qu'il peinait à contrôler. Ses yeux brûlaient d'émotions contradictoires, telles que la peine et la colère, la fascination et le dégoût. L'amiral prit une grande inspiration, comme s'il voulait s'imprégner de toute la crasse de la pièce et la dominer par sa grandeur d'âme. Revigoré, il continua sa tirade d'une perfidie sans nom.

- Je suis bien content d'avoir été celui désigné pour lui trancher la tête. Je voulais qu'il souffre, qu'il paie pour avoir brisé l'image qu'il représentait à mes yeux. Tu étais là ce jour fatidique ? Bien sûr que tu étais là ! Tu te rappelles combien de fois j'ai dû m'y reprendre pour lui séparer la tête du tronc ? Une vraie boucherie !
- FERME-LA !

Olek fumait littéralement, son pouvoir du démon muselé par les chaînes en granit marin paraissait prêt à transcender cette limite pourtant inviolable. Ses muscles et veines tendus étaient prêts à exploser sous la pression qu'il leur soumettait. Du sang se mit à couler de ses yeux qui convulsaient sous l'excès de rage. Une scène magnifique, quasi orgasmique pour Tetsuda qui souriait de toutes ses dents, victorieux. Il n'avait pas besoin de savoir qui protégeait Olek dans l'ombre, la personne en question montrerait son visage bien assez tôt, sous peine de voir son petit protégé mourir sous les projecteurs. Le passage de l'Amiral dans le cachot du pirate n'était qu'une mise en bouche avant le plat principal de demain. Un plaisir coupable et addictif qu'il prenait à faire souffrir ses victimes.

Il partit sans un mot, sans un regard en arrière, laissant le misérable croupir dans les ténèbres et s'auto-consommer dans sa haine.
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