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Bris de chaînes

    Une brume de larmes et de fatigue voilait les yeux de Kant, tandis qu’il écoutait l’interminable discours du premier lieutenant de la célèbre famille Audifreddi. Ce dernier pérorait à propos du nouvel accord que l’organisation mafieuse venait de conclure avec le commandant de la Marine locale. Pour se fondre dans la masse et coller au troupeau, Kant levait les bras et acclamait bêtement l’orateur maladroit à chaque fin de phrase. Le pauvre était profondément excédé par cette mission d’infiltration, qui durait déjà depuis plus de trois semaines. D’ordinaire, les missions qu’il effectuait s’étendaient sur quelques jours, tout au plus, et n’impliquaient pas de jouer la comédie si longtemps. Or, cette fois, l’objectif qu’il poursuivait nécessitait d’intégrer la famille Audifreddi et de gagner la confiance de l’ensemble des familles mafieuses de Manshon : léchage de bottes, courbettes, services rendus… tout cela commençait à sérieusement l’agacer.

« Le nouveau, tu prends la tête de l’équipe ! » s’écria soudain le lieutenant.

Kant, s’éveillant tout à coup par quelque instinct de vigilance, remarqua que l’on s’adressait à lui. Surpris, il se leva d’une traite et acquiesça respectueusement. Il n’avait rien écouté. Il vit alors deux hommes d’un impressionnant gabarit s’approcher de lui, tandis que la foule commençait à se disperser.

« Ne perdons pas de temps ! s’exclama l’un d’eux, partons chercher ces esclaves ! »

« Ces esclaves ? » répondit Kant, désabusé.

Jusqu’alors, les activités économiques de la famille s’étaient concentrées sur le trafic d’influence, d’armes et de denrées rares. Depuis le début de sa mission, Kant n’avait jamais ouï-dire que la mafia baignait dans l’esclavagisme. Pourtant, c’était bien le cas : au Nid de Vaches, la petite île située à quelques kilomètres de Manshon, six esclaves venaient d’être livrés à la famille Audifreddi. Trois femmes, ainsi que leur enfant. Ces civils, réduits à l’état de marchandises, étaient d’une très grande valeur en raison de leur sexe et de leur âge, mais la famille mafieuse venait de conclure un très bon accord avec les responsables de la Marine locale corrompue. En l’occurrence, ces six individus seraient cédés contre une quinzaine d’hommes, tous hors la loi et détenus au quartier général de Manshon. La mission de Kant, accompagné de ses deux sbires, consistait à se rendre au dit quartier général pour récupérer la marchandise et, dans un second temps, livrer les six esclaves échange.

    Les heures passèrent. Depuis leur départ du Nid de Vaches, Kant n’avait pas ouvert la bouche. Un dilemme moral s’en prenait à ses nerfs et l’allure de celui censé être « la tête de l’équipe » était plus que misérable. Maladroit, hésitant et silencieux, le jeune homme peinait à diriger quoi que ce soit, aussi, il laissa à un autre le soin de donner des directives à la mauvaise troupe. S’il n’avait aucun scrupule à voler, à corrompre, à trahir parfois, Kant n’était aucunement un adepte de la violence gratuite, du meurtre ou de l’esclavagisme. Ces trois méfaits siégeaient par-delà sa frontière morale et qu’importe combien ses méninges pouvaient être triturées, il ne pouvait se résoudre à accepter de telles atrocités. Tout le long du trajet en barque jusqu’à Manshon, puis durant la longue marche jusqu’au quartier général de la Marine, Kant ruminait. Au fond de lui, il en était certain : sa mission d’infiltration touchait à sa fin. Puisqu’il ne pouvait se résoudre à commettre de telles infamies, il ne lui restait plus qu’à déserter dès que possible -ce qui, en soit, n’était pas une mince affaire-. Seulement, son petit cœur tendre l’incitant à se soucier d’autrui, il ne pouvait se résoudre à abandonner ces esclaves à leur sort. Aussi réfléchissait-il à un plan pour sauver ces derniers sans risquer bêtement sa vie. Bientôt, les trois hommes atteignirent le quartier général. Ils étaient attendus.

« Vous êtes en avance, messieurs, soupira le commandant. Mais vous n’irez pas plus loin, vous ne devriez pas être vus si près du QG. Rebroussez chemin, patientez à l’orée du bosquet. Votre marchandise vous sera remise comme prévu. »

Sans plus de politesse, la mauvaise troupe repartit sur ses pas. Kant ne voyait que trop clairement combien il serait difficile d’échapper à cette situation tortueuse et de réussir à sauver tout le monde. Luttant contre sa bienveillance, il se résolut alors : il livrerait les hommes au Nid des Vaches et, lors de l’échange retour, il délivrerait les femmes et leur enfant. C’était, au fond, et ce malgré la culpabilité qui l’assaillait, la seule issue envisageable. Soudain, il pensa à son amoureuse Kaétra, quel paysage sa beauté égayait-elle à cet instant ?

« Oh, le nouveau. Oh ! » cria l’un des mafieux, tirant Kant de sa contemplation.

Ses pensées l’avaient tellement éloigné du réel qu’il ne s’était pas aperçu que tout un tas de gens se tenaient devant lui. Une quinzaine d’hommes en chaînes, l’âme vidée de toute substance, fixaient le sol, silencieux. Autour d’eux, pas moins de six soldats chargés de l’escorte se tenaient droit, fusils en main. L’ombre qui pesait sur l’esprit de Kant s’épaissit alors. La présence de l’escorte militaire rongeait son courage à la racine, lui qui n’avait que très peu eut affaire à la Marine sur l’île de Zaun. Tremblant des genoux, il se releva avec peine.

« Eh bien... dit-il hésitant. Partons. »

Le petit groupe s’élança alors vers la plage où tous embarqueraient vers le Nid des Vaches. Kant marchait en tête et, ruminant de plus belle, lançait des œillades furtives par-dessus son épaule. Les deux mafieux le suivaient de près et derrière, avançait, silencieuse et meurtrie, la quinzaine d’esclaves entourée de soldats.
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Tranquillement allongé sur mon petit navire de fortune : un bateau de péche que j’ai réquisitionné sans l’accord de son propriétaire, je rêvasse en admirant la petite feuille entre mes mains qui porte mon portrait. Ma tête a été mise à prix. Quinze millions, j’ai été remarqué pour la première fois. La marine me connait, elle fait attention à moi. C’est le premier pas de mon voyage ! Lorsque je serais suffisamment menaçant pour eux, alors ils daigneront sans doute abolir le Buster Call ! Ce sera en tout cas la seule monnaie d’échange que j’accepterai pour que je leur foute la paix. Et ils pourront toujours me courir après : j’ai la capacité de changer d’apparence comme j’en ai envie, je peux disparaître dans la nature d’un claquement de doigt.

Haha, l’exaltation du succès me prend. Mais je ne dois pas me montrer imprudent pour autant. Je suis bon parce que je suis malin et sournois. Et… Qu’est ce qu’on vient de percuter ? Je me redresse et constate que mon navire a accosté. Une plage discrète, mais je devine plus loin la silhouette d’une grande ville. Peut être y a-t-il une autre base de la marine ici ? Et si leur officier possède lui aussi un meitou à voler pour le revendre ensuite ? J’ai pu m’offrir un festin de roi avec le précédent. Tiens, je ne suis pas le seul sur cette plage, il y a un autre bateau à côté. Bien plus grand que le mien : une vingtaine de personnes peuvent y naviguer. Sur le mien on risque de se marcher dessus à partir de quatre personnes.

Je quitte mon embarquement et me dirige vers l’autre, surveillé par deux personnes – eux ne font pas l’erreur du pécheur qui laissa son navire en libre accès.

« Ola matelots. Dites moi, y a-t-il des marines sur cette île ? Et où sommes nous d'ailleurs ? »

Un grand sourire aux lèvres, je me demande s’ils vont me reconnaître. Ce sourire fier de l’individu qui goutte à un début de célébrité.

« Dégage, on a du travail. »

Ou pas.

« Vous ne me reconnaissez pas ? Je suis le terrible Reyson D. Anstis. Répondez moi manants et je vous laisserai la vie sauve. »

Ou pas, de nouveau. Pour toute réponse ils dégainèrent leurs lames…

Ainsi, lorsque le groupe de Kant est arrivé sur la plage, j’étais accroupi devant deux hommes ligotés et inconscients, en train de leur lancer un seau d’eau salé sur la tête pour les réveiller afin de reprendre la conversation là où on l’avait laissée.
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    La petite troupe avançait à pas lents vers la plage. Anxieux, Kant examinait les alentours avec minutie afin d’anticiper la suite : il tentait d’esquisser dans son esprit l’itinéraire qu’il emprunterait en compagnie des femmes et des enfants asservis lors du chemin de retour. La présence pesante des soldats de la Marine l’intimidait, et il espérait ne pas avoir à les affronter dans un futur proche. Soudain, Kant fit halte.

« Qu’est-ce que c’est… que ça ? » Dit-il en pointant du doigt un énergumène et deux personnes ficelées comme des jambons gisant à ses pieds, quelques mètres plus loin.

« C’est pas nos oignons, répliqua l’un des mafieux. Allons-y. »

« Attendez ! S’exclama un soldat avec autorité. Je vais aller voir ce qu’il se passe. »

Se détachant du groupe, le soldat s’élança, arme à la main, en direction de l’homme et de ses otages. Kant profita de ce bref instant de répit pour jeter un œil à la cohorte d’esclaves menottés derrière lui. Une peine indicible le submergeait à mesure que sa volonté de livrer ces hommes afin d’en sauver d’autres s'affirmait. Soudain, un cri déchira l’air. Lorsqu’il se retourna, Kant aperçut le soldat de la Marine étendu sur le sol.

« Arrêtez-vous, tout de suite ! » hurla un autre, tandis que tous levaient leur arme.

S’avançant lentement, mais avec une détermination certaine, l’homme aux cheveux bleus ne semblait nullement intimidé par les fusils pointés sur lui, bien au contraire. Puis, tout se déroula avec une frénésie telle que Kant peinait à saisir les événements. Avec une aisance déconcertante et une jubilation apparente, l’homme, qui ressemblait à s’y méprendre à un pirate, neutralisa les soldats qui tentaient de l’arrêter. Ses aptitudes au combat étaient sans commune mesure et les cinq soldats tombèrent comme des feuilles mortes, anéantis en quelques secondes. Pris de panique, Kant empoigna ses ciseaux à bois.

« NE BOUGEZ PAS, hurla l’un des mafieux aux esclaves tétanisés. Si l’un de vous bouge, on le descend à vue ! Puis, dégainant son sabre, il s’adressa à Kant. S’ils s’agitent, butes-en un ou deux, nous, on va calmer ce gus-là. »

À leur tour, les mafieux s’avancèrent vers le pirate pour lui faire la peau. Tout comme les esclaves dont il avait la charge, Kant était tétanisé. Sans surprise, le premier mafieux ne fit pas long feu face à l’assaillant. Le second lui faisait face, prêt à bondir. Soudain, des bruits de pas précipités résonnèrent derrière Kant.

« Non… ! Attendez ! » se fendit-il, hésitant, à l’adresse des esclaves en fuite.

Les pauvres hommes enchaînés avaient su lire la situation mieux que Kant. Ils avaient deviné l’hésitation du jeune homme et avaient fait le -bon- choix de saisir cette opportunité tombée du ciel pour prendre la fuite, quitte à ce que certains d’entre eux périssent. Kant n’eut ni le temps, ni la volonté de sortir son arc pour arrêter les fuyards et il les regarda disparaître à l’horizon. Son plan de sauvetage tombant à l’eau, il pensa aux femmes et aux enfants qui ne seraient jamais libérés et la tétanie se déroba pour laisser place à la colère. D’un bond, il s’élança vers le dernier mafieux toujours debout. D’un coup sec, il abattit le manche de son ciseau sur son crâne. L’homme chancela puis s’effondra, inconscient.

« NON MAIS T’ES UN SACRÉ MALADE TOI ! » hurla Kant à destination du pirate.

Ce dernier venait de se débarrasser d’une demi-douzaine de marines et aurait pu, de ce fait, effrayer Kant : il n’en était rien. Le jeune garçon était farouchement remonté.

« T’es qui, t’es quoi ? Un pirate ? Eh ben bravo ! dit Kant. Puis, las, il s’assit. Comment j’fais moi maintenant, hein ? C’est bien beau de taper tout ceux que tu croises, mais là, tu viens de me foutre dans une sacrée merde ! Maintenant, faut que je réfléchisse… »

Il marqua une longue pause. Puis, comme s'il était surpris par une idée brillante, il redressa le menton.

« J’ai soif ! Tu m’invites ? »
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« D’où c’est moi le mala… »

Attends, c’est peut être mieux pour moi si j’inspire la folie et la crainte ? L’opinion publique sera plus forte pour que j’arrête mes exactions. Parfait !

« Oui je suis malade ! Et alors ? »

Dis-je un grand sourire aux lèvres. Même si je me demande surtout pourquoi il s’est mis à attaquer mon dernier opposant. Et puis il y a erreur, ce sont eux qui ont attaqué les premiers ! Je n’ai fait que me défendre légitimement ! Même si ce n’est certainement pas ce que l’histoire retiendra.

Je lève la main vers le jeune homme, deux doigts debout :

« Deux conditions : primo tu m’aides à ligoter toutes ces personnes. »

Il ne faudrait pas qu’ils se réveillent entre temps et fassent capoter mon élément de surprise. Non, ils resteront sagement là jusqu’à ce que j’en ai fini sur cette île.

« Deuxio : tu répondras à mes questions. »

Je sais à présent qu’il y a des marines ici, et comme ce jeune homme semble être en lien avec eux, il pourra sans doute me donner de précieuses informations pour l’élaboration de mon plan. C’est dommage que les autres se sont enfuis. C’était des prisonniers ? J’aurais peut être pu les convaincre de s’allier à moi. Soit, je dois prendre en compte que mon temps est compté. J’ignore quand ces soldats sont censés rentrer à la base, et si les prisonniers se sont voir ma surprise tombera à l’eau. Mais je peux être surprenant même lorsque la surprise est déjà dévoilée !

Et tandis que le jeune quidam…

« Oh fait, t’es qui ? »

Pendant que le jeune Kant attache ses anciens alliés, je dévêtis un soldat de sa tenue et je leur fais les poches à tous. Ce costume me sera sûrement utile plus tard, mais pour le moment je le garde sous le coude.

« Ca dérange si c’est la marine qui invite ? »

Il n’y avait pas grand-chose, mais bien assez pour quelques verres. Alors je modifie mon apparence grâce aux hormones avant de suivre le jeune Kant, histoire de ne pas être reconnu. Je prends une forme similaire à celle de mon interlocuteur. J’ai bien conscience qu’il me mène peut être vers un piège. Mais hé, je suis le terrible Reyson D. Anstis ! Personne ne peut m’arrêter !
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    Quelles seraient les conséquences pour avoir ainsi laissé s’échapper la marchandise qu’attendait impatiemment la terrible famille mafieuse Audifreddi ? Quelles seraient les conséquences pour avoir ainsi molesté plusieurs soldats de la Marine ? Quelles seraient les conséquences pour avoir coopéré avec un forban de la pire espèce ? Kant n’en avait cure, puisqu’on lui payait à boire. Il fut tout de même étonné de voir celui qui s’était présenté comme Reyson D. Anstis changer d’apparence en un instant. Stupéfait, effrayé, il l’était, certes ; mais Kant fut surtout flatté de voir que le nouveau visage du pirate ressemblait trait pour trait au sien, et il interpréta cela comme une volonté de la part de Reyson d’adopter les canons de beauté les plus en vogue. Durant toute la route qui mena les deux compères jusqu’à Manshon, Kant harcela son compagnon d’infortune en répétant incessamment la même question.

« Comment t’as fait pour changer de tête, hein, dis ?! Dis ? Dis s’il te plaît ! Hein ?! »

« Non mais, comment t’es devenu presque moi ? Allez, dis ! Dis s’il te plaît ! »

« Alors, comment ? Allez quoi, fais pas ton mystérieux… »

    Lorsqu’ils atteignirent Manshon, les deux jeunes hommes se dirigèrent vers Golden Port. C’est à cet endroit que Kant avait débarqué lorsqu’il posa le pied sur l’île pour la première fois. Les quais, parfaitement entretenus, étaient bordés de bâtiments à l’architecture raffinée, aux pieds desquels fleurissaient de nombreux étals garnis de marchandises. Une simple promenade près du port suffisait pour constater à quel point l’activité économique de l’île était dense. Pourtant, ce joli tableau camouflait une réalité sinistre : les marchands et les artisans étaient sous le joug des familles mafieuses qui, dans l’ombre, s’enrichissaient aux dépends des honnêtes gens.

    Kant jeta son dévolu sur la taverne la moins huppée du port. Lorsqu’ils entrèrent dans l’établissement, les deux jeunes hommes passèrent inaperçus, du moins dans un premier temps. Tel un enfant avide de sa place attitrée, Kant se précipita vers le dernier tabouret haut du comptoir, mais au lieu d’exiger qu’on le serve prestement, il se lança dans une lutte silencieuse contre lui-même. Le sérieux de sa mission l’avait obligé à ne pas boire une goutte d’alcool depuis plusieurs semaines. Or, la gravité de la situation imposait qu’il ne cède pas tout de suite à ses vices, car il se devait d’avoir l’esprit clair pour exposer la situation à Reyson. Tapotant frénétiquement des doigts sur le comptoir, Kant s’adressa alors à son allié de circonstance.

« J’ai rien contre les pirates, chuchota-t-il, mais il faut vraiment que vous appreniez à tempérer vos ardeurs ! Bon, certes, grâce à toi je vais pouvoir enfin tâter du goulot, mais tu m’as mis dans une sacrée panade. ‘Primo’ comme tu dis, les types qu’on a ficelé avec les soldats, ce sont d’hyper-super mauvais bougres, des employés de la mafia ! ‘Deuxio’, les prisonniers qui ont pris la fuite, c’était ma monnaie d’échange ! Je t’explique… »

    Tout en prenant soin de ne pas attirer l’attention et de ne surtout pas être entendu, Kant révéla à Reyson l’enjeu de sa mission avortée, ainsi que ses plans consistant à libérer les femmes et les enfants détenus au Nid des Vaches. En réalité, Kant ne savait pas si ces révélations suffiraient à persuader le pirate de lui prêter assistance, mais il savait que le talent martial de ce dernier lui serait essentiel pour fomenter un nouveau plan et atteindre ses objectifs. Depuis qu’il avait changé de tête, Reyson semblait bien plus amical, ce qui engageait Kant à se livrer.

« De toute manière, avec ou sans toi, j’irai ! Quitte à me faire découper en rondelles. Mais il me faut, enfin... Il nous faut un plan. Tu connais le Nid des Vaches ? »

Kant poursuivit ses explications, s’efforçant d’insister sur le sort des pauvres innocents, espérant rallier son interlocuteur à sa cause. Au fil de sa longue diatribe, il discerna une lueur d’intérêt étincelant dans l’œil de Reyson à chaque évocation de la Marine. Au fait des liens corrompus tissés entre les familles mafieuses et la base locale, Kant s’appliqua alors à les mettre en évidence.

« Messieurs, c’est pas un salon de thé ici, lança soudain le barman à l’adresse de ses clients. Vous comptez consommer ou j’vous fous dehors tout d’suite ? »

« Oh ! Un tavernier bien poli comme j’les adore, répliqua Kant. On a fini nos p’tites histoires, consommons ! Un litre de votre meilleure bière, puis une bouteille de rhum ! Chacun ! »

L’attente fut si longue que Kant se félicita d’avoir pu tenir jusqu’alors. Le jour s’effaçait lentement, laissant place aux lueurs crépusculaires qui donnaient à cette biture un parfum empreint de poésie. Au bout de quelques litres, le jeune sculpteur commençait à vaciller, jonché sur son tabouret. Puis, dans un élan amical et irréfléchi, il prit Reyson dans ses bras.

« Allez, cria-t-il, viens avec moi ! On va leur faire leur super-méga fête à ces salauds d’Audifreddi ! »

À ces mots, les regards menaçants des clients de la taverne convergèrent tous vers les deux hommes.
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Mais quel idiot ! Tout son discours n’était que du baratin pour m’attirer dans un traquenard ou quoi ?

« Comme tu dis Kant, mais tu devrais éviter de parler si fort. Il ne faudrait pas gâcher la surprise de la super méga fête. » dis-je assez fort pour être entendu de tous. Mais évidemment ce serait trop beau pour que ce soit suffisant.

« Vous osez insulté la famille Audifreddi ? »
« Comment ? Ah je vois. Il y a méprise mon bon monsieur, vous avez confondu la salle O et salaud en un mot. Nous sommes les organisateurs de la prochaine fête surprise qui se déroulera dans la salle O. »

D’un coup de pied je fais taire Kant qui semblait prêt à me corriger pour dire la vérité. C’est qu’il ne tient pas l’alcool ou quoi ? Bon, moi non plus, mais j’ai usé d’hormones pour stimuler mon métabolisme afin d’éliminer plus rapidement l’alcool. Tant que je suis sur une île hostile, la sobriété est de mise. L’alcool me sert alors uniquement à soutirer des informations. Kant fut d’ailleurs très bavard à ce propos, mais je pense qu’il serait préférable que je l’aide à décuver rapidement. Surtout si je le suis dans son plan… Attends, quel plan ? Je n’en ai pas entendu. Mais comment a-t-il fait pour tenir sa couverture ? Ah oui, il n’avait pas bu. Je comprends mieux…

« Si vous voulez bien nous excuser mes bons messieurs, nous allons devoir nous atteler aux préparatifs si nous voulons que la fête soit un succès. D’ailleurs, y a-t-il quelqu’un pour nous guider jusque là bas ? Je crains que mon collègue, qui connaissait le chemin, ne soit plus capable de se diriger correctement. »
« La salle O vous avez dit ? »
« Hum… oui. C’est le nom de la salle où se trouve… hum… Bah dis leur Kant, tu y as été toi. Et tu souhaites justement te rendre quelque part, je me trompe ? »

Foutu pour foutu, je vais le lui faire son plan. Si j’ai bien saisi, aider ces gens qu’il veut sauver déplaira la marine. J’y trouve donc mon compte. Maintenant, Kant, sois malin s’il te plaît.
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    Les deux lascars menaçants qui alpaguèrent Kant et Reyson semblaient entretenir d’étroits liens avec la famille d’Audifreddi, mais ils n’avaient pas l’air d’avoir la lumière allumée à tous les étages. Si bien qu’ils tombèrent dans le piège grossier de « la salle O » et proposèrent leur aide. Seul bémol, l’alcool aidant, Kant tomba aussi dans le piège.

« OUI ! LA FIESTA ! hurla Kant. C’est bon je peux parler, tu vas pas m’re frapper ? Allons-y ! Mais nous faut du pinard, beaucoup de pinard ! »

Les lascars esquissèrent un sourire mauvais. Ils semblaient tout à coup emballés par l’idée de participer à la préparation de la fête surprise donnée en l’honneur de la famille qu’ils soutenaient. Ils firent alors une proposition au tavernier, le genre de proposition que l’on ne peut pas refuser, et le pauvre commerçant fut contraint de céder deux caisses de vins gratuitement. On lui rappela tout de même que ce service ne serait pas oublié et qu’il serait certainement, hypothétiquement, p’têtre, rendu. C’est ainsi que Kant et Reyson quittèrent Golden Port en compagnie des deux hommes et de caisses de vins, prenant la direction de la côte où ils s’étaient rencontrés quelques heures plus tôt. Sur le chemin, Kant chantait.

♬♫♪  Heigh-ho, Heigh-ho, FIESTA à la salle O !
♪ Heigh-ho, Heigh-ho...
♪ Heigh-ho, Heigh-ho, Heigh-ho, FIESTA pour les salauds ! ♬♫♪

Quelque peu désabusés par la dernière phrase de ce couplet que Kant répéta une bonne dizaine de fois, les deux lascars restèrent cependant silencieux. Après tout, se disaient-ils, il est bourré comme un coing, c’est sûrement sa langue qui fourche. Le petit groupe arriva à la plage. La nuit les enveloppait, mais la lune brillait intensément et dispensait de généreux rayons qui illuminaient les environs. Non loin, des liens visiblement tranchés jonchaient le sol et la grande barque sur laquelle Kant était arrivé n’était plus là. Les hommes rossés par Reyson et les soldats de la Marine non plus.

« Bin en v’la une autre ! s’exclama Kant. Comment qu’on va *buurp* faire ?! »

Reyson, qui endossait malgré lui le rôle de meneur du fait de sa sobriété, suggéra que l’on emprunte sa barque -récemment volée- pour naviguer jusqu’au Nid des Vaches. Seul Kant détenait le secret permettant de s’y rendre, étant lui-même un employé de la famille Audifreddi, qui conservait jalousement le secret permettant de ne pas se faire dévorer par les vaches marines qui rôdaient tout autour de l’îlot. En chemin, Kant insista pour que l’on débouche une bouteille, puis deux. Entre deux bectées, il prit un air sérieux pour s’adresser à son nouvel acolyte.

« C’est pas compliqué, Reyson, y’a juste qu’il faut qu’on fasse *buuurp* attention au lieutenant. Lui, c’est un vrai méchant féroce. Mais j’ai une idée, une bonne idée ! Toi, tu te déguises en Marine, puis tu viens avec moi pour corou… couro… corroborer ! Pour corroborer ma version des faits ! On dit qu’on s’est fait attaquer par des pirates tralali, tralala, et qu’on a perdu tous les esclaves blabla ! S’ils nous tuent pas sur le champs, on devrait pouvoir se faufiler jusqu’aux geôles, libérer les esclaves, et filer ! »

Tandis qu’il exposait son plan soigneusement manigancé, Kant fut surpris de constater l’air dépité de son interlocuteur. Puis, comme si Reyson l’y incitait, il se retourna et aperçut alors les deux lascars derrière lui. Cette fois, ils n’avaient plus aucun doute sur leurs intentions. D’un geste vif et précipité, Kant poussa l’un des hommes à l’eau.

« Désolé ! dit-il. Désolé ! »

Le pauvre s’excusait de sa propre bêtise et souffrait sincèrement d’avoir à se débarrasser de ceux qui l’avaient si gentiment approvisionné en vinasse. D’abord effaré par les propos qu’il venait d’ouïr, puis par la chute de son ami dans l’eau, le second lascar tenta de poignarder Kant. Fort heureusement pour ce dernier, Reyson intervint si promptement que le pauvre bougre fut jeté à l’eau à son tour.

« Désoléééé ! hurla Kant à nouveau. Nagez vite ! Sinon, les vaches marines vous boufferons ! »

*

    Il fallut plusieurs dizaines de minutes pour parvenir jusqu’au Nid des Vaches, d’interminables minutes durant lesquelles Reyson réprimanda Kant pour sa bêtise. À peine arrivés, ils aperçurent les terres au-dedans et l’enceinte construite sur les rives de l’îlot, composée de pontons de bois qui se déployaient de manière chaotique sur les eaux. Tel un réseau labyrinthique, ils formaient des chemins flottants sur lesquels déambulaient les pires truands du coin.

« Oh ! s’exclama Kant tandis qu’ils s’apprêtaient à accoster. Je r’connais les gars qui bossent avec moi ! Surtout, joue l’jeu ! »

Lorsque la barque aborda le quai, au lieu des retrouvailles cordiales attendues, les cinq mafieux remontés pointèrent leurs armes chargées sur Kant et Reyson. Parmi eux se trouvaient les deux hommes qui, plus tôt, avaient accompagné Kant jusqu’à Manshon. D’une manière ou d’une autre, ils s’étaient défaits de leurs liens et avaient hâtivement regagné le Nid pour donner l’alerte. Face aux canons pointés sur lui et à l’imminence de la mort, Kant dessaoula immédiatement, leva les mains en l’air et jeta un regard de détresse à son acolyte pirate.  
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Pourquoi il lève les mains au ciel ? Ça fait partie du plan ? Je dois le suivre ? Je ne pense pas. Je soupire intérieurement. Heureusement que j’ai enfilé l’uniforme de la marine et que j’ai modifié mon apparence une fois de plus pour un quidam aléatoire : des cheveux roux et courts, de petite taille pour un homme mais suffisamment large d’épaules pour faire comprendre qu’il vaut mieux ne pas jouer avec ma patience. Et c’est justement le cas ici :

« C’est donc ainsi que vous accueillez la marine ? Dois-je comprendre que notre collaboration est terminée ? »

Le silence s’installe d’abord, je lis l’hésitation dans leurs yeux, sauf chez celui qui prend la parole :

« Si c’est le cas, où se trouve votre monnaie d’échange ? Et pourquoi êtes vous avec Kant ? »

Il n’a pas eu à ajouter que Kant était la seule personne à ne pas avoir été dans le lot des gens attachés sur la plage. Lui est malin, il ne se laissera pas avoir par le simple uniforme, je dois trouver une histoire plus grande.

« Ma monnaie d’échange a été dérobé par un criminel, les condamnés se sont enfuis mais n’ayez craintes : ce ne sont pas les malfrats qui manquent. On vous en trouvera d’autres. Quant à ce jeune homme, il était prisonnier du dit criminel. Nous sommes parvenus de peu à le sortir de là. Mes camarades tentent de retrouver nos marchandises, en attendant je suis venu escorter Kant jusqu’à vous pour vous prouver notre bonne foi dans notre entreprise commune. »

Nouvelle hésitation, mais c’est une autre personne qui répondit cette fois, en pointant Kant du doigt :

« Je crois que tu me dois des explications Kant ! »

Ah, le dernier mafieux que j’ai confronté sur la plage et qui a été vaincu par Kant fait parti du comité d’accueil. Chouette… j’ai trouvé une histoire qui me met hors d’état de cause pour le moment, et ils agiront de toute façon avec prudence vis-à-vis de moi car c’est leur relation avec la marine qui est en jeu. Mais pour ce qui est de Kant… et bien à lui de se débrouiller. Après tout, dans cette histoire, le soldat que j'incarne n’était pas présent sur cette fameuse plage et n’a pas vu la scène dont Kant est accusé. Qu’il s’explique, lui et ses bras levés comme s’il était coupable de quelque chose. Le plan qu’il m’a proposé n’impliquait pas sa survie. Débrouille toi.
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« Eh ben… »

Kant, qui d’ordinaire était si volubile, resta coi un long moment. Il lançait à Reyson un regard de détresse, espérant que ce dernier dévoile à nouveau des explications convaincantes pour justifier sa trahison, mais rien n’y fit. Le doigt accusateur pointé sur lui contraignit Kant à répondre.

« Eh ben, figurez-vous que j’étais sous l’emprise du pirate ! Enfin, du criminel. Celui-là, quoi, dit-il en montrant Reyson du doigt. Puis, comme s’il était lui-même surpris par son geste, il se reprit avec précipitation. Enfin, le criminel dont il parle, bien sûr. Vous l’avez vu comme moi, c’était un homme terrifiant ! Il a certainement usé d’une technique mystérieuse et j’ai agi sous son emprise, voilà. Voilà… Kant marqua une pause, puis comme s’il voulait pousser son auditoire à croire son mauvais mensonge, sa langue se délia un peu plus, malgré lui. En plus, après, vous auriez vu, il changeait d’apparence en un claquement de doigts, et tout, ouais, on n’était clairement pas à la hauteur… hein ! ... C’est pas d’notre faute ! »

Même s’ils avaient effectivement vu de quoi était capable le pirate, les mafieux restaient perplexes face à ces explications alambiquées.

« Mais j’ai tout de même apporté un petit quelque chose, dit Kant en se retournant vers les caisses de vin. En attendant que la Marine revienne avec la marchandise, on peut étancher notre soif, hein, les gars ? »

La ruse fit son chemin et les mafieux se laissèrent amadouer. L’homme que Kant avait frappé sur la plage grommela, puis abaissa son doigt accusateur en signe d’apaisement. Soudain, la barque tangua quelque peu et une voix surgit des eaux.

« Menteurs ! » s’écria l’un des hommes qui, après avoir été jeté à la mer, avait réussi à suivre la barque en nageant.  

« Ce sont des menteurs ! Ils fomentent quelque chose ! »

Là, les mafieux braquèrent à nouveau leurs armes sur Kant et Reyson, qui n’avaient pas anticipé un tel retournement de situation. Dans un élan de désespoir, Kant saisit une flèche dans son carquois, mais il ne put bander son arc, car soudainement, la barque se mit à vaciller violemment. Un gigantesque monstre marin surgit des eaux juste derrière eux, prenant tout le monde par surprise. C’était une vache marine qui avait repéré et suivi le nageur jusqu’aux quais. Elle ouvrit sa gueule immense et engloutit d’un seul coup tout l’arrière de la barque, avalant le pauvre homme qui s’y agrippait ainsi que les caisses de vins.  

Désemparés, les mafieux ouvrirent le feu. Pris de panique, Kant bondit sur le quai et se faufila avec peine entre les tirs, puis il grimpa rapidement sur le toit d’une cabane de bois. Ainsi perché, il poursuivit sa course effrénée sans se retourner, priant pour sa vie et celle de son acolyte pirate à qui il ne pouvait apporter aucun secours. Les mafieux continuèrent à tirer sur la vache marine dans l’espoir de la repousser, mais Kant entendit les balles siffler près de ses longues oreilles, signe qu’il était également pris pour cible. Il bondit d’un toit à l’autre, jusqu’à malencontreusement passer au travers de l’un d’eux pour finalement terminer sa course en s’écrasant sur le plancher de bois d’une vaste cabane. Là, Kant releva péniblement sa tête alourdie par la peur et l’ivresse.

« Le nouveau ? Que fais-tu ici ? Que signifie ce raffut dehors ? »

Kant déglutit, pris de terreur. Il venait d’atterrir dans la cabane du premier lieutenant de la famille Audifreddi, celui-là même qui l’avait nommé à la tête de sa mission ce matin-là. Assis à ses côtés se trouvait le second lieutenant, un homme malingre et terrifiant qui aiguisait consciencieusement sa lame.  

« Eh bien, réponds ! S’écria le lieutenant dont la patience commençait à s’étioler. D’où viens-tu ? Où sont les prisonniers que la Marine doit nous fournir ? »

À ces mots, Kant comprit que ses tristes comparses n’étaient pas venus faire leur rapport et que la hiérarchie semblait ignorer ce qu’il s’était passé sur Manshon. Une fois encore, il remercia sa bonne étoile.

« Les marines ! s’écria Kant. Les marines sont là, et ils n’ont pas la monnaie d’échange ! Ils débarquent pour récupérer les esclaves et vous prouver qu’ils ne sont pas de bonne foi dans notre entreprise commune ! »

Il semblait à Kant que les mots de Reyson étaient plus convaincants que les siens, aussi se permit-il d’en faire usage, quitte à ce que sa phrase soit dénuée de sens. Le premier lieutenant sceptique et troublé par ces propos, se redressa d’une traite.

« Quoi ?! Mais c’est impossible ! s’écria-t-il. Rivers, va voir ce qu’il se passe ! Et n’hésite pas à découper ces chiens de traîtres ! Le nouveau, va jusqu’aux geôles et prévient les gardiens, qu’ils se tiennent prêts ! Aucun esclave ne doit quitter le Nid ! Allez ! »

Sur ces mots, le second lieutenant se redressa et lécha sa lame en arborant un sourire diabolique. Une lueur d’excitation brillait dans ses yeux, comme si la perspective de découper des êtres humains le réjouissait. Kant sortit juste après lui et se mit à courir dans l’autre sens, en direction des geôles. Il n’avait pas de plan ; ou plutôt, il n’avait plus de plan. Il espérait naïvement que Reyson soit toujours en vie, tout en essayant de réfléchir à la manière dont il pourrait s’échapper après avoir, peut-être, libéré les esclaves.
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Lorsque Kant s’approcha des geôles, il put voir les gardiens à l’entrée du bâtiment converser avec deux personnes. Une portant la première tenue de Reyson mais un corps différent, et l’autre portant l’uniforme de la marine, mais ni la tête de Reyson ni celle qu’il avait lorsqu’il portait ce déguisement. Qui est qui ? Le soldat avait les mains attachés et un bâillon l’empêchait de parler. Quant à l’autre il essayait d’expliquer aux gardes que le soldat est un traître et qu’il faut l’enfermer jusqu’à ce que le chef de famille décide de son sort.

« Ah Kant te voilà, dis leur que le marine est un criminel qui compte nuire à la famille et que… Kant ? »

Merde, pourquoi lui ? Pourquoi qu’il est là ? Toute tentative de plan tombe à l’eau à cause de lui ! Et puis zut, cette fois tu n’auras pas l’initiative !

« Dis leur que tu le sais parce que tu es de mèche avec lui. Parce que tu es un idiot qui ne sait pas jouer un rôle, qui veut sauver les esclaves mais qui ne sait que mettre les autres dans une merde noire ! C’est d’ailleurs de ta faute si je suis blessé à la cuisse ! Heureusement que le monstre marin a fait diversion et que… »
« Vous êtes blessé ? »
« Bien évidemment ! J’avais une couverture parfaite mais ce minus a tout foutu en l’air ! Je me suis échappé de peu – heureusement que je porte toujours deux tenues pour changer rapidement d’identité au besoin, et que j’ai trouvé ce faiblard seul à qui j’ai mis l’uniforme et changé son visage pour pas que vous le reconnaissez et… »
« Hum… »
« … »
« … »
« Je disais donc : Kant est de mèche avec ce soldat. Vous devriez les enfermer tous deux et me laisser la surveillance des esclaves pendant que vous irez en faire le rapport… ? »
« Je comprends plus rien moi. »
« Attends, retire le bâillon au marine ! »
« Enfin ! C’est moi Georges, le type qui se saoule toujours à l’écart parce qu’il a mauvaise haleine et dont vous vous moquez systématiquement ! »
« C’est pas sa tête, mais l’odeur est conforme. C’est bien notre Georges. »
« Ce qui signifie que l’autre… »

Un couteau file dans le vent, frôle l’oreille de Georges et vient se planter dans la porte menant aux geôles. Tous se tournent vers le lanceur, debout derrière Kant. Il s’agit de Rivers.

« Alors c’est ici que le marine se cache ? »

Note à moi-même : ne plus faire de plan avec un inconnu.

« C’est Kant qui l’a amené sur cette île ! »

Et tchao, je me précipite dans les geôles. Pour la suite on verra sur le tas, retour au plan D : l’impro.
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« Je comprends plus rien moi. »

Ah ouf, je suis pas le seul, pensa Kant, tâchons de nous concentrer pour… Sifflant dans l’air, une fine lame aiguisée passa si près de Kant qu’elle le fit sursauter et bouscula le fil de ses pensées. L’impitoyable Rivers venait d’arriver sur les lieux et il n’avait pas l’air de vouloir discutailler. Pendant toute sa mission d’infiltration, Kant avait ouï dire que le second lieutenant de la famille Audifreddi était non seulement un combattant redoutable, mais aussi un assassin cruel et sanguinaire. Le genre d’hurluberlu auquel Kant ne voulait absolument pas avoir à affronter ; du moins, pas en un contre un. Comme il n’avait absolument pas saisi la supercherie orchestrée par Reyson avec les gardiens des geôles, il demeurait convaincu d’être en présence du pirate, et non de Georges. Cette présence le rassurait.

« Plus le choix, Reyson ! s’exclama-t-il en bondissant de côté. Battons-nous ! »

Plongeant sa main dans son carquois, Kant prit une flèche et fit chanter son arc. Il n’avait pas grand espoir de toucher Rivers, mais son but était de le tenir à distance. Comme il s’y attendait, le second lieutenant esquiva le projectile en bondissant en arrière. Sans hésiter, Kant poursuivit son offensive en saisissant une fiole d’Ōto Geri à sa ceinture et la lança en direction des gardiens.

« Retiens ta respiration Reyson ! » hurla Kant à l’attention de Georges, qui, pris de panique, s’était rapproché des deux geôliers. La fiole explosa en heurtant la porte du bâtiment et un nuage violacé enveloppa les trois hommes qui commencèrent par éternuer bruyamment. Puis, à la seconde suivante, les pauvres bougres furent secoués par de violentes nausées et tombèrent à genoux, se vomissant et se déféquant dessus.

« Noooon ! Reyson ! hurla Kant à nouveau, affligé de voir son compagnon atteint par sa technique. Fallait pas inhaler ça ! »

À peine eut-il terminé sa phrase que Kant perçut pour la seconde fois le sifflement d’une lame fendant l’air. Il plongea au sol d’une traite, esquivant ainsi le couteau de lancer envoyé par Rivers qui, malheureusement, se planta dans l’abdomen du pauvre Georges qui gisait au sol dans ses excréments. Face à cet atroce spectacle, Kant sortit de ses gonds.

« Enfoiré ! dit-il en foudroyant Rivers du regard. Tu vas tuer mon ami ! »

« Tu es donc de mèche avec la Marine, répondit le second lieutenant. Très bien, tes aveux facilitent les choses. À ton tour d’y… »

« C’est pas un marine, c’est un pirate ! l’interrompit Kant. Un gentil pirate, du genre qui paye à boire et tout ! »

Le sourire diabolique de Rivers s’estompa pour laisser place à une moue dubitative. Il ne semblait pas comprendre ce que son opposant vociférait, mais il était désormais certain de devoir l’éliminer. Saisissant son sabre, il porta la lame à sa bouche et la lécha, arborant derechef un sourire de psychopathe. Puis, d’un bond, il se rua sur Kant et pour lui asséner un coup vertical. La vitesse de Rivers était vertigineuse, mais le jeune sculpteur eut le temps de sortir ses ciseaux à bois et de bloquer le coup, non sans difficulté. Il savait que ses piètres compétences de bretteur ne lui permettraient pas de s’en sortir dans un combat au corps-à-corps, aussi espérait-il repousser son assaillant. Avec prouesse et fluidité, Rivers poursuivit ses enchaînements au sabre, s’amusant de voir son adversaire s’évertuer à bloquer les coups avec de plus en plus de difficulté. Soudain, il eut un rire sinistre et esquiva sans mal le seul coup que Kant eut la chance de porter. Il bondit de plusieurs mètres en arrière en multipliant les acrobaties avec une incroyable agilité, se riant de l’allonge de Kant et de ses petits ciseaux à bois. Il semblait se délecter de sa supériorité.

« Minable ! dit-il en ricanant. Que ce soit à l’arc ou avec tes petites lames, tu es bien trop lent pour espérer me toucher ! »

Sans hésiter, Kant profita de la distance pour tirer une autre flèche sur son adversaire. Ce dernier l’évita à nouveau en sautant à une hauteur vertigineuse. Bien décidé à ne pas mourir, Kant prit alors la décision d’employer une des techniques les plus radicales de son répertoire. Avant que Rivers ne touche à nouveau le sol, il s’exclama :

« Ragequit ! »

Puis, d’un bond, Kant enjamba les trois hommes étendus par terre qui baignaient dans leurs excréments et pénétra dans le bâtiment dont les portes étaient ouvertes. Une fois à l’intérieur, il referma ces dernières aussi rapidement que possible et abattit le loquet pour les verrouiller. Conscient que ces portes ne tiendraient pas longtemps face à la fureur du second lieutenant, il s’élança à toute vitesse dans les couloirs qui menaient directement aux geôles.

« DÉSOLÉ REYSON !!! » s’exclama-t-il, larmoyant, à l'adresse de Georges laissé derrière.

Les yeux embrumés de larmes et le cœur meurtri d’avoir laissé son acolyte pirate face à son triste sort, Kant détala à travers les longs couloirs du bâtiment. Soudain, il tomba nez à nez avec l’homme qui avait pénétré dans l’édifice quelques minutes plus tôt. Derrière lui se tenaient femmes, enfants ainsi que d’autres esclaves en fuite.  

« Qui es-tu ?! lança-t-il d’une voix chevrotante. Toi aussi, tu es venu pour libérer ces esclaves ? »


Techniques utilisées:
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« Ok d’accord, ce n’est pas une idiotie feinte mais bien un cas de crétinisme sévère… »

Mais je n’ai pas le temps de réfléchir si j’ai un remède en stock parmi mes hormones : d’après le tumulte qui se propage derrière Kant nous n’avons plus beaucoup de temps. J’empoigne les épaules du jeune homme et le regarde droit dans les yeux.

« Je sais que c’est difficile, mais tu dois te concentrer. Y a-t-il une autre sortie ? »

La fumée qui s’échappe de ses oreilles témoignent de son intense réflexion avant, qu’enfin, une lueur de lucidité traverse son regard et qu’il nous enjoigne de le suivre. Au loin, le brouhaha d’une porte qui sort de ses gonds se fait entendre. Ils arrivent ! On redouble d’effort pour avancer et je porte deux enfants dont l’allure nous ralentissait.

« On y est bientôt ? »
« C’est juste derrière cette porte ! »

Cette porte…

Porte qui mène sur le toit de la prison, avec une superbe vue dégagée sur l’île, 50 mètres au dessus du sol et aucun autre passage. Une impasse.

« On est dehors ! »

Effectivement, une sortie est ce qui mène à l’extérieur, et nous sommes bien dehors…  J’aurais dû m’en douter lorsqu’on montait tous ces escaliers ! D’un coup de lame, je tranche la pierre autour de la porte qui s’effondre et bouche l’accès, ça devrait nous offrir un peu de répit.

« Je ne sais même pas pourquoi je demande encore… Kant, par où on peut s’échapper de cette île ? »

De l'autre côté de l'éboulis, un cri trahit de frustration trahit la présence de Rivers, très vite suivi de lame s'attaquant à la roche. Il est donc de ce niveau lui aussi ?
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« Là-bas, regardez ! s’exclama Kant en pointant du doigt trois grandes barques amarrées au loin. Les barques avec les voiles rouges, c’est notre meilleure chance ! Reste plus qu’à descendre… »

À ces mots, Kant se pencha en avant et vit la hauteur vertigineuse qui le séparait du sol. Il eut un brusque mouvement de recul et fixa Reyson d’un regard plaintif.

« Bon ben… J’crois qu’on est mort ! »

En l’entendant, les esclaves paniquèrent et les enfants se mirent à pleurer. Aux cris de détresse s’ajoutaient les grognements de Rivers qui se frayait un passage à travers les décombres, doucement, mais sûrement. Tout comme les enfants, Kant se mit à courir en rond, pris d’une panique inextinguible, incapable de trouver la moindre solution. Soudain, Reyson l’empoigna par le col de sa chemise et le souleva. Le pauvre pirate semblait exaspéré, et il y avait de quoi l’être.  

« Nooooon ! Désolé ! cria Kant, désespéré. J’suis désolé ! Attends, att »

Le pauvre pleurnichard n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’il volait dans les airs, jeté au loin par son ‘acolyte’. Survolant le vide, Kant aperçut alors sa courte vie défiler devant ses yeux et se dit que, finalement, comme il l’avait toujours pensé, il mourrait de la main d’un ami qu’il aurait poussé à bout. Il ferma les yeux et fit la paix avec lui-même… Avant d’atterrir avec fracas sur le toit du bâtiment d’en face.

« Oh ! Mais j’suis pas mort, dit-il en s’époussetant tranquillement. Moi qui croyais que c’en était »

« LA CORDE ! » hurla Reyson.

Kant se tut, observa autour de lui et vit une longue corde enroulée, posée à côté de lui.

« Oh ! J’ai compris ! »

En se précipitant, Kant prit la corde et la noua à l’une de ses flèches. D’un tir rapide et précis, il parvint à l’envoyer aux pieds de Reyson, qui n’eut qu’à solidement attacher la corde afin que les esclaves en fuite puissent entamer leur périlleuse descente. Rivers surgit sur le toit quelques secondes plus tard, prêt à trancher toute chair à sa portée. Fort heureusement, il trouva un adversaire de son calibre en la personne de Reyson. Tandis que les deux hommes se prêtaient à de violents échanges de coups, Kant s’empara de sa dernière flèche.

« Minable… minable, grommela-t-il. On va voir c’est qui le minable, sale taré ! »

La corde vibra et la flèche s’envola. S’il n’avait eut aucun mal à esquiver les tirs de Kant lors de leur première confrontation, Rivers ne put tenir tête à Reyson tout en prenant garde à la flèche qui fusait sur lui. Elle l’atteignit à l’épaule et se planta profondément dans sa chair.  

« ET BIM ! s’exclama Kant. C’est qui l’minable ?!! »

À ces mots, il pénétra à l’intérieur du bâtiment et descendit les escaliers aussi vite qu’il le put. Fort heureusement, cet édifice était désert et ne servait qu’à stocker des provisions. Une fois en bas, Kant se précipita pour réceptionner les femmes et les enfants qui, terrorisés, descendaient un à un. Au sol gisait toujours le corps du pauvre Georges, qui baignait dans son sang et dans ses excréments. Kant se retint de vomir.

« Un, deux, trois… quatre… cinq, six ! Ok ! Vous êtes tous là ? Suivez-moi ! »

Détalant aussi vite qu’ils le pouvaient sur les pontons de bois qui composaient le Nid des Vaches, Kant et sa cohorte d’esclaves en fuite atteignirent bientôt la baie où était amarré leur moyen de quitter l’îlot. La lune brillait haut dans le ciel et éclairait la nuit de telle manière qu’ils ne pouvaient s’y dissimuler. Prêt à larguer les amarres, Kant jeta un coup d’œil derrière lui en espérant ne pas voir débarquer d’autres mafieux.

« Allez copain-pirate… dépêche-toi ! »

Reyson n’était toujours pas là.
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Ce Rivers était fort, je devais le lui concéder. Mais grâce à la flèche de Kant, dont je me demande si c’était fait exprès tant une action positive pour nous est surprenante, je repris l’avantage dans ce combat. Néanmoins, le temps jouait en sa faveur : les renforts arrivaient et je devais alors porter attention à plus d’éléments. Mais mon but n’était pas de le vaincre : seulement de gagner suffisamment de temps pour que tous les esclaves parviennent sans encombre jusqu’en bas. Et sitôt cela fait, je pouvais trancher la corde que je protégeais et sauter dans le vide en plantant ma lame dans le mur pour ralentir ma descente.

Je vois Rivers hésiter à en faire de même, mais l’épaule blessée est celle de son bras directeur. Il se contente alors d’expulser sa frustration d’un ultime lancer de couteau, lancer qui se plante dans mon dos tandis que je fuis la scène.

Heureusement, mes hormones me permettent d’ignorer la douleur pour un temps, ce qui m’a permis de continuer de courir malgré la blessure à la cuisse également. Je reprends mon apparence d’origine : le corps auquel je suis le plus habitué, lorsque je parvins dans la fameuse baie.

Je ne saurais dire si j’étais content ou dépité d’y retrouver Kant. Au moins les esclaves étaient là, sains et saufs. A part un gamin terrorisé qui se recroquevillait sur la terre ferme, comme s’il ne voulait pas monter sur le navire. Ce qui pouvait se comprendre lorsqu’on pouvait deviner une ombre flotter à la surface de l’eau plus loin. Le monstre marin de tout à l’heure a été repoussé, mais il n’est pas satisfait. Il attend patiemment son heure…

Et nous sommes son quart d’heure.

Je fais fie de son traumatisme et je porte le gamin dans le navire. On doit lever les voiles rapidement : j’ai beau me prémunir de la douleur, je demeure blessé et mon sang a tracé un itinéraire parfait jusqu’à nous. Je sens déjà Rivers et sa clique approcher.

« Une île de mafieux au complet ou un monstre marin ? »

Je me tourne alors vers Kant.

« J’ai fait ma part, les esclaves sont libres. A toi de nous sortir de là. »

Et s’il n’a pas d’idée je réutiliserai ma solution joker de la prison : le lancer de Kant. Ça devrait suffire à distraire suffisamment le monstre marin pour passer.

« Tu sais nager ? » Demandais-je de manière totalement anodine…

C'est à ce moment que le gamin effrayé saute par dessus bord et nage en direction de la côte et des mafieux - sans doute un passif cliché du genre ses parents ont été mangés par ces monstres marins. Malheureusement ses perturbations ont attiré la bête qui nage vers lui, et donc nous qui sommes encore adjacent.

Kant, dépêche, je suis à deux doigts de lancer l'appât à poisson : toi.
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    Alors que la barque s’éloignait de la berge, l’enfant en proie aux tourments se débattait dans l’eau plus qu’il ne nageait. La situation était catastrophique et l’imminence d’un danger mortel planait sur les fuyards. Comme si cela ne suffisait pas, la mère affolée se jeta à l’eau à son tour pour sauver son enfant. Profondément touché par cette volonté de vivre et de survivre, et plus que sensible au sort de ces pauvres personnes qu'il venait de libérer, Kant fut saisi d’un élan d’héroïsme tel qu’il n’en avait jamais connu auparavant. Il soupira, puis fixa Reyson dans les yeux.

« Ça me rappelle un passage d’un conte de quand j’étais p’tit… dit-il sur un ton calme, tranchant avec la gravité de la situation. Mais je n’arrive pas à me souvenir du titre ! »

Oui, l’urgence de la situation lui évoquait une histoire qu’il avait l’habitude de lire dans sa jeunesse. Plus précisément, un passage où l’un des héros, un magicien, se souvenait-il, se sacrifiait délibérément pour sauver le reste du groupe d’aventuriers. Écrirait-on des nouvelles relatant l’acte héroïque qu’il s’apprêtait à accomplir ? Au fond, il l’espérait. Tandis que la mère regagnait la barque avec son enfant sous le bras et que le monstre marin s’approchait dangereusement, Kant saisit Reyson par l’épaule et lui confia le secret pour naviguer jusqu’à Manshon sans déranger les autres vaches-marines. Puis, après un clin d’œil complice, il se jeta à l’eau.

    Kant nagea aussi vite qu'il le put, s'éloignant des quais et de la barque avec une vitesse remarquable. Son aisance dans l’eau lui permit de prendre rapidement une distance considérable, et il s'arrêta alors, immobile, suspendu au-dessus des eaux mouvementées. Là, il se mit à agiter les bras avec énergie, poussant des cris puissants pour distraire la vache-marine. Cette dernière, qui s’apprêtait à engloutir d’un coup d’un seul la barque des fuyards, tomba dans le piège tendu par Kant et fut attirée par ses fanfaronnades. Sa gueule béante s’ouvrit alors, et avant qu’elle ne la referme définitivement sur lui, Kant fut envahi par un flot d’ultimes pensées. Sa rencontre avec Reyson et l’aventure qu’ils menèrent ensemble n’étaient pas des plus harmonieuses, mais ils avaient tout de même réussi à unir leurs forces pour le meilleur et pour le pire. Ensemble, ils vinrent à bout des pires turpitudes que puisse concevoir l’esprit humain, en rendant vie et liberté à des esclaves opprimés. Ça, Kant aurait aimé le célébrer, en buvant jusqu’à plus soif, à défaut d’être bu par un monstre marin. Qui sait, peut-être aurait-il même suivi Reyson dans sa vie de pirate ?

    Tandis que la barque des fuyards disparaissait au loin, la vache sous-marine, non contente de son léger casse-croûte, se tourna à présent vers les deux autres embarcations sur lesquelles quelques mafieux téméraires venaient de s’élancer.

*

    Ainsi se conclut la mission d’infiltration de Kant au sein de la redoutable famille mafieuse Audifreddi. Certains pourraient penser qu’elle lui aurait finalement coûté la vie, mais à la vérité, sa bonne étoile veillait toujours sur lui. Comment donc a-t-il survécu au monstre marin et échappé à son emprise ? C’est là une tout autre histoire, qui un jour, peut-être, sera contée…
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OU PAS !

Car c'est grâce au sacrifice de Kant, ou plutôt son absence, que l'équipage parvint sans encombre au port. Rapidement, les esclaves suivirent Reyson qui voguait déjà vers sa prochaine destination. Au port suivant, les esclaves hors de portée de la famille Audifreddi pourront enfin reconstruire leur vie.

La clé du plan, tout le succès de l'opération ne tenait qu'à un minuscule détail : l'absence de Kant. C'est sa disparition qu'il faut louer, et que nous ne nous retrouvons pas !

Aussi, permettez quelques rectifications sur la conclusion :

*

    Ainsi se conclut la mission d’infiltration de Kant au sein de la redoutable famille mafieuse Audifreddi. Certains pourraient espérer qu’elle lui aurait finalement coûté la vie, mais à la triste vérité, sa maudite étoile veillait toujours sur lui, au détriment de son entourage. Comment diable a-t-il survécu au monstre marin notre sauveur et échappé à son emprise bénie des dieux ? C’est là une tout autre histoire, qui un jour, prions que jamais, sera contée telle une prophétie annonciatrice des malheurs à venir…
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