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Nous pouvons en discuter (PV Benny)

Amédée Baroise, c’est à lui qu’Alegsis avait accordé de son temps ces jours derniers. Cinq-cent-mille berries de prime. Une paille pour certains, mais du beurre pour les épinards quand, du bout du pinceau, le malheureux chasseur de primes ne pouvait pas même esquisser la fortune. Sa proie ; ce criminel si modestement coté, il avait eu pour seul tort d’emprunter. L’activité en elle-même, n’avait rien de répréhensible. Pas à moins qu’on ne sollicita les créanciers par dizaines avant de disparaître le plus incidemment du monde. Sa fortune bien mal acquise, elle lui avait comme glissé des doigts entre deux courses de yagaras. De là, le malheureux débiteur s’était trouvé trop misérable pour faire face à qui de droit. Aussi avait-il mis les bouts.

Renifler de la crapule, même avec un nez aussi plat que le sien, Alegsis en avait fait une habitude. Un gibier, quand il se savait traqué, agissait inconsidérément et, dès lors, laissait des traces grossières. Il avait alors fallu en multiplier, auprès de différents organismes de crédits – à commencer par les moins recommandables – des coups d’escargophone, afin de chercher la trace d’un nouvel emprunteur trop zélé dans ses exhortations. La piste, l’artiste-pitre l’avait finalement remontée jusqu’à Sirup.
Les mauvaises habitudes faisaient la vie dure, et Amédée, toujours cerclé de paris ruineux et d’argent facile, n’avait trop pu se résoudre à changer ses habitudes.

De fil en aiguille, d’un témoin à l’autre, Alegs avait finalement découvert qu’on lui louait – pour cent berries la nuit – un cabanon de fortune où s’y terrer. Quand le chasseur de primes y pénétra, sans fenêtre ni lampe à huile – bien que le soleil rayonnait au dehors – il ne trouva qu’un amas de vieilleries entreposées dans ce fourre-tout comme on en eut fait dans un grenier.
Incapable de se concentrer et donc, de faire montre de patience dans quelque exercice que ce fut, Alegsis ne se sentit pas de retourner chaque bibelot rouillé jusqu’à y trouver en dessous un débiteur cloîtré comme un cafard. Aussi s’en remit-il à son sens de l’astuce. Pas un qui fut très finaud néanmoins.
De sa poche, il en sortit une petite boîte d’allumettes dont il ne faisait usage que dès lors où il avait à se curer les dents ou bien, plus rarement, lorsqu’il était question d’allumer une lampe. Point de lampe ne s’offrait à lui dans le débarras cependant. Aussi avait-il amassé devant lui la mousse d’un matelas éventré, entre autres papiers et petits bouts de bois, craquant par-dessus une allumette capricieuse.

Émergeant alors de derrière la bibeloterie en pagaille, une tête aux yeux écarquillés et usés osa hasarder une question.

- Qu’est… qu’est-ce que vous faites.

- Je mets le feu au cabanon pour faire sortir celui qui s’y cache malin. Répondit le principal concerné, manifestement peu concerné par cette voix qui lui était parvenue le temps qu’il occupa à allumer son feu.

- Ce… c’est moi qui m’y cache. Admit quelque peu gêné le tenant des lieux qui, avec un chasseur de primes accroupi dans la seule entrée qui fut, se trouvait ainsi privé de toute issue.

Enfin, l’allumette craqua. Il parut alors qu’Alegsis, après les aveux qui lui furent transmis, resta accroupi, immobile, quelque part interdit et même statufié de se savoir si idiot de ne pas avoir compris que la voix qui lui était parvenue, en tout état de cause, n’avait pu être que celle de son gibier. Le temps qu’il resta figé, la flamme de son allumette lécha la tige jusqu’à ce qu’elle lui crama les doigts, l’extrayant ainsi soudain de sa torpeur consternée.
Redressé vivement, invitant l’hôte de ces lieux insalubres à venir à lui d’un geste de la main, Alegsis avait retrouvé ce petit fond niaiseux et enjoué qu’on lui connaissait si bien.

- Ah bah du coup, tu peux sortir, on y va. Jeri-hi-hi.

Toutes les traques de criminels, nécessairement, ne se soldaient pas par une bataille dont les louanges seraient contées pour des siècles encore. Le gros du travail d’un chasseur de primes était en effet parsemé de coups bas entre autres captures fugaces qui ne s’accomplissaient guère que par surprise. Ça n’était pas un noble métier que le leur, bien qu’il comportait naturellement son lot de risques. Un risque toutefois très relatif quand seulement cinq-cent-mille berries se trouvaient au centre des enjeux du moment.

- NON ! PITIÉ ! PAS ÇA ! Chercha à négocier un débiteur bien malheureux en affaire, à nouveau enfoncé au milieu du débarras.

Alegsis, de ce comportement, ne s’en agaça guère. Innocemment, il asséna, avec une franchise telle qu’elle confinait à l’insolence, un raisonnement des plus implacables.

- Bah. Si.  Annonça-t-il comme s’il se fut agi d’une évidence incontestable. Je veux dire… t’as une prime sur ta tête, je suis chasseur de primes… donc à moment donné…

Et pour conclure sa brillante démonstration, il entrechoqua ses poings l’un contre l’autre, comme pour mieux illustrer que les deux idées, ainsi rapportées, ne furent que fatalement amenées à converger.
Bien qu’Alegsis crut cependant devoir s’en remettre à nouveau à ses allumettes providentielles afin de mieux étayer son argumentaire, le cloporte rampa d’entre les breloques pour finalement se jeter à ses pieds. Rarement chasseur de primes fut si bien servi par ses clients.

- Oh merci ! Merci, merci, merci, merci, merci, vous êtes juste chasseur de primes.

On eut pu croire que tel invité surprise fut le moins bienvenue pour un criminel recherché, mais la réaction de l’énergumène sembla indiquer tout le contraire.

- Faut que me sortiez de là. Le suppliait-il, quitte à ce qu’on le jeta dans les geôles pour cinq ans. Ça fait des jours que je me planque ici sans rien à bouffer… je deviens fou. Y’a… il regarda autour de lui comme si une menace fut susceptible de lui tomber dessus de dans ce cabanon rempli ras-la-gueule de vieilleries, y’a un type qui me cherche. Et puis lui…, poursuivait-il à voix basse, accentuant ainsi la peur ambiante qu’il cherchait à lui communiquer par ce biais, c’est pas un rigolo comme vous. C’est un recouvreur de dette. Le genre sérieux.

Choqué, une main placée devant sa bouche grande ouverte, soulignant ainsi mieux la stupeur qui l’anima en cet instant, Alegsis se ressaisît finalement, clignant des yeux avant de froncer des sourcils.

- Eh mais..! Comment ça une rigolo comme m…

- Si jamais il me met la main dessus, paniquait Amédée sans trop se soucier des états d’âme de son « sauveur », il va me vendre comme esclave pour que je rembourse mes dettes. Il m’a menacé par escargophone y’a dix jours en disant qu’il me ferait tapiner pour Clotho vous savez, le pirate. J’ai peur ! J’osais pas aller à la garnison de peur qu’il me capture en chemin. Je l’avais vu rôder dans les parages y’a quelques temps, depuis… j’ose plus sortir d’ici. Faut que vous m’escortiez !

Un criminel qui tombait tout cuit en bouche, il n’y avait en principe de quoi bouder son plaisir. Pourtant, Alegsis, les bras croisé, ses yeux portés vers le coin supérieur droit de ses orbites, affichait une petite moue vaguement contrariée venue lui tordre la bouche. Il semblait réfléchir. Effort auquel il n’était en principe que peu habitué.

- Tu peux pas faire semblant de t’enfuir au moins ?

Déphasé qu’on se rendit ainsi à ses pieds, le chasseur de primes ne sut trop comment réagir à l’événement pour ce que celui-ci avait d’inédit. À lui, habitué qu’il fut au frisson de la chasse, il lui fallait un semblant d’adversité. Quand bien même celui-ci ne serait qu’apparent.

- Ou non, mieux !  S’enthousiasmait déjà l’abruti, claquant des doigts avant de pointer de l’index sa future cargaison. Essaye de faire un discours de méchant cruel.

Amédée resta bouche bée qu’on l’intima à perpétrer de pareilles gamineries. Puis, revenant d’un quasi-coma induit par la bêtise dont il fut l’oreille trop attentive, ce dernier s’essaya tout de même à une contestation, franchement désireux de se rendre.

- C’est-à-dire que je préférerais qu’on m’emmène à la garnison en fait.

Alegsis, toutefois, sut trouver les mots juste pour le persuader du bien fondé de sa requête.

- Tu sais que je touche la même somme si je te ramène mort ou vivant ?  

- Muhahahaha, simula le mauvais payeur dans l’instant même, immédiatement dressé sur ses pattes, une goutte de sueur occasionnée par la gêne lui perlait alors le long du front, tu ne peux rien contre moi [isze=7]euh…[/size]

- Alegsis.

- Tu ne peux rien contre moi, Alegsis ! Je suis surpuissant.

Se plaisant au jeu dont il avait rédigé les règles sur une menace de mort voilée, le giboyeur prit une pose martiale, son pinceau de combat en main, un air volontaire et décidé, alors qu’il brandissait un poing rageur en direction de son adversaire.

- Fipouille !  Clamait-il énergiquement dans un élan de fureur si bien joué qu’on eut cru qu’il était sincère. Peu importe que tu sois Empereur, que tu manges des enfants et que tu fasses des polissonneries à Clotho ! Ça ne me fait pas peur.

- Eh Oh. Chercha à le rectifier le pauvre homme qui, pour traqué qu’il fut, avait encore son honneur à lui.

Mais Alegsis, quand il était lancé dans quelque entreprise qui fut, ne se stoppait jamais à moins qu’on ne lui asséna le juste croche-pied.

- Tu ne peux rien contre mes Colors Trap.  Poursuivait-il, capitan.

Et, avant qu’on ne lui prêta une fois de plus la réplique, de son pinceau long de plus d’un mètre – s’étant décidément trop pris à son propre jeu – Alegsis dessina un Color Traps jaune directement sur les oripeaux sales de son partenaire de jeu.

- Brush Crush : Le Rire Jaune !

Bien qu’il chercha à ravaler les premiers sons qui lui vinrent du gosier en cascade, malgré ses vaines résistances, Amédée, sans comprendre pourquoi, se mit à s’esclaffer sans que rien ne justifia le jaillissement soudain des rictus qu’il vomissait maintenant par saccades entières. Désormais rendu à l’impuissance et ce, bien qu’il s’était pourtant rendu, son chasseur se saisît de lui au bras afin de l’entraîner jusqu’à la garnison.

- Allez, je t’emmène. Victoire triomphale,

À vaincre sans péril, on triomphait sans gloire ; mais on vainquait tout de même. Et lorsqu’on avait plus d’avidité que de scrupules, de cet état de fait, on s’en satisfaisait aisément pour qui faisait profession de rafler les primes.
Gambadant alors jovialement l’un et l’autre tout du long des routes de terre si pittoresques qu’on retrouvait à Sirup, Amédée, empêtré au beau milieu de son hystérie hypnotique, s’essaya toutefois à ajouter de la variété dans ses rires, pointant de l’index une silhouette qu’il avait repérée non loin.

- HAHAHAHAHAHAAHAH ! C’est...héhéhéhé… c’est le ty… hihihihihih, le type dont je te paaaahahahahahaha parlais héhé… il va me… me pfFfFfFfffFfFhahahahaha, me buteeeeeeer-héhéhéhéhé !

D’une démarche maîtrisée, propre sur lui et, exhalant de chacune de ses fibres un professionnalisme méthodique, ce bon monsieur, bien qu’il sembla indisposer le négligent débiteur, fit très bonne impression auprès d’Alegsis.

- Mais non enfin, il m’a l’air bien élevé, assura-t-il tout nigaud qu’il était, la preuve, il est bien habillé.

Preuve concluante s’il en était.
Alegsis était en effet très impressionnable, et quelques modestes apparats seulement suffisaient alors à se l’arranger. Considérant pour sa part que les plus nantis étaient les plus honnêtes des hommes du fait que la richesse leur avait souri, il ne trouva rien à dire après avoir toisé le nouveau venu qui présentait si bien.

- Je vous l’embarque monsieur, désolé. Sans rancune, hein ? Crut-il pouvoir régler en une réplique de temps après avoir adressé un « coucou » touchant de sincérité.

Rancune il y aurait. Sévère celle-ci ; car il ne fallait pas en attendre moins d’un monde de requin dans lequel Alegsis baignait allègrement.
Opiniâtre et têtu comme il était, il faudrait en employer, alors, des trésors de diplomatie afin de le persuader de lâcher sa prise. Une diplomatie qui, considérant la témérité de ce si remarquable spécimen de crétin, ne serait guère qu’un dispensable préliminaire avant que le bellicisme soit de rigueur.


Technique utilisée:
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25733-fiche-technique-de-alegs
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25723-alegsis-jubtion