Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

Apocalypse Later

Résumé : Grimmjack et moi on s’est fait bouffer par un poisson-chat à Fushia. C’est comme ça ; ce sont des choses qui arrivent.
Dans le bide à la poiscaille, on a trouvé une carte au trésor qui mène là où on va. Ça tombe bien, non ?

Ouais, la quête est de niveau « Moyen ». Clairement. On cherche même pas à faire semblant.
Et puis, c’est une chasse au trésor ; on va pas se mentir non plus. On chasse, y’a un trésor… c’est une chasse au trésor, quoi ; y’a vraiment aucun doute sur la question. Partez du principe qu’on a trouvé une carte au trésor la dernière fois et que là, on suit où elle mène pour déterrer le trésor. Je peux pas faire plus clair !

Aussi, j’aurais voulu mettre la musique de The Shield quand ils résument les épisodes précédents. La petite musique qui fait « Weh Waaaah Waaaah Waaaah », mais je l’ai pas retrouvée. Donc faudra lire le résumé en ayant « Weh… Waaaah Waaaah Waaaah » en tête, sinon tu comprendras pas.
Et là tu te demandes, « Mais c’est le joueur ou le personnage qui narre le résumé, je comprends plus », et la réponse à cette question est la suivante…… « Weh…. Waaaah Waaaah Waaaah ».

Âcre-Aire qu’ils l’appelaient et ça, quand ils prenaient la peine de seulement la désigner. Car dans le vivier d’îles qui pataugeaient au milieu d’East Blue, il en était, de ces zones inhabitées, où personne n’y aurait risqué une escale. Un marais tropical où l’eau n’y était même pas potable pour villégiature, rares se seraient laissés tenter. Quelques hardis s’y étaient en effet cassés les dents, à Âcre-Aire, pour y semer la civilisation. Dans l’eau vaseuse et putride, il n’y germa jamais rien d’autre que la l’échec et l’amertume. Et cela, sans compter la pestilence fétide qui avalait tout inconscient venus se perdre dans la mangrove et la chaleur étouffante. À Âcre-Aire, on n’y trouvait pas la Terre Promise, mais les sables de l’Exode. Marial Zaubère y était en tout cas parti en exil, noyé maintenant au beau milieu d’une flore aussi luxuriante qu’envenimée. Il avait fallu au moins mettre ça de distance avec la Marine après que le divorce fut si bien consommé d’avec ses supérieurs. Car il avait été Marine, cet homme-là, officier, même. Lui ne supporta cependant pas la répugnance qui finit par lui inspirer sa charge. Trop idéaliste pour fusiller aussi gracieusement que ce que l’on attendit de lui, il avait craqué. Lui soutînt qu’il eut accès à une révélation ; à un soudain sursaut de conscience. La conscience, à trop vous tirailler l’esprit, elle vous guidait vers des sentiers pour le moins incongrus. Zaubère s’était d’abord senti révolutionnaire, puis, trop exalté par la verve qui seyait tant aux nouveaux convertis, vira factieux parmi les séditieux. Avec un noyau de fidèles – de zélés – il avait entrepris d’aborder quelques frégates estampillées Gouvernement Mondial. La fièvre du révolté lui était montée à la tête et il s’était trouvé autour de lui des disciples trop influençables et fanatiques pour le tempérer dans ses croisades.

Une prime qui tomba un jour sur sa mouille lui indiqua le juste chemin à suivre pour perpétuer son insurrection indignée : loin de tout ce qui porta l’écusson de la Marine. Il était descendu de ses grands principes après qu’il manqua de peu le couperet en échappant à des chasseurs de primes contre lesquels il n’avait pas pesé lourd. Sa fronde, il alla la mener dans les marais ; ses féaux et lui étaient alors partis en guérilla loin de leurs ennemis ; on les disait disparus depuis vingt ans.
Un réchappé de la sarabande du père Zaubère, en 1619, avait soutenu, couteau sous la gorge – car le gouvernement avait autant de mémoire en tête que de rancune entre les dents – que la mutinerie révolutionnaire, là-bas, avait viré au culte. La chaleur tropicale aidant, sans trop d’air ou d’eau pour se rafraîchir les idées, Marial Zaubère s’était laissé consacrer dieu vivant par son cortège d’affidés. La révolution, quand on la menait à terme, conduisait en effet à de pareils événements.

Dans la tourbe et la misère, à cuver de l’eau tiède et autres liqueurs improvisées, le cheptel y avait macéré loin du monde. Assez pour que le Gouvernement Mondial renonça à y gâcher ses effectifs pour aller cueillir un fruit pourri au milieu d’un verger douteux.
Et, ce que la Marine ne consentait pas même à écluser, quelques charognards moins scrupuleux se faisaient un malin plaisir à aller s’en pourlécher.

- T’auras beau dire, Grimmjack, mais pour moi qui suis de South Blue, ça ressemble tout de même drôlement à Amerzone ton affaire.

Grimmjack aurait eu « beau dire » que, de toute manière, son binôme n’en aurait pas écouté un traître mot, distrait qu’était ce dernier alors qu’on ne sait quelle force cataclysmique venait lui mettre la cervelle en pagaille à chaque seconde qui venait.
Du reste, c’était un jugement critique bien preste qu’émettait alors Alegsis. Âcre-Aire n’avait en effet aucun rapport avec Amerzone. Excepté en tout cas son climat, son biotope et sa faune. C’eut été se compromettre en une série de raccourcis douteux que d’y voir une quelconque parenté entre les deux îles.

….

Oui, je m’adresse à toi, gourgandin de lecteur ; toi qui brûles déjà d’évoquer des proximités honteuses ou même des plagiats indus quant à ce qui constitue la présente île. Sache que, quoi que tu en penses, tu te fourvoies. Ça n’a… rien à voir. Du tout.

Grimmjack et Alegsis, redoutables chasseurs de primes dont on attendait encore d’eux qu’ils fassent un semblant de fortune, voguaient alors sur leur pédalo de fortune, longeant ainsi les rives d’Amerz… d’Âcre-Aire. Quoi que l’on put en penser, ce n’était pas par hasard qu’ils étaient venus y faire escale, car ils s’y étaient effectivement rendus le plus délibérément du monde. On n’arrivait jamais en Enfer par mégarde, mais parce qu’on s’en était désigné le chemin ; que ce fut sciemment ou non.
Ces deux chasseurs de primes, coursiers du crime et de la misère, ce n’était pas tant pour Zaubère et sa prime datée qu’ils avaient fait le chemin. À trop fouiner où il ne fallait pas, ils avaient, une semaine auparavant, fait plus ample connaissance avec le système digestif d’un Roi des Mers. L’inconséquence d’Alegsis Jubtion menait en effet à des destinations pour le moins exotiques. Dans les viscères de ce poisson qui les avait gobés, Grimmjack y avait découvert l’ultime testament d’un rescapé du cheptel d’Âcre-Aire. Du marais, il s’en était extirpé après avoir découvert où Marial Zaubère avait dissimulé son magot. Car la révolution, même en périphérie de ses canaux les plus classiques, n'assumait jamais son ouvrage les caisses vides. Dans les frégates où ils y avaient fait une escales musclées, la joyeuse troupe y avait en effet pillé les fonds qui y transitaient.
Une solde, qu’elle fut jetée en prime sur une tête d’affiche ou enterrée comme butin par de mauvaises gens, pour qui faisait profession de les chasser, le berry y fleurait aussi bon.

- Avec ta part du trésor, se projetait déjà Alegsis quand tout deux en étaient à tirer leur pédalo sur le sable afin qu’en l’absence de quais, il ne se trouva aucun courant pour le leur ravir, tu feras quoi ? Moi, ajoutait-il alors qu’il n’avait pas même prêté attention à la réponse, je paierai des scientifiques pour qu’ils puissent te rendre beau.

Il plaça alors une main compatissant sur l’épaule de son compère qui, lui seul, travaillait à traîner le pédalo.

- Comme ça, t’auras plus à te cacher derrière des bandage parce que t’es moche.

Alegsis Jubtion savait être un bon camarade. L’inconvénient étant que personne ou presque ne souhaitait être son ami. Pour de bonnes raisons généralement.
C’était par ailleurs céder à un culot parmi les plus outranciers de sa part que de se permettre un commentaire sur le physique d’autrui et ce, quel qu’il fut. Avec une gueule aussi plate, ses yeux ronds constamment ahuris et sa bouche sans lèvres d’où y dépassaient deux gros chicots à chaque extrémité, le commentaire sur les canons tenant aux choses de l’esthétique était, de sa part, particulièrement malvenu. L’hôpital, alors, ne se foutait pas de la charité ; il assassinait en plus les bénévoles à la seringue rouillée.
Mais ces mots qui étaient les siens, ceux dont on ne pouvait qu’espérer qu’ils furent maladroits tant ils étaient malavisés à chaque réplique qui venait, provenaient le plus souvent de bonne intentions. Car il avait bonne conscience, Alegsis. Du moins dans le principe. Car l’intellect supposait la conscience et, dans de pareilles dispositions que les siennes, de conscience, il n’en avait alors pas une bribe à sa disposition.

- Bon, trêve de sensibleries avec les moches, cadençait-il déjà énergiquement bien que la traversée fut épuisante, il est temps de trésorer. Puis, prenant le contrepied d’un acolyte qui ne lui avait encore adressé aucune remarque, reprit aussitôt. Si, Grimmjack, si ! Ça se dit « trésorer » ! Sinon je le dirais pas.

Devant eux, la végétation, pour ce qu’elle avait de tordue et puante, constituait une invitation bien sommaire à l’excursion qui se profilait. En ces lieux, on y trouvait la maladie et la fournaise, aussi Alegsis, avec une logique qui lui était propre, enfila un épais anorak.
Devant le regard pour le moins circonspect d’un camarade dont les bandelettes s’imbibaient déjà de sueur, son abruti de compère se sentit quelque peu désigné par un reproche qui s’articulait sans bruit.

- Bah quoi ? C’est un cadeau de Kant. C’est sacré.

Kant, cet illustre ami qu’était le sien ; son meilleur ami même, comme il se plaisait à le crier si fort à chaque occasion donnée, Grimmjack et lui l’avaient croisé une semaine auparavant. À Fushia très exactement, ou plutôt au large ; au détour du système digestif de ce même poisson-chat qui les avait gobés tous les trois. Au terme de ces retrouvailles, ils avaient festoyé avant de se séparer à contrecœur dans les larmes et le rhum. En guise de souvenir, Kant, en plus d’une bouteille de champagne, une pierre taillée en forme de cœur ainsi qu’une lettre qu’Alegsis ne put lire du fait qu’il fut passablement illettré, lui avait aussi offert un anorak.

Kant picolait énormément.

Le fait est qu’Alegsis tenait ce présent pour précieux, dès lors se refusa-t-il à ne pas l’enfiler alors qu’au milieu des mangroves, la chaleur y outrepassait les 40°C. Cette chasse au trésor qu’était la leur, ils l’entamaient avec un handicap. Un de ceux qui, dans la présente biosphère, pourrait mener à quelques incidents malencontreux. Son seul handicap, à Grimmjack, il avait pour nom Alegsis Jubtion. Un boulet qu’il se traînerait au pied jusqu’à ce que celui-ci l’entraîne au fond du marais ; là où la mort y sera mieux garantie qu’un trésor.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25733-fiche-technique-de-alegs
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25723-alegsis-jubtion

Premier pas sur Acre-Air

Après une nouvelle péripétie accopagné de son confrère Alegsis, Grimmjack suivait désormais la trace d'un fameux "magot". Il y voyait enfin la une opportunité pour chopper un peu d'argent ... Car la chasse aux primes était un peu rude ces temps ci ! Les deux comparses menèrent alors une expédition vers cette petite île hostile et inhabité d'East Blue pour poursuivre leur périple.


1 semaine ... 7 jours de navigation avec Alegsis ... En pédalo... 168 heures passées dans l'intimité la plus proche... Mais on était arrivé en vie. Je commençais même à m'habituer à l'écouter. Il devenait comme un son routinier qui pouvait me bercer avant de dormir. Ses monologues, bien que remplis de sottises, devenaient de plus en plus linéaires au fil des écoutes.
Au début, quand il me posait des questions rhétoriques, je tombais dans le piège et lui répondait ! Jusqu'à ce qu'il me coupe au milieu de ma phrase pour continuer son monologue. A force, je me faisais avoir de moins en moins. C'était presque devenu un petit jeu pour moi. Un petit jeu qui me permettait de garder une certaine stabilité mentale en sa compagnie.

- Avec ta part de trésor, tu feras quoi ?
- Et bien je ... Je n'y ai pas encore réfléchi. Pourquoi pas me...
- Moi, je paierai des scientifiques pour qu'ils puisse te rendre beau.


Zut, je m'étais encore fais avoir ce coup-ci.
La réponse qui s'en suivit arrivait tout de même à toucher mon petit coeur fragile. "Comme ça, t’auras plus à te cacher derrière des bandage parce que t’es moche". Dans sa langue, ça voulait dire qu'il m'aimait bien, et que mon problème de peau comptait vraiment à ses yeux. Ainsi il voulait m'aider et me rendre la vie plus facile. C'était ce que j'en déduisais, ou du moins, ce que j'espérais ...

Alors qu'on était sur la plage, qu'Alegsis enfilait son anorak, je contemplais le paysage face à moi. Cette île n'avait rien de paradisiaque.... C'était un marais géant, ou il faisait extrêmement chaud et humide et dont les dangers pouvaient venir de tous les côtés. Un humain normalement conditionné fuirait cet endroit. Mais moi ... Ca m'excitait ! Prendre la mer et découvrir le monde était une des facettes que je préférai dans le métier de chasseur de prime ! Oui, car avec 0 capture à mon actif, il fallait bien que je trouve des avantages à ma nouvelle vie ...

- Dis Alegsis ... Un frisson grimpa ma colonne vertébrale. Tu trouves pas qu'on est comme des aventuriers, hein ? Bravant les marais hostiles à la recherche d'un trésor perdu !

Je redressais mon chapeau comme un explorateur célèbre le ferait. J'étais grave à fond dans mon nouveau rôle ! Dans ma tête résonnait une musique inconnue ... " Tin tintin tin ... Tintintin". J'étais prêt à affronter tous les dangers désormais !
J'avançais gaiement et bras ballant vers la flore luxuriante de l'île. Ma faux me servirait de machette pour avancer dans cette végétation ! Mon chapeau qui me rendait classe me protégerait d'une éventuelle insolation ! Il n'y avait que la mort pour m'arrêter ! Et ça tombait bien, car c'était ma copine qui me suivait depuis toujours !

[***]

- J'en ai marre ... On est perdu ... Et ... *bzzzz* *Paf !* ... Ces satanés moustiques vont me rendre fou ...

Je grommelais à voix basse. Je ne voulais pas que mon comparse m'écoute. Lui qui dans la bêtise originelle était une pile d'énergie ne diminuant jamais. Cela faisait des heures qu'on tournait en rond dans ces fichus marécages. On y avait rien découvert à part des insectes récalcitrants, des plantes urticantes, des bandelettes trempées de sueur et de l'eau croupie jusqu'aux genoux !

Ma joie de l'aventure était au plus bas. Tout ce que je voulais était actuellement de siroter un bon jus de concombre dans un endroit ensoleillé ...

Un détail frappa mon attention. Il y avait un truc qui bougeait derrière ce buisson. Curieux et à bout, je m'y rapprochais pour y jeter un oeil.

- Oh ! ... C'est quoi ça ?
- Crooooa !


Apocalypse Later Ujb3

Oh bah tiens ! Quelle découverte ! C'était une magnifique espèce de .... Crapaud-ailé ? J'avoue que je n'y connaissais rien en espèce de batracien ! Mais il n'avait pas l'air dangereux ! Plutôt intéressé par la tranche de viande séché que j'avais dans la poche ... C'était peut-être le moment de me faire un nouvel ami !

- Viens voir Alegsis ! Je me suis fais un nouveau copain ! Il à l'air de bien aimé la viande en plus !
- Croooa ! Croooa !


Oh bah tiens ! Un deuxième venait de surgir sa tête de l'eau. Lui aussi semblait affamé, alors je lui donna sans hésiter une nouvelle tranche de viande séchée.

- Croooa ! Croooa ! Croooa ! Croooa ! Croooa ! Croooa ! Croooa ! Croooa ! Croooa ! Croooa !

Oh bah tiens ! Il était une bonne dizaine à surgir maintenant ! Mais ... Fallait avouer que j'avais pas assez de tranche de viande séchée pour tout le monde. Surtout c'est que c'était mes dernières provisions ... Puis une pensée traversa mon esprit...

- Dis Aleg ... S'ils mangent de la viande séchée ... C'est qu'ils peuvent nous manger aussi, non ?

Il me semblait que c'était le moment opportun pour fuir.



Dernière édition par Grimmjack le Mar 2 Mai 2023 - 14:26, édité 2 fois
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25582-scarecrow-grimmjack
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25574-grimmjack-le-chasseur-solitaire
Le professeur Jubtion, intellectuel émérite, fut d'un secours providentiel alors qu'après avoir été ainsi sollicité par son compère, il partagea la vastitude de son érudition, brandissant alors un index bien droit afin de mieux asseoir un pédantisme involontairement clownesque le temps qu'il baragouina sa sapience.

- Ils mangent de la viande, oui, mais de la viande séchée. La nuance, évoquée si doctement, fut de taille. Paraît-il. Donc on risque rien. Assura-t-il ensuite bien qu'Alegs se corrigea aussitôt du bout des lèvres. Sauf toi avec ta peau fripée et cramoisie, mais ça c'est pas trop grave.

Un crapaud, d'un bond rendu spectaculaire par le concours de ses petites ailes, se jeta la gueule la première sur son index dressé, infirmant dans l'instant le postulat scientifique à peine celui-ci fut-il formulé.
D'un mouvement leste répété cent fois au moins, Alegsis éclata son prédateur naturel contre le tronc d'arbre le plus proche jusqu'à ce qu'il ne resta qu'une bouillie d'autour de son doigt.
Après avoir été toisé en silence par son camarade, l'artiste ajouta, un poil vexé :

- Ça ne prouve rien.

C'est une nuée entière de batraciens qui se jeta alors sur eux, les contraignant à fuir au plus vite à travers une végétation dense et traître, contre laquelle ils trébuchèrent au moins dix fois avant que les croassements se firent assez lointains pour qu'ils cessèrent de s'en inquiéter. Couverts l'un et l'autres de morsures minuscules mais pléthoriques, Alegsis, à l'issue de la débâcle, trouva naturellement l'occasion de fanfaronner en dépit de la gravité de la situation. Ce premier comité d'accueil ne fut en effet pas des plus engageant, présumant alors du pire.

- Alors ? Prenait-il alors de haut son partenaire qui, pour sa part, en étant encore à extraire les bouts de dents restés coincés dans ses bandages. C'est qui le débile, maintenant ?

Trop poli pour lui répondre avec justesse « Bah, c'est toi, enfin », Grimmjack l'interrogea seulement du regard sans trop savoir où il voulait en venir.

- Tu te moquais de moi avec mon anorak ! N'empêche que ça m'a bien protégé des grenouilles. Alegsis se tourna ensuite vers les cieux - ceux-ci masqués par une multitude de branches tordues et menaçantes - et, avec de l'émotion dans la voix, une larme au coin de l'œil, ajouta, Kant veille sur moi de là où il est.

Kant, les cieux, il en était loin. Pour l'heure, il était vraisemblablement rendu à cuver sa gnôle dans on ne sait trop quel rade de South Blue.
Son manteau à Alegsis, il l'avait peut-être préservé des crocs, mais de la chaleur, un peu moins. Car à courir comme un dératé dans de telles dispositions climatiques, il sembla qu'il eut perdu dix kilos en une heure tant il se noyait à présent dans une sueur venue lui dégouliner le long d'une face rougie.
Portant à son visage une des grenouilles dont il s'était saisi à pleine poigne au milieu de la mêlée, Alegs, le plus naturellement du monde, lécha son dos et, ses pupilles dilatées plongées dans les yeux de son comparse, fit enfin savoir à ce dernier son plan pour retrouver le trésor de Zaubère.

- On va quadriller l'île en spirale. On va..., il lécha à nouveau la grenouille, on va marcher en rond en diminuant peu à peu la taille des ronds et... et à la fin, nouvelle léchouille, ou aura exploré tout le périmètre. On va les retrouver jeri-hi-hi... t'inquiètes pas... t'en veux ?

Grimmjack avait à présent toutes les raisons du monde de s'inquiéter. Cela faisait à peine plus d'une heure qu'ils avaient posé un pied à terre et son binôme, déjà victime d'une insolation manifeste, s'essayait en plus aux crapauds hallucinogènes.
Ils n'avaient pas même découvert l'emplacement des révoltés de Zaubère que le spectre de la mort, déjà, se faisait plus distinct autour d'eux.
Alors qu'il persistait à couvrir la rainette de léchouilles, ses yeux fixes impitoyablement plongés dans ceux de l'embaumé, Alegsis, parce qu'il pensait pouvoir lire à travers les pensées, fit savoir à son complice, afin de le rassurer :

- J'arrête quand je veux.

En s'associant avec pareil énergumène, Grimmjack avait non seulement amputé ses gains potentiels de moitié, mais il avait en plus ajouté une menace à son périple qui, alors, le suivrait tout du long de ses pérégrinations. Convier un binôme dans l'affaire ne garantissait pas qu'on surveilla ses arrières, mais ouvra en grand la voie aux coups dans le dos. Des coups que l'on pouvait deviner retors si l'on observait la vitesse à laquelle Alegsis s'enfonçait déjà dans la folie.
Ce serait donc avec un boulet au pied et une lame sous la gorge que le bon chasseur de primes - celui qui n'en était pas réduit à lécher des batraciens - devrait alors poursuivre la quête. Cela, à moins que lui aussi ne sombra dans les méandres de la folie. Car dans de pareils marais, les prétextes à la fièvre s'y trouvaient par légions entières.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25733-fiche-technique-de-alegs
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25723-alegsis-jubtion

Riche en Faune

Fraichement sortie du danger imminent qui les guettait, Alegsis et Grimmjack se concertent pour établir un plan. Cependant, un "plan" venant d'eux n'en était jamais vraiment un ...


- Hummm ... Hummmm ... Hummmm ...

J'acquiesça en me grattant le menton. J'essayais tant bien que mal de réfléchir à notre plan pour trouver le campement de Zaubère. Mais ce tic qu'avait Alegsis de lécher le dos du crapaud me turlupinait beaucoup trop. Comment il pouvait faire ça ? Ca avait un bon gout ? C'était un de ces trucs et astuces de survie qu'il avait apprit dans sa vie ? Ou ce niais faisait-il simplement tout ce qui lui passait par la tête ? J'avais trop de questions en tête, beaucoup trop pour réfléchir à ce "plan" correctement.

- J'avoue, ça me parait pas bête comme idée.

A se demander qui était victime d'insolation, lui ou moi ? En tout cas, à chaque nouvelle léchouille, mon imbécile de compère paraissait de plus en plus lucide. C'était pas plus mal ... Sauf qu'il en réclamait encore plus comme un drogué... C'était peut-être mauvais signe, après tout.

Une de mes bandelettes vint arracher le batracien des mains de son propriétaire addict avant de la balancer dans les airs. Une seconde enroula son buste pour le trainer de force.

- En route camarade ! La richesse nous appelle !

Faux en l'air, brave comme tout, j'ouvrais la marche vers un sentier de gloire et de trésors.

[***]

Ok, le plan semblait pas si génial que ça. Après de longues minutes de marche, je me rendais enfin compte que faire un seul tour de l'île allait prendre un temps énorme ... Alors le faire plusieurs fois en spirale ... C'était clairement du suicide. Surtout qu'Alegsis - toujours attaché par mes bandages - réclamait encore plus de grenouilles comme un addict en manque...
Bzzzz ... Paf ! Et ces maudits moustiques allaient avoir raison de moi tot ou tard.
Alors qu'on avait encore les pieds dans l'eau, je vis un banc de sable. C'était parfait pour se reposer quelques secondes !

- Non Alegsis, tu n'auras plus de crapaud-ailé ! En plus je commence à douter sérieusement de ton plan ... Tu penses qu'en combien de temps on va faire le tour de l'île ?! ... Attend ... Tu n'aurais pas grandis tout d'un coup ?!

Ou alors c'était moi qui rétrécissait ... Et ça s'expliquait facilement par le fait que mes pieds s'enfonçaient doucement mais surement à travers le fameux banc de sable ou je m'étais installé. Banc de sable, ou plutôt sables mouvants ! Raaaaah j'avais le don pour me foutre dans la mouise !

- Alegsis, mets y du tiens toi aussi !

Alors que j'essayais tant bien que mal de me dépatouiller de ma situation aggravante, mon comparse lui stagnait la, immobile, comme s'il boudait parce que je lui avais refusé de lécher une grenouille.

Soudain, un nuage obscurcit notre horizon. Littéralement. Il venait de faire tout noir. Par réflexe et comme deux bons idiots, on leva la tête au ciel.

- Dis Alegsis ... Il à pas l'air super gros, ce héron ?

Evidemment qu'il l'était. A vue de nez, il faisait une bonne demi-douzaine de mètres de hauteur ! Et il fonçait droit sur nous !

- Vite Aleg, grouilles-toi !


Dernière édition par Grimmjack le Jeu 4 Mai 2023 - 14:11, édité 1 fois
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25582-scarecrow-grimmjack
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25574-grimmjack-le-chasseur-solitaire
C’était pourtant bien vrai que le piaf était gros. Mais pour qui était suffisamment grisé par un puissant agent hallucinogène, il ne se trouvait pas une menace en ce monde qui fut assez ombrageuse pour obscurcir toutes les couleurs qui ondulaient dans sa cervelle embrumée. Les manches de son anorak retroussées de par-dessus celles de sa tunique, Alegsis, les pupilles presque aussi larges que les globes oculaires, marcha d’un pas résolu vers la bête, piétinant au passage son camarade qui n’en finissait pas de se laisser ensevelir dans une tourbière de sable.

Face à la tête qui, le bec rivé au-dessus de son crâne, n’aurait alors pu en faire qu’une bouchée, Alegsis brandit alors bien haut les bras non sans manquer de s’exclamer :

- Ouste.

Et l’animal s’envola. C’était con, un héron. Très sensible aux bruits soudains, l’onomatopée, ainsi clamée avec une telle fulgurance, enjoignit le volatile à revenir d’où il était venu, ou peut-être même à s’envoler plus loin encore. Alegs, néanmoins, avait évidemment agi sans même connaître la faiblesse de la bête. Outrageusement téméraire pour la circonstance, car il fut privé de ses déjà très maigres moyens cognitifs, l'halluciné avait été ce héros improbable en usant des seuls atouts qui lui furent accordés par le POuVoIR dE LA drOguE.

Bien qu’il eut sans doute envisagé que son compère, du fait de sa démonstration de force irréfléchie, n’ait plus eu ses accès à ce bas monde pour longtemps, Grimmjack s’estima heureux d’avoir encore à disposition qui de droit pour le sortir de la panade. Lorsqu’il lui demanda une fois encore de bien vouloir le secourir, à son camé de confrère, ce dernier retroussa alors une fois de plus ses manches.
Avec un visage qui faisait peur à voir pour ce qu’il avait à la fois d’obstiné et d’absent, le fou s’avança vers son infortuné collègue puis, appuyant sa main sur le chapeau de la momie comme pour mieux l’enfoncer dans sa mélasse, s’exclama une fois encore :

- Ouste.

Il eut beau protester, ce grand couillon, empêtré qu’il était dans des sables mouvants qui l’aspiraient plus que de raison¹ , rien n’y faisait. Avec une tête habituellement farcie d’idées fixes toutes plus aberrantes les uns que les autres ; l’alchimie que le crapaud lui avait laissé dans le système nerveux ne contribua pas à rendre Alegsis plus sagace. Aussi, sans le vouloir – à moins qu’il ne manifesta quelques fantasmagories puisées dans les tréfonds de son subconscient – l’imbécile en anorak ensevelit son ami tout entier dans les sable tandis que ses gros yeux restèrent résolument fixes, avec autour d’eux, un visage dégoulinant de sueur mais odieusement impassible.
Ainsi s’étaient alors conclues les aventures de Grimmjack. Finir sous les sables par négligence d’abord, puis par la faute d’un binôme sous emprise ensuite ; il était en effet des fins plus glorieuses.

Hagard et désormais dépourvu de la moindre once de discernement, Alegsis, maintenant qu'il s’était débarrassé de deux animaux encombrant à la suite, marcha ensuite lentement, ses pas s’écrasant presque sous lui à chaque nouvelle foulée, afin de pénétrer plus en profondeur la moiteur chaude de ce breuil hirsute qu’il explorait sans relâche².
Machinalement, à présent qu’il était dépourvu de toute forme de réflexion, le chasseur de primes n’avait plus pour lui que des capacités motrices instinctives. Aussi marchait-il tout droit, sans savoir où il allait ou pourquoi il s’y rendait. Il poursuivait alors sa morne cadence et ce, bien qu’il sentit qu’autour de sa taille, une étreinte persistait à le gêner. S’obstinant toujours dans sa démarche inconsciente, ses pas se faisant plus laborieux alors qu’il lui sembla tracter derrière lui une lourde charge, Alegsis bascula soudain en avant après que cette charge-ci, reliée à lui par des bandelettes, émergea enfin totalement de sous le sable comme un bouchon de champagne qu’on fit sauter. Projeté en avant comme il le fut, emporté par sa propre force  Alegsis valdingua ainsi en une série de tonneaux pour dévaler un long talus, faisant virevolter autour de lui feuilles mortes et autres brindilles fébriles. Son périple, il le stoppa devant un rocher. Ou plutôt, contre lui, alors qu’il s’y heurta le front en retrouvant soudain conscience, comme revenu à la réalité après qu’on lui administra un bon coup de pied au cul. S’il en était revenu subitement, de ses divagations hallucinées, l’insolation demeurait cependant en lui comme un poison insidieux.

Déjà redressé – car il avait la tête dure à force qu’on y frappa si souvent dedans – Alegs marqua quelques pas pour retrouver son ami. Ce même ami qu’il avait, le plus inconsciemment du monde, tenté d’éliminer au beau milieu de son précédent délire paraphrénique. Les cris de rage de son partenaire, distants mais stridents comme ceux d’un nouveau né sorti de son trou, l’agonissaient au loin de quelques sobriquets douteux. Alors qu’il s’en allait retrouver la momie après s’être épousseté, Alegs entendit de derrière lui une voix qui lui était curieusement familière. Il n’en crut pas ses yeux lorsqu’il découvrit alors son interlocuteur.

L’interlocuteur:

Il se tenait droit, fier, immobile, quelque part auguste tant sa prestance le rendait inébranlable.

- Alegsis, soufflait alors le robuste minéral d’une voix grave et langoureuse, où est-ce que tu vas ?

Pareil à un petit garçon qui ne savait trop quoi répondre à quelqu’un dont l’assise intellectuelle l’écrasait, le chasseur de primes en sueur pointa mollement du doigt la direction de vers laquelle il pouvait entendre crier quelques mécontentements.

- C’est… c’est Grimmjack. Balbutia alors Alegsis. Il a besoin de moi.

- Et toi, reprit l’impérieux caillou, est-ce que tu as besoin de lui ?

Hésitant tout d'abord, ne sachant trop quoi répondre, Alegsis, alors qu'il mettait à contribution ses quelques rares méninges à ne pas avoir encore été rendus amorphes par la chaleur, s’essaya à une réponse dont lui-même ne parut pas convaincu.

- Bah euh… je sais pas, moi. Resté immobile quelques instants, quelque part perdu entre une pétrification et une réflexion, il ajouta, C’est Grimmjack, quoi.

- Tu ne vois pas qu’il en a après ton trésor ? Trancha net le rocher sans tourner trop longtemps autour du pot.

Alegsis cligna bien trois fois des yeux sans trop revenir de la question qu’on lui posa. Crédule comme on ne saurait l’être davantage, il suspectait rarement le mal chez autrui, et encore moins chez ses amis.

- Mais non enfin, riait-il nerveusement, intimidé qu’il était par l’aura de son locuteur, il est pas comme ça Grimmjack. Et en plus, poursuivit-il comme pour mieux se rassurer, je lui ai dit qu’on ferait cinquante-cinquante. Deux pièces de cinquante berries pour lui et le reste pour moi.

Il y avait manifestement eu méprise entre ces deux partenaires quant à la signification exacte du terme « cinquante-cinquante ». Du genre de celles qui présageaient des contentieux musclés à l'arrivée.

- Il est cupide, Alegs, lui assura ce nouveau camarade inflexible dans ses accusations, ça crève les yeux. Il est cupide, aigri et en plus... il est moche.

Baissant un peu la tête, la bouche entrouverte le temps qu’il y réfléchit, Alegsis considéra très sérieusement ce qu’il venait d’entendre. Les arguments, ainsi formulés, trouvèrent apparemment en lui un écho retentissant alors qu’il commença à croiser les bras.

- Mmmmh… Entamait-il maintenant très pensif, s’engageant sur un sentier qui le conduisait à être convaincu par son propre delirium et cela, en dépit de ce que celui-ci avait de passablement absurde à lui dire. C’est pourtant bien vrai qu’il est moche. Concluait-il comme si cet argument avait eu quoi que ce soit de perspicace à avancer.

- D’autant que je voulais pas te le dire mais… le rocher travailla le suspense quelques instants afin de mieux faire languir son débile, il veut devenir le meilleur ami de Kant à ta place.

- Je savais bien que j’avais senti une tension amicale entre eux… Hurla aussitôt entre ses dents le chasseur de prime tandis qu’il administra un violent coup de poing dans l’arbre situé le plus proche j’aurais dû le tuer à ce moment.

Il n’avait pas fallu le pousser de trop, celui-ci, afin qu’il sombra dans des élans homicidaires induits par une folie furieuse. À présent qu’Alegsis était mûr, le rocher sur lequel ce dernier projetait son insanité pensa porter le coup de grâce en lui suggérant la marche à suivre.

- Dès que vous aurez trouvé où est le trésor, tu lui subtiliseras avant de l’élimin…

- Tu préfères pas que je lui prenne plutôt ?

Resté inerte, car c’était un minéral d’abord et qu’il avait été surpris de la bêtise qui lui était parvenue ensuite, le roc se ressaisît après qu’on l’eut coupé dans ses manigances. Il soupira alors de tout ce que ses voies respiratoires inexistantes lui permirent d’exhaler puis, reprit enfin :

- « Subtiliser » est un synonyme de « prendre » ; ou de « voler », si tu préfères.

- Je lui subtilise, je lui prends ou je lui vole, alors ? L’interrogea contrarié Alegsis qui, alors, ne put mettre son ignorance sur le compte de l’insolation. Je pige plus rien, moi. Et puis c’est quoi cette histoire de « scie anonyme » ? C’est avec ça qu’il faut que je le tue ?

Il sembla à la roche que celle-ci se décomposa sous les postillons de la bêtise qui lui parvenait.

- Oh nom de… perdit-il enfin patience, mais c’est pas possible d’être aussi abruti ma parole ! Le rocher eut-il eu une main à sa disposition, qu’il s’en serait servie pour se frapper le front. Mais il eut fallu pour cela qu’il eut aussi un front et des bras. Et je te dis ça, Alegs… poursuivit-il passablement dépité, à la base, je suis juste la projection de ta folie sur un caillou… alors si même moi je te le dis, c’est qu’il serait grand temps de t’en alarmer.

Franchement dépassé par les événements, Alegsis ne retînt finalement qu’une chose : il devait éliminer son partenaire de chasse au trésor. Du moins, l’éliminer en étant cette fois en pleine possession de ses moyens. Seulement, il craignit que ce tas de pierre ne cracha le morceau. Aussi Alegs n’eut-il pas d’autre choix que de se résoudre au crime, enfiévré qu’il était par cette hyperthermie qui lui travaillait à présent la cervelle au bain-marie.

- Qu...Qu’est-ce que tu fais avec tes mains comme ça ? S’inquiéta légitimement le minéral. Attends, tu t’approches quand même pas pour m’étrangler, dis ? Je suis un caillou, Alegs, j’ai pas de cou ; j’ai même pas de système nerveux. Insistait-il terrifié. Là, t’entends ma voix, mais en fait depuis tout à l’heure, c’est toi qui parl… alors qu’il sentit l’étreinte de doigts vigoureux lui élimer le calcaire, dans un ultime râle, monsieur caillou s’écria désespérément, à l’aide Grimmjack ! Il veut te tuAaaAARgh.

C’en était fini de ses conjurations ; car ainsi périssait monsieur caillou³. Alegsis, sans le savoir, avait remporté une bataille contre la part de lui la plus sombre qui fut logée dans les tréfonds de son cervelet et cela, il le devait à sa seule débilité manifeste. Toutefois, même rendu triomphal d’un adversaire si lugubre, il restait fou à lier du fait de la chaleur.
Peut-être fatigué de crier dans le vide, Grimmjack alors, suivit les traces de son camarades afin de le retrouver en contrebas, ses deux mains fermement nouée autour du sommet d’un petit rocher sans défense. Se sachant pris en flagrant délit, Alegsis, en sueur autant du fait de l’anorak que de la peur, trouva cependant les mots justes afin de tromper les apparences.

- Je…. j’étais pas en train d’étrangler le caillou. Balbutia-t-il avec un sourire de dément au beau milieu de sa vilaine trogne. Je… je le prenais dans mes bras parce qu’il est très sexy.

Bien que la situation n’aurait pas pu paraître plus suspecte et inquiétante s’il s’était agi de nul autre individu, un tel comportement, provenant d’un demeuré aussi caractérisé que pouvait l’être Alegsis, ne rompait finalement pas tellement d'avec son idiotie coutumière. La frontière entre la folie génocidaire et son imbécillité était en effet remarquablement ténue au point même d’apparaître souvent transparente.
Grimmjack, bien qu’il manqua d’expirer déjà une fois par la faute de son associé, avait encore toutes les raisons du monde de se méfier de lui.

---


¹ . Oui, je sais, normalement, on ne peut s’enfoncer que jusqu’à la taille dans les sables mouvants. Mais c’est le  monde de One Piece… donc… sables mouvants magiques qui engloutissent entièrement… et puis c’est marre.
Vous êtes pas contents ? Vous envoyez un recommandé à Oda et vous voyez ça avec lui.

². Le marécage, enfin ; le breuil chaud, humide et rendu hirsute d’une végétation dense… c’est le marécage. N’allez pas vous essayer à quelques spéculations tendancieuses ; vous n’en ressortiriez pas grandis.
³ . Franchement, sa mort était plus émouvante que celle d’Hitoshi.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25733-fiche-technique-de-alegs
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25723-alegsis-jubtion

Le campement de Zaubère

Sauvé ? C'était un grand mot, Alegsis, dans sa consommation excessive de crapauds-ailés avait surement voulu en finir avec Grimmjack. Mais le destin l'avait tiré, une fois de plus, d'affaire sain et sauf. Sauf, oui. Sain, peut-être moins ...


Bzzz ... Paf. Encore un moustique.

Je regardais Alegsis en train de faire une étreinte à un caillou. Les bras croisés et arborant une mine boudeuse, mon camarade pouvait facilement deviner que j'étais passablement énervé contre lui. Je savais bien qu'il était sous l'effet d'une toxine quand il m'avait enfoncé dans le sable ... Mais ce fichu chenapan m'avait quand même appuyé la tete plutôt que de m'extirper de la !

Et puis maintenant je le retrouvais en train de parler à un caillou ... Même si Alegsis était un idiot fini, qu'il semblait avoir retrouver (plus ou moins) la raison, son comportement restait anormalement suspect. A force de le côtoyer, je connaissais bien le spécimen maintenant ... Et la, il y avait quelque chose qui clochait. Bizarre, bizarre.

- On y retourne.

C'était assez froid comme réponse. Comme si sa tentative d'assassinat était encore restée au travers de ma gorge. Bon sang ... Un jour je songerai certainement à me trouver un partenaire un brin plus performant.

[***]

Bzzz ... Paf ! Ces moustiques commençaient à me rendre fou ! Mes bandages trempées de sueurs semblaient être un repas délicieux pour ces fichus nuisibles ! Et pour couronner le tout, mon comparse qui me suivait dans mes recherches piétinait de plus en plus ma patience !
Il grommelait dans sa barbe et dès que je me retournais il prenait un faux air amical. Ce saugrenu me cachait quelque chose ... Grrrr, en plus il n'aidait même pas à se frayer un chemin dans la végétation. C'était moi qui désherbait tout le passage !

- Ce mangrove géant me dit quelque chose.

Je sortie la lettre de mon veston. J'avais déjà vu ça quelque part. Et ce quelque part était au dos du morceau de cuir, sur la carte ! Je compara alors le mangrove avec le dessin inscrit dessus. C'était bien le même. Au début, pensant que les inscriptions étaient mal faites, j'arrivais pas à savoir ce que c'était. Mais maintenant, je comprenais mieux.
On était plus très loin. Il nous restait qu'a suivre les indications.

On avançait une nouvelle fois dans les marais d'Âcre-Aire. La joie et la passion du début de journée s'étaient cependant vite évaporées sous la chaleur et l'humidité ambiantes. L'ambiance entre nous - pourtant copain d'aventures - était plutôt tendue. La chaleur se faisait extrêmement lourde. Mon corps enveloppé de bandages n'arrangeait rien. Et ces fichus insectes récalcitrants ... N'en parlons même pas.

Avançant prudemment sur le chemin indiqué, je traversa un grand feuillage et y trouva le campement tant recherché. C'était pas trop tôt. Ma patience atteignait frénétiquement ses limites.

- Je crois qu'on y est.

Le campement de Zaubère. Enfin ! Cependant, il n'y avait pas âme qui vive. Suspect.

Bzzz ... Paf. Une main claqua mon cou, tuant ainsi un énième mangeur de sang.


Dernière édition par Grimmjack le Ven 5 Mai 2023 - 2:08, édité 1 fois
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25582-scarecrow-grimmjack
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25574-grimmjack-le-chasseur-solitaire
« PAF » entendit-on à nouveau, « BZZZZZ ! » bourdonna aussitôt l’imbécile qui, alors venait d’administrer une claque à l’arrière du crâne de son associé. Une qui eut de quoi surprendre, alors que ce dernier en était encore à s’ébaudir de leur fortunée trouvaille.
Des restes de toxines, dans les tréfonds du cervelet d’Alegsis, il en restait encore. Un petit fond de folie lui macérait toujours dans ses boyaux crâniens. Juste ce qu’il fallait cependant pour le rendre plus infernal que de rigueur sans trop toutefois altérer sa lucidité. C’est sans malveillance cette fois qu’il avait accompli son forfait, cherchant à imiter le malheureux bandelé qui, depuis quelques temps déjà, n’en finissait plus de se laisser bouffer par les moustiques.

Avant que l'embaumé eut seulement le temps de contre-attaquer – ne fut-ce que pour corriger cet insupportable abruti venu le frapper sans raison – son binôme avait déjà détalé au milieu des chaumières cachées dans la tourbière. Celles-ci, branlantes et miteuses, étaient toutes érigées sur pilotis au milieu de marais putrides, ceux-ci enrobés dans une verdure bien mal nommée tant elle était passablement jaunie.
Arrivé bien après son compère sur les lieux, là où pas une âme ne semblait y vivre, Grimmjack fut toutefois interloqué par un semblant d’activité.

- Youhouuuuu ~, criait-on alors depuis une bicoque plus à l’ouest, y a-t-il un beau chercheur d'or qui voudrait fouiller mon trésooooooo~r ?

De là, une jambe de femme, aguicheuse en dépit de ce que sa peau fut terne, dépassa depuis une entrée dépourvue de porte, comme appelant à la rejoindre. Quand la momie – encore à se baffer au milieu d’une nuée moustiques décidément trop affectueux à son endroit – approcha de quelques pas, ce fut un bras qui dépassa à son tour, l’index recroquevillé pour mieux l’inviter.

- Dis donc toiiiii ~, tu sais que tu es à croquer dans tes bandelettes ?

Voilà qui eut de quoi faire rougir le principal intéressé. Une rougeur difficilement perceptible entre sa peau brûlée et l’irritation laissée par les buveurs de sangs amassés autour de lui, mais une rongeur tout de même.

- Viens donc mon sauveur, que je te déballe comme un paquet cad…. Jeri-hi-hi-hi-hi. Mais non ! C’est moi ! Se déclara alors Alegsis en dépassant à son tour sa tête de l’entrée, entre ses mains, un cadavre inanimé de femme eut alors de quoi épouvanter la momie tant l’effet de surprise fut subit. Ils sont tous morts on dirait. Eh puis comme si une nana allait te trouver beau, ce que t’es bête.

Il n’avait pas un humour macabre, Alegsis, il n’avait simplement aucune limite éthique du fait qu’il fut aussi amoral que pouvait l’être un animal innocent. Un état d’esprit qui ne prêtait alors le flanc qu’à la bêtise et l’atrocité ; les deux mêlés de concert pour aboutir à de bien déplorables résultats. La folie, en outre, contribuait à le rendre plus « excentrique » encore.
Jetant la crevée par-dessus le bastingage du ponton qui reliait les habitations entre elles, il avait œuvre comme s’il se fut agi d’un déchet. Son énième ordurerie accomplie sans qu'il n'eut à forcer, Alegsis porta ensuite ses yeux de déments sur celui dont on pouvait à présent dire qu’il était l’Homme-Moustique. Le titre, en effet, revenait de droit à Grimmjack tant ce dernier, dans ses bandages, était bouffi de piqûres irritantes.

- Ils sont morts Grimmjack, insista l’idiot ainsi emmitouflé dans son anorak, comme toi !

Et déjà, Alegsis, pointa son long pinceau de combat en la direction de son infortuné camarade. L’heure était venue apparemment de le tuer et ce… sans même qu’Alegs ne sut encore très bien pour quelle raison. Tout, dans son crâne, à cette heure plus qu’une autre, y était pour le moins embrouillé.

- Je vais me venger de tout ce que tu m’as fait, délirait l’Épavien ses yeux jaunis par la fièvre ambiante, et ça, même si je sais plus trop bien ce que tu m'as fait ...!

Alegsis faisait alors à peu près autant sens au naturel que lorsqu’il était dévoré par la folie.
Son pinceau, il s'en saisit alors exactement au-dessus des poils puis, après avoir dessiné un Colors Trap à l'envers dans le creux de sa main libre, le tourna contre lui avant de se tracer un sigle tout le long du buste ; bien à l'endroit celui-ci.

- Brush Crush : Main de Maître ! Scanda-t-il d'abord avant de s'exclamer ensuite, quand son torse fut à son tour recouvert de peinture, Brush Crush ! Le Rire Jauuuoh-oh-oh-oh AAAAA-AAAH AHAHAHAHAHA

Un homme imprévisible, en tout état de cause, pouvait effectivement se montrer imprévisible. Son Colors Trap jaune, peinturluré à même son anorak, provoqua chez lui une hilarité forte, assez en tout cas pour nécessiter de prendre appui sur la première bicoque venue afin de se tenir droit malgré ses éclats de rire.

- Ouuuuuhhouhouhouhou ! Si… si… sihihihiihihi…. Si tu… oh...ohohoh… Si tu m’attrapes ah...ahahahaha…. Avec tes...ehehehehe… bandelettes…. PpPpRrRFfFFtHAHAHAHAHAHAAHAHA… t… toi aussi hihihihiiiiii, tu seras ha-ha… tu seras affecté héééhéhéhé.

Sa stratégie, comme seule la folie avait pu lui en suggérer une dans le présent contexte, l’avait alors contraint à s’infliger « Le Rire Jaune » sur lui-même.
Il se savait en effet réduit à l’impuissance dès lors où Grimmjack, en usant de ses bandages, l’accablait de ses entraves. Les bandelettes constituaient alors l’extension du bonhomme et, si celui-ci venait alors à entrer en contact avec le Colors Trap, les éclats de rire qui l’animeraient à son tour une fois que le contact fut établi, le déconcentreraient ainsi ce qu’il fallait pour ne plus être en mesure de maintenir son étreinte. Aussi, avec le sceau jauni qu'il s'était dessiné dans le creux de la main, il se frappa bras et jambes ainsi qu'on se tapait sur le cuisses quand on rigolait de trop, multipliant les Colors Trap jaunes partout sur lui.
Le plan, bien que bancal, avait ce qu’il fallait de pertinence en dépit de l’insanité du procédé ; d’autant que « Le Rire Jaune », du fait qu’on s’esclaffait si fort, adoucissait les nerfs ce qu’il fallait pour atténuer grandement la douleur… du moins, le temps que la marque fut effective.
Son plan à Alegsis, s’il en avait un, supposait de s’assurer qu’ils en soient tout deux réduits à se gausser comme des ânes bourrés sous l’effet d’une hypnose euphorique et cela, pour régler leurs comptes à armes égales, sans que l’un ne puisse plus tenir le pinceau, ou l’autre se servir du Rope Action. Dans les méandres de sa folie, Alegs, en appelait ainsi à une bataille de chiffonniers qui hurleraient de rire au milieu de la castagne.

C’était un projet. Un qui devait en principe se conclure sur la mort de Grimmjack et qui, considérant les forces en présence, pourries l’une et l’autre par la fièvre ou quelques émanations hallucinogènes, pouvait aussi bien se solder par leur trépas à tous les deux.
Car à en juger l’état de tous les cadavres retrouvés terrés dans leurs cahutes de fortune, il n’y avait guère que la fièvre qui, à Âcre-Aire, pouvait s’arroger le dernier mot.

Techniques utilisées:
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25733-fiche-technique-de-alegs
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25723-alegsis-jubtion

La fièvre d'Âcre-Aire

Grimmjack et son partenaire de chasse touchèrent presque au but. Cependant, leur relation s'était détériorée pendant leurs mésaventures sur l'île marécageuse et particulièrement hostile d'Âcre-Aire. Allaient-ils finir leur périple jusqu'au bout ?


- Reposes ça. Aies un peu de respect pour les défunts au moins.

Bzzzz ... Paf.
Alegsis me tapait sur les nerfs. Son comportement de base était particulièrement horripilant mais depuis qu'il avait léché la grenouille ça c'était empiré. Alors quand suite à mes paroles il lâcha le cadavre de cette pauvre demoiselle dans la flotte comme si ce n'était rien d'autre qu'un simple déchet, un énième coup de massue frappa la limite de ma patience. Une veine d'énervement , invisible sous mes bandages et les piqures de moustiques, poussa sur mon front. J'avançais vers mon compatriote qui faisait encore l'imbécile.
Bzzz .... Paf.

- Ils sont morts Grimmjack, comme toi !

Bzzz ... Paf. Voila que cet imbécile me menaçait ! La fièvre l'avait définitivement rendu fou ! Fou et dangereux ! Bzzz ... Paf ! Il avait sombré dans un délire paranoïaque et s'était préparé à me combattre ! Et ... Bzzz ... Paf ! Ces moustiques m'harcelaient encore plus !

Je n'avais plus la patience de le supporter ! J'étais prêt ... Bzzz ... Paf ... A en découdre avec lui et pour de bon ! J'agitais ma faux prêt à combattre ! Quand ... Bzzz ... Paf ... Il utilisa sa technique de Color Trap sur lui même, riant aux éclats. Bzzzz ... Paf !

J'étais sidéré de voir cet imbécile, complètement mort de rire, croire que sa stratégie allait marcher de cette manière alors que dans son état il était incapable de combattre ... Bzzz ... Paf !

A ce moment précis, j'eu comme un moment d'absence. Les bruits semblaient lointains et mon âme quittait mon corps. La chaleur de l'île, son humidité, les moustiques incessants, les multiples périples pour arriver ici ... Et maintenant son fou rire exaspérant ... C'en était trop. J'étais à bout.

...
Bzzz ... Paf ! Jerhihihihihihi ! BZZZ ... PAF ! Hahahahaahihihihi ....
BZZZ .... PAF ! AHAHAHAH ... OHOHOH .... HEHEHE ...
...


BZZZZZ .... PAF !
...
...
...

- CA .... SUFFFFIIIIIIIIIIIIIIIITTTTT !!!!!

Ma conscience m'avait abandonnée. J'étais fou de rage. Je n'étais plus Grimmjack, simplement un être livré à sa haine pure et dure.

- JE N'EN PEU PLUS DE TES IMBECILITES .... ET SURTOUT ...

Mes bandelettes bougeaient toutes seules, régies par mon subconscient. Elles formèrent peu à peu des tentacules, m'élevant dans le ciel.

- ... DE CES MOUSTIQUES ...

Une aura sombre planait derrière moi. Celle de la mort. Mon regard plein de noirceur laissait apparaitre le visage d'un démon ancien et obscur.

- ... DE ... MERDEEEEEEEE !

...

Grimmjack était mort. Un monstre était né. Un monstre qui n'avait qu'un seul et unique but : la destruction. Les tentacules commencèrent à tout détruire sur leur passage. A coup sur, Alegsis ne s'attendait pas à ça.
Elles fracassèrent les maigres cabanes construites ici et la. Firent voler en éclats les arbres aux alentours, fouettèrent même l'eau. Absolument tout ce qui était à leur portée fut détruit sous une pluie de coups incessants et violents.

D'un coup, l'être de rage se tourna vers ce qui était anciennement son comparse. Alegsis pouvait lire dans les yeux de Grimmjack qu'il était sévèrement touché par la folie et la fièvre et qu'il n'avait plus rien à voir avec son ami d'antan.
Les quatre tentacules disponibles se mirent en route pour attaquer le jeune chasseur de prime. Elles saisirent des objets ici et la et commencèrent à les envoyer valdinguer sévèrement sur l'imbécile qui en était la cible.
Ce fut ainsi une série de caissons en bois, de morceaux de toiture, de troncs d'arbres et d'autres projectiles qui filèrent à toute vitesse sur sa position.

Rien ne semblait pouvoir l'arrêter. Rien, sauf ... Un moustique ...

Un simple moustique, qui se posa sur son front.

Bzzzzz ...

Dans sa folie, une tentacule fonça pour l'écraser.

Paf.

L'être empli de violence venait de s'assommer, tout seul.

[***]

- Alors la bête au bois dormant, t'as fini ton caprice ? Bien dormi ?

Ces douces paroles d'Alegsis et un mal de crâne énorme accompagnèrent mon réveil. Je venais d'oublier tout ce qui c'était passé. Mes derniers souvenirs, c'étaient le fou rire incessant de mon compatriote et ces moustiques qui m'harcelaient. Maintenant, j'avais une énorme bosse sur le front et une légère amnésie.

Alors que je me relevais en titubant, mon partenaire me tendit une lettre manuscrite.

- J'ai trouvé ça dans le cabanon de Zaubère pendant que tu dormais. Tu peux la lire sitouplait mon Grimmjackounet ?

Je comprenais pas trop ce qu'il m'arrivait. Mais les yeux doux et la voix mielleuse de mon camarade étaient trop irrésistibles pour ne pas executer son souhait. Je me mis donc à lire à haute voix.

« Le vrai trésor que vous cherchiez depuis tout ce temps… c’est l’amitié que vous avez noué en chemin

P.S : J’ai dépensé toute ma thune en putes et en gnole»

Fallait vraiment qu'on m'explique.

Techniques utilisées:
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25582-scarecrow-grimmjack
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25574-grimmjack-le-chasseur-solitaire
Et on lui expliqua. On le lui expliqua aussi bruyamment que confusément.
Alegsis avait, pour ce faire, usé de grands gestes afin de mieux narrer son périple en solitaire. Notamment comment, durant la convalescence de son acolyte, il avait vaincu un crocodile de plus de vingt mètres… mais dont le cadavre avait été envoyé si loin dans les cieux par son coup de poing fulgurant qu’on ne put en retrouver la moindre preuve.

Il pipeautait un peu, Alegsis.

Au milieu de ses bavardages stériles et autres divagations épuisantes, cet olibrius-ci s’était toutefois laissé allé à quelques commentaires pertinents perdus dans la jaserie. Sans doute fut-ce bien malgré lui.
À fouiller les cahutes tandis que Grimmjack avait cuvé ses restants de fièvres, le  bon Alegs, après s’être senti guéri de son mal tant on l’avait frappé si fort, il l’avait retrouvé ce monsieur Zaubère. Jauni, amaigri…. mort même… mais bien là, sagement allongé dans son lit. De dessous de son plumard où avaient reposé ses restes, il s’était trouvé un coffre et, dans le coffre, un message. Celui-là même qu’Alegsis avait tendu à Grimmjack qui, d’abord dubitatif, avait franchement viré au blanc de par-dessus sa chair cramoisie en comprenant de quoi il en retournait finalement. La chasse au trésor s’achevait sur un échec. Un beau ; un de dantesque, même, mais pas un qui fut à même de nourrir son homme en bout de course.


***



- Mais enfin.. vous voyez bien que c’est lui ! Dis lui, Grimmjack.

- C’est lui. Confirma effectivement Grimmjack alors que celui-ci, non avoir acquiescé, avait ainsi déployé tous les arguments à sa portée afin de corroborer la thèse de son partenaire.

Sur cet échec si retentissant qu’on l’avait entendu résonner jusqu’à Laugh Tell, les enfiévrés de la veille avaient, en désespoir de cause, fait les fonds de tiroirs. Des qui furent particulièrement sales alors qu’ils en avaient extirpé une momie gavée de typhus.
Leur trophée, ce pis-aller miteux, il s’était appelé Marial Zaubère. Cela, avant toutefois que le paludisme fit de lui une masse de chair inerte. Le présent cadavre, pour pouilleux qu’il fut, valait toutefois cinq millions de berries à s’en référer à un avis de recherche paru depuis plus de vingt ans. Aussi, immédiatement après qu’ils furent extraits de ce marais dans lequel il n’avait pas fait bon patauger, le furieux duo avaient traîné avec eux un nouveau compagnon à l’arrière du pédalo ; ce corps flasque et jauni que Grimmjack, en usant de ses talents d’embaumeur, avait conservé dans des bandages. Ils s’étaient ensuite rués à la garnison située la plus proche d’Âcre-Aire pour leur présenter, aux marines, l’énergumène capturé sans qu'ils n'eurent trop à batailler pour. Sauf entre eux, évidemment.
Aussi, à peine entrés dans la garnison, et sans même se présenter, avaient-il étalé leur prise infecte à même le comptoir.

Ils avaient eu beau jurer leurs grands dieux que cinq millions de berries couraient sur sa tête, au crevé, que les autorités ne voulurent rien entendre. On argua que l’avis de recherche était trop daté et que, bien que le cadavre avait encore suffisamment bonne tournure pour qu’on reconnut effectivement Zaubère, tout indiquait néanmoins que les honneurs de son trépas incombaient finalement aux moustiques et à nul autre. À entendre le mot « moustique », Grimmjack eut alors comme de discrets spasmes passés inaperçus.

- Vous avez pas le droit ! C’est malhonnête ! Se scandalisait Alegsis le plus ingénument du monde, comme s’il eut découvert que le Gouvernement Mondial était prédisposé aux injustices. Si c’est comme ça ! On va devenir révos ! Non je plaisante on est pas si bêtes non plus jeri-hi-hi, puis, sautant d’une humeur à l’autre pour s’en retourner à la première, il tempéra aussitôt sa jovialité enfantine pour à nouveau froncer les sourcils sur ses gros yeux ronds. Je me laisserai pas entuber de cinq millions !

Occupé qu'il était entre la paperasse et la gestion de appels de la petite île sur laquelle se situait la garnison, le préposé à l’accueil, blasé et loin de s’attendrir ou bien de s’inquiéter de jérémiades qu’on lui postillonnait alors au visage, appela ses collègues d’un geste mou à bien vouloir reconduire les indésirables.
Saisi à chaque bras par deux gaillards en uniforme, si bien que ses pieds ne touchaient plus terre quand on l’embarquait, Alegsis s’agita, vociféra, rigola puis vociféra encore tandis qu’on l’escortait vers des pâturages plus à son goût. Grimmjack ne l’avait alors pas suivi de très loin avant qu’on leur adressa portes closes.

- Ces marioles je vous jure… soupira dans un rictus le Marine derrière son comptoir débarrassé du cadavre, lui aussi jeté avec les importuns, ils comptent faire quoi au juste ? Porter plainte ? Cette blague...

Trois jours plus tard, sur le bureau d’un colonel du QG d’East Blue, une demande de jugement fut formulée par un courrier aussi mal écrit qu'il était improbable. Il y figurait divers dessins - ceux-ci ajoutés par Alegsis - afin de mieux asseoir le sérieux de la demande. Cette requête portait alors les noms d’Alegsis Jubtion ainsi que de Grimmjack – ce dernier ayant été l’auteur de la doléance compte tenu que le premier ne savait ni lire ni écrire.

Lésé qu’ils avaient été, avec, encore en eux, ce petit fond de fièvre qui leur avait peut-être macéré en dedans quelques jours après leur excursion infructueuse, le tandem de chasseurs de primes s’était bonnement résolu à attaquer le Gouvernement Mondial en Justice.
C’était alors une rude bataille qui s’annonçait. Une qui ne se conduisait pas les armes à la main, mais une dont tout le monde ne ressortirait vraisemblablement pas indemne.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25733-fiche-technique-de-alegs
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25723-alegsis-jubtion