la route d'Ohara

Posté Mer 19 Avr 2023 - 17:55 par Malon Rouge

Contemplant le roulis des vagues, penchés sur les rebord de la frégate. Malon révasse, agard. Cela fait quelques semaines qu'il a quitté Yuki et Kardelya. Il avait décidé de faire cavalier seul pendant un temps dans l'optique de réfléchir à de nouvelles stratégies, celles de Ragnar n'ayant, selon lui, pas porté ses fruits. Il avait reçu une missive: se rendre à la nouvelle Ohara afin de rendre compte de la réussite d'une mission. On ne lui avait demandé de faire la mission en question, mais d'accompagner un agent. Il ne connait rien de cet agent, l'objectif étant de faire fuir un groupe révolutionnaire en danger sur l'île, il faut limiter la diffusion des informations. Malon ne porte pas beaucoup d'intérêt à cette tâche. Il s'agit davantage de montrer pâte blanche à sa hiérarchie. Il a embarqué sur un navire marchand et y travaille en tant que marin. Personne ne lui dit trop rien, il dégoûte les autres travailleurs. Le plan du zaunien est simple: se promener en ville jusqu'à ce quelqu'un l'interpelle. Si on ne lui a donné aucune description de l'agent qui serait déjà sur place, sans doute l'agent en question aura reçu des informations sur Malon. La discrétion n'est pas le fort du cornu. Son apparence, son odeur et sa taille le trahissent. Il devra sans doute se dépêcher.

Le navire arrive assez vite à destination. La Nouvelle Ohara. Malon l'ignorait il y a peu, mais au centre de l'île se trouve un immense arbre majestueux au sein duquel est logée une immense une bibliothèque aux savoirs ancestraux et interdits. L'activité de l'île y est apparemment concentrée. Le zaunien ne s'en préoccupe pas vraiment, tout ce qu'il sait, c'est que l'île est bien surveillée. Elle aurait déjà été victime d'un Buster Call. Cela ne concerne pas sa mission. Il est ici pour prêté main forte aux forces révolutionnaire de l'île. Il faut pour elles quitter la Nouvelle Ohara. Question de survie. Le colosse a surtout été appelé pour faire respecter l'autorité hiérarchique révolutionnaire. En effet, ses débuts dans la Révolution l'ont fait monté au grade de Cavalier en un rien de temps. Il doit veiller au bon déroulement de l'opération et faire remonter le compte rendu. C'est pourquoi il se descend de la frégate un carnet à la main. Cela fait longtemps qu'il n'a pas écrit, cela lui remémore son travail en pharmacie à Zaun. Le zaunien ne sait où se rendre. Se diriger vers l'arbre immense semble déraisonnable et inutile. Les forces de l'ordre doivent s'y trouver à l'affut. Le cornu marche dans le port où tout le monde s'affère. Personne ne fait réellement attention à lui. De loin, il ressemble à un vieux vagabond et c'est la même chose de près d'ailleurs.

Comme à son habitude, le Cavalier se dirige vers les ruelles les plus sinueuses et les plus sombres afin d'être à son aise. Il décide de faire un brin de toilette avant de se promener à la vue de tout le monde en ville. Il commence par prendre un tesson de verre au sol et à se brosser les dents avec. Il enlève les morceaux de " je ne sais quoi " coincés entre ses dents et frotte l'émaille un peu trop noire à son goût. Avec des morceaux de métal qu'il trouve dans sa besace, il frotte la peau de son visage pour y percer les verrues et enlever la crasse qui s'est accumulée un peu partout. Il brosse frénétiquement sa barbe pour y enlever se qui s'y cachait depuis bien trop longtemps. Il fut lui même surpris d'y trouvé un os de rongeur et de vieilles plumes d'oiseaux. Une fois cela terminé, dans l'objectif de nettoyer le sang et le pu de son visage, il se rince avec de l'eau de pluie qu'il trouve dans une flaque à côté de lui. Il pousse un râle de soulagement, il se considère " propre " maintenant.

Il entend des pas derrière lui. Une personne tousse. L'aurait-on suivi? Malon se retourne, un sourire glauque aux lèvres...

Posté Ven 28 Avr 2023 - 12:18 par Yemoja Kojiki

L'embarcation sur laquelle se Yemoja arrivait enfin sur l'île d'Ohara. Le voyage depuis sa terre natale avait durée toute une semaine. La jeune femme, adossée contre le bastingage en bois, repensa à ce qui l'avait conduit jusqu'ici.

***La semaine dernière***

Yemoja se tenait debout, droite, dans le bureau sombre de son père. C'était un homme sage et respecté, connu pour sa sévérité dans l'éducation de sa fille. Son expression grave collée sur le visage semblait plus prononcée que d'habitude.

"- Ma fille," commença-t-il, "j'ai une mission pour toi. Une mission très importante."

Yemoja leva les yeux vers son père, curieuse et attentive.

"- Il y a une île sur West Blue dont nous avons déjà discutée, la Nouvelle Ohara, où se trouve une bibliothèque qui contient des livres et des connaissances interdites. J'ai appris par l'Armée Révolutionnaire que les révolutionnaires vont être évacués en direction d'Aeden. Ils cherchaient quelqu'un pour superviser l'évacuation et je les ai convaincu de te laisser t'en occuper. Comme tu le sais, nous entretenons d'excellentes relations avec la Révolution. Ils disposent d'agents sur toutes les mers et sont une source d'information dont nous ne pouvons pas nous passer pour retrouver Oyo."

Yemoja écoutait attentivement son père, le cœur battant.

"- Je te confie cette mission, ma fille", continua son père. "Tu seras épaulée par un révolutionnaire plus expérimenté. Ce sera l’opportunité pour toi d'intégrer officiellement l'Armée Révolutionnaire et commencer à activer un réseau d'information."

Yemoja hocha la tête, le regard déterminé.

"- Je réussirai, père", dit-elle. "Je ne vous décevrai pas."

Son père la fixa en silence, lui signifiant que la discussion était close. Yemoja quitta le bureau et referma la lourde porte en bois, heureuse enfin de pouvoir partir en mission.

***Retour au présent***

En débarquant sur la plage, Yemoja était émerveillée par la beauté de l'île. Les arbres étaient gigantesques, leurs feuillages verdoyants semblaient scintiller sous le soleil tropical. Le sable était blanc comme neige, et la mer d'un bleu cristallin. La jeune femme était elle-même ravissante. Sa peau d'ébène était lisse et brillante, et ses longs cheveux noirs étaient tressés en une cascade de boucles. Ses yeux étaient d'un bleu profond et clair, comme l'océan. Elle portait une robe blanche en lin, qui flottait doucement au vent.

Lorsque Yemoja arriva devant l'arbre géant, elle ne put s'empêcher de rester bouche bée devant sa grandeur. Il semblait s'étendre jusqu'au ciel, et ses racines étaient enchevêtrées dans le sol comme des serpents géants. Au sommet de l'arbre, un petit balcon en bois était visible.

La jeune révolutionnaire savait que la bibliothèque était un endroit dangereux et interdit. Pour l'instant, elle se devait de retrouver son futur coéquipier. L'ordre de mission lui demandait de se rendre dans les rues de la ville portuaire. Les rues "les plus sombres". Pourquoi diable avoir pris la peine d'apporter une telle précision ? Les voies de l'Armée Révolutionnaire étaient parfois impénétrables...

Yemoja traversait d'un pas rapide les ruelles sombres et étroites d'Ohara où les murs en pierre grise délabrée et les fenêtres barricadées créaient une atmosphère oppressante. Elle se sentait comme si elle avait pénétré dans un labyrinthe obscur et dangereux, avec chaque coin de rue lui réservant une surprise désagréable.

Pourtant, la jeune femme semblait illuminer les rues sombres de son passage. Sa robe blanche contrastait vivement avec l'obscurité environnante, et sa détermination rayonnait. Elle était comme une lumière dans l'obscurité, une bougie égarée dans une maison sombre et inquiétante.

Soudain, elle discerna une silhouette voutée, et s'approcha lentement, se tenant prête à se défendre si besoin était. Était-ce le révolutionnaire qu'elle cherchait ? L'homme se retourna, et le sang de Yemoja se glaça. Cette dernière fit tous les efforts du monde pour ne rien laisser paraître. Elle évalua d'un coup d’œil rapide la dangerosité des déchets qui jonchaient le sol pavé. Un frisson parcourut son échine tandis que son regard se posait sur cette homme, repoussant, avec un visage déformé et une peau recouverte de cicatrices et de bosses.

Le contraste entre les deux était saisissant. Elle était comme une fleur délicate qui poussait dans un marais malsain, un joyau précieux perdu dans les ténèbres de l'île.

Yemoja fit preuve de courage et de sang-froid. Elle était déterminée à faire honneur à sa famille.

"- Excusez-moi, je recherche un camarade pour organiser des vacances sur une île édénique. Est-ce vous ?"

La jeune femme attendit le cœur battant la réponse de cet homme. Pour la première fois depuis bien longtemps, la jeune femme espérait se tromper.

Peut-être ne s'agissait-il seulement que d'un sans-abri ? Les doigts effleurant son porte-feuille, Yemoja était prête à se séparer de quelques pièces.

Posté Dim 2 Juil 2023 - 10:02 par Malon Rouge

Son regard se posa sur une sublime créature à la peau d'ébène. Il plongea ses yeux dans le bleu de ceux de son interlocutrice. Malon est ébloui par la blancheur de la robe de cette dame. Cette dernière est apparut comme une divinité venue lui annoncer une prophétie. Malon se retourne complétement se dévoilant au grand jour face à la jeune femme. Il devine à son étrange question qu'elle est l'agent envoyé par ses supérieurs. Le zaunien garde son sourire étrange face à sa camarade, hébété par sa beauté. Au bout de cinq secondes d'un silence gênant, il répond, en enlevant son horrible chapeau:

- Bonjour camarade, vous vous n'êtes pas trompée. Je me présente. Malon Rouge, Cavalier de la Révolution. Ma mission est de vous aider.

La sublime camarade se présente à son tour. Yemoja. Elle souhaiterait intégrer l'armée révolutionnaire de façon officielle. Malon sort son carnet et prend des notes. Il apprend également que son père connaît bien l'armée révolutionnaire. Un peu trop au goût de Malon... En effet, Yemoja sort d'un pli de sa jupe un morceau de papier jaunâtre.

- Ce sont les informations données par mon père. Annonce-t-elle.

Le Cavalier se saisit du papier. Un de ses horribles doigts frôlent l'un de Yemoja. La sensation est troublante. Lui et elle ne sont pas de la même espèce, du même univers... Il ouvre le papier plié et y lit une inscription. Il s'agit du lieu où se retrouvent les révolutionnaires de l'île. Il jeta un regard inquiet vers sa camarade. Elle restait imperturbable. Si son père en sait autant, il y a des risques qu'elle soit poursuivie par les services de renseignement. Elle avait raison de ne pas prononcé le lieu à l'oral. Les égouts ont des oreilles...

Il lui remit le papier. Ils devaient rejoindre les révolutionnaires dans un bar d'un quartier mal famé. Malon et Yemoja devront se faire reconnaître par les révolutionnaires, mais pas par les espions. La jeune femme sort son interlocuteur de sa réflexion pour lui apporter une solution toute faite.

- Mon père connaît les tenanciers du coin. Je n'ai qu'à prononcé quelques mots pour me faire accepter. Cependant ils ne savent pas pourquoi nous sommes ici. Le défi sera de se faire comprendre.

- Et surtout de ne pas se faire repéré sur le chemin. Ajoute Malon.

Une fois sa phrase terminée, Le zaunien enlève la bouche d'égout derrière lui. Il annonce:

- On ferait mieux de passer par en dessous. On se repèrera grâce aux autres bouches d'égout. En fonction du bruit, on décidera de sortir ou non.

Yemoja lève les sourcils de perplexité. La rapidité à laquelle Malon a pensé à se cacher dans les égouts la déconcerte. Ce n'est pas sensé être une proposition de premier plan. Après tout, c'est cohérent avec l'apparence du zaunien. Elle n'hésite pas longtemps et décide de descendre la première. Elle est suivie par Malon qui referme la bouche avec minutie. Comme prévu, l'odeur est insupportable et les yeux peinent à s'habituer à l'obscurité. Malon tend à sa camrade un tissu étonnamment blanc pour un homme de sa trempe.

- Met le sur ton visage, l'odeur sera plus agréable.

Elle se saisit du mouchoir, un peu surprise et le hume. Elle est encore plus étonné. Il sent très bon. Un doux fumée sucrée que l'on retrouve dans les confiseries. Elle le met à son visage. On dirait que le Cavalier avait déjà prévu de passer dans les égouts. Yemoja prend conscience que son camarade est peut être plus dangereux que son apparence nous laisse comprendre. Elle se doutait qu'il s'agit d'un redoutable combattant au corps à corps et qu'il s'agissait d'un homme auquel on donne les tâches les plus ingrates. En revanche, elle se rend compte que ce n'est pas qu'une brute épaisse sans cervelle.

Malon marche devant. La jeune femme s'habitue peu à peu à l'obscurité. Elle observe Malon de dos. C'est un personnage un peu voûté au pas lourd et lent. La géométrie des égouts l'empêche de marcher à côté de lui pour jauger son regard. A chaque bouche d'égout agissant comme un puit de lumière, les deux révolutionnaires s'arrêtent en silence écoutent, se regardent puis repartent. Plus ils avançaient, plus les bouches étaient éloignés et leur chemin dégoutant. Au bout d'une trentaine de minutes, ils s'arrêtent à une dernière bouche. En observant ce qu'ils peuvent à travers les trous et en écoutant les bruits de la rue, ils se décident sans se parler de sortir.

Yemoja prend l'initiative.

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