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La légende du papa des poissons-chats


Retour sur Fuschia

Après les événements de Shimotsuki, Grimmjack repart en mer. Vagabond comme toujours, à la recherche de sa première tête primée, le chasseur trouve un vaisseau qui l'amènerait à la République de Goa. Mais comme d'habitude, le plan ne se passe jamais comme prévu.


Je me dorais paisiblement la pilule sur le pont du navire, cocktail à la main. Enfin dorer, c'était un euphémisme, car mes bandages empêchaient tous les rayons du soleil d'atteindre ma peau et c'était mieux ainsi. Sinon, on allait très vite retrouver une momie grillée au barbecue ...

L'équipage du navire marchand qui m'accueillait était super sympa avec moi. Ils étaient tous originaires de Shimotsuki et pour me remercier d'avoir protéger Honnoji d'une bande de cruels pirates me transportaient gratuitement et me dorlotaient. C'était la belle vie ! Celle d'un célèbre chasseur de prime !
Les cuisiniers me concoctaient des bons petits plats, on me laissait me prélasser sur un transat pendant que les autres s'activaient à faire bouger le navire. L'équipage transportait des concombres de Kawai, qui étaient selon leurs dires les plus bons d'East Blue ! Du coup, j'avais accès illimité à la citronnade de concombre, et ça, c'est le pied !

- Hissez la grande voile ! Barre à tribord !

Je reconnu la voix du capitaine. C'était le seul qui m'adressait la parole d'ailleurs. Les autres préféraient m'esquiver. Allez savoir pourquoi ... Ils préféraient sans doute me laisser tranquille pour mieux me détendre ...
J'enlevai les deux tranches de concombre sur mes yeux pour comprendre l'origine de cette agitation. Les marins couraient partout ! Des vrais lapins !
Puis un choc fit trembler tout le navire, faisant tomber des caisses de marchandises et quelques mousses encore en apprentissage. De ce que j'avais compris, on venait de percuter un massif rocheux.

- Tout va bien mon capitaine ?
- Ah, monsieur le chasseur de prime ! J'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer ...


Je me grattais le menton en attendant la suite. Apparemment, le capitaine cherchait ses mots, surement par peur de me froisser.

- Et bien, d'étranges et puissants courants marins nous ont déviés de notre trajectoire. On a percuté des rochers. Rien de bien alarmant, la coque à prit un gros coup mais elle peut tenir jusqu'à la côte.

Me voila rassuré. Mais le capitaine ne semblait pas avoir fini.

- Malheureusement, vu l'état du bateau, il est trop dangereux de longer la côte comme ça. On va s'arrêter a Fuschia le temps d'effectuer quelques réparations et ...
- Pas de problèmes mon capitaine ! Fuschia est un superbe village ! Bon les campeurs aux alentours de l'île sont un peu spéciaux ...


Je me rapprochais alors de mon interlocuteur pour lui chuchoter à voix basse.

- Vu l'état de leur camping, c'est surement des gens du voyage ! Mais bon ! C'est comme ça la vie aussi ! Nyahaha !

L'homme semblait soulagé de ma réaction positive ... Et un peu gêné ! J'avais dis quelque chose de mal ?
Bref, dans tous les cas, rien d'alarmant ! Je n'avais qu'à traverser les montagnes pour rejoindre Goa, c'était pas la mer à boire ! Sourire aux lèvres, repensant à mes péripéties sur Fuschia, ma rencontre avec Alegsis, je m'adossa alors à la rambarde de sécurité en fixant l'horizon. La côte se rapprochait petit à petit, c'était un paysage magnifique !

Un détail me tiltait. C'était comme une tâche de fiante sur un magnifique tableau de maitre. Je plissa les yeux pour mieux observer.

- Un homme à la mer ! Je répète, un homme à la mer !

On était assez loin des terres, qu'est ce qu'il foutait bien la ce type louche en plein milieu de l'océan ?! Alors que le bateau s'activa pour repêcher ce pauvre bougre, je compris très vite qui était ce fameux type ... Mais non, cela ne pouvait pas être lui ... Enfin, en y réfléchissant bien, si, c'était possible ... Cela ne pouvait être QUE lui, d'ailleurs !

- OuuuuuOOOOOOoooh Alegsis !!!!!! C'est moi ! Ton copain Grimmjack ! Elle est bonne l'eau ? Tu fais ton exercice matinal ?

J'avais en réalité milles questions qui me trottaient dans le crâne. Mais j'étais trop heureux de revoir mon ami et confrère que je continuais à brailler à tue-tête en faisant des grands signes de la main.
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Alarmiste tel que l’avait été le grand garrotté, à la bête qui fut ainsi tenue en détresse dans les eaux survoltée, on lui jeta une bouée préalablement nouée à une corde. Cette décision ne fut alors pas la plus inspirée que put adopter un équipage digne de ce nom. Car dans les flots, il y macérait des malheurs et des calaminés. Pire qu’un roi des mers croisé au détour d’un récif, hisser à bord un abruti d’un tel pedigree que celui d’Alegsis Jubtion revenait à s’astreindre à une malédiction. Cela, Grimmjack – parce qu’il connaissait ce benêt flottant – avait malencontreusement négligé d’en faire part à ses bienfaiteurs.

La concorde, entre ces deux chasseurs de primes qui se retrouvaient alors, s’était cimentée du fait que l’un comme l’autre, tirés de la même caste de giboyeurs d'hommes, avaient pour point commun d’être constamment malheureux dans leurs basses-œuvres. Si l’échec avait eu sur sa tête une prime juteuse, ceux-ci eurent en effet fait fortune par cent fois.
Ils s’étaient un jour trouvés à traquer par hasard le même gibier. Cela remontait à plusieurs semaines. À bien s’en remémorer, ils s’étaient davantage heurtés l’un à l’autre à vouloir courser Arnold Jancler et les douze millions de berries indexés sur sa peau. Entre algarades pittoresques et autres incartades malheureuses, Grimmack et Alegsis s’étaient écharpés par cent fois d’ici à ce que leur proie, profitant d’une discorde bien opportune entre les charognards, avait fui pour finir gobé par un immense poisson-chat qu’on disait jusqu’à lors appartenir à la légende. De légende, alors, il n’y en avait plus, celle-ci ayant été déflorée brutalement ce même jour où douze millions de berries de chair humaine lui avaient atterris dans le gosier.

Sur le lit de cette énième mésaventure, les deux chasseurs de primes avaient sympathisé faute de mieux avant que leur route ne se sépara. Grimmjack vogua ainsi pour Shimotsuki quand Alegis, un brin plus obstiné car incapable de faire le deuil du magot, avait dérivé jusqu’à Logue Town avant de revenir patauger le long des abords de Fushia. À ses douze millions, il y croyait encore.

Quand on eut fini de le ramener à bord cet âne des mers, après que trois hommes se soient esquintés les bras à le guinder, Alegsis leur parvînt alors avec toute la majesté qui tenait à son rang.

- « Ah ça pour une pêche, c’en est une de curieuse. » Ne trouva qu’à commenter le capitaine qui, se retrouvant face à une pareille prise, ne trouva que prétextes à se gratter le sommet du crâne dans tout ce qu'il avait de dubitatif.

À la bouée, Alegs s’y était attaché avec les dents le temps qu’on le hissa, persistant à la mâchonner même une fois sur le pont. Son chapeau vissé sur le crâne constitua la seule parure qu’il fut à même de présenter à ses sauveteurs. Nu comme un ver qui, sorti de sa tourbe, tenait alors davantage d'une vilaine anguille, il se redressa finalement sur ses pattes, présentant cette tête d’ahuri inexpressive qui lui servait de bouille au quotidien.

- « Qu’est-ce que vous faites là ? » Leur demandait-il candide et indélicat, un léger froncement de sourcils en renfort.

- « DE RIEN ! » Tempêta à l’unisson un équipage qui, pour cet ingrat, s’était plié en quatre afin de l’extraire de courants funestes.

Quelque peu éberlué qu’il fut par le tournis à trop être ballotté par des flots capricieux, Alegsis n’avait que trop peu prêté attention aux cris qui lui étaient destinés par son camarade d'antan. Enfin conscient qu’il se trouvait dans l’assistance une connaissance à lui, l’anguille, fraîchement repêchée, se frotta les yeux avant d’ouvrir sa gueule en grand.

- « A… Arnold ? C’est toi Arnold ?! »

L’intellect lui faisant quelque peu défaut et ça n'était pas à mettre sur le compte de l'étourdissement. Il avait naturellement confondu le nom de son compère avec celui de leur proie d’alors.
C’était un garçon confus le sieur Jubtion ; quoi que pas aussi « fus » qu’on se plaisait à le dire.

- « Grimmjack. »

- « Grimmjarnold ? »

- « Non, juste Grimmjack. »

- « Grimmjack ! »

Enjoué de nature – et d’une nature qu’il avait généreuse – c’est les bras tendus et le zgeg ballotté par les vents marins qu’Alegsis, trop heureux de pareilles retrouvaillesn courut jusqu’à son compère qui, lui aussi, se laissa aller à une cavalcade folle…. dans la direction inverse. Sans doute par pudeur, ou tout simplement par dégoût, l’idée d’une étreinte avec un ami qui se présentait à lui les attributs à l’air lui suggéra une soudaine dérobade.
Éreinté qu’il fut bien assez tôt de sa course folle, son endurance lourdement entamée par sa précédente nage, Alegs renonça finalement aux effusions. Ses mains sur les hanches, le flageolet toujours impudiquement exposé, il déclara enfin :

- « Bon, ce fut un plaisir tout ça, mais faut que j’y retourne. »

Déjà un pied sur le bastingage, prêt à plonger dans l'Enfer marin dont on l'avait secouru in extremis, il s’en fallut de trois matelots pour le ceinturer. Les aléas des courants ne s’étaient encore pas stoppés et il eut été suicidaire de s’y essayer à nouveau.

- « Lâchez-moi ! Faut que je retrouve Grimmj… ah non, du coup lui c’est Arnold, se corrigea-t-il comme une parenthèse limpide dans une rage tumultueuse avant de reprendre, faut que je retrouve Arnold ! »

La gueule plaquée au sol, les trois membres d’équipage assis sur lui pour l’empêcher de frétiller jusqu’à retourner de là où il avait échappé à la mort, Alegsis, s’il mordait la poussière la joue aplatie contre le pont, n’en démordait cependant pas de ses obsessions.
Des raisons de s’obstiner, il en avait des bonnes. Douze millions à proprement parler. Mais on ne parlait jamais proprement lorsque de pareilles sommes étaient en jeu.

Grimmjack avait de quoi se gausser de tant de désillusions, Arnold étant vraisemblablement digéré depuis des lunes. Cependant, la traque d’un animal aussi mythique que celui qui les avait lésés d’une petite fortune pouvait en effet avoir un petit quelque chose de tentant. Pour la vengeance peut-être, mais pour la richesse d’abord. À vendre sa carcasse pour mille berries la livre, il y avait en effet de quoi amplement renflouer la très regrettée disparition d’Arnold. Et puis, il y avait la gloire, les gros titres ; il y avait tout ça. Tout ce qu’Alegsis n’avait évidemment pas pu envisager, empêtré qu’il était dans ses idées fixes, Grimmjack pouvait le concevoir. Et très sérieusement.
Débarqués sur Fuschia le temps que les intempéries prennent fin, on relâcha enfin le barge qui, galopant aussitôt dans toute sa nudité, retrouva Grimmjack.

- « Ar… Grimmjack ! Entamait-il fougueusement. Le gros mérou, là, avec ses moustaches, tu te souviens ? si tu m’aides à le retrouver, je te promets que je te filerai des millions de berries ! Ou attends… réfléchissait-il au détour de sa bouffonnerie. Mieux ! Promettait-il alors. Je t’en filerai des milliers ! »

D’abord analphabète, Alegsis faisait en plus montre de sa virtuosité mathématique. Deux arguments de plus à ajouter sur la liste des raisons de ne pas s’associer à lui. Une liste qu’on pouvait compiler en vingt volumes et où y figuraient notamment sa stupidité légendaire – mais qui n’était hélas pas une légende – en plus de sa présente nudité.

- « Mes fringues ? S’interrogea le nudiste lorsque son confrère lui fit remarquer cette mauvaise manie qu’il avait, depuis qu’ils avaient débarqué, de se balader la tige apparente. Mais… mais où ils sont ?! Réalisait-il seulement dans une stupeur criarde. Ah si, je sais. Se calmait-il aussitôt, jonglant entre l’ébahissement et la nonchalance à une vitesse saisissante. Je les ai laissés sur la plage d’où j’ai plongé. Mais avec les courants, tout ça… ils sont un peu à l’autre bout de l’île. »

Sans paraître s’en préoccuper, il semblait même prendre la chose à la légère, ses yeux fermés, tirant la langue tout en se frottant l’arrière du chef. Toutefois, face aux remarques insistantes, il trouva une parade digne de son génie. Révélant ses cheveux gras et hirsutes, il usa du chapeau pour l’accrocher  à son robinet afin de le couvrir. Sans succès toutefois, sa coiffe lui glissant du jonc sans jamais pouvoir y trouver une emprise probante.

- « Attends, j’ai une idée. » Annonçait-il, décidément jamais avare de facéties.

Il fallait se méfier des idées d’Alegsis Jubtion. Il avait en lui cette habileté qui faisait qu’un Buster Call, à l'improviste, pouvait survenir par mégarde quand il craquait une allumette. Aussi était-il bon de l’avoir à l’œil.
Ses yeux fermés, respirant plus lourdement, cette bête survoltée s’essaya à un instant de méditation, psalmodiant entre ses lèvres :

- « Douze millions de berries, douze millions de berries... photo de l’avis de recherche d’Izya Tahgel…. eeeeeeeet… c’est bon. Regarde ! Concluait-il fièrement et benoîtement, son incantation douteuse achevée. Le chapeau tient tout seul maintenant. »

Plutôt que de tenter de dévoiler la magie qui opérait derrière ce coup de maître et dont il devait avoir une idée aussi précise qu’écœurée, Grimmjack dut se contenter de ce compromis alors qu’Alegsis avait couvert la partie exposée qui, chez lui, tenait présentement de ce qu’il avait de plus scandaleux à présenter. Outre son idiotie, cela allait sans dire.
L’entente fut de toute manière scellée entre eux. Ils avaient après tout un différend à trancher avec la bête ; aussi leur collaboration s’imposait-elle d’elle-même.

- « Reste plus qu’à trouver de l’équipement de plongée et des appâts. Je te suis ! Se subordonnait Alegs à un camarade qu’il savait plus dégourdi que lui. Ce qui n’était pas un mérite en soi. Ah ? Tu préfères que je sois pas dans ton dos ? Comme tu veux. »

Et c’est donc côte à côte – quoi que Grimmjack tendait à s’éloigner de son binôme comme s’il ne le connaissait pas – que tout deux partirent en quête de la pêche au monstre légendaire. Entreprise ardue s'il en était.
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La chasse au poiscaille

Les retrouvailles furent innateness pour les deux partis. Grimmjack au début était emballé, c'est vrai que malgré leurs désaccords il considérait Alegsis comme un ami plus qu'un confrère ... C'était sans oublier les bonnes manières perdues depuis des lustres et l'imbécilité légendaire du bougre ...


Au yeux des villageois de Fuschia, qui n'avait pour habitude que de mener une petite vie paisible avec peu d'étrangers, on faisait tâche du à notre bizarrerie. Déjà, j'étais au courant, mon style était plus qu'atypique et les gens n'aimaient pas trop venir me voir (alors que je suis un chic type) ! Pour Alegsis ... C'était plutôt compréhensible. Il s'était promené nu une bonne dizaine de minutes - sans parler de son odieux tour de magie - avant que je ne craque et que je lui enfile de force un slip fait de mes bandages. C'était ça ou la garnison locale nous arrêtait pour exhibition publique ... Le choix était vite fait.

La joie de le retrouver s'était aussi vite transformée en ... Peine. J'avais oublié son énergie débordante pour les choses futiles et j'avais l'impression d'être un père isolé et débordé par l'hyperactivité de son gamin retardé.... Depuis qu'on s'était revu, il ne faisait que de parler de ce monstre marin qui avait gobé notre gagne-pain.

"On pêche ce gros poisson" par ci, "Let's go à l'aventure" par la. "Des millions de berrys je te dis !" On s'était posé dans une taverne, je lui devais un coup. "Peut-être même des milliers !!" Son niveau en mathématique ne s'était visiblement pas amélioré, je commandais un verre pour nous auprès de l'aubergiste. "T'imagines on le retrouve dans son ventre ?!" Je n'avais plus aucun plaisir à ce siroter ce délicieux jus de goyave. "A nous la fortune, la gloire et les putes !" Je commençais sincèrement à désespérer, cet énergumène n'avait pas changé d'un millimètre. "Bon par contre la pêche c'pas mon point fort, puis faut du matos !" Il soulevait enfin un point intéressant. "Ce poisson-chat gigantesque ne résistera pas à une torgnole de mon pinceau ! Jeri-hi-hi-hi !" Voila déjà plus de 45 minutes qu'il m'harcelait.

J'étais à bout.

- Messieurs ... ? Vous avez bien dit ... Poisson-chat gigantesque ??!

Qu'est ce que j'avais fais au bon ciel pour mériter tout ça ! Voila qu'un nouveau type louche venait de débarquer et de s'immiscer dans "notre" conversation (ou plutôt le monologue d'Alegsis).

- Navré de vous déranger. Mais j'ai entendu au détour de votre conversation que vous parliez du poisson-chat ... LE poisson-chat, père de tous les poissons-chats ?!
- Bah ouais ... Il est débile lui ?
Répondis Alegsis en se retournant vers moi. Y'en a pas 100 des poissons-chats méga balèze ! Même qu'il nous a bouffé notre prime ce fourbe !

Je n'écoutais même pas vraiment la conversation. Alegsis avait déjà dévoré toute mon énergie. Alors ce quarantenaire au style d'aventurier qui était excité comme une puce à l'écoute de ce monstre marin, je passais clairement mon tour.

- Je ... Je n'y crois pas ... Enfin ! La légende est donc vraie !

Oula, il semblait encore plus excité que jamais. Moi, par contre, j'étais au fond du gouffre. J'avais plus de jus dans mon verre et j'étais obligé d'écouter leur conversation ahurissante ...

- Je me présente, je suis Vladimir Kachmar ! Explorateur des fonds marins et expert en biologie sous-marine. Cela expliquait son accoutrement. Je n'y crois pas, c'est incroyable que vous avez vu de vos propres yeux le père des poissons-chats !

En tout cas, ces deux la semblaient bien s'entendre.

- Ma campagne est financée par un noble de Goa. Je dois impérativement lui apporter un trophée du monstre sinon il va couper les robinets ...

Gloups. A entendre ce mot "robinet" je me mis à penser à l'asticot qu'Alegsis avait exhibé une bonne partie de la journée. Souvenirs que j'aurai préféré oublier ! En tout cas, l'excitation de Vladimir avait vite disparue. L'explorateur semblait presque autant déprimé que moi.

- Mais suite a des courants marin étranges et puissants, nos plongeurs sont morts dans un accident... Bouhouhouhou, ma carrière est fichue !

Alors que le bougre était à deux doigts de chouiner, je me grattais le menton. Il y avait quelque chose qui me chiffonnait ... Et si ... Et si ...

- Et si ces étranges courants marins seraient créés par le poisson-chat ? Loin de moi l'idée de mieux connaitre la vie marine mieux que vous mon cher ... Mais une super grosse bestiole qui se trimballe sous l'eau, ça peut faire ce genre d'effet, non ?

L'auditoire était sur le cul. Je ne réalisais pas trop ce que je venais de dire. Vladimir éclata de rire. Il se demandait pourquoi il n'avait jamais penser à ça avant. Alegsis lui, me regardait avec des yeux ronds pour m'amadouer. Je compris très vite ce qu'il se passait dans sa petite cervelle.

- Arn... Euh Grimmjack !
- Alegsis, non ! C'est débile comme idée !
- Mais si !
- Mais non !


[***]

Mais si ... Je ne savais pas comment il l'avait fait, mais il l'avait fait. Alegsis m'avait convaincu de rejoindre Vladimir Kachmar sur son expédition pour retrouver le père des poissons-chats. En plus l'explorateur était ravi qu'on l'aide dans sa quête. J'étais surement trop crédule pour avoir accepter cette mission mais bon ... C'était trop tard !

J'étais pas du genre à m'éterniser sur ça ! Maintenant, il fallait aller de l'allant ! Puis la plongée en scaphandre c'était une activité que j'avais encore jamais fait ! Alors pourquoi pas en profiter ! C'était pas comme ci on allait recroiser ce monstre marin de si tôt, lui qui était si dur à trouver jusqu'aujourd'hui !

- Regardez ces oiseaux, ils suivent les courants marins pour pêcher, comme nous ! Leur déplacement semble bizarre ... On est surement sur la bonne piste !

Bon, je retirais ce que je venais de dire. Je n'aimais définitivement pas ce plan.


Dernière édition par Grimmjack le Mar 18 Avr 2023 - 14:22, édité 1 fois
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À vouloir aller de l’avant dès lors où il était question de plongée sous-marine, on tombait dans le bateau. Du moins, s’il était question de ces combinaisons de plongée comptant parmi les plus récentes qui furent ; les plus sophistiquées, celles des belles huiles du Gouvernement Mondial, celles dont on disait qu’elles étaient confectionnées « à la mode de South Blue ». Combinaisons dont on ne les gratifia évidemment pas pour l’occasion. Car toute noblesse qui fut derrière ce projet n’y allait apparemment que d’un mécénat aux émoluments très pondérés.
Confectionnés en barriques et autres tuyaux dont on ne pouvait qu’espérer qu’ils ne furent pas percés, les scaphandres, passablement artisanaux, avaient des airs de tombeaux qui ne demandaient qu’à être ensevelis profondément sous les eaux. C’est donc tout naturellement qu’Alegsis eut les yeux pétillants à les découvrir pour ce qu’ils étaient.  

- « Vous allez, messieurs, avoir le privilège de plonger dans mon tout nouveau modèle de scaphandrier. Se vantait son créateur, le visage presque tordu par la forfanterie. Je l’ai appelé le….. euh... leeeeee... »

Ne restait qu’à attendre qu’il dévoile enfin l’intitulé de ces cercueils lestés. Les secondes passèrent puis, tombant à genoux, le souffle coupé, sa gueule à moitié ouverte là d’où ne sortait aucun son, le chargé de projet enlaça les tonnelets faisant office de jambe pour l'une de ses créations avant de se laisser aller aux larmes.

- « Je leur ai pas trouvé de nom… je… je suis vraiment un ingénieur déplorable. »

De cet homme-là, la vie de deux chasseurs de primes en dépendrait prochainement, perdus qu’ils seraient au milieu d’une mer impitoyable.

- « T’as vu Grimmjack ? Riait d’un rire bienheureux l’homme dont ce même Grimmjack avait bandé kiki et cucul, celui-ci amusé qu’il était devant cette scène pathétique, le monsieur il déprime sans que je le marque de mon Coup de Blues, jeri-hi-hi. Puis, rembruni comme si soudain les ténèbres lui étaient tombés dans la caboche il le regarda en biais, ses vilaines dents serrées. Tu te souviens de mon Coup de Blues, hein ? Celui au milieu duquel tu m’avais piégé…. »

- « Tu t’étais pas piégé tout seul ? » Se souvint très pertinemment son rival d’alors.

Grimmjack, pour l’heure, allait partager son sort entre celui d’un abruti rancunier et d’un scientifique dont on devinait aisément pourquoi ses financiers étaient disposés à lui ôter ses crédits. Simulant l’entente cordiale, Alegsis, avec cette condescendance cullotée qu’on supportait d’autant plus mal lorsqu’elle venait de crétins de son engeance, tapota le dos de son partenaire.

- « Allez, va, déclara-t-il en ayant très ostensiblement fait la sourde oreille à la dernière remarque de l’embaumé, je t’en veux plus. C’est du passé. »

Il n’en finissait pas de tapoter le dos de son camarade, frappant chaque fois un peu plus fort comme le flagelle de la queue d’un chien enjoué. Mais ce corniaud si, c’était de rancune qu’il persistait dans ses assauts « amicaux ».

- « Arrête. »

- « Pardon. » Se soumettait-il aussitôt avant de lui asséner un petit regard assassin que personne n’eut pu prendre au sérieux tant ses yeux n’exprimaient que la bouffonnerie dont il était fait.

Débonnaire – et surtout pressé de rafler sa prime – Alegs posa ensuite une main compatissante sur l’épaule du biologiste resté effondré.

- « Vous inquiétez pas monsieur le plorateur… » initia l’analphabète avant d’être aussitôt corrigé.

- « « Ex »plorateur. »

- « Non, non. Assura alors l’imbécile très sûr de lui. Il est toujours plorateur. »

Il fallut un certain temps avant que Grimmjack – encore peu initié à l’insondable idiotie de son associé – comprenne que son comparse estimait que le « ex » dans « explorateur » tenait à un préfixe. La bêtise, parfois, pouvait provoquer des vertiges plus vifs encore que de devoir regarder les abysses droit dans ses tréfonds.

- « Je disais donc… ah oui. Vous inquiétez pas monsieur le PLO-RA-TEUR, articula-t-il distinctement en adressant un regard de sous son chapeau à Grimmjack, moi je vais vous leur trouver un nom à vos cendriers. »

- « Scaphandriers, Alegs. Ça s’appelle des scaphandriers. » Prêchait alors son acolyte au beau milieu du désert.

- « On va appeler ça, persistait Alegsis, manifestement au-delà de toute règle incombant à la grammaire, des Tonneaux-sous-l’eau. »

Cessant de hoqueter, le « plorateur » leva la tête vers son sauveur avant de lui demander timidement :

- « C’est pas un peau long ? »

- « Pas si on le prononce vite ! » Répliqua  Alegsis de son insolente pétulance une fois que celui-ci eut fait usage d’une infinie sagesse qui le caractérisait si bien.

- « Va pour les Tonslo alors ! »

Fiers d’eux, scientifique et chasseur de primes se frappèrent dans les mains après les avoir dressées chacun au-dessus de leur tête. Ils avaient baptisé ce qui ne nécessitait pas de l’être et n’avaient pris que dix minutes pour ce faire. Dix minutes de vie que Grimmjack ne retrouverait jamais et dont il avait probablement souffert à chaque seconde, irradié qu’il fut par la connerie pure émanant de ses associés.

Le feu vert accordé, Alegsis s’était rué sur l’une des combinaisons dont il se faisait par avance un plaisir de la revêtir. C’était, après tout, le rêve de tout gosse de porter un jour une armure. Quand bien même celle-ci ne fut principalement faite que de tonnelets.
Les chasseurs de primes, ainsi affairés l’un et l’autre à s’engouffrer dans ces boîtes curieuses, furent pendant ce temps gratifiés des fanfaronnades de leur créateur.

- « Les Tonslo sont équipés d’une lanterne dont le verre est étanche pour y voir même dans les profondeurs les plus abyssales. Qui plus est – et ça j’en suis drôlement fier – il possède un réservoir d’oxygène de deux heures pour que vous soyez parfaitement autonomes. »

Grimmjack n’eut que peu de mal à se laisser garnir une fois engouffré dans la boîte. Alegsis quant à lui, fut fidèle à ce qu’on pouvait attendre d’un si fabuleux crétin.

- « Il est bien votre cendrier, prof, je dis pas. Mais j’ai l’impression qu’on voit rien à travers. »

- « C’est parce que tu l’as enfilé à l’envers. » Accusa dépité son confrère qui, à travers le hublot d’Alegsis, ne vit qu’une nuque recouverte par un chapeau.

Soucieux de corriger l’impair, ne serait-ce que pour mieux y voir à travers sa combinaison, le niaiseux se contorsionna dans son scaphandrier afin de s’installer en bon ordre. Sollicitant son partenaire afin de savoir si le tort avait été corrigé, ce dernier vit cette fois apparaître une paire de fesses de derrière la lucarne.

- « Et là, c’est bon ? » Demanda sincèrement le nigaud avant que Grimmjack ne secoua violemment sa combinaison jusqu’à ce que son imbécile de binôme eut cette fois les yeux en face des trous et non plus l’inverse.

Fin prêts à l’aventure, quoi qu’un peu sonné pour Alegsis, le professeur les saisit à la main pour les traîner jusqu’à son embarcation, qu’enfin démonstration fut faite que ses prototypes furent efficients. Car il avait des doutes sur la question ce bon monsieur. Néanmoins, il jugea bon de ne pas en avertir ses cobayes. Il fallait bien que la science avance après tout. Deux chasseurs de primes, au fond, c’était peu cher payé pour attester de malfaçons dans la combinaison.

- « Pourquoi t’as emporté ton pinceau ? » S’interrogea raisonnablement Grimmjack tandis que tous ramaient en rythme.

Alegsis avait en effet emporté avec lui son arme de prédilection ; ce pinceau haut d’un mètre-cinquante avec lequel il avait donné jadis à Alegsis tant de fil à retordre.

- « La peinture va se diluer toute seule sous l’eau, ça te sert à rien. »

- « Maiiiiiiiiis non, ricanait presque avec suffisance le principal intéressé, apparemment persuadé qu'il était du contraire, tu connais rien à l’art. »

Ce n’était pas tant une question d’art que de principes physiques élémentaires. Du même genre de ceux qu’un nouveau-né pouvait appréhender bien assez tôt, mais qu’Alegsis n’avait manifestement pas encore intériorisé.
À trois, ils avaient finalement ramé suffisamment loin des côtes de Fushia pour se laisser aller à quelques explorations sous-marines que tous, à terme, espéraient lucratives.

- « J’ai pris soin d’équiper un escargophone dans chaque combinaison, les avertit enfin leur chef d’expédition, ce sont des vieux modèles, alors ne vous éloignez pas trop l’un de l’autre si vous souhaitez continuer à communiquer. »

- « Bonnard. Se réjouit Alegs tout excité de sa première incursion en eaux profondes. Et du coup, comment est-ce qu’on fait pour plong… »

La réponse, à Alegsis comme à Grimmjack, leur parvint l'un à l'autre avant que la question fut posée. Le professeur, en effet, les avait bousculés d’un coup de pied chacun afin de les faire passer par-dessus bord. Savait-on jamais, des fois que ses plongeurs eurent un soudain cas de conscience, il avait préféré leur épargner l’indécision. Un homme scrupuleux que celui-ci.
Pour le moins surpris de la procédure, les plongeurs, après en être littéralement tombés à la renverse, s’adonnèrent malgré eux à quelques acrobaties sous-marines avant de se retrouver finalement dans le bon sens. Chose relativement malaisée sous l’eau, là où les repaires sensoriels étaient pour le moins chamboulés.

- « Tu vois quelque chose ? » Demanda le bandelé à son compère, maintenant que l’investigation sous-marine allait commencer pour de bon.

- « Y’a de l’eau partout, Grimmjack ! Même au fond de la mer ! » S’ébaudissait son binôme occupé à tourner dans tous les sens.

Hélas pour Grimmjack, celui-ci ne pouvait pas couper les communications.
Les courants marins au milieu desquels ils se trouvaient y étaient houleux. Il fallait sans cesse battre des bras et des jambes afin de s’extraire à la volonté farouche de les perdre. Et pourtant, aucune intempérie n’était à déplorer à la surface. À bien y regarder, on eut cru le siphon laissé par un mouvement brusque dans l’eau. Un mouvement récent ; un mouvement proche.

Perdu qu’il était dans ses cabrioles sous-marines, Alegsis n’avait pas vu venir la masse qui s’était discrètement approchée d’eux. De ses écailles sombre dont la nature l’avait doté afin de se camoufler dans l’eau, le monstre, à la gueule longue et étendue sur bien quinze mètres, flottait délicatement, comme se laissant mouvoir par un très lent courant ascendant, jusqu’à se retrouver à barboter devant ces petits messieurs qui, comparativement à lui, étaient gros comme des asticots.
Dérangé qu’il fut par les ondes de ces vieux modèles escargophoniques utilisés pour communiquer sous l’eau, le poisson-chat de la légende, non loin des eaux tumultueuses dont il avait été le responsable, n’avait pas tardé à poindre dans le silence le plus oppressant qui soit.

- « Ah te voilà toi, n’avait trouvé qu’à réagir un certain débile flottant la tête à l’envers. Faisant mine de se remonter les manches bien que sa combinaison en fut dépourvue, Alegs se sentit prêt à en découdre quand tout, en réalité, aurait dû l’intimer à plus révérencieuse humilité qui soit. Bon, adressait-il cette fois à l’intention de Grimmjack, voilà mon plan ; moi je lui casse le nez et toi, tu le frappes aux genoux. On fait comme ça ? »

On ne ferait pas comme ça. Ni autrement d’ailleurs. Car il suffît à la bête qu’elle ouvrit sa large gueule dépourvue de dents pour qu’un appel d’air y engouffre la flotte environnante ; celle-là même où y barbotaient deux chasseurs de primes qui, sans coup férir, ne tardèrent pas à être happés dans le large estomac de la bête, là où des galions mités et couverts de bernacles y étaient, pour certains, restés logés depuis des siècles.
La déglutition accomplie, l’eau s’écoula afin que ne demeurent dans la panse que les amuse-bouche, ceux-ci finalement laissés au sec bien que toujours immergés sous les eaux.

S’étant échoués lamentablement dans le gosier du poisson-chat, affalés de tout leur long sur une paroi organiques où les débris y étaient pléthoriques, Grimmjack et Alegsis avaient fait florès par-delà leurs espérances. Il y avait prétexte à s’alarmer, du moins à s’inquiéter de son sort, quand les squelettes éparses, à portée de là où éclairait leur lanterne à chacun, y grouillaient par dizaines.
Leur esprit à nouveau en place, un brin chamboulés de tous ces rouleaux aquatiques dans lesquels ils s’étaient laissés gober piteusement, Alegsis – hélas pour la santé mentale de son partenaire – fut ainsi le premier à prendre la parole.

- « T’as vu ? Demandait-il ingénu, comme si rien de franchement spectaculaire venait de leur arriver. Y’a de la lumière là-bas. Eh oh ! »

- « Arrête de dire n’im… eh mais t'a raison. »

Dans l’antre de la bête, à vue de lanterne, on ne pouvait apercevoir les alentours qu’à cinq mètres à la ronde. Aussi, qu’une lueur remarquablement perceptible fut si aisée à voir au loin intima les deux compères à s’y rendre. Les incongruités n’en finissaient apparemment pas de se succéder.

Technique évoquée:


Dernière édition par Alegsis Jubtion le Dim 16 Avr 2023 - 12:08, édité 1 fois
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    Depuis son départ du Royaume de Bliss, sur South Blue, le pèlerinage de Kant avait pris une drôle de tournure. Son cœur ingénu avait encore fait des siennes et il était tombé amoureux d’une demoiselle dont la beauté n’avait d’égal que la vénalité. Après avoir passé quelques jours à ses côtés en profitant de son porte-monnaie, l’élégante petite sournoise eut la bonne idée de conclure un marché avec des pirates tout aussi avides qu’elle. Son plan était simple : en lui faisant miroiter la révélation de ses courbes, elle attirerait Kant dans un endroit discret et isolé, où les pirates embusqués surgiraient pour s’emparer de sa bourse bien remplie. Seul bémol, l’astucieuse demoiselle omit alors que les promesses n’engagent que ceux qui les croient. Profitant de l’absence de témoin, les forbans s’emparèrent à la fois de Kant, mais aussi de sa fictive dulcinée, car ils baignaient dans le commerce d’esclaves et ne se privèrent pas de deux lots pour le prix d’un.

    Le pauvre Kant pleurait beaucoup. Il s’en voulait de n’avoir pas pu protéger sa promise, sans se douter un seul instant qu’elle était à l’origine de leur mésaventure. Enfermé dans la cale d’un bateau voguant sur des flots inconnus, le pauvre bougre n’avait même pas de quoi se divertir l’esprit, car ses bouquins et tous ses effets lui avaient été confisqués. Au bout de quelques jours, peut-être quelques semaines, une catastrophe survint. Du fond de sa cale, Kant entendit un brouhaha infernal venant du pont, des cris stridents et désespérés fendaient le silence tandis que le navire tanguait dangereusement. Soudain, les hurlements laissèrent la place à un silence pesant. Puis, tout d’un coup, Kant sentit le navire chavirer et son pot de chambre se renversa sur lui. Il n’eut que le temps de vomir avant s’apercevoir que les planches du navire craquelaient, que l’eau s’engouffrait de toute part et la cale fut plongé dans l’obscurité totale. Le navire pirate venait de se faire engloutir par un monstre marin.

    Lorsqu’il ouvrit les yeux, Kant remercia le ciel d’être encore en vie. Le ciel, d’ailleurs, n’était plus là, une inquiétante pénombre régnait tout autour de lui et un parfum fétide régnait dans l’air. Il crut d’abord cela dû à la merde dont il eut été aspergé lors du désastre, mais il comprit avec effroi que l’odeur n’émanait pas de lui. Sous ses pieds, le sol était visqueux et gluant et tout autour de lui s’étendait un environnement hostile et étrange où le silence le plus pesant régnait, rompu uniquement par les gouttes d'eau qui tombaient à intervalles réguliers. Tâtonnant à l’aveugle dans l’obscurité étouffante, Kant aperçut la carcasse brisée du navire qui le transportait, gisant au milieu d’autres décombres paraissant plus anciens. Il n’y avait plus aucune trace des pirates ou de leur cadavre, ni même de sa dulcinée. En fouillant un peu, il tomba nez à nez avec son énorme sac et il remercia le ciel une fois de plus, car ses affaires semblaient toutes là. Un peu plus loin, sous un amas de planches pulvérisées, il tomba sur un inestimable trésor : une caisse remplie de bouteilles de rhum.

*

    Qui sait combien de temps s’était écoulé depuis ce jour tragique où le gigantesque poisson chat de légende s’était emparé du destin de Kant ? Privé de tout contact avec la lumière du jour, ce dernier n’en savait rien. Dès l’instant où il trouva les bouteilles miraculeusement intactes au cœur des décombres, le jeune sculpteur s’enivra sans discontinuer, tentant en vain de noyer son désespoir. Il avait installé une table de fortune, sur laquelle il avait étendu un morceau de toile en guise de nappe. Au centre, il avait posé sa précieuse lampe à huile qui éclairait très faiblement les entrailles du monstre marin. Puis, il avait disposé çà et là des couverts abîmés récupérés dans la carcasse du navire échoué. Autour de cette table, il y avait sa chaise. Et celles de ses trois convives : un crâne ancien, un foulard rose et une poulie, respectivement nommés Crânus, Elisabeth et Poulivert. La solitude lui seyait si mal que le pauvre Kant s’était réfugié dans la folie.

    Un jour, tandis qu’il venait de se disputer avec Crânus en raison de ses paroles inconvenantes à l’égard de la sublime Elisabeth, Kant prit congé de ses invités et s’isola. Il ne lui restait plus qu’une seule bouteille de rhum et cela l’inquiétait beaucoup, il ruminait sans cesse à ce propos. Avec qui donc partagerait-il ses dernières lampées ? Car si Poulivert était incroyablement drôle et généreux, la galanterie imposait qu’Elisabeth soit privilégiée. Le pauvre en vint à se ronger les ongles jusqu’au sang, obsédé par ce cruel dilemme. Soudain, une secousse familière se fit sentir. Habitué à ce phénomène, Kant saisit que son hôte s’apprêtait à ouvrir la gueule pour gober une proie. D’un bond, il se dirigea vers sa petite table, s’empara de sa bouteille, de la lampe, de Crânus, d’Elisabeth et de Poulivert, puis se tint prêt. Comme prévu, un bruit sourd parvint jusqu’à ses oreilles et une puissante vague submergea un temps l’intérieur du monstre marin, emportant la table sur son passage, avant que l’eau ne s’évacuât naturellement.

« On l’a encore échappé belle ! » dit Kant se parlant à lui-même.

« Oui, grâce à vous, mon petit Kant au sucre, se répondit-il avec une voix efféminée. Mais notre belle table n’est plus ! »

« Vous n’aurez qu’à la redresser ! » s’exclama-t-il avec une voix grave et grinçante.

Il continua ainsi à dialoguer tout seul, alternant différentes voix pour se répondre, car lui et ses convives essayaient de déterminer qui devrait redresser la table. Pour éviter tout nouveau conflit, Kant se proposa de le faire. À peine eut-il déposé la lampe sur la nouvelle table que le son d’une voix humaine retentit. Une voix n’appartenant ni à Kant ni à aucune de ses convives. Puis, une nouvelle voix sembla répondre à la première.

« Mon Dieu, qui sont-ils ? » lança Elisabeth.

« Des voleurs ! Ce sont des voleurs, s’exclama Crânus. Ils sont là pour Elle ! Ils sont venus chercher la dernière bouteille ! »

Un frisson parcouru l’échine de Kant. Il ne semblait pas convaincu par les propos de Crânus, mais ce dernier insistait tant qu’il finit par le croire.  

« Kant ! Il faut les tuer, vite ! asséna Crânus. Sinon, il s’en prendront à nous et la voleront ! »

Kant hésitait. Il tenta de quérir l’avis d’Elisabeth et de Poulivert, mais ces derniers restaient muets. Seul Crânus martelait ses injonctions, encore et encore. Kant jeta un œil sur sa dernière bouteille et comprit : rien au monde n’avait plus de valeur qu’Elle, Crânus avait raison, ces voleurs étaient là pour s’en emparer. Il prit alors son courage à deux mains.

« Restez ici et surveillez notre Trésor, je m’occupe d’eux ! »

Avec furtivité, Kant se déplaça dans la pénombre en direction des deux intrus. En écoutant le son de leurs voix, il évalua leur distance, puis déposa discrètement trois pièges à mâchoires tendus au sol. Se faufilant derrière un amas de débris, il attendit patiemment. Muni de ses ciseaux, il profiterait du moment où les voleurs marcheraient sur les pièges pour leur sauter à la gorge et ainsi protéger ses camarades et leur précieux Trésor.


Dernière édition par Kant le Mar 18 Avr 2023 - 16:11, édité 1 fois
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Le ventre de la bête

Pas trop emballé, Grimmjack fini par faire de la plongée avec son camarade Alegsis pour le compte d'un explorateur sous-marin. Leur but : retrouver le légendaire poisson-chat. Le hic : ils l'avaient trouvés, bien plus vite que prévu.


Gloups. Je me demandais encore pourquoi j'avais suivi Alegsis et ses idées absurdes. Encore plus quand je finissais avalé tout cru par un poisson gigantesque. Mon épopée de plongeur sous-marin s'était terminée plus rapidement que prévu.

Alors que je me pensais mort, une odeur nauséabonde me chatouillait les narines. Une odeur et une voix. Celle d'Alegsis. Bordel, il m'avait suivi jusqu'au paradis ??! Ah non ... On était tout simplement pas encore mort. La paix, c'était donc pas pour tout de suite ...

En ouvrant les yeux, je compris ou j'étais : dans le ventre de la bête ... Et c'était fabuleux ! J'étais carrément excité par cette découverte fantastique, oubliant même le danger mortel qui nous guettait ! Son estomac était un véritable cimetière d'épaves ! Il y avait des galions de toutes tailles, de toutes horizons et de toutes époques ! On se serait presque cru dans un musée à ce stade ! Outre la tonne d'ossements qui gisait sur le sol - et qui me déplaisait pas tant que ça au final - le décor était magnifique !

J'étais comme un gamin dans un magasin de jouets ! Toutes ces bribes d'histoires entremêlées et réunies au même endroit me faisait oublier la tournure des évènements ! Je commençais alors à me gambader dans l'obscurité sans se soucier de l'urgence de la situation. Mes yeux pétillaient comme une nuit étoilée quand Alegsis m'interpella.

- Arrête de dire n’im… eh mais t'a raison.

Oui oui, il avait bel et bien raison ! Une lumière scintillait au loin ! Comme un phare dans la nuit pour nous guider ! Tel un moustique attiré par une lampe, je m'approchais de cette dite lumière sans me rendre compte ! C'était plus fort que moi, je n'y pouvais rien. Et tel un moucheron se cramant les ailes dans la flamme d'une bougie, une étroite mâchoire d'acier se referma sur ma jambe, me réveillant ainsi de mon état quasi hypnotique.

- AIIIIIIIIEEEEEEEE ! AIIIIIIIEEEEE ! C'EST UN PIEGE EN FAIT ! COMME LES GROS POISSONS-LANTERNES ! ON VA TOUS MOURIR ! Ah bah non ça fait pas si mal au final...

J'avais clairement fait la drama queen... Et non ! Ce n'était pas une attaque de poisson-lanterne ! De toute façon, à bien y réfléchir, un monstre-marin qui vivait dans l'estomac d'un autre monstre marin c'était peu probable .... Non ? J'essayais tant bien que mal de me rassurer ...

Mais pour le coup, la mâchoire n'avait rien d'organique. Elle ressemblait plutôt à un piège à loup .... Et j'avais posé le pied dessus comme un bleu. Si j'étais un lapin dans une autre vie, je ferai pas long feu, pour sur ! Heureusement, la superbe combinaison Tonslo m'avait protégée. Ainsi la mâchoire d'acier c'était agrippé à la protection en bois sur ma jambe, l'abimant elle mais pas ma chair. Ouuuuuuf, au final, plus de peur que de mal !

Alors que je tentais de retirer avec ardeur cet engin plus que pénible, une ombre s'approcha de moi. Quand je la remarqua, elle n'était plus très loin. Pas assez pour que je puisse précisément l'observer, mais bien trop proche pour m'en rendre compte. Je ne pu retenir qu'une seule et unique chose ! Cette même chose qui me sauta directement aux yeux et qui prouvait que cet humanoïde en face de moi n'avait en rien l'aspect d'un gentil. Cette chose, c'était clairement ses oreilles, longues et pointus comme dans les comptines qu'on me chantait enfant !

- GYAAAAAAAAAAAAH

Je prie alors mes jambes à mon cou. Me sauvant le plus vite possible. En réalité, je traînais encore ce foutu piège à la noix comme un boulet ce qui rendait ma course plutôt lente et hasardeuse. Parce qu'un boiteux ne concurrencera jamais un athlète ...

- Alegsis ! Alegsis ! C'est ... C'est ...

La peur m'empêchait de parler. Je m'étais caché derrière mon camarade. Non pas qu'il était assez fort pour me protéger, mais plutôt car si cette chose devrait s'en prendre à nous, j'osais espérer balancer l'ahuri pour qu'il se fasse becter en premier !

- C'est un zombi-vampire ! Regarde son visage rachitique et ses longues oreilles pointues ! Il n'y a aucun doute ! On va tous mourrir !

Alors que je tremblais en pointant du doigt la chose qui s'approchait de nous - oui maman tu ne m'avais pas éduqué comme ça - je poussais tant bien que mal Alegsis pour me protéger du monstre.
C'est vrai quoi ! Après tout, un monstre marin vivant dans l'estomac d'un autre monstre marin, c'était peu probable ... Mais qu'il y avait un zombi-vampire, ça l'était bien plus !
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Apparemment lancés à corps perdu dans le concours du plus parfait débile d’East Blue, deux chasseurs de primes se disputaient âprement le titre à tout deux rivaliser d’inepties comme ils le faisaient si bien. Le contexte œuvrait pour beaucoup à paver la voie de leur circonspection, l’imagination combla alors maladroitement les trous laissés par le mystère stomacal qui, au fond de l’estomac d’un monstre marin, y avait la part belle.

- C’est pas un zombie-vampire-homme-poisson. Assurait gravement le plus crétin des deux, emprunt d’une sévérité qu’on ne lui connaissait pas.

- J’ai jamais parlé d’homme-p…

- C’est mon copain Tank ! Concluait Alegsis après avoir laissé derrière sa précédente assertion un temps de silence dramatique qui fut de toute manière défloré par son acolyte.

Cet homme-ci qu'ils venaient de trouver, avec ses ciseaux saillants et une gueule de déterré, laissait à penser qu’il avait occupé ses derniers jours à cuver de la vilaine gnôle en bien mauvaise compagnie : la sienne. Alegsis et lui, il y a des semaines de cela, s’étaient quittés à regret après que fut scellé entre eux une amitié indéfectible.
Considérant la propension qu’avaient l’un et l’autre à s’embourber dans les pétrins les plus improbables, qu’ils se retrouvèrent dans la panse d’un poisson-chat n’eut finalement rien de si étonnant. Alegsis, en tout cas, accueillait la retrouvaille comme si celle-ci fut advenue au coin d’une rue. Une rue qui, présentement, sentait la marée, le poisson mort et les relents digestifs acides. Odeur qui ne parvenait à aucun des deux chasseurs de primes, ceux-ci étant restés prudemment emmitouflés dans le ramassis de barriques qui leur faisait autant office d’armure que de scaphandrier.

Sans se faire attendre – car c’était tout de même de son meilleur ami dont il s’agissait – Alegsis se rua sur le zombie-vampire présomptif avant de le couvrir d’une gratification amicale envahissante dont il avait le secret. Se jetant presque sur le nabot avec son scaphandre d’un quintal, il le serra aussitôt dans ses bras comme on le ferait avec un chiot. Kant, cependant, repoussa son affection, usant de ses ciseaux pour attaquer les tonnelets servant à lui protéger les bras de son assaillant.
Si la douleur ne parvint pas à l’épiderme d’Alegsis, celui-ci, la bouche tremblante et les yeux mouillés, se retourna vers Grimmjack.

- Mon copain est devenu mécha~aaant...

- C’est parce qu’il a été mordu par un zombie et un vampire que je t'ai dit  - faut tout t’expliquer à toi..

Sans ménagement aucun, l’ami éconduit jeta Kant comme on aurait jeté un chiot. Du moins… comme Alegsis l’aurait fait dans de pareilles conditions. Ce qui n’était pas un comportement des plus correct, il est vrai. Encore moins entre meilleurs amis.
Il l’avait entendu grommeler son copain, changeant de tons dans la voix et même de posture d’une phrase à l’autre, tant et si bien qu’on l’aurait cru possédé. Grimmjack, peut-être, échafaudait-il déjà l'hypothèse que le zombie-vampire, en plus de tout, était aussi possédé par le démon. Alegsis, en ce qui le concernait, usa de ses méninges amorphes afin de comprendre le pourquoi du comment. Il n’était pourtant pas l’élément le plus perspicace qui fut en ce bas monde, mais l’amitié lui commanda un sursaut d’intelligence improbable.

- Attends… je pense qu’il a trois personnalités en plus de la sienne. Détermina-t-il de nulle part. L’une qui s’appelle Crânus – scélérat ! - une qui s’appelle Poulivert et enfin… la charmante et sexy – super sexy ! - Elisabeth, achevait-il en adressant un clin d’œil grossier et libidineux à son meilleur ami avant de se passer une langue sur ses lèvres inexistantes.

Qu’il fit preuve d’une sagacité aussi confondante en un temps si court outrepassait de loin l’entendement ou même le miracle. Comme si l’absurde dont il était fait des pieds à la tête avait répondu en écho au caractère insensé de la situation par une résonance aussi mystique qu’improbable – une congruence des imbécilités en somme – Alegsis comprit instantanément la situation en dépit de ce qu'elle avait d'invraisemblable en faisant montre d’une clairvoyance purement surnaturelle. Le pouvoir de l’amitié, quand les circonstances l’exigeaient, se matérialisait parfois sous les formes les plus saugrenues.

Passé le temps de silence embarrassé qui s’imposait quand de pareilles hypothèses étaient soutenues à voix haute, il se trouva finalement quelqu'un pour briser le consensus de la stupéfaction désabusée.

- Non. Je pense que mon hypothèse est la bonne. N’en démordit pas son partenaire de plongée sous-narines ; celles du poisson chat qui les avait si aisément gobés.

Alegsis le savait néanmoins : il avait raison. C’était un homme prodigieux que celui-ci, car il se savait systématiquement dans le vrai, même empêtré dans l’erreur jusqu’au cou. Pour une fois cependant, il avait eu effectivement raison de soutenir une hypothèse dont le caractère déraisonnable frayait de peu avec la folie furieuse. Cette même folie à laquelle Kant fut apparemment en proie.
Le docteur Jubtion, fermement résolu à soigner son copain, se rua une fois de plus sur ce dernier, mais cette fois, sans l’intention de le câliner. En attesta le coup de poing fulgurant porté depuis les prothèses de bois situées à l’extrémité de ses mains.

- Je laisserai personne faire du mal à mon copain, Crânus ! Jurait-il ses grands dieux tandis qu’il fit pleuvoir les gnons sur son compère.

Rien qu’à la manière dont Kant contractait son visage, Alegsis pouvait lui deviner une personnalité. Ils étaient amis à ce point-là. Sa réprimande musclée prit fin lorsqu’il aperçut enfin un visage plus avenant au milieu des bosses qu’il avait engendrées.

- M...miss Elisabeth ! La sollicita-t-il les joues soudain empourprées de s’adresser à si belle dame, dites-moi par où ils sont partis !

« Ils », car Poulivert était aussi dans le coup après avoir si bien caché son jeu. Le deux-là ne devaient sans doute pas être bien loin dans la mesure où Alegs tenait Kant entre les doigts de bois de son armure. À poser ce genre de question stupide et à si bien entrer dans le jeu d’un homme rendu fou par la solitude – et accessoirement l’alcool – Alegsis, en faisant étalage de son idiotie ainsi exprimée au naturel, s’imposait malgré lui comme le plus dingue des deux. Les traits du visage de son copain lui apparurent finalement.

- Tank, c’est moi ! Tank ! Je suis venu te sauver ! prétendait-il sûr de lui après avoir pourtant roué de coup son meilleur ami. Tank ! Tank ! Insistait-il désespérément. Regarde, Tank, Je suis un robot. J'ai une armure chouette et pas toi ! Regarde !

S’il s’était tant obstiné à le faire revenir à lui, c’était avant tout pour lui montrer sa combinaison, espérant ainsi le rendre jaloux d’une armure aussi rutilante que la sienne. C'étaient aussi ça les copains.

Ils étaient alors trois hommes perdus au fond d’un roi des mers et, jusqu’à présent, ceux-ci ne s’étaient affairés qu’à gloser sur les zombies-vampires, à se vanter de leur scaphandrier, ou à boire comme un trou. Tout prêtait à croire, compte tenu des circonstances, que pas un seul ne ressortirait de la bête en vie. Et peut-être était-ce d'ailleurs heureux pour l’ensemble de l’humanité qui, privée de ces trois éléments, ne s'en porterait que mieux.


Dernière édition par Alegsis Jubtion le Mar 25 Avr 2023 - 17:46, édité 1 fois
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    Tandis qu’il encaissait les gnons de son meilleur copain, Kant semblait toujours submergé par la folie. Tour à tour, ses différentes personnalités émergeaient du néant pour insulter, séduire ou mordre Alegsis. Soudain, ce dernier se mit à l’appeler, et le timbre de sa voix, mêlée à la mauvaise prononciation de son prénom, extirpa Kant des méandres de sa folie passagère ; il était sauf. Son regard se perdit dans les profondeurs obscures des narines du chasseur de primes, et ses yeux s’embrumèrent. L’émotion et la honte le saisirent et il se redressa avec un mouvement de recul.

« JUBTION ! cria-t-il enfin, bondissant sur son ami. L’épaisse combinaison de bois l’empêchait d’enlacer son sauveur comme il l’aurait tant souhaité. C’est bien toi ! Tu es venu pour me sauver ! Tu es le plus incroyable ! Le plus téméraire ! Le plus… Viens, j’ai un truc pour toi ! »

À ces mots, Kant entraîna Alegsis en le tirant par son bras de bois et l’invita à s’asseoir à la table qu’il venait de dresser. Débouchant sa dernière bouteille de rhum, il remplit une petite coupole fissurée et la tendit à son ami, avant d’étancher sa soif par le goulot. Ainsi, ils trinquèrent et conversèrent à propos de tout et de rien, se bidonnant comme s’ils étaient assis au comptoir d’un bar et non dans la bouche d’un monstre marin. Après quelques instants, Kant jeta un œil par-dessus l’épaule d’Alegsis.

« C’est quoi, cette grande bête derrière toi ? » s’interrogea Kant à propos du pauvre Grimmjack qui tentait tant bien que mal d’écarter les mâchoires du piège qui lui rongeait le pied.

Comme il le craignait, il s’agissait d’un « ami » : la concurrence, en somme. Malgré l’intense jalousie qu’il éprouvait à son égard, Kant consenti à desserrer l’étreinte de son piège et libéra le chasseur de primes. Quand il se redressa, il remarqua que ce « nouvel ami » d’Alegsis était bien plus grand et bien plus imposant que lui, surtout avec sa combinaison. Sa jalousie n’en fut que plus importante.

« Bon, comment est-ce que tu comptes sortir le grand Néreu Picassiette d’ici ? » lança Kant à Alegsis, avec un clin d’œil complice. Il se surnommait ainsi pour raviver des souvenirs communs et témoigner de sa complicité avec son meilleur copain, espérant de tout cœur que la grande échalote se sente de trop.

Les chasseurs de primes expliquèrent alors leurs intentions de poursuivre leur investigation dans les profondeurs du monstre marin. Kant fit d’abord mine d’écouter, mais à mesure qu’il vidait sa bouteille, son esprit s’embrumait et finalement, il ne retint rien. Il acquiesça avec un grand sourire, puis fit don aux explorateurs d’entrailles de deux lampes à huile qu’il avait récupéré dans la carcasse des navires. Soulevant son sac sur ses épaules, il les invita à poursuivre leur route dans l’obscurité. Alegsis allait en tête, suivit de Grimmjack et Kant fermait la marche. Dès l’instant où ils se mirent en route, Kant s’adressa à la grande échalote qui le devançait, murmurant assez fort pour qu’il l’entende à travers son scaphandrier.

« C’est pas parce que *buuurp* tu fais deux cents mètres de haut que t’es plus mieux que moi, et t’inquiète qu’on va t’oublier ici ! »

À ces mots, Kant plaça sa jambe en travers de Grimmjack et le poussa violemment vers l’avant pour le faire tomber. Au même moment, un grondement sourd survint : la bête marine ouvrait à nouveau la bouche pour gober quelque chose, de violentes secousses et une marée soudaine étaient à prévoir.
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Par devant ou par derrière

Les deux héros-explorateurs-sous-marins-aventuriers affrontaient une nouvelle menace ! Non, ce n'était pas un poisson dans un poisson, mais bel et bien une espèce unique au monde et particulièrement dangereuse : un zombi-vampire ! Quoiqu'à y regarder de plus prêt, peut être pas ...


J'assistais à une scène effroyable. Alegsis devait avoir subit un coup dans le crâne pour prétendre que cette créature mystique et dangereuse était encore son ami ! Et voila qu'ils se battaient maintenant ! Après plusieurs échanges de coups, le vermisseau semblait avoir repris la raison. Et moi, bouche-bée, je regardais sans dire un mot, avec un piège au pied...

J'observais d'un oeil attentif notre nouvel ami. C'est vrai quoi, qui dit qu'il était totalement guéri de la maladie des zombis-vampires ! Alors même s'il détacha son piège de ma cheville, je restais sur mes gardes. Puis il croyait que je l'avais pas entendu quand il murmurait à mon égard ! Petit malpoli va ! Mais bon, c'était surement les effets de l'alcool ...

-Oups. J'ai surement trébucher sur un truc riquiqui. Nyahaha.

Ca, c'était ma petite vengeance pour sa tentative ratée.

Alors que notre trio allait surement dégénérer, nous fîmes sauver par le gong. Sauver, c'était un bien grand mot. Car quand un Tsunami d'eau de mer remplie l'estomac, nous emportant avec, on semblait tout sauf sauvé.

- Blurp ! Hey ohhhh, vous êtes ou les copains ?

Enfin LE copain, et l'autre la.
La vague nous avais séparé. Je me retrouvais isolé dans le noir complet. Non pas que j'avais peur de l'obscurité, mais se retrouvé seul dans un milieu hostile comme celui la était pas vraiment apaisant pour le coup. L'eau disparaissait petit à petit laissant place à une mer de poissons morts. Je me sentais bête, des poissons dans des poissons, ça existait vraiment alors ...

C'est vrai quoi ! Ce monstre vivait dans la mer, il devait bien bouffer d'autres poissons pour manger ! Mais je me demandais encore comment il arrivait à digérer tout ceci dans son estomac ... Au milieu des épaves et traversant les âges, seul les matières non organiques semblaient avoir survécus ...

Et je compris pourquoi ! A l'instant ou les pores de l'estomac recrachèrent doucement mais surement un fluide fluorescent dégageant une forte odeur d'acide. Les carcasses des poissons fondaient au fur et à mesure que le liquide montait.
C'était sans aucun doute ses sucs gastriques ! Avec leurs couleurs fluorescentes, j'assistais à un spectacle magnifique, mais mortel ! La montée des sucs permettait de voir tout l'intérieur du ventre. Alors pour me protéger, je grimpais sur l'épave la plus proche de moi. Cette position en hauteur et la lumière apporté par les sucs gastriques me permettaient de voir mes collègues au loin.

- Youhouuuu ! Je suis la ! Criais-je accompagné d'un grand signe de la main.

J'attendis quelques temps que le niveau de l'acide baisse pour qu'il soit bientôt totalement digérer par l'estomac, recrachant une marée d'arêtes derrière lui. C'était le moment de descendre de mon perchoir ! La luminosité allait totalement disparaitre en même temps que l'acide, il fallait faire vite !

De mon long corps élancé je parti en direction de mes compatriotes ... Et tomba à la ramasse. Mince, cette fois-ci, j'avais vraiment trébuché sur quelque chose ! C'était un petit coffre en bois, protégé par un squelette inerte. Hmmmm ... Mon instinct d'aventurier reniflait le trésor ! J'ouvris alors le coffre, étoiles dans les yeux, avant de me rendre compte qu'il n'y avait qu'un bout de cuir noir avec des écritures brodés dessus. Raaah, ça ne semblait pas de grande valeur ... Quoique ce cuir était de la même sorte que ma cape. Il me serait utile pour recoudre des trous ! Je le glissa à l'intérieur de ma combinaison et parti rejoindre les autres, en espérant qu'Alegsis avait trouvé les restes de Jancler, histoire qu'on ai pas fait tout ça pour rien ...

- Messieurs, si nous voulons survivre, nous allons devoir quitter ce charmant endroit !

Je prie une planche en bois et une vieille épée émoussée pour graver un schéma dessus. Présentant mon tableau à mon auditoire, je proposais ma solution !

- Nous, on est arrivé par la. Pointant du bout de la lame la bouche du dessin grotesque. On s'est fait gober tout cru, comme les poissons ! Et comme vous le savez normalement ... Jetant un regard à Alegsis, surveillant ainsi s'il comprenait réellement notre situation ... Il n'y a que deux sorties possibles. La bouche, par la ou on est rentré ... Et le rectum. Par la on ou va sortir !

Et oui, c'était ça mon excellente idée ! Excellente ... Enfin, élémentaire. Pour quitter notre mortelle prison, je n'avais trouvé que de suivre le passage classique de sortie d'un aliment ... Par derrière !

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Restés côte-à-côté et inertes – bien que d’une inertie titubante pour ce qui tenait à la posture de Kant – Alegsis, après que leur fut ainsi adressé le plan d’évasion, murmura dans une combinaison où sa voix y résonnait cependant chaque fois dans un écho retentissant :

Tu vas voir qu’il va vouloir passer par le rectum. Tout ça parce qu’il est entouré de papier toilette.

Et la paire d'imbéciles, en s’imaginant discrets bien qu’il se trouvèrent sous les yeux de celui-là même dont ils raillaient les initiatives salutaires, pouffèrent d’entre leurs lèvres serrées comme deux parfaits crétins. Ce qu’ils étaient, au demeurant.
Mais au beau milieu de la goguenardise infantile dont il venait de faire preuve, Alegsis s’interrompit soudain, bondissant d’une humeur à l’autre comme il savait si bien le faire. Ses yeux s’étaient subitement écarquillés tandis que sa vilaine bouche s’était étirés non plus à la force du rire, mais afin de mieux exclamer sa stupeur du moment.

- Oh ! S'ébaudissait-il en une onomatopée sèche. Le gugusse à qui t’a piqué le coffret ! Mate ses binocles !

Le tas d’os, même s’il fut loin d’être imposant, avait cependant cette caractéristique distinctive d’arborer par-dessus les restes de chair rosée par la corrosion, des lunettes dont le verre comme le métal étaient restés immuables, même après qu’ils furent trempés dans les acides stomacaux. Et ces binocles-ci, Alegsis les aurait reconnues entre mille.

- C’est les œillères à Jancler... tremblait-il d’excitation enfermé dans son ramassis de tonneaux avant de se saisir vigoureusement du macchabée défraîchi par l’ossature, Arnold, tu m’entends ?! Elles sont où ses oreilles? Arnold, c’est moi ! C'est ton copain Alegsis

Kant plissa des yeux et glissa une main dans sa besace à l'idée qu'un nouveau rival se profila alors. L'amitié qu'Arnold avait éprouvé à l'endroit d'Alegs, cependant, fut somme toute relative compte tenu du fait que ce dernier avait cherché à le capturer pour le jeter en pâture aux autorités.
À trop secouer ces broutilles d’hommes d’entre des ses doigts en bois comme il le faisait, Alegsis démantela bien assez tôt le squelette dont il s'était saisi. À ce petit bout d’homme, Alegsis lui aurait alors autant salopé sa fin de vie qu’il l’avait profané dans la mort.

- ARNOLD ! NOOOOOOOOOOOOOOOOO.. oh et puis je m’en fous j’ai ses lunettes. coupa-t-il avec désinvolture alors qu’il se débarrassait des humérus restés dans ses mains comme on jetait du petit bois au feu.

- Donc, se reprit-il après qu’il eut jeté les lunettes sur son nez après avoir ouvert le « couvercle » de son Tonslo pour mieux le refermer aussitôt, on parlait de rectum, c'est ça ?

On parlait effectivement de sujets aussi sérieux que la rondelle au poisson-chat. La lubricité, cependant, était hors de cause. Quoi que venant de Grimmjack, les spéculations pouvaient aller bon train quant à ses intentions et cette insistance que fut la sienne à vouloir absolument sortir par l’envers de la bête quand la gueule du monstre, pourtant, n’était pas si loin.

- Tenter l’échappée par le troufignon, je dis pas « non », mais faut penser à Tank. Parce qu’il a pas de Tonslo mon copain Tank. S’agitait Alegsis à raison alors que surgir d’un anus pour pénétrer les fonds marins aurait eu raison de l’homoncule aviné qui lui servait de copain. En plus, il a des épices qui font faire caca dans sa besace, alors on peut pas compter sans lui. On peut pas compter sans lui !

Le chasseur de primes, dans son armure de bois et de métal, se tourna vers son meilleur copain en bombant le torse ou du moins, ce qui y fit office de plastron au milieu du tonnelet.

- Ouais, « Tonslo », affirmait-il avec crânerie en usant de ce petit sourire satisfait qui faisait encore plus vilain sur sa sale trombine, c’est moi qui ai trouvé le nom.

Plus la situation était grave, et mieux Alegsis jouait sa partition à contretemps. Ils étaient là, tous les trois, au beau milieu de sucs digestifs dont les restes d’Arnold témoignaient de leur ostensible nocivité, et ce remarquable spécimen d’abruti, bien que les deux pieds dans l’acide, en était à fanfaronner pour des misères afin de mieux épater son meilleur ami.
Quand démonstration fut faite de son génie à déterminer des patronymes, Alegs en revînt finalement au fil initial de sa pensée où les nœuds y étaient légion.

- Attends, j’ai une idée. Dans la liste des phrases que personne ne souhaitait entendre de sa part « j’ai une idée » figurait aisément en haut de la liste. Tank, grimpe dans ma boîte, je te laisse prendre le contrôle du bras et de la jambe droite – ou de la gauche, je sais plus laquelle est laquelle.

De ses deux immenses paluches en bois dons les doigts étaient actionnés par un ressort afin qu’ils se contractèrent, Alegs se saisissait aussitôt de son petit ami – parce qu’il n’était pas grand – afin de le jeter lui aussi dans le tonneau principal comme il l’avait fait précédemment avec les lunettes. Comme cela pouvait advenir quand deux belettes étaient jetées dans un sac, l’agitation dans la boîte à couillons fut remuante d’ici à ce que tout deux s’accordèrent enfin sur un juste équilibre.

- Regarde Grimmjack, se réjouissait à présent le chasseur de primes dont la tête, à travers le hublot, apparaissait collée à celle de Kant, on est un robot à deux têtes ! Fiers d’eux, la paire de crétin se gondolait à l’intérieur de l’armure comme deux gosses fiers de leurs âneries.

Ils pataugeaient dans un enfer corrosif où y régnait une pestilence dont leurs cadavres, d’ici peu, pourraient concourir à l’empuantir davantage si rien n’était fait pour s’extraire de la bête. Mais pour l’heure, la priorité était apparemment à la confection de « robot à deux têtes ».

- On est fins prêts pour sortir ! Concluait sûr de lui le plus notoire des imbéciles. En avant marche !

Il avait aussitôt brandit le bras droit en avant, prêt qu’il était à entamer une foulée triomphale, avant de s’effondrer de tout son long au premier pas qui fut attenté. Un regard rétrospectif ou bien, un regard aussi médusé que celui exprimé par Grimmjack, ne pouvait que conclure à l'ineptie flagrante que constitua l'idée de séparer le contrôle du scaphandrier à deux pareils ostrogoths.

Le robot avait peut-être deux tête mais pas un soupçon de cervelle à mettre en avant. La combinaison, ainsi partagée entre un minus gavé d’éthanol et un couillon nu comme un ver qui n’avait jamais eu deux sous de jugeote à faire valoir, fut fatalement vouée à s’effondrer à chaque pas qui serait intenté. La créature tonnelée, pour bicéphale qu’elle fut, ne ressortait apparemment pas plus maline de cette fusion.
Affalé face contre terre Alegsis brandissait le pousse droit du Tonslo malgré la débandade.

- Fais-nous rouler, on te suit !

L’affaire était mal rendue. Mais dans quelque fâcheuse position que se trouvait le Tonslo à deux têtes, rien ne pouvait vaincre le duo deux-en-un Aleksant dont une aura d’idiotie pure l’auréolait de gloire et d’invulnérabilité. Le pouvoir de l’amitié, en des contextes bien particuliers, pouvait s’exprimer de bien curieuses façons pour peu que les amis concernés furent insolites sur le plan individuel.

Grimmjack, pour garantir son sauvetage avait choisi ses alliés ; force est de constaté qu’il ne l’avait pas fait judicieusement.


Dernière édition par Alegsis Jubtion le Mar 25 Avr 2023 - 17:40, édité 1 fois
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« Non, répondit sèchement Kant à la proposition de Grimmjack. C’est nul comme idée, c’est nul, c’est tout nul… comme toi. »

« D’accord, génial, allons-y ! » répliqua-t-il alors, lorsque l’idée de passer par le rectum du monstre marin fut de nouveau soulevée par Alegsis.

Même ivre, Kant comprenait pertinemment que cette idée était stupide, voire suicidaire. Cependant, il ne voulait pas contrarier son meilleur copain, et le fait d’être confiné avec lui dans sa combinaison de fortune le réjouissait. Sournois, il profiterait de ce moment pour ourdir insidieusement son plan secret, sobrement intitulé : « Se débarrasser définitivement de la momie collante qui s'agrippe à mon copain ». Le passage de la théorie à la pratique s’avéra difficile : les deux comparses avaient du mal à se déplacer de manière coordonnée, chaque pas fut l’occasion d’une nouvelle chute. Pour avancer le long du tube digestif du monstre marin, Alegsis suggéra à Grimmjack de faire rouler les deux amis. Cette idée révulsa immédiatement Kant, car elle supposait l'intervention et donc la nécessité de la gigantesque échalote bandée.

« Mais non Jubtion, t’inquiète ! dit Kant. On va se débrouiller, d’ailleurs je pense que celui là devrais rester ici pour… »

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’ils sentirent une forte pression s’exercer sur le Tonslo, et ils dévalèrent la pente de chaire qui se présentait devant eux en roulant sur eux-mêmes à une vitesse déconcertante. Ils roulèrent vite, mais sur quelques mètres seulement et s’arrêtèrent brusquement en heurtant un obstacle. Malheureusement, le mal était fait : ils roulèrent si vite sur eux-mêmes que Kant ne put se retenir, et une immonde salve de gerbe aux effluves de rhum et de sucs gastriques se répandit dans la combinaison qu’il partageait avec Alegsis. L’odeur corrosive de décomposition se faisait maintenant sentir si bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Quand ils furent à l’arrêt et plus ou moins stables, Kant s’excusa.

« Pardon, pardon, pardon Jubtion ! dit-il en retirant le scaphandrier qui couvrait leur tête. C’est lui aussi là, avec ses jambes trop longues, c’est lui qui nous a mal poussé ! Il l’a fait exprès,  j’te jure ! »

Quand les deux comparses parvinrent enfin à se relever, ils remontèrent tant bien que mal les quelques mètres qui les séparaient de Grimmajack. Là, soulevant à nouveau le couvercle de la combinaison -pour être entendu distinctement, mais surtout parce que l’odeur à l’intérieur devenait insupportable-, Kant sortit le bout de son nez et s’exclama d’une voix claire et autoritaire.

« Ton idée, elle est nulle, l’échalote ! Ça se voit que t’as jamais ouvert un livre, moi, j’en ai lu des tonnes ! Je sais pas si t’es au courant, mais pour traverser le TUBE DIGESTIF d’un monstre marin de cette taille, il va nous falloir au moins… Deux…. Deux-mille ans… C’est scien-ti-fique. »

Malgré le silence gêné et gênant de ses interlocuteurs, Kant poursuivit.

« La meilleure sortie, elle est par là ! dit-il en indiquant la gueule du poisson-chat, qui demeurait encore accessible. C’est par ici qu’on va sortir, seulement, il faut se tenir prêts au bon moment. HEUREUSEMENT, -JE- suis… et aussi -JUBTION-, -NOUS- sommes là. Je passe devant ! »

À ces mots, Kant s’extirpa de la combinaison d’Alegsis et bondit gracieusement entre les flaques de sucs gastriques, avant de se retrouver face à un mur de chair de plusieurs mètres de haut. Saisissant ses ciseaux à bois, il escalada la surface avec aisance et se retrouva à nouveau dans l’immense gueule sous-marine. Il se dirigea résolument vers les épaves jonchant le sol et fouilla parmi les débris jusqu'à mettre la main sur une longue corde tressée, munie d'un crochet à l'extrémité. Avec bonhomie, il la tendit à ses deux compagnons d'infortune, leur offrant ainsi un moyen de s’échapper de l'enfer gastrique à leur tour.

« Si tu veux l’échalote, cria Kant, tu peux essayer de passer par le rectum ! On se rejoint dehors ! »

La petite provocation ne sembla pas produire l’effet escompté, puisque suivant Alegsis de près, Grimmjack remonta à son tour. Le bougre semblait insensible à toutes les piques que Kant s’évertuait à lui lancer. Grommelant, ce dernier se saisit de la corde et commença par attacher les hanses de son sac, puis la taille de Grimmjack et enfin celle d’Alegsis. La corde était juste assez longue pour s'enrouler autour des combinaisons tout en laissant un peu de mou. Une fois les préparatifs achevés, Kant invita ses comparses à le suivre dans les tréfonds de la gueule du poisson-chat. Ensemble, ils firent face à une paroi de chair close qui laissait perplexes les deux chasseurs de primes. D'un geste assuré, Kant tâta la surface devant lui, comme s'il cherchait quelque chose de précis. Là, il prit la corde par son extrémité et planta profondément le crochet dans la chair. Puis, soudainement, il s'élança en l'air, manifestement animé d'une joie vive.

« Là ! C’est là ! » s’exclama-t-il devant les deux chasseurs de primes pantois. Il est vrai que depuis qu’il avait dégobillé son rhum, Kant était rempli d’une curieuse vigueur et d’une assurance renouvelée.

« Bon, mettez-vous à la queue-leu-leu, faites pas de bruit et surtout… Faites-moi confiance ! »

Kant fit signe à Alegsis et ce dernier le saisit de sa grosse main de bois et l’hébergea à nouveau au sein de sa combinaison. Là, ils restèrent immobiles et silencieux. Après une dizaine de minutes, un bruit sourd se fit entendre. La gueule béante du poisson-chat s’ouvrit avec fracas et une immense vague submergea l’intérieur de sa bouche, secouant vivement les trois amis qui parvinrent à résister aux puissants courants grâce à la corde qui les liait. Immergé, mais au sec dans la combinaison hermétique qu’il partageait avec Alegsis, Kant s’adressa à lui de toute sa candeur, espérant sincèrement l’impressionner.

« Là, tu vas voir mon Jubtion… ! Tiens-toi prêt. »

Au bout de quelques secondes, la paroi dans laquelle était planté le crochet tremblota et s’ouvrit en une large fente. Tout autour de celle-ci apparurent des ouvertures similaires. L’eau dans la gueule du poisson fut subitement aspirée, entraînant les trois amis avec elle. Portés par le courant, ils traversèrent un long couloir obscur pendant de longues secondes et débouchèrent dans l’océan. Il n’y avait donc pas que deux sorties possibles, mais trois : le poisson-chat légendaire était si massif qu’en s’échappant par ses branchies, les fiers -et ridicules- aventuriers en Tonslo ne le chatouillèrent même pas.  
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Enfin libérable

Bon ... C'est vrai que l'idée de Grimmjack, comparée à celle de Tank, était un peu moins bien... Mais ce qui compte, c'est le résultat final, non ?!


Il est vrai que j'étais un peu jaloux. Ce "Tank", ancien zombi-vampire, avait quand même trouvé une superbe idée pour nous extirper de la. Bien moins craignosse que de traverser la boite à caca. Fallait avouer qu'une fois qu'il avait dégoupillé son excès de liqueur, cet homme pouvait être surprenant, malgré sa petite taille et ses oreilles pointues !

Nous voila maintenant en pleine mer, totalement en vie. C'était incroyable. Le corps du monstre semblait - à cette distance - aussi grand qu'un continent entier ! Bref, tout ça pour dire qu'on était en réalité loin de nous être totalement tiré d'affaire...

- Hmmm ... Vous trouvez pas qu'on coule messieurs ? Ces combinaisons sont censées flotter, non ? Ah mince, j'ai la jambe droite toute mouillée ! J'ai envie de faire pipi maintenant !

Il y avait un petit hic dans notre plan ... Ou plutôt deux même.
Le premier, c'était que ma combinaison avait été endommagée par le piège de Tank. Quel boulet celui-ci ! L'eau montait progressivement dans ma tenue en même temps que l'insatiable envie de me faire sur moi ! Raaaaah !
Le second, c'était qu'une combinaison - prototype, en plus ... - comme celle ci n'était faite que pour supporter le poid d'un seul adulte ... A tous les coups, le lutin devait pas peser gros, mais assez pour nous faire sombrer.

En plus, nous étions tous les trois attachés, avec des équipements non adaptés ou défaillants ... On coulait (petit jeu de mot) à notre perte ! C'était pas bon du tout cette histoire ! On venait pas de s'enfuir du ventre du papa poisson-chat pour mourir de la sorte !
Alors que je m'inquiétais, ces deux débiles préféraient se chamailler dans la combinaison qui devenait trop serrée ! Raaaaah, j'aurai fais n'importe quoi pour couper les escargophones à ce moment ci !

- Pas de panique ! Je suis la pour vous *glurp*auver !

Je voulais faire le beau, comme d'habitude ... Mais j'avais avaler la tasse en même temps. Avec un peu de chance, les deux zigotos n'avaient même pas entendus ...

- *glurp*dey Mummy !

Zut, rebelotte.
J'arracha un gant de la combi. De toute façon, j'étais à moitié en train de me noyer la dedans. Alors créer un trou en plus, c'était pas la mer à boire.
Un bandage à moi s'extirpa pour s'agripper au premier truc que je pouvais saisir. C'était la seule façon pour nous éviter de couler comme des amateurs. Seul bémol : dans l'urgence de la situation, j'avais pas pensé que le seul truc auquel je pouvais nous agripper, c'était une moustache de ce dit monstre....

Et devinez quoi ?! Sont vachement sensibles les moustaches de ces bestioles ! Tellement que ça le fit vriller ! Prit de peur, ou de gêne, le légendaire poisson-chat se mit à tournoyer dans tous les sens sous l'eau, comme pour se débarrasser de ce fichu gêne qu'on était !
Maman ... J'étais à deux doigts de vomir, alors j'osais à peine imaginer Alegsis et Tank dans la même combinaison ... Ca devait pas être joli à voir ...

Après plusieurs (longuuuuuuues) minutes à nous faire trainer par-ci et par-la, la moustache sous la violence de son propriétaire se détacha. Je reprenais à peine mes esprits quand je compris - alors que nous étions toujours attaché - que celle-ci flottait à la surface.

- Glurp gluurp gluuurp gluuurp !

Traduction : "Il faut grimper messieurs !". C'est ce que je fis aussitôt. Il ne fallait pas oublier que ma tenue de plongée percée était remplie de flotte et que j'étais à deux doigts de mourir noyé ...
Après un effort incommensurable, alourdi par le poid d'Alegsis et Tank que je tirais, j'arrivais enfin à la surface et m'agrippa à la moustache géante. Je retira mon casque et vomi un bon litre d'eau salée ! Beurk, c'était une sensation horrible ! Mais bon, à titre de comparaison ... Je préférai ça que d'être dans les rejets gastriques de Tank ...

- Wahouuuuuuu ! Ils l'ont fait !

Je pouvais entendre d'ici Vladimir et son équipe d'exploration hurler de joie ... Ils étaient si heureux de nous trouver en vie ?!
En regardant sur quoi nous étions agrippés, je compris que cette moustache faisait une preuve et un trophée parfait pour l'explorateur...
Moi, personnellement, j'étais épuisé de ma journée.
Je me maudissais même d'avoir suivit Alegsis dans ses bêtises ... Une fois de plus ...
Ah, et d'ailleurs, je m'étais bel et bien fais pipi sur moi. Génial.

Technique utilisée:


Dernière édition par Grimmjack le Ven 28 Avr 2023 - 13:39, édité 1 fois
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Passablement infoutus de se synchroniser pour ne serait-ce que battre des bras, Kant et Alegsis, traînés qu’ils furent derrière l’échalote, avaient par la suite plus ou moins flotté jusqu’à ce que leur scaphandrier ne s’échoua misérablement le long du rivage. Comme la lunette d’un chiotte qu’on aurait laissé s’effondrer, l’ouverture du Tonslo s’abattit soudain sur le sable, une marée s’en écoulant par flots ininterrompus. Puis, à terme, parce qu’un malheur n’arrivait jamais seul, le lutin cuitard et son abruti de compère s’extirpèrent de la boîte avec une vivacité folle. Entre les algues dont ils étaient couverts et les relents stomacaux qu’on devait à l’ivrogne, déduction fut faite que leur aventure ne s’était pas occasionnée sans péril.

- Mais qu’est-ce qui vous est arrivés ? s'enquit tout penaud le biologiste venu les récupérer sur la plage.

Alegsis, en guise de réponse, dégueula profusément les restes aquatiques lui étant restés au fond des poumons.

- Eh bah tout a commencé quand Grimmjack a voulu passer par le rectum de mon copain. Avait ainsi entamé énergiquement – mais confusément – le plus imbécile des deux après qu’il eut fini de déverser toute l’eau de mer qui lui était sortie du gosier. Mais Tank, lui, il voulait pas hein que tu voulais pas? donc on est passé par la fente humide au lieu du troufignon. Et c’est là que Crânius il est revenu ! Rien que pour vomir dans le Tonslo une deuxième fois, le scélérat celui-ci, alors vu qu’il y avait l’odeur, je me suis dit « Alegs » - parce que je m’appelle Alegsis, mais « Alegs », c’est plus court - « Alegs », que je le suis dit, donc, « faut que t’aères un peu », du coup j’ai pété le hublot pour qu’on puisse respirer, normal, et là, vous devinerez jamais quoi… y’a plein d’eau qui est entrée ! Mais d'un coup, hein ! Vous saviez, vous qu’il y avait autant d’eau dans la mer ?

Kant acquiesça vivement à chaque dire, le goulot de sa boutanche incrustée entre ses mâchoires. Il avait tout particulièrement opiné du chef au passage sur Crânius. L’équipe scientifique, pourtant rudement exercée à la résolution des mystères comptant parmi les plus improbables, après une brève concertation de regards pour le moins circonspects, décida collégialement qu’elle ne chercherait pas à aller plus au fond des choses pour ce qui tenait à cette histoire qui leur avait été narrée entre deux reflux d’eau de mer.

- Je… eeeuh… je suppose que l’important, c’est que vous n’ayez rien. Mais c’est qui le nabot, en fait?

- Ah mais si qu’on a quelque chose ! Contesta vivement le chasseur de primes en ignorant la question. On a les lunettes à Arnold.

Il crut ainsi se saisir des binocles de sur son nez pour les brandir fièrement alors qu’en définitive, seul un concentré de vide ostensible fut ainsi exhibé d’entre ses doigts dressés. Peut-être se fallut-il de dix secondes passées à rester figé dans cette position avant que la dure réalité des faits ne lui secoua le fond de la caboche.

- Ohc’estpasvraic’estpaspossiblemaissic’estvraiohnon!ohsi! Pépiait-il précipitamment, jeté qu’il fut soudain dans une bien désagréable tourmente tandis qu’il se palpait le visage en tous endroits. Elles sont sorties par le hublot !

Toutes choses considérées, briser la lucarne de sa combinaison lorsqu’il se fut trouvé au fond de l’eau n’avait effectivement pas été la décision la plus inspirée de la journée. Outre la noyade à laquelle il échappa par miracle – un miracle qu’on appelait Grimmjack – sa brillante idée lui avait valu de perdre le trophée même qui l’avait amené à se risquer aux fonds marins.
Effondré un instant, bondissant presque le suivant, le malheur lui glissait dessus chaque fois qu’il s’abattit sur lui. Déjà remis de ses émotions, téméraire comme seuls pouvaient l’être les imbéciles, Alegsis reprit aussitôt du poil de la bête et se retroussa les manches alors qu’il s’en allait déjà redresser sa combinaison percée.

- Allez, viens Tank. Ordonnait-il, intrépide pour ce qu’il avait d’insouciant. Fais le plein de rhum pour trois, faut qu’on y retourne.

Ce fut à cet instant que la lanière humide d’un des bandage de son acolyte vînt se nouer autour de son cou pour le tirer et lui poser son cul à même le sable. L’idée d’une deuxième expédition, d’autant plus que celle-ci succédait à un relatif fiasco, n’enchanta guère l’un de ses compagnons. Personne, plus jamais, n’irait chercher les lunettes d’Arnold Jancler au fond de l’eau. La momie avait parlé et ce, sans même avoir eu à faire entendre le son de sa voix.

- Bon bah tant pis. Se résigna aussi vite Alegsis qui, bourré de désinvolture, pouvait d’un battement de cil faire le deuil d’une obstination forcenée et ce, quand bien même celle-ci l’avait rongée des semaines entières. Tank, fais quand même le plein de rhum, y’a des retrouvailles à fêter espèce de copain, va !

Et bras-dessus, bras-dessous, tout deux s’en allaient investir le bureau de recherche marin du professeur Kachmar où, là-bas, ils écumeraient jusqu’à la dernière goutte d’alcool à brûler qu’il s'y trouva entreposée à des fins scientifiques. L’amitié n’attendait pas. Alors qu’ils marchaient côte-à-côte dans le sable, sans que même Alegsis n’enfila un caleçon après s’être extirpé nu de la boîte à couillons dont ils étaient sortis triomphants, le chasseur de primes demanda à tout hasard :

- Tu saurais pas où je peux trouver Miss Elisabeth au fait ? Je l’ai dans la peau cette nana.

La porte du laboratoire qu’ils venaient de privatiser était à peine fermée qu’un raffut monstre où carreaux brisés et rires de garnements s’y manifestèrent aussitôt. Le professeur, resté pantois devant la scène, consulta ses assistants du regard qui ne furent pas moins interloqués que lui. Avide de conseils avertis, il se retourna enfin vers Grimmjack – qui lui n’avait pas Crânius à accuser pour s’être pissé dessus – afin de lui demander, quelque part abasourdi de la crétinerie nonchalante dont il fut le témoin déconfit :

- Ils ont l’intention de nous aider à charger la moustache du poisson-chat ou bien……

La réponse serait « ou bien ». Son copain, Alegsis n’était pas sûr qu’il l’aurait encore sous la main pour longtemps, aussi comptait-il profiter qu’il l’eut à portée de pinceau tant que cela durerait.
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    Kant sentit une douce et heureuse caresse lorsque l'air frais effleura son visage, tandis que les rayons étincelants du soleil réchauffaient son cœur meurtri par ces sombres jours de captivité. Combien de lunes s’étaient écoulées sans qu’il ne puisse la contempler, prisonnier d’entrailles sous-marines ? Il n’était pas en mesure de l’estimer. À l’ivresse se mêla la liesse d’être en vie et libre, si bien que l’on vu Kant sautiller d’excitation sur la plage et enlacer affectueusement Alegsis malgré sa nudité.  

    De nouveau, une grande soif le travaillait, et fort heureusement pour lui l’heure était aux réjouissances. Entraîné par Alegsis, Kant pénétra dans le laboratoire de Vladimir Kachmar, à la recherche de nouveaux goulots. Il se tint un moment à l’entrée, émerveillé par la gigantesque bibliothèque qui trônait au fond de la pièce et par les nombreux ustensiles scientifiques éparpillés çà et là. Une grande étagère exhibait de nombreux outils de collecte d’échantillons, allant du filet de pêche aux harpons en passant par les seringues, tandis que le comptoir central était jonché de fioles, d’ampoules et de flacons remplis de mystérieux liquides.

« C’est magnifique ! » S’exclama Elisabeth qui n’eut de cesse d’être sollicitée. Puis, se raclant bruyamment la gorge et reprenant pour lui-même, Kant dit « Enfin, je veux dire, c’est génial comme endroit ! Bon, qu’est-ce qu’on boit ?! »

Là, le jeune homme s’élança vers les nombreuses étagères à la recherche de nouveaux breuvages, tout en prenant soin d’éviter le regard mielleux que lui lançait Alegsis depuis que ce dernier avait entendu la voix claire et enjôleuse d’Elisabeth. Rapidement, les deux comparses mirent la main sur différents alcools à même de brûler l’estomac de quiconque n’étant pas rudement habitué à l’éthanol bas de gamme. Ils s’envirèrent, dansèrent, tournoyèrent et rirent aux éclats, renversant parfois de précieux échantillons, brisant quelques vitres, mais sans jamais occulter le respect dû à leur hôte. Ils profitèrent simplement et sincèrement de leurs retrouvailles.

    Pour atténuer ces réjouissances, Kant pouvait toujours compter sur Grimmjack, et ce dernier ne se fit pas attendre. Accompagné de Vladimir Kachmar et d’un de ses assistants, tous débarquèrent dans le laboratoire en traînant derrière eux l’énorme moustache du poisson légendaire. Devant l’affligeant spectacle qui s’offrait à ses yeux ébahis, l’explorateur fit de grands gestes et se saisit de l’ampoule dans laquelle s’abreuvait Kant.

« Attendez, attendez ! dit-il. Laissez donc ces solutions, ce n’est pas comestible ! C’est un grand jour, aujourd’hui : nous détenons la preuve de l’existence du monstre-marin légendaire d’East Blue, et j’ai tout ce qu’il faut pour fêter ça ! »

À ces mots, Kant cracha sa gorgée d’une traite au visage d’Alegsis et manqua de s’étouffer.

« East Blue ? dit-il après une violente quinte de toux. Comment ça, East Blue ?! »

L’assemblée lui jeta un regard interloqué. Effectivement, les mésaventures de Kant l’avaient mené, sans qu’il soit au courant, jusqu’aux confins d’East Blue. Plus tard, il apprendrait qu’il se trouvait même sur la célèbre île qui a vu naître le seigneur des pirates Monkey D. Luffy, nouvelle qui ne manquerait pas de susciter chez lui quelques bouleversements. Pour l’heure, le pauvre garçon tentait de prendre ses marques, égaré dans le temps et l’espace. D’un pas léger, Vladimir Kachmar se dirigea vers une sorte de grande armoire métallique hermétique, puis l’ouvrit.

« Là ! Nous allons commencer les célébrations avec ce cru ! » dit-il en saisissant une bouteille qui semblait contenir un breuvage de qualité supérieure.

Kant aurait pu, aurait dû s’extasier, mais son regard fut inexorablement attiré par l’immense bouteille qui trônait dans son coffre-fort métallique, posée juste derrière celle que venait de sortir l’expert en biologie sous-marine. Ses réflexions et ses considérations quant à sa position géographique s’évanouirent, seule comptait la magnifique bouteille qu’il aperçut.

« Cette bouteille… celle-là, là, derrière… » Balbutia-t-il, comme aux prémices d’une transe.

« Ah ! Celle-ci, elle est pour mon commanditaire ! Je la réserve pour ce fameux jour où je vais enfin pouvoir apporter la preuve de l’existence du poisson-chat légendaire au noble de Goa qui finance mes activités ! Et grâce à vous, ce jour ne saurait tarder ! »

Kant se mit à trembler et à claquer des dents. La voix menaçante de Crânus se fit entendre dans son esprit perturbé : « C’est Elle. Il nous la faut. C’est Elle. » Kant secoua la tête pour chasser la voix malfaisante et esquissa un sourire gêné à Alegsis, qui semblait étrangement saisir la tension qui affligeait son copain. Surement attendait-il fiévreusement le retour d’Elisabeth. « C’est Elle, dépêche-toi. Ne la fais pas attendre. »

« Attendez ! S’exclama soudainement Kant, tandis que Vladimir s’apprêtait à déboucher le champagne. C’est très aimable de votre part, Monsieur le Scientifique ! Mais si l’on doit célébrer cette réussite, ces retrouvailles, cet exploit, c’est bien en commençant par terminer ma bouteille de rhum ! C’est à elle que je dois ma survie et, par extension, celle d’Alegs et de l’échalote ! Honorons-la en partageant une coupe de l’amitié, avec ce qu’il en reste !»

Une nouvelle fois, l’assemblée jeta sur lui un regard interloqué. Excepté Alegsis, qui semblait bien comprendre l’affection que son copain pouvait porter au breuvage qui fit naître ses multiples personnalités. Las, mais quelque peu attendri, Vladimir Kachmar acquiesça et se mit à fouiller les placards à la recherche de cinq coupelles. « C’est bien, maintenant, vas-y. » Bondissant derrière le comptoir central, Kant s’accroupit et fit mine de chercher sa bouteille. Discrètement, il plongea la main dans l’une des poches de son sac pour en sortir une fiole contenant un élixir, qu’il vida entièrement dans sa bouteille où gisait un fond de rhum. Une fois sa magouille achevée, il se redressa brusquement, puis balaya la pièce d’un regard inquiet. « C’est bon, ils n’ont rien vu. Elle est à nous. » Seul Alegsis ne semblait pas avoir quitté Kant des yeux. Pourtant, nulle suspicion ne se lisait dans son regard bienveillant.

« Voilà ! dit Kachmar en disposant les coupelles sur le comptoir. Qu’on en finisse, une bien meilleure rasade que celle-ci nous attend ! »

Tout sourire, même à l’égard de Grimmjack, Kant remplit les coupelles de sa mixture, qui à cause du mélange brillait d’une couleur douteuse.

« Bon, voilà ! Il n’est plus très jeune, mais ce rhum est goûtu ! La dernière lampée de cette boisson salvatrice est versée ! Levons nos verres, à la survie, à l’amitié et à la gloire ! »

Puis, s’assurant du coin de l’œil que tout le monde porta la coupelle à ses lèvres, Kant fit mine d’ingurgiter le contenu de la sienne. Le sourire machiavélique de Crânus apparut sur son visage. Au bout de quelques instants, tous s’effondrèrent au sol. Tous, sauf Kant, qui jubilait.

« À nous ! Elle est à nous ! » hurla Crânus en sautillant entre les corps endormis qui gisaient au sol.

Tandis que le splendide quatuor de ronfleurs entamait une symphonie, Kant s’élança vers le cercueil métallique où était enfermée son âme sœur, l’énorme bouteille de champagne. Non sans mal, il s’en empara et la posa à ses pieds. L’émotion le submergea, et des larmes de joies coulèrent sur ses joues devant ce qui brillait à ses yeux comme le plus beau trésor d’East Blue.
*

    Le crépuscule s’annonçait et la nuit s’apprêtait à avaler cette longue et fastidieuse journée. Kant lui, avalait la dernière goutte du somptueux champagne, digne de la noblesse de Goa à qui il était destiné. Quelques heures plus tôt, quand la bouteille fut à moitié vide, Kant commença à s’ennuyer : Elisabeth, Poulivert et Crânus s’en étaient définitivement allé et Alegsis roupillait si profondément que maintes claques sur son cul nu ne suffisaient pas à le réveiller. Alors, Kant déambula dans le laboratoire et se mit à se servir dans les différentes étagères. Il déroba allégrement une dizaine d’ouvrages, dont de magnifiques bouquins sur les fonds-marins. Puis il prit une jolie boussole, quelques fioles vides et autres ustensiles. Il commençait à s’en amuser et à mesure qu’il remplissait son sac, il s’emparait d’objets dont il ne ferait certainement jamais usage, comme un harpon ou des hameçons. Lorsqu’il eut achevé son office, le jeune délinquant tenta de réveiller son meilleur copain pour prendre la fuite à ses côtés, mais le ronfleur semblait se plaire dans les bras des Morphée. Une nouvelle heure s’écoula, au cours de laquelle Kant profita de son ébriété pour s’adonner à sa passion : la sculpture. Avec ses ciseaux à bois, il travailla une petite pièce de bois issue d’un meuble qu’il avait nonchalamment brisé en morceaux. L’ivresse n’entachait en rien son talent : en très peu de temps, il sculpta un petit cœur, parfaitement lisse, sur lequel il grava les initiales « T + J ». Enfin, il déposa son œuvre dans la main d’Alegsis accompagnée d’une petite note manuscrite. La nuit s’installa, noire et froide, les ronfleurs commençaient à s’agiter. L’heure des adieux sonna et Kant hissa son sac sur ses épaules et s’en alla, titubant dans l’obscurité sur les chemins sombres de Fuchia. Au loin, on pouvait l’entendre chantonner, c’était la meilleure façon, pensait-il, de cacher ses pleurs.
La note manuscrite:

Technique utilisée:
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  • https://www.onepiece-requiem.net/t25484-presentation-de-kant

Retour à la case départ

Incroyable mais vrai. Le duo était devenu un trio. Le trio était sortie de la gueule d'un monstre marin gigantesque. En prime, ils avaient même réussis à ressortir un trophée de leur exploit : une des moustache du papa poisson-chat !


Ma tête me faisait mal. Mon esprit était confus. J'essaye de me relever de ma position mais tout mon corps était courbaturé. C'était donc ça une gueule de bois ?! Mais je n'avais bu qu'un seul verre ! Je me trouvais vraiment pathétique ...

De toute façon, j'allais aller nul part, et j'étais trop faible pour faire autre chose que dormir ! Je referma mes yeux jusqu'à ... Jusqu'à ce qu'Alegsis vienne me réveiller pour de bon, les yeux en larme et tenant une lettre dans la main.

- Grimmjack ! Je retrouve plus mon copain Tank, je crois qu'il m'a laissé cette lettre. Tu peux me la lire s'iltouplait ?

Ah oui, Alegsis était illettré. J'avais oublié ce détail. Tank ne semblait pas dans les parages non plus. Je lui lisais alors la lettre à quelques détails prêts ...

- PS : L'échallote, je sais que c'est toi qui lit ces lignes. Tu es le plus grand des chasseurs de primes que cette Blue ai connu. J'espère que mon meilleur copain se montra sage avec toi.
- Ce n'est pas ça qui est écr... Un regard noir stoppa Vladimir Kauchmar - lui aussi réveillé - qui avait saisit la dite lettre.
- Si, bien sur. Nyahaha !

En voila une bonne nouvelle ! Non pas que je n'appréciais pas Tank - alors que lui adoptait un comportement étrange vis à vis de moi - mais je préférai qu'il se tienne éloigné de nous ... On sait jamais, sa maladie du zombi-vampire pouvait revenir à tout moment ! Consolant faussement mon camarade qui pleurait toutes les larmes de mon corps, je chantonnait gaiement en me demandant ce que nous réservais l'avenir.

- Sachez messieurs les chasseurs de prime que vos nom seront glorifiés auprès de la bourgeoisie de Goa ! Après tout, vous êtes - après moi - les héros qui ont démontrés l'existence du père des poissons-chats, qui n'était qu'une légende jusqu'aujourd'hui !
- Et ... Et bien c'est un honneur ! Je ... Je ne suis pas sensible aux flatteries, voyons ... Hihihi ... Vous avez bien dit héros, c'est ça ?!


L'explorateur soulevait un point interessant après tout. Qu'est ce qu'on allait faire maintenant ? La prime de Jancler, on pouvait mettre une croix dessus. Jamais je ne laisserai Alegsis y retourner et encore moins convaincre une personne avec lui. Ce qu'on avait tiré de cette aventure c'était une moustache géante et un bout de cuir en bonne qualité que j'avais trouvé dans un coffre.

D'ailleurs, je le sortis de ma poche intérieur. Je me demandais si il allait bel et bien être utile pour recoudre les trous de ma veste. Après vérification .... Raaaaah, c'était même pas la bonne matière ! J'allais ressemblé à quoi, moi ?!

- Attendez .... Qu'est ce que c'est ?!
- Boarf, un vieux morceau de tissu que j'ai récupéré dans une épave. C'est même pas le bon tannage pour recoudre mon manteau !
- On dirait ... On dirait qu'il y quelque chose de brodé dessus ...


Hmm, ah bon ? Je n'avais même pas remarqué. En y jetant un oeil scrupuleux, effectivement, il y avait bien un texte sur ce bout de cuir ... C'était une lettre en fait !
On s'empressa tous les trois autour de la lettre pour la lire ensemble. Alegsis, yeux humides, ne faisait évidemment que semblant d'y comprendre quelque chose.

"A mon cher camarade Aptless,

Mon infiltration a réussie. J'ai trouvé Zaubère et sa planque ici ... Mais ça chauffe un peu, ils sont nombreux et bien entrainés. J'ai besoin de ton aide et celui de la B.N.A. pour l'arrêter.
Derrière cette lettre se trouve la carte qui te mènera jusqu'à sa planque. Une fois la bas, nous l'arrêterons ensemble, comme à l'époque. En plus, il paraitrait qu'il cache un sacré magot sous le plancher de sa baraque. De quoi nous rendre riche !

A très vite mon ami,

King Zola, Chasseur de la B.N.A."


Vladimir avait lu à haute voix. Alegsis c'était immédiatement arrêter de pleurer à l'écoute du mot "magot". On se regardait longuement droit dans les yeux. Lui et moi semblions avoir la même idée !
Une nouvelle aventure se profilait à l'horizon !

Dire que j'étais à deux doigts de jeter cette foutue lettre ...
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  • https://www.onepiece-requiem.net/t25574-grimmjack-le-chasseur-solitaire