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Comment devenir riche quand on ne sait rien faire (PV avec Reebal)

Signe des temps, et pas des qui soient prospères, la Ville Basse, à la périphérie de Goa, était infestée par la vermine. Ragondins et cafards étaient monnaie courante dans le paysage urbain, il est vrai, mais des nuisibles plus voraces encore grouillaient à présent, comme une purulence inéluctable faisant suite à la plaie laissée par le souffle d'un Buster Call quelque peu houleux. Un malheur n'arrivait jamais seul ; le premier préfigurait en effet une succession de ses corollaires. C'était dans la nature des choses, et à cette nature-ci, il en aurait fallu de la poudre pour la dompter comme il se devait.
Du désordre ambiant, Goa, de ses sommets jusqu'à ses bas-fonds, elle ne s'en était jamais remise. Amputer du chef les autorités locales du fait que celles-ci pensaient mal, c'était une solution somme toute très révolutionnaire dans les termes. Une solution qui, dans son sillage, n'apportait avec elle qu'une cohorte de problèmes plus épineux que ne l'étaient les précédents. Aux têtes qu'on avait tranchées, on ne leur avait rien substitué. Plus mort que vivant, bien que toujours animé de spasmes et de râles - ceux-ci poussés par la plèbe qui avait eu le malheur d'avoir survécu aux évènements - le Royaume de Goa persistait à exister sans but défini. Les roitelets de la roture, depuis long, se chicanaient pour régner sur les cendres avec la Marine en juge de paix. On avait voulu faire table rase, mais à la fin des fins, de table, il n'en subsista même pas une seule pour y dresser un monde nouveau. Encore moins un monde meilleur.

En quatre mots comme en cent : c'était la merde.

De ce lisier dont on disait qu'il était encore fumant des braises du Buster Call, était né un biotope nouveau où la vie s'y était organisée en des conditions autres. L'Homme s'adaptait à la nature et, dans un corps social meurtri et vérolé, s'acclimater aux conditions ambiantes, c'était nécessairement s'avilir. À Goa, d'ici à ce qu'un ordre y émergea de nouveau, la régression anthropologique cheminait bon train. La nature, quand elle prenait le dessus sur l'Homme, le conviait alors à renouer avec ce qu'il fut antérieurement : une bête rudimentaire et vicieuse en diable.
La désolation, parce qu'elle engendrait le désespoir puis le vice, avait redessiné un paysage politique qui, s'il était informe, demeurait néanmoins bien présent. Les décombres de Goa appartiendraient à qui viendrait s'en saisir d'une poigne ferme, quand bien même ne s'en serait-on saisi que d'un morceau. Quand un État s'effondrait sous les canons, la criminalité organisée, dans ce qu'elle avait de protéiforme, suintant ensuite le long des avenues comme une purulence infâme.

Un vivier d'hommes et de femmes désespérés était une aubaine pour qui savait manquer de scrupules. Aussi, au nez et à la barbe de tout semblant d'autorité - le gouverneur étant avare de ses troupes en aval de la ville - la piraterie s'y épanouissait à l'air libre. Sur ce fumier pestilentiel qu'était devenue la Ville Basse de Goa - celle-ci n'ayant d'ailleurs jamais si bien porté son nom - une vivier grouillant de nouvelles créatures pouvait à présent y prospérer impudemment. Car de même que certaines espèces rampantes étaient à même de mieux se complaire dans un environnement excrémentiel, la flibuste et affidés se déridaient mieux dans la misère dont ils étaient à la fois pourvoyeurs et prébendiers.

Juché sur un amas de caisses dont les plus impécunieux auraient rêvé de s'en faire un abri, à renfort de grands gestes pour mieux alpaguer les masses, ce qui se présentait comme un boucanier bien verbeux hélait la foule qu'il s'employait à agglomérer autour de lui. À ces loqueteux, il avait apparemment des choses à leur dire. Pour leur bien, sans doute.

- « Le travail manque je me suis laissé dire, ironisait-il non sans se priver d'un sourire rogue d'où les dents y étaient déficitaires, et pourtant, il y a tout à reconstruire dit-on. Je vois, ici et là, des immeubles effondrés entourés de famille qui ne peuvent pas se loger ailleurs que sous une bâche. Je vois, à l'occasion, des troupes du Gouvernement Mondial venues administrer une bastonnade à des pères de famille qui volent pour nourrir femme et enfants. Je vois la gangrène qui prolifère tout le long de Goa, sans que jamais on ne la soigne. »

Et tout cela, il ne le voyait que d'un seul œil, car il avait substitué au second une prothèse en argent incrustée dans son orbite droite, signe d'opulence s'il en était. Le forban, s'il était peu avenant à le voir ou à le sentir, avait du miel qui lui coulait d'entre les lèvres lorsqu'il y laissait abonder le verbe. Si éloquent qu'on eut légitimement pu le prendre pour un stipendié du Diable, ça n'est pas pour autant qu'on s'abstint de l'écouter. Dieu ou Diable convenaient aussi bien l'un que l'autre s'ils pouvaient sortir le tout venant d'une misère sans fin. Les douzaines de grouillots, à force de s'agglomérer, n'avaient pas tardé à dépasser la centaine d'Hommes tenus captifs par les oreilles d'abord, et par l'estomac ensuite.

- « Que croyez-vous qu'il se passera demain ? Mieux encore... à demain, y pensez-vous encore ? Avez-vous seulement ce luxe ? L'avenir, quand on vit ici, ça n'est plus qu'une mauvaise blague. Tous ici savons que les lendemains, s'ils ne seront pas pareils à aujourd'hui, seront forcément pires. »

Le bougre n'avait pas sa langue dans se poche et savait allécher le chaland pour lui ouvrir des appétits ; lui vendre des espoirs dont ils se seraient tous volontiers saisis à pleine bouche, gobant joyeusement un appât pourtant ostensible pour ce qu'il était, mais si attrayant.

- « Mais vous pouvez rester ici. Leur dit-il comme par défi, ne se privant pas de les prendre de haut pour les soins de la mise-en-scène de sa tribune. Vous pouvez attendre que ça change. Car ça changera, vous pouvez en être sûrs. Vous aurez de plus en plus faim, et puis vous mourez. Ce sont des choses qui se font par ici. D'ailleurs, on ne fait plus rien d'autre en ces contrées. »

De même que pour vendre de l'eau, il fallait donner soif, vendre de l'espoir supposait de démoraliser la clientèle préalablement. Quoi que l'on ait eu à cameloter, il était bon de présenter l'affaire comme une solution à un problème qu'on avait su poser.

- « De l'argent, y'a moyen de s'en faire pour peu qu'on soit encore valide. Et à vous laisser pourrir sur place, sans cesse davantage grignoté par la faim, valides... vous le resterez pas longtemps mes bons amis, ça je vous le garantis sur papier. »

C'était bien sûr une façon de parler car, s'il avait de l'or dans la voix quand il déclamait, ce diable de forban, il n'était cependant pas foutu d'écrire quoi que ce soit outre son nom. On entrait rarement en piraterie après être passé par l'école. L'esbrouffe, le « savoir-parler » et une assurance à toute épreuve pouvaient cependant faire passer un ignare pour un savant quand celui-ci parlait haut et bien face à la foule bêlante. Ainsi le sophisme perdurait depuis des temps immémoriaux pour perdre les masses par légions entières dans la duperie de bas étage.

- « Ah mais ! Je voudrais pas vous dire comment on devient riche par temps de disette. Dit-il après leur avoir si bien mis l'eau à la bouche. Ça me gêne, figurez-vous. Ce que je vous propose... c'est comme d'une légalité douteuse figurez-vous. »

De sa marchandise qu'il cherchait à refourguer, il n'en suggérait qu'un aperçu, mais à en juger les cris de mécontentement qu'il avait si habilement provoqués, on voulait en voir davantage. Cet auditoire, à savoir si bien dresser les foules en quelques claquements de langue à peine, il l'avait fait sien.
Comme préambule de la suite du discours, il se claqua la panse qu'il avait relativement généreuse.

- « Vous savez comment on se cultive un ventre à bière comme le mien ? Plaisantait-il pour en plus se rendre plus sympathique afin de mieux les tromper. En ayant de quoi l'entretenir. Des berries ? J'en suis quasiment fourré. Et ça, je le dois au capitaine Fangius. »

Les oreilles étaient grandes ouvertes. À observer ces miséreux aux joues creusées devant ce porteur de peste venu leur promettre la félicité, on eut cru alors observer des disciples zélés, religieusement établis devant leur prédicateur.

- « La piraterie, rien que le mot fait peur, n'est-ce pas ? Moi aussi j'ai rechigné avant de signer, je vous le cache pas. »

C'était là un mensonge outrecuidant que le sien alors qu'il avait embarqué sans vergogne ni scrupule pour s'en aller délester les braves gens de leurs marchandises.

- « Seulement, quand on a la faim qui vous tiraille les tripes et que ceux qui bouffent bien vous disent de prendre votre mal en patience... soit on laisse crever gentiment sur leur injonction... ou alors... ou alors...! »

Tous dans l'assistance étaient alors pendus à ses lèvres, attendant âprement la suite du suspens.

- « Ou alors on les envoie chier et on fait ce qu'il y a à faire pour nourrir sa famille. »

La famille avait bon dos quand, dans leur quasi-intégralité, les flibustiers étaient dépourvus de toute attache, sautillant de chaude-pisse en blennorragie au gré des bordels qu'ils arpentaient à chaque escale.

- « Vous embarquez pour quoi... trois mois de rapine, et votre fortune est faite. Vous reviendrez avec de quoi repartir sur de bonnes bases pour ne plus jamais souffrir de la faim. »

Ce qu'il ne leur disait pas - et à raison - tenait au principe qui entourait sa demande. Une aubaine si alléchante et prometteuse en richesses, comment se faisait-il que d'autres avant les loqueteux de Goa ne s'en soient pas saisi ? Il y avait, dans cette noble profession de pirate, des places sans cesse vacantes. Car en réalité, on y mourait généreusement. Quand l'abordage ne loupait pas, que la razzia se heurtait à la poudre, la maladie vous bouffait avant que vous ne touchiez terre. Ces menus détails, toutefois, étaient apparemment trop anecdotiques pour seulement valoir la peine d'être mentionnés.
Le capitaine Fangius voulait de la chair fraîche pour renouveler son cheptel si dispendieusement crevé sous ses ordres. Dans trois à six mois, il mouillerait à nouveau à Goa pour y enrhumer une nouvelle floppée de crétins afin de renflouer ses pertes. Le cycle de la mort continuerait ainsi bon train encore des siècles peut-être.

- « Et si je vous disais que tout cet argent qui n’attend plus que vous, tout ce succès, il est à portée de main… du moment que vous êtes prêts à vous en saisir de force. »

À la criée, l’éloquent rustre faisait rien moins que la réclame pour enrôler la jeunesse dans la piraterie. Un tel éclat public, pour ce qu’il avait de terne mais de bruyant, constituant lui aussi un signe des temps. Pas un qui fut engageant ou porteur d’un avenir franchement radieux. Comme un symptôme bubonique et purulent, la présente tribune offrait une vitrine peu reluisante de ce vers quoi Goa s’était orienté dans toute sa déchéance. La plaie ne suintait que dans la Ville Basse, mais la gangrène, lentement, n’en finissait jamais de grimper.

- « Mmmmh, intéressant. » Se laissa mystifier un idiot dans la foule pour qui avait été justement façonné le discours.

Très pensif comme le laissait à penser ses yeux ronds qu’il plissait pour la peine, l’énergumène se tenait le menton tout en réfléchissant à cette perspective d’avenir avant finalement de sursauter, frappé par un soubresaut de bon sens.

- « Mais attends, qu’est-ce que je raconte moi encore ?! S’indignait-il enfin de sa propre idiotie. C’est un foutu pirate ! À sa main déjà, il brandissait un pinceau long comme un balai dont il comptait faire un usage intensif afin de laver la boucanerie ambiante. Tu vas voir ce que tu vas voir mon cochon. Ébauchait-il dans sa fougue. Les comme toi, j’ai vite fait de les convertir en billets de banque. »

- « J’ai pas de prime. »

Tempérant aussitôt ses ardeurs, son arme maintenant tenue en main sans être brandie, le chasseur de prime – car c’en était un – s’assagît immédiatement, écoutant à nouveau le tribun poliment et religieusement, l’encourageant ainsi tacitement à poursuivre sa litanie.
Alegsis Jubtion était chasseur de primes, mais en aucun cas justicier ou redresseur de torts. Amoral comme pouvait l’être un animal incapable de trop discerner le bien du mal, il se contentait aussi bien de l’un et de l’autre aussi longtemps que cela œuvrait dans ses intérêts. Un chasseur de primes, dans tout ce que supposait son rôle, pouvait quant à lui prospérer sur la canaille qui, elle-même, faisait son lit sur la désolation. Pirates et chasseurs de primes appartenaient chacun à un ordre naturel qui ne pouvait subsister et fleurir que dans le désordre. C’était aussi grand malheur que de croiser l’un ou l’autre.

Apostrophé par son prédateur naturel, le pirate usa de cette parenthèse houleuse pour mieux encore prêcher pour sa paroisse.

- « Voyez, messieurs dames, à quoi ressemble un allié du Gouvernement Mondial. »

Et c’est d’un air navré qu’il tendit la main en direction d’Alegsis pour mieux le désigner. Avec une gueule plate et niaise comme la sienne, on ne pouvait qu’instinctivement le prendre en pitié rien qu’après avoir posé un regard dessus. Son faciès seulement plaidait contre lui et ce, quelle que fut sa cause du moment.

- « Ces chasseurs de primes, s’ils grappillent parfois du bout des ongles une de leurs récompenses, vivent dans la misère le reste du temps. Ils sont des charognards faméliques prêts à ronger ce qui viendra pour vivre légalement. À courir après la flibuste comme ils le font, ils ne sont que les chercheurs d’or miteux de notre temps pour qui le seul trésor à portée de main sera cercueil qu’ils ouvriront avant de s’y jeter bien au fond. »

Séduit par la description tant celle-ci était joliment narrée en plus de viser juste, Alegs acquiesçait les yeux fermés, accordant ainsi un blanc seing d’une main d’illettré à tout ce qu’il venait d’entendre.

- « Jeri-hi-hi-hi, ça c’est bien vraiiiiEEEEH ! Parle pas comme ça des chasseurs de primes ! Même si tout ce que tu dis est vrai. »

Assez attardé pour prendre du retard même sur la compréhension de tout ce qui lui parvenait aux oreilles, il fallut quelques latences d’ici à ce qu’Alegsis saisisse qu’il avait été insulté. Furibard – mais légalement – il agitait son immense pinceau au-dessus de sa tête en vitupérant comme un roquet excité au milieu de la plèbe grouillante.

- « Espèce de gros tas de scorbut, reviens causer quand tes dents auront repoussé ! »

Ainsi avait-il entamé les hostilités, sans réserve ni pudeur. Piqué au vif, le forban grinça des dents – du moins celles qui lui restait – après qu’il se soit trouvé une âme pour échapper à sa mélopée enjôleuse. Alegsis était en effet si idiot que toute manipulation se perdait sur lui tant il ne comprenait jamais rien à rien. Paradoxalement, le plus lucide de la foule avait été le plus stupide d’entre tous.
C’était néanmoins commettre un commentaire avisé que de viser aux dents comme l’avait fait le chasseur de primes en colère. Car un homme à qui la fortune souriait de toutes ses dents, dans ce que supposait le principe, devait en principe être à même de se garnir les chicots d’un râtelier de synthèse. Or, de prothèse dentaire, le pirate n’en était point doté. Ce qui, dès lors, rognait quelque peu sur le récit idyllique qu’il avait dépeint jusqu’à présent.

Plus à même de réciter un discours appris par cœur pour l’avoir récité cent fois déjà, le tribun édenté était autrement moins versé dans l’art de la répartie.

- « Et… et toi, tes dents, tu veux qu’on en parle ? »

Avec une gueule qui lui valait enfant d’être appelé « petit potame » par sa propre mère, Alegsis faisait mauvaise figure car, sa figure, justement, constituait une entorse sévère à tous les critères de bon goût en matière d’esthétisme. Avec même deux grosses dents qui lui sortaient d’un coin et de l’autre de sa bouche sans lèvres, celui-ci avait un argument imparable pour contrer la remarque désobligeante qui lui fut adressée.

- « Je suis né comme ça, moi, c’est pas pareil ! »

Cela avait le mérite d’être vrai, ce qui, cependant, n’excusait rien.
Et les deux hâbleurs, lancés qu’ils étaient dans un concours d’invectives, n’en finissaient plus de s’accabler l’un et l’autre de tous les maux de la terre, à commencer par les plus puérils.
Perdus qu’ils étaient au milieu d’une rixe de cour d’école, les habitants, captifs et gênés, toussotaient et regardaient ailleurs en attendant que passa l’algarade.

Haletant l’un et l’autre à trop se hurler des insanités stupides, le boucanier sentit que son auditoire lui échappait du fait qu’un âne était venu ruer dans les brancards. Il devait tourner la situation à son avantage s’il souhait rafler du gogo par dizaines afin de remplir les cales du navire.

- « Quelle heure qu’il est, onze heures ? »

Alegsis, le poing levé en sa direction tout du long qu’il l’avait engueulé fut surpris de ne pas être cette fois écorché par une insulte.

- « À prendre ou à laisser. Et alors ? » Continuait-il de fulminer avec une emphase cependant plus soutenue dans sa verve.

- « Alors, rétorqua son adversaire, on se donne rendez-vous ici à vingt-deux heures ce soir. Il parut ensuite s’adresser à tous les badauds afin de les prendre à partie dans l’affaire. Celui qui, dans le cadre de son activité, réussit à amasser le plus de sous d’ici là aura prouvé que sa voie est la plus recommandable pour faire de l’argent. Ça te va ? »

Le défi, en plus de trancher leurs arguties stériles, permettrait au pirate de démontrer à quel point ce qu’il prêchait avait été factuel. D'autant que le perdant devrait remettre ses gains du jours au vainqueur. De quoi ainsi achever de convaincre une assemblée qui n’attendait plus que le coup de grâce pour tomber dans les filets qui avaient été tressés rien que pour eux.

- « Qu’est-ce qui me prouve que tu gagneras tes berries en faisant des trucs de pirate ? »

De mauvaise foi car mauvais perdant à titre préventif, Alegs cherchait par avance à se trouver des excuses s’il échouait. La déconvenue, coutumièrement, pavait son parcours. Aussi, se sachant si bien abonné à l’insuccès, il  avait pris ses dispositions.

- « Tu crois quoi ? Que je vais vendre des carottes au marché ? »

Toute la faible crédibilité dont bénéficiaient les chasseurs de primes en ce bas monde, au terme de ce pari, reposerait à présent sur le chapeau d’un ahuri patenté qui, lorsqu’il lorgnait sur dix primes, n’en raflait qu’une seule ; et pas la plus copieuse. Jeté qu’il était dans un engrenage qu’ils avaient huilé de concert avec les postillons de leur tonitruant pugilat, c’est sans se faire prier qu’Alegsis releva un défi dès lors où on se mit d’accord pour être accompagné d’un témoin. Les vents contraires avaient en principe de quoi très franchement décoiffer le chasseur de primes qui, laissant comme toujours l’impétuosité prendre le pas sur la réflexion, s’était engagé dans une défaite assurée.
Chacun s’étant entendu pour désigner le témoin chargé de surveiller l’autre, Alegsis avait empoigné le premier venu pour le jeter aux abords de la tribune de fortune que s’était aménage le pirate. Ce dernier, quant à lui, opta pour un jeune homme qui, à en juger par sa contenance et sa bonne tournure, n’était certainement pas d’ici. Il avait vu dans ses yeux une intelligence certaine derrière laquelle il présageait quelques semblants d'honnêteté. Aussi le choisît-il pour accompagner le grotesque chasseur de primes afin qu’il s’assura que ce dernier avait acquis son tribut dans le cadre de ses attributions professionnelles.

D’un pas résolu, pirate comme chasseur se tournèrent le dos, optant chacun pour un terrain de braconnage propice à leur fortune du jour. Alegsis s’en était allé en direction de la Ville Haute afin de se tenir au plus près de la garnison où il escomptait bien y glaner une prime dûment gagnée. Le témoin chargé de l’accompagner – tâche ingrate que celle-ci – se hasarda cependant à une remarque de bon sens.

- « Comment vous comptez récolter une prime ? Avec la loi martiale du gouverneur, on a suspendu les activités de chasseur de primes pour des raisons de maintien de l’ordre. »

Le journal, Alegs, il ne le lisait pas. Le reste non plus d’ailleurs. Il manquait de diligence cet homme-là, mais aussi d’éducation, car le bougre, en plus d’être stupide, n’était en réalité pas plus lettré que le dernier des forbans.

- « Oh nom de… s’arrachait-il déjà les cheveux de sous son chapeau, les yeux franchement exorbités, mais tu pouvais pas me le dire avant bougre de hareng saur ?! »

- « Je vous connais pas, moi. »

- « C’est pas une raison ! Rétorqua le « petit potame » de toute sa mauvaise foi. Trouve-moi un pirate avec une prime, vite ! »

- « En principe, je suis juste le témoin vous savez. »

Professoral et docte, un petit air pincé et pédant forcé en une grimace tordue sur son visage habituellement hébété, Alegsis leva l’index droit et, dans toute sa sagesse bouffonne, fit un somptueux étalage de sa crétinerie :

- « Mon travail implique de mettre en œuvre toutes les ressources légales à ma disposition pour mettre la main sur une prime : faire travailler les autres en fait partie. Redevenu à nouveau jovial après avoir ravalé ses faux airs d’érudit qui lui allaient si mal au teint, il adressa une claque dans le dos de son co-pilote, passant apparemment d’un sentiment à l’autre comme on changerait de chaussette ; signe d’instabilité mentale flagrante s’il en était. Si tu veux savoir comment devenir riche, t’as beaucoup à apprendre de moi. » Avait eu ensuite le culot de prétendre ce chasseur de primes qui, à cent lieues à la ronde au moins, empestait la pauvreté.

Ce jeune homme, jeté qu’il fut sous les sabots d’un pareil âne indolent, fut en réalité en passe d’apprendre pourquoi, au grand jamais, il ne fallait s’associer de près ou de loin avec Alegsis Jubtion. Cette journée de formation qui serait la sienne aurait le mérite d’être aussi instructive que traumatisante.


Dernière édition par Alegsis Jubtion le Dim 9 Avr 2023 - 17:58, édité 1 fois
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Comment devenir riche

quand on ne sait rien faire

Feat Alegsis




Encore un matin, un matin pour rien, une argile au creux de ses mains, le regard porté dessus et une marchande qui en vente bien des mérites. Le vase était ni beau, ni moche en soit, d'une banalité sans nom, la poterie classique pour contenir quelques fleurs et égailler une pièce. Le jeune homme cherchait de quoi embellir sa pièce, sa chambre dans le manoir qui servait de colocation à lui, son camarade et d'autres famille qui avait prit place dans une ancienne propriété de noble délaissé après la guerre.

 Tu trouves ça comment Chaym ? Questionnant son comparse, venu l'accompagner sur l'un de ces jours de repos.  Chaym ? Bizarre...  Quoi ? Il n'est pas bizarre, moche au pire des cas, mais je vois pas en quoi il est ''bizarre''. Reprit intrigué le jeune homme venant à reposer l'argile sur l'étale et à se tourner vers son ami, à quelques pas derrière lui. Le regard perdu au loin, l'autre jeune homme ne semblait pas avoir compris la question, ni même vraiment prêté attention au propos de son camarade.  

Venant à suivre le regard du blondinet, constatant au loin un attroupement, un étrange discourt semblait avoir lieu dans un coin de la basse ville. Remerciant la marchande pour son temps et s'excusant de pas finalisé son achat, celui-ci lui proposa de revenir plus tard, ce que le jeune homme vint à poliment accepter sous la condition du temps et de la disponibilité. Emboitant le pas à son comparse qui le devançait, intrigué par le spectacle, il vint à le perdre de vue dans l'agglutinement de gens autour d'un homme ne laissant que des questionnements dans l'esprit de Reebal.

Le scrutant du regard, l'écoutant parlé et avalant les informations au-delà de ses paroles, il traita le tout sans mal et avec une certaine rapidité. Avant même que l'homme ne dévoilât son affiliation mal dissimulé, les talents de mentaliste du petit gars lui avait clairement fait comprendre les grandes lignes de la vie de cette grande gueule édentée. N'appréciant pas cela, se retenant de ne pas monter au créneau pour rentrer en confrontation avec le pirate, histoire de contre-argumenté ses propos, voyant de quelques coups d'œil que quelques âmes faibles d'esprit pouvaient se faire tenter par ses histoires, il laissa pourtant les minutes et les mots s'écouler.

Cherchant à emmagasiner les propos de l'homme pour pouvoir lui ressortir dans un sens qui le discréditerait, il vint pourtant à être surpris par l'incrustation d'un étrange énergumène muni d'un pinceau. Comprenant là encore par l'échange des deux que le second était un chasseur de primes, le voyant se faire manipulé par un pirate qu'il crut sans broncher ne pas être primé, l'idée même que cet homme le laisse partir comme ça, juste parce qu'il ne pouvait remplir sa bourse le fit serrer le poing.

Les deux hommes rentrant dans un échange prouvant à l'auditoire leur débilité profonde, discréditant ainsi pour une grande majorité le pirate et ses propos de richesse facile, nombreux avaient déjà détourné le regard et éclairci les rangs des spectateurs. Ainsi, quelques instants perdus à écouter deux gamins se couvrir de honte, le moins aidée par la vie vint à proposer un paris complètement débile, que l'autre vint à approuver sans problème. Un chasseur de Prime qui pousse un Pirate à faire des trucs répréhensibles. Soit celui-ci était complètement débile, soit il était bien plus perfide que ne l'était Reebal. En-tout-cas, sans trop comprendre comment, ni pourquoi, il vint à être désigné témoin du pirate pour suivre le chasseur, là où par un curieux hasard, ce fut Chaym qui fut bousculé pour suivre le dit pirate.

Signant d'un petit geste à son camarade de se tenir après avoir été poussé comme un malpropre, les deux duos vinrent à partir, chacun de leur bout. Suivant ainsi le porteur de pinceau, par curiosité, pensant peut-être pouvoir lire au travers de ses pitreries, il n'attendait rien de ce dernier, envisageant même de lui refaire le portrait s'il venait à faire quelque chose de louche. Qui plus est, celui-ci semblait ignoré une loi en vigueur sur la répression des crimes.

Comment vous comptez récolter une prime ? Avec la loi martiale du gouverneur, on a suspendu les activités de chasseur de primes pour des raisons de maintien de l’ordre. Plaçant sobrement cela dans la conversation, son interlocuteur vint à prendre des familiarité qui vinrent à agacer le jeune homme. Je vous connais pas, moi. Répliqua Reebal avant de poursuivre aux demandes de l'homme. En principe, je suis juste le témoin vous savez. Le peintre continuant dans ses propos, prétendant avoir la connaissance pour devenir riche, ce qui fit bien rire le jeune homme, voyant clairement par delà la piteuse tenue du Chasseur, qu'il était un menteur et qu'il devait finir ses fins de mois à l'eau et au croûton de pain.

Suivant pourtant celui-ci, il reprit sans crainte,avec une pointe hautaine et laissant le vouvoiemant de côté. Je crois bien que c'est le ton problème chasseur. Ne tournant pas le regard vers lui pour lui parler, il poursuivit. Tu fais sans doute travail trop les autres et ce sont eux qui récoltent les primes que tu convoite. Avalant sa salive, pose très courte, il reprit. Dans le cas contraire, tu aurais sans doute une plus belle tenue. Tu ne roules vraiment pas sur l'or, car même ici, quelques vêtements propres sont plutôt abordables. Soupirant, ricanement très léger. Même ceux avec bien peu de berries en poche y arrive. Mais bon, y en a qui travaille et d'autres qui pense le faire... Tournant enfin le visage vers le chasseur, il le questionna. Donc ? Moi, je ne ferais que te suivre, demande à d'autres de t'aider si tu veux, mais c'est non pour moi.


Ce que ne savait pas le chasseur, mais dont se doutait grandement son témoin, était qu'à plusieurs centaines de mètres de là, au coin d'une ruelle peu fréquenté, gisait au sol l'autre participant. Les dernières dents qu'il avait, parsemaient sur la terre, au travers des gouttes de sang qui ponctuaient le tableau. Le forban avait malheureusement eut des propos, qui ne plus guère au fougueux charpentier. Ayant pris soin de ne pas se faire voir, durant et après son acte, il dépouilla l'homme et le couvrit de quelques déchets, le mettant alors pour lui, à la place qu'il était prédestiné.


   
notes
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  • https://www.onepiece-requiem.net/t25838-reebal-majors-termine
Point de complicité qui tienne apparemment ; la concorde, entre eux, ne s'accomplirait pas sous les auspices d’une saine collaboration. Ni peut-être en aucune autre circonstance. Finalement moins avenant à l’endroit de son accompagnateur, considérant désormais ce que ce dernier avait de moralisateur et d’inflexible, Alegsis roula des yeux à s’en décoller la rétine. Eut-il reçu un berry à chaque sermon se rapportant à son sens de l’éthique qu’il n’eut plusbesoin de courir le pendard d’une île à l’autre. « Éthique » était d'ailleursun mot qui ne figurait pas dans son vocabulaire. Littéralement parlant. Sa culture et son vocabulaire, à l’image de son sens de la probité, étaient en effet quelque peu carencés par une stupidité si ardente qu’elle constituait jusqu’au cœur nucléaire de son être.

S’il filoutait et prenait des raccourcis honteux, ça n’était ni par vice et encore moins par ruse ; simplement par pragmatisme. Son intellect s’avérait en effet trop congru pour s’embarrasser de détours quand sa paresse lui désignait le chemin le plus court.

- « Eh bah si t’es témoin, témoigne, mais parle pas autant pour rien dire. »

Sa remarque, alors qu’ils continuaient d’arpenter les chemins conduisant à la Ville Haute, il l’avait soufflée le plus gaiement du monde, pareil à un môme mal élevé et insouciant incapable de prendre en compte le manque de tact patent dont il venait de faire preuve.
La Ville Haute, c’était là où l’ordre revenait peu à peu avant un jour de pouvoir ruisseler en cascade sur les quartiers les moins privilégiés. Ce fut en effet un bâton bien merdeux qu’on avait remis entre les mains du gouverneur en lui confiant Goa. Celui-ci ne pouvait alors le décrasser qu’une couche à la fois d’ici à ce qu’il fut un jour rutilant. Les chasseurs de primes ayant eu durant quelques temps la discourtoisie de traquer la flibuste sans ménager les dégâts matériels au milieu de décombres qu’on peinant à empiler ; l’ordonnance venu suspendre leurs activités trouvait alors sa motivation dans la nécessiter de rebâtir dans le calme.
C’était une déveine pour qui s’était rendu sur place en espérant sincèrement faire fortune ses avis de recherche en mains. Il allait falloir redoubler d’intelligence pour relever le défi qui lui fut lancé. Seulement, un chiffre négatif, quand on le multipliait par deux, creusait encore mieux l’abysse sous le zéro. Alegsis, incapable de renifler le moindre forban dans les alentours, dut se résoudre à quelques solutions de dernier recours. Repoussé dans ses retranchements tel qu'il le fut à présent, il était alors capable du pire.

***

Derrière un étalage de légumes, là, au beau milieu du marché en plein air de la Ville Haute, deux remarquables spécimens de maraîchers trônaient fièrement, un tablier autour du coup et un fichu sur la tête. Dans ses errements constants, Alegsis avait entraîné avec lui son poisson-pilote jusqu’à faire de lui un vendeur de légume en sa compagnie. Présents l’un à côté de l’autre, observant chacun droit devant eux, ni l’un ni l’autre ne s’étaient imaginés que la chasse à la prime se ferait à la pesée.

- « Quel rapport entre « ça » et les primes ? » S’enquit le témoin dans tout ce qui lui commandait sa probité.

- « Ah, je l’attendais celle-là ! Scanda fièrement le giboyeur bien qu’il redoutait en réalité qu’on lui posa la question. Déjà, on travaille en tant que primeurs, donc déjà, y’a ça improvisait-il mot après mot en établissant alors une parenté douteuse juchée sur une étymologie bancale. Eh puiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis… étira-t-il la syllabe jusqu’à ce qu’un ânerie lui vienne. ah oui. Tout le monde sait que les pirates ont besoin de se ravitailler entre deux escales. Du coup, ils arrivent confiants et détendus devant le primeur et là, PAF ! On les cueille. Avec ça madame, ce sera tout ? » avait-il conclu alors qu’il avait fait toute sa démonstration tandis qu’il servait une cliente amusée de l’écouter deviser si bêtement.

- « Vous en avez encore recruté des originaux monsieur Glarion. » Fit savoir l’habituée à l’intention du maraîcher, un vieil homme assis à côté de son étal à lire quelques revues douteuses.

- « Qu’est-ce que vous voulez madame Angène, tous les petits jeunes se barrent pour crever dans la flibuste, je fais avec ce que j’ai en attendant. »

En désespoir de cause, à genoux et en larme pour mieux le supplier, Alegsis avait imploré le maraîcher de lui trouver du travail pour la journée, souhaitant ainsi glaner une poignée de berries pour sauver l’honneur quand viendrait vingt-deux heures. Lui resterait à trouver une excuse valable pour justifier ses gains auprès du témoin de sa petitesse.
Soucieux cependant de l’esbroufer afin de simuler le professionnalisme, Alegs se pencha vers le jeune garçon pour lui faire remarquer discrètement :

- « Tiens, voilà un pirate. »

Ce qui venait à eux, alors, n’était finalement qu’une octogénaire voluptueuse enveloppée dans un large manteau. L’imagination la plus poussive de l’esprit le plus fertile qui soit n’aurait jamais pu combler les béances insondables d'une pareille assertion afin que celle-ci passa pour crédible.

- « Je suis pas sûr. »

C’était évidemment faire preuve du plus infini euphémisme que de contester la thèse d’Alegsis en usant de ces termes. Présente devant l’étal, après avoir taillé ce qu’il fallait de bavette au vieux – car les gérontes venaient avant tout faire leur marché pour la causerie – la grand-mère passa finalement sa commande sans que rien de suspect chez elle ne laisse à penser qu’elle eut un jour navigué sous pavillon noir.

- « Bonjour, salua-t-elle avec bonhomie, est-ce que vous pourriez me mettre pour deux-mille berries de carottes s’il vous plaît ? »

- « Mais bien sûr madame », frétillait Alegsis, un grand sourire affable sur sa vilaine trogne niaiseuse.

Avec une maestria et une prestesse qui le qualifiaient comme le plus spectaculaire primeur de Goa alors qu’il n’en fut qu’à sa première heure de travail, il emballa les carottes et les lui servit en s’inclinant bien bas, rivalisant de pitreries involontaires et autres obséquiosités suspectes.
Elle non plus ne manqua pas de couvrir d’éloges ce nouveau vendeur auprès de son employeur avant de s’en retourner à ses quartiers.

Tandis qu’il la regardait partir, Alegs croisa ses bras, sa tête penchée en avant, présentant un petit sourire narquois.

- « Des carottes… commmmmmme par hasard. »

Son voisin, car il avait une tête bien faite en ce qui le concerne, ne saisissait pas vraiment le rapport entre une pirate présomptive et deux kilos de carottes. Peut-être même ne devait-il rien comprendre à ce qui se passait depuis qu’on l’avait collé au basque d’un abruti pareil. On perdait en effet très vite ses repères cognitifs les plus élémentaires à trop fréquenter pareil guignol.

- « Réfléchis, enfin ! Parce qu’Alegsis, lui, réfléchissait toujours avant de tenir des âneries. Les carottes, on sait que ça rend aimable.Les pirates en mangent plein quand ils accostent pour passer incognito, c’est bien connu. Allez, suis-moi. »

Son hypothèse ainsi formulée en dépit de ce qu’elle avait de spécieuse et de débile, Alegs se débarrassa aussitôt de son tablier pour le jeter sur le vieux, parti soudain traquer une vieille dame jusqu’à ce que celle-ci s’engouffra dans une ruelle peu fréquentée. Sous couvert d’une chasse à prime fallacieuse, il nourrissait en réalité le projet fielleux et idiot de lui voler ses économies afin de pouvoir ensuite jurer ses grands dieux qu’il ne faisait alors que délester un pillard des mers de ses biens mal acquis. Et de ses carottes.
Son témoin, n’eut pas le temps de le réfréner dans ses idioties que déjà, d’un coup sec administré par derrière, Alegsis avait assommé la vieille de son pinceau d’un mètre-cinquante. Fallait-il être aux abois pour avoir recours à ces basses méthodes ; ou sans doute fallait-il être le dernier des imbéciles pour ne pas mesurer l’ineptie d’une telle entreprise.
Aussitôt jeté sur sa proie, c’est sous les yeux d’un complice médusé qu’il fouilla les poches du manteau en lui assurant, le visage en sueur :

- « T’inquiètes pas, c’est une pirate, on... on a le droit. »

Parce qu’il était professionnel du droit en plus d’être un maraîcher hors-pairs ; et tout ça, sans même savoir lire. Alors qu’il dépeçait presque la vieille dame à tant la fouiller, celle-ci, contre toute attente, se retourna vivement sur le dos, présentant son nez ensanglanté et, de sous son manteau, sortit un fusil à canon scié.
Ce genre de situation advenait parfois. Pas très souvent sinon presque jamais, mais parfois.

Désormais dépourvue de ses airs de mamie-gâteau, les rides enrobant le regard sévère de ce qui n’était apparemment pas une grand-mère innocente, la victime parut presque transfigurée depuis la fois où elle fut servie en légumes.

- « Je sais pas comment vous avez fait pour me reconnaître alors que mon dernier avis de recherche date d’il y a un demi-siècle, pesta-t-elle en crachant à côté d’elle un glaviot ensanglanté du coup qu’elle avait reçu, mais je me rendrai pas sans combattre ! »

Quelque peu surpris – car il y avait de quoi – Alegsis ouvrit la bouche et écarquilla ses yeux si fort que ses sourcils lui échappèrent un instant des arcades. Personne ne s’attendait jamais à la pirate octogénaire. Personne. Les braves gens avaient en effet des idées bien arrêtées et préconçues sur ce qu’était un pirate, fondamentalement. Finalement, si Alegs fut victime d’une chose et ce, bien qu’il fut l’agresseur, c’est du poids des stéréotypes. Car même avec son expertise professionnelle en renfort, jamais le chasseur de primes qu’il était n’aurait pu seulement envisager que ses hypothèses fumeuses furent effectivement avérées.

- « OH MISÈRE C’EST UNE PIRATE POUR DE VRAI, avait-il laissé échapper avant de chercher à se rattraper aussitôt devant son commissaire politique, assénant alors avec un visage soudain très sûr de lui, comme je te l’avais dit, évidemment, pour finalement reprendre son précédent élan de stupéfaction, OH LA VACHE J’Y CROIS PAS ! »

Qu’il y crut ou non, cette douloureuse réalité s’imposait à lui, et braquait même sur sa vilaine tronche une arme qui aurait pu faire des trous dans une coque de navire. Pour elle comme pour lui, cette rencontre fut la faute à pas de chance. « Pas de chance » étant l'expression pudique que l’on pouvait utiliser comme substitut afin de ne pas invoquer la profonde débilité d’Alegsis Jubtion.
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L'envie de lui refaire les chicots était grand. Son insolence, mais sans doute encore plus, sa bêtise, avaientt le don de taper sur les nerfs du jeune homme. Il pouvait partir, le planter où il était et passer à autre chose, pourtant, quelque chose retenait Reebal, sans savoir clairement quoi et surtout pourquoi, il suivait cette hurluberlu. Ce chien le cherchait clairement, lui demandant presque de se taire. Cela ne manqua pas de faire sourciller l'intéressé, qui répliqua du tac au tac à ses propos.

Je parle si je veux ! Et je t'emmerde ! Donc si t'es si grand chasseur que ça ! Chasse !


***


La logique de ce gus était complètement lunaire, mais pourtant il l'avait suivit. Pas dans ses délires, loin de là, mais il ne l'avait pas lâcher, sans doute pour éviter une catastrophe, car c'est bien ce que présentait le jeune homme. Il n'avait pourtant pas des prédisposition à la divination comme sa charmante mère, ne voyant pas clairement certains faits, mais cette sensation étrange, lié au destin et qui l'animait parfois, lui disait de pas le lâcher, car il y avait quelque chose de plus intéressant. Quoi ? Voilà l'ultime question à plusieurs millions de berries. Qu'est-ce que pouvait tirer un gars comme lui, d'un mec comme ça. Et ''ça'', c'est là l'une des choses les plus déconcertante et étrange qu'il est croisé de sa vie.

Il avait réussi à se faire embauché par un vieux marchant, un ancien qu'avait déjà côtoyé Reebal par le passé, il l'avait aidé à remonter son étale et avait sans nul doute accepté la demande de l'autre dégénéré parce qu'il était avec lui et surtout qu'il voulait se la couler douce, au vue de la suite. En somme, le fils de bandit resta en retrait, assit sur une caisse à regarder le spectacle de Guignole au marché. Ne sachant pas s'il devait s'amuser de la situation ou maudire se jour pour le reste de sa vie, il vint à se moquer de son inconnue interlocuteur quand celui-ci vint à prétendre que la prochaine cliente était une pirate.

Le laissant a sa vente, ce qui choqua le plus le jeune homme fut le prit exorbitant au kilo de ses carottes.

Quoi ? Elles sont vraiment à deux-mille berries le kilo ? Vous les faites venir de South Blue vos carrotes Monsieur Glarion ? Questionna Reebal au propriétaire de l'étal, engageant une conversation et délaissant quelque instant l'autre gars. Lui faisant comprendre que c'était une variété qui était surtout prisé par les nobles du pays quelques années plus tôt, il trouvait encore quelques acheteurs parmi la nouvelle bourgeoisie. Trouvant l'information intéressante, continuant son échange, là où son comparse forcé semblait parler seul dans son coin après avoir servie sa pimpante cliente, il vint à jeter son tablier sur le vieil homme, coupant court à la conversation que ce dernier avait avec le jeune homme. Mais t'es pas un peu c... Il est où ?! Merde !

Quittant sa caisse avec hâte, s'excusant auprès du maraicher, lui affirmant qu'il reviendrait au plus vite, il s'engouffra dans la rue, cherchant à talonné le chasseur qui le devancé.  Devant lui, à quelques mètres de là, le voyant asséner un coup à la pauvre cliente qu'il avait précédemment servie, celle-ci s'étala de tout son long sous les yeux médusés des passants. Prétextant que celle-ci était une pirate, s'apprêtant à dégainer son pistolet pour le forcer à se rendre, pensant clairement que celui-ci allait trop loin dans son délire, il sortit alors du manteau de sa victime une imposante arme à feu. Retenant son bras qui s'apprêtait à sortir de sa ceinture son pistolet, alors caché dans le bas de son dos, il resta figé quelque instant.

Pardon ? Viens-t-elle vraiment de dire qu'il avait raison ? Reebal avait du mal à croire à cela et l'attitude faussement sûr de son challengeur le laissa encore plus dans le doute. Ce mec a soit beaucoup de chance ou cette femme une poisse pas possible. C'était invraisemblable, le jeune homme peinait à croire ce qu'il voyait et entendait. Le chasseur était complétement dans son délire, ne croyant pas qu'il avait raison, délaissant alors tout naturellement la vieille qui se releva et repris son arme par la force.

Saisissant son canon, elle fit preuve d'une force insoupçonnée en s'accaparant son bien, venant à repousser en arrière le chasseur de primes qui tomba à la renverse. Essuyant ses lèvres ensanglantées, montrant tout de même des preuves de faiblesse, le temps ne lui ayant pas fait de cadeau, elle pointa sans prévenir le canon de son arme en direction du peintre qui l'avait lâchement attaqué.

Comment t'as sus que j'étais recherché ? Hein ? C'est mon grain de beauté, c'est ça ? Parle ! Menaça la veille femme en pointant le canon sur le front du chasseur, elle dont le lentigo caractéristique était placé dans le coin de l'œil gauche. Oui ! Oui ! C'est ça ! Le grain ! Acquiesçant aux propos de la pirate à priori par réflexe, ne semblant presque pas avoir saisit les propos de celle-ci, elle s'apprêtait à appuyer sur la détente et une détonation vint à se faire.

Suivit d'une seconde dans la foulée, deux armes avaient fait feu. Le bras armé pendant et suintant d'un liquide rougeâtre, la femme vint à se tenir la plaie, ayant lâché son arme qui avait manqué de peu le chasseur, détonant à côté de sa tête et lui perforant sans aucun doute un tympan dans la manœuvre. Le canon encore fumant tombé au sol, un autre plus en retrait était encore en joue sur la femme qui fulminait, telle une bête blesser. Cette histoire dépasse les limites ! C'est aux autorités de prendre la suite ! Lança le jeune homme, déterminé dans sa démarche, cherchant l'appui de la foule qui avait retenu leur souffle à cette altercation. Madame ! Et toi l'autre truche ! Vous vous gardez de toute idée stupide ! Je n'hésiterais pas ! Vous mettez la vie des concitoyens en danger avec vos conneries !

Gardant un œil avisé sur ses cibles, le jeune homme vint à chercher l'aide des personnes aux alentours, demandant humblement que la Marine soit appelée au plus vite.




   
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Dernière édition par Reebal Majors le Lun 10 Avr 2023 - 10:09, édité 1 fois
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La confusion d'abord, la poudre qui crachait ensuite ; tout cela, en un rien de temps à peine, concourut à échafauder un joyeux bordel. L'artère dans laquelle ils s'étaient engouffrés, bien qu'habituellement si paisible, était à présent le théâtre d'un micmac dans lequel Alegsis s'était fourré tête la première avec son air benêt. C'était l'anté-Midas cet homme-là, tout ce qu'il touchait se transformait en une série d'emmerdes desquels il se dépêtrait le plus souvent en causant davantage de torts autour de lui. Ça n'était pas une manie, mais un réflexe contre lequel il ne pouvait jamais lutter.
Son accompagnant ayant lui aussi sorti une pétaudière au canon fumant, le chasseur le primes l'avait toisé un long moment, quelque peu estomaqué avant de lui dire :

- « Témoin, souffla-t-il en pensant l'avoir nommé convenablement, ma parole... toi aussi t'es un pirate ? »

Le coup de grosse venu lui atterrir sur son museau plat constituait en soi une réponse négative. C'est qu'il était si prompt à se fourvoyer ce bon monsieur Jubtion qu'il fallait lui expliquer diligemment les choses, quitte à lui briser un os ou deux dans la foulée. Il fallait en effet au moins qu'il qu'il comprît quoi que ce soit.
La situation était sous contrôle, et certainement pas grâce à lui. Son suivant, usant de son courage ainsi que son mousquet, avait sauvé l'honneur et accessoirement l'abruti qu'il était chargé de surveiller dans une même foulée. Avec une pirate acariâtre sur le retour et une savonneur de planches pourries comme seul aréopage du moment, personne n'aurait pu lui reprocher d'appeler la Marine considérant les circonstances. Il n'y avait qu'une chose rationnelle à faire, et il l'avait accomplie le plus naturellement du monde.

Mais Alegsis Jubtion était fâché avec la rationalité.

Profitant que son compère tourna son attention vers quelques âmes secourables, Alegs lui asséna un coup de cru dans le dos.

- « Brush Crush : Le Rire Jaune ! »

Ce fut vif, ce fut net, ce fut efficace et ce fut un admirable coup de pute qu'il orchestra alors du bout de son pinceau. Dans le dos, à ce camarade qui l'avait pourtant extrait de la mélasse, il lui avait assigné son Color Traps jaune.

- « Ha....hahaha...HAAAAAhahahahahaha ! »

Perdu dans un fou rire irrésistible occasionné par un coup de pinceau qui fut aussi hypnotique que drolatique, le jeune homme en perdit son latin, se privant ainsi de quelques précieuses locutions qui lui auraient permis d'appeler de l'aide. À la grosse, transie de douleur et de rage, son vaste séant la lestant sur le pavé, Alegsis la gratifia elle aussi de quelques coloris dynamiques non sans avoir préalablement dégagé du pied son arme vers un égout.

- « Brush Crush : Coup de Blues ! »

À elle, la marque, elle prit des chromatiques azurées. Un Color Traps bleu peinturluré sur la bedaine, celle-ci parut perdre toute volonté, sa vigueur lui échappant comme un pet gras qui lui avait ratatiné le corps et l'esprit. Ce sigle-ci, dans ses teintes, comprenait la marque du désespoir qui, naturellement, la fit soudainement déprimer au point de se délester de toute rage combative.

- « Allez, une tisane et au lit. » Annonçait-elle résignée à présent qu'elle fut privée de sa hargne.

Son camarade hilare, Alegsis l'agrippa par l'arrière du col alors qu'il se savait désormais hors de danger. À son oreille, soucieux que personne ne vint à eux il lui marmonna :

- « Ça va pas d'appeler de l'aide ?! Tu bosses pour l'autre pirate ou quoi ? Si je me garde la vieille de côté, je peux m'en faire un magot en la donnant à une autre garnison. Et on fera cinquante-cinquante. »

Un « Cinquante-Cinquante » à la mode Jubtion signifiait qu'Alegsis daignait accorder deux pièces de cinquante berries à qui l'aidait dans ses œuvres. Car c'était un littéraliste doublé d'un crétin fini.
Mais même sans avoir à siffler les Mouettes, celles-ci virevoltaient toujours dans les environs et venaient piailler quand une odeur suspecte planait dans l'air. Une succession de coups de feu faisait à ce titre amplement l'affaire pour accaparer leur attention. Trois des ces messieurs en uniforme, dégourdis et arrivés d'un pas pressés, braquèrent aussitôt leurs armes sur les suspects.

- « Qui est-ce qui a ouvert le feu, ici ? »

Alegsis, trop de fois, s'était retrouvés devant les fusils de la Marine. Son inconséquence irritait en effet autant ses alliés présomptifs que ses ennemis supposés. Par réflexe, il fut le seul à lever les mains tandis que son témoin, la main en appui contre le mur tant il s'esclaffait, persistait à se gondoler aussi longtemps que la marque dans son dos n'était pas entravée. Plus en retrait, la géronte graisseuse restait quant à elle affalée sur le dos, apparemment incapable de se relever.
Le temps d'analyser la scène, les sauveteurs déterminèrent après une inspection rapide qu'un seul homme en présence tenait une arme : celui-là même qui se marrait comme une baleine.

- « Toi ! Arrête de bouger ou on tire ! »

L'ironie du sort voulut que celui-là même à avoir été le plus disposé à appeler la Marine, ce bon samaritain digne d'un héros pour avoir sauvé la situation, se retrouvait tenu en joug par trois recrues rendues nerveuses par les rires de possédés de ce qu'ils tenaient désormais pour l'assaillant d'une vieille dame.

- « Tout va bien madame, se hasarda un des trois par acquis de conscience non sans perdre de vue le rieur fou.

- « J'irai mieux quand je serai morte. » Ne trouva qu'à répondre celle-ci, en proie qu'elle était au « Coup de Blues ».  

Au milieu de ce ravissant foutoir dont il était le maître d'œuvre, Alegsis, lui, ses bras toujours en l'air, sifflait nerveusement en espérant que son témoin fut le seul à prendre la foudre sur un malentendu. La témérité, sauf dans l'insolence et la pitrerie grotesque, lui faisait parfois cruellement défaut.
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Appelez la garnison ! Il faut...  Ha....hahaha...HAAAAAhahahahahaha ! Cherchant à attirer à lui la sympathie d'hommes et femmes témoins de la scène, parvenant à démontrer une sincérité et une logique certaine en demande l'appui des autorités en charge, son discours vint à être coupé court par une sensation étrange. Ressentant quelque chose passer dans son dos, au travers de sa chemise et de sa légère veste, son esprit vint à se troubler et un rire de clown névrosé vint à le prendre.

Les spectateurs étaient troublés, mais les plus avisés avaient vu que le peintre, du moins celui muni d'un imposant pinceau, avait taguer quelque chose de jaune dans le dos du jeune homme, enclenchant mystérieusement son changement d'état. Plier de rire, dans l'incapacité même de prononcer le moindre mot trop prit à cracher ses poumons d'un ricanement venu d'outre-tombe, Reebal ne put être un témoin concentré du reste de la scène. Arrivant contre un mur, toujours sous l'hypnose coloré qui était son fardeau, ses rires l'empêchait de saisir, ni même comprendre les mots provenant d'ailleurs.

La Marine arriva serte et le chasseur s'était fait victime et témoin d'une scène qu'il jurerait sans doute à mille lieus d'avoir participé, mais certains véritables témoins, était bien plus intégré et courageux que ne l'était le vilain Petit Potame. Une a deux personnes vinrent alors à exposer les faits, de vive voix et de manière claire, expliquant alors ce qu'ils avaient respectivement vue et discréditant en premier lieu le pauvre rieur qui s'écroula au sol, celui-ci venant à se tordre de rire et progressivement faire disparaitre l'œuvre peinte dans son dos. Terminant les rires et cherchant son souffle au travers des courbatures douloureuses qui étaient maintenant les siennes, ses muscles furent mis à rude épreuve par cette session de yoga du rire.

Les cris de douleur remplaçant les ricanements, l'un des soldats et un badaud vinrent à sa porté, l'homme expliquant alors que le jeune homme avait serte fait feu, mais avait sauver la vie de l'homme en position de reddition. Éclaircissant la scène en mettant au fait son point de vue, expliquant que la vielle femme avait été agressé par le peinte et que celle-ci avait cherché à lui exploser la caboche, il avait poursuivi par expliquer sans trop savoir comment, que l'homme avait maîtrisé les deux autres protagonistes avec quelques couleurs de gouache apposés sur leur corps.

Tenu en respect par un soldat muni d'un fusil, le chasseur n'avait pas la moindre chance faire quelconque mouvement débile. Un autre venu à la rencontre de la femme, ne parvenant à échange avec elle, trop déprimé pour cela. Le chasseur exprima à coup sur un point de vue, ne se mouillant pas trop, mais les témoins corroborés une point de vue qui se suivait les uns les autres. Il fallut quelques minutes pour que le jeune homme parvienne à extirper quelques brefs mots.   C'est un chasseur... De prime... Il est tombé sur cette femme... Elle a dit d'elle-même... Être recherché... J'ai tiré pour pas qu'elle... Lui explose la cervelle...   Peinant à sortir ses mots, mais voulant quand même éclaircir la situation, la question fatidique vint à lui être posé : Avait-il un lien avec l'un de ces personnes ? À cette question, il y répondu avec une certaine honnêteté.   Non Monsieur... J'ai juste rencontré cet homme ... Il y a quelques heures tout au plus... Il ne semble pas avoir... Toute sa tête... J'ai voulu bien faire... En l'accompagnant... Le guidant en ville... Mais... J'aurais dû m'abstenir...

La situation s'éclaircissant pour les forces de l'ordre, ils vinrent à être rejoints par plus de collègues et de manières temporaires, les armes de tout ce beau monde vinrent à être confisqué. Emmené avant tout pour être questionné, plus que véritablement emprisonné, les deux ''blessés'' furent prit en charge, Reebal sortant des soins bien plus rapidement que la vieille femme, qui fut alors reconnue et emprisonné par la suite, il vint à de nouveau être auditionné, dans de meilleures conditions. Expliquant un peu plus clairement la scène, au même titre que la rencontre avec l'autre énergumène, il ne l'enfonça pas pour autant en mettant de côté l'histoire avec le pirate.

Relâché, tout deux, le chasseur ayant lui aussi été entendu, les soldats comprirent rapidement le degré de bêtise du gars en question, ne voulant pas se coltiné plus de paperasse. Recevant un avertissement pour leurs actes respectifs et à défaut de se voir coller une amende, les Marine décidèrent de ne pas attribuer la prime au chasseur, surtout en raison de la loi en vigueur, que lui avait alors rappelle Reebal précédemment.

Ainsi mis à la porte de la garnison sous les coups de vingt-deux heures, le chasseur était mécontent d'avoir vue cette prime lui passer sous le nez, reprochant tout naturellement à son témoin de lui avoir fait perdre son maudit pari par la même occasion. Comprenant de plus que l'heure était arrivée et qu'il ne serait alors pas arrivé à place à temps, une silhouette vint pourtant à venir à eux dans la pénombre. Mettant quelque temps à reconnaître celui qui était le témoin et qu'il avait lui-même jeté au pied de son challengeur, Reebal lui, n'eut guère de mal à mettre un nom sur le visage famillié de son ami.

Le chasseur comprenant que l'autre témoin était là, il se posa alors la question qui lui brûlait les lèvres : Où était le pirate ? À cette demande, le blondinet répondit sans gène qu'il l'avait démonté dans une ruelle, n'acceptant pas de l'entendre dire qu'il avait pour projet de détrousser une mère de famille en menaçant ses gamins. Reebal répondant en donnant raison à son collègue, il ne chercha même pas à attendre une quelconque réponse du chasseur et embarqua son ami pour s'éloigner de cet aimant à emmerde coloré. Ne cherchant même pas à lui passer le bonsoir ou à prétendre le revoir, ils s'enfoncèrent dans la nuit, laissant le chasseur au même point où il était le matin même : Pauvre, Raté et Débile.




   
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Ce fut preste. Le séjour en garnison, le retour à la Ville Basse, la fuite du témoin, tout cela, en plusieurs heures de temps, lui était passé devant les yeux comme une cavalcade folle dont Alegsis peina à suivre à la cadence. Aussi, lorsque le témoin qui lui fut assigné partit en vadrouille avec son petit ami, le giboyeur, ainsi laissé pour compte au beau milieu de la carrée ne sut contenir une remarque - car la pensée lui venait constamment aux lèvres pour le plus grand malheur de qui laissait traîner ses oreilles aux environs.

- « En voilà un qui est parti comme un voleur. De là à dire que... »

Déjà lancé dans quelques réflexions de haute volée, à se mordre un coin de la lèvre tandis qu'il se demandait si, finalement, à décaniller si promptement, son accompagnateur n'avait pas filé de peur qu'on ne découvrit qu'il fut un pirate, on l'interrompit heureusement dans ses hypothèses vaseuses. Un pirate, un vrai cette fois, lui avait tapoté sur l'épaule ; en nage, le souffle court, et la gueule enfarinée d'avoir été si bien remodelée à la phalange, il était de retour. C'était en effet celui-là même qui, plus tôt en matinée, lui avait adressé un défi stupide dont, naturellement, l'issue fut pour l'un comme pour l'autre, aussi minable qu'on eut pu l'espérer.
Plus de foule à héler à cette heure, et encore moins de criminels à capturer : ils avaient tout deux échoué dans les grandes largeurs.

- « Alors, c'est à cette heure-ci qu'on arrive », enguirlandait-il déjà le boucanier mal en point et ce, bien qu'Alegsis fut lui-même en retard de près d'une heure.

Moins éloquent que plus tôt dans la journée, moins denté même, on devinait que le témoin du pirate, lui aussi, avait manqué de rigueur dans ses attributions. Malgré la rouste dont il fut le malheureux bénéficiaire, ce forban-ci n'avait pas manqué à ses engagements. Appuyé qu'il était sur une béquille de fortune faite d'un porte-manteau brisé qu'il avait trouvé dans les gravats de Goa, il brandissait de ses doigts fébriles un billet de dix-mille berries, garant de sa victoire. Sa fortune, sans doute l'avait-il honteusement délestée dans le cabas d'une vieille à la dérobée. Une vieille qui - s'était à espérer - ne fut pas pirate.

- « Pour... l'honneur », sifflait-il péniblement depuis qu'on lui avait comprimé la cage thoracique au terme de la bastonnade qu'on lui administra ce matin.

- « Pour les consommations tu veux dire ? » Répliqua avec cet enthousiasme débordant un chasseur de primes décidément trop gourde pour se laisser aller à l'acrimonie ou la rancune.

Dans une cervelle aussi étriquée que la sienne, une pensée en chassait vite une autre. Gros-jean et blousé d'une prime comme de son honneur, Alegs n'en tînt aucune rancune à qui que ce soit. D'un geste vif, il délesta son rival du billet de banque avant de lui faire signe de la tête en direction des quelques rares avenues encore éclaircie à la lanterne.

- « Allez viens va, c'est moi qui régale et c'est toi qui rince. »

Flibuste et lointains affidés gouvernementaux, à y regarder de plus près, sans même qu'il ne soit besoin de plisser des yeux, étaient du même monde, celui de la mauvaise vie. La Justice, les bons sentiments, cela faisait de longue date qu'ils en étaient revenus. Emmêlés qu'ils étaient ensemble dans un même écosystème vicieux, que ce fut pour le meilleur ou pour le pire, traqueurs des mers et pirates étaient indissociables les uns des autres au point même d'en être substituables sur le plan des mentalités. Sous couvert d'une blague vexante, la Marine soutenait à bas bruit qu'un chasseur de primes, au fond, n'était jamais rien d'autre qu'un pirate qui avait manqué d'ambition. Il y avait du vrai dans ce qui se disait.

La prime, on ne la lorgnait pas par devoir ou au nom de la Justice, mais pour la somme qui y était inscrite. Le butin, pour qui avait fait profession de pister les scélérats de toutes obédiences, avait chez eux le mérite d'être légalement acquise. Cela et cela seulement, au fond, les distinguait des boucaniers les plus répugnants amenés à flotter sur les mers. Aussi, c'est bras dessus et bras dessous qu'un pillard des mers - parce qu'il était dépourvu de prime - pouvait ainsi copiner avec un licencié de la chasse-à-l'homme. Ensemble, ils écumeraient la première taverne où l'on viendrait leur pisser de l'éthanol dans un godet. Mais à compter du jour où ce forban avec lequel il s'entendait si bien aurait dix berries de prime indexés sur le front, ce ne serait pas le pain qu'Alegsis romprait en sa compagnie, mais les os.
C'était une amitié induite qui existait entre les chasseurs de primes et leurs proies ; une qui ne disait pas son nom, mais une qui fut aussi particulièrement précaire pour ce que le Gouvernement Mondial glissait parfois d'intéressement dans l'affaire. Cela, ces deux « merdeux », comme ils les avaient appelés le temps d'une soirée de beuverie, ils ne le comprendraient jamais, à vivre dans petit monde aseptisé fait d'une vaine justice et de belles paroles qui résonnaient dans le néant. Alegsis et la basse flibuste, elle, dans toute sa déchéance, vivait la vie réelle. Celle qui laissait de la saleté sous les ongles, mais une qui méritait qu'on s'en souvienne tant elle fut flamboyante d'ici à ce que sonnerait le glas.
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