-21%
Le deal à ne pas rater :
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, Collection Botanique
39.59 € 49.99 €
Voir le deal

Deux gamins sous la neige [FB TiNTi]

Spoiler:

La rue était froide, hésitant entre boue et neige souillée, et entourée de hautes battisses grises constellées de barbelés. Les hautes portes cochères, bien que neuves n'avaient aucun éclat métallique, qui aurait pu apporter un peu de lumière à défaut de couleur dans le coin. Des fenêtres bardées de barreaux ne filtrait qu'un noir intense, encore plus morbide que l'extérieur à vrai dire. Il n'y avait pas de vie possible entre les grillages, les numéros inscrits sur chaque geôle s'enchainaient méthodiquement, sans que rien ne pu arrêter cette mécanique infernale. Dans le petit village, il n'y avait aucun bruit audible, même pas la lamentation d'un rat à l'agonie, seulement la neige qui tombait, de plus en plus sale et la boue qui ruisselait le long de rares pavés grisâtres que l'on pouvait encore apercevoir. D'ailleurs, cette boue n'en était pas vraiment une, c'était plus de la crasse mêlée à des excréments qui dégageaient une odeur abominable.

Soudain, un bruit régulier se fit entendre, lent mais particulièrement fort. La vie revenait derrière ses barreaux, sous la forme d'esclaves exploités à la construction du pont, non loin de là. Ils avaient d'abord reconstruits un village, plus proche des travaux puis avaient continuer leur travail, inexorablement. Les autorités avaient donné à l'ensemble de baraquements le nom de Porto Dell, c'était accrocheur et même assez vendeur si on partait de ce point de vue, ça sentait les vacances et la joie de vivre... Les visages émaciés et les corps décharnés rejoignirent leur domicile sous la direction de soldats de la marine, accompagnés de chien. Parmi les premiers, une petite fille aux cheveux blancs et aux yeux rouges, flottant dans sa combinaison bleue de prisonnière visiblement conçue pour les adultes, poussa une grande porte et s'engouffra dans la fraicheur du lieu qu'elle appelait sa «maison» en compagnie de ses frères et sœurs un peu plus jeunes qu'elle.

Kana poussa un soupir. Une journée de plus écoulée et une journée de moins à souffrir avant de mourir. Elle commença par allumer un feu sur le maigre poêle qui gisait dans un coin puis sortit les provisions que leurs avaient donné leurs bourreaux et les fit cuire avant de donner à manger à ses compagnons de fortune en leur conseillant de bien mâcher. Après quoi, la gamine se hissa au second étage d'un pas trainant et se posta devant la fenêtre pour regarder les étoiles. Elle ne savait pas pourquoi elle était là, on lui avait dit qu'elle avait commis des crimes avec les autres enfants mais la petite ne se souvenait pas et surtout, elle ne comprenait pas. Son passé s'était envolé mais il semblait pourtant qu'elle était arrivées sur les chantiers de Tequila Wolf après la construction du village. Plus les jours passaient et moins elle se rappelait.

Après avoir vu passer la dernière fournée de prisonnier et la dernière ronde, l'albinos se précipita vers le fond du grenier, monta sur une caisse puis décrocha une tuile mal fixée. Elle avait trouvé ça il y avait maintenant une semaine, alors qu'elle souffrait d'insomnie mais n'en avait parlé à personne. Bien que ses sœurs et frères la respectent, ils avaient peur de son apparence, comme les adultes d'ailleurs. La jeune fille ne pouvait se fier qu'à elle-même. Avec un peu de difficultés à cause de courbatures, elle se hissa au dehors. Il faisait froid et la neige venait de recommencer à tomber mais pourtant, Kana préférait être frigorifiée et libre que avoir chaud et rester une minute de plus dans cet endroit sordide. C'était la perspective de sortir toutes les nuits qui la faisait tenir durant les durs heures de la journée.

Une fois les barbelés enjambés, la gamine se laissa glisser jusqu'à la rue sombre et dissimula ses cheveux, la majeur partie de son visage et sa combinaison bleue derrière une grande couverture noire. Son souffle faisait comme de la fumée de cigarette, bien qu'elle ne sache pas d'où lui vienne cette référence. Peut être son esprit avait-il bloqué tous ses souvenirs pour qu'elle puisse y avoir accès plus tard... En tout cas, si elle voulait passer du temps dans la forêt et revenir à l'aube, il ne fallait pas trainer.

La petite aux cheveux blancs accéléra le pas et sortit finalement du village.
    Deux gamins sous la neige [FB TiNTi] 541635

    Aux milieux des bois, un courageux amiral de la marine s'avançait. L'ennemi était là, tout autour de lui! AU milieu de cette neige, dissimulés dans les bois, ils y en avait des centaines. Il allait les battre tous et les enfermer, pour rendre le monde meilleur! Il avanaçait silencieusement sur ses petits pieds.

    Tel était le jeu actuel du jeune Timuthé N. Tempiesta, âgé de 3 ans et des poussières. Papa et Maman faisait des trucs de grand en essayant d'installer un magasin de jouet sur l'île, ils lui avaient donc conseillé d'aller faire un tour dans la forêt. Bien sûr il n'était pas tout seul, au loin, dans un coin Manuel avait été chargé de le surveillé pour pas qu'il fasse de bétise, mais ça, il le savait pas.

    Ahaha! Voilà qu'un redoutable caillou se dressa sur la route du courageux combattant. N'écoutant que son courage, il lui tapa dessus de toute ses forces avec son pied. L'ennemi s'envola quelques mètres plus loin. A peine le temps de profiter de sa victoire si vaillement gagné que le jeune "amiral" dut se jeter au sol. Un flocon mortel venait en effet de manquer d'atteindre son visage. Il n'allait pas se laisser vaincre comme ça! Il fit une boule de neige avec ses mouffles, et tira le projectile sur le vil arbre qui avait tenter de l'abattre.

    Toucher! Haha, tu fais moins le malin maintenant! C'était ça d'affronter le puissant Tempiesta sur son territoire. La justice triomphait toujours quand il était envoyer se battre!

    C'est alors que Timuthé s'arrêta dans son élan. Face à lui, un peu plus loin, il y avait une forme noire. Elle était vrai, et elle marchait. C'était un être vivant. En baissant la tête, notre garçon apperçut des trace de pas. Elles étaient grandes, mais pas autant que les traces de papa, maman, ni même que Manuel, mais elles étaient grandes.

    Cela dit, il en fallait plus que ça pour arrêter le courageux bambin. Il s'avança vers la forme, avec la démarche caractéristique de l'enfant qui n'est pas encore particulièrement à l'aise sur ses jambes. Il se rendit compte alors que la forme n'avait pas un gros manteau et des mouffles comme lui, mais seulement une grosse couverture pas jolie, et un pyjama tout bleu.

    La forme devait avoir froid. C'était peut être un de ces trucs que papa et maman appelaient un mendiant. Ah moins que ça soit une vilaine sorcière! Non, les sorcières ça vivait pas dans les forêts enneigés, parce que la neige ça leur tombait sur les yeux et ça les rendait aveugle. Puis les mendiant non plus, les mendiants sa vivait que sur les trottoirs et ça avait des problèmes au pieds qui les empêchait de marcher.

    C'était Caroline, sa grande soeur qui lui avait dit. Et Caroline, elle avait toujours raison, faut dire, elle avait quand même 6 ans, c'était une vieille! Par contre Hélène, sa cousine de 5 ans, elle disait toujours que des bétises. Une fois elle avait même dit que c'était son papa le meilleur, mais Timuthé savait, lui, que le meilleur, c'était son papa à lui!

    C'est alors qu'il compris. Cette forme qui se cachait, c'était un lutin du père noël qui s'était réveillé pour faire pipi, et il s'était perdu! Il fallait absolument l'aiderà retrouver son chemin sinon le pauvre il allait avoir froid. Et quand les gens avaient trop froids, ben leurs oreilles et les méchantes fée leur faisait poussé des boutons sur le nez! C'était Elizabeth, sa soeur de 15 ans qui lui avait dit quand il avait pas voulut mettre son manteau alors c'était forcément vrai hein!

    Il courrut aussi vite qu'il put et se planta devant la forme, sans avoir peur ou quoi. Il afficha un regard déterminé afin de faire comprendre au lutin qu'il devait lui obéir. Bon le fait qu'il doive lever la tête pour regarder le lutin et son gros manteau lui donnait plus un air d'esquimaux miniature qui faisait un caprice, mais bon, on peut pas tout avoir.

    Bonjour, moi je m'appelle Timuthé N. Tempiesta, j'ai 3 ans et demi, et je suis le petit frère de Manuel Tempiesta, tu le connais? C'est le meiiiiiiiiiiiiiiiiilleur grand frère de l'univers. Et toi tu t'appelles comment, Manuel Tempiesta c'est aussi ton grand frère? Merci de m'avoir écouté!


    Maman, elle avait toujours dit que c'était important d'être poli avec les gens et de se présenter quand on leur parlait. Si maman l'avait dit, c'était forcément qu'il fallait le faire tout le temps, parce que maman, c'était la femme la plus forte du monde, elle était encore plus mieux que papa!

    Attendant la réponse de son interlocutrice, le petit garçon pencha la tête sur le côté, pour voir le visage qui se cachait sous la capuche. Papa il disait que les elfes du père noël ils avaient des petits coeurs dans les yeux, et que leurs dents avaient la couleur de l'arc-en-ciel. C'était le moment de vérifier!
      Kana était interloquée. Jamais elle n'avait croisé quelqu'un lors de ses sorties nocturnes et encore moins une personne qui devait avoir l'âge de ses frères et sœurs. Lui il n'était pas des chantiers, ça se voyait directement, rien qu'à l'absence de cernes sur son visage. Et puis il semblait faire un truc bizarre avant de remarquer la présence de la petite fille. Il se roulait dans la neige et courant partout. C'était étrange, peut être était-il fou ? Ça devait être ça. Mais en même temps, la gamine venait tout juste de remarquer qu'il avait lui aussi la peau d'une blancheur maladive et... Deux yeux rouges sous des mèches de cheveux immaculés. Il ne semblait pas haïr son apparence, c'était trop bizarre.

      Euuuh... Moi je m'appelle Kana Suu et j'ai six ans... Enfin, je crois. Mais tu devrais pas rester dans le coin tu sais, c'est dangereux...

      L'apprentie médecin se demandait si elle aurait le temps d'aller ramasser les herbes dont elle avait besoin pour s'entrainer la nuit prochaine avant le retour du soleil, sonnant la reprise du travail. Si jamais elle n'arrivait pas à rentrer avant que les soldats débarquent, elle serait définitivement dans la merde, cela signifierait sans doute plusieurs jours de cachots, sans eau ni nourriture. La petite frissonna en pensant à son dernier séjour dans les geôles pour avoir protégé une des ses sœurs qui ne tenait même plus sur ses jambes, dans les chantiers. Les soldats étaient tous les mêmes, des sadiques. Ils se délectaient de la douleur et de la tristesse des autres alors qu'eux avaient des maisons où il faisait tout le temps chaud et où il y avait à manger des choses qui avaient bon goût. En plus là bas, on avait le droit de rire et puis les enfants allaient à un endroit qu'ils appelaient «école» et qu'ils adoraient. Kana les avait longuement épié au début de ses escapades.

      Maintenant, elle nourrissait une haine intense envers eux, qui vivaient ainsi alors qu'elle même n'attendait que la mort, comme ses parent ou comme tout prisonnier employé comme esclave. Suu
      s'éloigna encore de son village, à pas feutrés, espérant que le petit dont elle avait déjà oublié le nom la suivrait. Il ne fallait pas qu'il devienne comme elle, un captif. C'était tout à fait hors de question, il fallait qu'il garde le sourire que la môme lui avait vu précédemment. Celui avec lequel il semblait si rayonnant et dont la gamine ignorait tout.
        Le petit Tempiesta regarda son interlocutrice. Il mit du temps à le remarquer, mais il se rendit compte que la grande avait des yeux rouges, partiellement cachés par sa capuche. Plusieurs mêches blanches tombaient sur son visage. Ainsi, elle aussi elle était ablinos. Papa il disait toujours que les ablinos c'était des gens super-fort qui devaient devenir les meilleurs du monde. Et puis même que ceux qui se moquaient des ablinos c'étaient juste des jaloux parce qu'ils étaient moins jolis!

        Alors que la jeune fille se présentait comme s'appellant Kana, Timuthé ne put s'empêcher de remarquer la douceur dans cette voix. Elle était gentille et elle avait peur! Ca c'était pas bien. Tata Maria elle disait toujours qu'une fille, c'était une petite poupée de porcelaine, qu'on devait protéger de tous les coups que la vie présentait. Il ne comprenait absolument pas ce que ça voulait dire, mais si Tata le disait, c'est que c'était vrai!

        Kana frissonna devant lui. Elle avait froid? faut dire, pourquoi elle n'avait qu'un vieux draps et son pyjama pour se promener dehors. Sa maman avait quand même dut lui dire qu'il fallait mettre son manteau. Pourquoi elle avait désobéit? C'était pas de désobéir à sa maman. Et puis après elle allait tomber malade, et elle allait tousser et couler du nez. Ca se trouve même, on allait lui donner des suppositoires et des gouttes pour les yeux! C'était pas bien les gouttes dans les yeux.

        La fille s'éloigna à nouveau en lui tournant le dos.

        Planter au milieu de la neige, TnT junior la fixa quelques temps avant de se pencher dans la neige. Kana, elle était triste, ça se voyait. La tristesse c'était pas bien. Quand on était triste, on pouvait pas jouer avec les gens. Et puis Manuel il disait que quand on était triste, ben les gens ils devenaient méchants avec vous.

        D'ailleurs, pourquoi elle était triste? C'était une ablinos, les ablinos c'était les meilleurs de l'univers, ils devaient pas être tristes.

        La boule de neige qu'il envoya tomba droit dans le dos de la jeune fille. C'était inutile, mais une boule de neige, c'était super pour faire les gens s'arrêter de marché. Même que des fois, Timuthé il avait gagné à la bataile de boule de neige avec Manuel. Il était trop fort Manuel.

        Avant même que la grande n'ai put réagir efficacement, le petit garçon courrut droit sur elle. Peut être qu'elle se retournerait, peut être pas, mais il s'en fichait. Il avait décidé de faire comme son frère Mario disait toujours : "quand tu vois une fille triste, tu dois lui faire oublier son chagrin!". Mario, il était bien comme frère. Il sautait partout pour faire l'idiot, et puis il faisait des omelettes aux champignons aussi. Mais c'était pas bon les champignons. Puis Mario, il était pas aussi supermégagigabien que Manuel, mais Manuel c'était le meilleur de tous les grands frères de l'univers !

        Dès qu'il entra en contact avec Kana, le petit TnT l'entoura de ses petit bras emmitouflés dans le manteau. En gros, la demoiselle avec donc un maxi-pot de colle qui la serrait de toute ses forces au niveau du torse.

        CALIIIIN!

        Et oui TnT, il connaissait la meilleur arme du monde pour pas que les gens soit triste. Quand tu faisais un calin, tu pouvais pas avoir d'ennuie. Tout allait superbien, et tout les problèmes ils paraient. Personne était triste quand on faisait un calin. Et puis en plus Kana, c'était une fille. Et même que les filles, ça adorait les calins. C'était Tonton luigi qui l'avait dit une fois.

        Faut pas que tu sois triste! Sinon quand tu va pleurer tes larmes elles vont se transformer en glaçon. Et puis en plus, t'es super jolie, et les filles jolies ça se transforme en grenouille quand sa pleure. Je veux pas que tu sois une grenouille!

        Après cela, le petit garçon eut une idée géniale. Si elle était triste, c'était qu'elle avait pas de truc pour s'amuser. Il allait lui faire un cadeau. Papa il lui faisait toujours des jouets quand il était triste. Il allait faire pareil avec la jeune ablinos!

        Il la lacha puis agripa sa main. Il tira de toute ses forces pour l'emmener là où il voulait. Bien sûr, tant qu'elle ne voudrait pas bouger, elle bougerait pas. Elle était superforte et supergrande!

        Mais est-ce qu'elle accepterait de suivre un petit garçon parfaitement inconnu qui semblait plus proche du bisounours junkie que du futur parrain de la mafia?
          Que faisait un mioche dans le coin? C'est vrai quoi, depuis qu'elle sortait par ce trou dans le toit, Kana n'avait jamais croisé personne. Jamais. Enfin, si on partait du principe que des soldats ne constituaient pas des personnes. Mais non, ce n'en était pas, parce que les gens ils avaient des âmes alors qu'eux... Non, eux ils en avaient pas. Sinon ils ne regarderaient pas des gens mourir devant leurs yeux alors qu'ils auraient pu les sauver. L'humanité considérait ses semblables comme des égaux, c'était ce que la petite albinos pensait. A travers tous les livres qu'elle avait lu, elle s'était donné sa propre définition du bien et du mal. En fait, la jeune fille ne se souvenait pas très bien des livres où même du lieu où elle avait pu les consulter, encore moins que la façon dont elle avait bien pu apprendre à lire d'ailleurs. Ses souvenirs s'estompaient encore. Ça devait être une forme d'amnésie bien particulière et malheureusement, la gamine doutait de pouvoir trouver les réponses à ses problèmes dans les bibliothèques de la base marine. De toute façon, même si ça avait été le cas, c'était une tache bien trop dangereuse et à laquelle la prisonnière ne s'était encore jamais risquée.

          CALIIIIN!

          La petite revint à la réalité. Cet albinos, là devant elle, qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. Il courait un grand danger et ne semblait pourtant pas s'en soucier, avec son grand sourire qui dévoila des dents au moins aussi blanches que ses cheveux. Sa façon de se déplacer n'était pas exactement discrète mais il y avait quelque chose d'aérien. A moins que ça soit juste par rapport au fait qu'il manquait de tomber à chaque pas. Toujours était-il que ce petit bout d'humain, qui semblait soit dit en passant, assez turbulent, entoura le corps de la gamine avec ses petits bras, la serrant avec ce que Kana devina comme étant toute sa force.

          Faut pas que tu sois triste! Sinon quand tu vas pleurer tes larmes elles vont se transformer en glaçons. Et puis en plus, t'es super jolie, et les filles jolies ça se transforme en grenouille quand ça pleure. Je veux pas que tu sois une grenouille!

          Il était vraiment adorable ce gamin. On ne pouvait pas vraiment dire qu'en terme de choses mignonnes, la petite Kana en connaissait un rayon, mais la chose qui se mouvait devant elle et essayait de l'emmener avec elle lui donnait envie de sourire, chose qu'elle n'avait pas fait depuis qu'elle avait découvert son échappatoire, en forme de trou dans un toit.

          Dis, tu trouve vraiment les grenouilles pas belles? C'est pas plutôt les crapauds qui sont moches? Moi en tout cas ça me dérangerait pas d'être une grenouille, ça doit être drôle de vivre en liberté dans un lac, sans personne pour te dire quoi faire. En plus tu te déplace toujours en faisant des bonds... Enfin, c'est ce que j'ai lu. J'ai jamais vu de grenouilles en vrai, juste des images. Mais je me souviens pas où...

          Kana s'interrompit. Peut être qu'il n'en avait rien à faire après tout. Il aurait eu raison, ce n'était pas comme si ce qu'elle pensait ou avait à dire avait un quelconque intérêt, on le lui avait répété assez souvent avant qu'elle ne débarque sur cette île gelée. C'était au moins un souvenir qui lui restait, même si ce n'était sans doute pas le meilleur. Enfin, c'était à espérer. Mais ce gamin n'était pas comme les autres, c'était un albinos. Lui il pouvait comprendre ce que traversait Suu. Peut être un peu au moins. Elle ne demandait pas de compassion de toute façon mais en général son seul soulagement, elle le trouvait dans des papiers sur lesquels elle avait écrit toutes les lectures dont elle se souvenait et bien évidement, dans le vieux livre de médecine que lui avait légué sa mère.

          Je veux bien venir avec toi, mais il faut pas qu'on aille par là
          *la petite fille pointa du doigt le chantier, invisible à cette distance* Et il faut aussi que tu me promette que si je te dis de te cacher, tu le feras et tu bougeras pas quoi qu'il arrive. C'est important, tu sais?

          Kana adressa un sourire à son nouveau compagnon de la nuit. Il allait remplacer avantageusement messieurs sapin, pinède et pomme de pin.
            La fille était encore triste. Ca se voyait parce qu'elle disait plein de trucs sérieux. Puis en plus à chaque fois qu'elle commençait une phrase elle terminait par un soupir. Et en plus, elle se trompait. Les crapauds c'était pas comme les grenouilles. Les crapauds c'était quand les méchantpasbeau avait peur de se faire tuer par les supergentils comme Manuel. Les grenouilles c'était juste quand les jolies filles étaient tristes. Puis une grenouille ça sautait pas tout le temps.

            Un fois, Daniella elle avait dit que les grenouilles ça se déplaçait pas, c'était le monde qui bougeait sous leurs pattes. Et TnT il la croyait, parce que Daniella, elle avait toujours plein de bonnes idées.

            Et Kana elle avait pas été gentille, elle avait pas finit sa première phrase, c'était pas bien. Il fallait toujours finir ses phrases, sinon Papa il se fâchait tout rouge et il interdisait qu'on prenne une deuxième part de Tiramisu. C'était bon le tiramisu, c'était le meilleur dessert de l'univers. Même que Maman elle savait faire le tiramisu, et c'était la meilleur maman de toute la galaxie! TnT il l'aimait jusqu'au ciel.

            Pour le coup, le gamin, épuisé par l'effort de tirer sur le bras de la grande s'arrêta. Elle était superforte. C'était parce que c'était une grande. A 6 ans les gens devenait trop puissant il pouvait pas tirer une fille de six ans. Et puis il voulait pas que Manuel l'aide en déplaçant l'ablinos. Ca aurait été facile pour Manuel, c'était le plus fort du monde, mais TnT il voulait s'occuper de Kana, et la consoler. Une grenouille avec des cheveux blancs, c'était pas jolie. Kana, elle était jolie, il voulait pas qu'elle change.

            Il planta son regard dans les yeux de la grande pendant qu'elle lui donnait les instructions qu'il devrait suivre. C'était rigolo, elle faisait comme ses soeurs quand il voulait jouer dehors. Peut être que Kana était sa soeur mais que personne ne le savait. Peut-être que la cigogne s'était trompée en l'amenant et que Kana avait pas été dans la bonne famille.

            Ne t'inquiète pas, il y a rien qui pourra nous arriver. Y a Manuel qui est là-bas. Il me protège. Manuel c'est le plus fort de tous les grands frères de l'univers. Si il y a des méchants il leur fera très mal et il pourront pas nous avoir. Et puis papa et maman, ils aiment pas les gens pas gentils avec moi. Mais toi t'es ma copine. Toi ils t'aiment bien. Personne pourra te faire du mal. Même que je suis l'amiral Tempiesta, et que si des vilains pas beaux t'approche, je les tuerais tous parce que toi, t'es jolie.

            A ces mots, il se retourna et apperçu quelque chose de parfait pour ses projets. Une petite branche d'arbe, morte, mais allongée et sans ramifications. Le genre de petite branche qui ferait une jambe parfaite pour une poupée. C'était toujours ce que Papa et Maman expliquait à Marcello. Ils disaient toujours que le bois était la base de tous les jouets, et qu'il fallait être capable de bien se servir de chaque branche. Et Timuthé, il écoutait toujours quand Papa et Maman disait comment on faisait des jouets. Il aimait les jouets Timuthé. Il trouvait ça bien.

            Après avoir ramasser la branche, il se tourna à nouveau vers sa nouvelle amie, qui souriait déjà un peu plus que tout à l'heure. Il l'aimait bien. Peut être même qu'il pourrait devenir son grand frère, même s'il était plus petit qu'elle. Ca se trouve, il allait vieillir plus vite. Ou bien, il pourrait devenir plus fort qu'elle et comme ça même s'il était plus petit, c'était pas grave. Mais elle était tellement fort. Il allait avoir du mal pour devenir plus fort. Heureusement que Manuel pourrait l'entrainer. Et Manuel, c'était le plus fort de tous!

            Viens m'aider! On va ramasser plein de branches et de cailloux. Ensuite, on va tous les regrouper. Comme ça je pourrais te faire une surprise. Ca sera une poupée!
              En fait, le mieux quand on avait un ami, un vrai, pas un imaginaire, c'était qu'il bougeait et parlait aussi. Pas forcement de la même façon que soi-même, justement, c'est ce qui faisait tout son intérêt. Un ami ça écoutait mais surtout ça parlait et ça voulait vous faire sourire. Une véritable personne était bien mieux que quelqu'un qui vivait dans votre tête, qu'un compagnon imaginaire. Kana ne se rappelait pas vraiment d'avoir déjà eu l'occasion de jouer, non, elle ce qu'elle aimait par dessus tout c'était se promener, la nuit. Et puis s'occuper de tous ces petits frères et ses petites sœurs. Mais elle, elle ne savait pas comment on faisait pour jouer. On ne le lui avait jamais appris, et puis la petite albinos n'avait jamais pu l'apprendre dans un livre. On disait comment fabriquer des poisons mais pas comment jouer. La gamine s'était alors imaginé que c'était sans doute ça, jouer. En fait, la vie n'avait d'intérêt que si on la mettait en jeu, et donc qu'on jouait avec celle des autres. Pourquoi fabriquer de telles substances sinon pour les utiliser?

              Et Kana n'avait guère envie de perdre. Il y avait tant de choses qu'elle voulait faire encore, comme voir le visage de ses tortionnaires déformés par la douleur lorsqu'elle testait un nouveau produit corrosif. Ou encore l'excitation ressentit lorsqu'elle sortait chaque nuit. Mais cette fois-ci, ce n'était pas pareil, la prisonnière ne voulait pas jouer avec la vie d'une personne qui lui ressemblait à ce point au niveau physique. Jamais elle n'avait encore rencontré quelqu'un comme elle, quelqu'un qui aurait pu la comprendre à travers les épreuves que les autres dressaient devant ceux qui étaient différents. Mais apparemment, il avait eu la chance de grandir dans un climat plus sain que celui dans lequel la petite fille s'était développée et qui avait fait d'elle une personne responsable mais beaucoup trop mature pour son âge et surtout instable.

              Pourtant ce garçon l'intriguait. Il était gentil et il y avait une lueur dans ses yeux qu'elle n'avait encore vu que chez les personnes qu'elle épiait la nuit. Les gens libres et insouciants. Mais, en plus, dans le cas présent, se rajoutait une étincelle de pureté et de joie. Kana se sentait bien avec lui, comme si on recousait la plaie béante qu'elle avait à la poitrine et qui l'empêchait de dormir ou la faisait même crier à l'aube, lorsqu'elle rentrait, s'allongeait un peu et ne pouvait se concentrer sur rien d'autre. Quand elle réussissait à s'endormir, et donc qu'elle rentrait assez tôt pour ça, la fugitive faisait des cauchemars où elle essayait de s'échapper à travers des grands fracas et des bruits d'explosions. A chaque fois pourtant, la petite se faisait rattraper par un marine qui lui adressait un sourire sadique avant de lui annoncer qu'elle était maintenant quelque chose d'encore pire qu'une esclave, avant de l'embarquer avec un rire tonitruant.

              Viens m'aider! On va ramasser plein de branches et de cailloux. Ensuite, on va tous les regrouper. Comme ça je pourrais te faire une surprise. Ca sera une poupée!

              Kana le regarda interloquée. Une surprise? Pourquoi il avait dit ce que ce serait? Il n'avait aucune logique! La gamine éclata de rire avant de suivre son nouveau compagnon de jeu dont lui revint subitement en mémoire mais il était dur à prononcer... La gamine réfléchit un moment avant de demander:

              Dis, si je t'appelle Titi ça te dérange pas? J'aime bien ce diminutif, c'est plus drôle à utiliser et en plus c'est plus facile à dire. Et puis c'est marrant aussi, comme toi!

              L'albinos se pencha pour fabriquer une boule de neige qu'elle lança sur Timuthé avant d'exploser de rire. La neige c'était froid et blanc, et en plus quand on faisait une boule on pouvait la lancer sans que ça vole de partout. Et c'était joli aussi, c'était pur et immaculé, même si ça restait surtout froid et que Kana s'amusait bien quand elle en mettait dans le dos de ses frères et sœurs sur les chantiers, même si le contrecoup était cruel, parce que les soldats n'aimaient pas vraiment que leurs prisonniers se dissipent. Enfin, de façon général, si elle avait bien mangé le matin, ça en valait le coup parce qu'elle réussissait à tenir jusqu'au soir en jeunant. Une petite tartine de pain suffisait à la caler donc elle pouvait bien sauter un repas.
                Boule de neige !

                C'était bien ça. Ca voulait dire que Kana, elle avait réussit a arrèter de faire la tête. Elle rigolait. C'était joli quand elle rigolait. C'était comme quand Angela était heureuse, ça donnait l'envie de jouer et de continuer à la faire rire. Mais il fallait aussi lui préparer sa poupée, sinon elle penserait pas à lui quand il serait pas là. C'était sa copine, elle devait penser à lui.

                Oh, une autre branche. Il avait les pieds. Il enleva ses moufles et les posa à côté de la branche. Il posa également l'autre branche qu'il avait trouvée un peu plus tôt. Même que Kana, si elle se battait sans gant, il fallait pas qu'il est des moufles. Manuel, il disait toujours qu'il fallait toujours veiller à pas être plus fort que son adversaire, parce que sinon, c'était pas drôle. Le petit garçon attrapa un petit tas de neige.

                Et paf, l'amiral Tempiesta était de retour. Face à lui, il y avait une redoutable pirate qui avait abattu tout son bataillon. Il la voyait déjà attraper un autre projectile. De lui dépendait le sort de l'humanité. Il prépara soigneusement son projectile.

                Feu à volonté !

                Zut raté. C'était dur de toucher les grandes. Les grandes elles étaient plus douées. Puis il fallait lui faire sa poupée aussi. C'était important la poupée. C'était joli une poupée. Même qu'il avait déjà trouvé ce qu'il fallait. Sous ses pieds, il y avait pleins de petits cailloux. Il lui manquait plus que les bras. Mais ou il pourrait les trouver? Puis il fallait les cheveux aussi, mais ça il saurait comment les faire. Maman, elle disait toujours qu'on pouvait absolument tout faire comme jouet, l'important c'était de lui donner de l'amour.

                Et Kana elle était rigolote.

                Moi ben mon papa il m'appelle Grosminet ! Donc toi, tu peux m'appeler comme tu veux ! De toute façon les noms ça sert juste pour que le père noël il sache quoi écrire sur le papier des cadeau. Si tu veux on peut même dire que Titi, c'est comme ça que les pirates ils m'appellent parce que comme ça ils ont pas trop peur quand je les capture.

                Il essaya de faire un nouveau pas en avant pour se diriger vers le tas de neige un peu plus loin. Hélas, ses lacets avaient eut la bonne idée de se défaire.

                Poum dans la neige.

                C'était froid. Très froid. Angela elle disait toujours que quand on tombait dans la neige, ça voulait dire que le bout de notre nez il voulait partir en courant. C'était pas bien quand le bout de notre nez il voulait partir en courant. Si son nez partait, il allait faire peur aux autres gens. Il fallait l'empêcher de fuir, vite, avant qu'il ne tente de s'évader.

                Mains sur son petit nez, le gamin se releva. Il avait de la neige plein le visage et les mains. C'était froid. Surtout le bout du nez. Il essayait surement de partir en courant. Il était à découvert maintenant. La pirate était redoutable. Elle l'avait battu à plate couture. Il fallait qu'il devienne plus meilleur ! C'était parce que c'était une grande. Les grandes c'est superméga fort. Même que Manuel c'était le plus grand de sa famille. C'était pour ça qu'il était encore plus superméga fort que les autres. Et puis Manuel il avait tout plein de copains. Ses copains ils faisaient peur. Mais Manuel lui, il faisait pas peur.

                Il faut qu'on trouve un truc pour attaché la poupée. Sinon, elle va pas être contente et elle va bouder. Et elle sera pour toi la poupée, alors faut pas qu'elle boude. Tu es super forte, tu peux trouver quelque chose hein ? Je suis sur que tu sais faire les lacets tellement tu es forte !

                Un regard vers ces pieds, il regard vers la fille. Oui, surement qu'elle savait faire les lacets. Elle était en pijama sous la neige et elle avait pas le nez qui tombait. C'était la plus forte. C'était sur, elle savait faire tout plein de choses. Ca se trouve, même qu'elle pouvait transformer la poupée en petit garçon. Non ! Ca c'était les sorcières et les gentilles fées qui le faisaient. Et Kana, c'était pas une sorcière. Puis les gentilles fées, ça avait des petites étoiles autours d'elles. Donc Kana, elle pouvait pas être une gentille fée. Ou peut être qu'elle était en train d'apprendre pour le devenir.

                Dit, quand tu seras grande, tu veux devenir une fée?

                Il fallait en avoir le coeur net ! C'était important !