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À la croisée des chemins

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Silencieux, les trois membres des Intrépides Libres fixaient Kaito qui se remplissait la panse comme trois sans aucune gêne, faisant fi des nombreux regards qui se posaient sur le quatuor et notamment sur Lucius, son aspect d'homme-poisson passant difficilement inaperçu. Mais en vérité, les trois amis ne savaient surtout pas quoi faire vis-à-vis de la situation, et attendaient d'en savoir plus de la bouche de leur capitaine, ce dernier n'ayant malheureusement fait que satisfaire son estomac depuis plusieurs minutes, sans se soucier de la situation. Finalement, commençant à perdre patience, ce fut Sarah qui creva l'abcès.

... Tu n'avais pas dit qu'on irait retrouver ta famille ?

Kaito ne répondit pas immédiatement, préférant achever le homard qui traînait encore dans son gosier caché par son masque de renard. Soufflant alors en affichant un sourire, il infligea gratuitement une pichenette sur le front de son amie.

Bien sûr. Mais j'attends un informateur. Il se pourrait bien que cette venue par ici se révèle plus prolifique que prévu pour nous.
Comment ça ?

D'un seul coup, le regard de Peter changea de l'impatience à la curiosité. Il connaissait suffisamment Kaito à force pour savoir qu'il ne parlait jamais sans raison, et au vu de la façon dont il en avait parlé, ce devait être vraiment intéressant. Ne parvenant cependant pas à imaginer ce qu'il pouvait bien avoir en tête, le timonier se contenta de s'agiter pour espérer faire craquer son capitaine, ce dernier affichant néanmoins un sourire amusé.

Vous le saurez bien assez vi- Ah bah tiens, le voilà.

Alors que le kanokunien parlait, un homme de bonne taille, cheveux bruns, aux traits semblant accorder à dire qu'il était de l'île, rentra dans le bar où les Intrépides Libres se trouvaient, observant rapidement autour de lui avant de venir s'installer sur la banquette juste derrière Kaito, ne tardant pas à tapoter contre le bois avant de tendre discrètement un papier que le jeune homme récupéra rapidement avant de s'intéresser au reste de son plat comme si rien ne s'était.

Incrédules, les trois amis de Kaito ne surent quoi dire, mais comprenant qu'il valait mieux que personne ne s'intéressent à eux, ils laissèrent le silence s'installer et profitèrent eux aussi de leurs plats, attendant de nouveau que le kanokunien relance la conversation.

Hmm, je vois … Parfait.

Au milieu de ce silence, Kaito prit un petit temps pour s'enquérir du contenu de son papier, ne tardant pas à se fendre d'un grand sourire satisfait tout en détruisant sa lecture dans sa poche.

Finissez tranquillement, je vous attends dehors.

Sortant alors quelques berrys qu'il posa sur la table, Kaito quitta sans plus attendre le bar, laissant ses partenaires encore plus perdus qu'avant. Perturbés entre leur curiosité et leur incompréhension, les membres des Intrépides Libres se dépêchèrent de vider leurs assiettes et de s'acquitter de leur repas pour rejoindre leur capitaine à l'extérieur, en train de se prélasser sous le soleil en les attendant joyeusement, sous le regard de quelques enfants qui passaient par là et qui semblait curieux de par son masque étrange et son katana à la ceinture.

Bon, ça suffit !

Dans le regard de Sarah, qui commençait à fulminer, il ne faisait aucun doute que sa patience avait atteint ses limites et que même si elle aimait beaucoup Kaito, son insouciance et ses petits secrets commençaient sérieusement à la mettre hors d'elle. Une réaction à laquelle ce dernier répondit en s'échauffant les muscles.

Tu vas nous dire ce qu'il en est ! On est pas revenus te chercher pour faire du tourisme.
C'est bien dommage …

Voyant alors que sa seconde avait effectivement abandonné l'idée d'être enjouée, le Yamamoto finit par soupirer, attristé.

Bon, de toute façon j'allais vous en parler. Suivez-moi, mieux vaut rester discrets à ce propos …

Indiquant à ses amis de le suivre, Kaito se dirigea sans tarder vers un coin plus tranquille du hameau, loin de l'activité humaine, esquivant par la même occasion quelques marines qui menaient une ronde dans la zone, possiblement informés de leur présence.

Nous sommes tout ouïe.
Eh bien …

Sortant son katana, le kanokunien révéla une lame bien émoussée, abîmée par les années et par les nombreuses réparations qui avaient petit à petit fragilisé, signe d'une fin très prochaine.

Comme vous pouvez le voir, la lame de mon père a beau avoir une certaine place dans mon cœur, je ne pourrais bientôt plus m'en servir, alors j'avais besoin de retrouver une arme ici.
... Et donc, tu cherches une lame d'exception ?

Kaito sourit, à la fois abasourdi et heureux de savoir que Sarah n'avait pas perdu une once de sa perspicacité. Ni de son intelligence et de sa connaissance d'ailleurs.

Effectivement ! C'est près d'ici qu'ils conservent la plupart des Meitous – ou lames d'exceptions comme a dit Sarah – connus, du moins les plus récents ou ceux qui n'ont pas de propriétaires actuels. Ils appellent cet endroit le Marteau.
C'est plutôt stylé.
Ce n'est pas peu de le dire. Malheureusement, en tant que pirate ça va être difficile d'y rentrer sans difficulté … Mais j'ai appris récemment qu'un Meitou avait été sorti du Marteau en vue d'être transféré à un nouveau propriétaire.

Peter et Lucius gloussèrent simultanément, tandis que Sarah fit la moue, sans pour autant se montrer agacé par les paroles de son capitaine. Son regard trahissait même son intérêt pour ce qu'il proposait, le laissant poursuivre sans intervenir.

Mon idée, c'est de s'infiltrer chez le gardien temporaire de ce Meitou et de parvenir à le lui prendre grâce au Bushido.
Le … Bushido ?
Le code d'honneur, si tu préfères. La plupart des sabreurs en ont un, et sur cette île c'est presque une condition pour ne pas devenir un paria.
Et donc, si je comprends bien, tu voudrais utiliser ce code d'honneur pour forcer ce gardien à te donner ce Meitou ?

Kaito sourit, amusé de voir que Sarah avait probablement quelqu'un qui lui ressemblait pas mal, en tout cas en ce qui concernait la perspicacité.

C'est l'idée. Si je le provoque en duel pour ça, il y a de bonnes chances que ça joue en ma faveur. Je vois mal un homme de sa trempe aller à l'encontre de son honneur.

Sur ces mots, la navigatrice des Intrépides Libres haussa un sourcil, bientôt imitée par Lucius.

De sa trempe ? Tu sais qui c'est ?
Yep ! Avant votre arrivée, je préparais déjà le terrain pour cette « mission ».
Dans ce cas, pourquoi te fallait-il un informateur ?
Pour savoir quand je pourrais passer à l'action.

le trio se tendit à cette information. Une réaction à laquelle s'attendait Kaito qui s'en amusa avant de leur indiquer de se préparer au départ.

A savoir ce soir !

[...]

Tu es vraiment certain qu'il n'y a pas de garde ?
L'informateur m'a fait savoir qu'il s'occupait de détourner l'attention des éventuels casse-pieds, mais de manière générale c'est assez calme dans les hameaus comme celui-ci, c'est plutôt rare de trouver des soldats pour protéger un seul homme, surtout si celui-ci est assez fort pour le faire lui-même. Le Bushido, je te dis.
Et ton homme, tu lui fais confiance ?

Alors que les Intrépides Libres s'étaient élancés sur le mouvement de Kaito à travers les chemins les moins fréquentées du hameau, Sarah n'avait pas manqué d'aller au niveau de son capitaine pour l'interroger sur la suite des opérations, qu'il n'avait pas manqué de discuter plus en détail une fois la situation initiale mise au clair. Cependant, le kanokunien sentait bien que sa seconde n'était pas totalement rassurée sur ce qui allait se passer.

Non. Mais ce n'est pas grave, on sera parti avant qu'il ne nous fasse le moindre coup fourré.
Si tu le dis …

Pas franchement plus mise en confiance, la Clinton se contenta d'un petit soupir avant de se tourner vers Lucius et Peter.

Les gars, je peux compter sur vous pour surveiller les environs ?
Bien sûr !
Je ne suis pas un grand observateur, mais je ferai de mon mieux.

L'approbation des deux hommes furent rapidement suivies par une séparation du groupe en deux, les deux hommes de main ne manquant pas d'aller chercher des positions où observer les alentours discrètement – à leur échelle – tout autour de la grande maison qui leur faisait désormais face, celle de leur cible. Sarah et Kaito se retrouvèrent ainsi seuls dans leur course, arrêtant alors de courir pour profiter de ce petit temps à deux et surtout pour conserver des forces en vu de ce qui allait arriver. Ainsi, calmement, sous le masque qu'il utilisait pour revêtir son identité du renard masqué sur l'île, le sabreur interloqua son amie.

Dis-moi … Je me demandais …
Oui ?

Le jeune homme hésita à poursuivre, sachant combien ce qu'il s'apprêtait à demander n'était pas dans ses habitudes, mais il était trop curieux pour ne pas vouloir savoir, et finit par poursuivre.

Est-ce que vous faites cela juste pour moi ou parce que vous pensez réellement que cette idée de liberté que je prône est réelle ?
...

A cet instant, Sarah se stoppa net, fixant son capitaine sans dire le moindre mot, sans montrer la moindre réaction. Perdue, le kanokunien finit par se tourner vers elle, cherchant à savoir ce qu'elle faisait.

Je veux dire, j'ai eu le temps d'y réfléchir, après le départ des autres. Je suis parti dans mon délire, et je vous pousse à suivre le mouvement, avec la certitude que vous en subirez les conséquences. Et qui suis-je pour vous imposer cela ?

Lancé dans son monologue, Kaito ne vit pas approcher la navigatrice qui finit par lui rendre sa pichenette de tout à l'heure, montrant un air à la fois offusqué et amusé. Pris au dépourvu, le jeune homme se tut, comprenant que parler ne servait plus à rien.

C'est une question bien bête que tu te poses, capitaine. Évidemment que nous faisons cela parce que c'est toi. Tu es celui qui nous as rassemblé, et qui nous as motivé à vouloir avancer dans nos vies, à se forger des rêves.

Elle vint lui infliger une nouvelle pichenette.

Mais c'est parce que c'est toi que nous sommes prêts à le faire. Tes convictions sont fortes, et nous savons que tu veux les mener loin, pour nous, pour toi. Ryan, Clara et Oliver en étaient parfaitement conscients, tu sais.
Peut-être, mais ce n'était pas ce qu'ils souhaitaient au final.

Nouvelle pichenette, suivi d'un énième soupir.

Je ne te reconnais pas, Kaito … Serais-tu devenu lunatique ?
C'est possible.
Eh bien arrêtes alors. Tu doutes de toi pour rien, là.
Je veux juste que mes amis soient heureux.

Cette fois, Sarah visa la jambe de son capitaine, manquant de le faire tomber.

Alors continue d'être le Kaito avec lequel les Intrépides Libres ont grandi. Ne te soucie pas de tes échecs, sache simplement que nous te faisons confiance. Les autres ne sont pas partis à cause de cela, tu le sais mieux que quiconque.
Bien sûr. Seulement, comment pourrai-je leur permettre d'accomplir leurs rêves, s'ils sont partis ?

Sarah afficha soudainement un air satisfait, invitant de force à son ami de reprendre leur chemin. Ce qu'il fit, incrédule.

C'est toi qui nous as dit que les Intrépides Libres n'étaient pas un équipage mais un état d'esprit. Qu'ils ne soient plus avec nous ne changent rien à notre relation ou à leurs objectifs. Et puis … Ta motivation nous inspire ...

Elle allait poursuivre, mais à l'instant où elle pensa à ce qu'elle allait dire, elle rougit et détourna le regard, cherchant alors à fuir le sujet. Kaito, sans le voir, comprit cependant où voulait en venir sa seconde et se sentit rapidement comme … Soulagé.

Je vois ce que tu veux dire.

Il laissa un petit instant passer dans le silence, comme pour se laisser le temps de prendre totalement l'information dans sa tête.

Merci.
Je- On-on est arrivés.

Face aux remerciement sincères du sabreur, la jeune femme ne sut comment réagir, et fut contente de pouvoir indiquer qu'ils pouvaient se concentrer de nouveau sur leur « mission ». Lançant alors le regard sur les côtés, elle repéra rapidement des ombres dans la nuit qui devaient être Lucius et Peter qui terminaient de se mettre en position pour observer les alentours.

Allons-y dans ce cas !
Je te retrouve bien mieux là.

Les deux Intrépides Libres se lancèrent un regard complice avant de passer par l'arrière de l'entrée de la maison qui se constituait en un petit domaine plutôt luxueux et entièrement entourée par un mur en bois renforcé, que les deux pirates esquivèrent en vérité sans trop de difficultés en sautant par-dessus – Kaito par tremplin avec Sarah, et cette dernière en utilisant l'impulsion contre le bois et la main de son capitaine – et très vite les deux se retrouvèrent dans le petit jardin silencieux à cette heure de la journée.

Dans le noir, ils se trouvèrent ainsi à progresser le long du mur dans un premier temps pour se rapprocher du bâtiment principal, finissant par s'y diriger franchement lorsqu'ils comprirent qu'ils pourraient difficilement passer inaperçu si quelqu'un se trouvait dans le coin. Fort heureusement, pas un bruit, pas un mouvement en dehors de ceux d'une belle nuit étoilée ne leur parvinrent, signes de leur solitude relative.

Je te disais bien qu'il n'y avait pas de gardes.
... Cela ne le rend pas moins suspect, mais d'accord.

Rassuré par l'absence de défense visible, la confiance de Kaito à progresser se fit plus grande, et sans hésitation, il se dirigea vers l'entrée la plus proche de la bâtisse, y pénétrant sans tarder, poussant cependant calmement la porte coulissante. L'intérieur était légèrement illuminé par divers luminaires et des bougies ici et là, offrant un peu de vision aux deux pirates qui avancèrent arme en main, prêts à réagir à la moindre attaque surprise … Enfin surtout Sarah, le Yamamoto se contentant de son côté d'une main sur sa garde, au cas où. Dans le fond, il savait déjà ce qui l'attendait.

À la croisée des chemins U4IgmEj

Déclinez votre identité.

Alors que le duo avançait tranquillement vers ce qui s'apparentait à un grand salon, une voix dur et solennel se fit entendre, interrompant aussitôt leurs mouvements. Et si à cet instant, la navigatrice ne put s'empêcher de glousser, le capitaine pirate, lui, sourit avant de s'avancer, se dévoilant au vieil homme qui se tenait en tailleur au milieu de la pièce vidée de tout meuble, décorée à la place d'un unique grand tatamis qui indiquait clairement qu'ils étaient attendus.

Je suis Kaito. C'est moi qui vous ait fait parvenir cette lettre il y a quelques jours de cela.
...???
Je vois.

L'homme au regard perçant se leva à cet instant, croisant alors le regard d'une Sarah qui fixait l'inconnu puis son capitaine en cherchant une réponse à cette situation incompréhensible. De quoi parlait son ami, et pourquoi leur cible agissait d'une telle façon ? Le shimotuskien, lui, continua son regard pour se poser sur celui du jeune sabreur qui lui rendait un respect évident, quoique teinté d'une certaine assurance.

Tu es bien présomptueux de croire que je me laisserai avoir par tes explications, mon garçons. Mon Bushido vaut mieux que quelques provocations niaises.
Et pourtant vous n'avez pas préparé de comité d'accueil.
Une leçon ne peut être donné que par le maître lui-même.

Kaito sourit. C'était exactement la réponse qu'il attendait du vieil homme, mais plus encore, il savait qu'il n'était pas dupe et que s'il se laissait avoir à ce jeu, c'était parce qu'il cherchait à montrer quelque chose au pirate.

Dans ce cas … Je vous attends.

Parlant avec politesse, faisant même glousser Sarah qui n'avait pas vraiment pour habitude d'entendre son ami parler ainsi, le kanokunien se mit rapidement en position face à son aîné, dégainant son katana émoussée, très vite imité par son désormais adversaire qui tenait en ses mains une lame encore neuve, au tranchant évident et à la dangerosité qui ne mettait pas la navigatrice spectatrice des plus à l'aise concernant son capitaine. Cependant, quelque chose d'étrange se lisait dans le regard du vieil homme lorsqu'il vit la lame du jeune homme, ne sachant déterminer s'il était emprunt de pitié ou de tristesse.

J'espère pour vous que ce choix ne vous sera pas regrettable.

Kaito ne répondit pas, se contentant d'un hochement de tête approbateur pour signifier qu'il n'était pas dérangé par la situation. Tomba alors un court silence durant lequel les deux combattants se fixèrent intensément, comme cherchant à se juger l'un l'autre en attendant de voir qui ferait le premier pas.

Cependant, il ne fallut pas bien longtemps avant que le vieil homme ne lance officiellement l'affrontement, s'élançant tout en douceur en brandissant son katana pour venir l'abattre sans hésitation sur le flanc gauche du pirate, celui-ci ne manquant pas d'y répondre par une esquive sur le côté en se protégeant avec sa propre lame pour profiter de la force de poussée de son adversaire et ainsi passer rapidement sur le côté de ce dernier, le laissant à la merci d'une contre-attaque puissante de la part du jeune homme.

Alors, quelle leçon le maître doit-il m'apprendre ?

Il préféra cependant reculer, non sans menacer le cou du vieil homme avec son arme, obligeant ce dernier à réagir au plus vite pour repousser l'assaut possiblement mortel à son encontre. Un échange au final très simple, mais qui se passa suffisamment vite pour que Sarah, de son point de vue, ait l'impression que cela n'ait eu lieu que le temps d'un clin d’œil.

... Toujours respecter son aîné.

Une fois de plus, Kaito ne put s'empêcher de sourire, amusé par les paroles du vieil homme. Voyant là un désir de lui montrer qu'il était dans l'erreur, le capitaine pirate choisit de répondre à cet appel par une attaque frontale, attaquant à grande vitesse pour pousser son adversaire à agir tout aussi vite, ce qui, malheureusement, ne fut pas le cas, sentant bien vite que le corps du sabreur n'était plus tout jeune. Il parvint tout de même à bloquer la lame qui fondait sur lui in extremis, mais ne put empêcher le kanokunien de s'esquiver par l'autre flanc et venir lui infliger une attaque avec le côté de sa main libre, coupant un instant le souffle du shimotsukien qui bougea de quelques centimètres pour contenir le coup qu'il venait de prendre.

Moi qui croyait que tu avais un Bushido.
J'en ai un.

Comprenant aisément que la provocation n'aurait aucun effet, le vieil homme soupira en serrant les dents pour faire passer rapidement la douleur lancinante sur son torse, choisissant de prendre nouveau la priorité sur l'échange à venir. Un acte qui ne laissa pas indifférent Kaito, qui répliqua aussitôt en repoussant l'attaque d'un mouvement ample.

Les secondes se poursuivirent ainsi sans discontinuer, entre le combattant âgé qui tentait d'attendre en vain le pirate tandis que celui-ci se contentait de bloquer les attaques à son encontre et parfois de stopper la fougue de son ennemi par des coups aux flancs pour couper le souffle ou forcer à se repositionner. Du point de vue de Sarah qui ne savait toujours pas en quoi en penser, la situation était cependant clair : son capitaine avait le total ascendant dans ce combat, et allongeait volontairement l'affrontement sans but visible. Soupirant face à cela, et voyant que le vieil homme s'épuisait sérieusement, la navigatrice finit par hausser le ton.

Tu veux bien terminer cette mascarade, s'il te plaît ?

Le jeune homme s'arrêta soudainement, bloquant une nouvelle attaque de son adversaire avant de se tourner vers son amie, un air satisfait sur le visage.

Je n'ai toujours pas reçu la leçon de mon maître, mais je ne voudrais pas que tu insistes davantage.

Se tournant alors vers le shimotsukien qui soufflait à pleine halène, il se remit dans sa position de départ et le fixa calmement, attendant d'avoir sa pleine attention.

Finissons cette histoire, voulez-vous ? Montrez-moi donc votre meilleur technique, c'est là la leçon que j'attendais.
...

L'homme resta un court instant silencieux tout en achevant de retrouver un souffle correct, puis se mit alors lui aussi en position, prêt pour un nouvel assaut.

Très bien. Ton insolence mérite une punition à la hauteur, après tout.

Sur ces mots, sans attendre de réponse, le changea de nouveau de position, préparant un assaut frontale puissant à laquelle Kaito ne réagit pas plus que cela, se contentant de le fixer en attendant de voir ce qui allait se passer. Après un court instant qui parut bien long pour Sarah, le vieil homme s'élança à grande vitesse, bien plus que jusqu'alors, et passa si vite près du pirate que la seconde des Intrépides Libres eut l'impression qu'il le traversait. L'instant suivant, il se trouvait dans son dos, commençant à ranger son katana dans son fourreau, calmement, sereinement.

Dans notre famille, nous appelons cette technique le Requiem Sanglant. Retiens-le bien.

Il finit alors de ranger sa lame sur son dernier mot, et d'un seul coup, ce fut comme une myriade de coups d'épées qui s'abattirent face à Kaito, arrachant alors un gloussement d'effroi à la navigatrice toujours spectatrice de la situation. Le jeune homme, lui, ne sembla pas réagir, se contentant visiblement de prendre l'assaut de plein fouet. Le silence retomba alors quelques secondes, durant lesquels les deux adversaires ne firent pas un mouvement, pas un bruit. Et puis … le kanokunien se tourna lentement, et fit découvrir un large sourire à ses observateurs, avant de soudainement prendre la même position qu'avait pris le vieil homme juste avant … et imita précisément son assaut, passant même encore plus vite que lui de l'autre côté, se posant alors très calmement dans son dos tout en commençant à ranger son arme.

Merci pour votre leçon, Maître.

Le shimotsukien ne répondit pas, se contentant de fermer les yeux en acceptant son sort. Alors le jeune homme finit de rengainer, et les petites lames d'air en suspens s'abattirent face à leur cible à leur merci, laissant de petites balafres sur tout le corps du vieil homme qui s'était avoué vaincu, s'effondrant mollement mais tranquillement sur le sol, le regard portée vers son plafond. Rouvrant alors les yeux, bien endoloris mais clairement conscient, il vit alors s'approcher de lui Kaito, qui affichait un grand sourire satisfait comme à son habitude. Un agissement qui ne manqua pas de faire lâcher un petit rire au vieil homme entre deux quintes de toux.

Si j'avais su qu'un gamin insolent parviendrait à me vaincre aussi facilement …
Vous vous êtes vaillamment battu, n'est-ce pas tout ce qui compte ?

Un nouveau rire se fit entendre de la part de l'homme âgé, visiblement amusé de voir que Kaito semblait parfaitement le comprendre. Il eut alors quelques pensées qui lui traversa l'esprit, lui arrachant un bonheur visible, et il soupira alors un court instant pour calmer sa douleur.

Question de point de vue … Malheureusement, cela veut dire que je ne suis plus en droit d'assumer mon rôle de gardien désormais.
J'en assumerai le rôle, vous pouvez en être assuré.

Nouveau rire.

Je me fiche bien d'être rassuré ou non.

En disant cela, il commença à se relever, sentant finalement que ses blessures étaient assez superficielles, certaines ne saignant même pas.

Quelle idée de se battre avec une lame émoussée …
On fait avec ce que l'on a.

Kaito sourit niaisement en disant cela, comme pour désamorcer la situation, mais le vieil homme semblait plus perspicace que prévu, comprenant rapidement que le pirate n'avait pas choisi cette lame au hasard, qu'il ne s'était pas contenté de prendre une des lames qui avaient été laissé en évidence dans le couloir mais qui avaient été volontairement ignoré par le sabreur. Il s'était battu avec sa lame, celle de son père, celle des Yamamoto.

Bien, montrez-nous la voie.

Parlant alors respectueusement, le jeune homme alla même jusqu'à aider le vieil homme à se tenir correctement debout le temps qu'il s'habitue à la douleur lancinante de son corps, le laissant mener la marche sans hésitation tandis qu'une fois qu'il put le laisser avancer seul, il vint à la hauteur de Sarah qui avait suivi le mouvement sans vraiment se poser plus de questions.

Alors, qu'est-ce que tu en as pensé ?

Un mélange d'amusement et de curiosité se lisait dans le regard du kanokunien, que la jeune femme vit sans difficulté tant cela était évident, et remarqua alors à cet instant, à son grand étonnement, que son ami et capitaine … ne souffrait d'aucune blessure, ce qu'elle avait alors vu comme des coupures larges à travers son kimono se révélant n'être que des pliures dans lesquels se confondaient quelques fines déchirures provoqués par l'assaut qu'il avait subi.

Comment c'est possible que tu t'en sois sorti sans dommage ?
Oh tu sais …

Il prit un air sérieux, sans pour autant paraître l'être vraiment.

Cette technique fonctionne sur le regard. En vérité il n'y a qu'une seule attaque qui est faite à ce moment-là. Mais en utilisant la vitesse pour perdre la concentration de son adversaire, on lui donne l'impression d'en effectuer plusieurs en même temps, la friction avec l'air faisant apparaître les petites lames d'air que tu as pu observer. Mais en fait ...

Lorsqu'il dit cela, le vieil homme lança un regard vers Kaito, comme pour lui intimer de se taire alors même qu'il souhaitait tout raconter à son amie. Il s'exécuta poliment et se contenta d'un air complice avec Sarah, qui comprit alors qu'il ne manquerait pas de lui en parler plus tard. Ils se concentrèrent plutôt sur leur progression dans la bâtisse, parvenant finalement assez vite jusqu'à ce qui ressemblait à une petite chambre, le shimotsukien venant alors tapoter sur la porte coulissante.

Nous voilà, tu peux ouvrir.

La seconde des Intrépides Libres resta perplexe face à cette appel. Il y avait quelqu'un d'autre dans la maison depuis tout à l'heure ? Elle se tourna instinctivement vers son capitaine, voyant alors que, sans grande surprise, celui-ci ne paraissait absolument pas surpris de cela, comme s'il était au courant de tout. La jeune femme réfléchit alors rapidement à la situation en attendant que la réponse vienne d'elle-même, et réalisa bien vite qu'il y avait de bonnes chances qu'il s'agisse d'un proche du vieil homme, peut-être sa femme ou un de ses enfants.

Curieuse, elle observa alors attentivement que la porte s'ouvre … Mais rien ne se passa. Pas le moindre mouvement en vue, pas le moindre bruit étouffée dans la pièce fermée. Rien. Commençant alors quelque peu à paniquer, le propriétaire des lieux toqua de nouveau, se disant sûrement que la personne n'avait rien entendu, mais après quelques instants, il comprit que quelque chose n'allait pas.

Kaito aussi, d'ailleurs, celui-ci ne tardant pas à passer rapidement à l'action en tranchant sans gêne la porter en bois, pénétrant alors à l'intérieur pour découvrir une pièce dans un chaos indescriptible, entre les meubles renversés, les vêtements balancés ici et là, un trou à même le sol … mais surtout une femme d'âge mure inconsciente et bâillonné contre un des piliers porteurs de la maison.

Instantanément, le vieil homme se jeta à son niveau, plus paniqué que jamais, soupirant en constatant qu'elle était encore vivante et ne souffrait d'ailleurs d'aucune blessure apparente. Rassuré, il se tourna alors vers Kaito avec un regard noir, même si Sarah sentit aussitôt qu'il n'était pas dirigé à son attention.

Je crois bien qu'on s'est servi de vous. Quelqu'un est venu s'emparer du Meitou avant vous.

Le kanokunien soupira à son tour, comprenant alors que l'endroit où le sol avait été arraché correspondait à la cachette de l'objet qu'il était venu chercher. Il allait serrer du poing et se préparer à partir à la poursuite du voleur, commençant à se tourner vers sa seconde pour l'inviter à le suivre, mais à ce moment-là, un gémissement survint, signifiant alors la reprise de conscience de la femme âgée.

Mon amour, c'est moi !
Hi … Hichirou ?
Oui. C'est bien moi. Tu vas bien ?

A cet instant, la shimotsukienne toussota légèrement, mais ne tarda pas à afficher un regard qui se voulait rassurant.

Cela pourrait aller mieux … Il m'a simplement assommé avant que je n'ai le temps de crier …
Tu as vu le voleur ?
Pas … Pas vraiment. Mais ce devait être un garçon d'ici … Il avait l'air de bien connaître notre maison …

Hichirou, puisque c'était là son nom, grinça des dents. Un gamin shimotsukien … Ce ne pouvait être qu'un de ces parias ayant tourné le dos à l'honneur et à la famille pour une vie de méfaits et de cruauté. Mais c'était bizarre, car au final, il s'était contenté de prendre ce qu'il était venu chercher  … Qui cela pouvait-il être ? Il avait bien une petite idée à ce propos, mais avant même de pouvoir y réfléchir plus longtemps, il vit que Kaito et Sarah se fixaient intensément, comme s'ils savaient.

Je t'avais dit qu'on ne pouvait pas lui faire confiance.
Je t'ai juste dit qu'il ne mentait pas sur les gardes, pas qu'on pouvait lui faire confiance.

Sur ces mots, le vieil homme se releva soudainement, son regard noir se portant cette fois réellement sur le capitaine pirate, mais à la grande surprise des deux spectatrices de la situation, sa rage ne lui était toujours pas destiné.

Je n'aurai pas pensé cela de toi, gamin.
... Malheureusement, moi non plus. Il aura été plus malin que je l'imaginais. Mais pas d'inquiétude, je le retrouverai.
J'espère pour toi. Parce que si on ne le retrouve pas, ce sera toi le coupable désigné. Et je ne suis pas un tendre en ce qu'il s'agit de s'en prendre à ma famille.
Nous avons le même avis là-dessus.

Hichirou abandonna à cet instant son air mauvais, se targuant même d'un petit sourire avant de s'inquiéter à nouveau de l'état de sa moitié, laissant alors Kaito et Sarah s'occuper du reste. Ce dernier, sans un mot, s'en alla rapidement dans le salon où il s'était battu juste avant, revenant alors quelques instants comme si de rien n'était. Cependant, le vieil homme comme Sarah ne manquèrent pas de remarquer instantanément qu'il ne portait plus son katana habituel. Le jeune homme sourit.

Si ça vous dérange pas.
Tu ne feras pas grand chose avec ta simple lame émoussée, de toute façon.

Le sabreur apprécia l'approbation de son « Maître », se tournant alors vers sa seconde, l'invitant cette fois bel et bien sa seconde à le suivre hors de la maison, passant par le passage emprunté par le voleur à travers les portes coulissantes. Rapidement ils se retrouvèrent face au long mur délimitant le petit domaine où ils se trouvaient, et comme la première fois, travaillèrent ensemble pour sauter aisément par-dessus, se retrouvant alors à nouveau dans le hameau, observant alors aux alentours pour voir que leurs deux compère n'étaient pas en visuel.

J'aurai dû me douter qu'ils ne pourraient pas tout surveiller.
Surtout de nuit, même étoilée.

Soupirant, le capitaine pirate ne s'inquiéta pas plus longtemps de ce fait et partit retrouver Lucius et Peter dans leurs cachettes, leur faisant rapidement le résumé de ce qu'il s'était passé sur la courte période à l'intérieur du domaine.

Et donc, vous pensez qu'il s'agirait de ton informateur, capitaine ?
C'est même certain. Lui seul pouvait savoir que nous étions là ce soir.
C'est logique. Mais comment on va le retrouver, si on ne sait pas où il est ?

Kaito pointa alors le hameau.

Trouvons les « gardes » qui ont été détourné. À cette heure de la nuit, leur patrouille devrait être suffisamment réduite pour quelques parias puissent s'en charger sans souci en si peu de temps et sans alerter tout le monde.
... Comment ça ?

Avant même de pouvoir poursuivre, le timonier vit partir son ami en direction de la zone qu'il avait indiqué, forçant ainsi ses camarades à le suivre. Ils se rendirent alors bien vite de l'autre côté du dit hameau, à la lisière avec la campagne, et s'arrêtèrent à proximité de l'entrée principale, voyant alors un petit groupe de marines samouraï en train de se remettre d'une attaque surprise, la plupart râlant visiblement que le honneur ait été bafoué.

Il y avait donc des marines même à cette heure de la nuit …
C'est dans ces heures que les vagabonds sont les plus susceptibles de se montrer, alors mieux vaut pour eux d'être là pour les surveiller.
Je vois.
Mais ce qui nous intéresse le plus, c'est ce qu'ils peuvent nous apprendre.

Pointant alors quelques-uns des hommes, le groupe ne tarda pas à remarquer que leurs regards étaient portés vers l'est, plus à l'intérieur des terres.

Je sais où on va trouver nos hommes.
On t'écoute.
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Alors comme ça il y a des dojos dans cette direction ?
Oui, mais nous n'allons pas directement dans leur direction. C'est bien trop vivant pour qu'ils passent inaperçus. Ils se dirigent sûrement plus vers l'une des forêts de bambous environnantes donnant sur une plage isolée, ou une grotte qui leur servirait de repère.
Des … Bambous ?
Oui, des grandes tiges en bois qui forment des forêts assez denses, surtout sur cette île. Il vaudrait mieux pour nous qu'ils n'y arrivent pas sinon les retrouver sera bien plus compliqué.

Alors qu'ils s'étaient élancés le long de la grande route qui reliait le hameau d'où ils venaient et le vieux temple Goku, les Intrépides Libres n'avaient pas pu s'empêcher de questionner leur capitaine sur ce qu'il leur avait dit. Et Lucius, lui, ne pouvait s'empêcher d'être intrigué par les mystérieuses choses qu'il découvrait sur cette île.

Et … Si j'ai bien compris, par « les », tu entends ton informateur le voleur, et des partenaires qu'il aurait engagé pour distraire les marines, c'est ça ?
Yep ! Enfin, je te dis ça, je ne sais rien d'eux, mais l'état des soldats confirment bien qu'ils ont rencontré des problèmes.
Et donc ? Comment on va les rattraper ? Ils doivent avoir pas mal d'avance sur nous, je pense ?

Kaito afficha un large sourire amusé.

Avec le grabuge qu'ils ont fait, ils ont très certainement dû prendre des chemins annexes pour éviter d'être repéré facilement. En suivant les routes principales, on devrait pouvoir les rattraper avant qu'ils ne disparaissent vraiment.
...
...
...
On y va à la chance, en gros.
Exactement !

Sarah soupira comme elle n'avait pas soupiré depuis longtemps. Forcément, avec Kaito, elle ne pouvait pas s'attendre à autre chose. Quant à Peter et Lucius, les deux se lancèrent un regard incrédule puis curieux et finirent par motiver le groupe à accélérer le pas pour réaliser au mieux l'objectif de leur capitaine.

La nuit se poursuivit ainsi tranquillement, les Intrépides Libres progressant tranquillement mais efficacement à travers la campagne de Shimotsuki, parvenant après un bon petit moment jusqu'au temple Goku, quelque peu délabré mais visiblement en cours de rénovation. Sur l'impulsion du kanokunien, la petite troupe bifurqua alors sur une des routes annexes, se dirigeant vers ce qui se révélait être une forêt de bambous.

Pouah, encore heureux qu'on ait pensé à dormir avant la mission, voilà que le soleil se lève !
Tu m'en diras tant. Regardez là-bas, ce doit être eux.

Alors que le petit groupe progressait sur un long chemin en pente, ils purent rapidement apercevoir au loin un petit groupe d'humains visiblement rassemblés autour d'un petit feu de camp, inconscients de l'arrivée prochaine de leurs poursuivants.

On devrait peut-être s'approcher discrètement.
Ce ne serait inutile, je pense. En arrivant sans détour, on les poussera à fuir dans la hâte et on pourra les poursuivre sans soucis, ou alors ils nous attendront en nous toisant du regard et on pourra directement les cueillir.
... Je te fais confiance.
Je pourrai me charger du menu fretin pendant que vous vous occupez du voleur ?
On sera pas trop de deux.

Lucius et Peter effectuèrent un signe d'approbation mutuel, signe qu'ils se battraient ensemble avec plaisir, une vision fort plaisante pour Kaito qui voyaient ce nouvel ami parfaitement s'intégrer à leur petit groupe. Sa concentration ne manqua cependant pas de revenir très vite sur leur objectif, et il continua de progresser sans détour jusqu'au campement, sentant qu'à leur approche, leur présence était devenu une évidence pour leurs ennemis.

En arrivant à leur niveau, le jeune pirate put remarquer avec surprise qu'en dehors de celui qu'il reconnut aussitôt comme son informateur, un vagabond bien d'ici, tous les autres hommes en présence semblaient être des étrangers, et plus encore, ils dégageaient tous cet odeur de sang sale qui prenait au nez, signe qu'ils n'étaient clairement pas des effets de cœur. Le pire d'entre eux était celui qui vinrent les accueillir avec un faux sourire amical, avec un regard plein de méprise et ne cachant qu'à peine son désir de leur faire tâter de sa grande hache. Kaito devina instantanément qu'il s'agissait de leur chef.

À la croisée des chemins JULRoaL

Bien l'bonjour ! Au vu d'vos tronches, z'êtes forcément des touristes qu'êtes perdus ! Vous vous êtes perdus ?

Le capitaine pirate se contenta de poser la main sur le katana à sa ceinture.

J'aurai bien aimé essayé de jouer l'innocent habitant perdue pour voir jusqu'où vous auriez été prêt à jouer vous aussi le jeu avant de nous couper la tête, mais rien qu'aux regards de ce qui doit être vos hommes, je pense que régler rapidement cette histoire sera plus simple. Et puis le gus ici présent a quelque chose qui m'appartient.

Lorsque le sabreur répondit avec un certain flegme, le regard déjà plein de mépris de l'étranger se changea en un air plein de cruauté et de malveillance, presque sans pitié. Laissant d'ailleurs apparaître un large sourire carnassier, il se tourna vers le shimotsukien concerné, l'invitant à se lever.

À la croisée des chemins K7qmjKe

Tu nous avais pas dit qu't'aurais des puces aux trousses.
Je ne le pensais pas capable de nous retrouver, à vrai dire.
Ouais, bah en tout cas y sont là. Tu veux qu'on s'occupe d'eux ?

Le vagabond lança un air hautain en direction de Kaito.

De toute façon on quitte cette île, alors vous pouvez en faire ce que vous voulez.
C'est c'que je voulais entendre.

A cet instant, la dizaine d'hommes en train d'observer la scène en silence se mirent à s'exciter, attrapant alors leurs armes en laissant visiblement le goût du sang leur monter à la tête. Leur chef lui-même se tourna de nouveau vers le kanokunien avec un désir indescriptible de déloger sa tête. D'ailleurs, sans même attendre ses petits amis, il prit sa grande hache à deux mains et se mit en position pour balancer avec fracas son arme sur le jeune homme, ne tardant pas à lancer son coup pour faire mouche … Du moins c'était ce qui se jouait dans sa tête, jusqu'à ce que son élan soit instantanément stoppé par une rapière habilement placé sur la trajectoire de la hache, empêchant tout assaut de la part du mercenaire.

Je te le laisse ?
Avec plaisir.

Sarah, qui avait profité de la rapide discussion pour se décaler à proximité de son ami et capitaine, retira rapidement sa fine lame dégainée à l'instant même où l'homme avait commencé à charger son attaque et le laissa ainsi terminer son coup, Kaito venant cependant profiter de l'intervention de sa seconde pour ignorer tout simplement cet ennemi pour venir se diriger vers sa cible principale, qui comprit instantanément qu'il était devenu le nouvel adversaire du sabreur.

Lucius, Peter, je vous laisse faire pour le reste du groupe. Pas d'hésitation, c'est un combat à mort !

Il aurait souhaité pouvoir en rajouter plus, dire que ces hommes, qui devaient certainement être des mercenaires assoiffés de sang et avides d'argent, ne valaient même pas la peine d'être laissés en vie, mais dans la fougue du combat, il se contenta de laisser la main à ses camarades et hommes de main, s'intéressant uniquement au shimotsukien qui sortit rapidement deux lames – deux petits katanas droits – tout en reculant pour s'extirper de la petite masse de combattants qui se formait autour de son chef face aux Intrépides Libres, que le capitaine pirate esquiva rapidement lui aussi pour diriger le combat un peu loin, à portée de voix. Sur ce court laps de temps, le kanokunien vit que son adversaire possédait à sa ceinture un troisième katana, plus classique mais qui semblait dégager une aura singulière, caractéristique des lames d'exception.

Tu n'utilises pas le Meitou ?

Le voleur sourit, lançant un regard sur son trésor avant de toiser Kaito.

Il risquerait de perdre en valeur au Marché Noir, malheureusement.
... Si tu le dis.

Il ne chercha pas à aller plus loin. Lui qui pensait trouver en cet homme un possible adversaire intéressant pour répondre à son Bushido, il fallait se rendre à l'évidence : il n'était qu'un sabreur comme les autres, ignorant et simplement désireux de faire couler le sang sur ses lames. Le jeune homme soupira, jetant alors son envie de combattre avec honneur pour éliminer au plus vite cette crapule. Néanmoins, alors même qu'il se dit cela, l'intéressé activa deux boutons sur ses katanas qui s'enflammèrent alors brusquement, se transformant alors en lames de feu.

Oh, ça c'est dangereux.
Tâtes donc de mes lames !

Sans plus de préavis, voilà que le shimotsukien se jeta sur Kaito, le visant clairement pour une puissante estoc enflammée. Peu habituée à ce genre d'artifices, le capitaine pirate se résolut très vite à ne pas tenter le diable et s'esquiva en arrière, sortant sa propre lame pour préparer le prochain coup. Profitant ainsi de ce petit instant pour observer les mouvements de son adversaire, il put alors constater que celui-ci n'était pas tant un sabreur comme les autres.

Car si ses mouvements restaient heureusement assez basiques dans leur exécution, Kaito sentait bien au travers de ses mouvements qu'il avait appris quelques mouvements des styles de combat de l'île qu'un vagabond aurait difficilement pu apprendre de lui-même. S'agissait-il d'un ancien samouraï reconnu ? Il était pourtant tout aussi jeune que lui, de ce qu'il observait de lui. En tout cas, il ne serait pas un adversaire si facile à tomber s'il ne décidait pas de le prendre au sérieux. Prenant alors une grande inspiration, il porta un regard mauvais comme il en faisait rarement en direction de son adversaire.

Allons-y franchement.

Voyant une opportunité de lancer le prochain assaut, le sabreur s'élança alors, prêt à déployer ses techniques sans hésitation. Pendant ce temps … Sarah, de son côté, faisait face au cruel mercenaire, esquivant ses lourds assauts à la hache à son encontre, évitant également des tentatives de prise en tenaille des quelques hommes de mains dont Lucius et Peter ne s'étaient pas chargés, ceux-ci se répartissant le travail pour empêcher au mieux les mercenaires de venir en aide à leur chef, tout en se tenant à distance de ce dernier pour ne pas prendre l'un de ses coups par mégarde.

L'affrontement se révélait sans grande surprise assez inégale entre les deux membres des Intrépides Libres et les hommes de mains assoiffés de sang, déchaînant leur puissance sans retenu sur ce qu'ils qualifiaient de crevures, leur rappelant quelque peu leur passé et les nombreux voyous que les deux côtoyaient presque au quotidien. En ce qui concernait la seconde de l'équipage cependant, le rapport de force était un peu plus compliqué, bien que la jeune femme ne paraissait pas si effrayé par son adversaire. Celui-ci attaquait sans finesse, se contentant d'agiter sa grande hache pour menacer violemment toute personne à proximité, mais ne laissant surtout pas de réelle opportunité à la navigatrice pour riposter sans devoir y laisser des plumes.

Allez, laisses-toi faire ma poulette ! Promis j'te laisserai entière, comme ça on pourra s'amuser tous les soirs ensemble !
...

Une envie irrépressible d'émasculer son adversaire monta dans l'esprit de Sarah à cet instant, mais elle se retint, préférant garder sa concentration sur les mouvements du mercenaire pour pouvoir trouver les bonnes ouvertures pour frapper. Un choix qui ne tarda pas à payer d'ailleurs, l'agitation de l'homme ne tardant pas à l'épuiser suffisamment pour l'empêcher de répliquer assez vite à une attaque frontale de la part de la jeune femme. Elle saisit ainsi aussitôt cette chance et sauta dans sa direction, venant rapidement lui trancher les bras au niveau des tendons, passant alors derrière lui pour se retrouver entre lui et ses deux amis qui s'occupaient déjà des derniers mercenaires récalcitrants.

Ah p'tin ! Connasse ! Salope !

Laissant tomber sa grande hache au sol en fixant de rage ses bras, la seconde des Intrépides Libres put constater avec soulagement que son assaut avait eut l'effet escompté. Car si elle n'avait pas su frapper avec une précision chirurgicale au niveau des tendons, elle avait choisi d'y aller franco dans ses coups, tranchant dans le lard en espérant atteindre ses cibles. Ainsi, après quelques instant, le mercenaire sentit ses bras perdre toute leur résistance, la hache devenant rapidement un poids à porter pour ces pauvres muscles détendus.

Tu m'as fais quoi bordel ?
Comme a dit notre capitaine, je règle cette histoire au plus vite.

Toisant alors l'homme blessé, Sarah chercha clairement à provoquer le mercenaire qui ne manqua de sauter à pieds joints dans le piège, se jetant sur la jeune femme qui n'eut qu'à reculer pour esquiver la masse lui arrivant dessus, avant de revenir rapidement à son niveau pour venir lui trancher nettement la gorge sans détour, faisant aussitôt s'effondrer l'homme au sol qui tenta alors d'attraper sa gorge qui bavait du sang, malheureusement en vain, ses bras refusant de lui répondre. Il s'agita alors dans tous ses sens, cherchant une quelconque assistance tout en tentant de bousculer la jeune femme qui n'eut qu'à se déplacer légèrement pour le priver de tout espoir de l'emporter avec lui. Plusieurs secondes passèrent aussi tandis que Lucius et Peter achevaient le dernier ennemi et s'en revinrent auprès de leur amie pour s'enquérir de son état, voyant alors le corps sans vie du chef avec ses bras à moitiés désarticulés.

... Ça va ?

Une fois l'homme mort, la pression n'avait pas tardé à retomber et instinctivement, Sarah s'était posé par terre, ne sachant quoi penser de ce qu'elle venait de faire, pourtant sans aucune hésitation.

... Je n'arriverai sûrement jamais à me faire à l'idée de tuer d'autres personnes, même des gens comme eux.

Aussitôt, Peter vint poser une main bienveillante sur l'épaule de la navigatrice, imité par Lucius.

Moi non plus, tu sais. Et pourtant, j'étais dans le gang de Jericho avant !
Il n'y a pas de mal à ça. Nos escapades à Luvneel nous ont appris qu'il ne valait mieux pas hésiter si on souhaitait survivre, mais ce n'est pas pour autant qu'on a besoin de s'y habituer.

Sarah soupira.

Pourtant, Kaito n'a pas l'air d'avoir ce problème …
... Je ne pense pas qu'il soit bon de nous comparer à lui. Il a sa … vision des choses, je suppose. Et puis il ne nous as jamais demandé d'être comme lui.
Je sais bien … Mais peut-être qu'au moins, je me sentirai mieux.
...
Ce serait peut-être mieux d'en discuter avec lui à tête reposée ?
Oui … C'est vrai, tu as raison. Merci du conseil, Lucius.
Y a pas de quoi !

Aidant alors à relever la jeune femme, l'homme-poisson laissa cette dernière lui offrir un câlin de réconfort avant que le trio ne se tourne vers l'endroit où s'était déplacé leur capitaine, voyant rapidement que son propre affrontement battait encore son plein. En effet, Kaito s'attelait à mettre la pression sur son adversaire, cherchant à limiter ses possibilités à répliquer avec ses lames enflammées même s'il n'était pas difficile de voir que son adversaire était parvenu à placer quelques répliques qui ne laissaient pas indifférent le kanokunien.

En s'approchant un peu plus pour se tenir prêts à lui venir en aide au cas où, le trio put rapidement constater que leur présence se révélait plutôt anecdotique dans la situation, leur capitaine semblant avoir en vérité l'ascendant sur le combat. La difficulté se situait surtout dans le fait qu'il ne pouvait malheureusement pas agir aussi librement qu'il le voudrait à cause des flammes. Cela se sentait tout particulièrement sur la lame qu'il tenait entre ses mains, portant quelques traces de surchauffe signes d'un choc entre les lames.

Je te sens fébrile, le sabreur. Je croyais que tu y allais franchement.
... Je me disais que tu n'en valais pas autant la peine, au final.

Snobant alors volontairement son adversaire, Kaito recula de plusieurs pas comme s'il fuyait le combat.

C'est bien la première fois que je rencontre quelqu'un d'aussi lâche. Tu faisais le beau avec tes techniques il y a encore quelques instants pourtant.
Je reconnais que tu es assez fort.

Profitant alors de l'arrogance de son adversaire, il se mit soudainement en position, préparant son katana pour une puissante frappe dont sa cible se souviendrait encore longtemps. Cette dernière comprit alors justement ce qu'il en était et s'élança aussitôt sur le capitaine pirate pour lui faire mordre la poussière dès maintenant, mais à cet instant, le sabreur sourit, voyant là son opportunité d'en finir. Levant légèrement sa lame qu'il plaça en biais, sa position fut telle que les premières lueurs du soleil pointant enfin à l'horizon vinrent se refléter sur l'acier, amplifiant alors la luminosité qui fut ainsi redirigé face au kanokunien, touchant directement le visage du voleur qui se trouva un court instant complètement aveuglé, perdant ses repères et ses maigres défenses contre une riposte, Kaito profitant alors de cette ouverture pour finaliser son attaque, comme un message envoyé à sa cible qu'il ne comprendrait certainement jamais.

Requiem Sanglant.

S'élançant à toute vitesse, il passa en un instant derrière son adversaire qui ne parvint pas à répliquer et se contenta instinctivement de placer ses katanas en avant pour bloquer son assaut. Trop tard, le sabreur se retrouvant en position d'achever sa technique en rangeant tranquillement sa lame comme pour annoncer la fin de l'affrontement. Dans le silence qui suivit, une nouvelle fois plus rien ne bougea, plus aucun bruit ne fut entendu, jusqu'à ce qu'il eut terminé de rengainer son arme, une petite myriade de lames d'air apparaissant devant son adversaire avant de s'abattre directement sur lui, le touchant de plein fouet.

L'homme aux katanas resta quelques secondes sans bouger face à l'assaut, avant de poser mollement les genoux au sol, blessé et épuisé. Silencieusement, il éteignit les flammes de ses lames à la grande surprise de Kaito qui vint aussitôt à sa hauteur, ne comprenant pas sa réaction. En arrivant à son niveau, il comprit ce qu'il en était, observant alors le soulagement et le désespoir dans les yeux de son adversaire, qu'il devinait être ses vraies émotions.

... Je … Suis … désolé.

Fébrile, il ferma alors les yeux, comme plongé dans ses pensées. Kaito n'y avait pas de main mort sur cette attaque, et il sentait que sa victime commençait doucement mais sûrement à se diriger vers son départ final. Comprenant alors qu'il souhaitait profiter de ses derniers instants à se rappeler les bons souvenirs, ou quelque chose du genre … Du moins c'était ce qu'il pensait être en train de faire …

Votre fils … Ryouta … A encore échoué.

Parlant lentement mais sûrement, il attrapa soudainement l'une de ses lames avec ses dernières forces et l'abattit alors sans une once d'hésitation dans son cœur, se faisant seppuku sans aucune autre forme de cérémonie. Voyant alors l'homme s'effondrer tristement au sol, le capitaine pirate resta silencieux, ne sachant comment réagir. Il fallut la venue de ses amis pour le sortir de sa léthargie.

Il vient vraiment de se suicider comme ça ?
Cela m'en a tout l'air. Tu lui as dis quelque chose de particulier, Kaito ?

Le concerné soupira longuement, fixant une dernière fois l'homme qu'il venait de combattre avant de se relever et de secouer quelque peu la tête.

C'est un seppuku. Une mort dans l'honneur … Mais je doute que ça en ait vraiment valu la peine …

Réitérant son soupir, Kaito se baissa pour attraper le Meitou qui trônait encore à la ceinture du shimotsukien, l'installant alors sur la sienne.

Bien, nous avons récupéré ce que nous étions venu cherché. Retournons prévenir le vieil homme pour en finir avec cette histoire.
... Et les corps?
Qu'ils pourrissent ici, c'est là le résultat de la cruauté qu'ils dégageaient. Par contre, celui-ci, j'aimerai au moins qu'on lui rende le respect qu'il mérite.
... Parce qu'il s'est suicidé ?

Le capitaine pirate ne répondit pas, se contentant d'attraper le mort pour le déplacer jusqu'au campement, s'aidant de Lucius et Peter – qui vinrent en soutien sans se poser vraiment plus de questions au vu de la réaction de leur ami – pour installer le corps dans une position de seiza à peu près stable, le sabreur voyant en cette position une mort beaucoup plus honorable que traîné dans la boue à l'instar des crapules avec lesquels il avait travaillé.

Ceci fait, et sur l'impulsion du capitaine pirate, les Intrépides Libres repartirent silencieusement en direction du hameau d'où ils venaient, prenant cette fois des petites routes pour éviter de croiser au maximum les habitants du coin au vu de leur état. Ils parvinrent ainsi à revenir sur place après plusieurs bonnes heures, quelque peu affamés mais surtout épuisés par leur marche, rejoignant au plus vite le domaine du vieil homme.

Cette fois ils ne prirent même pas la peine de faire attention à passer par le côté et entrèrent par la grande porte du petit domaine, attirant malheureusement quelques regards indiscrets. A l'intérieur cependant, nulle accueil ni rencontres peu fortuites, le petit groupe put rejoindre la grande maison sans soucis où ils tombèrent nez à nez avec Hichirou, qui semblait les attendre depuis un bon moment maintenant. Fixant alors Kaito en voyant l'état de sa tenue, puis voyant l'état physique de ses compagnons, il fit la moue avant de se lever et de se diriger à l'intérieur, les invitant à le suivre.

Vous avez de la chance, on a fait un peu trop de nourriture cette fois.

En entendant le mot nourriture, tout le groupe s'excita et rentra sans tarder dans la bâtisse, se retrouvant alors dans le grand salon où une belle tablée avait été posée, remplie de divers plats et de boissons en tout genre qui firent saliver tout le monde. Chacun vint trouver sa place et, de nouveau sur l'invitation du propriétaire des lieux, ils commencèrent à s'empiffrer, heureux de pouvoir se remplir la panse après tout ces efforts.

Hichirou, lui, repartit calmement vers l'extérieur, rejoignant sa femme qui semblait se remettre de ses émotions dans la cour arrière, laissant ainsi les Intrépides Libres profiter de ce qui semblait être un repas de remerciement. Kaito, en voyant cela, indiqua simplement à sa seconde qu'il avait besoin de prendre l'air et s'en alla dans la même direction que le vieil homme,sans dire un mot de plus. Sarah, en le voyant partir, esquissa un sourire en réalisant enfin toute l'ampleur de la situation.

Il ne mange pas avec nous, le capitaine ?
Non … Je ne pense pas qu'il ait faim actuellement.

Peter et Lucius haussèrent les épaules à la réplique de la jeune femme, puis reprirent leur repas, bien trop affamés pour penser à autre chose. De son côté, la navigatrice se laissa aller un court instant à ses pensées avant d'imiter ses deux amis, sentant son ventre crier famine …

[...]

Après plusieurs longues minutes, Kaito finit par revenir auprès de son équipage, les rejoignant à la tablée avec un air de mort-vivant tant il avait besoin de manger, ignorant tous les regards sur lui pour se concentrer sur ce qu'il pouvait lui rester à portée de main. Derrière lui, Hichirou les observaient calmement, comme attendant quelque chose. Le silence retomba alors, tout juste rythmée par le bruit des couverts s'agitant au rythme des bouchées des Intrépides Libres, puis s'en alla lorsque les trois hommes lâchèrent leur meilleur rot de soulagement.

C'était excellent ! Merci, monsieur !
Vous auriez des recettes de vos plats ? Je serai ravi de les refaire pour mes amis.

Kaito et Sarah restèrent muets, se contentant de regarder le vieil homme qui remercia poliment les deux autres d'un hochement de tête, tout en indiquant d'un mouvement de main de s'intéresser à sa femme en ce qui concernant la cuisine. Sur ces gestes, Lucius et Peter s'exécutèrent, laissant ainsi leurs deux amis seuls avec le propriétaire des lieux.

... Vous n'avez pas peur qu'ils vous la fassent à l'envers ?
Vous l'auriez déjà fait si ça avait été le cas, et j'ai beau avoir de l'âge, je sais encore différencier un mauvais garçon d'un bon comme ces deux-là.

Sarah sourit, amusée d'entendre dire que ses amis étaient vu comme des gens bien. Cela faisait bien longtemps, à vrai dire, qu'elle n'avait pas entendu quelqu'un dire cela à propos des Intrépides Libres, que ça soit sur Luvneel, avec la bande originelle, ou depuis que Lucius les avaient rejoint. Une réaction qui n'était pas celle de Kaito néanmoins, qui se contenta de se gratter la tête avant de faire franchement face à Hichirou.

Bon, dites-moi. Ryouta, ça vous dit quelque chose ?

Lorsqu'il dit cela, le visage du vieil homme s'assombrit aussitôt et il se muta quelques instants de plus, semblant confirmer les pensées que pouvait avoir le capitaine pirate.

Je me disais aussi qu'il semblait bien connaître cette maison.
... Il s'agissait donc bien de lui. Ryouta … C'est le nom du fils d'un vieil ami forgeron. Il y a quelques années, il a tué quelqu'un … Et a choisi de se bannir lui-même pour cela. Je n'aurai jamais pensé qu'il en viendrait à devenir un véritable criminel …
Alors comme ça vous l'avez connu ?

Le shimotsukien releva un peu la tête, à nouveau aussi sérieux qu'avant.

Il arrivait à mon vieil ami de l'amener avec lui lorsqu'il venait discuter avec moi. C'était un jeune homme prometteur, il m'arrivait même parfois de lui apprendre quelques techniques au sabre. C'est bien dommage …
Au moins il n'entachera plus son honneur à présent.
Et je t'en remercie, au nom de ses parents.

Kaito coupa aussitôt court à la conversation, voyant à cet instant que Sarah allait lui demander si ses parents allaient être prévenus. La réponse était malheureusement évidente, mais le capitaine pirate comprenait parfaitement que le vieil homme ne souhaitait pas s'étendre à ce sujet qui ne les concernaient pas. Il se contenta plutôt de détacher le Meitou à sa ceinture pour le tendre à Hichirou, affichant un air tout à fait sérieux.

En attendant, je vous retourne ceci. Qu'importe cette histoire de duel, ce vol a été commis par ma faute, alors je ne suis pas digne de cette lame. Qu'elle retourne auprès de son gardien.

A cet instant, l'homme âge soupira, observant tout de même un court instant le katana tendue dans sa direction avant de finalement la repousser poliment.

C'est moi qui n'en suit plus digne, gamin. Je te l'ai dit : je n'en suis plus le gardien depuis l'instant où tu m'as vaincu dans ce duel. Elle t'appartient désormais, quoique tu en fasses. Et quoique tu en dises, tu connais les raisons qui font que tu es désormais le plus à même de la porter actuellement.
...

Kaito ne réagit pas immédiatement, laissant Hichirou venir pleinement reposer l'arme contre le torse du jeune homme, pour finalement la remettre à sa ceinture avec fierté.

Merci de votre confiance.

Sarah gloussa, repérant à cet instant une petite larme perler le long de la joue de son ami, allant même jusqu'à lui provoquer un réel frisson tant elle ne comprenait pas ce qu'elle venait de voir. Pourtant si calme ou complètement fou, c'était bien la première fois qu'elle voyait son capitaine donner l'impression … de pleurer. Et bien que ce fut bref, elle sut que quelque chose de plus profond se cachait derrière cette réaction. Elle se retint cependant de laisser sa curiosité parler pour elle, respectant le silence du sabreur.

Je respecterai cet honneur qui m'a été donné aussi longtemps que possible.
C'est un honneur que je saurai venir reprendre si cela est nécessaire, sache-le.

Kaito hocha solennellement la tête face à cette réponse.

Bien. Je tiens pour finir à m'excuser pour le dérangement, et vous promet que cela ne se reproduira plus. Merci également pour le repas.

Le capitaine pirate se pencha par respect pour son aîné, accompagnant ses excuses comme ses remerciements, imité rapidement Sarah, sous le regard calme et satisfait d'Hichirou qui les vit alors aller rejoindre leurs camarades pour les inviter à repartir au plus vite avant que leur présence ne devienne trop évidente pour les autorités du coin. C'est ainsi que, au crépuscule, les Intrépides Libres s'en allèrent, rejoignant enfin la plage où leur cher bateau, l'Aventurier, les attendaient patiemment pour repartir sur les mers, guidés par le vent de la liberté, guidés par leurs rêves.

Tournant ainsi une page de leur histoire.
Et pour Kaito de pouvoir partir l'esprit tranquille.
Heureux que son rêve soit désormais en marche …

[...]

Au fait, on oublie pas quelque chose ?
On devait pas aller voir ta famille, Kaito, avant de partir ?
Comment ça ?

Sur le bateau, Lucius et Peter s'observèrent en réalisant à cet instant toute la réalité de la situation dans laquelle ils s'étaient trouvés.

...
...
Je croyais que c'était évident pour tout le monde, pourtant.

Sarah ne put s'empêcher de rire aux éclats face à l'incrédulité de ses deux amis qui n'avaient même pas réalisé qu'à l'entrée du domaine où ils s'étaient rendus pour leur mission trônait une belle pancarte indiquant pourtant clairement le nom des propriétaires.

Les Yamamoto.

[...]

Hichirou ?
Oui, mon amour ?

Posté à l'entrée de son domaine sur un petit banc donnant vue sur tous les alentours, le vieil homme pouvait observer la Marine en branle bas de combat, certains n'ayant pas tardé à venir lui rendre visite en apprenant l'intrusion dans sa maison et le vol du Meitou dont il avait la garde. Il pouvait observer les soldats en train de placarder des avis de recherche de Kaito reconnu par les quelques passants qui les avaient vu rentrer dans son domaine un peu plus tôt dans la journée, voyant en ce pirate de bas étage le responsable de la situation.

Entre le vol, l'attaque surprise sur les marines en pleine nuit et, on l'apprendrait plus tard, le meurtre d'un groupe d'étrangers ainsi que d'un ancien vagabond plutôt connu dans le coin, il n'en fallait pas plus pour le désigner comme un ennemi de l'île, le changeant en paria surtout après que certains aient pu faire le rapprochement entre le jeune homme et le brûlé au masque de renard qui séjournait depuis quelques temps sur Shimotsuki, n'aidant malheureusement pas à sa réputation.

Hichirou lui-même serait rapidement critiqué pour d'une part n'avoir pas su défendre le Meitou que le Marteau lui avait pourtant confié pour le protéger « au péril de sa vie », des rumeurs commençant même à le voir comme un traître et l'origine même de tout cette situation lorsque la population découvrit que le pirate portait lui aussi le nom de famille des Yamamoto. Une situation qui ne manquerait pas d'entacher grandement sa réputation, bien que le vieil homme n'en eut réellement cure. Une réaction que sa femme avait du mal à vraiment accepter, ne comprenant pas vraiment pourquoi son mari avait pu agir ainsi.

Pourquoi avoir fait cela ? Ce jeune homme et leurs amis … Ils avaient l'air sympathiques mais ils restaient des pirates. Et le fait qu'il porte le même nom que toi … Ce serait pour ça ?

Laissant apparaître sa panique dans sa voix, elle chercha à trouver une réponse rassurante de la part de sa moitié, mais celui-ci se contenta de montrer le katana que lui avait laissé Kaito.

Si je m'en étais vraiment pris à lui … Je n'aurai plus eu le droit d'être un Yamamoto. On ne touche pas à la famille.
... Tu veux dire que ?
Oui.

Sans plus de mots, elle comprit, soupirant longuement en ressassant alors le passé. Se souvenait-elle seulement de son visage ? Probablement qu'elle ne s'en faisait qu'une image approximative. Mais en visualisant à nouveau celui du jeune homme, elle se rendit compte qu'elle était effectivement passé à côté de l'évidence même, et soupira de nouveau, triste de pas avoir plus l'occasion de connaître celui qui se révélait être … Son neveu.

Tu aurais pu me le dire.
Ce n'était pas sa volonté de s'incruster plus que cela dans nos vies. Il devait penser qu'il ne le méritait pas … et même si cela me fend le cœur, je me devais de respecter sa volonté … Tiens.

Le shimotsukien sortit à cet instant un papier de sa poche, la tendant à sa femme qui l'ouvrit sans tarder, intrigué par son contenu.

Qu'est-ce que c'est ?
Une promesse.

Parcourant alors la lettre, la vieille femme put lire rapidement que Kaito se présentait à eux en son nom, leur parlant de son plan concernant le Meitou et même de l'éventualité qu'un trouble-fête essaye de s'en emparer, indiquant que peu importe l'issue, quoiqu'il arrive, il assumerait pleinement ses actes et ferait de son mieux pour ne pas entacher l'honneur des Yamamoto.

Il est plutôt niais dans ce qu'il dit.
C'est la nouvelle jeunesse, que veux-tu mon amour …
En attendant, ça va quand même nous retomber dessus. On pourrait faire savoir qu'il était innocent dans cette affaire ...
Lis la suite.

La shimotsukienne s'exécuta, voyant qu'elle avait effectivement laissé une partie de la lettre de côté. En lisant, elle commença rapidement à glousser, à la fois perturbée et stupéfaite par ce qu'il avait pu écrire. Dans cette partie, il indiquait alors que l'une des raisons de son départ en mer et de son désir de venir à leur rencontre était d'obtenir l'approbation familiale pour partir en quête du trésor presque sacré de leur famille, Amaterasu, la plus grande fierté du fondateur même des Yamamoto. Un trésor qui s'était tristement perdu lorsque leur famille avait migré jusqu'à Shimotsuki, voyant en cela un déshonneur qui déchira la famille pour savoir à qui revenait la faute, sans qu'aucun ne s'essaye jamais à tenter de la retrouver.

Lorsque j'ai lu ça la première fois, je me suis revu enfant, mon père constamment en train d'affronter mes oncles … Tout ça pour une lame. Ça m'a rappelé combien cette perte avait été terrible pour notre famille.
C'était presque devenu une attraction dans le hameau, à force …

Hichirou sourit, amusé, mais surtout emprunt d'une nostalgie qui surprit sa femme.

Mais ça m'a aussi rappelé combien Daichi en parlait constamment, disant qu'il serait celui qui la retrouverait. Qu'il restaurerait l'honneur de la famille, tout en accomplissant son rêve de voyage. Il en parlait avec une telle conviction, j'en étais presque jaloux. Et puis un jour il est parti, sans jamais revenir. Tout le monde était heureux, mais moi … j'ai longtemps espéré qu'il nous revienne, la lame entre les mains.
Je comprends mieux …
Et puis voilà que son fils finit par apparaître sans prévenir, avec cette même promesse. C'était comme un rêve.

Le vieil homme commença à afficher un air d'extase, comme si quelque chose prenait soudainement sens dans sa vie. A cet instant, sa femme vint l'enlacer tendrement, contente de le voir sourire franchement.

Et puis surtout, il savait pertinemment que cela ne suffirait pas à m'avoir si facilement. Alors c'est pour ça qu'il est venue se présenter de lui-même à moi. Pour m'assurer qu'il était bien mon neveu, pour espérer que je lui donne ma bénédiction dans cette quête.
Daichi n'était pas aussi perspicace que toi pourtant.
J'ai compris dès l'instant où j'ai croisé son regard qu'il ne manquait pas sur cette promesse. Qu'importe qui a pu l'élever, j'ai pu ressentir la même conviction que son père.
Je vois. Mais … Si tu lui as donné ta bénédiction, ne devais-tu pas le faire via une cérémonie quelconque ?

Lorsqu'elle l'interrogea, Hichirou ne put se retenir d'un grand sourire. Il avait beau adorer de toute son âme sa femme, en en ce qu'il s'agissait des traditions familiales, elle n'y connaissait définitivement pas grand-chose, mais ce n'était pas grave. Il se contenta de rire légèrement avant de l'embrasser sur le front.

Nous l'avons fait, et nous détenons désormais tous les deux une preuve de cette bénédiction.
... Le Meitou ?

Le vieil homme se contenta d'un hochement de tête approbateur silencieux.

Et toi dans ce cas ?

Cette fois, il ne réagit pas plus que cela, laissant son regard se perdre dans le paysage, laissant apparaître un air serein et satisfait.

Je suis simplement heureux de retrouver l'objet qui m'a motivé embrasser pleinement mon destin de forgeron …

Sa femme ne comprit pas tout de suite, puis fixa alors le katana qu'elle tenait encore près d'elle, comprenant alors qu'il s'agissait non pas du katana de Kaito … Mais de celui de Daichi, son père. Un présent qui avait été forgé par Hichirou pour son frère en guise de respect. Ainsi, le vieux Yamamoto pouvait à présent apprécier l'une des dernières reliques qui le rattachait à ce qui pouvait encore lui rester de son passé.

Comme un souvenir qui jamais ne s'effacerait.
Un simple message transmis par les liens du sang.
Et dont Kaito avait désormais repris le flambeau …
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