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L'aventure part en sucette [PV : Lucy Emerald]

Widdershins
Ash

L'aventure part en sucette

Alors que nous entendions la respiration de notre seconde s’apaiser, s’unir au rythme particulier des rêveurs, nous continuâmes à nous repasser ses dernières paroles en tête. D’abord en contemplant le mur de bois, puis en nous allongeant sur le dos, observant distraitement les étoiles.

Construire une famille. Nous n’y avions jamais songé. Serait-ce pour nous ? Pourrions-nous devenir une bonne mère ? Bien que notre maître eût servi de visage maternel, nous avions manqué d’un référent en la matière. Sur qui pourrions-nous prendre exemple ?

Encore fallait-il trouver une femme qui souhaitait en former une avec une autre dame. Nous nous redressâmes, considérant les braises se consumant inlassablement. D’un doigt léger, nous écartâmes une mèche de cheveux blond-platine de la joue de Lucy. Elle dormait paisiblement. Nos lèvres s’arquèrent de plaisir.

Bien, nous sortîmes de cette cabane improvisée en faisant attention de ne pas la réveiller. Dehors, nous inspirâmes une grande bouffée d’air frais. Nous avions besoin de faire quelques pas pour que le sommeil nous plonge dans sa douce léthargie.

La forêt ne bruissait pas, aucun animal n’émettait de son. Seul le ressac des vagues dans le lointain rompait le silence ambiant. Nous sourîmes à nouveau quand une réflexion s’invita. Elle prétendait se moquer du genre de la personne à son bras, mais ses envies se trouvaient fortement orientées.

Comment pouvait-on être aussi convaincu de vouloir enfanter ? Enfin, en théorie, nous le savions, mais le ressenti le plus profond, qu’en était-il ? Alors que nous effectuions quelques pas dans la clairière, une désagréable sensation nous envahit.

Nous n’étions pas seule ici. Une paire d’yeux nous observait, tapis entre les branches des arbres, nous en restions persuadée. Nous tournâmes sur nous-même lentement, cherchant avec minutie l’origine de ce sentiment lancinant.

Pourtant, nous ne trouvâmes aucune trace de cet animal caché dans l’ombre. Une certitude patente demeurait. Nous en parlerons demain à notre seconde. Pour l’heure, il valait mieux retourner sous la tente près d’elle et essayer de laisser le sommeil nous envahir.

Une fois sous les branchages rudimentairement assemblés, nous regardâmes la blonde, le soulèvement régulier de sa poitrine. Un indéniable réconfort se dégageait de la scène. Et dans la candeur du moment, nous nous entendîmes, dos à elle.

Alors qu’un frisson dû à la fraîcheur de la nuit nous parcourut, nous nous collâmes à elle. Et malgré la froideur de son métal, une chaleur rassérénante irradiait d’elle. Ce contact nous ancrait dans cette réalité. Et ainsi, cela nous rappelait que présentement nous n’étions pas seule.— Merci de rester avec nous… nous soufflâmes à demi-mot avant de nous laisser emporter par Morphée dans l’inconscience de la torpeur.Le réveil, le lendemain matin, arriva bien plus vite que nous l’espérions. Et il se passa fort différemment de ce que nous imaginions. Alors que nous dormions dans une position fort peu flatteuse — bouge grande ouverte, les cheveux en pagaille, le coude sur les yeux pour se protéger de la lumière puissante du soleil — nous sentîmes des poids dérangeant sur nous.

Dans un sursaut, notre instinct agissant à notre place, nous nous redressâmes. Ouvrant difficilement les paupières, nous constatâmes que des singes nous faisaient face et nous chevauchaient comme si de rien n’était. En tournant la tête, nous remarquâmes que notre seconde aussi se faisait encombrer. Il nous fallut quelques instants pour réellement prendre conscience de la situation.— Ouste ! Nous ne sommes pas un perchoir !Nous accomplîmes de grands gestes pour les forcer à descendre de nos jambes. Évidemment, non agressifs, il ne valait mieux pas les effrayer et les rendre belliqueux. Dans la même optique, nous obligeâmes les singes à partir du corps de Lucy. Nous dûmes en outre en pousser un doucement pour qu’il consente à quitter le front de la jeune femme. Un seul resta assez téméraire cependant. Il tenait une noix de coco, et la tendait à la blonde. Nous rîmes un peu d’elle.— Et bien bonjour Lucy, on dirait que vous avez un ticket avec l’un d’eux, notre chère, nous la taquinâmes avec un clin d’œil. Après notre conversation d’hier soir, cela ne nous étonne guère. Vous êtes une véritable tombeuse, si fait. Fort bien, nous vous laissons avec lui, cela serait idiot de ne pas profiter de votre nouvel amant. Nous sortîmes de notre cabane, offrant quelques instants à notre officier pour se réveiller à son rythme. La vie avait repris ses droits depuis quelques heures. Des cris d’animaux, le vent, le ressac des vagues.

Cela allait constituer notre quotidien pendant un temps, il faudra s’en contenter. Alors que nous marchâmes un moment, voulant rassembler nos affaires, un des singes se rapprocha de nos gants. Bien qu’il s’en trouvait peu probable qu’il arrive à les soulever, nous ne demeurions pas à l’abri d’une casse.

Nous le devançâmes d’un instant et les récurâmes. Pas question de leur laisser. Une fois assurée de leur sécurité, nous pensâmes aux prochains objectifs à suivre. Les troncs s’étendaient vers le nord-est, envisager de longer la lisière de la forêt vers le nord nous paraissait être une bonne idée.

Nous venions du sud, perdre le cimetière de bateaux n’était pas une option. Alors, nous marquâmes plusieurs arbres de croix pour nous souvenir de notre position actuelle à l’aide d’une arrête de nos doigts de métal.

Alors que nous réfléchissions, notre bouche se fit sèche. Mission du jour : trouvé un abri plus convenable que ce fagot de bois, de l’eau et de la nourriture plus viable que des noix de coco. Derrière nous, un bruissement attira notre attention. Lucy sortit à son tour de notre cabane.— Et bien, un instant de plus et nous serions devenu jalouse.Nous étouffâmes un sourire. Dans notre contexte, il fallait garder le moral. Et notre choix pour le conserver, en plus de nous reposer sur notre fort caractère et notre détermination à toute épreuve, consistait à faire un peu d’humour. C’était connu pour égayer n’importe quelle ambiance.



Dernière édition par Ashlinn Widdershins le Sam 11 Mar 2023 - 22:04, édité 1 fois
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Mais brusquement Ashlinn se redressa, remuant de tout son être pour éloigner ces visiteurs envahissants. Le danger disparu en un instant, le porteur de l’énorme noix s’en trouva si démuni qu’il abandonna son butin sur place, forcé de faire une croix sur l’ouverture facile de cet épais fruit à force de le fracasser sur le crâne de la Capitaine.
Elle repoussa également mes assaillants que j’avais peur de brusquer en le faisant moi-même trop vite. Parait-il que ces pirates pouvaient devenir terriblement agressif s’ils se sentaient en danger. C’était en tout cas ce qui était expliqué dans les livres de survie à l’école de la Marine. Tous filèrent sans demander leur reste. Tous ? Non ! Un irréductible refusait la tentative d’intimidation de la jeune femme, mieux il récupéra la noix abandonnée et la fit rouler sur mon ventre avant de me tâter les joues à plusieurs reprises. Impossible d’encore faire semblant de dormir. Le singe m’offrait cette collation végétale en frappant la surface rugueuse puis en ouvrant grand la gueule, ceci à plusieurs reprises. Etrange conversation. Surtout qu’en plus Ashlinn en rajoutait une couche avec des allusions taquines.
Je levai les yeux au ciel pour seule réponse avant de reporter mon attention sur la petite créature. S’il voulait boire, ou manger c’était difficile à comprendre, il fallait percer la coque et hors de question d’utiliser ma tête pour ça. Non j’utilisai simplement mon index métallique pour gratter la surface encore et encore, jusqu’à progressivement y faire une entaille. Le macaque observait l’action avec attention, ses yeux d’or pivotant entre mes mains et mon visage.
Sitôt ouverte il se mit à rebondir sur ma cuisse, tout content et surprit d’une telle prouesse. Pour sûr ça n’aurait pas pu être possible avec ses propres doigts. Tout agité soudainement il devenait très vite embarrassant. J’éventrai alors le fruit en deux et lui tendit la partie la plus grosse, qu’il s’empressa d’attraper pour en dévorer la chair blanche.
Bien, le voici de nouveau calme. Je tentai alors de quitter la paillasse de fortune, il se stoppa aussitôt et me jeta un regard noir, de quoi abandonner tout projet de fuite. Plus qu’à espérer que tout se passe bien du côté de la Capitaine alors.

Ce ne fut qu’au terme de plusieurs minutes d’un repas bruyant et salissant que j’eu enfin le droit de sortir, rejoignant la miss aux cheveux roses, qui en avait visiblement profité pour faire une courte balade en forêt.

« N’ayez crainte Capitaine, il avait beau être mignon, il ne remplissait aucune des conditions énumérées hier soir. » Répondis-je avec le sourire. « Cela dit maintenant que vous le dites je suis curieuse de vous voir jalouse hihi. Mais restons sérieuses, échouée comme nous le sommes sur une île potentiellement déserte, on ne tiendra pas longtemps si on voit ça comme des vacances ou une lune de miel. »

M’époussetant la tenue du sable et des saletés rapportées par tous ces chimpanzés, je recherchai du regard un coin de l’épaisse forêt nous entourant vers où il serait préféra de commencer. Ashlinn avait déjà commencé, cela se voyait avec les traces creusées dans le bois sur différents troncs.

« D’abord trouver de l’eau douce, et potable si possible, et une grotte où nous pourrions mieux nous installer que cette petite cabane de fortune. Cyborg ou pas nous allons toutes les deux avoir besoin de repos pour tenir la distance. Prête ? »

La question n’en était pas réellement une, elle avait déjà ses gants métalliques sur elle.
J’approuvai de la tête et proposai de la main de suivre le début du chemin qu’elle avait déjà exploré. Autant commencer quelque part n’est-ce pas, puisque tout ici se ressemblait, sans carte ni la moindre indication il fallait faire un choix.
Nous explorâmes alors les environs, tantôt Ashlinn en tête pour se frayer un passage, tantôt je prenais les devants pour me faufiler dans des recoins plus étroits. Plus nous nous enfoncions dans les terres, plus il y avait des roches et de rochers. Le sol semblait se muer en pente douce laissant supposer la présence d’une colline ou d’une montagne.

« Cela aurait été bien de pouvoir prendre de la hauteur, beaucoup de hauteur … » Commentai-je en repoussant une branche épaisse. « Mmmh attendez une seconde Capitaine. »

Plantant mes doigts de métal dans le bois d’un tronc épais, je me mis à gravir peu à peu, très progressivement faute de carburant l’arbre probablement centenaire. J’avais cependant oublié un tout petit mais si important détail, le poids ! Si une humaine de ma corpulence aurait pesée autour des 60kg maximum, j’en faisais facilement le double avec tout ce métal, de quoi rendre l’ascension nettement plus ardue et risquée.

« Là-bas Ashlinn ! » M’écriai-je une fois arrivée au bout d’une très laborieuse session d’escalade. « Il y a des oiseaux qui se posent et repartent là-bas, probablement un point d’eau. »

La descente fut bien plus rapide que la montée, surtout avec une branche cédant sous mon poids. Je m’écrasai comme une énorme masse face contre terre dans un sol heureusement meuble et couvert d’épais végétaux. Quel enfer … Mais au moins nous avions un objectif pointé.

« Fiou … la prochaine fois je vous laisserais la partie escalade. Cela ne m’a jamais trop réussi. »

Souvenir d’un temps, plusieurs années en arrière, avec une demoiselle nommée Charlie totalement intenable et inconsciente - ou insouciante – en était venue à tomber d’une falaise. La chute avait été particulièrement douloureuse …

« Ça me donnera l’occasion de vous admirer d’un autre angle héhéhé. » La blague de gros beauf qui me fit ricaner toute seulement en reprenant la route, faisant très attention à ne pas croiser le regard de la concernée, honteuse.
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Widdershins
Ash

L'aventure part en sucette

Elle racontait de drôle de sous-entendu, des vacances. Ou bien encore une lune de miel. C’est assez marrant quand nous y pensions. Si on enlevait le caractère esseulé de notre aventure et les bateaux qui gisaient aux abords de la plage, le cadre se révélait idyllique pour une passion amoureuse. Nous gloussâmes quelques instants avant de reprendre notre sérieux. — D’abord trouver de l’eau douce, et potable si possible, et une grotte où nous pourrions mieux nous installer que cette petite cabane de fortune. Cyborg ou pas, nous allons toutes les deux avoir besoin de repos pour tenir la distance. Prête ?

— Avec vous à nos côtés, toujours.
Pendant notre pérégrination vers le nord — et non vers l’ouest comme la célèbre histoire du même nom d’un pays lointain — Lucy émit une idée pertinente. Prendre de la hauteur, nous nous apprêtions à nous en charger quand elle se proposa de monter à un arbre. Ne voulant pas la contrarier, nous l'autorisâmes à s’exécuter.

Au premier coup d’œil, nous ne réalisâmes rien. Pourtant, son ascension se révéla lente. Nous laissant tout le temps pour nous rendre compte du caractère lascif de son atour. Son maillot de corps soulignait parfaitement ses courbes. Son minishort moulait le rebondi de ses fesses comme aucun autre vêtement ne le pourrait.

Nous n’en manquions pas une miette, piquant un fard en comprenant que nous prenions plaisir à observer ce spectacle. Cependant, nous finîmes par détourner les yeux. Nous ne devions pas profiter de la situation. Une décision pour le moins cocasse. Au moment où elle cria sa trouvaille, elle dégringola également. Une chute vertigineuse que nous n’eûmes pas le temps d’amortir.— Faites attention, voyons, le timbre de notre voix trahissait une véritable inquiétude. Vous pourriez vous faire mal. Et nous ne souhaitons pas cela.
— Fiou… la prochaine fois je vous laisserais la partie escalade. Cela ne m’a jamais trop réussi. Ça me donnera l’occasion de vous admirer d’un autre angle héhéhé.
A cette réplique graveleuse, nous explosâmes de rire. Bien, elle était entière et en état de faire des blagues douteuses.— Oh vous savez, ça arrivera bien un jour. Mais en ce qui nous concerne, nous en avons déjà profité un peu.Nous lui tendîmes une main pour l’aider à se relever tout en lui décochant un clin d’œil complice. Une fois sur pied, nous l’époussetâmes tout en évitant naïvement son regard. Tout comme elle. Une gêne palpable flottait dans l’air pendant ces quelques instants.

Pourtant nous ne pûmes le souffrir bien longtemps. Nous rompîmes d’un raclement de gorge ce moment fugace.— Bien nous devrions nous remettre en route, vous et moi. Nous avons fort à faire. Par où avez-vous dit que les oiseaux volaient ?Elle nous indiqua le chemin et nous le suivîmes tant bien que mal. De temps à autre, nous nous arrêtions pour marquer les arbres de notre passage et aussi reprendre un peu notre souffle. Une forme de silence s’était installée, comme si un accord tacite avait été conclu pour ne pas perdre cette candeur apparente.

Et Lucy qui ne voulait pas considérer ce périple comme une lune de miel. Quelle ironie ! Il nous fallut ce qui nous parut une heure et demie pour atteindre le point d’eau. C’était un lac restreint, dans une cuvette naturelle. Il se remplissait à l’est par une cascade provenant d’un précipice rocheux et se déversait dans un autre bassin en contre bas à l’ouest.
Pour l’attendre, nous devrions contourner la falaise bordée d’arbres où nous nous trouvions. Ce que nous réalisâmes en un tournemain. Le passage d’animaux sauvages était indéniable. Énormément d’oiseaux, surtout. Mais on devinait les traces d’herbivore çà et là.— Bien avant de se donner à cœur joie avec ce trésor bleu. Un contrôle du périmètre s’impose. Nous ne sommes jamais sûre de rien. Ne partez pas trop loin non plus, et prenez quelques ressources que vous jugerez utiles au passage. Nous vous confions cette rive, nous inspecterons l’autre. Criez en cas de menace. Avec un dernier regard pour une Lucy s’enfonçant dans la verdure, nous rebroussâmes chemin. Pour atteindre la deuxième berge du lac, nous devions repasser par le point surélevé de la forêt dont nous venions.

Nous avons arpenté la lisière de la nappe d'eau pendant un moment, fouillant les environs à la recherche d’éventuel danger. Mais rien à l’horizon. Pas le moindre indice sur une présence hostile. Enfin, sauf ce sentiment d’une créature nous épiant dont nous n’arrivions pas à nous départir quand nous n’étions pas prête de notre seconde.

Était-ce notre imagination qui nous jouait des tours ? Nous ne serions le dire. En restant sur nos gardes, nous fracassâmes quelques arbres pour en débiter les troncs et récupérer des bûches pour un feu. En revenant, chargée de bois, nous nous rapprochâmes de la paroi rocheuse. Nous observâmes ses aspérités, la chute d’eau bruyante.

Derrière la cascade, on devinait une crevasse. Un simple renfoncement dans la pierre ou une véritable grotte ? Il faudrait s’y aventurer pour en avoir le cœur net. Cependant, pour l’heure, rejoindre Lucy était notre priorité.



Dernière édition par Ashlinn Widdershins le Sam 11 Mar 2023 - 22:03, édité 1 fois
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Cela dit elle ne se gêna pas elle-même pour avouer en avoir profité, de quoi effriter encore un peu plus la hiérarchie entre nous. Mais pourquoi ? Depuis que nous étions échouées ici elle semblait différente, affamée et pas de nourriture mais bien d’une chose nettement plus charnelle. Certes nous nous entendions bien, et même suffisamment bien pour qu’elle avoue aimer les femmes et me raconter une partie de son passé. Alors pourquoi j’avais de plus en plus l’impression qu’elle traquait autre chose que notre survie ? Peut-être lui avais-je trop tendu de perches pour qu’elle se sente si à l’aise. Ce qui ne devait être que des boutades semblaient prendre chez elle des proportions bien plus importantes. Mais je ne devais certainement me faire des idées, simplement des idées …
Perdue dans mes pensées je ne faisais plus vraiment attention à mon environnement, me contentant de suivre Ashlinn à travers l’épaisse végétation, trop occupée à me poser des questions existentielles pour m’apercevoir que nous arrivions au point visé. Un petit étang occupé par nombres d’oiseaux. Ces derniers d’ailleurs s’immobilisèrent en nous sentant approcher et nous suivi du regard sans un instant tourner la tête durant tout le temps qu’il nous fallu pour faire le tour du dernier obstacle, une falaise. C’est seulement en s’approchant enfin qu’une majorité fini par prendre peur et s’envoler.
Bon première étape validée, passons à la seconde : sécuriser le périmètre.

« Pas de soucis, faites attention à vous. » Répondis-je à ma capitaine.

Chacune de nous allait faire le tour d’une rive et de ses alentours. J’approuvai de la tête puis tournai les talons. En chemin je ramassai au sol un épais bâton, juste au cas où et m’enfonçai cette fois-ci seule dans la végétation. Pas à pas, les sens en alerte, j’observai chaque feuille, chaque plante, chaque liane à proximité au cas où un prédateur y attendrait patiemment le bon moment. La seule rencontre fut un volatile sur sa branche, d’abord occupé à chanter puis soudainement muet, ses énormes yeux ronds fixés sur moi. Il ressemblait grossièrement à un hibou, avec une pair d’yeux dorés et des plumes sombres à la surface mais très colorées sitôt les ailes déployées. Oui voilà un hibou de jungle, en imaginant que cela existe.
Nous nous observâmes mutuellement plusieurs secondes durant sans aucun de nous ne bouge, à nous demander si l’autre était une menace ou non, s’il fallait fuir ou attaquer. En fin de compte et ayant misérablement perdu le combat de regard, je fini par reculer très lentement sans jamais lui tourner le dos, jusqu’à le perdre complètement de vue. Grand dieu comme c’était effrayant … Bon, aucune menace dans les parages hormis ce détail. Sur le chemin du retour je pris le temps de ramasser quelques victuailles, principalement à base de noix de coco car il serait dangereux de cueillir un fruit inconnu se révélant en fin de compte toxique.

La vraie surprise de cette escapade fut la cachette qu’avait dénichée Ashlinn sans l’explorer. Derrière la cascade qui remplissait le bassin, une petite cavité naturelle abritée et dissimulée des plus gros dangers pouvait servir de refuge un peu plus confortable que le bivouaque bricolé à la va-vite dans la forêt. Cependant un détail m’interpela rapidement sitôt les premiers pas dans la grotte, des petits bruits, des couinements. Je m’approchai en plissant les yeux jusqu’à tomber un petit tas de feuillage et paillage, et dedans trois petites créatures. Si petites qu’elles pouvaient chacune tenir dans ma main.

« Coucou vous, vous êtes beaucoup trop chou vous le savez ça ? Elle est où votre maman par contre ? »

Un grognement retentit dans mon dos en guise de simple réponse. Mon sang ne fit qu’un tour alors très lentement je me retournai, faisant face à une massive panthère au pelage plus noir qu’une nuit sans lune. Dans ma main droite je serrai le bout de bois ridicule tandis que dans l’autre je tenais encore contre moi les quelques fruits rapportés.
Comme avec l’hibou nous nous observâmes plusieurs secondes, un temps qui paru interminable avant que brusquement la bête ne se jeta sur moi, prête à mourir pour défendre ses bébés.

« ASHLINN !!! »
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Widdershins
Ash

L'aventure part en sucette

Un cri déchirant retentit depuis l’intérieur de la caverne. Pourquoi ne l'avions-nous pas suivie ? Notre sang se glaça en un instant, notre visage se tordit d’inquiétude. Alors, sans réfléchir, nous laissâmes tomber le tas de rondins que nous tenions et courûmes à vive allure nous assurer de la sécurité de notre seconde.

Un moment de flottement nous sépara de la jeune femme où notre esprit essayait de rationaliser la situation tout en se départant de la peur coulant dans nos veines. C’était le teint livide que nous découvrîmes Lucy aux prises avec une panthère. À l’exact instant où nous pénétrâmes dans cette cavité, effrayé par notre intervention, l’animal se jeta d’un bon vif sur la cyborge.

Nous ne pûmes que la regarder se faire renverser par l’attaque et tenter d’éviter les morsures que voulait lui asséner le félin. D’abord choquée par cette scène, nous reprîmes rapidement nos esprits pour porter secours à l’ingénu.

Nous nous rapprochâmes à pas de loup, l’adrénaline animant notre corps, et saisîmes le monstre par le collier pour l’envoyer valser au loin. Nous nous portâmes en véritable bouclier devant la demoiselle. Nous tendîmes un gantelet vers l’animal, s’attendant au moindre assaut, et l’autre, paume ouverte, vers Lucy, tandis que la panthère se remettait sur ses pattes, feulant et prête à bondir à nouveau.

Des panthères. Pourquoi fallait-il que cela soit toujours ce genre de bête qui se cache dans les grottes ? Déjà avec Rilas ça avait été le cas et nous avions dû notre « survie » à cause de cette salamandre.

Nous sentîmes notre équipement défaillir légèrement dans notre dos, confirmant notre inquiétude. Il deviendra bientôt inutilisable, rendant nos gants incapables de nous épauler en combat. Cet affrontement devait se terminer maintenant ou bien notre seule solution serait la fuite.

Le problème, c’était que notre duo s'érigeait en véritable anomalie dans ce biome, nous ne voulions pas le déstabiliser, mais il en valait de notre survie à Lucy et nous. Que faire ? Le temps nous manquait pour élaborer une vraie stratégie. L’instinct. Protéger ce qui nous était cher comme elle défendait sa portée.

La panthère chargea vite, griffes dehors et crocs apparents. Arrivée à notre hauteur, elle se souleva de tous ses muscles et chercha à nous asséner un coup de patte. Nous réagîmes bien plus rapidement et décochâmes une gifle d’anthologie, ce qui propulsa le félin sur la paroi de la caverne.

Furieuse, elle ne se laissa pas le temps de retomber sur le sol pour revenir à l’assaut. Morsure, lacération, elle utilisa tout son arsenal pour nous mettre à mal. Tantôt nous esquivâmes, tantôt nos vêtements et notre peau se teignirent de rouge. Mais, nous n’en avions cure. La sécurité de Lucy en dépendait.

Plus cette rixe s’éternisait et plus nous sentions nos gants s’affaiblir. Il fallait que cela s’arrête. Alors, en ultime baroud d’honneur, nous armâmes notre poing pour décocher un coup qui achèverait l’animal.

Cependant, au dernier moment, les miaulements paniqués de ses petits ébranlèrent notre volonté. Nous ne pouvions pas les priver de leur mère. Nous ne souhaitions pas qu’ils vivent comme nous, sans figure maternelle.

Ainsi décidée, nous attendîmes fermement, planté dans le sol, la prochaine charge. Quand elle survint, au lieu de lâcher la pression, nous nous déportâmes pour agripper la peau du dos et faire un tour sur nous même pour la projeter bien plus loin en direction du bout de la grotte.

Sans demander notre reste, nous fîmes volte-face. Dans une course effrénée, nous attrapâmes Lucy toujours à terre et la juchâmes sur notre épaule. Nous détalâmes aussi vite que nos jambes nous le permettaient, portée encore par l’adrénaline dans notre organisme.

Sans nous en rendre compte, nous avions déjà atteint le début de la caverne. Il fallait mettre le plus de distance possible. Oui, c’était la priorité. Galoper, ne pas s’arrêter. Le lac, l’orée du bois, la forêt. Nous ne fîmes plus attention à rien.

Ce furent les supplications de notre seconde à nous stopper qui nous sortit de notre transe. Notre foulée se transforma en pas. Nos pieds finirent par obtempérer et cessèrent de s’activer. Encore dans l’action, nous déposâmes Lucy sur la racine d’un arbre et nous nous adossâmes à son tronc pour récupérer.

Ahanante, nous nous délestâmes de nos armes pour soulager nos bras. De la sueur aussi grosse qu’une pluie battante déferlait sur notre visage. Nous l’essuyâmes avec l’intérieur de notre coude, regardant la jeune femme sans la voir. Et puis, sa présence se rappela à nous.— Nous... commencions-nous tout en soufflant comme un bœuf. Navrée, nous ne pûmes nous résoudre… À la tuer. Les petits se seraient… retrouvés seuls. Nous… ne souhaitions pas cela… Mais… vous n’êtes pas blessée, rassurez-nous ?Nous lui posâmes cette question en portant une main inquiète sur son visage. C’était notre instinct qui parlait à travers notre corps. Nous ne voulions pas qu'il lui arrive malheur.



Dernière édition par Ashlinn Widdershins le Sam 11 Mar 2023 - 22:03, édité 1 fois
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L’animal bondit, j’esquivai à la dernière seconde mais y laissant malgré tout un bout de ma veste. Mais ça n’allait pas suffire, j’étais encore là donc encore une trop grande menace pour ses petits. Elle se jeta à nouveau sur moi. Bloquée contre le mur de la caverne je n’eus que le temps de bloquer ses mâchoires avec mon bras tout en repoussant autant que possible ses griffes acérées. Ses canines pointues ripaient contre le métal en faisant un bruit assourdissant, mêlé à mes cris et ses grognements.
Jusqu’à ce qu’enfin mon héroïne débarque. Digne ce que je pouvais attendre d’elle, Ashlinn se jeta à son tour dans la bataille sans ménager une seconde l’animal. Mais je n’eus pas le loisir d’admirer cette bataille à sa juste valeur, manquant de souffle et d’énergie je sentais mon cœur battre si vite à m’en donner des vertiges. Puis soudainement je fus lever de terre et jeter sur un dos avant que le soleil ne m’aveugle. Ashlinn m’emportait à toute vitesse hors du danger. Je m’accrochai tant bien que mal à elle, jetant de temps à autre des regards en arrière pour aussitôt regretter en ne voyant pas la branche suivante arriver. Quel enfer.
Mais hélas j’étais très lourde, largement plus lourde que les filles de mon âge et très nettement plus qu’elle. Ashlinn fini par me déposer contre un arbre, à bout de souffle.

« Ne vous en faites pas Capitaine, je vais bien. C’est l’avantage d’avoir des membres en métal, héhé. Pas grand-chose ne peut les abimer. Faudra juste refaire la peinture. » Répondis-je avec le sourire, lui exposant mes bras tailladés de toute part, la peau laiteuse ayant disparue au profit d’une couleur grise et froide. « Mais c’est mieux ainsi, vous avez bien fait en fin de compte. Nous étions chez elle, elle n’a fait que protéger ses marmots. » Je me relevai en faisant craquer mon dos. « Bon bah plus qu’à trouver un autre coin. Debout chef, le temps passe et ne nous attendra pas. »

Je lui tendis une main pour l’aider à se relever puis, de façon totalement arbitraire, partis dans une direction donnée. De toute façon nous n’avions plus le moindre repaire sur les troncs ou ailleurs, plus la force de faire de l’escalade et de moins en moins d’énergie. Alors cette fois-ci je pris la tête du cortège. Ramassant des fruits au passage je vous avoue que je ne savais pas franchement où j’allais. Au bout de quelques minutes je ne regardais même plus où je mettais les pieds, non j’étais perturbée par la texture que je remuais depuis un moment entre mes doigts. Un mélange gras et coulant, produit d’un mix entre des tout petits fruits noirs et le contenu de la noix de coco, qui jusque là me servait simplement de boisson.

« Hum … Ashlinn est-ce qu’en tant qu’ingénieure de génie immensément talentueuse et débrouillarde, ça inclut aussi les compétences de chimiste ? Parce que Woaaaah ! »

Je venais brusquement de trébucher, ne regardant définitivement plus devant moi, et tombai la tête la première sur quelque chose de dur et rugueux. Après quelques courtes secondes pour reprendre mes esprits cela avait tout l’air d’être du bois. Un bois traité mais à l’abandon, laissé là à la merci du temps et de la météo. C’est en me remettant réellement sur pied que je pus admirer ce nouveau décor.
Nous étions en bord de plage, avec pour unique rivage des tas et des tas de carcasses de navire en morceau. Des bouts de proue, de poupe, de mat. Par endroit une voile sortait partiellement de l’eau. Un paysage macabre et désolé dans un cadre paradisiaque.

« Et bé … je crois qu’on a trouvé notre nouveau navire Capitaine, Il n’y aura plus qu’à le construire. Heureusement que vous êtes douée en bricolage. » Commentai-je avec un clin d’œil pour la concernée. « Mais je propose de fouiller d’abord, sait-on jamais il y en a peut-être un en meilleur état à simplement réparer qu’entièrement créer. »
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Widdershins
Ash

L'aventure part en sucette

Nous restâmes assise là quelques instants pour reprendre notre souffle, nos esprits, écoutant Lucy nous rassurer sur son état. C’était une chance qu’elle n’ait subi aucune blessure sévère grâce à son alliage. Saisissant la main qu’elle nous tendit, nous nous relevâmes avec une certaine peine. Sûrement les contrecoups du combat et de la course.

Alors que notre seconde commença à s’éloigner, nous récupérâmes nos gantelets désormais presque aussi utiles que Lucy sans énergie induite par sa précieuse huile et partîmes à sa suite. Cette dernière nous guidait à l’aveuglette et sincèrement, cela nous allait. Nous reposer sur quelqu’un en ce moment nous soulageait un peu de notre devoir.

Après une bonne partie de marche, elle élabora une question un brin saugrenue, rapport avec la mixture qui enduisait ses doigts. Mais elle trébucha bien vite alors qu’elle ne faisait plus attention à rien.— Et bien, le compliment nous fait très plaisir, mais la chimiste accomplie de nous tous, c’est Naoko. En qualité d’ingénieure, cette discipline nous était enseignée que sommairement. Cependant, à force de côtoyer notre meilleure amie, nous avons acquis quelques notions qui pourraient s’avérer pratiques. Vous pensez à utiliser cette graisse sur votre main comme carburant de substitution ?tandis que nous répondions à sa demande, nous l’aidâmes à se relever. Elle pointa du doigt ce que nous n’avions même pas pris le temps d’aviser au loin tant nous étions distraite. Mais, sa réflexion nous arracha un sourire encore une fois.—Nous sommes d’accord. Cela vaut mieux. Mais vous savez que nous avons tournées toutes deux en rond depuis hier ? nous ironisâmes un peu amusée. Nous sommes revenu à notre point de départ. Notre apparition sur la plage n’est qu’à une centaine de pas sur notre gauche. La veille, dans l’inquiétude et la précipitation, nous avions oublié de vous en faire part. Navrée. Allez, venez. Ils n’attendent plus que nous.Nous marchâmes avec empressement pour rejoindre les premières embarcations presque entièrement détruites. Cela relevait de l’impensable, des bateaux à perte de vue. Enfin façon de parler, ils n’allaient pas jusqu’à l’horizon, mais qu’importe où nous posions les yeux, une carcasse de bois s’érigeait en ruine causée par des tempêtes comme celle qui nous avait fait atterrir ici.

Par où commencer, c’était la question. Nous indiquâmes à Lucy une ouverture dans le flanc d’un trois-mâts à la lisière de l’eau. Peut être qui nous pourrions avoir accès au tillac pour obtenir une meilleure perception du massacre. Nous montrâmes l’exemple et y pénétrâmes en prenant garde où nous marchions.

Les entrailles de ce navire étaient en charpie. Coursives à moitié détruites ou englouties par la mer, passage en hauteur peu abordable autrement que par faire du parkour. Action qui s’avéra bien plus facile pour nous que pour notre seconde qui peinait à cause de son corps ou non à alimenter. Nous fîmes de notre mieux pour l’aider à franchir les quelques plateformes surélevées hors de sa portée ou en tenant les montants de bois qui entravaient la voie.

Au prix d’immenses efforts, nous parvînmes à nous frayer un chemin pour rejoindre le pont supérieur. Nous nous accordâmes quelques instants pour souffler, vérifiant que la blonde pouvait continuer sur cette lancée. Après ça, nous ralliâmes la poupe du vaisseau, quasi immergée dans l’eau de mer. C’était avec stupeur et effroi que nous constatâmes de désastre.— Bordel de merde… nous jurâmes odieusement face à ce que nous contemplions. Il y en a des centaines. Pauvres gens qui ont subi ça sans pouvoir en réchapper.Nous nous recueillîmes pendant une ou deux minutes en hommage aux morts qu’avait engloutie cette île de malheur tout en repensant avec horreur à nos matelots. Nous espérions de tout cœur qu’il se portait bien, sain et sauf sur une autre partie de l’atoll. Secouant le crâne pour éviter de trop y songer, nous proposâmes un champ d’action.— Pour couvrir un terrain plus vaste, nous suggérons de nous diviser et fouiller les divers navires à la recherche d’objets utiles, de bois de chauffage et surtout, d’un futur vaisseau susceptible de ne pas prendre trop de temps de réparation. Nous nous réservons ceux à la gauche de celui-ci et nous vous laissons ceux à droite. La voie à l’air plus praticable. Ne tentez rien d’irraisonnable, pas de risques inconsidérés, et faites attention à vous s’il vous plaît.Après avoir hocher la tête d’approbation, nous nous dirigeâmes à bâbord, appréciâmes la distance qui nous séparait du bateau en contrebas et, après un dernier regard vers Lucy, sautâmes pour le rejoindre. Nous amortîmes notre chute d’une roulade et débutâmes notre recherche d’ustensile susceptible de nous permettre le raffinement grossier du jus de coco et un navire en relativement bon état.



Dernière édition par Ashlinn Widdershins le Sam 11 Mar 2023 - 22:02, édité 1 fois
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La jeune femme était d’accord, il y avait là un potentiel très intéressant pour la suite de cette aventure toute sauf banale. Après une rude escalade à travers les planches de bois et les débris j’eus même la chance d’admirer de haut l’étendu de ce cimetière de navires. Il y en avait tellement, de toutes les tailles, de toutes les formes et de tous les camps. Ashlinn fut peinée à l’idée de tous ces matelots prit par les flots et que la mer gardait pour elle. Moi j’étais déjà passé à autre chose. Le temps nous était compté, nous n’avions plus le moindre vivre, ni eau douce alors que les morts pouvaient attendre. De toute façon ils étaient mort hein, et je n’avais pas prévue de gonfler leur rang de sitôt.

« Si cela ne vous embête pas, j’aimerais bien qu’à un moment on se penche sur cette histoire d’huile. Je vous avoue je n’en peux plus d’être aussi molle et à plat en permanence … Naoko n’aura qu’à améliorer ce que vous arriverez à bricoler. »

Approuvant de la tête aux nouvelles directives de la Capitaine, je m’élançai en quête d’une embarcation utilisable, ou au moins réparable au milieu de tout ce bordel. Mais c’était sans compter ma jauge de fatigue approchant du maximum et celle du carburant désespérément vide, au point qu’au lieu de sauter sur le pont de l’épave d’à côté, je ne levai pas suffisamment les genoux, heurtai le bastingage et chutai la tête la première dans le sable en contrebas.
Quel enfer.
Heureusement dans mon malheur j’avais tout de même suffisamment de chance pour éviter les planches de bois brisées net, les transformant en de véritables pieux acérés. Mourir comme ça, quelle mort nulle. Mais bref après un long soupire de lassitude et quelques plaintes étouffées dans plusieurs milliers de minuscules billes de roche perpétuellement érodées par l’océan, je me remis en marche.

Les recherches furent longues, atrocement longues, ou alors il ne s’agissait que d’une impression due à mon absence totale d’énergie. Au point que je me met à réellement envisager cette histoire de substitut à base de coco et autres fruits locaux. Je me sentais molle, inutile, fragile et incapable, honteuse et épuisée du moindre geste.
Cette expédition me mena ainsi jusqu’à une vaste coque. J’avais de l’eau jusqu’aux genoux et pas moyen de voir le sommet de la structure. Quelques frappes dedans laissait à penser la solidité de l’embarcation, remarquablement peu abimée par les flots, contrairement à la majorité des autres. Mais alors comment ce truc avait fini par s’échouer là ?
La réponse vint toute seule, par le biais de cet énorme trou traversant la paroi de chaque côté de l’embarcation. A bien y regarder, cela ressemblait à une énorme dentition. Un bestiau suffisamment gros pour croquer là-dedans comme s’il ne s’agissait que d’un sandwich. Dans les manuels de la Marine il était préciser que ces monstres n’existaient que dans Calm Belt. Hors nous en étions assez loin … A moins que …
Redoublant d’attention je m’infiltrai à l’intérieur. Cela devait être la cale, mais immense. Je n’aurais pas été surprise que feu le Tempête Colbat puisse y entrer à moitié.

« AH ! » Hurlai-je brusquement en me retournant.

Un squelette avachi contre un mur reposait là, ne gardant que des vêtements en lambeau et une bouteille vidée depuis bien longtemps.

« Un géant ? Mon dieu … Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ici ? »

La question était légitime. Les géants étaient une espèce particulièrement rare dans cette région, et leurs embarcations réputées comme extrêmement robustes, capable de braver tous les caprices de l’océan sans sourciller. Mais semble-t-il qu’une grosse bête avait finalement gagné la bataille. Mmh pas de granit marin à la surface de la coque, peut-être s’agissait-il d’une bande de pirates ayant fait les mauvais choix au mauvais moment. Peut-être qu’Ashlinn en saura plus à leur sujet grâce à ses précédents voyages.
Le reste du bâtiment était encore en surprenamment bon état, malgré les dimensions adaptées pour des géants. Grand dieu ce que cet escalier était immense … Mais malgré tout j’arrivai enfin sur le pont, essoufflée et encore plus vidée que tout à l’heure, en imaginant que ce fusse possible.

« Capitaine ! Par ici ! » Fis-je en secouant les bras, espérant qu’elle me voit, où qu’elle soit.
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Ash

L’aventure part en sucette

Nous avions commencé par faire chou blanc. La première carcasse de bateau que nous avions visité était complètement décharnée et inutilisable. La quille était fendue, les mâts entièrement brisés. Rien d’exploitable. Même la vaisselle et les autres ustensiles n’avaient pas résisté au temps et à la tempête.

La deuxième épave, tout aussi fichue, ne reprendrait pas vie, c’était certain. Pourtant, dans certains tiroirs, nous trouvâmes quelques casseroles et bols encore employables. Nous pourrions faire quelque chose pour la substance de noix de coco.

Un peu plus loin dans le bateau, des bouteilles miraculeusement intactes flottaient dans une coursive engorgée d’eau jusqu’au plafond. Nous les récupérâmes dans un sac en cuir que nous avions découvert plus tôt. Satisfaite de nos prospections, nous poursuivîmes notre exploration.

Alors que nous hésitâmes sur la prochaine ruine à visiter, celle d’une coque familière attira notre attention. C’était une nef de la marine, de son bleu caractéristique. Mais, quelque chose était différent. Au lieu de trouver un gouvernail à l’arrière, nous observâmes les palmes d’un moteur à vapeur. Le côté bâbord laissait deviner la silhouette d’une roue à aubes. La deuxième était encore en place sur le tribord.

Peut-être qu’avec une chance démesurée, l'engin serait toujours exploitable et en état de marche. Nous y pénétrâmes prudemment et constatâmes que le navire était détruit comme tous les autres. Nous soupirâmes, mais nous nous dirigeâmes malgré tout vers la salle des moteurs.

La joie nous submergea quand nous observâmes le quasi parfait condition de ce bloc d’ingénierie. Quelques accros ici ou là, mais rien de bien impactant pour son bon fonctionnement. Par contre le bateau foutu, ça voulait dire que nous devrions le désolidarisé de la coque pour le souder à un moyen de naviguer différent. Bien nous progressions. Cela prendrait sûrement des semaines pour se faire, mais une solution se profilait à l’horizon.

Nous sortîmes de la carcasse, contente de notre trouvaille, espérant que Lucy ait plus de chance que nous. Le soleil déclinait fortement, annonçant la venue de la nuit. C’était à ce moment-là d’ailleurs que sa voix s’éleva pour nous appeler. Nous cherchâmes la provenance du cri et découvrîmes notre seconde sur le point supérieur d’un navire, faisant de grands gestes.

Nous lui répondîmes aussitôt par les mêmes mouvements pour lui signifier que nous l’avions repérée et commençâmes à évoluer vers elle. L’ascension vers le drakkar, enfin ce que nous comprîmes de sa silhouette, fut relativement rapide quoiqu’un peu périlleuse.

Là-bas, un sentiment de victoire s’invita. Bien que démesuré, adapté qu’il était pour les besoins des géants, la nef était en état de maintien optimal. La quille semblait intacte, les mâts tombés pourraient être remplacés par le moteur à vapeur et les palmes. Quand nous reviendrons sur une terre alliée, nous le ferons accommoder pour nos hommes…

Une chose à la fois, d’abord déjà retrouver les hommes… s’ils étaient toujours en vie, ce que nous espérions de tout cœur. Ensuite, tracter le moteur et ce drakkar sur la plage pour réparation et modification.— Belle trouvaille, Lucy. Félicitation. D’ailleurs, de notre côté, nous avons mit la main sur quelques outils qui s’avéreront utiles pour l’alternative à l’huile d’olive. Et, comble de la chance, nous sommes tombée sur un bloc de moteur à vapeur parfaitement fonctionnel. Il faudra légèrement le restaurer, mais il serait dans nos cordes de le placer sur ce rafiot.Nous fîmes un clin d’œil à notre seconde et suggérâmes de rentrer sur le sable pour nous reposer, manger et essayer de préparer une solution de coco.

De retour sur la plage, nous allumâmes un feu que nous surmontâmes d’un suspensoir en bois de fortune. Là, nous accrochâmes une des casseroles remplies d’eau de mer et posâmes en son sein une deuxième marmite bourrée de noix de coco et de baies de l’île.— Nous pensons que le corps gras que sécrète la noix de coco est une bonne base pour le côté visqueux de l’huile d’olive, mais que seul il ne servirait à rien. Il manquerait certaines propriétés du fruit en tant que tel. D’où l’utilisation de baies. Il faudra la faire mijoter dans ce bain-marie toute la nuit. Nous essayerons demain matin de vous les injecter. En espérant que ça fonctionne. Et aussi un moyen de ramener sur la berge drakkar et moteur. Enfin, c’est pas gagner, mais nous progressons.

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L’intéressée ne tarda pas à répondre la même manière, trop lointaine pour que le moindre son me parvienne mais le mouvement de ses bras ne laissaient aucun doute. Je me posai alors contre la rambarde la plus proche, trop exténuée pour redescendre et attendit simplement qu’elle parvienne à me rejoindre. Le manque de carburant se faisait clairement sentir après toutes ces aventures, après ces repas plus que sommaires à base unique de noix de coco. Je manquais de force et tenir se corps m’épuisait chaque instant un peu plus. Cent vingt kilos de métal, d’écrous et de câbles. Des poids morts exténuant à porter et à faire tenir debout, alors oui, pause.
J’observai les cieux en attendant, le soleil descendant peu à peu sur l’horizon, les mouettes ou quelconque autre volatile tournoyant loin au-dessus de ce cimetière macabre. Je me surprise même à me demander ce que faisaient mes parents à cette heure ? La cuisine devait déjà être bien animée, papa aux fourneaux pour l’une des recettes bizarres dont il a le secret pendant que maman préparait la table. Avaient-ils encore invités les voisins à manger ? Dernièrement ils s’étaient beaucoup rapproché, sans doute pour combler le vide que je laissais en passant mes heures au QG militaire. Ils n’étaient pas fait pour rester seuls, j’étais tout pour eux et maintenant que l’oisillon avait quitter le nid ils devaient trouver autre chose. Mmh. Une lettre, je pourrais leur envoyer une lettre si nous parvenons un jour à quitter cette île.

Sans pouvoir vous dire combien de temps s’était écoulé, Ashlinn arriva enfin. Cela me paru une éternité mais dans mon état tout semblait atrocement lent, comme si le monde tournait au ralenti.

« Pas mal aussi, effectivement. Et je ne vous cache pas Capitaine que j’en ai ras les ovaires d’être aussi faible et épuisée. Et vous aurez besoin de moi en forme pour cette histoire de moteur. »

Alors que j’étais encore assise, pour ne pas dire avachie, je soupirai profondément avant de m’accrocher au bastingage et me remettre debout.

« Oui ça doit être surement ça. En faisant des mélanges on devrait pouvoir obtenir quelque chose se rapprochant de mon huile d’origine. Ah quel enfer … »

Non sans difficulté, nous rejoignîmes la terre ferme non loin des épaves mais malgré tout à l’abri du vent. Dès que possible je m’adossai à un arbre et fini comme tout à l’heure par m’écraser au sol telle une misérable larve molle, pourtant bourrée de haute technologie !

« Mais bon, au moins on avance et ça c’est chouette … c’est important de voir le verre à moitié plein. Une phrase de ma mère ça. Elle vous aurait plus. »

Incapable de réellement l’aider, même pour faire le feu, je fini par simplement me coucher sur ma paillasse et regarder les étoiles entre les épais feuillages.

« Vous savez Capitaine, pour les cyborgs comme moi, c’est un gage de très grande confiance cette histoire d’huile. J’ai foi en vous alors ce n’est pas un problème, et ma loyauté vous est entièrement acquise. Mais je voulais que vous compreniez que c’est quelque chose d’extrêmement personnel, presque intime. Cette huile qu’il me manque, c’est pratiquement mon sang. Vous l’avez vu, sans elle je ne suis qu’une ombre. Et pour y accéder c’est d’autant plus … enfin bref vous m’avez comprise. Je vous montrerais demain. »

Les mots me manquaient alors peut-être qu’il valait mieux se taire. C’était un coup à lui donner des idées erronées, elle avait été claire sur son orientation et je me rendais compte maintenant que toute cette tirade pouvait être comprise totalement autrement. Alors oui, il valait mieux se taire.

« Bonne nuit Capitaine. » Concluais-je simplement avant de lui tourner le dos et fermer les yeux.

Qu’est-ce que tu faisais Lucy ? Tu déraillais complètement. Une soldate avec sa supérieure hiérarchique, c’était interdit. Interdit par la loi. Interdit par la morale. Il n’était jamais bon de mélanger pro et perso, tu le savais Lucy. Tu le savais …

Le réveil se fit en douceur plusieurs heures plus tard, par le biais d’une délicieuse odeur de viande cuite sur un feu encore crépitant.
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Ash

L’aventure part en sucette

Nous étions tombée d’épuisement après avoir médité sur les derniers mots de Lucy. Nous pensions à Électron. Était-ce aussi pour lui un gage de grande confiance ? Il constituait le seul cyborg de notre connaissance, et bien qu’intelligent, il n’était pas doué d’élocution. À part un entretien régulier sur la propreté de ses mécanismes, il n’avait pas besoin de nous. Son fonctionnement reposait sur un système automatique, recharger par ses uniques mouvements.

Un sentiment étrange nous parcourait en cet instant, être l’objet de tant de foi par notre seconde, surtout si rapidement, surtout dans cette situation et d’autant plus par ce que nous pensions être notre ingérence.— Merci, Lucy, pour votre confiance. Bonne nuit.Tels constituaient nos dernières paroles avant de sombrer. Le matin arriva bien trop vite. La nuit fut reposante, bien plus que la précédente. Cependant, la fatigue, autant physique que mentale, était bel et bien présente et ne nous permettait pas de lutter.

Nous nous réveillâmes la première, les rayons dardant du soleil naissant nous avaient extirpée du royaume de Morphée sans sommation. Nous avions bien tenté de faire barrière avec notre coude, mais l’inquiétude prit bien rapidement le pas. Alors, il fallut nous résoudre à nous lever.

Mal partout, une barre au front. Les conditions difficiles dans lesquelles nous évoluions n’aidaient pas. Nous soufflâmes et nous redressâmes, souriant bêtement quand la position un brin cocasse de Lucy nous amusa. Elle dormait comme un loir, aussi nous fîmes attention de ne pas faire trop de bruit.

La première chose que nous fîmes fut d’aller constater l’état de l’huile que nous avions concocté hier soir. Les quelques braises toujours chaudes ne permettaient aucunement de chauffer l’eau du bain-marie, mais nous entreprîmes de les raviver avec un restant de bois récolter. Ce feu servirait à un autre dessein.

Ensuite, nous touillâmes la mixture pour en juger la composition. Elle semblait parfaitement convenir, ressemblant au plus proche de ce que l’huile d’olive pouvait offrir n termes de viscosité. Nous remplîmes les bouteilles que nous avions rassemblées tout en en gardant l’une d’elles vide.

Nous remîmes à bouillir l’eau de mer et suspendîmes la seconde casserole au-dessus de la première d'une telle manière que la vapeur ainsi formée s'écoulerait dans le contenant. Un moyen comme un autre de faire de l’eau potable.

Alors que nous nous affairions, nous remarquâmes quelque chose sur le sable qui nous avait échappé jusqu’à présent. Une volaille, déplumée qui plus est, reposait non loin de notre paillasse. Nous écartâmes les yeux en nous en saisissant, d’autant plus qu’une série d'empreintes traçait un aller-retour depuis l’orée de la forêt.— Qu’est-ce que… nous lâchâmes, surprise.En analysant plus en avant ces traînées, nous comprîmes qu’il s’agissait de celle d’une bête, assez grande, mais pas non plus imposante. Suspect, tout ça. Mais bien venu, cela dit. Après avoir nettoyé ce futur repas, nous boutâmes le feu à une autre pile de branches et commençâmes la cuisson à la broche du défunt animal.

Alors que nous tournions méticuleusement la viande au-dessus des flammes, les relents de notre propre odeur nous parviennent. Grand dieu, que nous sentions fort. Bon que faire pour ça ? Il subsistait un fond d’huile de coco aromatisé aux baies. Ça ne pouvait pas faire de mal après tout. Nous prîmes avec nous deux noix grasses jusqu’à l’océan et enlevâmes veste et chemise.

L’onde était chaude, un pur délice. Ni une, ni deux, nous piquâmes une tête. Immergée, nous restâmes ainsi pour écouter les bruits de la faune marine. Cela nous détendit, flottant même au gré du courant. Enfin, nous ne pouvions pas nous arrêter longtemps au risque de faire cramer la viande.

Nous enduisîmes rapidement notre corps du liquide graisseux et frictionnâmes pour recouvrir les effluves de notre sudation. Un dernier trempage pour enlever tout ça et regagnâmes la berge. Nous passâmes notre veste pour nous protéger du soleil et essuyâmes notre tête avec notre t-shirt en revenant vers notre camp improvisé. Nous sourîmes à Lucy en la voyant se redresser à son tour.

L’odeur alléchante qui se dégageait de sa chair avait, sans le moindre doute, réveillé l’endormie. Cette dernière avait les cheveux en pagaille et un peu de bave à la commissure des lèvres.— Bonjour, belle au bois dormant. Faites attention, vous en avez un peu au coin de la bouche. Nous savons que c’est appétissant, mais un peu de retenue.Nous lui fîmes un clin d’œil tout en nous reconcentrer sur le rôtissage du volatile. Encore une poignée de minutes avant qu’il ne soit prêt.  Le faisant tourner à la broche pour en dorer le côté opposé, nous expliquâmes à notre seconde d’où il sortait.— Nous l’avons trouvé près de notre couche ce matin. Ce repas traînait là, apporté par… et bien quelque chose d’autre de vivant et d’intelligent que nous. Nous sommes également en train de sasser de l’eau de mer pour la rendre potable. N’arrivant plus à dormir, nous voulions être utile. D’ailleurs, l’huile est prête et filtrée dans des bouteilles.À côté du feu, nous dépliâmes notre vêtement sur un rondin pour qu’il sèche afin de le renfiler d'ici une dizaine de minutes, nous ne désirions pas embarrasser Lucy plus que nécessaire dans notre mise un peu trop suggestive.— Préférez-vous manger avant ou après avoir posé les bouteilles dans votre organisme ? lui demandions-nous, évitant son regarde. Rien ne presse. Mais, nous souhaitons sincèrement vous aider dans la manœuvre. Si cela vous convient, évidemment. Sachant combien votre confiance est grande envers nous, cela serait un honneur que de l'honorer, vous savez.

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Je me réveillai presque en sursaut tant c’était anormal. Nous mangions ces fichues noix de coco depuis des jours au point d’en faire une overdose, comment pouvait-il y avoir de la viande au menu ? Et pourtant si ! Un sacré morceau encore bien rouge en train de tourner gentiment au-dessus du feu. Ashlinn à côté compris immédiatement mes interrogations et les doutes envahissant mon visage. Mais sa réponse provoqua plus de question que de réponse. Une telle pièce de viande juste là, littéralement offerte et sans que son origine ne se soit présenté. C’était extrêmement louche. Elle pouvait être empoisonnée, quoi que ce serait se donner beaucoup de mal pour pas grand-chose. La nature elle-même pouvait nous tuer à tout instant ici, chercher à accélérer le processus reviendrait surtout à gaspiller des ressources.

« Louche, très louche si vous voulez mon avis Capitaine. »

Mais pour autant mon estomac n’allait certainement pas faire la fine bouche face à de telles odeurs. Non lui il voulait se remplir la pense et au diable les éventuelles conséquences.
Mon regard était lui-même absorbé par toute cette chair rôtissante à portée de main, nous ne commencions que le troisième jour seulement de survie après ce naufrage, et pourtant … Mais Ashlinn eut l’intelligence de changer de sujet.

« Hum peut-être avant, s’il reste encore beaucoup de temps avant que ce ne soit prêt. » Répondis-je après m’être essuyé ce coin de lèvres entaché de salive. « Ou plutôt après. Je … Disons que c’est particulier. Si moi je le fais en vitesse par habitude, il vaut mieux ne pas risquer de gâcher cette tentative de mixture que vous avez soigneusement préparée. »

Cela restait quelque chose de particulier, certes je ne regrettais pas de lui avoir proposé, et elle le prenait bien. Mais malgré tout je ressentais comme une boule au ventre.

« Oui, après. Ce sera mieux. » Concluais-je finalement.

Le silence s’installa sur fond de gêne et d’hésitation durant quelques longues secondes, où je me contentai de fixer le feu pour éviter son regard à elle.
Tout du moins jusqu’à ce que j’en eusse marre.

« Bon ça devrait être bon là. En l’absence de couteau pour découper cette belle pièce, permettez-moi de vous illustrer l’un des avantages à avoir des membres en métal, héhé. »

Unissant les doigts pour former une simili-lame je taillai sauvagement dans la chair délicieusement cuite et encore brulante, arrachant des portions plus ou moins importantes et les empiler dans l’une de nos noix de coco maintenant vidées.

« Tenez Capitaine, et bon appétit. Attention c’est très chaud. Ne vous brulez pas ce serait dommage. »

Toujours ce fameux sourire malicieux et complice aux lèvres quand la situation s’y prêtait.
Toute fière avec ma propre portion ensuite remplie, je levai ma noix à son attention comme pour lui souhaiter un bon appétit, et attaquai aussitôt après ce met délicieux, ignorant les taches de graisse qui allaient très probablement perler mes vêtements. Et grand dieu ce que ça faisait du bien ! Quelque chose de chaud, de succulent, qui se mastique allégrement, et toutes ces saveurs ! Pourtant aucun assaisonnement sur ce morceau de viande, ni herbe aromatique ni rien, mais cela changeait tellement de la chair de coco que tout semblait décupler.

« Fiou. Je ne sais pas vous mais moi j’en reprendrais bien un peu plus tard. Après tout rien de presse. Et puis si vous voulez toujours … »

Sans avoir besoin de poursuivre la phrase, elle comprendrait certainement. Surtout pendant que je retirai mon haut jusqu’à ce qu’il repose sur ma poitrine et que je puisse libérer mes bras.

« L’huile s’ajoute ici. » Fis-je en appuyant sur une double et petite entaille cachée dans mon cou.

Elle put ainsi voir mes biceps et triceps se déboiter en douceur et se séparer pour n’être plus retenu que par des câbles. A l’intérieur, une place vide et une entrée vers l’épaule laissait peu de place à l’improvisation.
J’inspirai profondément, littéralement offerte et démunie dans une telle situation.

« Une fois en place, vous n’aurez plus qu’à appuyer ici, juste sous mon oreille. Prête ? »
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Widdershins
Ash

L’aventure part en sucette

Ce mêt, pourtant si simple, sans assaisonnement aucun, ne faisait que montre du goût vibrant d’un repas chaud et consistant après ces quelques jours d’errances et de noix de coco. Cela en était presque divin.

Avoir cette viande blanche plumée relevait presque du miracle. Cependant aussi beau que pouvait l’être ce geste, il soulevait plein d’autres questions. Qui nous l’avait apporté ? Cette personne, était-elle amicale ou mal intentionnée ? Seule ou plusieurs ?

Nous avions passé ce déjeuner muré dans le silence, à réfléchir assidûment à cette perspective nouvelle. Nous en avions presque oublié la présence de Lucy tant ces interrogations se révélaient machinales et focalisait notre attention.— Fiou. Je ne sais pas vous, mais moi j’en reprendrais bien un peu plus tard. Après tout rien de presse. Et puis si vous voulez toujours…Les paroles qu’amorça notre second finit par sortir de notre transe. Nous la regardâmes intensément.— Oui… oui évidemment.Nous nous approchâmes d’elle, comblant la distance avec beaucoup d’hésitation. Non pas sur notre détermination à exécuter cette tâche, mais bien par rapport à l’endroit où il nous était permis de poser les yeux sur cette créature de métal et de chair.

Elle était des plus ravissante et bien que cela n’avait jamais été dans un but de séduction, que cela soit dans notre sens ou dans le sien, nous ne pûmes retenir un rougissement. Malvenu, sûrement. L’éthique et la raison étaient mises à mal en cet instant.

Nous acquiesçâmes quand elle nous montra l’emplacement où se rangeaient les bouteilles, que nous constations la beauté de son architecture qui manœuvraient les parois de ses cavités. Une précision minutieuse, chaque mouvement transposait une certaine méticulosité de la part de son créateur. Nous saisîmes une à une les contenants, remplis de cette mixture qui avait macéré une nuit entière.

Tandis que nous les introduisions à la place des biceps de la cyborg, là où normalement des muscles auraient dû se trouver, mais où nous ne découvrions que des câbles et pièces électro-organiques, nous notâmes que sa peau était étrangement tiède. Le froid du métal laissait lentement place à la chaleur du soleil. Ce contact se révéla agréable.

Dés que nous fûmes assurée de bien les avoir installés, nous nous rapprochâmes du visage de la blonde platine, la regardant dans les yeux tout en cherchant le bouton derrière son oreille. Une fois située, nous l’enclenchâmes. Et ses mécanismes firent pivoter un peu plus les bouteilles pour les sceller et les cavités se fermèrent.— Vous êtes magnifique… nous murmurâmes, presque à demi-mot. Et votre père vous a rendu hommage avec ce corps cybernétique.Nos doigts traînèrent un tantinet sur sa nuque et puis sur sa joue, comme si elle nous hypnotisait. Après quelques instants, nous nous rendîmes compte que malencontreusement, notre poitrine, toujours libérée d’un t-shirt, frôlait le bras de la demoiselle. Soudainement, le rouge nous monta aux oreilles et nous nous écartâmes subitement, toussant de gêne.— Pardon, ce n’était nullement voulu. Nous… nous allons nous rhabiller, cela vaut mieux. Nous espérons que cela fonctionnera comme prévu, cette mixture.Nous nous retournâmes, pour cacher notre malaise et notre pudeur à Lucy et enlevâmes notre veste pour repasser notre chemise enfin sèche.

Après quelques pas sur la plage, nous mîmes en action nos méninges et réfléchîmes à la marche à suivre. Déjà avant tout parce qu’il nous fallait un plan, mais surtout parce que nous voulions nous distraire et faire retomber l’ambiance bizarre qui s’était subitement installée.— Bien, nous pensons que le plus urgent pour l’heure, avant de nous occupé pleinement de l’acheminement et la réparation du bateau, est de créer une base pratique ici sur le sable. Une tente faite de toile des nefs, des paillasses, voire des lits des cabines, un établi et des commodités relatives. Pour ce faire, nous allons poursuivre les recherches dans les navires ainsi que rapporter des ressources de la forêt. Qu’en dites-vous ?Nous gardions nos distances avec elle, ne désirant pas renforcer un sentiment négatif qui pourrait naître d’une telle situation. Ce n’était pas plus mal, cela nous permettait de réfléchir, d’essayer de récupérer un certain sang-froid.

Quand la messe fut dite, nous nous répartîmes toutes deux les tâches. Nous prendrions d’abord une partie de la collecte de matériaux. Nos gants, même H.S. nous offraient de frapper plus fort et de transporter plus de choses en une fois. Lucy irait déjà faire du repérage dans les coques de bois.

Enfin loin d’elle, à l’orée des arbres, nous soufflâmes. Que la fatalité nous garde, nous sentions que le séjour ici, en la compagnie de la jeune femme, allait se révéler particulièrement long et difficile.

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